Chapitre 3 : Attraper le vif d'or.

Contrairement à ses pires attentes, et elles étaient incroyablement mauvaises, septembre laissa place à octobre sans qu'il y ait le plus petit problème ou l'habituelle catastrophe imminente. Hermione Granger…Weasley…Weasley-Granger…peu importe son nom maintenant, était revenue de sa lune de miel à temps pour reprendre ses cours. Tous les professeurs arrivèrent pour la reprise et parvinrent, malgré la stupidité et la maladresse des Premières Années, à demeurer sain d'esprit, même si Severus pensait avoir développé un nouveau tic du coin de l'œil avec le dernier arrivage d'élèves étudiant les potions. Le semeur de zizanie, Harry Potter montra un bon sens et une intelligence remarquables qui lui ressemblaient peu : non seulement il demeura loin des problèmes, mais un soir, Severus le surprit à lire un livre.

La fin du monde devait approcher, pensa Severus en jetant subrepticement un œil vers Harry alors qu'ils marchaient tous les deux dans le couloir qui menait à la Grande Salle. Il avait été bien trop raisonnable ces derniers temps, pour tout ce qui touchait la conformité aux lois naturelles. D'après ce qu'il avait pu en déduire depuis les années qu'il connaissait le Gryffondor, l'univers avait décrété qu'Harry Potter était un désastre mortel.

« D'accord, quoi ? » S'exclama Harry exaspéré. Il avait surpris le regard de Severus. « Est-ce que j'ai oublié de mettre mon pantalon ou quoi ? »

« Je pense que nous aurions entendu des cris d'horreur résonner dans tous les couloirs, si ça avait été le cas, » Répondit Severus de façon acerbe, et détourna les yeux comme s'il l'avait à peine regardé, quand Harry avait pris la parole.

« Des cris d'horreur ? » Répéta Harry vaguement. Il feignit la confusion mais fut incapable de masquer les éclats de rire que Severus entendait à la fin de ses mots. « Alors c'est ce que -»

« Potter ! » Severus mit toute la force de sa colère dans son regard noir.

Harry lui retourna son regard, avec ce qui était, même pour lui, une misérable tentative de paraître innocent et pour ce faire, il ouvrit grands les yeux. « Quoi ? Ne sommes nous plus -»

« Un mot de plus, » Grogna Severus menaçant. « Juste un de plus… »

Il y eut un temps d'arrêt et Harry détourna son regard. Ils continuèrent de marcher en silence.

« Tu t'es levé du mauvais côté du lit ce matin ? » Marmonna Harry suffisamment fort pour que Severus l'entende.

Severus refusa d'honorer cela d'une réponse, et préféra grimacer méchamment en regardant le jeune homme.

« D'accord, d'accord, » Harry leva les mains. « Paix. Je voulais juste savoir pourquoi tu jetais des coups d'œil furtif vers moi, c'est tout. »

« Je ne jetais pas de coups d'œil furtif. » Claqua Severus d'un air grognon.

« Très bien. Qu'est-ce qui ne va pas ? » Harry s'arrêta au milieu du couloir et se tourna vers lui avec une expression proche de l'inquiétude.

Severus leva les yeux au ciel et continua son chemin.

« Oh non ! » Harry le rattrapa. « Nous pouvons parler de cela maintenant, ou je peux faire une scène au milieu de la salle. Et ne pense pas que je ne le ferai pas. »

Non, je sais parfaitement bien que tu le feras, Potter. Comme je sais que l'histoire de cette scène passera d'étudiants en étudiants pendant les vingt prochaines années, devenant plus grotesque et ridicule à chaque fois qu'elle sera contée. Non, je pense que je vais me préserver de faire partie, même si ce serait involontaire, de ce petit embarras. « Continue à avancer Potter, »

« Eh bien ? » Le pressa Harry après un moment : Severus n'avait toujours rien dit.

Severus jeta un œil vers lui. « Tu as été extraordinairement… » Il se tut à la recherche du mot approprié, « …raisonnable ces dernières semaines. »

« Je- Quoi ? » Harry cligna des yeux, incrédule. « Attends une minute ! Es-tu en colère parce que je n'ai pas eu de problèmes ? »

« Non, je ne suis pas fâché. Je suis simplement curieux. J'aimerais savoir ce qui t'a dévié de tes normes établies. »

Quand Harry ne répondit pas, Severus tourna son regard vers lui. « Qu'est-ce qu'il y a maintenant, Monsieur Potter ? » Son ton devint sarcastique quand il vit l'expression stupéfaite sur le visage d'Harry. « Ai-je égaré mon pantalon ? »

Harry l'examina minutieusement, puis secoua la tête. « Je vais bien. » Etait-ce l'imagination de Severus ou essayait-il de se montrer rassurant ?

