Chapitre 6 : la tempête éclate

C'était une journée fraîche : le soleil brillait froidement dans un ciel sans nuage et une légère brise agitait l'air du mois de novembre. De sa hauteur, Harry pouvait voir à des kilomètres dans toutes les directions : au-dessus de la Forêt Interdite, au delà du lac qui ondulait et prouvait par ses mouvements la présence du calamar géant. C'était comme s'il pouvait tout voir, perché comme il l'était sur son balai à six cent mètres au-dessus du sol. Tout, sauf les réponses aux questions qui le harcelaient depuis le petit déjeuner.

Il avait perdu le compte du temps. Il ne savait pas depuis combien de temps il était assis dans les airs. Il devait être près de midi, mais il ne le savait qu'en regardant la position du soleil dans le ciel. Il était sorti après le petit déjeuner et était parti immédiatement sans prononcer un mot. Il savait donc qu'il était dehors, sur son balai depuis plusieurs heures. Et s'il avait le choix, il resterait là encore longtemps.

Il y avait quelque chose de libérateur dans le fait de voler, rompre les lois de la gravité et être au-dessus du monde, regarder les détails qui s'effacent avec la distance. Tous les problèmes paraissaient sans conséquence, irréels, et inutiles quand il était sur le toit du monde. C'était stupide, et complètement illogique, mais Harry ne pouvait s'empêcher d'avoir l'impression que la réalité ne le touchait que lorsqu'il avait les pieds sur terre. Après avoir reçu la lettre de Kévin et de Ben, il ne voulait plus rien avoir à faire avec la réalité.

« Je savais que je te trouverai ici. »

Harry jeta un rapide coup d'œil vers Drago qui s'était arrêté à côté de lui. Comme je savais que tu me trouverais, pensa Harry sans rancœur. Tu es toujours là, quand je me retourne. « Tu discutes encore avec tes démons ? » Demanda-t-il doucement à Drago. Ses yeux continuèrent leur inspection du ciel.

« Oh non, rien d'aussi élaboré que cela. » Il y avait une telle insouciance dans sa voix qu'on aurait dit qu'il ne pouvait pas pu être plus heureux. Harry savait que c'était faux, comme il connaissait la raison pour laquelle Drago utilisait ce ton. Une année en présence presque constante du jeune homme blond lui avait appris beaucoup de choses : peu importe ce qu'il fait ou dit, il y a toujours une raison. Drago Malfoy avait toujours une raison, même si elle était personnelle. « Quand tu broies du noir, tu te caches. Quand tu rumines, tu voles. »

« J'ai peur Drago. » Il fut un temps où il aurait été impensable pour Harry d'admettre une telle chose devant Drago. Pourtant maintenant, ça lui était aussi facile que de respirer.

« Je sais. Tu voles. » L'insouciance était partie, remplacée par une peur qui, Harry le savait, concurrençait la sienne.

Une image de Drago avec des cheveux courts, assis sur un balai au-dessus du terrain de Quidditch lui traversa l'esprit. Curieux et reconnaissant de pouvoir penser à autre chose pendant un instant, Harry se tourna vers lui. « Etais-tu effrayé ce jour-là ? » Il n'avait pas besoin d'être plus précis. Drago saurait, comme il savait toujours.

« Un peu. »

« Pourquoi ? » Harry était légèrement surpris par la candeur de Drago. Il y avait des choses à son sujet dont il ne savait rien, son ignorance ne disparaissant que lorsque Drago l'éclairait occasionnellement sur des choses dont il ne parlait jamais.

« Est-ce une conversation utile, Potter ? »

« Non, » Admit Harry librement. « Non, je suis simplement curieux. »

Drago, à son tour regarda le paysage. Sa tête était tournée : Harry vit un muscle pulser dans sa mâchoire, comme s'il essayait de dire quelque chose mais ne parvenait pas à trouver les mots. Ou peut-être essaye-t-il d'éviter de me dire quelque chose, réalisa Harry soudainement.

« C'est une longue histoire. » Lui dit finalement Drago, en le regardant avec des yeux étrangement fixes. « Il suffit de dire que les circonstances accompagnant ma présence à l'école étaient drastiquement différentes de celle de ma première visite. Cette fois, tout est différent. Et même si ça m'aurait peiné de l'admettre, il y a des années, je suis humain, et je possède les mêmes émotions que le reste du monde. Je m'effraye et m'angoisse comme tout le monde. » Ses lèvres se plissèrent. « Imagine cela. »

« J'ai toujours su que tu étais humain. » Lui répondit Harry doucement.

« Nous n'avons jamais été sûrs que toi tu l'étais, » Drago sourit. C'était un sourire froid, sans humour, mêlé à de la dérision personnelle. « Et je dois avouer que c'est l'une des raisons pour lesquelles je t'ai tant harcelé. »

« J'ai toujours pensé qu'il y avait autre chose. » Bafouilla Harry, trop intrigué par la franchise inhabituelle de Drago.

« A quoi pensais-tu ? » Drago semblait réellement curieux.

