Sing and Die

Par Tsubaki Hime

Hello tout le monde! Je m'excuse d'avance si ce chapitre est plus court, moins bon que les autres et blabla… Mais bon, j'ai fait ce que j'ai pu. Ce chapitre est l'avant-dernier, bah oui donc j'essaie de ne pas tout dévoiler d'un bloc. Je vous remercie encore une fois pour vos reviews mais désolée s'il y a moins de passages pour le couple Tsuzuki/Hisoka (c'est que je me penche vraiment sur l'histoire des personnages avec Samuel, Himoda et Takatsuki). Et aussi, je le rappelle : je ne crois pas qu'il y aura un lemon dans cette fic mais je vous promets un lime very soft (quoi c'est pas assez ? Vous êtes jamais contents) dans une petite OS qui est en cours de préparation. Ben voilà, c'est tout ce que je voulais dire…

Chapitre pas très intéressant, pas très long, et surtout pas de passages de couple Tsuzuki/Hisoka (non, ne partez pas tout de suite !) mais espérons qu'il vous plaise tout de même.

Blood Kiss,

Tsubaki Himé

Chapitre IV

Toi qui ne m'aimais pas...

Amour qui me déchirait la poitrine, douleur si douce m'étreignant le cœur…

Tu pouvais voir mais tes yeux n'allaient pas vers moi, ta bouche formulait des mots mais jamais n'en disaient pour moi, tes mains blanches et magnifiques, en aucun moment je n'eus l'honneur de les toucher, de les caresser...

Toi qui ne m'aimais pas… Si seulement ta brillance avait été plus faible, juste pour moi…


"COMMEEEEEEEEEEEEEEEENT! TU N'AS TOUJOURS RAMENE CETTE ÂME AU JUO-CHO! TSUZUKIII, ESPECE DE FONCTIONNAIRE FUMISTE QUI EST LE PLUS EGOÏSTE DE TOUS LES SHINIGAMI QUE JE SUIS EN MESURE DE CONNAÎTRE!"

"Waaaah!"

Le cri implacable et aussi assourdissant que le tonnerre de son patron fit tomber Tsuzuki à la renverse, le combiné du téléphone retombant agilement dans les mains de son partenaire, n'oubliant jamais d'être dans les parages lorsque le Shinigami aux yeux d'améthystes devait téléphoner à son supérieur. Hisoka, agacé d'un tel comportement aussi puéril, reprit la conversation, ne jetant aucun regard à son partenaire sur le sol, se tenant les oreilles pour être sûr qu'elles n'étaient pas tombées sous la fureur du cri.

"Allô, patron?"

"Ah, Hisoka. Mais qu'est-ce que c'est que toute cette histoire? Vous n'avez toujours pas ramené Samuel Kinoshita au Juo-Cho, c'est très dangereux! L'administration des âmes commence sérieusement à nous harceler pour retrouver cet éternel esprit, je suis limite au bord de la dépression."

Hisoka cala le combiné contre son oreille et son épaule, s'affairant à prendre quelques feuilles du dossier du jeune homme blond sur lequel les deux Shinigami devaient travailler.

"Je le sais, patron", répondit l'empathe d'une voix froide et mature. "Nous sommes en retard sur le jugement de cette âme, je peux le comprendre parfaitement. Néanmoins, laissez-nous encore un peu de temps. Essayez de calmer l'administration pour quelques jours de plus. Nous avons promis à Samuel qu'il pourrait de nouveau chanter. Et il a confiance en nous, patron. On ne peut pas le laisser comme ça."

Il y eut un silence au bout du fil, intense de réflexion. Hisoka entendit un bref soupir de la part de son supérieur en même temps qu'un craquement sourd. Il était dans les habitudes de Konoé de casser un crayon entre ses mains lorsqu'il essayait de calmer sa fureur, n'ayant pas à ce moment le fonctionnaire le plus fainéant du service pour pouvoir lui briser le cou.

"Très bien", lâcha-t-il après quelques instants". Je vais voir ce que je peux faire avec cette bande de rabats-joie. Espérons que cela ne se retournera pas contre nous. Je vous donne carte blanche à vous deux. Et ne gâchez pas le temps précieux que je vous laisse."

"Merci patron", remercia Hisoka dans un mince sourire qu'heureusement son chef ne put voir.

