A/N : un petit chapitre 3 un peu en retard, mais j'avais du boulot cette semaine. Et puis aujourd'hui c'est mon anniversaire ! (le même jour que Phil Collins d'après la radio)
Disclaimer : c'est toujours pas à moi.
Italique : rêve, flash back, pensées …
--blah-- : fourchelangue
cruciatus (incantation crucio) : doloris en anglais.
Chapitre 3 : Let's play
Harry jeta un regard discret à Dudley et sa bande. Ils examinaient les résultats de leur dernière collecte auprès des autres élèves, poussant des cris de joie chaque fois qu'ils trouvaient une nouvelle sorte de bonbon. Avec précaution, le jeune garçon quitta sa cachette – un massif de buissons encore intact à l'extrémité de la cour de récréation – et se dirigea vers la porte pour retourner dans la salle de cours.
« Hey, Dudley ! Ton cousin ! » cria un ami de Dudley – Piers.
Non, gémit intérieurement Harry. Il dormait très mal depuis plusieurs nuits, faisant de nombreux cauchemars sur l'esprit-serpent et il ne se sentait pas capable de supporter une 'chasse au Harry'. Heureusement, la cloche signalant la fin de la récré sonna et il se dissimula au milieu des autres élèves. Il fut le premier à rentrer dans la salle de classe et il constata avec soulagement que ses affaires étaient toujours à leur place. Il se faisait souvent punir quand son cousin déplaçait ou dissimulait ses cahiers, les professeurs étant fatigués de son refus de s'expliquer. Lui se souvenait trop bien de la fois où il avait accusé Dudley qui l'avait ensuite répété à son père. C'était en janvier. Il avait été enfermé dans son placard avec juste de la soupe et du pain. Pendant une semaine, il avait claqué des dents dans le noir, emmitouflé dans sa couverture élimée. Puis il avait rêvé qu'il attaquait un homme, sauf que c'était l'esprit-serpent. Ses hurlements et ses convulsions avaient empêché son oncle de regarder son match de foot. Vernon lui avait donné une bonne taloche puis l'avait bâillonné et attaché pour le reste de la nuit. Il préférait ne pas se rappeler la correction qu'il avait reçue le lendemain.
Le professeur lui demanda de rester après la classe. Harry accepta avec hésitation, sachant que Dudley l'attendrait quand il sortirait et qu'il ne pourrait pas s'enfuir.
« Qu'y a-t-il, monsieur Swan ? »
« Quand je vous ai fait faire des lignes cette semaine, tes lettres étaient presque illisibles. Je ne pense pas que ce soit par maladresse, tu n'avais pas de problème pour écrire ton nom… » La voix exigeait des explications. Harry se ratatina un peu.
« Désolé monsieur, je… j'avais du mal… à lire… le tableau. »
« Je vois », répondit le professeur d'un ton sec. « Suis-moi. »
Harry lui emboîta le pas à travers l'école, jusqu'à la petite infirmerie.
« Beth, content de vous voir », sourit Swan à l'infirmière. « Pouvez-vous vérifier la vue de Mr Potter ? »
« Bien sûr professeur », répondit-elle en lui rendant son sourire.
Cette expression disparut rapidement quand elle se tourna vers Harry. Celui-ci se rappela l'avoir vue parmi les amies de Pétunia et baissa les yeux.
« Mon garçon, je ne saurais jamais quel est le problème avec tes yeux si tu persistes à fixer tes pieds » dit-elle d'un ton tranchant.
Aussitôt Harry releva les yeux. Il resta tranquille, attendant des instructions. L'infirmière le plaça à une certaine distance d'un mur où étaient affichées des lignes de lettres d'une grosseur croissante. Elle lui fit lire les lignes en partant de la plus petite avec chaque œil jusqu'à ce qu'il arrive à lire les lettres correctement. Elle le regarda quelques instants avant de rendre son verdict.
« Il est myope professeur. »
« Dans ce cas voulez-vous bien lui écrire une lettre pour que ses tuteurs l'emmènent chez un opticien ? »
« Est-ce vraiment nécessaire ? Les Dursley peuvent difficilement se permettre des dépenses exorbitantes, surtout pour lui. Il peut sûrement encore suivre l'école en se plaçant au premier rang. »
« Beth, même moi je sais que sa myopie ne s'arrangera pas avec les ans. Ce garçon a besoin de lunettes. »
Elle soupira.
