La nouvelle du meurtre de Ron Weasley se propagea rapidement dans le monde sorcier. Elle provoqua d'abord étonnement et horreur mais se transforma rapidement en un calme étrange et pénétrant. Quatre jours après, cinq moldus furent retrouvés mort dans un parc en dehors de Londres. La cause de la mort était impossible à déterminer : il n'y avait aucune marque sur les corps et le médecin légiste avait certifié que la mort n'était pas due à un problème physique ou du moins, il n'en avait trouvé aucune trace. Les moldus s'entretuaient tout le temps, sans raison et ils mourraient de leur propre volonté presque autant qu'ils s'entretuaient. Il fallut attendre que douze autres moldus meurent sans raison apparente pour qu'ils deviennent suspicieux. Quand deux jours plus tard on dénombra, dans le monde entier, trois cent victimes de mort dont la cause était impossible à déterminer, le soupçon devint une certitude.
Les semaines qui suivirent l'exposition du monde sorcier, on remarqua que pour deux moldus lunatiques qui n'avaient qu'une idée en tête, éradiquer tous les « monstres et toutes les bizarreries », il y avait au moins un moldu, parfois deux, qui montrait suffisamment de bon sens et d'intelligence pour penser que si le monde sorcier avait vécu au côté du monde moldu si longtemps sans provoquer de problèmes, il était vraisemblable qu'il demeure une entité bienveillante face à la provocation des moldus qui diminuait régulièrement. Ces moldus avaient demandé à leur gouvernement d'ouvrir les lignes de communication et de discuter avec les chefs du monde sorcier, ils leur conseillaient d'essayer de comprendre ces gens-là avant de les considérer comme des monstres venus faire le mal, et la plupart d'entre eux leur conseillaient de faire la paix. Personne n'entendait.
Maintenant, il était trop tard.
Des cellules de résistance c'étaient crées à travers le monde et refusaient de se soumettre gentiment pendant qu'on l'exterminait les leurs. En réponse, des groupes de moldus réagirent en prônant la destruction de tout ce qui pouvait être d'origine sorcière. L'effusion de sang avait commencé des deux côtés.
En Angleterre, la révolte des sorciers était dirigée par trois individus qui se firent rapidement un nom en tant que tueurs froids, impitoyables et qui ne reculaient jamais quand l'occasion leur était donnée d'effacer de la terre la trace de quelques moldus supplémentaires.
Même dans un endroit aussi coupé du monde que l'était Poudlard, les nouvelles arrivaient rapidement. Ca n'avait jamais cessé de surprendre Harry : les informations arrivaient encore très vite et pourtant les lignes de communication étaient coupées. Assis à l'heure du déjeuner, il jouait avec sa nourriture plus qu'il ne mangeait et regardait les élèves discuter entre eux, partager les rumeurs et les nouvelles qu'ils avaient reçues d'autres qui les avaient aussi reçues d'autres et ainsi de suite pour en trouver l'origine chez les chanceux qui avaient pu parler à leurs amis et familles grâce au réseau de cheminée.
« Ca me rappelle l'incident avec le Chicaneur, » Murmura Harry à Hermione. « Tu te souviens, en Cinquième Année ? »
« Je me souviens, » Dit Hermione doucement.
Harry se tourna vers elle. « Comment vas-tu ? »
Hermione haussa les épaules. « Ce n'est plus pareil. »
« Non. Ce ne le sera plus jamais. » Pour de nombreuses raisons.
« J'ai parlé avec Molly, hier soir. »
Harry grimaça. De tous, c'était elle qui avait le plus souffert. « Tient-elle le choc ? »
Elle secoua la tête. « Arthur et le reste de la famille ont essayés de la raisonner mais, c'est comme s'ils se fatiguaient pour rien. Elle a l'impression d'avoir perdu quatre enfants, et pas seulement Ron. »
« Ils ne lui parlent plus ? »
« Ils essayent, mais elle ne peut pas réconcilier l'image qu'elle a de ses enfants avec les assassins sans coeur qu'ils sont devenus. »
Ce n'était pas si difficile à croire de la part de Fred et George. Mais Ginny… Harry avait encore du mal à croire qu'elle fasse une chose pareille. « Peux-tu leur en vouloir ? » Murmura Harry d'une voix douce. « Si tu n'étais pas née de parents moldus, Hermione, que ferais-tu ? »
« Je ne tuerais pas des gens innocents ! »
« Ils ne savent pas qui a tué Ron. » Le dire le faisait toujours souffrir. Harry savait que ce serait toujours le cas.
« Tuer des gens dans l'espoir d'atteindre le meurtrier n'est pas une réponse. » Claqua Hermione. «Ce n'est pas juste ! »
« Non, ça ne l'est pas. Mais brûler nos maisons et tuer nos hiboux n'est pas juste non plus. Nous tuer n'est pas juste. » Répondit Harry avec ferveur. « Je ne vais pas aller dans les rues avec eux, Hermione. Je ne vais pas me mettre à chasser les moldus. Mais je peux comprendre pourquoi ils le font. »
« Je peux comprendre pourquoi, Harry, » Lui répondit Hermione tristement. « Mais compréhension et tolérance ne sont pas les mêmes choses. »
Harry connaissait la différence. Mais il savait, même s'il en était honteux, qu'il n'était pas loin de tolérer les actions des Weasley. Il savait qu'il ne le devrait pas, il savait que ça entraînerait encore plus de morts et que la situation risquait d'empirer. Mais, s'il enlevait la couche de rationalité, l'émotion pure qui se dégageait n'était plus un conditionnel, il ne se souciait pas du 'devrait'.