« Apparemment tu n'as pas bien entendu, » Répliqua Severus sournoisement. « Je n'ai pas demandé l'état de ton bien-être émotionnel ou autre. »

« Si tu l'as fait. »

« Monsieur Potter, je crois que je sais très bien ce que j'ai dit. »

« Et je pense que j'ai été près de toi suffisamment longtemps pour comprendre que ce que tu dis n'est pas toujours ce que tu dis vraiment, » Rétorqua Harry passionnément, en regardant Severus avec des yeux noirs qui le mettaient au défi de lui dire le contraire.

« Vous Monsieur Potter, êtes un très mauvais psychologue. »

« Nie ce que tu veux, Severus, » Lui dit Harry avec un ton très assuré qui joua sur les nerfs de Severus. « Peut-être ne suis-je pas irréprochable, mais je sais suffisamment bien parler ta langue, le Snape, pour savoir que cette enquête visant à connaître la raison pour laquelle je reste loin des ennuis est, en fait, une fine voile déguisée. Tu veux en fait tout va bien ou si quelque chose m'oblige à conserver un comportement irréprochable. »

Harry avait l'air si content de lui que Severus ressentit le désir inexplicable, confus, pressant, et bizarre de lui tirer la langue. Vous êtes un insupportable abruti, Monsieur Potter, pensa Severus silencieusement. Presque immédiatement, une autre voix lui signala malicieusement, Mais il est ton insupportable abruti. Severus grimaça. Tais-toi.

« Je vais vraiment bien, Severus. » Continua Harry en ignorant la gymnastique faciale dans laquelle Severus était actuellement engagée. « Je suis autorisé à me promener dans tout le château, à n'importe quelle heure. Je ne peux plus avoir d'ennuis ainsi. Et bien que ce soit surprenant, les maniaques et les fous qui essayent de me tuer ne sont pas nombreux ces temps-ci. Donc, si on regarde bien, je peux difficilement m'attirer des ennuis. »

« Si tu t'attends à recevoir des applaudissements pour cet indésirable monologue, » Lui dit Severus quelques instants plus tard, « tu peux attendre très longtemps. » Secrètement, et même s'il ne l'admettrait jamais, Severus était content de savoir que le monde tournait toujours normalement.

En vérité, Severus ne parvenait pas chasser l'anxiété qui s'était logée au creux de son estomac le jour suivant le mariage des Weasley. C'était une anxiété, une inquiétude, qui le prévenait que d'horribles évènements approchaient, et elle grandissait chaque jour davantage, sans la moindre calamité imminente. Et plus les jours s'écoulaient sans incident, plus Severus se sentait ridicule d'être aussi inquiet. Plus tard, il avait rationalisé son anxiété en se disant qu'il n'était pas habitué aux périodes de paix et de calme.

Jusqu'à ce que Voldemort soit détruit et qu'il n'y ait plus le moindre doute sur le fait qu'il ait bien disparu, Severus avait vécu dans un perpétuel état de nervosité surnaturelle, attendant et craignant le jour où le Seigneur Noir reviendrait. Une fois Voldemort tué pour de bon, Lucius avait rempli le vide que son absence avait crée. Après Lucius, il y avait eu Fudge. Mais après Fudge, il n'y avait rien. Il n'y avait aucune rumeur sur la montée en puissance de Seigneurs de Ténèbres ; pas de signe avant coureur que la journée pourrait mal se terminer, pas de mangemorts tapis dans les coins qui recherchaient une revanche malavisée. Maintenant, pour la première fois de sa vie, il n'y avait personne qui menaçait le monde dans lequel il vivait.

Et pourtant, contrairement à toutes les preuves qu'il avait devant les yeux, ses instincts lui criaient d'être sur ses gardes. Quelque chose venait, il le savait avec une horrible certitude. Et chaque jour qui passait, son inquiétude grandissait.

« Est-ce que tu vas bien ? » Severus entendit Harry lui poser la question. Ses paroles le tirèrent de ses soucis.