"Surveille bien l'autre imbécile, je n'ai pas la moindre envie qu'il oublie mes beignets."

« Ah, c'est vrai, on est aussi des livreurs », songea Hisoka, médusé.

Il raccrocha avant de se tourner vers son partenaire qui se tenait toujours la tête entre ses mains, grommelant des insultes plus ou moins vulgaires à l'attention de son patron.

"Ouh, il m'a explosé les tympans celui-là…", grinça-il avec mécontentement.

Hisoka sourit légèrement avant de se pencher vers lui, lui frottant le crâne comme on le ferait avec un petit chien.

"T'es pas en sucre, arrête un peu de te lamenter."

"Ne me parle pas de sucre, je meurs de faim."

L'empathe eut un soupir avant de se diriger vers les provisions qu'ils avaient achetés au préalable avant de s'installer dans cet étage. Il prit un paquet de biscuits au chocolat en forme de baguette qu'il tendit à Tsuzuki.

"Mange ça", fit-il." Et ne geigne plus comme un gosse, débile. Je te rappelle qu'on doit aller voir Samuel dans dix minutes alors ne traîne pas."

Tsuzuki n'écoutait déjà plus, croquant avec délice dans les baguettes au chocolat. Nul doute qu'il demanderait à son partenaire où il les avait achetés.


"Recommence à cet endroit, Samuel. Prends ton temps, ne sois pas pressé."

Le jeune homme, nerveux, regarda la partition avec attention. Ses yeux vairons étaient brillants de gêne et ses joues saillantes étaient rouges de devoir recommencer à chanter, fixé par son professeur et l'assistant de ce dernier. Cela faisait maintenant une semaine qu'ils se retrouvaient tous les trois dans cette jolie pièce donnant accès au parc, la toute première fois qu'ils s'étaient vus. Ils ne s'entraînaient pas vraiment au chant car la gorge de Samuel faisait souffrir le dénommé. Avec patience, tous les jours pendant une ou deux heures l'après-midi, Tsuzuki et Hisoka faisait lire des chants à l'ancien choriste, mais en aucun cas le forçaient à chanter tout de suite à pleins poumons. Tout était une question de patience et ce dévouement, cette attention qu'aucun de ses anciens professeurs ne lui avait offert suffit à Samuel de lui donner une meilleure confiance en lui et aux deux Shinigami.

"Tr… Très bien", bégaya-t-il." Heu…"

Lentement, butant maladroitement sur les mots, il lut le refrain de cet ancien chant, hymne de l'internat BostonCollege. Lors de la reprise, il s'arrêta, les yeux baissés vers le sol.

"Je… Je n'y arrive pas", gémit-il. "Ma gorge me fait mal, j'ai du mal à respirer."

Le visage de Tsuzuki s'éclaircit.

"Attends, je connais quelque chose qui te pourrait de te rafraîchir."

Sans donner le temps aux deux garçons de demander ce qu'il s'agissait, le faux professeur sortit de sa sacoche un fruit tout vert et dur.

"La mangue, il n'y a rien de mieux pour la gorge", clama-t-il aussi fier que s'il était l'inventeur de la roue.

Hisoka considéra le fruit avec attention.

"Je croyais que ce n'était pas la saison."

"Oh mais si, le primeur du coin m'a fait une bonne affaire! Tiens, Samuel, je vais t'en donner un bout."

Le métis tressaillit en voyant le morceau passablement aussi vert que la peau de la mangue tendu sous son nez, coupé à la hâte par son professeur de chant, le visage rayonnant comme celui d'un gosse. Il fixa le fruit comme s'il s'agissait d'une tarentule, l'odeur piquante et acidulée lui montant au nez.

"Non, non, c'est bon. Je n'en veux pas", répondit Samuel, préférant tout sauf ce fruit pas le moins du monde mûr.

"Ah mais pourquoi?" Fit Tsuzuki avec une petite moue déçue. "Bon ben tant pis, je vais le manger à ta place."

"Professeur!"

Avant même que les deux garçons puissent l'en empêcher, le Shinigami de presque un siècle enfourna le morceau de mangue verte dans sa bouche. L'expression de son visage changea presque aussitôt et, après avoir essayé de garder contenance, il n'y tint plus et recracha bruyamment le fruit sur le sol, plié en deux par l'acidité de la mangue.