« En dehors de ton éducation, je pensais que c'était parce que j'avais choisi Ron et non toi lors de notre première année. »

« Ca doit être l'autre raison. » Affirma Drago en haussant les épaules d'un air indifférent. « C'était la première fois qu'un Weasley était meilleur qu'un Malfoy. »

Harry, inexplicablement ressentit le besoin de se justifier. « Si -»

Drago leva une main. « Tu n'as pas besoin de te justifier. Si je devais un jour rencontrer mon double enfant, je donnerai un coup de poing dans le nez de ce petit morveux. » Il avait dû voir quelque chose sur le visage d'Harry, ou peut-être est-il capable de lire dans tes pensées, parce qu'il sourit légèrement. « Que m'as-tu dit un jour ? Sur le fait de grandir ? »

« Parfois, je pense que tu as grandi bien mieux que je ne l'ai fait. » Murmura Harry songeur en croisant ses yeux.

Comme il l'avait prévu, le comportement pensif et sérieux de Drago se transforma en une moquerie sarcastique. « Pensais-tu vraiment que toi tu surpasserais mon exquise beauté ? »

Harry leva les yeux au ciel. « Toute cette sérieuse introspection t'a mis à rude épreuve, Drago ? » Tu ressembles tant à Severus. Ton masque a peut-être été fait de glace et le sien de glace brisée, mais c'est le même.

« Je suis un Malfoy, Potter. Nous ne faisons pas d'introspection. » Drago sourit l'air satisfait, mais perdit rapidement son expression. « Ca ne marchera pas, n'est-ce pas ? »

Harry secoua la tête avec regret. « Ce sera là, que nous l'ignorions ou non. »

« C'est mauvais, hein ? » La peur était revenue.

« Je ne sais pas ce que c'est. » Répondit Harry avec franchise. « Mais je suis tout de même effrayé. »

« A ton avis, qu'est ce que ça veut dire ? »

« Pourquoi me poses-tu la question ? »

« Tu as vécu par deux fois avec des moldus. J'en conclus que tu les connais mieux que moi. »

Un rocher en sait davantage sur les moldus que toi. « Mon expérience ne compte pas beaucoup, Drago. J'avais onze ans quand j'ai découvert que je n'étais pas vraiment un moldu et je n'ai été en Amérique que quatre ans. J'en sais peu, mais je n'ai jamais entendu un moldu, qu'il soit Anglais ou Américain parler de l'Ordre de Merlin. »

« Connaissent-ils seulement Merlin ? »

« Eh bien, ouais. Ils ont des tas de mythes et légendes qui racontent qui il était et ce qu'il a fait. Mais c'est simplement un tas de livres et de films. Personne ne sait ce qui c'est vraiment passé. »

« Des films ? » Répéta Drago d'un air ébahi.

« C'est un peu comme les images sorcières. Seulement ils racontent des histoires et les gens sont des acteurs. » C'était une explication simple, mais Harry n'avait pas envie de passer le temps nécessaire à expliquer ce qu'étaient les films et leur rôle dans la société moldue à Drago. « J'ai lu cet article tant de fois ces dernières heures que je connais ce maudit truc par cœur. » Ajouta Harry. « Mais au lieu d'avoir une idée de ce qui se passe, j'ai une chose de plus dont je dois m'inquiéter. »

« Et que font ces terroristes ? Est-ce possible que ce ne soit qu'une coïncidence ? Se pourrait-il qu'un groupe de terroristes ait adopté ce nom ? »

« Les terroristes moldus sont en général impliqués dans des sectes religieuses, » Lui expliqua Harry. « Ou ils essayent de changer quelque chose dans la société. Il y a par exemple des terroristes qui prennent pour cible les endroits qui abîment l'environnement. Je ne parviens pas à imaginer ce qu'un groupe qui se fait appeler l'Ordre de Merlin pourrait vouloir accomplir. En plus, il y a ce morceau sur les « substances chimiques étranges » découverts dans le domicile des personnes arrêtées. Si ces gens faisaient parti du monde sorcier, alors ce serait des potions.

« Peut-être est-ce un hasard. Si ces moldus américains sont inquiets au sujet des terroristes et sursautent à la vue d'une ombre, peut-être qu'une personne a vu quelque chose de bizarre et l'a dit à la…comment s'appellent-ils ? »

« La police. »

« L'a dit à la police, et quelques sorciers ont été arrêtés par accident, » Drago s'arrêta pour réfléchir. « Et si c'était des sorciers ténébreux ? Peut-être y a-t-il en Amérique un groupe de mangemorts. »

Drago soupira, il était vaincu. « Je suppose qu'on a pas fait appel à toi pour aller te battre avec un autre Seigneur Noir. »

« Je ne peux pas dire cela effectivement. » Répondit Harry sèchement.

« Alors que nous reste-t-il ? »

« Une arrestation accidentelle pourrait empirer les choses, maintenant qu'ils ont découvert le document attestant l'Ordre de Merlin et les potions. Ou… » Harry rencontra les yeux de Drago, les mots non dits, passèrent entre eux, dans le courant de leur peur. Ou ils savent et ils cherchaient des sorciers et sorcières.