« Je vais bien. » Severus essaya à nouveau quand il vit le regard sceptique de Harry. « Je…Je suis inquiet. »

« Pourquoi ? »

« Je ne sais pas. » Ca l'exaspérait de devoir admettre son ignorance à une autre personne. Même à Harry. « Malgré toutes les apparences extérieures qui prouvent le contraire, je ne parviens pas à dissiper le sentiment qu'une chose terrible s'approche de l'horizon. »

« Il y a environ une centaine d'élèves par ici, » Harry désigna les portes de la Grande Salle. Perdu dans ses pensées, Severus n'avait pas vu qu'ils avaient atteint leur destination.

« Une terreur qui va au-delà de cela. » Affirma Severus sèchement.

« Veux-tu en parler ? » Harry changea d'humeur aussi rapidement que du vif argent et devint sérieux.

Severus fit un geste négatif de sa main. « Il n'y aurait rien à dire, c'est un sentiment flou que j'ai, ces derniers temps. Et je ne peux rien faire contre ça, en tout cas. » Il le dit un peu plus amèrement qu'il ne l'avait anticipé.

« Il faut se préparer à un comportement plus grincheux et désagréable que d'habitude, alors ? » Harry lui sourit.

« Quelque chose comme ça, oui. » Severus permit aux coins de ses lèvres de se relever en un sourire. Il savait ce qu'Harry essayait de faire. Et il y avait plus : il savait que Harry savait qu'il le remerciait silencieusement pour cela.

« Le dîner. » Annonça Harry, d'un geste théâtral et avec une révérence, il désigna la porte « est servi. »


Un matin, peu de temps après le mariage, mais avant que les élèves ne soient revenus, Severus était arrivé dans la Grande Salle avant tous les autres. Même si elle était en lune de miel, la chaise qui se trouvait à gauche d'Harry appartenait à Hermione et à elle avait le droit de s'asseoir à côté de l'un de ses plus vieux amis. Severus ne pouvait pas le lui refuser. Mais l'autre, que Drago occupait généralement, n'appartenait en fait à personne. Et pourtant, dès qu'il avait mis la main dessus, Drago s'était matérialisé à côté de lui, baguette en main. Soit il avait été dans la Salle tout le temps, sans que Severus ne le remarque, soit il était arrivé pendant que Severus se tenait là, indécis, il ne le saurait jamais. Et il ne le demanda jamais.

« Cette chaise, » Drago avait déclaré avec vigueur, « est à moi. »

« Je ne vois pas votre nom dessus, Monsieur Malfoy, » Répondit Severus sèchement.

Les mots étaient à peine sortis de sa bouche que Drago avait déjà levé sa baguette et avait magiquement incrusté 'Propriété de Drago Malfoy', sur le dos de la chaise.

« Très mature, Monsieur Malfoy. »

Drago avait haussé les épaules. « Tu l'as pour toi la nuit, Severus. Je l'ai le matin. »

« Je ne 'l'ai' certainement pas la nuit, » Avait répondu Severus avec froideur.

« Si tu faisais quelques ouvertures, tu l'aurais, » Lui conseilla Drago, en terminant de façon effective la conversation et le débat sur qui s'assoit où.

Les deux Serpentards n'abordèrent plus ce sujet.

Les pensées de Severus revinrent à cette conversation quand il s'assit et piqua sans intérêt dans son assiette. Il devait admettre qu'il y avait un avantage à ce que Drago ait réclamé cette chaise : il avait ainsi l'opportunité de regarder Harry sans que celui-ci en soit conscient.

Drago avait été formé à avoir des manières irréprochables dès sa plus tendre enfance, il s'asseyait si droit sur sa chaise que Severus ne pouvait pas imaginer qu'il soit vraiment à son aise. Harry, d'un autre côté, avait parfois le dos si voûté qu'on aurait dit que Lockhart était parvenu à non seulement enlever les os de son bras, mais aussi ceux de sa colonne vertébrale. Même si Severus doutait sérieusement que les Dursley se soient ennuyés à enseigner à leur neveu la politesse, il savait que s'il se tenait mal c'était parce qu'il essayait de discuter avec autant de personnes qu'il le pouvait, comme s'il était inquiet que quelqu'un se sente laissé de côté s'il n'avait pas parlé avec lui.

Sa chaise était à sa droite, et Severus pouvait voir du coin de l'œil Drago, et regarder Harry sans qu'il ne s'en doute. Et assis là, à regarder Harry furtivement, Severus savait que la véritable raison de son inquiétude était là.