Harry voulait crier au monde moldu : mes parents sont morts pour vous ! Je n'avais qu'un an lorsque j'ai assisté à leur assassinat ! J'ai passé presque sept ans de ma vie à combattre leur meurtrier. J'ai assisté à la mort de mes amis. J'ai presque perdu la seule famille qu'il me restait ! Nous nous sommes battus et nous sommes morts pour vous, et c'est ainsi que vous nous remboursez ? Nous ne vous avons rien demandé. Nous ne voulions que vous protéger ! Et pour quoi ? Pour que vous nous tourniez le dos et que vous vous mettiez à nous chasser ? Pour que vous tuiez mon meilleur ami ? Bon sang, pourquoi nous sommes-nous battus ? Pourquoi avons-nous tant perdu ? Pourquoi n'avons-nous pas laissé Voldemort faire de vous des esclaves ? Pourquoi n'ai-je pas laissé Lucius vous tuer ?
Harry se posait ces questions depuis qu'il avait appris la mort de Ron. Après deux semaines de réflexion, il n'avait pas encore trouvé de réponses.
C'est ce que tu es devenu, pensa Harry amèrement, en faisant des yeux le tour de la pièce. C'est tout ce qu'il reste de nous. Tout ce que nous connaissons et aimons meurt autour de nous : notre monde, nos amis, nos rêves. Et ceux qui restent sont réduits à choisir entre fuir ou se couvrir du sang de ceux qui nous ont trahis. Merde, qu'est ce qui nous arrive ?
L'image de la Grande Salle s'effaça et fut remplacée par une image plus ancienne et plus familière. Les élèves qui se bousculaient autour de la table n'étaient pas les mêmes. Ils riaient, plaisantaient, vivaient. Et à l'une des tables, il voyait le trio âgé de treize ans. Ils penchaient la tête les uns vers les autres, pris dans une conversation importante alors qu'un autre élève à une autre table les regardait les yeux plissés. Et à quelques sièges du trio, une jeune fille était assise, elle souriait à un ami et à deux visages identiques qui eux-mêmes souriaient à un autre garçon assis en face d'eux.
La salle résonnait d'espoir et de vie. Il y avait les matchs de Quidditch à jouer, les complots à déjouer, les blagues à préparer, et l'avenir s'étendait devant eux. Il y avait peut-être Voldemort, l'évasion du meurtrier Sirius Black, mais il y avait aussi toute une vie au-delà de cela, s'il survivait. Et ils savaient quelque part, qu'ils survivraient.
Nous avons survécu, pensa Harry tristement. Les images s'évanouissaient et il revint à la réalité. Il voulut tendre la main pour ne pas retourner dans ce cauchemar dont il ne pourrait pas se réveiller. Nous avons survécu à cela pour ça.
« Harry… »
Harry cligna des yeux et déglutit. Il avait une boule dans la gorge. Il se tourna vers Drago. « Je suis désolé. Qu'est-ce qu'il y a ? »
« Dumbledore, » Marmonna Drago en désignant le directeur qui se levait.
« Avant de vous libérer, j'aimerais que le personnel reste dans la salle pour que nous puissions nous réunir. » Albus regarda la Grande Table puis tourna son attention vers les élèves. « Vous avez donc votre après-midi. S'il vous plait, restez dans le périmètre du château, n'allez pas plus loin que la cour si vous désirez sortir. »
Les élèves sortirent et jetèrent occasionnellement des coups d'œil curieux par-dessus leur épaule vers la Grande Table devant laquelle certains professeurs étaient encore assis et autour de laquelle d'autres tournaient sans but. Harry savait qu'il devrait se sentir inquiet. Il connaissait Albus. De plus, les réunions du personnel étaient assez rares, et celle-ci avait l'air de mauvais augure pour l'après-midi. Mais il ne parvenait pas à avoir ce sentiment d'appréhension. Il ne restait plus grand-chose qui pouvait mal tourner, pas avec les moldus et les sorciers s'entretuant. Les choses pourraient être pires qu'elles ne l'étaient déjà et peu importait la manière dont il serait impliqué, Harry savait que s'inquiéter ne servirait à rien.
Si la pire chose que l'on puisse vous faire est de vous tuer, quand vous avez vu tout ce que vous avez toujours connu se dissoudre devant vos yeux, le pire n'est pas si mal après tout.
« Si vous voulez me suivre dans la salle des professeurs. » Leur demanda Albus une fois que les élèves, même ceux qui pensaient que tout le monde ne les incluait pas, furent sortis de la Grande Salle.
Ceux qui étaient toujours assis se levèrent et tous suivirent le directeur en silence. En arrivant dans la pièce, Harry vit Fumseck. Il était perché sur l'une des chaises, dans un coin de la pièce. Le spectacle était suffisamment incongru pour qu'Harry le remarque, malgré le fait qu'il nageait dans des pensées mélancoliques. Voir Fumseck en dehors des quartiers du directeur lui paraissait étrange.
