AN : Voilàvoilàvoilà… Euh…. Désolés, nous sommes si confus et désolés d'avoir posté ce chapitre si tardivement… il n'y a pas d'excuse, bien sûr, mais nous nous inclinons bien bas et reconnaissons notre faute… On espère cependant que vous apprécierez ce nouveau chapitre…

Promenade avec un Loup-garou

Par Padfoot et Les Jumeaux Weasley

Chapitre 4 – Après le beau temps, la lune

Sur la bonne humeur de Remus régnait une ombre. La première semaine de cours était maintenant terminée et tous les élèves de Gryffondor discutaient joyeusement dans la salle commune après un excellent repas. Peu à peu, la noirceur envahit le ciel et les étoiles se mirent à briller. Remus fut tout ce qu'il put pour ne pas y porter attention. Il n'aimait pas la nuit. Lorsqu'il était tout petit enfant, il avait aimé regarder les étoiles mais maintenant, leur lueur lui faisait peur et la lune se moquait de lui. Il se concentra donc sur les bêtises de Sirius et sur sa partie d'échec qui l'opposait à James. Assise entre les deux, Lily regardait les pions bouger avec émerveillement et c'est sans doute son large sourire et ses yeux pétillants qui empêchèrent Remus de prendre pleinement conscience de l'arriver de la nuit.

- C'est moi qui rêve ou les échecs, c'est pas ton rayon, Jamesie ? demanda Sirius en riant.

- Pas du tout, je fais croire qu'il gagne mais j'ai la situation bien en main, répondit James d'un faux air digne.

Tout le monde se mit à rire. Même aux yeux d'un néophyte, il était évident que James était dans un sale pétrin.

- Enfin, Sirius, c'est évident ! C'est une stratégie de Kamikaze, répliqua Remus tandis que son cavalier chargeait la deuxième tour de James.

Les épaules du jeune Potter s'affaissèrent. Il ouvrit grand les yeux et, tout en se mâchouillant l'index, il étudia le jeu. Ses amis le regardèrent faire pendant un bon moment, sourire aux lèvres. Remus se calla au fond de son fauteuil et attendit. James avança sa main à maintes reprises pour la retirer en suite.

- Indécis James ? demanda Remus

- Pas du tout voyons ! Je fais des exercices pour le haut du dos. Tu étires le bras et tu le ramènes. C'est très bon, tu sais ? répondit James sans le regarder mais avec un rire dans la voix.

Un nouvel éclat de rire se fit entendre et James, qui avait à nouveau avancé la main au dessus du jeu pour calculer ses coups, leva les yeux vers Remus et lui fit le sourire le plus amical que  Remus n'eut jamais vu. C'était un simple sourire, comme il s'en fait souvent dans le monde entier mais ses yeux brillait d'une sympathie qui fit presque mal à Remus. Il comprit tout de suite que si il n'avait pas encore osé croire qu'il était l'ami de James Potter, James Potter, lui, se considérait d'hors et déjà l'ami de Remus Lupin. Tandis qu'il réfléchissait à tout ce que le fait d'avoir un ami impliquait, Cathy, qui était assise sur le bras de son fauteuil, passa un bras autour des épaules de Remus et posa sa joue sur sa tête. 

- Ne désespères pas Remus. Même si tu perds, je vais t'aimer quand même, lui dit Cathy sur un ton réconfortant.

L'éclat de rire et la grimace de James détourna l'attention de tout le monde de l'embarras de Remus. Bien que le contact de Cathy était plutôt intimidant, c'était surtout ses paroles qui l'avaient saisi, comme une douche glacée bien que son cœur fut submergé d'une vague de chaleur. Serait-il vraiment possible qu'il ait enfin des vrais amis ?

- Cavalier, tu viens ici, dit James.

Son cavalier lui jeta un œil désespéré et avança son cheval vers la case désigner. Il avait l'air d'un homme prêt à mourir avec honneur. Remus regarda le jeu pendant une seconde, eut une expression de surprise, puis leva lentement les yeux vers James. Il le fixa quelque temps d'un air impassible puis leva un sourcil un demi-sourire se dessinant sur ses lèvres. James le regarda, surpris. Puis son regard se mit à passer du visage de Remus au jeu d'échecs.

- Ben quoi ? demanda-t-il.

Remus croisa ses deux bras sur la table et se pencha vers James, l'air de dire « voyons, James, c'est évident ! ». James fonça les sourcils et reporta son attention à l'échiquier. Ca ne lui prit que deux secondes avant de faire un mouvement de frustration de la tête et d'étouffer un juron.

- C'est pas juste ! J'avais tout bien calculé mon coup !

- Pas tant que ça, mon chou. Si tu veux mon avis, tu es fichu, dit Cathy en riant.

James lui lança un regard mauvais et croisa les bras, attendant la fin. Remus bougea un pion.

- Échec et Mat.

- Le Kamikaze a raté sa cible, dit Peter en riant.

James poussa un soupir sous le rire de ses amis. Remus tourna la tête vers Lily.

- Tu veux jouer ? Je te prête mes pions si tu veux, lui demanda-t-il.

- Oh, non, je ne sais pas jouer aux échecs, répondit-elle avec le sourire. Mais c'est gentil.

- Tu n'as qu'à jouer contre James. Lui non plus ne sait pas jouer, vous serez de force égale, dit Sirius le plus sérieusement du monde.

James lui donna un coup sur l'épaule et Sirius se mit à rire.

- Et tu sais jouer toi peut-être ? demanda James en riant.

- Non… répondit Sirius en haussant les épaules.

- Alors, te moque pas de moi !

- Ouais mais, MOI, je ne fais pas semblant de savoir jouer, rétorqua Sirius.

James ouvrit la bouche pour répondre mais ne put qu'éclater de rire.

- Moi je suis à peu près aussi doué que James. Et si on jouait en équipe ? demanda Cathy. Sirius et moi contre le couple en devenir, Jamesie et Lily Jolie !

- C'est une bonne idée mais je suis VRAIMENT mauvais. Faut dire que j'ai jamais vraiment joué non plus… dit Sirius.

- Mais non, allez ! Dit Cathy. Je vais chercher mes pions !

Et elle partit en courant, ses cheveux blonds flottant derrière elle.

- Il semblerait que je n'ai pas trop le choix… dit Sirius en s'avançant vers le fauteuil de Remus.