« Ils ne pourraient pas savoir, » Murmura doucement Drago. « Il y a un département pour ce genre de chose au Ministère. Si quelqu'un nous avait découvert, le représentant du Ministère y serait allé et s'en serait occupé. Ils ne permettraient pas à la situation de s'aggraver. Surtout maintenant que Fudge n'est plus au Ministère, il peut maintenant fonctionner comme il aurait dû le faire toutes ces années. »

Ils se regardèrent, l'un cherchant consolation dans l'autre, mais en vain.

« L'as-tu montré Snape ? »

« Comment aurais-je pu ? Il sait que nous nous écrivons, mais ce seraient assez étrange qu'ils commencent soudain à m'envoyer des lettres à propos de moldus arrêtant des gens qui pourraient être des sorciers. Pourquoi penseraient-ils que je serais intéressé par les lois américaines ? »

« Tu ne lui as jamais dit ? »

« Quoi ? Que non seulement j'ai dit à mes amis moldus que je suis un sorcier mais aussi que je les ai emmenés à Poudlard et leur ai fait visiter ? » Harry secoua la tête, incrédule. « Je ne suis pas totalement idiot. »

« Révéler l'existence du monde sorcier à des moldus ne constitue pas une part d'idiotie, peut-être ? » Lui demanda Drago sarcastiquement. « Tu -» Il écarquilla les yeux et se tut brutalement.

« Non ! » Harry nia avec vigueur. Il avait immédiatement senti où les pensées de Drago le conduisaient. « Non Drago. Ils ne l'auraient pas dit à quelqu'un d'autre ! »

« Comment le sais-tu ? Tu les connais depuis quoi, quatre ans ? Tu m'as pratiquement toujours connu. » Rétorqua Drago violemment. « Suis-je exactement celui que tu as cru que j'étais ? »

« Ce sont mes amis ! »

« Peter Petitgrew était un ami de ton père et il a vendu tes parents à Voldemort ! » Cria Drago, surprenant Harry et lui-même si on prenait en considération son expression.

Harry eut un mouvement de recul, comme si Drago l'avait frappé. Non, non. Je les connais. Ils ne feraient pas une telle chose. Ils savent ce qui nous arriverait si le reste du monde apprenait notre existence.

« Pourquoi m'auraient-ils prévenu, s'ils avaient trahi ma confiance ? » Siffla Harry. Il était en colère contre Drago d'avoir suggéré une chose aussi inhumaine, d'avoir douté de l'honneur de ses amis et de leur intégrité. Et tu es en colère contre toi-même, parce que tu n'es pas fermement convaincu qu'il a tord, lui murmura une petite voix. Et s'ils avaient trahi le monde sorcier, ce serait de ta faute.

« Donc, tu ne les suspecterais pas, peut-être ? Ils sont peut-être des moldus, mais je doute qu'ils soient suffisamment stupides pour te dire ce qu'ils ont fait. »

« Mais alors pourquoi en auraient-ils parlé à d'autres personnes ? Il n'y a rien à gagner. Il n'y a pas de prime sur la tête des sorciers, pas de récompense pour avoir récupéré des baguettes. Ils jetteraient le monde entier dans le désarroi pour quoi, l'opportunité de détruire nos vies et notre monde ? Ce sont mes amis, Drago. De vrais amis. Et de vrais amis ne se trahissent pas. »

Cette fois c'est Drago qui tressaillit, et recula comme si Harry l'avait frappé. Pendant un bref instant les yeux gris de Drago furent remplis de sentiments mêlés, confus, de culpabilité, regret et tristesse. Mais ces sentiments furent vite balayés et remplacés par une froide indifférence. Qu'était-ce que cela ? Pensa Harry avec étonnement, il ne comprenait pas la réaction de l'autre homme. « Drago, je ne te visais pas. »

Drago secoua la tête d'un air dédaigneux. « Je sais. Oublie ça. Nous avons tous fait des choses dans notre vie que nous regrettons. »

Harry continua à l'observer, mal à l'aise. Harry avait vu dans les yeux de Drago que quelque chose n'allait pas. Qu'as-tu bien pu faire ? Tu n'as jamais pris la marque noire. Tu n'as jamais tué personne. Qu'as-tu bien pu faire pour que tu réagisses ainsi ? Harry était assis à le scruter, mais il ne lui était pas venu à l'esprit que peut-être cette réaction extrême ne venait pas de quelque chose qu'il avait fait, mais de quelque chose qu'il ferait dans le futur.

Harry s'apprêtait à prononcer des paroles réconfortantes, lesquelles il ne le savait pas encore, quand Drago lui demanda soudainement, « Penses-tu vraiment qu'ils n'ont rien à voir là-dedans ? »

Tu l'as fait exprès ? La question de Drago méritait réponse et Harry se la posa : Est-ce que je leur fais confiance ? La réponse lui vint pratiquement immédiatement. « Oui. » Dit-il à voix haute. « Je ne les connais peut-être que depuis quatre ans, mais j'ai presque passé tout mon temps avec eux pendant ce temps-là. Ils ne sont ni envieux ni faibles comme Petitgrew l'était. Et ils ne sont pas mesquins. Ce sont des gens bien. Ils ne me trahiraient pas. »

Drago ne paraissait toujours pas convaincu.