Les prémices de l'appréhension commencèrent à s'engouffrer dans sa torpeur. Il s'assit sur un fauteuil à côté de Hermione. Drago s'assit sur le bras du fauteuil et Harry pouvait sentir Severus se tenir derrière lui, presque comme si son aîné gardait ses arrières. Nous nous présentons comme un front uni, pensa Harry ironiquement en regardant le reste du personnel choisir sa place, debout ou assis. Mais sommes-nous en train de nous allier contre le directeur ? Ou contre les nouvelles qu'il va nous apporter ? Y a-t-il une différence après tout ?
Albus et Minerva se tenaient au centre de la pièce. De là, ils pouvaient voir tous les autres. Ils étaient debout tous les deux. Quand Minerva regarda Albus, Harry vit la tristesse de son regard.
Le directeur surveillait la salle. Il ne prit la parole que lorsqu'il eut regardé dans les yeux de chaque personne présente.
« Poudlard doit être évacué. » Annonça Albus sans préambule.
Pendant un moment, seul le silence résonna. Chacun essayait de digérer ce qu'il venait d'annoncer. Enfin, dans la salle, on entendit une explosion de son.
« Professeur Dumbledore ? » Demanda Hagrid comme s'il espérait avoir mal compris.
« Quoi ? » S'exclama Flitwick.
« Evacuer l'école ? » Répéta Sinistra, incrédule.
« Que se passe-t-il ? »
« Sommes-nous en danger ? »
Albus laissa chacun parler une seconde de plus puis leva une main pour rétablir le silence. « On m'a fait savoir que les gouvernements moldus suspectent l'existence et l'emplacement de l'école. Ils croient qu'il s'agit d'une espèce de terrain militaire dans lequel nous entraînons la future génération de terroristes sorciers.
Personne ne prononça mot cette fois-ci. Le choc et l'incrédulité leur avaient dérobé la capacité de parler. Ils s'attendaient à ce qu'Albus leur annonce de nouveaux décès, et peut-être la mort de quelqu'un qu'ils connaissaient. Personne ne s'était attendu à cela.
Harry découvrit qu'il y avait encore suffisamment d'horreur pour pouvoir traverser le voile de torpeur dans lequel il avait sombré après la mort de Ron. Comment peuvent-ils penser cela ? C'est une école, un lieu où l'on élève des enfants ! Et non une sorte de camp militaire ! Les pensées d'Harry se figèrent. Est-ce-cela ? Que nous reste-t-il maintenant ? Les élèves ne vont pas pouvoir passer leurs BUSES ni leurs ASPICS afin de déterminer s'ils seront meilleurs en tant que Auror, médecin, briseur de sort. Ils n'auront que deux options : se cacher ou tuer. Ses pensées se tournèrent vers le monde moldu. Vous nous traitez de terroristes, vous nous haïssez d'être différents et vous craignez notre pouvoir. Maintenant nous sommes les terroristes que vous craignez tant et vous n'avez qu'à vous remercier pour cela.
« Mais… » Le professeur Chourave prit la parole avec hésitation. « Et les sorts de protection érigés autour l'école ? Et les barrières ? Ou les charmes qui les empêchent de nous remarquer ? »
Albus secoua la tête. « Nous ne savons pas comment, mais les moldus ont trouvé un moyen de passer au travers de nos charmes de protection. Des endroits dans lesquels les moldus n'avaient pas accès parce qu'ils étaient sous l'effet d'un sort sont maintenant découverts et envahis. S'ils apprennent la présence de cette école, ce ne sera qu'une question de temps avant qu'ils ne trouvent le chemin pour venir ici. »
« Les enfants doivent être épargnés. Ils ne doivent pas assister à une invasion moldue. » Dit Minerva fermement. Sa voix était amère et menaçante. « Ils auront beaucoup de temps pour apprendre à connaître les sorts mortels et les sorts impardonnables. Ils n'ont pas besoin d'expérimenter de telles choses pour défendre leur école. »
Tous acquiescèrent.
« L'évacuation commencera ce soir après le dîner. » Leur annonça Albus. « Au fur et à mesure des semaines, les élèves devront être conduits hors du château, entre le petit déjeuner et le dîner. Ils devront être séparés en petits groupes et conduits à Pré au Lard où ils retrouveront leurs parents. De là, ils passeront d'une cheminée particulière à une autre reliée à leur domicile et rentreront chez eux par poudre de cheminette. J'ai déjà déterminé les groupes et appelé leur leurs parents pour qu'ils viennent les chercher. »
« Pourquoi de petits groupes, Albus ? » Lui demanda Vector. « Ce serait certainement plus rapide si on les évacuait en une seule fois. »
« Plus rapide, oui. » Lui accorda Albus. « Pourtant ce serait aussi plus dangereux. Si des yeux hostiles surveillent cette école, je ne veux pas qu'ils voient un tourbillon d'activités. Une telle vision pourrait provoquer une attaque. Si nous sommes surveillés, ils ne doivent rien voir d'autres que ce que nous faisons habituellement. »
« Ne remarqueront-ils pas les groupes d'élèves se diriger vers Pré au Lard ? » Lui demanda Drago.