Ce dernier ramassa ses pions et se leva pour prendre le fauteuil que Sirius venait d'abandonner. Il se mit à placer soigneusement ses personnages à leur place dans la boîte spécialement conçue pour eux lorsqu'il se rendit compte que plus personne ne parlait. Remus leva les yeux pour regarder Sirius. Ce dernier était secoué d'un rire silencieux. Du coin de l'œil, Lupin vit que Peter aussi était en train de rire. Il suivit donc leur regard et comprit tout de suite pourquoi ils riaient. James et Lily avaient tous deux la tête enfoncée dans les épaules et étaient rouges comme une pivoine. Remus se mit à rire doucement, ce qui, évidemment attira l'attention du couple en devenir. Lily rougit de plus belle tandis que James se redressait et s'appliquait à replacer ses pions d'un air qu'il voulait nonchalant. Cathy ne tarda pas à revenir. Elle se glissa dans le fauteuil de Sirius et se mit à placer ses pièces. Remus vit James et Lily se lancer regard furtif avant de rougir de plus belle. Peter, Remus et Sirius se remirent à rire doucement.

- Qu'est-ce qu'il y a de drôle ? demanda Cathy sans lever les yeux.

- Oh… Rien du tout voyons, répondit Sirius en réprimant son fou rire.

Cathy tourna la tête vers lui, visiblement perplexe. Elle les regarda tous un à un puis haussa les épaules et se reporta son attention sur la disposition de ses pièces.

- Je crois que j'ai raté un épisode mais ce n'est pas grave, je ne vous en veux pas, dit-elle.

- Un épiquoi ? demanda Peter

- Un épisode. Un bout de feuilleton télévisé, répondit Cathy.

- Un feuilleté télé vissé ?

Cathy leva les yeux vers lui et le fixa pendant quelques secondes, l'air sur le point de dire quelque chose de très vilain.

- Ah, laisse tomber, je t'expliquerais un autre jour, Paul, fini-t-elle par dire en balayant la conversation de la main.

- Peter.

- Ah ? oui, c'est vrai. Peu importe, répondit-elle en haussant les épaules. Bon, on peut commencer !

Elle tourna la tête vers James puis vers Lily et frappa dans ses mains d'un air confiant.

- Vous êtes prêts à perdre, les amis ?

- Et qu'est-ce qui vous fait dire qu'on va perdre ? demanda James avec un grand sourire.

- Je ne suis peut-être pas la reine des échecs mais une chose est certaine, si vous rester à cette distance, dites au revoir à votre stratégie. Quoi que je doute que tu puisses en faire des bonnes, Jamesie, répliqua Cathy.

- Et bien, on est pas forcément obligé d'être dans le même fauteuil pour jouer en équipe, dit Lily d'une toute petite voix, en fixant l'échiquier d'un œil distrait.

- Peut-être que non mais ça pourrait aider. Et pourquoi refuser l'occasion de joindre l'utile à l'agréable ? Aurais-tu une raison quelconque de refuser la proximité de James, Lily Jolie ? demanda Remus avec un sourire malicieux.

Tout le monde le regarda avec surprise. Lui-même se serait regardé avec surprise si cela avait été biologiquement possible. Les mots étaient sortis de sa bouche sans qu'il y ait réfléchi. Jamais encore il n'avait osé se moquer ouvertement de quelqu'un. Il avait beaucoup trop peur des conséquences pour cela. Mais il venait tout juste d'envoyer une sérieuse boutade à Lily. Pendant une fraction de seconde, un silence régna, puis Sirius éclata de rire, rapidement suivit de Cathy et de Peter. Remus regarda alternativement James et Lily qui le fusillait passablement du regard, le teint virant au rouge brique. Puis il vit que Lily réprimait un sourire. Elle se redressa fièrement.

- Absolument pas voyons. C'est une question de confort ! Mais puisque vous insistez…

Lily abandonna son fauteuil et se dirigea à pas résolus vers celui de James. Ce dernier se retrancha dans sa section de fauteuil et Lily prit place à côté de lui. Remus vit que Sirius, qui venait tout juste de terminer son éclat de rire, en réprimait un nouveau lorsqu'il remarqua lui aussi que James et Lily se tenait aussi loin que possible l'un de l'autre. Le fauteuil juste en face de l'échiquier étant libre, Peter en profita pour se rapprocher un peu, plaçant le petit groupe dans un carré parfait. Ce faisant, il prit place juste à coté de Cathy. Remus remarqua que la jeune fille s'était rapprochée de Sirius lorsque Peter s'était assis. Il fronça les sourcils mais oublia rapidement l'idée puisque la partie commençait. Au premier coup d'œil, Remus vit tout de suite que les équipes étaient à égalité. Et comme cette égalité était particulièrement médiocre, Remus sut que la partie serait sans doute une des plus longues de toute l'histoire de Poudlard. Au bout d'un moment, oubliant leur malaise, James et Lily avaient fini par se détendre et complotaient maintenant tels des généraux d'armée face à des ennemis redoutables, ce qui était effectivement le cas. Les quatre adversaires prenaient la partie très au sérieux mais cela ne les empêcha pas outre mesure de s'amuser. Remus commençait d'ailleurs à avoir un sérieux mal de ventre à force de rire autant. Et tandis que les derniers soubresauts d'un éclat de rire le secouaient et qu'il essuyait une larme du revers de sa manche, son regard fila au-delà de la fenêtre devant lui et fonça droit sur la lune. Puisqu'ils riaient encore eux-même, ses amis ne remarquèrent pas tout de suite le changement drastique de sa physionomie. Son visage s'était décomposé et avait prit la couleur de cendre. Ses épaules s'affaissèrent et il sentit tout à coup toute la fatigue et le poids qui lui étaient si désagréablement habituels.

L'adrénaline du début des classes et la volonté de faire bonne figure face à ses nouveaux camarades l'avaient jusque là empêché de tomber dans l'état maladif et dépressif qui précédaient les nuits de pleine lune. Il avait soigneusement évité d'y penser et s'était concentré sur ses amis. C'était un avantage d'être avec des gens qui ne connaissaient pas sa situation puisqu'il n'y avait eu aucune pitié, aucune compassion dans leur regard. Mais tandis que la lune se reflétait dans ses yeux deux fois plus grand que la normale, l'horreur et le désespoir l'envahirent. Sa vision se troubla et son corps se mit à trembler légèrement. Il ferma les yeux pour essayer de reprendre son calme tout en espérant que personne ne porterait attention à lui. Mais une chaîne d'exclamations inquiètes lui parvint aux oreilles et il sut que son espoir fut vain.

- Remus ? Qu'est-ce qui se passe ? demanda Lily.

Lupin ouvrit les yeux pour apercevoir tous ses camarades penchés vers lui avec sollicitude. Remus tenta un sourire pas très convaincant.

- Oh, rien. La fatigue sûrement. C'est passé. Je suis désolé, répondit-il d'un ton qui voulait joyeux.

- La fatigue ? Et bien si tu es fatigué au point de trembler comme une feuille, tu devrais aller dormir, c'est moi qui te le dis mon p'tit pote, répliqua Sirius avec un air grave.

- Ouais, je crois bien que c'est ce que je vais faire, répondit Remus.

Prenant appui sur les bras de son fauteuil, il se leva péniblement, ses jambes refusant de le porter convenablement. James et Sirius sautèrent sur leurs pieds pour lui venir en aide mais Remus leva la main pour les arrêter.