« Je pense que je suis devenu bon juge de caractère, après toutes ces années. » Lui dit Harry, en le regardant avec des yeux perçants.

Ce fut l'une des premières fois de sa vie, mais Drago fut le premier à briser le contact visuel. « Peut-être, » Concéda-t-il avec réticence. « Je suppose qu'au point où nous en sommes, c'est difficile à dire de toute façon. Même s'ils sont responsables, nous ne pouvons plus rien faire maintenant. »

« Alors, il nous reste -»

« A revenir où nous avons commencé, » Drago fronça les sourcils, il semblait frustré. « Tu sais quel est le pire dans tout ça ? »

« Quoi ? »

« Ce n'est probablement rien. Nous sommes en train de nous faire du souci pour rien du tout. »

« Le penses-tu vraiment ? » Ce serait si facile de s'abandonner à cet espoir.

« Le monde sorcier existe parallèlement au monde moldu depuis des siècles sans qu'on l'ait découvert. Même quand Voldemort était au plus fort, quand ses mangemorts torturaient et tuaient des moldus qu'ils rencontraient par hasard, il est resté caché. » La peur avait rendu la voix de Drago terne. Il continua, en suivant la logique de ses propres mots. « Il est demeuré debout pour une raison et il aurait fallu quelque chose de bien pire que Voldemort pour que notre monde soit exposé aux moldus. Et si ça s'est passé, ne penses-tu que nous le saurions ? »

C'était un argument indiscutable. La gazette du sorcier semblait toujours savoir ce qui se passait avant que ça n'arrive. Mais elle n'en avait pas dit un mot, pas d'avertissement, pas d'annonce de catastrophe. Harry sentit le poids qui l'avait submergé pendant qu'il lisait l'article se réduire, même si au lieu de se dissiper, la peur se consolidait dans un coin de son esprit. Drago a raison, dit Harry à sa peur. Si quelque chose s'était passée, Albus le saurait, et il nous l'aurait dit. Il n'y a aucune raison d'avoir peur. C'était simplement une surprise, de voir une telle chose dans un journal moldu. C'est tout. Grâce à sa conversation dynamique, il se sentait mieux, et son esprit n'était plus lié par l'angoisse maladive qu'il ressentait jusqu'à présent et il était à nouveau libre de penser à autre chose. Presque immédiatement, Harry se sentit à nouveau angoissé et son esprit s'attacha à un autre sujet.

« Qu'est ce qui se passe ? » Drago exigea de savoir. Il le regarda fixement, la peur s'insinuait encore dans sa voix malgré ses récentes paroles. « Tu pâlis. Y'a-t-il quelque chose à laquelle nous n'avons pas pensé ? »

« Quoi ? Non, ça n'a rien à voir. »

« Alors qu'est ce que c'est ? » Insista Drago.

Harry regarda autour de lui furtivement et lui demanda d'un ton qu'il espérait léger et sans inquiétude « As-tu déjà fait quelque chose sans vraiment réfléchir à ce que tu faisais ? »

« C'est ton domaine d'expertise, Potter, pas le mien. » Répondit Drago catégoriquement, faisant savoir à Harry qu'il avait échoué misérablement.

Eh bien, je lui ai dit cela, soupira Harry. Il plongea dans l'histoire. « Tu te souviens que Severus et moi étions dehors hier soir ? »

Drago haussa les sourcils qui disparurent presque dans ces cheveux. « Vous étiez bien dans les buissons ! Je le savais ! »

« Non, nous ne l'avons sacrément pas fait. » Grogna Harry. Il se sentit rougir et s'énerva tout seul à ce sujet. « Nous nous disputions. Ou plutôt, je me disputais. Severus était simplement assis à me regarder. »

« Bon sang, de quoi parles-tu ? »

Enervé, Harry leva les bras au ciel, et tomba presque du balai. « Nous étions simplement assis et nous discutions et soudain Severus a eu une sorte de crise. »

« As-tu remarqué que tes histoires commencent toujours par 'Severus a eu une sorte de crise' ? » Lui demanda Drago sèchement.

« Oh, tais-toi, » Grommela Harry. Il prit un air renfrogné. « C'était entièrement différent. »

« Ca implique être seul avec toi, dehors, au milieu de la nuit, » Nota Drago sagement. Il leva la main et compta les points sur ses doigts. « Oui, je peux avoir à quel point c'était différent cette fois par rapport à la précédente. »

« La dernière fois c'était la Marque Noire. » Dit Harry à voix haute. Il essaya d'ignorer l'interruption sournoise de Drago. « Cette fois c'était comme s'il essayait de me dire quelque chose. »

« Vraiment ? » L'interrogea Drago d'une voix doucereuse, les yeux brillants, « Et quel est que ce quelque chose que notre empoté de Maître des Potions souhaitait te dire ? »

Harry haussa ses sourcils, écartelé entre l'envie de se hérisser contre l'insulte faite à l'encontre de Severus et l'envie de savoir ce que ce ton signifiait. « Je ne sais pas. Il a dû changer d'avis parce qu'il ne me l'a jamais dit. Je lui ai demandé, un peu plus tôt ce qui le tracassait. Je pense qu'il voulait me le dire, mais il ne savait pas comment le dire. Quoi ? Pourquoi me regardes-tu ainsi ? »

Drago leva les yeux au ciel. Il semblait complètement écœuré. « Tu es un idiot. Continue. »

« Pourquoi suis-je un idiot maintenant ? » Exigea de savoir Harry. Il était surpris.

