Les Enfants d'Arwen Undomiel
Livre 2 : Nolwën
( 1ere partie )
Nolwën ouvrit lentement les yeux et reconnut le décor familier de la chambre qu'elle partageait avec Tar-Tiflêt, sa petite sœur. Soudain, elle sentit que quelque chose de dur était posé dans sa main. La petite fille s'assit dans son lit et découvrit qu'au creux de sa paume se trouvait le collier de sa mère, l'Undomiel. Le superbe pendentif était terne, sans son éclat d'autrefois. Dans sa petite tête de fillette de 4 ans, Nolwën eut un déclic. Le collier était à sa mère et ne le quittait jamais, alors pourquoi était-il dans sa main à ce moment précis ? Inquiète, Nolwën s'extirpa de ses couvertures chaudes et moelleuses puis se dirigea vers Belawyn, sa nourrice endormie dans la chaise berçante au pied du lit de Tar-Tiflêt. Belawyn était une femme dans la trentaine, aux longs cheveux roux qui portait ce matin là une robe blanche avec un bustier lacé. C'est elle qui éduquait Nolwën, sa sœur et son frère, Eldarion. La petite fille aux cheveux noirs se hissa sur la pointe de ses pieds et secoua l'épaule de Belawyn.
Nolwën : Bela... Bela, réveille toi !
Belawyn laissa échapper un court grognement et ouvrit ses yeux bruns. Elle aperçut Nolwën et referma le livre de contes qui était encore sur ses genoux.
Belawyn : Nolwën, qu'y a t-il ma petite ?
Nolwën : Maman... Le collier de maman !
Nolwën tendit sa petite main et montra l'Undomiel à Belawyn. C'est alors que la servante vit qu'elle aussi avait une chose dans sa main, un rouleau de parchemin scellé avec le sceau d'Arwen. Elle le détacha et lut la lettre écrite avec la fine écriture de la Reine.
« Chère Belawyn,
si tu lis cette lettre, c'est probablement que tu viens de t'éveiller. Je suis partie. Le poids des pertes de Sielmön-Mâri et d'Aragorn m'a enlevé le goût de vivre et même Eldarion, Nolwën ou Tar-Tiflêt n'apaisent ma peine malgré tout l'amour que j'ai pour eux. Je suis partie au loin, retrouver ma grand-mère Galadriel pour terminer mes jours paisiblement. Je lègue l'anneau de Barahir à Eldarion pour qu'à ses 20 ans il ait le pouvoir. J'ai choisi l'intendant Haldan en attendant son règne. Ne dis pas aux enfants où je suis. Dis leur seulement que j'ai dû partir rejoindre leur père et Sielmön-Mâri. Tu as été si bonne et si généreuse pour elles et Eldarion... Je te remercie du fin fond de mon cœur, ma chère Belawyn. Continue d'être un bon professeur pour mes enfants. Tu es maintenant une mère pour eux. Je n'oublierai jamais ce que tu as fait pour nous tous.
Que les étoiles veillent sur ta route, Arwen »
Belawyn essuya les larmes qui avaient coulé durant sa lecture de la lettre d'Arwen. Nolwën mit sa petite main sur celle de sa nourrice qui l'attira vers elle et la mit sur ses genoux. Belawyn serra la petite Nolwën contre elle et la berça.
Nolwën : Bela... Pourquoi tu pleures ? Où maman ?
Belawyn : Ma petite Nolly chérie... Ta maman est partie dans les étoiles.
Nolwën : Pourquoi ? C'est loin ?
Belawyn : Oui, très loin... Elle est allée rejoindre ton papa et Sielmön- Mâri.
Nolwën : Est-ce qu'elle va revenir ??
Belawyn : Je suis désolée Nolly...
Nolwën serra le collier Undomiel dans sa main et se mit à pleurer. Belawyn la serra plus fort dans ses bras.
Belawyn : Ne pleures pas, ma petite Nolly... Tu vas retrouver ta maman un jour. Quand tu iras aux Havres Gris... Mais pour le moment, ta maman ne voudrait pas que tu pleures. Elle t'a donné son collier pour que tu sois sage. Que tu sois une bonne princesse.
Nolwën : Bela... Pourquoi maman a laissé Nolly, Tarry et Eldar tout seuls ?
Belawyn : Elle ne vous a pas laissés tous seuls... Il y a moi ! Et ne t'en fais pas, elle sera toujours là avec toi.
Nolwën enfouit son visage dans les cheveux de Belawyn et pleura encore pendant un moment. Lorsque ses larmes cessèrent de couler, Nolwën regarda l'Undomiel qui n'était plus aussi terne que lorsqu'elle l'avait découvert en se réveillant. Belawyn l'aida à le mettre à son cou. Nolwën alla se voir dans le miroir de la chambre et serra l'Undomiel dans sa paume.
Nolwën : Je vais être une bonne princesse... Pour maman...
*********
Nolwën dévala les escaliers du château de Minas Tirith en courant. Maintenant âgée de 18 ans, Nolwën portait en permanence le collier de l'Undomiel. Ses longs cheveux noirs et ses yeux bleus comme ceux de sa mère rendaient la ressemblance entre la défunte reine et la princesse frappante. Maintenant orpheline depuis qu'elle avait 4 ans, Nolwën avait appris à vivre par ses propres moyens malgré l'aide que lui apportait Belawyn. Parfois rebelle et indomptable comme un cheval sauvage, Nolwën faisait la joie et le désespoir du château de Minas Tirith, tantôt solitaire, douce et aimante ou carrément farouche. Par ce matin de printemps, Nolwën devait se rendre à la bibliothèque du château pour ses leçons académiques avec Maître Hiondil. La belle princesse se rendit aux cuisines et chipa une pomme dans un panier de fruits puis courut dans le couloir jusqu'à la bibliothèque où elle poussa les grandes portes de bronze.
Maître Hiondil : Vous êtes en retard, princesse Nolwën.
Dans la grande bibliothèque au plafond en dôme recouvert d'une fresque relatant les grands moments de l'histoire du Gondor, Nolwën aperçut Maître Hiondil assis à une table ronde en bois. Hiondil était un semi-elfe, tout comme Nolwën. Humain de mère et elfe de père, Hiondil avait de longs cheveux blonds et des yeux d'un vert perçant. Habillé d'une tunique grise, on lui donnait 25 ans en apparence. Mathématicien, philosophe et plus encore, Hiondil était un professeur très doué et surtout patient. Nolwën croqua dans sa pomme et avala sa bouchée avant de répondre.
Nolwën : Désolée, maître Hiondil...
Maître Hiondil : Princesse Nolwën... C'est par respect pour votre mère la Reine, que les Valar la protègent, que je vous enseigne toutes ces choses. Si vous voulez devenir une bonne citoyenne du Gondor et de la Terre du Milieu, il vous faudra vous concentrer plus sur vos études.
Nolwën croqua de nouveau dans sa pomme et alla s'asseoir à la table ronde où elle s'accouda en soupirant. Hiondil s'humecta les lèvres et prit place devant la princesse.
Maître Hiondil : Princesse Nolwën... Si vous voulez devenir une bonne représentante de notre pays, car vous allez sûrement vous marier avec quelqu'un de bonne lignée... Il faut acquérir des connaissances. Je suis là pour vous y aider, princesse.
Nolwën : Je sais Maître Hiondil...
Maître Hiondil : Très bien. Alors, commençons et ensuite, vous pourrez vous féliciter de savoir tant de choses, hum ?
Hiondil prit un livre sur la pile disposée sur la table et commença à le réciter à haute voix en Quenya, la langue dans laquelle il enseignait à Nolwën. Un peu plus tard, après sa leçon, la princesse sortit avec bonheur de la bibliothèque et tomba par hasard sur Elerinna, sa belle-sœur, la femme de son frère, le Roi Eldarion. Elerinna était toujours aussi belle avec ses longs cheveux d'or et ses incroyables yeux bleus. Elle avait 21 ans, tout comme son mari. Les deux jeunes femmes se confiaient souvent l'une à l'autre.
Nolwën : Reine Elerinna ! ( Fait une révérence )
Elerinna : Princesse Nolwën ! Comment allez-vous ce matin ?
Nolwën : Ah... C'est difficile à dire. J'en ai marre des leçons avec Maître Hiondil... Ce n'est pas Maître Hiondil lui même qui m'énerve, c'est ces stupides leçons que je suis obligée d'apprendre !!