« Non, Drago, ils ne les remarqueront pas. » Albus regarda Harry et Hermione, s'attardant sur chacun d'eux avant de poursuivre. « Il existe de nombreux passages cachés à l'intérieur et à l'extérieur du château. Ces passages conduisent directement de l'école à un bâtiment de Pré au Lard. C'est dans ce bâtiment, je suis certain que vous êtes tous familier avec Honeyduckes, que sera connecté le réseau de cheminée. Notre évacuation ne sera jamais remarquée. »
Harry ne perdit pas l'ironie de tout ceci et en croisant le regard de Hermione, il su que ça ne lui avait pas échappé non plus. Ca ne devait être qu'un jeu innocent, fureter en dehors du château pour participer aux week-ends à Pré au Lard. Pourquoi toutes les choses innocentes doivent être détournées et perverties par cette guerre ? Qu'est-il arrivé à mon enfance ?
« Nous avons choisi Hermione Weasley et Drago Malfoy pour évacuer les enfants.» Dit Albus en regardant les deux professeurs. « Vous aurez toute l'après-midi pour préparer tout ce dont vous pourriez avoir besoin pour remplir cette mission. » Pendant une seconde, Harry s'aperçut qu'il regardait dans la profondeur des yeux couleur saphir d'Albus.
« Monsieur le directeur, je -» Commença Hermione.
Drago l'interrompit. « Pourquoi ? Pourquoi nous deux ? »
Les yeux du directeur brillaient. Ils se focalisèrent sur Drago. « Nous avons eu une conversation un jour, vous et moi, l'année dernière. Vous en souvenez-vous ? »
Ce n'est que parce que le regard de Drago allait de lui à Albus que Harry le vit serrer les lèvres et s'aperçut qu'il inspirait légèrement plus vite. Que se passe-t-il ?
« Oui. »
Ils se regardèrent en silence et le reste du personnel les observait avec confusion. Après un certain temps, Albus acquiesça. Mais il ne sut pas s'il acquiesçait pour lui-même, pour Drago, ou pour les autres.
« Vous ne serez pas seul pour effectuer cette mission. » Dit-il à Hermione et à Drago. Il fit un geste de la main pour leur désigner Fumfseck. « Fumfseck vous accompagnera. » Etait-ce l'imagination de Harry ou est –ce que le regard du directeur resta un peu plus longtemps sur Drago que sur Hermione lorsqu'il parla ?
« Je ferai une annonce aux élèves avant le dîner, ce soir. Si vous avez des questions, vous êtes libres de venir nous les poser à Minerva ou à moi. Autrement, » Albus conclut, « La réunion est ajournée. »
« Drago ? »
Le Serpentard jeta un œil sur les vêtements éparpillés sur son lit, un cartable reposait au milieu de ce chantier. « C'est complètement stupide. »
« Quelle part, exactement ? » Lui demanda Harry en réajustant le sac qu'il portait sur le dos. Il était appuyé contre la porte.
« Celle que tu veux. » Drago mit par terre la chemise qu'il tenait dans sa main. « Merde, je ne sais même pas ce que je dois préparer ! »
« Je me demandais ce que tu étais en train de faire. »
Drago haussa les épaules, ignora les vêtements et s'assit sur le lit. « Je ne sais même pas ce que je fais. Dumbledore a dit de prendre notre après-midi pour nous préparer. Et le connaissant, ce n'était pas dit au hasard. Il y a une chose que nous sommes censés apportés avec nous, mais je serais maudit si je sais de quoi il s'agit. »
Harry regarda les objets sur le lit. « En tout cas Drago, je doute qu'il parlait de nouveaux caleçons. »
Drago prit un air renfrogné. « La ferme Potter, » Marmonna-t-il sans réelle conviction.
Parfois, je me demande… Après tout ce temps, Harry connaissait suffisamment bien le directeur pour ne pas être surpris par la prévoyance du vieil homme. Harry réajusta son sac pour le remettre un peu plus sur son dos. « De quoi parlait Albus ? »
« Je t'ai déjà dit que je ne -»
« Non, » Harry lui demanda de se taire. « Je ne parle pas des préparations. Je parle de la conversation qu'il a mentionnée. De quoi avez-vous parlé tous les deux ? »
« En quoi cela est-il important ? »
« J'ai vu ta réaction quand il en a reparlé, » Répondit simplement Harry. » Et maintenant tu es réticent, ce qui ne te ressemble pas. »
Drago soupira et soutint le regard de Harry quelques instants. Il finit par détourner les yeux et passa une main dans ses cheveux. « C'était peu de temps après notre rencontre avec Severus dans le couloir l'année dernière. Tu te souviens ? » Il regarda à nouveau Harry.
Harry fronça les sourcils. « Comment pourrais-je oublier ? »
« Après vous avoir parlé à tous les deux, je suis allé voir Dumbledore. J'ai eu droit à la non-réponse habituelle, celle qu'il donne à tous ceux qui lui posent une question, » Il plissa ses paupières, perdu dans ses pensées. « Et il a fait un commentaire bizarre : il faut faire confiance en d'autres personnes, les suivre mêmes si on ne comprend pas pourquoi. »
« Tu penses qu'il parlait de cela ? »
« Comment pourrais-je le savoir ? » Lui demanda Drago, agacé. « Il est revenu sur le sujet aujourd'hui, ça a tout l'air d'être une sorte d'indice. Tu sais ce que sont des indices, hein ? »
Harry le regarda d'un air absent tout en ignorant son sarcasme. « Sais-tu pourquoi il vous a choisi Hermione et toi ? »
« Apparemment non. » Claqua Drago.