- Ca va, ça va, merci ! Y'a pas de mal. Finissez votre partie et je vais aller dormir, dit-il en évitant leurs regards.

- Tu es certain ? demanda James

- Convaincu ! Allez, bonne nuit, dit Remus en se dirigeant lentement vers le dortoir.

Il n'attendit pas les réponses et s'en alla le plus rapidement possible. Il avait déjà franchi la moitié du chemin qui menait à l'escalier lorsque Peter le rappela.

- Hey, Remus, t'as oublié tes pièces d'échecs !

Remus se tourna lentement et regarda son coffret posé sur la table. Il resta là sans bouger, à évaluer la distance et jugeant qu'elle était beaucoup trop grande. Dans sa concentration, il ne sut pas qu'il était resté planté là sans bouger pendant près d'une minute, il ne vit pas non plus que Peter ouvrait la bouche pour lui lancer une réplique qu'il n'aurait certainement pas aimée s'il avait eut l'occasion de l'entendre. Cathy lui balança son coude dans les côtes juste avant que le premier mot ne quitte sa bouche.

- Bah, ce n'est pas grave, je te le monterais tout à l'heure, dit James d'un ton amical.

Remus sorti de ses rêveries et leva les yeux vers lui. James lui sourit et reprit place dans son fauteuil. Il fut immédiatement imité par Sirius, Cathy et Lily. Seul Peter resta debout à dévisager Remus.

- M… merci James, répondit Remus.

- Oh, mais y'a pas de quoi voyons ! Bonne nuit Remus, répliqua James.

- Bonne nuit Remus, dirent en chœur les deux jeunes filles et Sirius.

Remus ne put s'empêcher de sourire.

- Bonne fin de soirée et bonne nuit à vous aussi, répondit-il.

Il jeta un œil à Peter qui le dévisageait toujours.

- Et à toi aussi Peter, ajouta-t-il avant de filer vers le dortoir.

En haut de l'escalier, il s'arrêta pour reprendre son souffle. En règle générale, de l'endroit où il se tenait, il aurait dû n'entendre que le son des voix de la grande salle sans pouvoir en distinguer une conversation cohérente mais Remus avait une ouïe particulièrement fine.

- C'est étrange, il est resté planté là pendant 5 minutes à fixer sa boîte ! s'exclamait finalement Peter.

- Et alors ? Qu'est-ce que tu penses que tu viens de faire, Paul ? Le fixer pendant 5 minutes ! lui répliqua vertement Cathy.

- Mon nom c'est Peter !

- Ah ? Oui, c'est vrai. Peu importe. Jamesie, Lily Jolie, c'est à vous, annonça Cathy d'un ton sans réplique.

Remus devina que Peter s'était enfoncé dans son siège et n'osait plus parler. Avant d'entendre les commentaires des autres, il entra dans le dortoir et se prépara rapidement pour la nuit.

Il était déjà relativement tard lorsque Remus s'engagea dans l'escalier pour descendre dans la salle commune. Lorsqu'il s'était finalement mit au lit, le sommeil avait tardé à venir et lorsqu'il était enfin arrivé, longtemps après que Peter se soit mit à ronfler, ce fut simplement pour le conduire en plein centre de ses pires craintes. Il n'avait pas parlé à ses amis lorsqu'ils étaient revenus dans le dortoir, ayant préféré leur faire croire qu'il s'était endormi d'épuisement. Mais lorsqu'il s'était éveillé, Remus se mit à le regretter. Ses rêves, aussi horrible fussent-ils, lui semblaient si réels qu'il se demandait si ce n'était pas effectivement ce qui s'était passé. Il ne prit donc pas de chance et entra à pas de loup dans la salle commune. Il resta planté dans l'embrasure de la porte pendant quelques instants. Quelques élèves s'y trouvaient, certains, peu nombreux, ayant déjà mangé, d'autres patientant pour leurs amis toujours endormis. Lorsque Remus eut la confirmation par quelques signes amicaux de la main que sa présence avait été remarqué et que personne ne s'était sauvé en hurlant, il consentit à continuer sa route vers la grande salle pour prendre son petit déjeuné en espérant que ses compagnons n'auraient pas déjà terminé. Il se faufila entre les fauteuils sans porter attention à qui pouvaient bien s'y trouver lorsqu'une voix attira son attention.

- Tss-tss, moi qui avais un très grand respect pour ce cher Rémi qui était toujours sur pied avec le soleil. Je vis une grande déception à voir qu'il n'est qu'en fait qu'un coq de semaine ! On se la coule douce la fin de semaine, mon p'tit pote ? demanda Sirius d'un ton amusé.

Remus sursauta et se tourna vers le son de la voix. Assit dans l'exacte disposition de la veille, ceux qu'il espérait rejoindre le regardait avec le sourire. Remus camoufla sa déception de les avoir manqués et de devoir manger seul et leur fit un sourire.

- Vous n'avez pas encore terminé la partie ? demanda-t-il sur un ton moqueur.

- Bien sûr que non ! Ils ont abandonné tous les quatre hier soir. Ils ont un trop plein de talent niveau échecs tu vois ? Ils ont donc décidé de recommencer à tête reposée et avec l'espoir d'arriver à te corrompre pour aider une des deux équipes, répliqua Peter en riant.

Rémus se mit à rire avec Peter tandis que les autres prenaient un air faussement indigné.

- Loin de nous l'intention de corrompre ce bon, ce cher, cet adorable, ce mignon jeune garçon, Paul…

- Peter, corrigea Sirius.

- …C'est ça, oui… Jamais nous n'oserions ! Allons donc ! Nous avons beaucoup plus de dignité et de confiance en nous, n'est-ce pas Sirius ?

- Bien sûr Cathy, c'est évident, répondit Sirius avant de se tourner vers Remus. Des chocogrenouilles ? Des dragées surprises de Bettie Crochue ? Tu veux t'asseoir ? Tu veux quelque chose à boire ? Un massage ? T'as chaud, faim ? Je peux te tartiner tes toasts ou faire tes devoirs si tu veux.

- Je peux repasser tes chemises, laver tes chaussettes, cirer tes chaussures si tu veux ! Ca me ferait plaisir, ajouta Cathy.

Tous deux le regardaient avec un sérieux et une sollicitude à s'y méprendre. James et Lily se tordaient de rire et Remus se plia en deux en se tenant les côtes. Sirius se leva et posa sa main sur son épaule.

- Tu as mal quelque part ? Tu veux que je t'amène chez l'infirmière ? proposa Sirius.

Le rire de Remus s'arrêta presque instantanément. Il se redressa et fixa le vide pendant un moment. Il n'avait pas encore mal et il verrait l'infirmière bien assez tôt. Il chassa ses noires pensées et croisa enfin le regard de Sirius en clignant des yeux à plusieurs reprises. Il se força à sourire. Il ne voulait pas que Sirius se sente à nouveau coupable de l'avoir blessé sans le vouloir.