Elerinna : Voyons, un jour, vous serez contente de les avoir apprises.
Nolwën : Tout le monde me dit ça, ma Reine... mais je suis persuadée que ça ne me servira jamais à rien !
Elerinna : Allons, princesse... Ne vous découragez pas. Vous ferez honneur à votre frère le roi et au royaume du Gondor si vous êtes une bonne princesse intelligente.
Nolwën : Je n'ose pas comprendre pourquoi Tar-Tiflêt adore l'étude !!
Elerinna : La Princesse Tar-Tiflêt est une intellectuelle. Vous êtes plus du genre à bouger et faire des choses... que les femmes ne sont d'habitude pas. Vous chassez au faucon, savez faire des tours de cavalerie... Nous avons tous nos forces et nos faiblesses, princesse Nolwën. Il faut travailler vos faiblesses, c'est tout ce que je peux vous conseiller.
Nolwën : Vous êtes une très sage personne, ma Reine. Je vous remercie de vos conseils... ( S'incline )
Elerinna : Il me fait plaisir de vous aider, Princesse Nolwën.
Elerinna sourit et continua sa route. Elerinna était maintenant orpheline comme elle. Éowyn et Faramir étaient décédés l'an précédent, car curieusement malgré leur apparence sereine, ils étaient terriblement vieux. Son oncle Eomer, ancien cavalier Rohirrim et frère d'Éowyn, gouvernait maintenant le Rohan. Durant son deuil, Elerinna avait noué de profonds liens d'amitié avec Nolwën. La princesse du Gondor ressentit soudainement une oppression dans sa poitrine à l'évocation de la mort d'Éowyn et Faramir. Ils lui rappelaient la mort de sa mère à elle, Arwen... Mort dont elle n'avait jamais fait le deuil complet.
***
Cette nuit là, Nolwën fit un cauchemar. Elle se revoyait enfant, mais cette fois, sur la place devant le château de Minas Tirith, sur les dalles blanches où était planté l'arbre blanc. Sa mère était là, au bout du promontoire, presque dans le vide. Elle portait une robe rouge et noire et ses cheveux ondulaient dans le vent. Arwen sourit doucement et avança un pied. Nolwën voulut bouger mais elle était paralysée, horrifiée à la pensée que sa mère se jette dans le vide. Les mots se coinçaient dans sa gorge et l'empêchaient de crier. La reine jeta un dernier regard à Nolwën, lui envoya un baiser soufflé et sauta dans le vide. Alors là, Nolwën sentit sa gorge débloquer et elle se mit à crier plus fort qu'elle ne l'avait jamais fait, sa gorge devenait brûlante tandis que ses larmes commençaient à déferler comme un torrent sur ses joues. C'est à ce moment que la princesse de 18 ans se réveilla en sursaut, le cœur affolé, pendant qu'un éclair déchirait le ciel du Gondor. Un orage venait d'éclater et la pluie martelait la fenêtre de la chambre.
Nolwën : Maman...
Malgré elle, Nolwën se mit à pleurer silencieusement. Ses pensées se dirigèrent vers le promontoire de son rêve, tout au bout de la place de l'Arbre Blanc. Sa mère voulait-t-elle lui dire quelque chose ? Soudain, une pensée qu'elle n'avait jamais eue l'envahit : si elle mourrait, elle pourrait revoir sa mère. Telle un fantôme, Nolwën se leva et ne prit même pas la peine de s'habiller. Encore vêtue de sa robe de nuit blanche, la princesse ouvrit la porte et marcha le long du couloir alors que les éclairs éclairaient d'une manière fantomatique les murs de pierre.
Nolwën : Maman... Tu veux que je te rejoigne... Je m'en viens...
L'émotion provoquée par le rêve avait réveillé en elle des pensées qui lui étaient inconnues. Elle réveillait la douleur provoquée par la mort de sa mère. Elle réveillait la douleur de l'abandon. Nolwën en voulait à Eldarion d'avoir eu des adieux et à Tar-Tiflêt de ne pas ressentir de douleur comme elle car sa petite sœur était bien trop jeune au moment du départ d'Arwen. La mort appelait Nolwën et elle allait droit vers elle.
Nolwën ( pense ) : Le rêve est un message... Je dois faire comme elle... Mourir... Je vais sauter en bas... Et tout sera fini.
Nolwën descendit les escaliers et s'avança vers les grandes portes de la salle obscure. Lorsqu'elle les ouvrit, les gouttes la giflèrent en plein visage et les éclairs l'aveuglèrent. Le tonnerre et les intempéries ne l'empêchèrent pas d'avancer le long de la place, l'orage faisant rage au dessus de sa tête. Au travers de la pluie et du vent, Nolwën vit le promontoire tout au bout de la place et s'y dirigea. Rendue au bout, elle contempla le vide qu'illumina un éclair. L'eau avait détrempé ses cheveux noirs et sa robe de nuit lui collait étroitement à la peau.
Nolwën : Illùvatar... Vénérables Valar... Acceptez moi aux Havres Gris... Permettez moi de rejoindre mon père Aragorn, ma mère Arwen et ma sœur Sielmön-Mâri... Apaisez ma souffrance par la mort...
Voix : Nolwën !! C'est toi Nolwën ??
C'était une voix de garçon. Nolwën se retourna lentement et vit à travers le rideau de pluie une silhouette qui s'avançait vers elle. Un éclair éclaira le visage de Leomund, le meilleur ami d'Eldarion qui s'occupait des écuries de Minas Tirith. Ses cheveux frisés tombaient en mèches folles sur ses yeux et il dut les écarter pour voir où il allait. Lorsque Nolwën parla, sa voix était brisée par ses sanglots.
Nolwën : Leomund... Laisse moi...
Leomund : Qu'est-ce que tu fais ici sous l'orage ? Le tonnerre m'a réveillé et quand je suis allé fermer la fenêtre qui s'était ouverte dans ma chambre je t'ai vue ici, dehors.
Nolwën : Leomund... Pars, laisse moi ici...
Leomund : Tu ne vas quand même pas te suicider ?
Les yeux bleus rougis par les larmes de Nolwën regardèrent Leomund avec une expression mélancolique. Elle avait toujours trouvé qu'il était beau et elle sentait que ses sentiments étaient réciproques. Mais même Leomund ne la ferait changer d'idée. Tout comme ses enfants n'avaient pu changer la décision d'Arwen.
Leomund : Je t'interdis de te suicider, Nolwën !
Nolwën : Pour la dernière fois, Leomund...
Leomund ( l'interrompt ) : Qu'est-ce que je vais dire à Eldarion ? Et Elerinna ? Et Tar-Tiflêt ? Qu'est-ce que fais de Belawyn ? Et de Maître Hiondil ?
Nolwën : Ils feront leur deuil plus rapidement que moi je l'ai fait pour ma mère...
Leomund : Alors c'est ça ? Tu veux mourir parce que ta mère t'a abandonnée ?
Mais Nolwën ne l'écoutait plus. Elle tourna les talons, prête à sauter. Leomund lui agrippa le bras et la força à le regarder. Les yeux du jeune maréchal-ferrant commencèrent à s'embuer de larmes.
Leomund : Et moi ? Qu'est-ce que tu en fais ? Tu sais que tu comptes pour moi, Nolwën. Si tu meurs, je sauterai après toi.
Nolwën : Ne sautes pas pour moi, je n'en vaux pas la peine.
Leomund : N'en vaux pas la peine ? Si ta mère n'aurait pas eu d'amour pour toi elle ne t'aurais jamais donné l'Undomiel ! C'était la lumière de sa vie, tu entends ? C'était toute l'affection qu'elle portait à ton père ! Tout l'amour qu'elle éprouvait pour toi, Eldarion et Tar-Tiflêt ! Tu voudrais gâcher tout ça ? Gâcher le souvenir de ta mère ?
Leomund pleurait maintenant. Nolwën ressentit un coup au cœur. Les éclairs retentirent et éclairèrent leurs visages en sanglots au travers de la pluie. Jamais Nolwën ne s'était fait parler ainsi.
Leomund ( en pleurant ) : Je t'aime Nolwën. De toute mon âme. Mais si tu choisis de faire une grave bêtise et de mourir, je te jure que je me jette en bas car je ne supporterai pas de te voir t'enlever la vie.
Nolwën : Leomund...