Harry secoua la tête. « Et tu dis toujours que tu es plus malin que moi. »
« Si tu as une idée, Potter, fais-nous une faveur et dis-la-nous avant que je n'aille conduire ce tas de marmots à travers le petit tunnel de Dumbledore. »
« Hermione est très douée avec les enfants, » Lui expliqua Harry. « Ils lui font confiance et elle a toujours l'air de savoir quelles sont les choses à dire en cas de crise. »
« Oui, oui, tout le monde connaît les surprenants pouvoirs que possède Miss Merveilleuse pour maîtriser les enfants. »
« Que ressens-tu pour les moldus, Drago ? »
« Tu me le demandes ? »
« Moque-toi de moi. »
« J'ai toujours pensé qu'un moldu mort était préférable à un moldu vivant. » Drago sourit sombrement. « Et c'était avant qu'ils ne commencent à tuer les nôtres. »
Harry acquiesça. « Voilà. Ils ont tué R- le mari d'Hermione et elle ne ressent pas suffisamment de haine envers eux pour leur faire du mal. Mais tu as toujours été un impitoyable salaud au cœur froid. Ce n'est pas comme s'ils avaient déjà fait du mal à quelqu'un que tu aimes mais tu préférerais en tuer un plutôt que d'en regarder un en face ! Alors -» Harry se tut. Il remarqua l'expression peu amicale et le regard fixe de Drago qui le regardait.
« Quoi ? » Demanda Harry. Il se sentait confus et repensa à ce qu'il venait de dire pour trouver ce qui avait pu offenser Drago. « Hé, tu te traites toi-même de salaud. Tu ne peux pas m'en vouloir de te traiter de 'salaud' alors que tu en tires de la fierté ! »
Drago soutint son regard une minute de plus. « Je peux penser à un autre impitoyable salaud que Dumbledore aurait pu choisir. »
Harry ne prit pas en compte les paroles coléreuses. « Les enfants ne t'aiment pas, mais ils ont peur de Severus. Non, je comprends le raisonnement d'Albus. Tu es le meilleur choix : tu es un adepte de la magie offensive et tu n'aurais pas peur de l'utiliser si tu le devais. »
« Je crois, » Concéda Drago avec réticence. Après avoir réfléchi en silence à ce que Harry venait de dire, il haussa les sourcils. « Que vas-tu faire ? »
« A quel sujet ? »
« Après. »
Il se posait la question depuis l'annonce d'Albus. Une fois que les élèves seront évacués, les adultes eux-aussi devront partir. Et à moins qu'un miracle ne se produise pour terminer la guerre, les portes du château ne s'ouvriront plus. « Je ne sais pas. » Répondit doucement Harry. « Je n'ai pas encore eu suffisamment de temps pour y penser. Et toi ? »
Drago haussa les épaules. « Il n'y a pas beaucoup d'options ouvertes. Les Malfoy ne sont pas devenus célèbres parce qu'ils ont pris la fuite. »
Harry ne se faisait pas d'illusion. Il avait très bien compris ce que ça signifie. « Drago -» Il voulait l'empêcher de rejoindre la résistance mais il savait que son argument serait faible. Il savait qu'il ne convaincrait pas Drago et que celui-ci l'ignorerait. Mais Harry savait également qu'il essaierait, même si à la fin, il essayait simplement de se convaincre lui.
« Il y a encore beaucoup de temps pour se décider, » Drago le devança. « Après tout, il va nous falloir quelques jours pour faire sortir tous les élèves en suivant le calendrier de Dumbledore. »
« Mais -»
« Pourquoi es-tu venu ici, exactement ? » Lui demanda Drago. Il avait l'air de parler au hasard.
Bien. Je laisse tomber pour l'instant. Mais une fois que l'évacuation sera terminée… « Je veux te donner quelque chose avant que tu ne partes. »
« Quoi ? » Drago feignit d'être surpris et étonné. « Un baiser d'adieu ? Pourquoi Potter, que dirait Snape ? »
« Je peux aussi te dire adieu en te donnant un coup de pied au cul, » Grogna Harry. Il ne fut absolument pas surpris de voir Drago se cacher derrière un mur de raillerie.
« Oh très bien, » Il reprit un ton normal, « Qu'est-ce que c'est ? »
« Il y a une chose que nous sommes censés apporter avec nous. » L'image des yeux bleus d'Albus regardant dans les siens traversa l'esprit d'Harry. Elle renforça sa conviction que non seulement le directeur savait ce qu'il allait faire mais qu'en plus il comptait dessus.
« Ceci, » Harry enleva le sac de son dos et le tendit à Drago.
Drago se leva doucement, traversa la pièce, prit le sac à dos des mains de Harry et regarda à l'intérieur avec prudence comme s'il s'attendait qu'un monstre ait prit résidence à l'intérieur et soit prêt à mordre toute main imprudente. « Qu'est-ce que c'est ? »
« Rien qui ne puisse te mordre. » Lui dit Harry en levant les yeux au ciel.
Méfiant, Drago mit la main à l'intérieur et retira un vêtement argent minutieusement plié. Son regard était interrogateur. « Ta cape d'invisibilité ? »
Harry acquiesça.