"Beurk, mais c'est quoi ce fruit!" Se lamenta-t-il.

"Vous vous êtes fait avoir, Professeur", commenta ironiquement Hisoka en jetant d'un geste théâtral la mangue à peine entamée dans la poubelle.

"Hihi… Hahahahahaha!"

Stupéfaits, les deux immortels se retournèrent pour voir le plus intéressant des spectacles. Samuel, se tenant le ventre, riait aux éclats, des larmes de joie perlant à ses yeux vairons. Son rire était cristallin, presque inaudible mais on l'entendait pourtant clairement dans le silence de la pièce. Son visage dégageait désormais une brillance intérieure telle qu'on pouvait se sentir troublé. Un ange qui riait… était certainement la chose la plus belle à voir.

"Hahaha… Vous êtes le plus idiot des professeurs que j'ai eus, Mr Tsuzuki," parvint à dire Samuel entre deux éclats de rire.

Et loin de se sentir gêné, ce dernier se mit à rire aussi, sous le regard d'émeraude de l'empathe qui ne s'empêcher d'étirer un mince sourire. Tous trois, animés d'une gaieté peu commune, ne virent en aucun cas la silhouette d'un jeune homme s'éloigner de la fenêtre, le cœur plus lourd qu'une pierre.


"Katsuya, fais-leur un smash! "

"Allez Himoda, t'es le plus fort!"

Les encouragements fusaient de part et d'autre, allant à leurs joueurs favoris. Aujourd'hui était un jour spécial: les deux meilleures équipes de volley-ball de BostonCollege s'affrontaient pour un match amical dans le gymnase situé à une centaine de mètres des bâtiments scolaires. Mr Kusiguna, qui aimait allier le sport aux études, avait invité Tsuzuki et Hisoka dans les meilleures tribunes installées à la va-vite, à l'écart des élèves bruyants et surexcités, ce qui rassurait l'empathe pour ne pas à avoir d'installer de barrières psychiques.

Au-dessous d'eux, les joueurs se déchaînaient, bien qu'il s'agisse d'un match amical. Tous étaient extrêmement doués, bondissant sur la balle, faisant des passes si rapides et naturelles qu'on avait l'impression que les partenaires lisaient dans les autres.

"Himoda, vas-y! Bats-les tous!"

"Takatsuki, écrase cette équipe!"

Les cris des supporters retentissaient dans tout le gymnase. Hisoka, surpris, ne put s'empêcher de faire une remarque.

"J'ai l'impression que beaucoup d'élèves sont pour les deux élèves Himoda et Takatsuki."

Mr Kusiguna eut un petit sourire.

"Himoda est l'un des plus talentueux sportifs de cet internat. Et heureusement car cela rattrape sa moyenne scolaire qui n'est pas des plus bonnes. Takatsuki, en tant qu'élève très populaire, a beaucoup de supporters."

En effet, sur le lieu du match, la tension était des plus palpables. Himoda frappait toujours la balle vers Takatsuki qui était dans le camp adverse. Tsuzuki ne put s'empêcher d'admirer l'agilité d'Himoda, cette façon presque féline de bouger ,de frapper au-dessus du filet. Il était excellent dans les passes mais en aucun cas ne jouait de façon exclusive. Il savait donner l'occasion à ses partenaires de smasher. Un vrai chef d'équipe. De son côté, Takatsuki était plus dans les favoris. Il ne jouait qu'avec ceux de sa bande et son niveau bien que légèrement inférieur face à Himoda, ne manquait pas de finesse et d'habileté. On comprenait aisément pourquoi les deux garçons étaient salués par une bonne partie de l'assemblée de supporteurs.

Soudain, un détail attira l'attention d'Hisoka. Himoda venait de lancer la balle à un jeune homme derrière lui vers la droite. Un jeune homme blond, au teint pâle. Abasourdi, il se releva brusquement.

"Mr Kusiguna… Ne me dites pas que… Que Samuel est en train de jouer?"

Tsuzuki, stupéfait, dut reconnaître que son partenaire avait raison. Comment ce jeune garçon pouvait jouer avec une telle blessure à la gorge? Mr Kusiguna, en voyant leur teint blême émit un rire chevrotant.