« Très bien, je parlerais à sa tante. Je la connais. »
« Merci Beth. Tu peux y aller maintenant, Harry. »
Celui-ci partit sans demander son reste. Peut-être pourrait-il échapper à Dudley s'il courait assez vite. Peut-être…
Une violente douleur émanant de sa cicatrice lui coupa le souffle et l'envoya rouler au sol juste au moment où il passait les grilles. La douleur envahit son crâne, le rendant aveugle et sourd à tout ce qui l'entourait. Les yeux fermés, mains pressées sur sa cicatrice il tenta d'ignorer le rire glacial accompagnant l'attaque. Un coup de pied dans le ventre l'aida à reprendre contact avec la réalité. Il ouvrit lentement les yeux, vit des pieds larges qui sortaient de deux jambes grasses comme des jambons. Dudley.
Harry se releva, bouscula son cousin et courut.
« Chasse au Harry ! » annonça le jeune Dursley avant de se lancer à sa poursuite.
Le fuyard coupa à travers les allées, prenant le chemin le plus rapide pour rejoindre Privet Drive. Il y arriva hors d'haleine.
« Où étais-tu encore passé, vaurien ! » cria Pétunia d'une voix aiguë.
« A l'école », répondit-il tout bas tout en reprenant son souffle. « Le professeur Swan m'a emmené voir l'infirmière parce que je vois pas assez bien. »
Cette déclaration la pétrifia momentanément, jusqu'à ce qu'elle se rappelle qui était l'infirmière. Elle pinça les lèvres.
« Si tu as menti, tu le sentiras passer. En attendant va dans la cuisine et lave les légumes ! Après tu pourras m'aider à préparer la soupe ! »
« Oui, tante Pétunia », répondit-il d'une voix plus calme.
Dudley ne reparut pas avant la tombée de la nuit, soit une heure et demi plus tard. Il commença aussitôt à se plaindre qu'il avait faim, puis s'installa devant la télé et n'en partit que quand le dîner fut prêt. Après le repas, Harry fut envoyé dans son placard.
A peine eut-il fermé les yeux que le rêve commença.
Il était de nouveau dans la forêt, mais cette fois il était lui-même. Il ne voyait personne autour de lui, juste les arbres décharnés sous un ciel de plomb et la neige sale qui couvrait le sol. Il entendit comme un frémissement derrière les arbres, puis une voix sifflante qui le fit trembler.
-- Harryyy Potteer… Pauvre petit, terrifié par sses rêves… -- La moquerie évidente ne fit rien pour le rassurer.
-- Dis-moi, Harryy, tu aimes jouer ? C'est un jeu sssimple… tu fuis et je chassse… --
Harry ne répondit pas, assis par terre, se contentant de secouer la tête en espérant se réveiller.
-- Haaarry, tu ne veux pas jouer ? Tsss… Alors, je peux te manger maintenant… --
Le froissement se rapprocha. Terrifié, Harry se releva et s'élança dans la forêt, poursuivi par la voix.
-- Oui Harryyy ! Cours, cours ! Fuis-moi pour sauver ta vie ! -- La voix éclata d'un rire glacial et étrangement familier qui le fit frissonner.
Il zigzagua entre les arbres, tentant d'éviter les branches basses et trébuchant sans cesse sur le sol inégal. Ses jambes étaient prêtes à le lâcher – il avait l'habitude de courir pour échapper à Dudley, mais pas aussi longtemps – mais à chaque fois le rire sifflant le faisait repartir de plus belle.
La poursuite parut durer plusieurs heures. Finalement, Harry trébucha sur une racine et s'effondra de tout son long dans une plaque de neige boueuse. Au moment où il allait se relever, il ressentit une violente douleur venant de sa cicatrice qui le fit retomber à genoux. Une masse sombre se dressa devant lui avec un sifflement réjoui.
-- Tu abandonnes, Haaarry ? Tu n'es passs'une proie amusssante... --
Harry leva les yeux et son regard rencontra celui d'un serpent gigantesque dont les crochets laissaient échapper de fines gouttes de venin. Maladroitement, le garçon recula jusqu'à se retrouver coincé contre un arbre. Le serpent avança lentement vers lui, le paralysant de son regard rougeoyant. Son énorme langue fourchue s'étendit dans sa direction, goûtant sa terreur.
Il fixa le serpent dans les yeux, tremblant et incapable de bouger. La langue l'effleurait presque. Puis, soudainement, elle revint dans la gueule du monstre. Celui-ci se redressa et commença à changer, son regard écarlate toujours fixé à celui de Harry. Son corps devint moins long, sa tête moins aplatie. La gueule rétrécit et se transforma en bouche, des cheveux poussèrent sur le crâne chauve. Le corps forma des membres, les écailles ébènes devenant une robe noire.
Quand la transformation s'acheva, un homme assez grand se tenait devant lui. Ses cheveux étaient noirs, sa peau assez pâle et ses yeux toujours aussi rouges. Ses traits fermes et classiques laissaient transparaître une excitation intense malgré l'expression méprisante de sa bouche. Harry essaya de se fondre dans l'arbre. Le serpent avait l'air plus rassurant.