« Pourquoi ? »
« J'ai pensé que tu en aurais besoin. » Répondit Harry doucement. « Je sais que ce n'est pas comme s'il allait vous arriver quelque chose, mais… » Il s'interrompit et se remémora son enfance. Il avait le sentiment que cette époque était révolue depuis des siècles. « Elle a sauvé ma vie alors que je ne pensais pas risquer de la perte. Cette mission a l'air simple. » Harry chercha des yeux ceux de Drago, pour lui faire comprendre. « Mais d'après mon expérience, ce sont celles-là qui en général tournent mal. »
« Harry -»
« Il y a plus. »
Drago haussa un pale sourcil en regardant le sac à dos. « Il a dû tomber au fond. Ou tu as oublié de le mettre dedans. Le sac est vide. »
« Ce n'est pas dans le sac, idiot. » Harry mit la main dans sa poche et sortit un morceau de parchemin plié. Il le tendit à Drago.
Drago regarda sa main comme s'il tenait une vipère et non un innocent morceau de papier. « Ta cape d'invisibilité et la carte des Maraudeurs ? J'ai l'impression que mis à part ton balai, ce sont les objets auxquels tu tiens le plus. »
« C'est le cas. »
« Alors pourquoi -»
« Qui es-tu et qu'as-tu fait de Drago Malfoy ? » Lui demanda Harry en le regardant avec suspicion.
« Quoi ? » Drago cligna des yeux. « As-tu perdu l'esprit ? »
« Non, mais je pense que toi, tu l'as peut-être perdu. »
« Si je t'avais donné ces objets il y a quelques années, tu les aurais pris sans réfléchir. »
« Non, » Le corrigea Drago. « Si tu m'avais donné ces objets il y a quelques années, j'aurais pensé que tu voulais me jeter un sort et je ne les aurais pas touchés. »
Essayer de parler à Drago était toujours un pari : parfois il semblait y avoir du progrès, mais le plus souvent quand on s'arrêtait de lui parler, on se sentait plus ennuyé et dégoûté que lorsque l'on avait commencé. « Je vais te jeter un sort si tu ne prends pas ces trucs. » Marmonna Harry entre ses dents. « Ecoute, nous sommes encore en sécurité à l'intérieur du château. C'est toi et Hermione qui emmenez les élèves à Pré au Lard. Albus fait preuve de prudence puisque les élèves sont impliqués. Il s'attend à ce qu'il y ait des espions à tous les coins. Pourtant, prudent ou non, ça ne vous fera aucun mal de prendre des précautions supplémentaires. »
Harry soupira. Je ne devrais pas avoir à lui expliquer tout cela. Il devrait prendre ces trucs, et ne pas se soucier de ce que cela me coûte ou non de m'en séparer. La sentimentalité a commencé à se détériorer depuis longtemps . « Il ne me reste pas beaucoup Drago. Et tu dois admettre que j'ai été vraiment inefficace dans ce désastre, moi, qui suis néanmoins le Sauveur du Monde Sorcier. Il s'agit d'une petite et stupide chose. Mais c'est la seule chose que je puisse faire. Prends les simplement et utilise-les si nécessaire. »
Ils se regardèrent pendant un long moment.
« Très bien, » Drago avait finalement accepté. Il prit la carte des mains de Harry. « Je le ferai. »
Les élèves prirent la nouvelle beaucoup plus calmement que Severus ne l'avait anticipé. Ils avaient écouté le discours du directeur en silence, avait murmuré un peu entre eux quand il eut terminé et ils retournèrent leur attention vers le dîner. A la fin du dîner, ceux qui furent appelés dirent au revoir aux autres et se dirigèrent vers la Grande Table où le personnel les attendait.
Il n'y avait pas eu de règle et rien n'avait été organisé pour déterminer quels élèves partiraient quand. Albus avait simplement informé les parents qu'il était nécessaire d'évacuer l'école, leur avait expliqué comment ça se passerait et ils répondirent en temps, quand ils purent trouver une cheminée reliée au réseau. Les enfants avaient été assignés à un groupe.
A quoi t'attendais-tu Severus ? Que chacun se mette à crier de panique ? L'heure pour devenir hystérique est passée depuis longtemps. Severus regarda le petit groupe qui se formait devant la table. Indubitablement, les réserves qu'ils avaient pu avoir sur cette évacuation ont été tempérées par l'idée qu'ils avaient une famille dans laquelle retourner. Tout le monde n'est pas aussi chanceux.
Albus se leva et fit un geste pour que Drago et Hermione se lèvent alors que le reste du personnel restait assis. Severus les regarda quitter la table et se diriger vers le groupe des élèves. Autrefois, ils auraient pu voir de la peur sur leur visage, aujourd'hui il n'y avait que de la résolution et une prudente détermination.
« Très bien, » Drago prit la parole en premier. Il s'adressa aux élèves. « Soyez calme et écoutez. Avec de la chance, cette petite aventure ne sera que de la marche, de l'attente et une heureuse réunion de famille. C'est ce que nous attendons de cette excursion, mais ce n'est pas ce que nousavons préparé. Alors à partir de maintenant, il n'y a plus de rivalité entre maisons, pas de dispute, pas de blague. Est-ce compris ? »
Les élèves hochèrent la tête, leurs yeux étaient rivés sur le professeur de Défense Contre les Forces du Mal. Severus sentit ses lèvres s'étirer en un sourire mauvais. Ils n'avaient pas exactement peur de Drago Malfoy. Ce sentiment appartenait uniquement à l'aîné des Malfoy, à celui dont le nom était toujours murmuré parmi les sorciers et sorcières qui avaient vécu pendant le règne de terreur de Voldemort. Non, où son père cultivait la peur, Malfoy inspirait mépris et jalousie.