- Mmmmm… Non, ça va très bien merci. Et je ne suis pas corruptible, Sirius, répondit Remus.

Sa tentative avait échoué. Ils le regardaient tous avec curiosité et perplexité. Remus sut qu'il était désormais évident pour chacun d'entre eux qu'il avait quelque chose à cacher. Le temps sembla se figer pendant une fraction de seconde puis James détourna le regard et se remit à parler.

- Pendant que j'y pense… Je ne voulais pas fouiller dans ta malle alors j'ai mis tes pièces d'échecs dans la mienne. J'espère que ça ne te dérange pas, dit James tout en rangeant ses propres pièces.

- Oh, non, du tout ! Merci, répondit Remus avec reconnaissance et ce pour plus d'une raison. Euh, James, pourquoi tu ranges tes pièces, vous avez terminé la partie ?

- Je ne veux pas laisser mes pièces toutes seules pendant que je vais déjeuner, dit Cathy qui elle aussi rangeait ses pièces.

- Oh, vous m'av… vous n'êtes pas encore aller déjeuné ? demanda Remus en se mordillant la lèvre inférieure.

- Bien sur qu'on t'attendait, dit Lily d'une voix douce.

La jeune fille s'était levée et s'était glissée à côté de lui sans qu'il le remarque. Elle levait vers lui ses grands yeux verts et le regardait avec un léger sourire. Elle passa son bras sous le sien et regarda James et Cathy qui faisaient un concours de vitesse à savoir qui allait avoir terminé le premier. Remus sentit une immense vague de culpabilité déferler en lui. Il ne porta donc aucune attention à la joute de James et de Cathy. Il s'enfonça dans ce qui serait le premier d'une longue série de combats intérieurs avec lui-même. Devait-il attendre qu'ils le découvrent ? Devait-il leur dire ? Devait-il s'éloigner d'eux avant de trop s'attacher, avant que cela de devienne trop dangereux pour lui comme pour eux ?

- Bon ! Ce n'est pas trop tôt ! Je meurs de faim ! Je me demande s'ils servent des spéciaux la fin de semaine, s'interrogea Sirius à voix haute.

- Bonne ques… commença Peter.

- Bacon, œufs au jambon, saucisses grillés et… crêpes, répondit Remus d'un ton vague.

Inconsciemment, il avait tourné la tête vers la porte qui s'ouvrait pour laisser entrer un groupe d'élève lorsque Sirius avait posé sa question. Il lui avait suffit de humer l'air et les nouveaux venus pour trouver la réponse. Mais étant à demi plongé dans ses rêveries, il n'avait pas songé aux conséquences. Il sortit totalement de sa torpeur comme il terminait sa phrase. Son cerveau se mit donc à réfléchir à toute vitesse pour essayer de répondre aux interrogations qui ne manqueraient pas de suivre. Avec un air assuré, il tourna la tête vers Sirius. Ce dernier le regardait, bouche bée.

- Tu sens ça d'ici ? demanda Sirius, incrédule.

- Pas du tout, je m'entraîne pour les cours de divination, répondit Remus avec un demi-sourire.

Ce n'était pas la première fois que Remus percevait des choses que les autres ne pouvaient pas mais c'était en revanche la première fois qu'il le disait à voix haute. Sirius le regarda avec scepticisme pendant un moment puis son visage se fendit en un large sourire.

- Et bien, allons voir si Rémi est doué pour la divination, dit Sirius.

Sans se départir de son air assuré, Remus hocha la tête et se dirigea vers la sortie, suivi de près par le reste de la petite bande. La route se fit en silence. À mi-parcours, l'odeur qui lui parvenait était tellement forte qu'il était certain que les autres la sentaient aussi. Il jeta un œil à James qui marchait à côté de lui. Derrière les lunettes rondes brillaient deux yeux inquisiteurs qui le fixaient avec amusement. Remus leva le menton et continua d'avancer. Il mit bientôt le pied dans la grande salle qui semblait être en pleine heure de pointe. Sans regarder ce qu'il y avait sur les tables, Remus trouva un endroit où il y avait au moins six places de libre, non loin de Marcial qui les regarda arriver avec le sourire. Comme à l'habitude, lorsque Remus se laissa tomber sur son siège, il fut cerné par Lily et Peter, Sirius prit place devant lui avec James et Cathy. Remus regarda ce qu'il y avait au centre de la table. Le menu habituel y était disposé mais avec quelques ajouts.

- Bacon, saucisses grillées et crêpes. Tu t'en sors pas mal, Remus, dit James.

Lupin leva les yeux vers lui et hocha la tête.

- Merci, James, répondit Remus.

James se mordit la lèvre inférieure et le regarda en plissant les yeux. Il ne semblait pas croire aux talents de divination de Remus.

- Il n'y a pas d'œufs au jambon… dit Cathy d'un ton presque accusateur.

Elle aussi fixait Remus avec un drôle d'air.

- Oh, il y en avait ! La demande a simplement été trop forte pour l'offre qu'il y avait. Ils ne devraient plus tarder maintenant, expliqua Marcial, à quelques sièges de là.

- Merci Marcial ! répondit Remus.

- Y'a pas de quoi ! Répliqua le préfet avant de se replonger dans sa conversation.

Un silence s'installa autour de Remus. Il savait qu'ils le regardaient tous avec la même curiosité sur le visage. Essayant de ne pas y porter attention, il entreprit de remplir son assiette. Comme il terminait, les plats d'œufs au jambon arrivèrent sur la table.

- Ah ! Je les attendais, dit Remus en prenant la grosse cuillère pour combler la place qu'il avait laissée pour les œufs dans son assiette.

Lorsqu'il eut terminé, il leva les yeux et regarda tour à tour ceux qui l'entouraient. Ils n'avaient pas bougé d'un pouce. Remus concentra son attention sur James.

- Ben quoi ? Vous n'avez pas faim ? demanda Remus avec une parfaite innocence peinte sur le visage.

Aucune réponse ne lui parvint. Dans les yeux de James, il pouvait lire « tu l'as senti ! ». Remus fit un demi-sourire et planta ses dents dans un croissant. Ses yeux répondirent « Vraiment ? Prouve-le ! ». Un sourire se dessina sur les lèvres de James. Il hocha brièvement la tête et Remus sut que même s'il n'avait pas la réponse à sa question muette, il n'insisterait pas.

- Bon, on ne va pas lever le nez sur un aussi bon menu, dit James en se servant à son tour.

Tous les autres firent de même. Remus garda consciencieusement le nez dans son assiette pendant tout le repas. Une conversation avait fini par s'établir autour des devoirs qu'ils avaient à faire au cours de la fin de semaine. Mais Remus savait qu'ils se posaient toujours des questions et qu'ils espéraient avoir des réponses plus concrètes qu'un hypothétique entraînement pour la divination.