Nolwën enlaça Leomund qui la serra à la briser. Leurs sanglots devenus bruyants couvraient presque le bruit de l'orage et des éclairs qui grondaient sur Minas Tirith. Ils tombèrent à genoux par terre, toujours enlacés, Nolwën pleurant toutes les larmes de son corps pendant que Leomund caressait ses cheveux détrempés. Cet instant de larmes et de réconfort sous la pluie devint une scène que la foudre éclairait de sa lumière blanche, comme un tableau figé dans le temps. C'est ce moment que Leomund choisit pour faire ce qu'il avait toujours voulu faire, l'embrasser. Trempés par la pluie et les larmes, leurs lèvres se cherchaient et s'embrassaient avec l'énergie du désespoir. Leur baiser leur sembla être une onde de chaleur dans leurs corps glacés par le vent et l'eau. Après plusieurs minutes de passion, Leomund prit Nolwën dans ses bras ; ses mains sous ses genoux en soutenant son dos.
Leomund : Allons, rentrons sinon on va attraper un sérieux rhume.
Ainsi blottie contre son sauveur, Nolwën ferma les yeux, remerciant le ciel de lui avoir envoyé Leomund pour l'avoir raisonnée et empêchée de se jeter en bas du promontoire. Elle se sentait stupide d'avoir eu des pensées si noires. Leomund entra dans la salle et emmena Nolwën jusqu'à la cuisine où il l'assit sur la table. La chemise de nuit de Nolwën était devenue presque transparente, collée sur son corps dont on devinait les courbes. Leomund rougit et détourna le regard pour fouiller dans les armoires dont il en sortit une serviette. Avec tendresse, il épongea les cheveux de Nolwën et son visage.
Nolwën : Leomund... Je ne te remercierai jamais assez...
Leomund : Allons, ce n'était rien. Je ne voulais pas que tu sautes, c'est tout.
Leomund se risqua à éponger le reste du corps de Nolwën qui ne broncha pas. La princesse le regardait avec une telle tendresse que Leomund devint rouge cramoisi. Puis, sans le prévenir, elle entoura son cou de ses bras et déposa un baiser passionné sur ses lèvres. Leomund ne résista pas à l'envie de l'embrasser sur les lèvres, dans le cou et de serrer Nolwën dans ses bras. Ils restèrent de nouveau dans les bras l'un de l'autre pendant un long moment. Ce fut Nolwën qui brisa le silence en saisissant la serviette et en frottant doucement les cheveux bruns frisés de Leomund.
Nolwën : Il faut aller dormir maintenant. Merci encore mille fois de m'avoir ouvert les yeux, Leomund.
Leomund : Juste une dernière chose... Pourquoi tu voulais sauter ? Tu ne me l'as toujours pas dit.
Nolwën : J'ai fait un rêve... Ma mère faisait la même chose. J'ai pensé que ça apaiserait ma peine d'aller la retrouver. Pensée stupide. Je ne referai plus jamais la même chose.
Leomund : Très bien... Bonne nuit maintenant.
Nolwën : Bonne nuit.
Nolwën souria à Leomund et descendit de la table. Elle remonta à sa chambre, revêtit une nouvelle robe de chambre et retourna dans ses couvertures.
Nolwën : Maman... Je te promets de savoir où tu es allée...
Sur ce, Nolwën s'endormit, épuisée par tant d'émotions et soulagée d'être encore vivante.
***
Trois jours plus tard, Nolwën avait repris un peu goût à la vie. Elle entra dans la bibliothèque de Minas Tirith et aperçut sa sœur, Tar-Tiflêt, assise à la table où Maître Hiondil s'assoyait habituellement. Tar-Tiflêt était âgée de 16 ans, ses cheveux bruns foncés tombant comme des rideaux sur ses épaules. Elle était assez jolie et ressemblait beaucoup à son grand-père Elrond ainsi qu'à son arrière-grand-mère Galadriel pour l'aura mystérieuse qu'elle dégageait. Ses yeux noisettes quittèrent le livre en Quenya qu'elle lisait et se posèrent sur Nolwën.
Nolwën : Bonjour. Je m'attendais à te voir ici.
Tar-Tiflêt : Moi non. Après ce qui est arrivé il y a trois jours.
Nolwën : De quoi parles-tu ?
Tar-Tiflêt : Ne fais pas l'innocente. La nuit de l'orage, tu as voulu sauter en bas du promontoire au bout de la place devant le château.
Nolwën : Qui t'a raconté ces choses ?
Tar-Tiflêt : Personne. Je me suis réveillée durant la nuit et je t'ai vue par la fenêtre. Tu n'étais pas seule. Décidément quelqu'un t'a fait changer d'idée. Ça ne serait pas...
Nolwën ( pense ) : C'est bon, arrête ! Je n'ai pas envie de revivre ça !
Nolwën venait de rougir à l'évocation de son sauveur, dont Tar-Tiflêt semblait deviner l'identité. Elle se détourna de Tar-Tiflêt et s'en alla dans les rayons de livres, bien alignés dans leurs étagères de bois. La bibliothèque était un bel endroit, très grand, avec un balcon. On pouvait voir des rangées de livres partout. De grands vitraux colorés filtraient les rayons du soleil. Nolwën monta un escalier et se rendit dans les rangées tout au fond du balcon, surveillant bien que Tar-Tiflêt ne l'ait pas suivie. Nolwën suivit les reliures du doigt et s'arrêta sur un livre à la tranche rouge bordée d'or. La princesse le prit dans ses mains et l'ouvrit délicatement, produisant un léger craquement. C'était son livre de famille. La princesse passa les pages racontant les vies d'Arathorn et Gilraën, les parents de son père, puis arriva finalement à l'épisode où Aragorn était déposé à Fondcombe et sa rencontre avec Arwen.
« Gilraën confia Aragorn à Elrond, le Demi-Elfe, seigneur de Fondcombe, en lui promettant de ne lui révéler sa vraie identité qu'à l'âge adulte. Elrond le surnomma Estel, « l'espoir ». Aragorn fit la connaissance d'Arwen dite l'Undomiel, fille d'Elrond et de Celebrian, née en l'an 3 du Troisième Âge. Ils tombèrent éperdument amoureux l'un de l'autre. »
Nolwën passa plusieurs dizaines de lignes, dont le passage sur la mort de son père et tomba finalement sur ce qu'elle cherchait. Des indices pour découvrir où était allée mourir sa mère.
« Certains disent que la reine était grise et froide comme une nuit sans lune et que plus aucune lumière ne l'habitait. Arwen aurait dit adieu à tous ceux qu'elle aimait, dont son fils Eldarion et ses filles Nolwën et Tar-Tiflêt, puis aurait quitté le Gondor. Une lettre adressée à l'un de ses proches dirait sa destination mais on ne l'a jamais retrouvée. L'endroit qu'aurait choisi Arwen pour mourir n'est donc toujours pas connue. Malgré tout, son mariage avec Aragorn Elessär resta dans les mémoires comme étant l'une des unions les plus glorieuses du Gondor. »
Nolwën : Une lettre...
Nolwën referma le livre et retourna sur ses pas. Elle dévala l'escalier, l'esprit en ébullition. Ses vieux souvenirs poussiéreux du jour où elle avait découvert le départ de sa mère lui revenaient en tête. La seule personne à part Eldarion qui avait eu des explications était sa nourrice. Belawyn.
***
Nolwën courut à travers le château, traversant les couloirs et montant les escaliers pour s'arrêter finalement devant une porte en bois teint en rouge. C'étaient les appartements de Belawyn. La princesse y cogna trois coups.
Voix de Belawyn à l'intérieur : Qui est là ?
Nolwën : C'est moi, Bela. Nolwën.
Voix de Belawyn : Entrez princesse.
Nolwën tourna la poignée et entra avec précautions dans les appartements de Belawyn. Assise dans une chaise berçante, elle brodait un motif représentant un oiseau posé sur une branche en fleurs. Belawyn était à l'aube de la cinquantaine. Ses cheveux roux étaient striés de fils argentés et quelques rides étaient apparues sur son visage. Ce jour là, elle portait son habituel bustier lacé marron par dessus sa robe blanche. La nourrice sourit à Nolwën et l'invita à s'asseoir.
Belawyn : Que me vaut l'honneur de ta visite, ma chère enfant ?
Nolwën : Voilà... Je me pose des questions depuis un certain temps... Sur maman.
Belawyn fixa Nolwën de ses yeux verts. Elle avait cessé de broder et regardait la princesse. Elle laissa échapper un long soupir.