Peu importe ce qu'il se passait, ça arriverait inévitablement à Harry, malgré toutes les précautions prises pour s'assurer que non. Et si les protections prises par Dumbledore échouaient à le protéger, Severus n'avait aucune illusion : ses propres tentatives, dérisoires, échoueraient également. Avec ma misérable chance, je finirais par être la cause de cet échec.

Le poids du serpent enroulé autour de son cou pesait lourdement sur son esprit. Je ne sais pas ce qui arrive et je sais que je ne pourrais pas l'arrêter même si je le savais. Mais je ne peux pas rester assis là sans rien faire. Je refuse de l'ignorer simplement et d'espérer pour le mieux, comme je sais qu'Albus me le conseillerait. Pourtant comment puis-je, ne serait-ce qu'essayer de le protéger, si je ne sais pas ce qui essaiera peut-être de l'emmener ? La peur était comme un organisme vivant, le consumant lentement de l'intérieur.

« Tout ira bien. »

Se demandant s'il avait imaginé ces paroles, Severus regarda Drago d'un air absent.

« L'histoire ne peut pas se terminer comme tu le crains, » Lui fit remarquer Drago à voix basse, pour que seul Severus l'entende.

Aies un peu la foi, Severus, lui murmuraient les mots à travers les années. « L'histoire ne peut pas se terminer ainsi. »

Comme s'il avait vieilli, les cheveux de Drago étaient devenus plus clairs et plus longs, devenant sans couleur, comme ceux de son père. Maintenant au premier regard, avec ses yeux gris et ses cheveux longs et pales, Drago était le miroir de Lucius. Si on regardait de plus près, pourtant on voyait que ses traits étaient plus anguleux et plus aquilins que ceux de Lucius. Et dans ses yeux se tapissaient quelque chose de sauvage que ceux de Lucius n'avaient jamais possédé. Les paroles de Drago étaient une variation de celles prononcées, il y a une vingtaine d'années. Dépouillées des différences, elles résonnaient dans l'esprit de Severus. Miroirs. Toujours plus de miroirs. La seule différence résidait là : s'ils étaient détruits ou entiers, s'ils étaient dans l'ombre ou s'ils luisaient quelque part dans leur profondeur.

« Nous ne laisserons pas cela arriver, » Marmonna Drago instamment en regardant avec ferveur dans les yeux de Severus. En eux, Severus vit la même peur que celle qu'il voyait dans les siens, à chaque fois qu'il se regardait dans un miroir. Drago le sent aussi.

Un frisson traversa sa colonne vertébrale.

« Un peu d'attention s'il vous plait. »

Surpris Severus cligna des yeux et se tourna vers le bas de la table. Dumbledore se levait. Les conversations autour de la grande table et autour de celle des élèves furent coupées abruptement quand le directeur prit la parole. Severus regarda Albus faire le tour de la salle des yeux, vers les élèves et la faculté. Le pique qu'avait atteint l'angoisse de Severus quand Albus avait interrompu les conversations s'éloigna doucement : ses paroles n'apportaient pas l'arrivée de nouvelles dévastatrices.

« Cette année, comme plaisir particulier, » dit Albus une fois qu'il eut fini de balayer la pièce du regard. « J'aimerais vous inviter à participer à un match de Quidditch extraordinaire qui se déroulera sur le terrain de Quidditch samedi prochain. »

Un murmure s'éleva parmi les élèves alors que les enseignants échangeaient des regards perplexes. Tous les autres professeurs, sauf Minerva MacGonagall, remarqua Severus avec intérêt, réagirent comme si c'était la première fois qu'ils entendaient parler d'une telle chose. Etrange. Aucun de nous n'était au courant de cela, pensa Severus sombrement. Pourquoi Albus ? Pourquoi en avez-vous parlé à Minerva, mais pas à nous autre ? Les soupçons qu'ils avaient nourris ces trois derniers jours refirent surface.

« Severus, est-ce que tu -» Commença Drago en le regardant confus.

« Je ne sais rien de tout cela, » Répondit brièvement Severus.

Albus leva une main pour attirer l'attention, et ne reprit la parole que lorsque les murmures moururent. « Je vous annonce, à mon grand plaisir, le premier match de Quidditch pour adultes seulement. »

Un silence surpris suivit cette révélation, qui dura trois secondes puis explosa dans le bourdonnement des conversations excitées. Severus regardait Drago, qui le regardait lui aussi avec la bouche grande ouverte.