"Vous comprenez maintenant pourquoi je vous ai invité à regarder ce match. Kinoshita m'a pratiquement harcelé pour je le laisse jouer, malgré son état physique. D'après ce que j'ai compris, je crois qu'il essaie de vous montrer que ce vous faîtes pour lui, lui permet de montrer qu'il est encore fort. Et rien que pour cela, je me sens très heureux de le revoir vivre parmi les autres."

Les deux Shinigami, sans mot dire, regardèrent la scène se dérouler. Samuel jouait très bien sur le terrain, c'était indéniable mais le simple fait de voir ce bandage autour de sa gorge suffisait à produire d'affreux frissons.

"Ne vous inquiétez pas", reprit Kusiguna. "J'ai pris toutes les mesures nécessaires en cas de problème. Dès que Samuel se sentira mal, nous le transporterons à l'infirmerie. Il a absolument tenu à jouer et je n'ai pas eu le cœur à refuser."

Silencieux, Tsuzuki regarda le jeune homme bouger agilement sur le terrain, faisant des passes très rapides et intuitives. Une mauvaise impression naissait en lui et chacun savait que la plupart de ses impressions étaient fondées…

« Samuel… »


"Gôji, fais la passe! Plus qu'un point et on est sûr de gagner! "

"Ok! Attrape, Himoda!"

Concentration, agilité… Il ne devait en aucun cas perdre la face devant tout le monde… Mais ici, c'était son domaine et pratiquement personne ne pouvait l'y déloger. Gôji lui fit une passe rapide et parfaite, comme il était capable de faire. Devant lui, Takatsuki le regardait avec attention, prêt à bondir si la balle viendrait dans son camp. Ce visage… Himoda ne pouvait que le haïr… Sans plus se préoccuper de tout le reste, le jeune homme aux cheveux noirs sauta agilement dans les airs, le bras prêt à faire abattre dans un bruit assourdissant la balle de sa victoire. Son adversaire, ayant calculé à son tour, bondit à son tour au-dessus du filet.

Leurs regards se croisèrent et, à cet instant, le temps sembla ralentir jusqu'à se figer complètement. Un sourire carnassier passa sur les lèvres de Takatsuki et sa voix, douce de menace, parvint aux oreilles d'Himoda dont le geste de frapper le balle s'était stoppé.

"Fais ça, Himoda… Fais juste ça et je ne manquerais pas de raconter ton geste envers Kinoshita…"

« Hein? »

"Me… Merde!"

Décontenancé, Himoda sentit son corps partir en arrière, l'image du sourire de Takatsuki lui restant gravée en mémoire. Les yeux écarquillés par la panique, il s'écroula sur le sol, le premier membre touchant par terre étant son poignet. Un craquement sonore le ramena à la réalité et toute la douleur remonta jusqu'à son épaule. Il cria, la balle retombant pitoyablement dans son camp. Un sifflement lui vint aux oreilles tandis que tous ses équipiers vinrent vers lui, le toisant avec inquiétude.

"Himoda! Tiens bon, vieux!"

"Tu peux te relever?"

"Himoda…"

Cette voix, il ne l'aurait jamais voulu l'entendre. Un jeune homme bouscula les autres, se pencha vers lui et deux yeux vairons le fixèrent avec attention. Un regard si magnifique qu'il n'aurait jamais voulu voir.

"Himoda, où est-ce que tu as mal? Dis-le moi, où as-tu mal?"

Il ne pouvait plus parler, la douleur et le tristesse battaient lui comme deux tambours désespérés. Il ne voulait pas le voir, ne pas lui parler.

"Dé… Dégage! Je veux pas que tu t'occupes de moi!"

"Hi… Himoda…"

Les autres équipiers le regardèrent avec surprise. Jamais Himoda n'avait parlé comme ça à l'un de ses partenaires. Il semblait si paniqué.

"Mon poignet… Ca fait un mal de chien! J'ai dû me le péter en tombant par terre!"

Un brouhaha naquit dans les tribunes, mélange de fureur et d'incompréhension.

"C'est Takatsuki qui l'a fait tombé, je l'ai vu!"

"N'importe quoi, il a même pas touché le filet! Himoda est tombé tout seul, comme un abruti!"