Après leur délicieux petit déjeuné, ils avaient profité de la douce température et étaient sortis dans le parc pour se promener. En bons étudiants modèles, ils se rendirent immédiatement à la lisière de la forêt interdite, se demandant ce qui pouvait bien y avoir de si terrible pour lui donner ce nom. Lorsque Peter eut suggéré bon nombre de fois, d'une voix nerveuse, d'aller voir le reste de la cour, ils finirent par céder. Ils errèrent un bon moment un peu partout, voulant voir chaque parcelle du terrain. Ils aboutirent devant le lac. Il était plus impressionnant de nuit et en canot mais il était tout de même magnifique. Remus ne put s'empêcher de songer que le paysage devait être à couper le souffle lors de douces nuits hivernales. Il était encore en train de regarder au loin d'un air rêveur lorsque Sirius proposa d'aller voir le terrain de Quidditch. À ce moment, James, qui avait été passablement neutre depuis qu'ils étaient sortis, se mit à sauter sur place en souriant bêtement.

- Oui ! J'veux y'aller, j'veux y'aller, j'veux y'aller !! oui oui oui ! C'est par là !! On y va !

Le jeune Potter se mit à courir vers le seul endroit dont il connaissait l'emplacement exact dans un rayon de cinq kilomètres. Ses amis se mirent à rire et le suivirent du mieux qu'ils purent. James était beaucoup plus rapide qu'il en avait l'air et jumelé avec l'excitation qui semblait le hanter, il était difficile à suivre mais Remus le rattrapa aisément et se mit aux pas avec lui. Sirius suivait de relativement près et les deux jeunes filles n'étaient pas loin derrière. Seul Peter n'arriva pas à suivre la cadence et fut distancé assez rapidement. Ils ne tardèrent pas à arriver à destination. James cessa de courir à l'instant où il mit le pied dans le stade. Remus s'arrêta en même temps que lui et se mit à regarder autour. Bien que beaucoup plus petit que les terrains professionnels, il était vraiment impressionnant. Il tourna la tête vers son compagnon pour voir ce qu'il en pensait mais ce n'est pas le terrain que James regardait. Il le fixait lui d'un air étrange. Sirius arriva à ce moment. Il s'arrêta juste derrière eux et, les mains sur les genoux, il essayait de reprendre son souffle.

- Vous êtes des rapides les mecs, dit Sirius d'une voix entrecoupée.

Remus tourna la tête vers James. Bien que sa résistance semblait plus forte que celle de Sirius dans le domaine de la course à pied, lui aussi avait le souffle court.

- Ahah ! Tu n'es pas assez en forme, Sirius ! Je te conseille le jogging. C'est bon pour le cardio-vasculaire, répondit James en riant.

Sirius ne répondit pas et se contenta de grogner. Les filles ne tardèrent pas à arriver à leur tour. Lily s'appuya sur James et Cathy sur Remus. Elles avaient toutes les deux le teint rouge et riaient de bon cœur. Elles aussi avaient du mal à reprendre leur souffle.

- Rire en courant, ce n'est pas le meilleur truc vous savez ? demanda Remus avec un sourire.

- Ben si tu avais vu Paul tomber à plat ventre comme nous, on l'a vu, tu rirais aussi ! Répondit Cathy.

Sirius, qui venait de se redresser, éclata de rire, accompagné par James. Remus secoua la tête en souriant. Il regarda au loin et aperçut Peter. Il arrivait en trottinant, une main pressée sur ses cotes.

- Je suppose que nous devrions l'attendre, dit Remus d'un ton moqueur.

- On n'a effectivement pas le choix, répondit Lily. Il ne semble pas aussi en forme que toi et James on dirait.

- Remus est le meilleur, il ne souffle même plus, ajouta Cathy qui s'accrochait à Remus pour éviter de tomber sur le sol.

- Oui, j'ai remarqué, répliqua James en regardant Remus dans les yeux.

Remus sut alors d'où venait l'air étrange que James avait eu tout à l'heure. Il n'avait jamais soufflé. Sa respiration avait été identique avant et après sa course et cela n'avait pas échappé à la vigilance de James. Ne sachant pas quoi répondre, il tourna à nouveau la tête en direction de Peter qui semblait de plus en plus sur le point de s'effondrer. Sirius se mit à lui crier des encouragements et au bout d'un moment il finit par arriver. Couvert de sueur et soufflant avec force, il s'écroula sur le sol. Cathy lui jeta un œil dégoûté et, après lui avoir dit de venir les rejoindre lorsqu'il aurait reprit son souffle, la petite bande entreprit d'explorer le terrain de Quidditch. James regardait partout à la fois et semblait mourir d'envie de monter sur un balai et de voler autour du stade. Cathy surprit tout le monde en disant qu'elle comptait faire l'équipe. James cessa de regarder la zone des but et lui lança un regard admiratif. Remus remarqua que Lily s'était renfrogné devant la nouvelle complicité de James et de Cathy sur le domaine de Quidditch. Sirius échangea un sourire avec Remus et les deux jeunes garçons entreprirent de parfaire l'éducation de Lily sur le merveilleux sport. Pour une raison obscure, Leslie Evans décida à ce moment que le Quidditch était digne de son attention et s'appliqua à tout bien comprendre. Peter fini par venir les rejoindre et, après un long moment de bavardage, ils retournèrent tranquillement au château pour le repas du midi.

À la grande consternation de Remus qui voulait terminer ses devoirs avant de ne plus être en mesure de le faire, la proposition de Sirius d'explorer le château fut acceptée à l'unanimité. Remus n'eut donc pas le cœur de rester à l'écart et, après s'être juré de ne pas perdre sa soirée et sa journée du lendemain, il accepta à son tour. Les choses étant ce qu'elles sont dans le château de Poudlard, ils ne tardèrent pas à se perdre puis à retrouver leur chemin puis à se perdre à nouveau. Ils s'amusèrent donc un bon moment à se retrouver dans les dédales de couloirs, sous les indications des portraits et des fantômes qui voulaient bien leur prêter main forte. Lorsque l'heure du dîné sonna, ils étaient en pleine phase « perdu » à l'intersection de deux couloirs. Sirius confia le soin de retrouver la route à la boussole intégrée de Remus et après quelques minutes de marche, ils finirent par arriver à bon port.

Après un bon repas et une douche rafraîchissante, Remus se plongea dans ses travaux scolaires sans prêter oreilles aux autres suggestions. Après un long soupir, ses amis décidèrent qu'il avait peut-être raison et ce fut à six qu'ils firent leurs devoirs.

- N'empêche, faire des devoirs un samedi soir… C'est presque immoral, murmurait Sirius de temps à autre.