« Je ne comprends pas, » Harry interrompit leur échange silencieux de regard bête. « Quoi adultes ? »

Severus ouvrait la bouche pour faire un commentaire particulièrement cinglant quand Albus reprit une nouvelle fois la parole. Le brouhaha s'arrêta immédiatement et tout le monde se pencha en avant afin de mieux entendre ; les étudiants étaient de plus en plus excités, et les professeurs voyaient cela avec une horreur croissante. « Donc pour ne pas perdre de temps à discuter pour rien quant à la composition des équipes, » Albus eut un sourire de connivence, « J'ai pris la liberté de désigner les joueurs de chaque équipe. Pourtant pour qu'on ne m'accuse pas de m'accaparer tout l'amusement, chaque équipe choisira son nom de et ses couleurs après le dîner, ainsi que la couleur des robes de Quidditch. »

« Est-il sérieux ? » Laissa échapper Drago.

« J'en ai bien peur. » Lui répondit Severus.

« Que se passe-t-il ? »

« Oh, Harry, » Severus entendit Hermione s'exclamer avec exaspération. « Il parle de nous. Nous sommes les adultes. »

Severus leva les yeux au ciel. Cette folie peut-elle empirer ? Plus tard cette réflexion montrerait qu'il aurait mieux fait de ne pas penser une chose aussi stupide.

« Laissez-moi commencer avec la Première Equipe, » Albus regarda dans leur direction.

Il fallut à Severus chaque once de sa maîtrise sur lui pour s'empêcher de s'affaler dans sa chaise.

« Comme attrapeur de la Première Equipe, Harry Potter. »

Harry sembla surpris, « Mais, je ne suis pas… »

« Tu n'as pas besoin d'être professeur ici, pour jouer dans cette équipe, » Albus lui sourit.

Harry sourit. Il paraissait complètement excité.

« Je jouerai moi-même le rôle de gardien pour la Première Equipe, » Albus regarda à nouveau la mer d'étudiants. « Les professeurs MacGonagall, Sinistra et Trelawney rempliront les postes de poursuiveurs dans cette équipe. »

« Trelawney ? » Dit Harry à Severus silencieusement. Il adopta soudainement le même regard horrifié que le reste des enseignants. Severus n'essaya pas de sourire trop sournoisement en réponse.

« Rubeus Hagrid et l'auror Ron Weasley nous serviront de batteurs, » Albus regarda Hermione. « J'ai envoyé une lettre au Ministère requerrant la présence de Ron au château pour les prochaines semaines. »

« Merci, Albus. » Hermione lui sourit joyeusement.

« Pour la Deuxième Equipe, les batteurs seront, » Albus fit un geste en direction du bout de la table. « Les professeurs Vector et Chourave. Le professeur Flitwick servira de gardien et les poursuiveurs de la Seconde Equipe seront les professeurs Bibine, Weasley et Malfoy. »

Hermione était étonnée, « Mais Professeur, je n'ai jamais joué au Quidditch ! » Se mélangea avec la surprise de Drago, « Poursuiveur ? Qui est l'attrapeur. »

Severus sourit satisfait, il appréciait leur détresse. Ca leur apprendrait, après tout, à être si enthousiaste. Après tout l'idée était idiote. Enfermé dans ses sentiments vindicatifs de triomphe, il lui fallut un moment pour se rendre compte que toute la Salle était à nouveau calme et qu'Albus regardait à nouveau dans leur direction. Quoi, par les neufs niveaux de l'Enfer ?

« Et l'attrapeur de la Seconde Equipe sera Severus Snape. »


Je ne peux pas y croire, pensa Severus quelques minutes plus tard, alors que la Seconde Equipe discutait de leur nom et couleurs. Cet homme a perdu l'esprit. Complètement perdu l'esprit.

« J'étais l'attrapeur des Serpentards pendant six ans, » Drago avait l'air vraiment contrarié. « Pourquoi suis-je relégué au rang de Poursuiveur ? »

« Ce que j'aimerais savoir est pourquoi je ne suis pas avec Ron et Harry. » L'interrompit Hermione, semblant très déçu.

« Peut-être parce que Dumbledore pense que tu passeras plus de temps à bécoter qu'à jouer au Quidditch, » Rétorqua Drago avec un sourire en coin.