Samuel, décontenancé, regarda son chef d'équipe se relever grâce à l'infirmier présent sur les lieux. Au loin, le sifflement de la fin du match certifia qu'il serait rejoué une autre fois. Soucieux, le médecin regarda le poignet de Himoda tomber dans un angle inquiétant, une bosse ressortant sous la peau.

"Hum, poignet cassé", commenta-t-il. "Je vais t'emmener te faire un bandage le temps que la douleur s'estompe quelque peu. Ensuite, on irait te faire un plâtre. Heureusement, c'est le gauche qui a été touché, et tu es droitier non?"

"Oui, oui", répondit difficilement Himoda le teint très pâle." Je suis…"

Il ne put dire rien d'autre car la douleur, trop intense, le fit tourner de l'œil et dans un soupir gémissant, il s'écroula contre l'infirmier qui alerta quelques collègues. L'un d'eux, un homme au visage bien sculpté et aux yeux d'améthystes arriva, suivi de son assistant, un jeune homme aux regard d'émeraude encadré par une paire de lunettes. Il s'agenouilla pour prendre le jeune blessé par les aisselles, aidé par l'infirmier.

Hisoka, soupçonneux, se tourna vers Takatsuki qui, derrière le filet, lui adressa un sourire qui n'avait rien d'amical. Il s'approcha de lui, les mains dans les poches.

"Je peux savoir ce que tu as voulu faire?" Demanda-t-il d'une voix grondante. "Il s'est cassé le poignet et je crois bien que tu y es pour quelque chose."

Les yeux de Takatsuki se durcirent et sa bouche se tordit dans un rictus qui se voulait menaçant. Les deux garçons s'affrontèrent du regard à travers le filet.

"Qu'est-ce que tu veux, l'assistant? Tu penses que c'est moi le responsable de cette fracture?"

Hisoka le toisa avec fureur.

"Je ne pense pas, j'en suis sûr", rétorqua-t-il d'une voix glaciale.

Il se tut, fixant encore quelques instants le jeune homme hautain. Les sentiments qu'il avait lu en lui quelques jours plus tôt lui avaient ouvert les yeux. Il comprenait mieux le comportement de Takatsuki mais il lui fallait encore un peu de temps avant de les dire à haute voix. Et rien que l'idée de voir cette tête blêmir à sa déclaration suffit à l'empathe pour se sentir de bonne humeur.

"Mr Kurosaki…"

Hisoka fit volte-face et vit Samuel qui avait l'air nerveux.

"Vous pensez que je peux accompagner Mr Tsuzuki? Je vais aller aider Himoda à l'infirmerie."

"Oui, je crois qu'il n'y a pas de problème."

Samuel lui sourit avant de suivre Tsuzuki et l'infirmier transportant le corps d'Himoda, inconscient. Hisoka, en les voyant partir, sentit une étrange sensation grandir dans sa poitrine. Une sensation désagréable, comme si on tentait de faire jaillir son cœur hors de son corps. Une impression infinie de tristesse et de peur panique. Ce sentiment ne venait pas de lui. Un sentiment qu'il avait dû ressentir près de quelqu'un. Or, ce n'était ni Samuel, ni Takatsuki… Mais alors…

Stupéfait, il comprit. Tout était clair à présent…

« Bien sûr… »

Sans perdre une seconde, il courut vers l'infirmerie, le cœur battant.

« Himoda… »


Samuel, très calme, était assis près du lit où reposait le capitaine de l'équipe de volley-ball. Ce même lit où il s'était retrouvé à parler de ce lourd secret qui avait pesé en lui depuis plus d'un an. Cet amour qui avait coûté la vie à Takeshi, son meilleur ami. Une myriade de sensations naquit en lui, tristes et douloureuses. Il tenta de les chasser de son esprit, en attendant le retour de son professeur et de l'infirmier. Le soleil, à travers la fenêtre entrouverte, devenait de la couleur du sang, se préparant à s'enfouir derrière le voile de la nuit. Les rideaux, blancs et soyeux, prenaient l'allure d'ailes d'ange, de fantômes silencieux se mouvaient par la brise aux empreintes marines.