Belawyn : Je savais que tu me poserais des questions un jour...
Nolwën : Elle t'a écrit une lettre pas vrai ? Tu t'en souviens ?
Belawyn : Oui...
Nolwën : L'as-tu gardée ?
Belawyn baissa les yeux, déposa sa broderie sur son lit derrière elle et joignit les mains. Nolwën attendit patiemment qu'elle lui parle, consciente qu'Arwen lui manquait beaucoup, car Belawyn avait été une grande amie de sa mère, et que son souvenir la rendait triste.
Belawyn : Je ne l'aurais détruite pour rien au monde, Nolwën.
Nolwën ( se lève et s'agenouille devant Belawyn en lui prenant la main ) : S'il te plaît, Bela... Dis moi où elle est partie ! Dis moi où elle est allée !
Belawyn : Pourquoi veux-tu savoir cela, mon enfant ? Elle est morte il y a des années...
Nolwën : Je t'en prie, Bela... Je veux seulement connaître sa destination ! Je ne dormirai pas tranquille tant que je ne le saurai pas... Je veux lui dire adieu...
Belawyn se leva, lâcha la main de Nolwën et alla fouiller dans sa commode. Elle ouvrit quelques tiroirs, déplaça des vêtements et sortit finalement un rouleau de parchemin jauni par le temps dont on pouvait voir le reste du sceau brisé en cire rouge d'Arwen. Avec émotion, Belawyn la prit délicatement dans ses mains et vit volte-face vers Nolwën. Elle tenta d'esquisser un sourire qui se fit plus triste que joyeux et tendit le rouleau vers Nolwën qui le prit comme si c'était le plus précieux bijou du monde.
Belawyn : Voilà... Tu as ta réponse, ma Nolwën... Si tu veux la retrouver, c'est de la folie, ma pauvre enfant...Je t'assure... C'est de la folie...
Nolwën ouvrit le parchemin et son cœur se serra en voyant l'écriture de sa mère. Elle lut la lettre en entier mais un passage en particulier attira son attention.
« Le poids des pertes de Sielmön-Mâri et d'Aragorn m'a enlevé le goût de vivre et même Eldarion, Nolwën ou Tar-Tiflêt n'apaisent ma peine malgré tout l'amour que j'ai pour eux. Je suis partie au loin, retrouver ma grand- mère Galadriel pour terminer mes jours paisiblement.»
Nolwën : La Lothlòrien... Merci Belawyn... Je t'en suis très reconnaissante ( donne la lettre à la nourrice )
Belawyn : Nolwën, attends !!
Nolwën sortit en courant de la chambre avant que la pauvre nourrice ait pu l'arrêter. La princesse avait sa réponse. Tout en courrant vers la bibliothèque, Nolwën n'avait qu'une pensée : partir vers la Lothlòrien, peu importe la distance. Elle partirait seule. Arrivée aux portes de bronze, elle les poussa et elles s'ouvrirent à la volée. Tar-Tiflêt, toujours plongée dans sa lecture, activité qui pouvait l'occuper plus de trois heures, leva la tête et suivit du regard sa sœur courir jusqu'en haut du balcon.
Tar-Tiflêt : Nolwën ! Hé, qu'est-ce qu'il y a ???
Mais sa sœur ne lui répondit pas. Le cœur battant, Nolwën parcourut des doigts les reliures dans la rangée où elle s'était engagée. Elle qui était si souvent venue dans les rayons de livres, elle sut exactement où trouver ce qu'elle cherchait. Son choix s'arrêta sur un volume très grand et peu épais à la reliure verte. Nolwën le prit et commença à le feuilleter rapidement, tout en entendant les pas de Tar-Tiflêt qui se rapprochaient. Les cartes magnifiquement dessinées de la Terre du Milieu se succédèrent devant ses yeux bleus. Puis, finalement, arrivée à la carte du Quatrième Âge, son doigt toucha une région verte. La Lothlòrien. Tar-Tiflêt arriva à ce moment derrière elle.
Tar-Tiflêt : Nolwën... Qu'est-ce que tu cherches ?
Nolwën ( referme le livre ) : Quoi ? Euh...Je me demandais... Où est... Le Rohan, voilà ! Un flash comme ça...
Mais Tar-Tiflêt n'était pas naïve. Elle jeta un regard soupçonneux à sa grande sœur et tourna les talons pour finalement s'éloigner. Nolwën, le livre sous le bras, fit le chemin inverse en courant toujours, dépassa Tar- Tiflêt et s'engagea de nouveau dans les couloirs. Elle remonta les escaliers et arriva en coup de vent dans sa chambre. Jetant un sac de cuir sur son lit et des vêtements épars, elle commença à les plier rapidement et les rangea dedans. Après avoir écrit un petit mot en cas de questionnement de la part d'Eldarion ou de Tar-Tiflêt, la princesse attrapa résolument ses bagages rudimentaires et une cape de voyage puis descendit discrètement les escaliers en faisant croire aux domestiques qui lui posaient des questions qu'elle allait seulement pique-niquer dans le coin. Elle alla prendre quelques provisions aux cuisines. Rendue aux écuries, Nolwën entra dans le box de son cheval Galadia, une jument à la robe couleur auburn. La princesse scella Galadia et s'apprêtait à sortir avec sa jument en longe lorsqu'elle se retrouva face à Leomund.
Nolwën ( rougit ) : Qu'est-ce que tu fais là ??
Leomund : J'allais nettoyer le box de Galadia. Où vas tu ?
Nolwën : Je... Je... Un petit voyage, de quelques jours.
Leomund : Où ?
Nolwën : Je... En Lothlòrien.
Leomund : Quoi ?!?! Mais... Tu ne peux pas partir comme ça, seule à travers la Terre du Milieu ! Tu es complètement dingue ? Et je suppose que tu n'as pas prévenu Eldarion... Qu'est-ce que tu vas y faire en Lothlòrien ?
Nolwën : Je veux retrouver la tombe de ma mère. Elle a écrit une lettre à Belawyn avant son départ qui disait qu'elle allait mourir auprès de sa grand-mère. Je ne dormirai jamais l'esprit tranquille si je ne la retrouve pas !
Leomund : Je veux venir.
Nolwën : Pas question.
Leomund : Je ne te laisserai pas partir toute seule. J'aurais trop peur pour toi. La Grande Guerre de l'Anneau est peut-être finie mais il peut rester des ennemis sur ta route. Je t'en prie, laisse moi venir !
Nolwën : Il n'en est pas question.
Leomund attira Nolwën contre lui et déposa un long baiser sur ses lèvres. Lorsqu'ils se séparèrent, il caressa l'ovale du visage de sa bien-aimée.
Leomund : Tu es sûre de vouloir partir sans moi ? Je ne serai pas trop encombrant, je veux juste te protéger...
Nolwën ( réfléchit longuement ) : Bon... D'accord... C'est bien parce que je t'aime.
Heureux, Leomund serra Nolwën dans ses bras et sortit de l'écurie en courant. La princesse mena Galadia jusqu'à la place de l'Arbre Blanc et y attendit Leomund qui arriva quelques minutes plus tard, perché sur Menelwa, sa fidèle jument blanche. Nolwën ne savait plus trop si emmener Leomund était une bonne idée. Mais ses sentiments emportaient sur sa raison. Leomund la suivrait jusque dans la mort s'il le voulait. Il avait déjà voulu se suicider après elle si la princesse s'était jetée du promontoire. Leomund était du genre honnête et loyal. Fier, les cheveux dans le vent, il sourit à Nolwën.
Nolwën : Prêt à partir en voyage ?
Leomund : Je suis prêt !
Nolwën lança Galadia au galop, déterminée à faire la paix avec l'esprit de sa mère. Elle ne trouverait la sérénité qu'en Lothlòrien, là où elle pourrait enfin lui dire au revoir...
À SUIVRE
*****
Salut à tous ! Vous venez de finir de lire la 1ere partie du Livre de
Nolwën. Pour le moment, c'est mon personnage préféré. J'ai décidé de le séparer en deux parties pour que le début et la fin de l'histoire ne soient
pas trop longs à lire. J'espère que vous avez apprécié et j'attends vos commentaires !. En terminant, je voudrais saluer la très gentille Nessa qui
m'aide avec mes fanfics ! N'hésitez pas à m'écrire à
kinomoto.sakura5@caramail.com
@+ !