« Tu as toujours été un idiot. Je te le rappelle simplement. » Répondit Drago avec un sourire supérieur qui donna à Harry le désir de le frapper. C'est comme si on faisait un pas en avant et trente en arrière avec toi. Harry le regardait avec des yeux noirs. Misérable connard.

« Et ? Continue ton histoire. J'attends, le souffle retenu d'entendre quelle sottise tu as fait cette fois. »

La seule chose qui l'empêcha de faire tomber Drago de son balai fut de savoir que, quelque part peut-être, au plus profond de son esprit, cet insupportable abruti lui manquerait et il regretterait de l'avoir tué. « Et ensuite nous nous sommes embrassés. Nous avons passé un moment extrêmement long à nous embrasser, » Songea Harry, en repensant aux évènements de la nuit précédente. « Ce n'était pas comme les autres fois où nous nous sommes embrassés. C'était plus… Je ne sais pas comment le décrire. Simplement mieux qu'avant. Est-ce que tu comprends ? »

Drago le regarda, les yeux plissés. « Rends-moi un service et épargne-moi les détails sordides. »

« Donc, » Harry reprit le train de ses pensées où il s'était arrêté. « Nous avons décidé qu'il valait mieux retourner à la fête avant que l'on ne vienne nous chercher. Mais alors Severus a commencé à se détacher, à se renfermer à nouveau et avant que j'en ai conscience, je lui criais après. »

« Si tu t'attends à ce que j'en ai le souffle coupé d'horreur, Potter, tu vas être déçu. Je ne vois pas pourquoi lui crier après pourrait -»

« C'est parce que tu ne te tais pas suffisamment longtemps pour me laisser le temps de finir. » Lui dit Harry d'un air réprobateur. « Ce n'était pas les cris mais les mots qui m'inquiètent. Quelque part dans ma tirade, je me suis entendu lui dire que je l'aimais. »

Harry regarda Drago d'un air d'attente, juste à temps pour voir les lèvres de l'autre homme se tirer vers le haut, juste avant que son visage ne prenne une expression neutre. « Et bien, il ne t'a apparemment pas tué. » Le rire réprimé contenu dans la voix de Drago ruinait totalement sa froide indifférence. « Alors, que s'est-il passé, après que tu aies fait ta petite confession ? »

« Rien, » Lui dit Harry avec méfiance. Il aurait dû savoir que Drago transformerait cela en blague. « Il m'a simplement dévisagé avec cette expression abasourdie sur le visage. Tu te souviens celle qu'il avait quand nous étions en cours de potion ? »

« Laquelle ? Celle Je Ne Peux Pas Croire que Vous Ayez Fait Une Chose aussi Stupide ? »

« Oui, » Dit Harry tendu. « Celle-ci. »

« Quoi ? » Drago cligna des yeux. « Tu as commencé. »

« De toute façon, il m'a simplement regardé jusqu'à ce que je réalise ce que j'avais dit. J'allais m'excuser -»

« Ce qui aurait empiré les choses, j'espère que tu le réalise, » L'interrompit Drago.

« Quand il m'a prit de vitesse, » Continua Harry. Il commençait à réévaluer le pour et le contre d'en parler à Drago.

« Severus Snape s'est excusé auprès de toi ? » Répéta Drago sous le choc. « Pourquoi ? »

« Il a dit qu'il était désolé de me traiter comme si j'allais devenir ton père et… » Harry s'arrêta de parler quand il prit conscience de l'irréalité de la situation. « D'accord, c'est bizarre. »

« Quelle part, exactement ? » Lui demanda Drago avec un sourire moqueur.

« Cela ! » Harry désigna l'espace qui les séparait. « Je te parle de mon… » Il s'arrêta en sachant à quel point il serait ridicule s'il appelait Severus son petit ami. Severus Snape ne consentait à être le petit ami de personne. « Parler de ma relation avec Severus au fils de son ancien amant. Il y a quelque chose de complètement fou dans toute cette affaire. »

« Toi ? » Suggéra Drago sur un ton léger. Il pencha la tête pour étudier Harry. « Je ne sais pas, Potter. Ca me paraît tout à fait censé à moi, de façon tout à fait bizarre. »

« Quelle façon ? » Lui demanda Harry, même s'il connaissait déjà la réponse. « Celle de Celui Qui a Survécu ? »

« Fais-y-toi. »

« Ma vie ne sera jamais normale, n'est-ce pas ? » Harry se plaignit au monde en général.