"Hum…"

Un gémissement le ramena à la réalité. Les yeux d'Himoda s'ouvrirent lentement, avec difficulté. Il mit quelques secondes avant de se rendre compte de qui était près de lui, le fixant avec inquiétude.

"Himoda, tu te sens mieux?"

Ce n'était plus dans les habitudes de Samuel de s'inquiéter pour quelqu'un depuis un an. Où était passé le jeune homme solitaire et silencieux, qui ne parvenait plus à aller vers les autres? Il était redevenu pratiquement comme avant, juste plus timide. Et cette apparition, ce visage pâle, aux cheveux d'or, ces deux mystérieux de saphir et d'ambre brisa le cœur du convalescent. Brusquement, il se releva, tremblant de larmes qui n'allaient pas tarder à jaillir.

"Himoda?" Fit Samuel, surpris.

"Ne… Ne m'approche pas! Ne m'approche plus! Je ne veux plus que tu t'occupes de moi! Je ne suis qu'un sale monstre! Pourquoi… Pourquoi tu viendrais vers moi!"

Il se leva brusquement du lit et se rua vers le bureau où il prit de sa main valide un cutter. Abasourdi, Samuel n'eut pas le temps de réagir. Il regarda Himoda, impuissant, qui fit jaillir la lame aiguisée et la pointer sur sa gorge. Qu'est-ce qu'il lui arrivait? Ses pupilles dilatées par la terreur, fixaient Samuel d'un regard complètement perdu. Il était livide, une pâleur de mort qui n'avait rien de rassurant.

"Après… Après ce que je t'ai fait, je… je ne mérite même pas tes regards! Ne m'approche pas! "Cria-t-il.

"Himoda… Je ne comprends pas…"

"Kinoshita!"

Une voix ferme fit retourner le métis. Les deux Shinigami, le visage grave, contemplèrent le jeune garçon qui avait toujours le cutter à la main. Hisoka, silencieux, avait eu raison. Ce qu'il avait ressenti était bien fondé. Himoda, paniqué, recula mais sa main valide pointée sur sa gorge ne tremblait pas.

"Ne… Ne m'approchez pas! Tous autant que vous êtes! Un pas de plus et je me tue!"

Samuel, abasourdi, ne s'avança pas vers lui.

"Que… Que veux-tu dire par « ce que je t'ai fait »?"

Le regard d'Himoda se brouilla de larmes. Sa respiration, saccadée et suffocante, était à peine audible. Il s'étouffait, se noyait dans une tristesse sans nom. Ses épaules tressautèrent dans des sanglots misérables.

"Je ne suis qu'un lâche, Kinoshita. C'est… C'est de ma faute si ta gorge est dans cet état… Tout est de ma faute… Tout…"

Il répéta ce mot plusieurs fois de suite, ses yeux pleins de larmes. Les deux Shinigami s'avancèrent lentement, pour arriver à la hauteur de Samuel dont le teint était encore plus pâle que d'habitude. Le soleil devenait de plus en plus rouge, rouge comme le sang et la haine. Le vent se fit glacial, se transformant en gémissement plaintif.

"Himoda, que veux-tu dire? Je… Je ne comprends pas", souffla le métis.

Un rire sans joie enroué de sanglots lui répondit. La lame du cutter étincela au soleil couchant.

"Tu… Tu ne m'as jamais regardé", hoqueta Himoda, tremblant." Jamais tu ne t'es tourné vers moi. Tu étais toujours avec Takeshi, à chaque instant où je voulais te parler. Depuis ce soir d'été où… je t'ai vu à l'église…"

Il se tut, se rappelant de cette scène qui lui était si chère. Il était rentré d'un entraînement de basket et, harassé de fatigue, il avait décidé de se reposer à l'église car c'était le bâtiment le plus frais. Et ce soir-là, lorsqu'il était entré dans une pièce silencieuse et déserte, et qu'il entendit cette voix pure et cristalline emplir l'atmosphère… Lorsqu'il vit ce visage scintillant, cette brillance intérieure alors que le jeune homme chantait, seul, sur l'estrade… Cette douce torture l'avait consumé, un poison tellement agréable…

"Après ça, j'ai tenté de te parler", reprit-il avec douleur." On se connaissait à peine mais je savais que tu étais quelqu'un d'ouvert aux autres, joyeux et amical. Je voulais qu'on puisse se connaître davantage mais toi, toi, tu étais toujours avec Takeshi, tout le temps. Mais je me disais que je pouvais encore t'approcher, te dire…que je t'aimais. Mais, ce jour de pluie, j'ai su, j'ai vu que ce n'était pas le cas."

