Chacun avait regagné sa chambre. Remus allait rentrer dans la sienne après lui avoir souhaité bonne nuit lorsqu'elle l'avait attiré à sa suite dans sa chambre. Alors qu'épuisés mais heureux, ils se reposaient dans les bras l'un de l'autre, les lèvres de Remus effleurèrent la cicatrice sur l'épaule de la jeune femme.
"Raconte-moi", souffla-t-il.
Jamais encore il n'avait osé le lui demandé. Pas même quand il lui avait raconté sa propre histoire. Mais soudain il avait senti que le moment était venu de savoir. Pour partager absolument tout. Elle se retourna pour lui faire face, un sourire aux lèvres.
"C'était notre dernier jour à Poudlard." Commença-t-elle. "Harry avait vaincu Voldemort depuis quelques jours seulement et tout le monde baignait dans l'euphorie. Toute la famille Weasley était là, il y avait mes parents et tous les membres de l'ordre. La fête battait son plein, il faisait si chaud dans la grande salle que je suis sortie prendre l'air. J'ai marché jusqu'au lac. Je rêvais au futur, à ma vie après Poudlard… et puis il y a eu ce cri. J'ai bondi … C'est seulement à ce moment là que je me suis rendue compte que la lune était pleine…. J'ai couru, le plus vite que j'ai pu… mais il m'a rattrapée. J'ai senti ses dents dans mon épaule. J'ai cru qu'il allait me tuer. Malgré la douleur, je me suis débattue et j'ai réussi à courir vers Poudlard. Il ne m'a pas suivie…. Ce n'est que le lendemain que j'ai compris. Je n'ai rien dit: ça n'aurait servi à rien… et puis, je pensais pouvoir le contrôler. Jusqu'à cette nuit où j'ai failli tuer mes parents."
Son histoire finie, la jeune femme bailla et se blotti un peu plus dans ses bras. Sa respiration se fit plus égale et le sommeil prit possession de son corps.
Lorsqu'elle ouvrit les yeux le lendemain, le lit était vide. Remus devait être descendu chercher un petit déjeuner. Elle s'étira en soupirant de bien être et se glissa hors des couvertures. Ce n'est qu'en enfilant sa robe de chambre qu'elle aperçut l'enveloppe. Elle sourit en reconnaissant son nom et l'écriture de Remus. Son sourire se figea dès les premiers mots de la lettre.
Ma douce Hermione,
Pardonne-moi. Si tu savais comme je m'en veux. A quel point je me hais pour ce que je t'ai fait. Je suis lâche hermione. Si lâche que je me fais horreur. Je ne pourrais plus jamais te regarder en face en sachant que ce que tu souffres, j'en suis le seul et l'unique responsable. Oui le responsable.
C'était moi Mia. Le loup-garou, cette nuit là, c'était moi. J'étais venu vous voir pour la remise des diplômes. Mais je ne suis pas parti à temps. La lune s'est levée avant que je n'atteigne le saule cogneur. J'ai eu si peur ce matin là lorsque je me suis réveillé avec du sang dans la bouche. Mais personne n'avait été mordu, personne ne manquait. Alors je me suis dit que ce n'était qu'un animal. Même quand tu es arrivée à Poudlard en début d'année, je n'ai pas compris, je n'ai pas réalisé. Je te demande mille fois pardon pour ce que je t'ai fais. Jamais je ne pourrais me racheter. J'ai fait de ta vie un enfer.
Je ne t'imposerais pas ma présence. Je vais disparaître, tu ne me verras plus jamais. Adieu mon amour. Je t'aime. Je suis désolé.
Remus
Les larmes cascadaient le long des joues de la jeune femme, brouillant sa vue et venant s'écraser sur la lettre qui lui échappa des mains. Elle tomba à genou au sol en poussant un cri de bête blessée. Parti. Il était parti. Mais il ne comprenait donc pas qu'elle l'aimait? Il ne voyait pas que ça n'avait pas d'importance, qu'elle lui pardonnait tout. Tout, pourvu qu'il revienne. Ce jour où il l'avait mordue avait été le jour le plus important de toute sa vie, le jour menant à leur amour. Si elle n'était pas devenue un loup-garou, jamais elle n'aurait connu l'amour dans ses yeux, jamais elle ne se serait sentie aussi heureuse que la veille au soir. Elle serait humaine mais tellement moins réelle. Elle se releva d'un bond et descendit les escaliers en courant, fouillant la maison dans ses moindres recoins. Il n'était nulle part. Elle s'habilla à la hâte et se précipita dehors. Sur le sol gisaient les restes de la fête. Elle leur accorda à peine un coup d'œil et fouilla les alentours. En vain. Parti. Il était parti. Elle ne pouvait se faire à cette idée. La douleur était insupportable, c'était comme si quelqu'un lui arrachait le cœur avec une pince chauffée à blanc. Elle revint au Terrier comme dans un brouillard. Elle n'entendit même pas les remarques inquiètes de Mrs Weasley. Elle s'effondra devant la fenêtre et y passa le reste de la journée.