Remus était heureux de ne pas être seul mais son travail s'en retrouva grandement ralenti. Sirius et James, bien qu'exceptionnellement compétents, ne cessaient de dire des bêtises et Peter ne semblait jamais comprendre les choses avant la huitième explication, à la profonde exaspération de Cathy. Puisqu'il semblait être le plus patient du groupe, Remus hérita donc de la lourde tache de répéter les cinq, six, sept et huitième fois. Bien qu'il était content de pouvoir aider quelqu'un, Remus désespérait de ne pouvoir terminer avant le lendemain soir. Il en était à la sixième explication du principe élémentaire de métamorphose lorsque la tête commença à lui tourner. Il savait que son teint devait être devenu fantomatique et que ses yeux devaient être vitreux mais il continua tout de même. Il n'avait pas encore fait la moitié de ce qu'il comptait faire. Une heure passa durant laquelle il devenait de plus en plus faible et tremblant. Il jeta un œil à la fenêtre et aperçut la lune qui l'épiait. Baignée dans une douce lueur argentée, elle se moquait une nouvelle fois de lui. Il ferma les yeux pour ne plus la voir. Il devait se concentrer sur ses travaux. Ne pas penser à la lune. Ne penser à rien et, pour l'amour du ciel, arrêter de trembler. Au bout d'un moment, il sentit quelqu'un lui retirer la plume qu'il avait dans la main. Il ouvrit les yeux et vit que James était en train de fermer le livre qui se trouvait devant lui.

- Oh, non James, je…

- Remus, tu t'es regardé ? Tu vas dormir tout de suite et pas de discussion, dit Lily d'un ton sans réplique en le menaçant de sa propre plume qu'elle avait toujours à la main.

Il ouvrit la bouche pour protester mais James attrapa la plume que Lily avait à la main, la mit dans le sac de Remus et se dirigea vers le dortoir.

- Lily a dit pas de discussion. Il faut écouter Lily ! Allez, dodo, Rémi ! dit Sirius en le forçant à se lever.

Remus n'eut pas la force de résister et se laissa entraîner en direction de son lit. Sirius ne lâcha pas son bras avant qu'ils n'aient atteint son lit. Remus ne sut pas s'il en était agacé ou reconnaissant mais il ne prit pas la peine d'analyser la sensation qu'il éprouvait. James avait déjà déposé son sac au pied de son lit et avait défait ses couvertures. Remus sourit.

- Tu ne comptes quand même pas me border, James ? demanda-t-il.

- Si ça peut te faire plaisir, je peux bien ! répondit James avec un large sourire.

- Ah, non, merci ! Je vais m'en sortir très bien tout seul, comme un grand ! répliqua Remus.

- Oh, notre petit bébé est devenu grand garçon. Ca ne t'émeut pas, Jamesie chéri ? dit Sirius, les mains pressées contre son cœur.

James glissa à côté de Sirius et passa un bras autour de ses épaules. Sirius laissa tomber sa tête sur l'épaule de James. Tous les deux regardaient Remus avec émotion.

- Oui… C'est presque un homme maintenant. On en est fier, répondit James.

Remus prit son oreiller et leur lança à la tête.

- Allez-vous en, bande de nouilles ! dit Remus en riant.

James et Sirius évitèrent l'oreiller de justesse et filèrent hors du dortoir en riant. Remus ramassant son oreiller en secouant la tête. Lorsqu'il se redressa, il réalisa qu'il ne les avait pas remerciés. Il songea un instant à redescendre pour le faire mais sut d'instinct qu'ils s'étaient sauvés en partie pour ne pas qu'il ait à le faire. Il se laissa tomber sur son lit. La culpabilité l'envahit une nouvelle fois, plus forte encore. Remus savait maintenant qu'il avait des amis. De vrais amis. Gentils, drôles et attentionnés. Il ne les connaissait pas encore parfaitement mais il savait qu'il pourrait compter sur eux si le besoin s'en faisait sentir. Comment pouvait-il leur mentir ? Il regarda sur sa table de chevet et vit son bloc de papier à lettre. Et s'il demandait conseil à ses parents ? Il leur avait écrit à quelques reprises depuis qu'il était arrivé mais il ne leur avait pas encore parlé de ses nouveaux amis. Puisqu'il ne s'endormait pas outre mesure, bien qu'il en avait l'air, il attrapa le bloc et prit sa plume et de l'encre dans son sac. Il se doutait bien que sa calligraphie serait légèrement tremblante mais ses parents y étaient habitués. Il s'adossa à ses oreillers et posa le bloc sur ses genoux relevés.

Bonjour papa, bonjour maman,

          Comme vous devez vous en doutez, je suis un peu mal en point aujourd'hui mais j'ai déjà vu pire donc ne vous inquiétez pas. Dumbledore m'a fait savoir que tout était organisé et prêt pour demain et qu'il ne devrait pas y avoir de problème. Je vous écrirais après-demain pour vous assurer du bien être de ma personne et vous pourrez enfin arrêter de vous ronger les ongles jusqu'aux jointures. C'est mon rayon de faire ça, vous savez ?

          Ce matin, on a visité la cour de Poudlard et cet après-midi le château lui-même. C'est vraiment immense et c'est magnifique ! Surtout le lac ! J'aimerais que vous puissiez le voir. Je sais, j'aurais du faire des devoirs durant la journée mais puisqu'ils voulaient visiter, je n'ai pas pu m'empêcher d'y aller avec eux. Mais j'ai essayé de me rattraper ce soir et je vais terminer demain. Promis, je ne me ferais corrompre à rien d'autre, même s'ils se mettent à genoux.

          Je… suppose que vous vous demandez qui peuvent bien être le « on » et le « ils » dont je parle. Et bien, je ne vous en ai pas parlé avant parce… parce que je ne savais pas si c'était passager ou concret. Dans le train, je vous ai dit que j'avais partager mon compartiment avec d'autres premières années. Et bien, je crois que ce sont mes amis maintenant. Trois garçons et deux filles. Ils sont dans la même maison que moi. Sauf pour dormir, quelques commodités de la nature et parce que je me lève tôt, je ne me suis jamais retrouvé seul depuis que j'ai mis le pied dans le Poudlard Express. Ils sont vraiment gentils. Maman, arrête de pleurer. Je te vois presque ! Papa, dis-lui d'arrêter.