Hermione prit un air renfrogné. « Au moins je n'ai pas été rétrogradée. »

« Je n'ai pas été rétrogradé. »

« Alors comment appelles-tu cela, hein ? Je pense que que maintenant que papa n'est plus dans les environs pour payer des pots de vin aux gouverneurs, tu vas devoir commencer à gagner tes propres mérites. Dommage, non ? » Apparemment cette petite pique sur son mari avait touché un point sensible.

« Ecoute, espèce de M -»

« Weasley, Malfoy ! » Severus les interrompit brutalement et les regarda avec des yeux noirs, avant que la situation ne se détériore.

Ils le regardèrent simplement.

« Je n'aime pas cela plus que vous, » Continua-t-il énervé. « Je n'ai jamais joué au Quidditch, et je n'ai jamais voulu jouer au Quidditch. Et pourtant, je suis ici, à occuper un poste qui ne me convient pas du tout. Vous chamailler et vous insulter comme le feraient des gamins ne va pas améliorer la situation. Donc si vous vouliez bien gentiment vous taire avant que j'aie mal à la tête, je n'aurais pas à vous jeter de sort. » Enervé comme il l'était, Severus était content de remarquer que se défouler sur les autres n'avait pas perdu de son charme. »

« Donc, » Flitwick, bien que nerveux avait pris la parole lorsque le silence, tel un linceul s'était installé dans la pièce. « Comment devrions-nous nous appeler ? »

« Les Connards, » Marmonna Drago entre ses dents.

En son for intérieur, Severus ne pouvait pas être plus d'accord.


« Alors, comment s'appelle finalement votre équipe? » Demanda Harry en entrant dans les quartiers de Severus aux alentours de minuit le même soir.

Severus regarda par-dessus son verre de vin dans lequel il essayait de se noyer. « N'est-ce pas un petit peu tard pour venir faire irruption ici ? »

« Je savais que tu serais éveillé, » Harry s'affala à côté de lui. « Mais je pensais te voir marcher d'un pas furieux et cassant des objets, pas te soûler. »

« Ils ne pourront pas me faire participer si je suis mort. »

« Un verre de vin ne va pas te tuer, Severus. »

« Ca peut, si après avoir fini l'alcool, je brise le verre et me coupe la gorge avec un morceau. »

« D'accord…Donc nous n'allons pas faire cela, » Harry lui arracha le verre des mains.

Severus le regarda avec des yeux noirs.

« Oh, allons. Ce ne sera pas si mal, » Harry s'arrêta et reconsidéra ses paroles. « Eh bien, d'accord. Ca pourrait être mal, mais regarde les choses ainsi, avec moi en tant qu'attrapeur, ça ne peut pas durer si longtemps. »

« Contrairement à l'opinion commune, avoir quelques onces de modestie est une bonne chose. »

« Je ne suis pas vaniteux, je dis juste la vérité. Si Albus avait voulu que le jeu soit un défi, il aurait désigné Drago comme attrapeur. Tu n'es pas -» Harry se rendit apparemment compte qu'il était en train de parler à la personne qu'il était aussi en train d'insulter. « Eu…C'est que, tu n'as jamais eu l'occasion de développer tes talents d'attrapeur. »

Je vois. Severus se trouva étrangement vexé qu'Harry ne pense pas qu'il puisse le défier. Que croyez--vous que je vais faire, Monsieur Potter ? Tomber de mon balai dès qu'il sera à plus de trente centimètres du sol ?

Severus regarda son nez puis Harry pendant un moment puis décida d'ignorer la pique. « Si tu demandes à Monsieur Malfoy, nous sommes les Connards. Si tu demandes à Flitwick et au reste des idiots, nous sommes les Bourdons. Apparemment ce n'est ni trop 'effrayant ni trop drôle'. Une véritable profusion de rire pour une collection d'imbéciles sans cervelles, j'en suis sûr. »

« Noir et jaune, hein ? »

Severus hocha simplement la tête.

« Devine ce que nous sommes ! »

Il y avait quelque chose de trop avide dans sa demande, quelque chose qui lui disait que quel que soit leur nom, c'était Harry qui l'avait choisi… « Flamants rose. »

Harry ouvrit la bouche de surprise.