"Ce jour… de pluie?" Répéta Samuel.

Il écarquilla les yeux, épouvanté.

"Il y avait bien quelqu'un dans les buissons à ce moment, j'en étais sûr! Quelqu'un nous avait vus, Takeshi et moi. Et cette personne, c'était toi?"

A sa grande horreur, Himoda hocha la tête.

"Oui, je voulais te faire part de mes sentiments ce jour-là. Mais tu as suivi Takeshi dans le parc. Et moi aussi, je t'ai suivi. Et quand j'ai vu ce baiser, mon cœur s'est brisé. J'ai su à cet instant que jamais tu ne te tournerais vers moi, que ton cœur appartiendrais à Takeshi. Puis, quelques jours plus tard, il s'est suicidé. Et je peux te dire maintenant à quel point cela m'a fait plaisir. Je me sentais si heureux de savoir que celui qui était entre toi et moi avait disparu de son plein gré. Mais…"

Sa voix se fit grondante, haineuse et la lame du cutter s'enfonça un peu plus dans sa veine jugulaire.

"Après sa mort, tu étais si triste que j'ai compris que tu étais toujours amoureux de lui. Et ça, plus encore que ce j'avais vu ce jour pluvieux, m'a révulsé. Je ne voulais pas que tu rêves de quelqu'un d'autre que moi, je te voulais à moi, rien que pour moi. Tu étais si inaccessible, un ange parfait… Il fallait que ta brillance ne puisse plus se faire voir et c'est moi…"

Il fixa Samuel avec toute la rage qu'il pouvait donner.

"Oui, c'est moi qui ai fourni l'acide, ce poison qui a fait ce que tu es dorénavant! "Clama-t-il. "Mon père est un laborantin très réputé. Il ne m'a pas été difficile de m'en procurer et de te la faire avaler!"

Samuel se figea, les yeux écarquillés par l'horreur. Le dégoût monta en lui et sa blessure à la gorge lui brûla si fort qu'il crispa ses mains dessus. Chancelant, il faillit s'écrouler sur le sol mais les Shinigami, abasourdis de cette révélation, eurent le temps de le prendre dans leurs bras. Himoda les toisant avec un regard de panique, de tristesse indéfinissable. Ce même sentiment battait en lui comme lorsque Hisoka l'avait ressenti.

"Pour… Pourquoi?" Murmura Samuel, sous le choc." Pourquoi as-tu fait ça?"

Himoda eut un pauvre sourire et les larmes amères recommencèrent à couler sur ses joues.

"Je me le demande encore", répondit-il dans un sanglot. "J'étais aveuglé par la jalousie et j'ai fait en sorte que tu ne puisse plus chanter. Mais cela n'a rien changé. En aucun cas tu ne t'es tourné vers moi. Tu pensais toujours à Takeshi, cela se voyait. Takeshi, toujours Takeshi… Comme je pouvais le haïr! Et maintenant que je vois redevenir comme avant, avant mon acte horrible de procurer à tes agresseurs l'acide qui a eu raison de toi, je me sens si misérable que… je ne vois pas pourquoi je vivrai."

Samuel se dégagea des bras d'Hisoka et de Tsuzuki. Il tremblait, son visage était si pâle qu'on pouvait penser qu'il allait s'évanouir mais il tenait bon, fixant la lame de cutter qu'Himoda s'apprêtait à enfoncer dans sa gorge.

"Himoda, ne fais pas ça… Je t'en prie, je ne veux plus que quelqu'un meure par ma faute!"

Le jeune homme eut un pauvre sourire. Sa main qui allait avoir raison de lui ne trembla pas. Le soleil, derrière lui, si rouge…

"Adieu, mon amour…"

"NOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOON!"

TCHAC!