« Tu viens seulement de t'en rendre compte ? »


Le sentiment de peur que ressentait Harry diminuait à chaque jour passé sans autre lettre de Kévin et de Ben ou d'avertissements de la Gazette du Sorcier. La possibilité que c'eût été une coïncidence, que les personnes appartenant au monde sorcier aient été arrêtées à cause d'un moldu extrêmement paranoïaque devint de plus en plus vraisemblable pendant ces jours qui passaient lentement. Une semaine s'était écoulée sans mauvaise nouvelle. Harry s'était à demi attendu à ce que Severus réalise brutalement qu'il lui avait confessé son amour et devienne plus capricieux et plus renfermé qu'il ne l'était déjà. Mais ce ne fut pas le cas. Drago avait par conséquent réfréné ses tours de vampire et avait fourni de nombreuses preuves qu'il n'avait agi ainsi que parce qu'il avait un costume de vampire et qu'il n'allait pas recommencer. La vie semblait redevenir normale.

Ce qui est exactement la raison pour laquelle, en regardant en arrière, il aurait dû le savoir.

Ca faisait un peu plus d'une semaine que la lettre était arrivée. Il était assis en train de prendre son petit déjeuner quand Harry vit un hibou approcher de la grande table. Un sentiment d'angoisse grandit au creux de son estomac. Maudit, maudit, maudit, maudit, maudis sois-tu Drago pour m'avoir donné de faux espoirs. Et que je sois maudit pour y avoir cru.

C'était une lettre de Kévin et de Ben, Harry le vit quand il récupéra la lettre et la déposa devant lui. Ses mains tremblaient quand il l'ouvrit. Quand il sortit la feuille de papier, il sentit le regard inquiet de Drago sur lui. Ce n'était pas le gribouillage de Kévin, mais l'écriture soignée de Ben. Harry prit une profonde inspiration et lut.

7 novembre 2003,

Comment vas-tu ? Comment les choses se passent-elles en Angleterre ? Nous avons regardé le journal, mais jusqu'à maintenant nous n'avons rien entendu qui indique que ça ait traversé l'océan.

Les choses ont empirées par ici. On dirait que chaque jour, plus de personnes sont arrêtées. Ils ont interrogé ces gens dont parle l'article que nous t'avons envoyé, mais ce qu'ils ont découvert n'a pas encore été révélé au public. Par contre, on parle de cet Ordre de Merlin dans chaque journal. Les médias l'appellent « l'organisation terroriste la plus grande et la plus insidieuse que le monde ait connu ». Ils n'ont pas encore de preuves, ou s'ils en ont, ils les étouffent. On dit qu'il a infiltré tous les pays du monde. Le président a prévu de s'adresser aux Nations Unis sur la menace de la sécurité du monde très bientôt.

Les gens sont terrifiés. Ceux qui ont été arrêtés n'étaient d'aucune nationalité ou ethnie particulière. Ce sont des gens de tous les milieux, de tous les niveaux de vie. Tout le monde a peur d'être le suivant, puisque personne ne sait en quoi ces gens de l'Ordre sont différents des autres. Tout ce qu'on nous a dit est que ces terroristes ont inventé des armes et des produits chimiques, tous les jours plus dévastateurs que ceux qui étaient utilisés par les précédents groupes terroristes.

Le plus effrayant est que tout ceci est arrivé très rapidement. Une minute, il n'y avait aucune nouvelle des terroristes ou de cet Ordre de Merlin, et en une nuit on entend plus parler que de ça. Tous les journaux parlent du danger que représente ce groupe et des personnes arrêtées la veille.

Kévin pense que tout est une conspiration, que le gouvernement savait tout depuis longtemps et que c'est seulement maintenant qu'il se décide à agir. Soit cela, soit il n'existe en fait aucun Ordre de Merlin, que ce n'est qu'une excuse pour persécuter la population. Au début, j'ai pensé qu'il était trop dramatique Mais maintenant, je ne sais plus. Pourtant si la dernière théorie est vraie, je ne sais pas exactement qui ils essayent de persécuter.

C'est cela Harry. Ils ne ressemblent pas à des terroristes, ou à la manière dont nous les imaginons. Ils ressemblent à des gens ordinaires. Ils sont comme toi et moi. Et c'est ce qui me fait le plus peur. Et que faisons-nous s'ils arrêtent des personnes arbitrairement ? Mais je ne sais pas pourquoi ils feraient cela.

Le gouvernement ne nous a pas encore retiré nos droits. Les lignes de communication sont toujours ouvertes, autant que je le sache. Réponds-nous, d'accord ? Nous sommes inquiets à ton sujet et nous voulons être sûrs que tu vas bien.

Ben et Kévin.

Harry tendit brutalement la lettre à Drago comme si elle lui brûlait les mains. « Ils ressemblent à des gens ordinaires. Ils sont comme toi et moi. ». Il savait que pour Ben c'était admettre sa peur, même si l'effet pouvait paraître différent pour quelqu'un d'autre. Ben était suffisamment inquiet pour devenir paranoïaque. Et si le pondéré Ben devenait paranoïaque alors quelque chose n'allait vraiment pas.

Il tremblait. Une voix dans sa tête lui criait de se lever et de courir, de courir aussi loin qu'il le pouvait.