Opaline
Livre 2 : Nolwën
( 1ere partie )
Nolwën ouvrit lentement les yeux et reconnut le décor familier de la chambre qu'elle partageait avec Tar-Tiflêt, sa petite sœur. Soudain, elle sentit que quelque chose de dur était posé dans sa main. La petite fille s'assit dans son lit et découvrit qu'au creux de sa paume se trouvait le collier de sa mère, l'Undomiel. Le superbe pendentif était terne, sans son éclat d'autrefois. Dans sa petite tête de fillette de 4 ans, Nolwën eut un déclic. Le collier était à sa mère et ne le quittait jamais, alors pourquoi était-il dans sa main à ce moment précis ? Inquiète, Nolwën s'extirpa de ses couvertures chaudes et moelleuses puis se dirigea vers Belawyn, sa nourrice endormie dans la chaise berçante au pied du lit de Tar-Tiflêt. Belawyn était une femme dans la trentaine, aux longs cheveux roux qui portait ce matin là une robe blanche avec un bustier lacé. C'est elle qui éduquait Nolwën, sa sœur et son frère, Eldarion. La petite fille aux cheveux noirs se hissa sur la pointe de ses pieds et secoua l'épaule de Belawyn.
Nolwën : Bela... Bela, réveille toi !
Belawyn laissa échapper un court grognement et ouvrit ses yeux bruns. Elle aperçut Nolwën et referma le livre de contes qui était encore sur ses genoux.
Belawyn : Nolwën, qu'y a t-il ma petite ?
Nolwën : Maman... Le collier de maman !
Nolwën tendit sa petite main et montra l'Undomiel à Belawyn. C'est alors que la servante vit qu'elle aussi avait une chose dans sa main, un rouleau de parchemin scellé avec le sceau d'Arwen. Elle le détacha et lut la lettre écrite avec la fine écriture de la Reine.
« Chère Belawyn,
si tu lis cette lettre, c'est probablement que tu viens de t'éveiller. Je suis partie. Le poids des pertes de Sielmön-Mâri et d'Aragorn m'a enlevé le goût de vivre et même Eldarion, Nolwën ou Tar-Tiflêt n'apaisent ma peine malgré tout l'amour que j'ai pour eux. Je suis partie au loin, retrouver ma grand-mère Galadriel pour terminer mes jours paisiblement. Je lègue l'anneau de Barahir à Eldarion pour qu'à ses 20 ans il ait le pouvoir. J'ai choisi l'intendant Haldan en attendant son règne. Ne dis pas aux enfants où je suis. Dis leur seulement que j'ai dû partir rejoindre leur père et Sielmön-Mâri. Tu as été si bonne et si généreuse pour elles et Eldarion... Je te remercie du fin fond de mon cœur, ma chère Belawyn. Continue d'être un bon professeur pour mes enfants. Tu es maintenant une mère pour eux. Je n'oublierai jamais ce que tu as fait pour nous tous.
Que les étoiles veillent sur ta route, Arwen »
Belawyn essuya les larmes qui avaient coulé durant sa lecture de la lettre d'Arwen. Nolwën mit sa petite main sur celle de sa nourrice qui l'attira vers elle et la mit sur ses genoux. Belawyn serra la petite Nolwën contre elle et la berça.
Nolwën : Bela... Pourquoi tu pleures ? Où maman ?
Belawyn : Ma petite Nolly chérie... Ta maman est partie dans les étoiles.
Nolwën : Pourquoi ? C'est loin ?
Belawyn : Oui, très loin... Elle est allée rejoindre ton papa et Sielmön- Mâri.
Nolwën : Est-ce qu'elle va revenir ??
Belawyn : Je suis désolée Nolly...
Nolwën serra le collier Undomiel dans sa main et se mit à pleurer. Belawyn la serra plus fort dans ses bras.
Belawyn : Ne pleures pas, ma petite Nolly... Tu vas retrouver ta maman un jour. Quand tu iras aux Havres Gris... Mais pour le moment, ta maman ne voudrait pas que tu pleures. Elle t'a donné son collier pour que tu sois sage. Que tu sois une bonne princesse.
Nolwën : Bela... Pourquoi maman a laissé Nolly, Tarry et Eldar tout seuls ?
Belawyn : Elle ne vous a pas laissés tous seuls... Il y a moi ! Et ne t'en fais pas, elle sera toujours là avec toi.
Nolwën enfouit son visage dans les cheveux de Belawyn et pleura encore pendant un moment. Lorsque ses larmes cessèrent de couler, Nolwën regarda l'Undomiel qui n'était plus aussi terne que lorsqu'elle l'avait découvert en se réveillant. Belawyn l'aida à le mettre à son cou. Nolwën alla se voir dans le miroir de la chambre et serra l'Undomiel dans sa paume.
Nolwën : Je vais être une bonne princesse... Pour maman...
*********
Nolwën dévala les escaliers du château de Minas Tirith en courant. Maintenant âgée de 18 ans, Nolwën portait en permanence le collier de l'Undomiel. Ses longs cheveux noirs et ses yeux bleus comme ceux de sa mère rendaient la ressemblance entre la défunte reine et la princesse frappante. Maintenant orpheline depuis qu'elle avait 4 ans, Nolwën avait appris à vivre par ses propres moyens malgré l'aide que lui apportait Belawyn. Parfois rebelle et indomptable comme un cheval sauvage, Nolwën faisait la joie et le désespoir du château de Minas Tirith, tantôt solitaire, douce et aimante ou carrément farouche. Par ce matin de printemps, Nolwën devait se rendre à la bibliothèque du château pour ses leçons académiques avec Maître Hiondil. La belle princesse se rendit aux cuisines et chipa une pomme dans un panier de fruits puis courut dans le couloir jusqu'à la bibliothèque où elle poussa les grandes portes de bronze.
Maître Hiondil : Vous êtes en retard, princesse Nolwën.
Dans la grande bibliothèque au plafond en dôme recouvert d'une fresque relatant les grands moments de l'histoire du Gondor, Nolwën aperçut Maître Hiondil assis à une table ronde en bois. Hiondil était un semi-elfe, tout comme Nolwën. Humain de mère et elfe de père, Hiondil avait de longs cheveux blonds et des yeux d'un vert perçant. Habillé d'une tunique grise, on lui donnait 25 ans en apparence. Mathématicien, philosophe et plus encore, Hiondil était un professeur très doué et surtout patient. Nolwën croqua dans sa pomme et avala sa bouchée avant de répondre.
Nolwën : Désolée, maître Hiondil...
Maître Hiondil : Princesse Nolwën... C'est par respect pour votre mère la Reine, que les Valar la protègent, que je vous enseigne toutes ces choses. Si vous voulez devenir une bonne citoyenne du Gondor et de la Terre du Milieu, il vous faudra vous concentrer plus sur vos études.
Nolwën croqua de nouveau dans sa pomme et alla s'asseoir à la table ronde où elle s'accouda en soupirant. Hiondil s'humecta les lèvres et prit place devant la princesse.
Maître Hiondil : Princesse Nolwën... Si vous voulez devenir une bonne représentante de notre pays, car vous allez sûrement vous marier avec quelqu'un de bonne lignée... Il faut acquérir des connaissances. Je suis là pour vous y aider, princesse.
Nolwën : Je sais Maître Hiondil...
Maître Hiondil : Très bien. Alors, commençons et ensuite, vous pourrez vous féliciter de savoir tant de choses, hum ?
Hiondil prit un livre sur la pile disposée sur la table et commença à le réciter à haute voix en Quenya, la langue dans laquelle il enseignait à Nolwën. Un peu plus tard, après sa leçon, la princesse sortit avec bonheur de la bibliothèque et tomba par hasard sur Elerinna, sa belle-sœur, la femme de son frère, le Roi Eldarion. Elerinna était toujours aussi belle avec ses longs cheveux d'or et ses incroyables yeux bleus. Elle avait 21 ans, tout comme son mari. Les deux jeunes femmes se confiaient souvent l'une à l'autre.
Nolwën : Reine Elerinna ! ( Fait une révérence )
Elerinna : Princesse Nolwën ! Comment allez-vous ce matin ?
Nolwën : Ah... C'est difficile à dire. J'en ai marre des leçons avec Maître Hiondil... Ce n'est pas Maître Hiondil lui même qui m'énerve, c'est ces stupides leçons que je suis obligée d'apprendre !!