          Je vais vous les présenter d'accord ? En ordre alphabétique. Il y a Sirius Black. Un type marrant aux cheveux et aux yeux noirs. Il a un sens de l'humour et de la réparti tordant. Il m'appelle Rémi et je déteste ça. Mais il m'appelle aussi « mon p'tit pote » et ça, ça me plait beaucoup. Ensuite, il y a Leslie Evans. Elle veut qu'on l'appelle Lily. Ca lui va très bien. Elle est presque rousse et à des grands yeux verts. Elle est douce et gentille. Elle vient d'une famille de moldus. Il y a plein de chose qu'elle ne connaît pas mais elle comprend très vite. Elle est vraiment gentille avec moi et elle me prend souvent par le bras lorsque nous marchons. Ça fait bizarre. Ensuite, il y a Peter Pettigrow.  Lui, je crois qu'il me trouve étrange mais il est gentil quand même. Il n'est pas très grand, des cheveux bruns et des yeux bruns. Il n'est pas très fort dans les cours et je dois tout lui réexpliquer mais je l'aime bien quand même. Par contre, je crois que Cathy ne l'aime pas du tout. James Potter est le suivant. Vous avez entendu parler des Potter ? Et bien, c'est leur fils. Il a des lunettes rondes et ses cheveux noirs sont toujours en bataille. Sirius se moque toujours de lui avec ça. Il veut être dans l'équipe de Quidditch, bien sûr. Il est vraiment très très gentil. Il sait que je ne suis pas comme les autres. Il ne sait pas comment mais il le sait et il ne dit rien et ne pose aucune question. Il est très intelligent, comme les autres d'ailleurs… sauf peut-être Peter. Puis il y a Catherine White. Elle, elle veut qu'on l'appelle Cathy. Blonde aux yeux bleus, elle est comme Sirius. Ils sont vraiment très drôles tous les deux ensemble.

          Bon, je vous en parlerais peut-être plus, plus tard. C'est à cause d'eux que j'ai eu envie de vous écrire au lieu d'écouter les recommandations de Lily, James et Sirius et de dormir. Je… je ne sais pas quoi faire ! Ils devraient le savoir. Ce n'est pas juste de leur mentir, de leur cacher la vérité. Je ne vous demande pas de décider pour moi mais je voudrais juste votre avis. Est-ce que je dois rester leur ami ? Ils sont vraiment malins, ils vont finir par le savoir un jour. Je ne sais pas quoi faire. Je vais y réfléchir demain, en attendant… Je n'ai que ça à faire, réfléchir… Je voudrais simplement votre avis. Je…

          Hum… J'ai pris plus de temps que je ne l'avais cru pour écrire et là, j'ai James et Sirius qui me regardent, les bras croisés en tapant du pied. J'ai quand même la permission de terminer ma lettre. Ils vont la poster pour moi une fois que je l'aurais cacheté et adressé. Ils vous disent « bonjour ! » et Sirius dit que vous avez créé un Dieu des échecs avec une boussole intégrée. Je vais donc vous laisser tout de suite et aller me coucher avant que James décide de me border pour vrai.

                                           Je vais vous écrire lundi,

                                           Je vous aime tous les deux

                                                                   Remus

P.S. Puisque Orion n'est pas encore revenu, Sirius va me prêter Sacha, sa chouette lapone. Il dit qu'elle est très gentille même si elle n'en a pas l'air et que si Orion est toujours à la maison, de faire attention parce qu'elle a un œil dessus. Je crois que ce serait mieux que je ne répète pas ce que James vient de dire sur la taille respective des hiboux.

La journée du lendemain fila à une vitesse impressionnante. Remus ne prit que le temps de manger et se replongea dans ses études. Ses amis, un peu moins rigoureux, étaient moins concentrés et faisaient beaucoup de « pauses cérébrales », comme les avait appelées Cathy. Ils ne restaient jamais bien loin de la table de Remus, jouant aux échecs ou aux cartes auto-battantes. Évidemment, leur présence n'aida guère Remus. Il allait à moitié moins vite qu'il aurait été habituellement. Ce n'est donc qu'en fin d'après-midi qu'il put enfin laisser tomber sa plume et essayer de relaxer. Il avait espéré finir plus tôt. Il préférait avoir du temps libre avant, pour se calmer et prendre tout le repos que son corps voulait bien accepter en de telles circonstances. Il se renversa sur sa chaise et ferma les yeux.

- Fini ? demanda Sirius sans lever le nez de son livre.

- Ouaip ! Complètement et définitivement, répondit Remus.

- T'en as de la chance, dit Peter dans un soupir.

Remus ne répondit pas et se contenta de sourire. Il ne bougea pas d'un centimètre pendant un bon moment, écoutant le son des plumes qui grattaient sur les parchemins. Puis, lorsque la porte de la salle commune s'ouvrit, Remus sentit que l'heure du repas du soir était arrivée mais il n'en souffla pas mot à personne. Une bonne partie des élèves se dirigèrent vers la sortie et au bout d'un moment, Peter s'en rendit compte.

- Oh, on va manger ! s'exclama le jeune garçon.

Sans ouvrir les yeux, Remus sentit que Peter se jetait presque sur la table pour ranger ses affaires. Remus n'avait pas envie de bouger, il était bien et il voulait profiter du moindre moment de béatitude que pouvait lui offrir cette journée. Même le « toc » étrange qu'il entendit ne le sortit pas de sa torpeur. Par contre, l'exclamation horrifiée de Sirius et une multitude de mouvements précipités autour de lui le força à ouvrir les yeux. Le jeune Black tenait dans ses mains des parchemins dégoulinants d'encre noire et fusillait Peter du regard.

- Pardon… murmura Peter qui s'était recroquevillé sur sa chaise.

- Tu aurais quand même pu faire attention ! gronda Cathy.

La jeune fille, les mains pleines d'encre, relevait la bouteille et essayait d'empêcher le liquide de couler sur ses propres parchemins. James et Lily essayaient d'éponger la table avec de vieux parchemins. Selon toute évidence, dans son empressement à se rendre à la grande salle, Peter avait renversé une bouteille d'encre sur le travail de Sirius.

- Outch, ton travail est fichu Sirius ? demanda Remus en s'armant d'un vieux linge qui traînait dans son sac pour aider James et Lily.

Comme Sirius ne lui répondait pas, Remus leva les yeux vers lui. Sirius le regardait avec un air embarrassé. Un silence s'installa durant lequel une terrible pensée germa dans l'esprit de Remus. Il baissa lentement les yeux sur la table. Son travail de recherche, celui qui lui avait prit le plus de temps à faire, avait disparu. Il sentit ses épaules s'affaisser. Il n'aurait jamais le temps de le refaire. Il jeta un œil désespéré aux feuillets que tenait Sirius.

- Je suis désolé, je n'ai pas été assez rapide. J'espère que tu as encore le brouillon parce que ton propre est foutu, mon p'tit pote, dit Sirius d'une voix consternée.

- Je… ne fais jamais de brouillon, répondit Remus en se laissant tomber sur sa chaise.

Tout le monde eut une grimace de désolation. Remus poussa un profond soupir et ferma les yeux. Il soupira à nouveau et recommença à éponger la table.

- Je… m'excuse, dit Peter avec une toute petite voix.