« Harry, »

Il se concentra sur le visage pale et horrifiée de Drago.

« Respire, Harry. »

Mais il ne pouvait pas respirer. Il ne pouvait rien faire d'autre que de rester assis, à combattre le cri qui essayait de forcer sa gorge. Ne restez pas assis là ! Voulait-il hurler à l'ensemble des professeurs et des élèves. Merde, sortez d'ici. Ils savent ! Les moldus savent ! Mais il savait que courir ne servirait à rien. Les moldus sont partout dans le monde, aux mêmes endroits que les sorciers. Si les moldus se mettent en tête d'exterminer toutes les personnes du monde sorcier, il n'y aura plus d'endroit où se cacher. Surtout si les moldus ont découvert comment briser les charmes et enchantements que les sorciers et sorcières utilisent pour se déguiser et dissimuler l'endroit où ils vivent.

«Tu ferais aussi bien de le dire à Severus et qu'on en finisse. » Siffla Drago à Harry dans sa barbe. « Parce que si tu hyperventiles, ça va provoquer une scène qui exigera des réponses. »

Quelque chose dans le ton coupant de Drago arrêta la croissante de sa panique. Il prit une profonde inspiration, mit la peur dans un coin de son esprit et ravala le cri qui lui arrachait la gorge. « Je vais bien. » Murmura-t-il d'une voix rauque.

« Reprends-toi, finis ton petit déjeuner et sors calmement, » Lui murmura Drago d'un ton pressant. « Nous devons en parler. » Il rendit la lettre à Harry qui la remit dans l'enveloppe, ses mains tremblaient.

Harry jeta un œil aux restes de son petit déjeuner, sa bouche avait le goût des cendres. Je n'aurai plus jamais faim.

« Alors, Potter, » Dit Drago à haute voix sur un ton jovial qui résonna aussi vide qu'une tombe aux oreilles de Harry et l'énerva, « Es-tu prêt m'aider à lire ces essais ? »

« Euh… »

« Je n'ai pas envie de le faire, mais c'est pour ça que je te demande ton aide, d'accord ? » Drago eut la témérité de le frapper derrière la tête.

« Je crois… »

« Bien. Est-ce que tu manges ça ? Non ? » Il prit le muffin qui était sur l'assiette de Harry, se leva et lui fit un grand geste. « Allons viens. Nous ne pouvons pas passer toute la journée à paresser. »

Harry permit à Drago de le tirer pour qu'il se mette debout et le suivit d'un pas lourd. Ils quittèrent la Grande Salle et une fois hors de vue, Drago soupira écœuré. Il jeta le muffin par la fenêtre. La fausse joie qu'il avait montrée s'évanouit et fut remplacée par une peur lassante. Harry était mal à l'aise. Il ne pouvait pas regarder le Serpentard dans les yeux. Quand avait-il vu pour la dernière fois Drago Malfoy apeuré ?

« Ils savent, » Dit-il d'une voix blanche. « Les moldus savent. »

« Ils savent, » Acquiesça Harry. « C'est ce que Ben voulait dire par le commentaire 'toi' et 'moi'. Ils arrêtent des sorciers et sorcières. »

« L'Ordre de Merlin -»

« N'est pas un groupe de renégats. Ce sont des personnes comme tout le monde. » Termina Harry d'un air accablé.

Ils ne dirent rien de plus et marchèrent en silence. Il n'y avait rien de plus à dire. Chacun d'eux était enveloppé dans sa propre horreur. Quand ils arrivèrent dans les quartiers de Harry, ils entrèrent sans un mot. Drago suivit Harry jusqu'au bureau, s'appuya sur ses épaules quand ce dernier s'assit et sortit du parchemin, une plume et de l'encre. Très vite, la plume remplit le silence qui s'était installé entre eux et dit les mots qu'ils ne pouvaient pas prononcer.

10 novembre 2003

Kévin et Ben,

Jusqu'à présent nous n'avons rien entendu de ce qu'il se passe en Amérique. En fait, jusqu'à ce que je reçoive votre dernière lettre, je ne savais rien de tout cela. Je suis désolé de ne pas vous avoir répondu avant, mais, je le confesse, j'espérais que ce soit un incident isolé. Et je suis sûr qu'on se moquerait de moi si je disais penser quelque chose d'aussi stupide. J'avais en quelque sort espéré que si je l'ignorais, ça n'arriverait pas, vous voyez ce que je veux dire ?

J'ai peur. Je ne sais pas quoi faire. Et je ne comprends pas. Je ne comprends pas pourquoi des gens sont arrêtés s'ils n'ont rien fait. Pourquoi tout le monde est persuadé que l'Ordre de Merlin est un groupe de terroristes ? Ont-ils des preuves ? Et les gens qui sont arrêtés ? Que leur est-il arrivé ? Vont-ils bien ? Certains ont-ils été relâchés ? Avez-vous entendu parler de leur témoignage ou de ce qui leur est arrivé ?

Allez-vous bien ? Je ne sais pas quoi faire. Je ne comprends pas ce qui se passe. Et je suis effrayé. J'ai si peur. Répondez, s'il vous plait. Simplement…dites-moi ce qui se passe, d'accord ? Et restez en sécurité. S'il vous plait.