Ce qui suivit ensuite se passa si vite que les deux Shinigami ne purent intervenir. Samuel, paniqué, se jeta sur Himoda qui, basculant en arrière, s'entailla la joue dans un geste malheureux. Dans un fracas plus que bruyant, les deux garçons se retrouvèrent étalés sur le sol, le cutter glissant loin de la main d'Himoda. L'ancien choriste, tout tremblant, avait serré le blessé jusqu'à l'en étouffer, pleurant toutes les larmes qu'il pouvait déverser.

"Ki… Kinoshita?"

"Idiot… Je ne veux plus que quelqu'un meure à cause de moi. Je te demande pardon, Katsuya… Je suis sincèrement désolé de ne pas voir compris tes sentiments… Katsuya, pardon, pardon… Je ne veux pas que tu meures, tu es quelqu'un qui ne doit pas mourir… S'il te plaît, Katsuya…"

Le jeune homme, stupéfait que celui qu'il aimait l'appelle par son prénom, mit plusieurs instants à se ressaisir. Mais le sang qui coulait de sa joue, semblable à ses larmes, lui rappela à quel point il avait besoin de ce garçon aux yeux vairons et dans un sanglot, il répondit à son étreinte, le serrant presque à lui en briser les os.

"Samuel, pardon à toi aussi… J'ai ruiné ta vie, j'ai fait en sorte que tu ne puisse plus chanter…"

"Non, ne crois pas cela…"

Samuel, en se dégageant des bras d'Himoda, désigna les deux Shinigami qui les dévisageaient avec bienveillance.

"Ces deux personnes m'aideront à rechanter et cette fois-ci, je ne chanterai pas que Takeshi ou pour moi-même… Je chanterai pour tous les êtres qui me sont chers…"

"Samuel…", fit Himoda, décontenancé.

Deux cœurs blessés par la vie et la tristesse, avaient enfin réussi à se comprendre et cet apaisement, cette sérénité d'esprit suffit à l'empathe pour se sentir allégé d'un poids. Discrètement, la main de Tsuzuki prit la sienne pour la serrer tendrement.

Par la lueur de l'astre sanglant, une âme éternelle amorçait le début d'un changement.

Dans quelques jours, un être allait mourir et ceux qui tenaient les fils de ce monde le savaient…


"Pff… Quel abruti… "

Il soupira, agacé par ce garçon dont il venait d'entendre la confession. Il n'avait été très malin en parlant de « ça » à Himoda. Et cet abruti avait raté son suicide. Au moins, Takeshi lui avait laissé un souvenir mémorable en s'ouvrant les veines à l'église.

"Takatsuki?"

Le dénommé se tourna vers un gars de sa bande, adossé au grand mur de la cour sud. Malgré l'interdiction du règlement, il fumait tranquillement une cigarette roulée par ses soins qu'il passait de temps en temps aux autres types. Takatsuki eut un haussement d'épaules.

"D'après ce que j'ai compris, Himoda a tenté de se suicider mais Kinoshita l'en a empêché. Yun, file-moi ta clope."

Le jeune homme aspira une bouffée de la cigarette de fortune. La fumée âcre et épaisse dessina des esquisses odorantes autour de lui qu'il s'empressa de faire disparaître d'un geste rapide de la main.

"Comment on va faire, Takatsuki?" Fit l'un des gars, embarrassé." Kinoshita a vachement changé depuis l'arrivée du nouveau prof. On fait quoi s'il participe à la représentation dans trois jours?"

Takatsuki eut un bref sourire avant de rendre la cigarette à Yun.

"Je sais pas. On verra sur place. Et puis je crois pas que Kinoshita ait les tripes de venir chanter. Il a osé gagner le dernier concours alors que j'étais sûr d'être le gagnant l'année dernière. Mais surtout, il s'en est pris à Takeshi et ça, je pourrai jamais lui pardonner! Quant à Himoda, on le laisse tomber, c'est rien qu'une raclure ce type. Il a beau avoir l'air costaud, il fait pas le poids face à nous."

Des renchérissements retentirent autour de lui. Il se tut un bref instant avant de se tourner vers le bâtiment où il venait d'espionner le métis à la voix d'ange disparue.

"Tsuzuki et Kurosaki, hein? Mais que pourrait faire notre cher prodige du chant si ses anges gardiens n'étaient pas à ses côtés?"

Il eut un sourire encore plus mauvais.

« Le chant que tu auras sera un requiem, mon cher Samuel… Ca, je tele garantie… »

A suivre...