Les lèvres s'étirèrent en un mince sourire de satisfaction.
« Harry Potter, seul et sans défense, à ma merci... » dit-il d'une voix basse.
Harry se remit à trembler et gémit quand l'homme s'accroupit devant lui. Sa cicatrice l'élançait, un feu continu qui lui donnait l'impression que sa tête allait se fendre en deux.
« Tu ne sais pas qui je suis, n'est-ce pas ? »
L'enfant secoua la tête.
« Je suis Lord Voldemort. »
Harry ne réagit pas. L'homme fronça les sourcils puis laissa échapper un rire étouffé.
« Tu n'as aucune idée de ce que mon nom représente, n'est-ce pas Harry ? Ils ne t'ont rien dit… » Il rit à nouveau. Harry essaya de reculer un peu plus mais il était déjà collé à l'arbre, ne prêtant aucune attention aux morceaux d'écorce qui lui mordaient cruellement le dos. Les yeux rougeoyants se firent distants pendant que Voldemort réfléchissait, puis ils se fixèrent à nouveau sur lui.
« Vois-tu, Harry, nous sommes tous deux des sorciers, des êtres capables de faire de la magie. »
Harry sentit ses yeux s'écarquiller. Lui, un sorcier ? De la magie ? Mais Oncle Vernon avait dit que la magie n'existait pas…
« De la magie ? » répéta-t-il malgré lui d'une voix faible.
L'homme – le sorcier – sourit, faisant naître une nouvelle vague de terreur chez l'enfant. Si seulement il pouvait se réveiller pour découvrir que tout ceci n'était qu'un mauvais rêve… Il essaya de se forcer à quitter le sommeil et le paysage devint flou un instant. Moins d'une seconde plus tard il redevint distinct avec une autre pointe de douleur venant de sa cicatrice. Il se rendit compte que l'homme avait agrippé son épaule d'une poigne de fer, son regard toujours fixé sur lui affichant une pointe de frustration.
« Oh non, Harry ! Tu ne m'échapperas pas si facilement ! » Il aurait sûrement un bleu sur son épaule le lendemain, tant la main serrait fort. Il gémit à nouveau, sentit des larmes apparaître au coin de ses yeux. Sa respiration était haletante.
« Nous en étions à la magie », reprit Voldemort. « Oui, la magie existe, quels que soient les mensonges que ta famille moldue essaie de te faire croire. Tu devrais normalement recevoir dans quelques années une lettre t'invitant à une école de magie. Enfin si tu es toujours en vie à ce moment là, bien sûr. » Il s'interrompit le temps de laisser échapper un rire glacial.
« Je pense que c'est le bon moment pour te raconter une petite histoire… Il était une fois un sorcier, le plus puissant Mage Noir depuis des siècles. Il voulait prendre le pouvoir et s'assurer que ceux qui n'en étaient pas dignes ne pourraient pas faire partie du monde sorcier. Ce Mage s'était choisi un nom capable d'insuffler la peur par sa simple évocation – Voldemort. Il avait réuni des sorciers fidèles à ses idéaux – les Mangemorts – et pour qu'ils n'oublient pas à qui ils avaient juré allégeance, il inventa un symbole, une tête de mort avec un serpent pour langue. »
Le sorcier sortit une baguette en bois et traça une arabesque dans les airs, murmurant un mot ressemblant à 'mordre'. Aussitôt apparut une fumée verte formant la marque qu'il venait de décrire.
« La Marque des Ténèbres », indiqua Voldemort. « Hélas, ce mage avait des ennemis. Des fous aveugles à la vraie nature de l'être humain qui voulaient à tous prix croire en l'illusion du bien et du mal. Ils ne pouvaient pas vaincre le sorcier, mais un jour ils reçurent une prophétie annonçant la naissance d'un enfant capable de détruire le Mage. » Il cracha les derniers mots, son mépris et son amertume dissimulant à peine sa rage et son désir de vengeance. Harry recula devant la colère exprimée par ces yeux brûlants et sentit à nouveau l'écorce de l'arbre auquel il était adossé. Il avait écouté le récit, paralysé par la voix du sorcier. Son tremblement reprit quand celui-ci sourit.
« Mais il avait un serviteur dissimulé parmi ses ennemis qui lui apprit qui était l'enfant. Il découvrit où sa famille se dissimulait, et le soir d'halloween il leur rendit visite. Le père l'affronta, mais il ne faisait pas le poids. La mère le supplia d'épargner son enfant mais sa voix fut ignorée et elle fut tuée à son tour. Puis le Mage se tourna vers le bébé… »
Harry luttait contre une impression d'étouffement. La dernière partie de l'histoire lui semblait familière et les fantômes de souvenirs enfuis le visitèrent brièvement… Lily, cours ! – Pas Harry, Pas Harry !