Severus poursuivit sans ralentir, « Et Albus a suggéré rose et vert comme couleur pour l'équipe. »

« Comment… »

« Vous, Monsieur Potter, êtes très prévisible. Et rien ne pourrait exciter davantage Albus que de porter d'horribles couleurs tape à l'œil. »

« Eh bien, merde. Et moi qui espérais te surprendre. »

« Je suis sûr que Monsieur Weasley sera suffisamment surpris pour nous deux. »

Harry sourit. « Ouais, Ron ne va pas beaucoup aimer les 'Flamants roses »

« Je me demande pourquoi. »


Les Bourdons et les Flamants rose se réunirent sur le terrain de Quidditch une semaine avant le match. Albus avait appelé cela un match d'entraînement ils avaient même leurs nouvelles robes. Les préfets, préfet en chef et préfète en chef emmenèrent les élèves les plus âgés à Pré au Lard et gardèrent les plus jeunes loin du terrain. Malgré les grognements et les plaintes, les équipes s'exécutèrent.

Seuls Harry et Albus semblaient enthousiastes, remarqua Severus en regardant les visages des personnes autour du cercle dans lequel ils se tenaient pendant qu'Albus distribuait aux équipes des nouveaux éclairs de feu, « achetés spécialement pour cette occasion ! » Même Ron Weasley semblait hors de lui : ses cheveux roux étaient incompatibles avec sa robe verte et rose. Nous allons mourir, pensa Severus en scrutant les membres de son équipe. Trelawney n'aurait jamais dû participer à cela. Et si Hagrid parvient à frapper un Cognard, il risque de tuer quelqu'un.

« Alors, êtes-vous prêts ? » Albus regarda autour du cercle, sourit de ce qui ne pouvait être que d'enthousiasme. Il avait l'air ridicule dans sa robe.

La plupart des regards échangés étaient des regards d'appréhension.

Albus ouvrit la boite contenant les balles et les libéra. « Commençons ! »

Severus frappa le sol, tenant son balai comme s'il était la sinistre mort et atteignit le ciel. Tourne ! Tourne, maudit sois-tu, pensa –t-il désespérément alors qu'Hermione arrivait vers lui à toute allure, il tira sur le manche et se retourna presque complètement. Je vais mourir.

Hermione passa tranquillement à côté de lui sans qu'il y ait collision.

Il regagna le contrôle tremblant de son balai et s'éloigna des autres autant qu'il le put. Il devait encore jouer, alors il se tourna et garda un œil méfiant sur eux. Severus trouvait que l'enchevêtrement confus ressemblait au repas de fleurs et de feuilles qu'un herbivore malade aurait régurgitées.

Etant les seuls à savoir voler correctement, Bibine, Harry, Drago et Ron se redressèrent et essayèrent, même si c'était impossible pour les autres, de jouer. La première victime arriva approximativement une minute après le début du jeu.

Un Cognard, miraculeusement frappé par Hagrid avait atteint directement MacGonagall, qui parvint de justesse à l'esquiver. Trelawney, juste derrière elle, regardait le côté opposé. Elle fut frappée à l'arrière de la tête et assommée sur son balai. Severus regarda froidement le professeur de Divination tomber dans les airs. Il devait avouer une chose : au moins, Hagrid avait frappé la chose.

L'entraînement de Quidditch se détériora à partir de là.

Trois minutes après que Trelawney fut remontée sur son balai et que le jeu ait repris, Hermione, Ron et Bibine entrèrent en collision. D'après ce que Severus put déterminer Hermione avait essayé de frapper le Souaffle, que MacGonagall était parvenue à garder suffisamment longtemps pour le passer, et avait glissé de son balai. Ron vit ce qu'il se passait et avait couru à sa rescousse, mais avait foncé dans Bibine qui volait à côté. Il fallut trois minutes pour les faire remonter et réparer le bras cassé d'Hermione.

Peu de temps après, Albus avait complètement abandonné les buts pour se joindre à la foule, il fut désarmé par Chourave qui avait poursuivi le Souaffle au lieu du cognard et en le frappant par accident, l'envoya sur le visage d'Albus. Après une demi-heure, aucune des deux équipes n'avait marqué le moindre point et le nombre d'os cassés devant être réparés avait augmenté et était maintenant un nombre à deux chiffres. Comme s'il avait vu ce qui se passait sur le terrain, ce fiasco, le vif d'or ne s'était pas encore montré une seule fois.

Combien de temps allons nous devoir continuer? Se demanda Severus avec agacement en regardant un autre accident : Hagrid était tombé du bout de son balai. Vous devez arrêter cela avant que nous mourions tous, Albus. Ou les élèves ne pourront pas apprécier ces 'plaisirs particuliers'. Et il le vit.