Elerinna : Voyons, un jour, vous serez contente de les avoir apprises.
Nolwën : Tout le monde me dit ça, ma Reine... mais je suis persuadée que ça ne me servira jamais à rien !
Elerinna : Allons, princesse... Ne vous découragez pas. Vous ferez honneur à votre frère le roi et au royaume du Gondor si vous êtes une bonne princesse intelligente.
Nolwën : Je n'ose pas comprendre pourquoi Tar-Tiflêt adore l'étude !!
Elerinna : La Princesse Tar-Tiflêt est une intellectuelle. Vous êtes plus du genre à bouger et faire des choses... que les femmes ne sont d'habitude pas. Vous chassez au faucon, savez faire des tours de cavalerie... Nous avons tous nos forces et nos faiblesses, princesse Nolwën. Il faut travailler vos faiblesses, c'est tout ce que je peux vous conseiller.
Nolwën : Vous êtes une très sage personne, ma Reine. Je vous remercie de vos conseils... ( S'incline )
Elerinna : Il me fait plaisir de vous aider, Princesse Nolwën.
Elerinna sourit et continua sa route. Elerinna était maintenant orpheline comme elle. Éowyn et Faramir étaient décédés l'an précédent, car curieusement malgré leur apparence sereine, ils étaient terriblement vieux. Son oncle Eomer, ancien cavalier Rohirrim et frère d'Éowyn, gouvernait maintenant le Rohan. Durant son deuil, Elerinna avait noué de profonds liens d'amitié avec Nolwën. La princesse du Gondor ressentit soudainement une oppression dans sa poitrine à l'évocation de la mort d'Éowyn et Faramir. Ils lui rappelaient la mort de sa mère à elle, Arwen... Mort dont elle n'avait jamais fait le deuil complet.
***
Cette nuit là, Nolwën fit un cauchemar. Elle se revoyait enfant, mais cette fois, sur la place devant le château de Minas Tirith, sur les dalles blanches où était planté l'arbre blanc. Sa mère était là, au bout du promontoire, presque dans le vide. Elle portait une robe rouge et noire et ses cheveux ondulaient dans le vent. Arwen sourit doucement et avança un pied. Nolwën voulut bouger mais elle était paralysée, horrifiée à la pensée que sa mère se jette dans le vide. Les mots se coinçaient dans sa gorge et l'empêchaient de crier. La reine jeta un dernier regard à Nolwën, lui envoya un baiser soufflé et sauta dans le vide. Alors là, Nolwën sentit sa gorge débloquer et elle se mit à crier plus fort qu'elle ne l'avait jamais fait, sa gorge devenait brûlante tandis que ses larmes commençaient à déferler comme un torrent sur ses joues. C'est à ce moment que la princesse de 18 ans se réveilla en sursaut, le cœur affolé, pendant qu'un éclair déchirait le ciel du Gondor. Un orage venait d'éclater et la pluie martelait la fenêtre de la chambre.
Nolwën : Maman...
Malgré elle, Nolwën se mit à pleurer silencieusement. Ses pensées se dirigèrent vers le promontoire de son rêve, tout au bout de la place de l'Arbre Blanc. Sa mère voulait-t-elle lui dire quelque chose ? Soudain, une pensée qu'elle n'avait jamais eue l'envahit : si elle mourrait, elle pourrait revoir sa mère. Telle un fantôme, Nolwën se leva et ne prit même pas la peine de s'habiller. Encore vêtue de sa robe de nuit blanche, la princesse ouvrit la porte et marcha le long du couloir alors que les éclairs éclairaient d'une manière fantomatique les murs de pierre.
Nolwën : Maman... Tu veux que je te rejoigne... Je m'en viens...
L'émotion provoquée par le rêve avait réveillé en elle des pensées qui lui étaient inconnues. Elle réveillait la douleur provoquée par la mort de sa mère. Elle réveillait la douleur de l'abandon. Nolwën en voulait à Eldarion d'avoir eu des adieux et à Tar-Tiflêt de ne pas ressentir de douleur comme elle car sa petite sœur était bien trop jeune au moment du départ d'Arwen. La mort appelait Nolwën et elle allait droit vers elle.
Nolwën ( pense ) : Le rêve est un message... Je dois faire comme elle... Mourir... Je vais sauter en bas... Et tout sera fini.
Nolwën descendit les escaliers et s'avança vers les grandes portes de la salle obscure. Lorsqu'elle les ouvrit, les gouttes la giflèrent en plein visage et les éclairs l'aveuglèrent. Le tonnerre et les intempéries ne l'empêchèrent pas d'avancer le long de la place, l'orage faisant rage au dessus de sa tête. Au travers de la pluie et du vent, Nolwën vit le promontoire tout au bout de la place et s'y dirigea. Rendue au bout, elle contempla le vide qu'illumina un éclair. L'eau avait détrempé ses cheveux noirs et sa robe de nuit lui collait étroitement à la peau.
Nolwën : Illùvatar... Vénérables Valar... Acceptez moi aux Havres Gris... Permettez moi de rejoindre mon père Aragorn, ma mère Arwen et ma sœur Sielmön-Mâri... Apaisez ma souffrance par la mort...
Voix : Nolwën !! C'est toi Nolwën ??
C'était une voix de garçon. Nolwën se retourna lentement et vit à travers le rideau de pluie une silhouette qui s'avançait vers elle. Un éclair éclaira le visage de Leomund, le meilleur ami d'Eldarion qui s'occupait des écuries de Minas Tirith. Ses cheveux frisés tombaient en mèches folles sur ses yeux et il dut les écarter pour voir où il allait. Lorsque Nolwën parla, sa voix était brisée par ses sanglots.
Nolwën : Leomund... Laisse moi...
Leomund : Qu'est-ce que tu fais ici sous l'orage ? Le tonnerre m'a réveillé et quand je suis allé fermer la fenêtre qui s'était ouverte dans ma chambre je t'ai vue ici, dehors.
Nolwën : Leomund... Pars, laisse moi ici...
Leomund : Tu ne vas quand même pas te suicider ?
Les yeux bleus rougis par les larmes de Nolwën regardèrent Leomund avec une expression mélancolique. Elle avait toujours trouvé qu'il était beau et elle sentait que ses sentiments étaient réciproques. Mais même Leomund ne la ferait changer d'idée. Tout comme ses enfants n'avaient pu changer la décision d'Arwen.
Leomund : Je t'interdis de te suicider, Nolwën !
Nolwën : Pour la dernière fois, Leomund...
Leomund ( l'interrompt ) : Qu'est-ce que je vais dire à Eldarion ? Et Elerinna ? Et Tar-Tiflêt ? Qu'est-ce que fais de Belawyn ? Et de Maître Hiondil ?
Nolwën : Ils feront leur deuil plus rapidement que moi je l'ai fait pour ma mère...
Leomund : Alors c'est ça ? Tu veux mourir parce que ta mère t'a abandonnée ?
Mais Nolwën ne l'écoutait plus. Elle tourna les talons, prête à sauter. Leomund lui agrippa le bras et la força à le regarder. Les yeux du jeune maréchal-ferrant commencèrent à s'embuer de larmes.
Leomund : Et moi ? Qu'est-ce que tu en fais ? Tu sais que tu comptes pour moi, Nolwën. Si tu meurs, je sauterai après toi.
Nolwën : Ne sautes pas pour moi, je n'en vaux pas la peine.
Leomund : N'en vaux pas la peine ? Si ta mère n'aurait pas eu d'amour pour toi elle ne t'aurais jamais donné l'Undomiel ! C'était la lumière de sa vie, tu entends ? C'était toute l'affection qu'elle portait à ton père ! Tout l'amour qu'elle éprouvait pour toi, Eldarion et Tar-Tiflêt ! Tu voudrais gâcher tout ça ? Gâcher le souvenir de ta mère ?
Leomund pleurait maintenant. Nolwën ressentit un coup au cœur. Les éclairs retentirent et éclairèrent leurs visages en sanglots au travers de la pluie. Jamais Nolwën ne s'était fait parler ainsi.
Leomund ( en pleurant ) : Je t'aime Nolwën. De toute mon âme. Mais si tu choisis de faire une grave bêtise et de mourir, je te jure que je me jette en bas car je ne supporterai pas de te voir t'enlever la vie.
Nolwën : Leomund...
