Disclaimer : 'Harry Potter' appartient à JKR. Seules Anna Jones et l'histoire sont de moi...
Rating : Général.
RAR : Merci à mes premiers revieweurs, Xaebhal, Missannie et Csame. Longue vie à vous trois !
N / A : Ce chapitre est mon favori parmi tous ceux que j'ai écris. J'espère que vous l'aimerez aussi.
Chapitre 2 : Première soirée (catastrophique) à Poudlard.
Après avoir donné un sort de réduction à son unique valise, ce qui avait provoqué la surprise de ses amis Gryffondors 'me d'mande bien pourquoi d'ailleurs. Ils pensent peut-être qu'une sorcière aveugle n'est pas une sorcière à part entière ? ', Anna descendit sur le quai. Le vent s'engouffra dans ses vêtements, faisant voler ses longs cheveux dans tous les sens. La jeune fille, frissonnante, resserra sa robe autour de ses épaules. Toute l'excitation qui l'animait ce matin l'avait quittée. À présent elle était totalement morte de peur. Pourtant, le voyage à bord du Poudlard Express c'était relativement bien passé (sauf les injures proférées par ce Draco Malfoy. Cela dit, il semblait à Anna que ce garçon n'aimait pas grand monde…)
La principale crainte d'Anna était d'être rejetée par les autres à cause de sa cécité et de son visage… Personnellement, ça n'était plus un problème pour elle. Elle était habituée à vivre dans un brouillard presque total (quand il faisait bien jour, ou à la rigueur à la lumière de la pleine lune, elle pouvait distinguer la forme des choses, leurs contours, mais jamais plus). Cependant, elle savait que le regard que les autres portaient sur elle n'était jamais neutre, balançant entre le dégoût et la pitié. Et Anna détestait cela. Elle avait misé sur le fait qu'ils pourraient passer outre, s'habituer à son apparence (Neville, qui était le seul ami de son âge qu'elle ait jamais eut l'avait bien fait… Oui, mais Neville était gentil, incapable de faire du mal à une mouche ! Et puis, vis-à-vis de sa grand-mère, il avait bien été obligé de l'accepter). D'un autre côté, les amis qu'il lui avait présenté pendant le voyage s'étaient aussi très bien comportés avec elle, bien qu'Anna ait clairement ressentie la réticence première de Harry Potter et ensuite celle de Ron Weasley. Mais, si c'était une erreur finalement ? Si elle était rejetée ? Si Albus Dumbledore décidait qu'il ne pouvait rien faire pour l'aider et la renvoyait chez elle ? Jamais Anna n'aurai le courage de revenir chez sa grand-tante la tête basse, vaincue : elle avait tellement insisté pour venir ! Non ! Elle se battrait pour être acceptée !
Sur ces pensées particulièrement optimistes, une fois n'est pas coutume, Anna repris pied dans la réalité qu'elle avait quelque peu quitté depuis une ou deux minutes. En fait, c'était une habitude chez elle, de s'évader dans ses pensées.
- Les premières années, par ici !, aboya soudain une voix venue de nulle part. Ou plutôt que Anna ne pouvait voir.
Derrière elle, la jeune fille entendit l'exclamation effarée de ses compagnons de voyage.
- C'est le professeur Rogue, chuchota à son oreille la douce voix de Ginny Weasley. 'Rogue, le fameux professeur des potions : le mal embouché !' Anna se souvenait de ce que ses compagnons de voyage lui avaient expliqué à son propos, et eut un léger frisson d'appréhension. Ou peut-être est-ce le froid…
Ginny continua son explication :
- Habituellement, c'est Hagrid, le garde-chasse qui conduit les premières années sur le lac. Je me demande…
- Allez ! Dépêchez vous !, criait ledit remplaçant.
Anna dansa d'un pied sur l'autre, indécise. Elle savait, pour l'avoir lu dans La Grande Histoire de Poudlard, que les élèves de première année arrivaient au château en traversant le lac. Cela laissait ainsi le temps aux autres élèves de s'installer dans la grande salle en attendant la répartition. D'un côté, Anna n'était pas une première année. Mais d'un autre côté, elle n'avait jamais été répartie non plus. 'Merlin, je n'avais vraiment pas pensé à ça !' 'Tu t'attendais peut-être à ce que quelqu'un soit là, tout spécialement pour te renseigner ?' 'Euh… quelque chose comme ça…'. Ginny Weasley, pressentant son embarras, saisi sa main et l'entraîna vers la gauche. Les calèches.
- Ginny, je ne suis pas sûre que
Une voix glaciale s'éleva par-dessus le brouhaha des élèves, interrompant sa phrase :
- TOUS les nouveaux sont priés de venir avec moi, miss Jones. Je pensais qu'il était clair qu'en venant ici vous ne bénéficieriez pas de traitement de faveur…
'Le chameau !'. Anna sentit la main de Ginny Weasley se crisper dans la sienne.
- Désolée…, dit Ginny.
Anna lui adressa un petit signe de la tête pour lui faire comprendre que ce n'était pas grave. Puis, lâchant sa main (dernier rempart contre l'inconnu), le menton haut, elle se fraya un passage entre les groupes d'élèves, en direction de l'endroit où avait retentie la voix du professeur Rogue. Celui-ci aboyait encore ça et là des ordres, mais il semblait à Anna qu'elle faisait partie des derniers élèves à prendre place dans une embarcation : les conversations, les pleurs et les cris avaient progressivement fait place au silence.