Voltigeant à environ cent mètres des buts, Severus ne savait pas encore quelle équipe avait quel but, se trouvait le vif d'or. Allez dépêche-toi foutu machin ! Ordonna Severus silencieusement à son balai. Il voulait désespérément terminer le match avant que le vif d'or ne disparaisse. Après être rester un instant frustrant sans bouger, le balai avança à grande vitesse.

Ce ne fut que plus tard, quand tout le monde eut reprit conscience que les évènements des derniers instants devinrent clairs.

A mi-chemin du vif d'or, Severus perdit complètement le contrôle de son balai. Oubliant le vif d'or, il regarda en bas pour essayer l'arrêter.

A trois cents mètres de là, Harry leva les yeux et vit le vif d'or.

A la droite de Severus, Drago qui l'avait vu lui-aussi, fonça dessus : il ne voulait rien de plus que de finir le jeu avant que la liste de blessés n'augmentent.

A la dernière seconde, comme s'il avait senti qu'il était la cible des trois hommes désespérés le vif d'or tomba.

Tout ce que vit Severus quand il regarda, quelques secondes avant l'impact, fut des couleurs floues de rose, vert, jaune et noir. Un os-désarticulé s'écrasa plus tard et tout devint noir.

Le résultat de cette tourmente fut que tous les trois tombèrent du ciel, le bras agité d'Harry heurta le bout du balai de Sinistra. Il tomba en vrille et entra en collision avec Ron, les assommant tous les deux dans les airs. Drago entra dans Vector et Hermione et s'entrechoquèrent à mi-air. Severus tomba sur Hagrid dont le balai abandonna finalement et craqua sous leur poids combiné, les lâchant sur le sol. Quand la poussière s'éclaircit enfin, seul Albus et Flitwick n'étaient pas blessé, les quatre autres s'étaient rentrés dedans tout seul en regardant le spectacle.

Albus et Flitwick échangèrent un regard alors qu'ils surveillaient les blessés et les corps inconscients reposant n'importe où sur le terrain.

« Eh bien, Albus ? » Lui demanda Flitwick d'une petite voix. « Qu'en pensez-vous ? »

Albus regarda Flitwick, tendit sa main fermée, ouvrit ses doigts et révéla le vif d'or. « Je pense que mon équipe a gagné. »


Les semaines suivantes passèrent dans le brouillard et avant que quiconque ne s'en rende compte, samedi était arrivé.

« Au moins, il ne pleut pas, » Répondit Harry avec optimiste alors qu'ils se dirigeaient sur le terrain au milieu des hurlements excités des élèves.

« Inconscient et sec, inconscient et mouillé, je ne vois pas vraiment de différence, » Ronchonna Drago misérablement.

« Je ne veux pas y aller. » Dit Hermione anxieusement.

« Moi non plus, » Ron regarda ses équipiers avec inquiétude.

« Dans cinq minutes, nous devrions être morts et au-delà de tout souci, » Dit Severus sombrement, se sentant toujours de mauvaise humeur depuis l'entraînement désastreux.

« D'accord, tout le monde en cercle ! » Les appela Albus quand ils arrivèrent au milieu du terrain.

Pompom Pomfresh, décida d'être l'arbitre afin de pouvoir soigner les blessés plus facilement. Elle se joignit à eux quand les membres de la faculté formèrent un cercle.

« J'espère que tout le monde est excité ! » Albus les regarda avec un air d'attente. Mais il ne vit que des yeux noirs. « Les élèves méritent qu'on leur fasse une belle démonstration maintenant, alors essayons de faire de notre mieux. »

Severus se renfrogna.

Albus se pencha et ouvrit le coffret, libéra les Cognards, passa le Souaffle à Pomfresh pour qu'elle lance le jeu et ferma sa main autour du vif d'or. Il se redressa et regarda à nouveau autour du cercle.

« Souvenez-vous, » Ses yeux devinrent soudain perçants. Ils ne scintillaient plus d'amusement, et se focalisèrent sur Severus comme s'il ne parlait qu'à lui. « Vous devez jouer ce jeu pour attraper le vif d'or. »

Quoi ? » Severus plissa les yeux.

La ferveur présente dans son regard disparut des yeux du directeur alors qu'il continuait à balayer des yeux le cercle. Puis, sans autre mot, il leva la main et libéra le vif d'or.