Nolwën enlaça Leomund qui la serra à la briser. Leurs sanglots devenus bruyants couvraient presque le bruit de l'orage et des éclairs qui grondaient sur Minas Tirith. Ils tombèrent à genoux par terre, toujours enlacés, Nolwën pleurant toutes les larmes de son corps pendant que Leomund caressait ses cheveux détrempés. Cet instant de larmes et de réconfort sous la pluie devint une scène que la foudre éclairait de sa lumière blanche, comme un tableau figé dans le temps. C'est ce moment que Leomund choisit pour faire ce qu'il avait toujours voulu faire, l'embrasser. Trempés par la pluie et les larmes, leurs lèvres se cherchaient et s'embrassaient avec l'énergie du désespoir. Leur baiser leur sembla être une onde de chaleur dans leurs corps glacés par le vent et l'eau. Après plusieurs minutes de passion, Leomund prit Nolwën dans ses bras ; ses mains sous ses genoux en soutenant son dos.
Leomund : Allons, rentrons sinon on va attraper un sérieux rhume.
Ainsi blottie contre son sauveur, Nolwën ferma les yeux, remerciant le ciel de lui avoir envoyé Leomund pour l'avoir raisonnée et empêchée de se jeter en bas du promontoire. Elle se sentait stupide d'avoir eu des pensées si noires. Leomund entra dans la salle et emmena Nolwën jusqu'à la cuisine où il l'assit sur la table. La chemise de nuit de Nolwën était devenue presque transparente, collée sur son corps dont on devinait les courbes. Leomund rougit et détourna le regard pour fouiller dans les armoires dont il en sortit une serviette. Avec tendresse, il épongea les cheveux de Nolwën et son visage.
Nolwën : Leomund... Je ne te remercierai jamais assez...
Leomund : Allons, ce n'était rien. Je ne voulais pas que tu sautes, c'est tout.
Leomund se risqua à éponger le reste du corps de Nolwën qui ne broncha pas. La princesse le regardait avec une telle tendresse que Leomund devint rouge cramoisi. Puis, sans le prévenir, elle entoura son cou de ses bras et déposa un baiser passionné sur ses lèvres. Leomund ne résista pas à l'envie de l'embrasser sur les lèvres, dans le cou et de serrer Nolwën dans ses bras. Ils restèrent de nouveau dans les bras l'un de l'autre pendant un long moment. Ce fut Nolwën qui brisa le silence en saisissant la serviette et en frottant doucement les cheveux bruns frisés de Leomund.
Nolwën : Il faut aller dormir maintenant. Merci encore mille fois de m'avoir ouvert les yeux, Leomund.
Leomund : Juste une dernière chose... Pourquoi tu voulais sauter ? Tu ne me l'as toujours pas dit.
Nolwën : J'ai fait un rêve... Ma mère faisait la même chose. J'ai pensé que ça apaiserait ma peine d'aller la retrouver. Pensée stupide. Je ne referai plus jamais la même chose.
Leomund : Très bien... Bonne nuit maintenant.
Nolwën : Bonne nuit.
Nolwën souria à Leomund et descendit de la table. Elle remonta à sa chambre, revêtit une nouvelle robe de chambre et retourna dans ses couvertures.
Nolwën : Maman... Je te promets de savoir où tu es allée...
Sur ce, Nolwën s'endormit, épuisée par tant d'émotions et soulagée d'être encore vivante.
***
Trois jours plus tard, Nolwën avait repris un peu goût à la vie. Elle entra dans la bibliothèque de Minas Tirith et aperçut sa sœur, Tar-Tiflêt, assise à la table où Maître Hiondil s'assoyait habituellement. Tar-Tiflêt était âgée de 16 ans, ses cheveux bruns foncés tombant comme des rideaux sur ses épaules. Elle était assez jolie et ressemblait beaucoup à son grand-père Elrond ainsi qu'à son arrière-grand-mère Galadriel pour l'aura mystérieuse qu'elle dégageait. Ses yeux noisettes quittèrent le livre en Quenya qu'elle lisait et se posèrent sur Nolwën.
Nolwën : Bonjour. Je m'attendais à te voir ici.
Tar-Tiflêt : Moi non. Après ce qui est arrivé il y a trois jours.
Nolwën : De quoi parles-tu ?
Tar-Tiflêt : Ne fais pas l'innocente. La nuit de l'orage, tu as voulu sauter en bas du promontoire au bout de la place devant le château.
Nolwën : Qui t'a raconté ces choses ?
Tar-Tiflêt : Personne. Je me suis réveillée durant la nuit et je t'ai vue par la fenêtre. Tu n'étais pas seule. Décidément quelqu'un t'a fait changer d'idée. Ça ne serait pas...
Nolwën ( pense ) : C'est bon, arrête ! Je n'ai pas envie de revivre ça !
Nolwën venait de rougir à l'évocation de son sauveur, dont Tar-Tiflêt semblait deviner l'identité. Elle se détourna de Tar-Tiflêt et s'en alla dans les rayons de livres, bien alignés dans leurs étagères de bois. La bibliothèque était un bel endroit, très grand, avec un balcon. On pouvait voir des rangées de livres partout. De grands vitraux colorés filtraient les rayons du soleil. Nolwën monta un escalier et se rendit dans les rangées tout au fond du balcon, surveillant bien que Tar-Tiflêt ne l'ait pas suivie. Nolwën suivit les reliures du doigt et s'arrêta sur un livre à la tranche rouge bordée d'or. La princesse le prit dans ses mains et l'ouvrit délicatement, produisant un léger craquement. C'était son livre de famille. La princesse passa les pages racontant les vies d'Arathorn et Gilraën, les parents de son père, puis arriva finalement à l'épisode où Aragorn était déposé à Fondcombe et sa rencontre avec Arwen.
« Gilraën confia Aragorn à Elrond, le Demi-Elfe, seigneur de Fondcombe, en lui promettant de ne lui révéler sa vraie identité qu'à l'âge adulte. Elrond le surnomma Estel, « l'espoir ». Aragorn fit la connaissance d'Arwen dite l'Undomiel, fille d'Elrond et de Celebrian, née en l'an 3 du Troisième Âge. Ils tombèrent éperdument amoureux l'un de l'autre. »
Nolwën passa plusieurs dizaines de lignes, dont le passage sur la mort de son père et tomba finalement sur ce qu'elle cherchait. Des indices pour découvrir où était allée mourir sa mère.
« Certains disent que la reine était grise et froide comme une nuit sans lune et que plus aucune lumière ne l'habitait. Arwen aurait dit adieu à tous ceux qu'elle aimait, dont son fils Eldarion et ses filles Nolwën et Tar-Tiflêt, puis aurait quitté le Gondor. Une lettre adressée à l'un de ses proches dirait sa destination mais on ne l'a jamais retrouvée. L'endroit qu'aurait choisi Arwen pour mourir n'est donc toujours pas connue. Malgré tout, son mariage avec Aragorn Elessär resta dans les mémoires comme étant l'une des unions les plus glorieuses du Gondor. »
Nolwën : Une lettre...
Nolwën referma le livre et retourna sur ses pas. Elle dévala l'escalier, l'esprit en ébullition. Ses vieux souvenirs poussiéreux du jour où elle avait découvert le départ de sa mère lui revenaient en tête. La seule personne à part Eldarion qui avait eu des explications était sa nourrice. Belawyn.
***
Nolwën courut à travers le château, traversant les couloirs et montant les escaliers pour s'arrêter finalement devant une porte en bois teint en rouge. C'étaient les appartements de Belawyn. La princesse y cogna trois coups.
Voix de Belawyn à l'intérieur : Qui est là ?
Nolwën : C'est moi, Bela. Nolwën.
Voix de Belawyn : Entrez princesse.
Nolwën tourna la poignée et entra avec précautions dans les appartements de Belawyn. Assise dans une chaise berçante, elle brodait un motif représentant un oiseau posé sur une branche en fleurs. Belawyn était à l'aube de la cinquantaine. Ses cheveux roux étaient striés de fils argentés et quelques rides étaient apparues sur son visage. Ce jour là, elle portait son habituel bustier lacé marron par dessus sa robe blanche. La nourrice sourit à Nolwën et l'invita à s'asseoir.
Belawyn : Que me vaut l'honneur de ta visite, ma chère enfant ?
Nolwën : Voilà... Je me pose des questions depuis un certain temps... Sur maman.
Belawyn fixa Nolwën de ses yeux verts. Elle avait cessé de broder et regardait la princesse. Elle laissa échapper un long soupir.