Harry.


Le jour suivant Harry reçut une deuxième lettre venant de ses amis et quelques hiboux descendirent dans la Grande Salle pendant le petit déjeuner. Ils distribuaient cette édition de la Gazette du Sorcier que Harry avait craint de recevoir depuis qu'il avait lue la première lettre venant de ses amis moldus, à tous les abonnés.

« Le Ministère de la magie conseille à tous les citoyens du monde sorcier la plus grande prudence.

Au départ, ça paraissait un incident isolé, mais le ministère a déclenché une enquête après une soudaine augmentation des arrestations par des moldus de citoyens sorciers vivants au Etats-Unis. Bien que le Ministère n'ait pas été capable de contacter son homologue américain pour plus de détails, le Ministère a obtenu les renseignements suivants :

- Deux sorciers Andrew Weatherby et Stewart Knightly et la sorcière Diana Redwater ont été arrêtés dans une taverne, en octobre dernier, après que plusieurs moldus les aient désignés comme suspicieux. Après une plus grande enquête les autorités moldues ont confisqué de nombreux objets à leur domicile tels que des baguettes et des potions. Ces objets ont été utilisés comme preuves de leur participation à des groupes terroristes.

- Un des objets confisqués était un document reçu par Weatherby qui lui attribuait pour récompense l'Ordre de Merlin, première classe, pour sa capture du renégat Marcus Fletcher.

Parce que les moldus ont découvert ce document, les supposés terroristes sont maintenant appelés « l'Ordre de Merlin ». Les autorités moldues ont arrêté toutes personnes qu'ils suspectaient de faire parti de cet « Ordre de Merlin ».

A cause de ces nombreuses arrestations et suspicions en Amérique, le Ministère recommande aux sorciers d'éviter tout contact inutile avec des moldus inconnus. Le Ministère conseille vivement de ne donner aucune raison aux moldus de les soupçonner de faire des choses inhabituelles jusqu'à ce que la cause de ces troubles puisse être identifiée. Pour l'instant, le Ministère n'a aucune raison de croire que l'intégrité du monde sorcier ait été violée.


13 novembre 2003

Harry,

Personne ne sait ce qui arrive à ceux qui sont arrêtés. Ils n'ont pas de procès. Ils n'ont pas d'entretient avec leurs avocats ou avec les membres de leur famille, comme c'est le cas dans les affaires criminelles. Ils disparaissent simplement. Le FBI, la CIA, les militaires ou je ne sais qui, se montrent et les emmènent. Et tout ce que nous entendons est que quelques terroristes ont été capturés.

Nous allons bien. Nous ne savons pas comment ils font pour découvrir qui est un terroriste ou qui ne l'est pas mais ils semblent savoir. Ils savent, Harry, et je ne comprends pas comment ils savent. Ces gens sont comment nous. Mais ils savent, ils savent qui emmener.

Reste en sécurité,

Kévin et Ben.


16 novembre 2003,

Kévin et Ben,

Comment ? Comment savent-ils ?

Harry


19 novembre 2003,

Harry,

Nous ne savons pas. Franchement Harry nous n'en avons aucune idée.

Kévin et Ben.


25 novembre 2003

Oh seigneur Harry ! Ils savent ! Ils savent !

Harry regarda le petit morceau de papier que le hibou venait de lui apporter ce matin, les yeux écarquillés, ils ne voyaient rien. « Drago… »

Drago prit le papier de ses doigts engourdis, le regarda rapidement et le froissa. « Par le nom de tous les dieux… »

Ils se regardèrent.

La Salle éclata alors dans une cacophonie de bruits. Les hiboux de toutes les formes et tailles rentraient par toutes les fenêtres de la Grande Salle. Les élèves criaient et montraient les oiseaux qui rasaient les longues tables et lâchaient des rouleaux de papiers devant tout le monde. Les membres de la faculté échangèrent des grommellements alors qu'un groupe de hiboux se dirigeaient vers la grande table.

Harry regardait les événements se déroulaient devant lui : il avait l'impression que le temps c'était ralenti.

Il regarda les personnes à table. Il vit Dumbledore passer une main tremblante sur son visage pendant que Minerva MacGonagall posait une main sur le bras du vieil homme et se penchait pour lui dire quelque chose que seul le directeur pu entendre. Ni l'un ni l'autre ne regarda le journal qui reposait devant eux.

« Par tous les dieux, » Harry entendit Severus murmurer avant que le cri hystérique des élèves ne le noie.

Harry se tourna pour faire face à Severus. Il entendit le cri suivi par d'autres jusqu'à ce que la Salle toute entière se remplissent de cris. Entre lui et Severus, Harry vit Drago laisser tomber le journal qu'il était en train de lire et enfouir sa tête dans ses mains. Horrifié, Harry regarda le journal qui reposait devant lui. Tout ce qu'il vit fut le titre, écrit sur la première page en gros caractère gras. C'est tout ce dont il eut besoin et il sut sans lire le reste de l'article que le monde avait été détruit.

Le monde sorcier dévoilé !