Remus ne répondit pas. Il se leva pour aller chercher d'autres linges pour laver la table. Personne ne parla pendant qu'ils ramassaient le dégât ni lorsque qu'après s'être nettoyé les mains, ils descendirent manger. Remus prit son repas en vitesse et se leva promptement de sa chaise.

- Mais enfin, Remus, ce n'est pas une course ! Je sais bien que c'est ma faute si ta recherche est à refaire mais tu as toute la soirée ! dit Peter en le voyant se diriger vers la sortie.

- Non, je ne l'ai pas, dit Remus d'un ton sec.

Il regretta aussitôt ses paroles et tourna les talons pour remonter à la salle commune. Il travaillait d'arrache pied depuis déjà un bon moment lorsque ses amis remontèrent. Ils reprirent place autour de lui et firent bien attention à ne pas le déranger. Mais la fatigue du travail abattu dans la journée additionnée à sa condition et au stress qu'il avait de terminer à temps eurent raison de lui. Il se mit bientôt à trembler et lorsque les dernières lueurs du soleil annoncèrent le début de la nuit, sa concentration était pratiquement à néant. Il persévéra néanmoins sous les regards de plus en plus inquiets des gens autour de lui.

« allez, faut que tu le fasses, il faut que tu le fasses. Allez ! »

Remus ne cessait de se répéter cette phrase tout en jetant régulièrement un coup d'œil à sa montre. L'heure avançait et sa recherche n'était toujours pas terminée. Malheureusement, elle était prévue pour le lendemain matin, il n'eut donc d'autres choix que de drainer toute son énergie. Sa main tremblante filait à toute allure sur le parchemin et malgré le fait qu'il tournait de plus en plus de l'œil, il réussit à se concentrer assez fort pour finaliser une nouvelle fois sa recherche. Aussitôt le dernier point placé, il jeta un coup d'œil à la fenêtre. Le soleil était déjà couché et la noirceur avait envahi le parc de Poudlard. Remus déglutit difficilement et rangea rapidement sa recherche, sa plume et son encrier dans son sac. Il était déjà très tard… La fatigue s'empara de lui comme jamais auparavant. Il prit appui sur la table et secoua la tête. Il regarda ses amis. Sirius et James étaient déjà à demi-levés et le regardait d'un air consterné. Remus n'osa pas regarder les autres.

- Euh… pourriez-vous monter mon sac… s'il vous plait, demanda Remus à Sirius et James.

- Oui bien sûr mais… dirent-ils en chœur.

- Merci ! les interrompit Remus.

Il tourna les talons et se dirigea vers la sortie aussi rapidement possible. À mi-chemin, la porte s'ouvrit pour laisser passer Mme Pomfresh qui semblait au bord de l'hystérie. Elle fila droit sur Remus, l'attrapa par le bras et sortit rapidement en entraînant Remus à sa suite.

- Mais enfin, dans quel état t'es-tu mis et qu'est-ce qui t'as retardé, mon garçon ? demanda Mme Pomfresh une fois qu'ils furent sortis dans le couloir.

- Et bien, j'ai dû recommencer une recherche pour demain matin et je viens tout juste de la terminer.

- Allons, allons, ce n'est pas une raison pour t'épuiser ! Tu auras bien besoin de force lorsque…

L'infirmière ne termina pas sa phrase. Les mots moururent dans sa gorge. À la grande surprise de Remus, qui était convaincu qu'elle serait horrifiée de devoir s'occuper de lui, elle semblait apte à le comprendre. Ils n'échangèrent plus une parole jusqu'à ce qu'ils se retrouvent dehors, devant le saule cogneur.

- Le truc, c'est d'appuyer sur le nœud, expliqua Pomfresh en prenant un grand bâton.

Remus la regarda faire puis la suivit sous le saule. Ils marchèrent un moment puis arrivèrent à une maison qui bientôt, serait connue de tous sous le nom de « cabane hurlante ». Elle lui fit faire un rapide tour du propriétaire puis elle le conduit à la chambre à coucher. Remus se laissa tomber sur le lit.

- Merci… murmura-t-il.

- Oh, mais tu n'as pas à me remercier mon garçon, répondit Pomfresh avant de tourner les talons.

Elle s'arrêta dans l'embrasure de la porte pour lui jeter un dernier coup d'œil. Elle ouvrit la bouche pour dire quelque chose mais se ravisa. Elle tenta un dernier sourire et s'en alla en silence. Remus lui en fut reconnaissant. Il n'y avait rien à dire. Rien du tout. Il l'entendit sortir de la maison et verrouiller l'accès. Au bout d'un moment, il s'allongea sur le dos et attendit. Sa respiration lui était maintenant difficile et il tremblait comme cela lui était rarement arrivé jusqu'à ce jour. Il n'avait plus d'énergie pour bouger, il n'avait plus d'énergie pour réfléchir. Il resta donc là à attendre que la douleur l'envahisse et qu'il perde conscience de lui-même.

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James était bouche-bée. Comment, diable, est-ce que Mme Pomfresh savait que Remus était malade. Il tourna la tête vers Sirius qui fixait la porte avec stupéfaction.

- Bon sang, elle a un radar ? demanda Sirius.

- On dirait bien oui… répondit Cathy d'une voix éteinte.

James ne répondit pas et reprit place à la table. Remus savait qu'il allait être malade. C'est pour ça qu'il avait tenu à terminer ses devoirs si tôt et qu'il avait eut l'air si désespéré lorsque Peter avait échappé son encrier sur sa recherche. Il savait qu'il allait devoir aller à l'infirmerie. Ca devait lui arriver souvent. Il avait l'air tellement… faible lorsqu'on le regardait rapidement. Mais qu'est-ce qu'il était fort ! Sa malle devait bien peser deux fois plus que la sienne et il la traînait tout seul. Et il était rapide, le bougre. Plus rapide que lui. James avait bien remarqué qu'il avait ralentit à sa cadence lorsqu'il l'avait rattrapé. Cette longue course ne l'avait même pas essoufflé. Oui, Remus Lupin avait décidément quelque chose d'étrange. Il n'était pas comme les autres. Il y avait quelque chose en lui qui le rendait à part des autres. Son instinct lui dit que jamais Remus ne lui dirait ce qu'il avait à cacher. James décida donc d'accepter la différence mystérieuse de Remus. Une semaine à peine s'était écoulée depuis qu'il l'avait rencontré mais James savait déjà qu'ils seraient amis longtemps tous les deux. Remus était quelqu'un d'attachant et quelque chose dans son regard poussait James à prendre soin de lui.

James essaya de se concentrer sur ses devoirs mais ses pensées revenaient toujours vers Remus. Il se doutait qu'il en était de même pour les autres personnes présentes à la table. James tourna le regard vers la fenêtre et son regard erra vaguement sur les étoiles. Au bout d'un moment, il secoua la tête et retourna son attention sur ce qui lui restait à faire. Il parvint à terminer ses travaux mais Remus resta toujours là, dans un coin de son cerveau.