Même maintenant alors qu'il vivait en disgrâce, bien loin de son enfance privilégiée, il y avait quelque chose en Drago que les autres ne pouvaient nier désirer. C'était dans son assurance sans faille. On aurait dit que rien ne pouvait le toucher, rien de pouvait le briser ou le diminuer. C'était dans son apparence : toujours irréprochable, même quand il n'avait pas dormi pendant des jours. C'était dans sa beauté : la clarté froide de ses yeux gris, ses longs et fins cheveux blancs, sa silhouette anguleuse, son visage sans défaut. C'était dans la manière dont il se déplaçait, dans les actions qu'il faisait, même si elles étaient insignifiantes, même si elles étaient un exemple de charme naturel. C'était tout cela. Et c'était l'aura de pouvoir qui émanait de lui sans effort. Drago Malfoy avait tout ce qu'on pouvait vouloir. Pour cela, il était envié. Mais où un autre dans sa position aurait été vénéré, il était vilipendé.
Et les élèves l'écoutaient, l'admiraient, voulaient être comme lui, mais le détestaient pour être, comme Drago lui-même se décrivait, un complet salaud, froid et insensible qui ne se souciait de rien et de personne en dehors de lui-même.
Vous jouez votre rôle, Monsieur Malfoy. Je me demande ce qu'ils penseraient s'ils pouvaient voir ce qui se cache sous votre masque. Que penserions-nous tous, Monsieur Malfoy, si nous pouvions voir qui vous êtes vraiment ?
« Nous allons suivre le tunnel de manière ordonnée. » Continua Drago avec rudesse. « Vous quatre, » Il désigna les quatre élèves les plus âgés, un de Septième, un de Sixième et deux de Cinquième Année, dans le groupe. « Vous serez chargé du reste de la troupe. S'il nous arrive quelque chose que nous n'avions pas prévu à Hermione et à moi, la responsabilité vous incombera de protéger les élèves les plus jeunes et de les conduire à la cheminée connectée au réseau. »
Les quatre élèves acquiescèrent. Severus jeta un coup d'œil vers Albus. Il vit un petit sourire étirer les lèvres le vieux sorcier, un sourire approbateur.
« Maintenant je veux que ce soit clair dès le départ : personne ne quitte ce tunnel avant moi, » Drago inclus Hermione dans son regard. « Quand nous arriverons à Pré au Lard, j'irai en reconnaissance dans la maison, pour voir si tout va bien et vous ne quitterez le tunnel que lorsque je serai revenu. Si je ne reviens pas, vous courrez aussi vite et silencieusement que vous le pouvez pour revenir à Poudlard. Pas de questions ? Non ? Bien. »
« Etes-vous prêts ? » Leur demanda alors le directeur.
Un cœur d'affirmation s'éleva des élèves.
« Oui Albus, » Répondit Hermione doucement.
Drago sortit une cape du sac à dos qu'il avait apporté avec lui au dîner, la secoua et la mit rapidement autour de ses épaules. Severus regarda Harry. Il haussa un sourcil. Il était intéressé mais perplexe.
« C'est tout ce que je pouvais faire. » Répondit Harry au regard qu'il avait dû sentir, parce que ses yeux ne quittèrent pas la scène devant lui.
« Aussi prêt que nous pouvons l'être. » Répondit Drago à la question du directeur. Il déplia un morceau de parchemin que Severus reconnut très bien.
« Tu les as bien armés. » Murmura Severus alors que Drago « Je jure solennellement que mes actions sont mauvaises, » Résonna dans la Salle.
Harry le regarda. « Merci. »
« Que votre voyage soit rapide, » Dit Albus. « Et maintenant sachez que vous portez avec vous notre espoir à tous. »
« Merci, Monsieur le directeur. » Répondit Hermione. Elle regarda dans la direction de Harry.
« Finissons-en avec cela, » Ordonna Drago au groupe.
Il ne se retourna pas pour jeter un coup d'œil dans la Salle, les élèves le suivirent et Hermione termina la file. D'un geste, Albus envoya Fumfseck qui s'envola vers eux. Personne ne dit mot avant que les portes ne se soient refermées sur eux. »
« Est-ce que tout ira bien, Albus ? » Lui demanda Harry doucement en brisant le silence.
Severus remarqua que les yeux de Minerva se posaient sur Albus. Il plissa les siens. Que savez-vous, Minerva, que nous ne savons pas ? Quels secrets cachez-vous ? Et pourquoi les cachez-vous ?
« Je te l'ai promis, Harry. » Répondit Albus. Dans sa voix, il y avait une note étrange qui ressemblait bizarrement à du triomphe aux oreilles de Severus. « Ils seront saufs. » Ses yeux glissèrent sur sa droite et croisèrent ceux de Severus.