Belawyn : Je savais que tu me poserais des questions un jour...
Nolwën : Elle t'a écrit une lettre pas vrai ? Tu t'en souviens ?
Belawyn : Oui...
Nolwën : L'as-tu gardée ?
Belawyn baissa les yeux, déposa sa broderie sur son lit derrière elle et joignit les mains. Nolwën attendit patiemment qu'elle lui parle, consciente qu'Arwen lui manquait beaucoup, car Belawyn avait été une grande amie de sa mère, et que son souvenir la rendait triste.
Belawyn : Je ne l'aurais détruite pour rien au monde, Nolwën.
Nolwën ( se lève et s'agenouille devant Belawyn en lui prenant la main ) : S'il te plaît, Bela... Dis moi où elle est partie ! Dis moi où elle est allée !
Belawyn : Pourquoi veux-tu savoir cela, mon enfant ? Elle est morte il y a des années...
Nolwën : Je t'en prie, Bela... Je veux seulement connaître sa destination ! Je ne dormirai pas tranquille tant que je ne le saurai pas... Je veux lui dire adieu...
Belawyn se leva, lâcha la main de Nolwën et alla fouiller dans sa commode. Elle ouvrit quelques tiroirs, déplaça des vêtements et sortit finalement un rouleau de parchemin jauni par le temps dont on pouvait voir le reste du sceau brisé en cire rouge d'Arwen. Avec émotion, Belawyn la prit délicatement dans ses mains et vit volte-face vers Nolwën. Elle tenta d'esquisser un sourire qui se fit plus triste que joyeux et tendit le rouleau vers Nolwën qui le prit comme si c'était le plus précieux bijou du monde.
Belawyn : Voilà... Tu as ta réponse, ma Nolwën... Si tu veux la retrouver, c'est de la folie, ma pauvre enfant...Je t'assure... C'est de la folie...
Nolwën ouvrit le parchemin et son cœur se serra en voyant l'écriture de sa mère. Elle lut la lettre en entier mais un passage en particulier attira son attention.
« Le poids des pertes de Sielmön-Mâri et d'Aragorn m'a enlevé le goût de vivre et même Eldarion, Nolwën ou Tar-Tiflêt n'apaisent ma peine malgré tout l'amour que j'ai pour eux. Je suis partie au loin, retrouver ma grand- mère Galadriel pour terminer mes jours paisiblement.»
Nolwën : La Lothlòrien... Merci Belawyn... Je t'en suis très reconnaissante ( donne la lettre à la nourrice )
Belawyn : Nolwën, attends !!
Nolwën sortit en courant de la chambre avant que la pauvre nourrice ait pu l'arrêter. La princesse avait sa réponse. Tout en courrant vers la bibliothèque, Nolwën n'avait qu'une pensée : partir vers la Lothlòrien, peu importe la distance. Elle partirait seule. Arrivée aux portes de bronze, elle les poussa et elles s'ouvrirent à la volée. Tar-Tiflêt, toujours plongée dans sa lecture, activité qui pouvait l'occuper plus de trois heures, leva la tête et suivit du regard sa sœur courir jusqu'en haut du balcon.
Tar-Tiflêt : Nolwën ! Hé, qu'est-ce qu'il y a ???
Mais sa sœur ne lui répondit pas. Le cœur battant, Nolwën parcourut des doigts les reliures dans la rangée où elle s'était engagée. Elle qui était si souvent venue dans les rayons de livres, elle sut exactement où trouver ce qu'elle cherchait. Son choix s'arrêta sur un volume très grand et peu épais à la reliure verte. Nolwën le prit et commença à le feuilleter rapidement, tout en entendant les pas de Tar-Tiflêt qui se rapprochaient. Les cartes magnifiquement dessinées de la Terre du Milieu se succédèrent devant ses yeux bleus. Puis, finalement, arrivée à la carte du Quatrième Âge, son doigt toucha une région verte. La Lothlòrien. Tar-Tiflêt arriva à ce moment derrière elle.
Tar-Tiflêt : Nolwën... Qu'est-ce que tu cherches ?
Nolwën ( referme le livre ) : Quoi ? Euh...Je me demandais... Où est... Le Rohan, voilà ! Un flash comme ça...
Mais Tar-Tiflêt n'était pas naïve. Elle jeta un regard soupçonneux à sa grande sœur et tourna les talons pour finalement s'éloigner. Nolwën, le livre sous le bras, fit le chemin inverse en courant toujours, dépassa Tar- Tiflêt et s'engagea de nouveau dans les couloirs. Elle remonta les escaliers et arriva en coup de vent dans sa chambre. Jetant un sac de cuir sur son lit et des vêtements épars, elle commença à les plier rapidement et les rangea dedans. Après avoir écrit un petit mot en cas de questionnement de la part d'Eldarion ou de Tar-Tiflêt, la princesse attrapa résolument ses bagages rudimentaires et une cape de voyage puis descendit discrètement les escaliers en faisant croire aux domestiques qui lui posaient des questions qu'elle allait seulement pique-niquer dans le coin. Elle alla prendre quelques provisions aux cuisines. Rendue aux écuries, Nolwën entra dans le box de son cheval Galadia, une jument à la robe couleur auburn. La princesse scella Galadia et s'apprêtait à sortir avec sa jument en longe lorsqu'elle se retrouva face à Leomund.
Nolwën ( rougit ) : Qu'est-ce que tu fais là ??
Leomund : J'allais nettoyer le box de Galadia. Où vas tu ?
Nolwën : Je... Je... Un petit voyage, de quelques jours.
Leomund : Où ?
Nolwën : Je... En Lothlòrien.
Leomund : Quoi ?!?! Mais... Tu ne peux pas partir comme ça, seule à travers la Terre du Milieu ! Tu es complètement dingue ? Et je suppose que tu n'as pas prévenu Eldarion... Qu'est-ce que tu vas y faire en Lothlòrien ?
Nolwën : Je veux retrouver la tombe de ma mère. Elle a écrit une lettre à Belawyn avant son départ qui disait qu'elle allait mourir auprès de sa grand-mère. Je ne dormirai jamais l'esprit tranquille si je ne la retrouve pas !
Leomund : Je veux venir.
Nolwën : Pas question.
Leomund : Je ne te laisserai pas partir toute seule. J'aurais trop peur pour toi. La Grande Guerre de l'Anneau est peut-être finie mais il peut rester des ennemis sur ta route. Je t'en prie, laisse moi venir !
Nolwën : Il n'en est pas question.
Leomund attira Nolwën contre lui et déposa un long baiser sur ses lèvres. Lorsqu'ils se séparèrent, il caressa l'ovale du visage de sa bien-aimée.
Leomund : Tu es sûre de vouloir partir sans moi ? Je ne serai pas trop encombrant, je veux juste te protéger...
Nolwën ( réfléchit longuement ) : Bon... D'accord... C'est bien parce que je t'aime.
Heureux, Leomund serra Nolwën dans ses bras et sortit de l'écurie en courant. La princesse mena Galadia jusqu'à la place de l'Arbre Blanc et y attendit Leomund qui arriva quelques minutes plus tard, perché sur Menelwa, sa fidèle jument blanche. Nolwën ne savait plus trop si emmener Leomund était une bonne idée. Mais ses sentiments emportaient sur sa raison. Leomund la suivrait jusque dans la mort s'il le voulait. Il avait déjà voulu se suicider après elle si la princesse s'était jetée du promontoire. Leomund était du genre honnête et loyal. Fier, les cheveux dans le vent, il sourit à Nolwën.
Nolwën : Prêt à partir en voyage ?
Leomund : Je suis prêt !
Nolwën lança Galadia au galop, déterminée à faire la paix avec l'esprit de sa mère. Elle ne trouverait la sérénité qu'en Lothlòrien, là où elle pourrait enfin lui dire au revoir...
À SUIVRE
*****
Salut à tous ! Vous venez de finir de lire la 1ere partie du Livre de
Nolwën. Pour le moment, c'est mon personnage préféré. J'ai décidé de le séparer en deux parties pour que le début et la fin de l'histoire ne soient
pas trop longs à lire. J'espère que vous avez apprécié et j'attends vos commentaires !. En terminant, je voudrais saluer la très gentille Nessa qui
m'aide avec mes fanfics ! N'hésitez pas à m'écrire à
kinomoto.sakura5@caramail.com
@+ !
Opaline