« Il leva sa baguette vers le nourrisson et lança un sort mortel. L'enfant lui renvoya le sort, détruisant son corps physique et le condamnant à errer tel un fantôme, pas mort mais pas vraiment vivant… »
« La lumière verte… » murmura Harry.
« Tu t'en souviens donc ? » le moqua Voldemort.
Harry prit une soudaine inspiration. L'histoire qu'il venait d'entendre, si elle était exacte…
« Oui Harry Potter, c'est bien moi qui ai tué tes parents. Et un jour je te tuerais, quand j'aurais retrouvé un corps. Mais en attendant… Crucio ! »
Harry secouait mécaniquement la tête, niant les paroles de l'homme, quand il remarqua la baguette pointée dans sa direction, immédiatement suivie par une souffrance dépassant tout ce qu'il connaissait. Il hurla, accompagné par le rire glacial et triomphal et par une souffrance infinie.
« La ferme, vaurien ! »
La porte du placard sous l'escalier fut brutalement ouverte. Une main l'attrapa et le jeta dans le couloir. Aussitôt il se roula en boule, gémissant et pleurnichant, le visage inondé de larmes. Un violent coup à la hanche lui fit resserrer ses bras autour de ses jambes.
« Je refuse de laisser tes cauchemars continuer à gâcher nos nuits. Si tu n'es pas capable de te taire tout seul, je te clouerais le bec moi-même ! »
La voix était familière. La main qui saisi son épaule – là où Voldemort l'avait agrippé – aussi. Harry poussa un léger cri quand il fut remis de force sur ses pieds. Il ouvrit finalement les yeux et vit presque avec soulagement la face énorme de son oncle. Puis il vit le bâillon et essaya de lutter, mais un enfant de quatre ans épuisé ne pouvait pas grand chose face à un adulte tel qu Vernon Dursley.
Harry se retrouva à nouveau dans le placard avec interdiction d'enlever le bâillon quoiqu'il arrive. Il se roula en boule et essaya de se rendormir en ignorant la tempête de pensées qui tournoyait dans son esprit.
Les rêves se succédèrent tandis que l'hiver laissait la place au printemps. En général, Harry se faisait poursuivre par le serpent qui finissait invariablement par le coincer, tôt ou tard. La suite suivait des scénarios assez divers. Soit les crochets le transperçaient et lui inoculaient des poisons qui le brûlaient pendant des heures, soit Voldemort lui lançait le Cruciatus. Il utilisait aussi des moyens de torture plus ordinaires : couteaux, fouets, brûlures…
Chaque nuit il était bâillonné pour ne pas déranger le sommeil de sa famille pendant qu'il subissait ses cauchemars. Chaque jour il devait fuir son cousin.
Depuis que les Dursley l'avaient amené chez l'opticien à la demande de l'infirmière scolaire, Harry portait des lunettes rondes à monture noire – les moins chères du magasin. Dudley avait rapidement appris un nouveau mot : binoclard. Il avait tenté à de nombreuses reprises de détruire les lunettes simplement pour voir son cousin en difficulté.
Ce jour-là, ils se trouvaient dans la cour de l'école. Une équipe de dentistes était passé le matin pour leur parler d'hygiène buccodentaire. Ils avaient distribué des bonbons sans sucre, que Dudley avait aussitôt voulu prendre à Harry. Celui-ci avait refusé et l'avait avalé aussi sec, provoquant la colère de son cousin.
Il était poursuivi depuis quelques minutes quand il décida d'aller se dissimuler derrière les poubelles. Il prit son élan pour sauter. Il voulait désespérément échapper à son cousin. Il ferma les yeux et sauta. Quand il les rouvrit, il était sur le toit de l'école.
A suivre…
A/N : y a pas à dire, le rêve de ce chapitre est un de mes passages préférés pour le moment. J'en ai d'autres en réserve …
R.A.R : encore une fois, merci à tous ceux qui ont reviewé.
ornaluca : non Harry ne deviendra pas méchant. Il va être plus sombre que dans les livres, et serpentard (j'y tiens, même si je peux encore l'envoyer chez les gryff) Par contre il sera pas un petit ange, j'en ai peur.
Miss-tania : j'espère que tu n'as pas fait trop de dégâts en attendant la suite …
Nana13 : ben je pourrais te dire ce qui passe dans les prochains chapitres et dans la suite, mais dans ce cas ce sera plus la peine d'écrire. Donc je vais te laisser dans le noir et tu découvriras tout au fur et à mesure. Merci pour le bizou