Il y avait quelque chose dans les yeux du directeur : de l'espoir, de la tristesse, du triomphe et de la pitié. Un sentiment de pitié douloureux, profond, et rempli de regret. Pardonnez--moi mon vieil ami. Albus aurait pu prononcer ces paroles tant le message inscrit dans ses yeux était clair.
Severus sentit le froid de la peur s'insinuer en lui. « …Si vous aviez vu une personne…qui avait l'air aussi effondré et brisé que vous l'étiez… » Le message dans les yeux d'Albus était pour lui seul. Les paroles de Drago, résonnaient et du passé, elles devenaient présentes. Que va-t-il se passer, Albus pour que vous cherchiez mon pardon ?
Quand Albus détourna son regard, ses yeux glissèrent et restèrent une fraction de seconde sur Harry.
L'évacuation se déroula sans incident, Hermione, Drago et Fumfseck passaient de Poudlard à Pré au Lard sans rencontrer qui que ce soit ou quoi que ce soit de suspect. Drago parcourait Honeydukes à chaque fois qu'il revenait avec de nouveaux élèves, mais il n'y avait jamais rien d'anormal. La prudence d'Albus paraissait injustifiée. Et chaque jour le château se vidait un peu plus.
« Quand viendra le matin, » Murmura doucement Harry, « le château sera vide. »
« Et ses portes seront closes, » Répondit Severus en regardant le feu.
Quand viendrai le matin, Drago et Hermione emmèneraient le dernier groupe d'élèves à travers le tunnel jusqu'à Pré au Lard et quand ils reviendraient le château serai fermé et abandonné. Harry souhaitait que la soirée dure éternellement et en même temps, il souhaitait simplement que tout soit terminé.
« On n'a même plus le sentiment qu'il s'agit de Poudlard. » Dit Harry découragé.
« Non, » Lui accorda Severus. « Ce qui donnait vie au château est parti. »
« Je considérais cet endroit comme ma maison, » Dit Harry d'une voix douce. « Je pensais que ça le serait toujours. »
« Tout comme moi, » Admit Severus. « Mais maintenant en marchant dans les couloirs, je ne vois plus que les fantômes du passé. »
« Pourquoi cela arrive-t-il Severus ? Comment les choses ont-elles pu aussi mal tourner ? »
Severus secoua la tête. « Je ne sais pas. »
Des images de Ron, Hermione, de ses camarades de classe, de son enfance jouaient dans son esprit et le tentaient avec tout ce qu'il avait perdu. Il pouvait à peine se souvenir de ce à quoi ça ressemblait de jouer au Quidditch avec Ron chez les Weasley, de rire avec Kévin et Ben, d'attendre que le temps passe aux côtés de Severus, de croire qu'il y aurait un avenir auquel il pourrait rêver. Chaque jour, ça devenait plus difficile à porter. « Que se passera-t-il demain ? »
« Je ne sais pas. »
« Je ne veux pas les tuer. Je ne veux pas devenir un meurtrier. »
« Tu ne seras pas obligé. »
Harry regarda dans les yeux de Severus avec interrogation. « Non ? Le Sauveur du Monde Sorcier a gagné le luxe de se cacher ? »
« Personne ne s'attend à ce que tu arrêtes ceci, » Répondit Severus d'une voix douce. « Personne ne peut l'arrêter. »
« Il y a ceux qui essaieront. »
« Tuer dans l'espoir de mettre fin aux tueries ne les arrêteront pas. Ca les perpétuera jusqu'à ce que plus personne ne se souvienne pourquoi ça a commencé ou pourquoi il faut que ça se termine. Et ça continuera, jusqu'à ce que le meurtre devienne la seule chose que les gens connaissent. »
« Que vas-tu faire, Severus ? »
Que feras-tu ? Iras-tu te cacher ? Ou suivras-tu le même chemin que Drago ? Vais-je te perdre comme j'ai perdu tout le reste ?
« Je te suivrai. » Répondit simplement Severus.
Harry ouvrit la bouche pour répondre, mais il avait une boule dans la gorge qui l'empêcher de prononcer les mots qu'il voulait dire.
Un sourire triste étira les lèvres de Severus. Silencieusement, il tendit une main dans l'espace qui les séparait. Sans mot, Harry agrippa sa main. Il n'y avait rien d'autre à dire.
Aussi longtemps que nous sommes ensemble, pensa Harry en regardant leurs mains jointes. Je pourrai faire face à n'importe quoi, aussi longtemps que tu seras là pour les affronter avec moi.
Il était presque minuit. Dans quelques heures, l'aube sonnerait le début de la fin de l'école. Quand la nuit tomberait à nouveau, les salles seraient vides et résonneraient de souvenirs du passé.
Un éclair de feu et le sifflement de Severus interrompirent ses pensées. Surpris, il leva la tête et rencontra les yeux brillants de Severus. Il les suivit quand ils se tournèrent vers un morceau de parchemin posé sur la table.
Severus libéra la main de Harry et prit le papier. Harry le regarda déplier et lire rapidement le contenu avant de le lui tendre. « Lis ça. » Lui dit Severus. Sa voix était dépourvue d'émotion.
Harry sentit les poils de son dos se hérisser en prenant le parchemin. Il lut. C'était un mot du directeur.
Poudlard a été découvert. Une armée moldue approche. Venez dans la Grande Salle immédiatement.