Elle distinguait maintenant le clapotis de l'eau contre la coque des bateaux. Aidée d'un bras salutaire et anonyme, Anna se hissa vaillamment sur un des bateaux.
Avec horreur, tâtonnant, la jeune fille remarqua que celui-ci était à peine plus grand qu'une coquille de noix et semblait à peu près aussi stable qu'un balai volant !!! À chaque fois que quelqu'un venait s'y asseoir, il tanguait dangereusement sur la gauche, puis sur la droite, et à nouveau sur la gauche…Vers le fond… Anna sentit les battements de son cœur s'accélérer brusquement, tandis qu'une fine pellicule de sueur recouvrait son front…
Enfin, le bateau se mit à avancer. 'Tout va bien, je suis calme', se répétait-elle mentalement avec les intonations d'un moine bouddhiste.
Les mains de Anna, crispées sur le rebord de l'embarcation recevaient, à chaque nouvelle vague, des petites gouttes d'eau glacée. Mais, la jeune fille pris rapidement conscience que le bateau était beaucoup plus stable que ce qu'il en avait l'air. Autour d'elle ses compagnons de galère, 'super, tu fais des jeux de mots, en plus !', bref, ses compagnons de galère s'étaient remis à parler joyeusement. Contre toute attente, leurs conversations bruyantes la rassuraient. 'Si quelque chose n'allait pas, ils ne pipletteraient pas comme ça'. Ses battements cardiaques se calmèrent pour revenir plus ou moins à la normale. Les muscles de ses mains se relaxèrent.
Finalement, cela ne se présentait pas si mal. D'ailleurs, Anna savait qu'en venant à Poudlard elle rencontrerait des difficultés de toutes sortes. 'Et bien voilà, tu viens de surmonter la première !'. À nouveau songeuse, Anna ne remarqua pas que l'embarcation s'était remise à tanguer violemment sous ses pieds. Malheureusement, elle n'entendit que trop tard le cri alarmé d'un élève :
- Baissez-vous !!!
'Se baisser ? Mais pourquoiaaaaaaaaaaaaahhhhhhhhhhhh !!!!!!!!'
Le résultat fut immédiat. La seconde d'après, Anna, heurtée de plein fouet par un objet qu'elle identifia comme une sorte de gourdin froid et gélatineux, se retrouva projetée hors du bateau, dans l'eau glaciale du lac. Le hurlement qui s'échappa de sa bouche fut noyé par les tonnes d'eau salée qu'elle avala. Agitant frénétiquement les bras et les jambes, Anna tenta de revenir à la surface. Impossible. Elle réalisa alors qu'elle n'était pas seulement tombée dans le lac, mais que QUELQUE CHOSE, 'une bête !!!', l'y avait attirée. Ce quelque chose était actuellement accroché à sa cheville gauche et l'entraînait à sa suite. Anna ne pouvait pas se dégager. 'Par Merlin, je suis prise au piège ! Je vais me noyer !'. Un cri d'alarme résonnait dans sa tête.
Panique. Terreur. Elle sentait d'autres CHOSES, 'des tentacules !!!', l'effleurer de partout tandis qu'elle continuait sa course rapide, 'trop rapide', à travers les profondeurs hostiles du lac.
'Non !'. Au prix de gesticulations périlleuses, la jeune fille réussit à attraper sa baguette magique qui se trouvait dans sa poche. La dirigeant vers la bête, 'énorme', qui la tenait, elle hurla de toutes ses forces (qui commençaient à décliner) :
- Stupefix !
… et quelques bulles sortirent de sa bouche, ses poumons se remplirent à nouveau d'eau, mais rien ne se passa ! Sa chute vers le fond du lac continuait inexorablement. Anna entendait très distinctement des chuchotements, 'des borborygmes' : pas humains, pas non plus vraiment animals qui lui glacèrent les sangs. Ils semblaient s'adresser à ELLE ! 'Cette chose me parle !'. Et elle ne lui paraissait pas proprement amicale…
Dans un dernier sursaut d'espoir, Anna plongea en avant, le bras tendu, sa baguette le prolongeant et… et elle l'enfonça profondément dans la masse gluante de la bête. Brusquement, autour d'Anna, tous les tentacules de la chose se mirent à braser dangereusement des torrents d'eau, menaçant de l'aspirer. La jeune fille fut à nouveau tirée puis projetée. Lorsqu'elle sentit le contact froid du vent sur ses vêtements trempés, Anna sut qu'elle était hors de l'eau. Mais la bête la tenait toujours par la cheville et la secouait dans tous les sens, visiblement affolée (agacée) par le traître coup de baguette que la jeune sorcière venait de lui infliger.
À présent, Anna, pouvait entendre les cris d'effrois des élèves tout autour d'elle. Et ils semblaient si nombreux qu'elle comprit bientôt que probablement TOUS les habitants du château (élèves ET professeurs) assistaient à son supplice. Mais pourquoi aucun de ces imbéciles ne l'aidait !!!
À la même seconde, un sifflement et un courant d'air chaud frôlèrent son visage et touchèrent la bête de plein fouet. Quelqu'un venait de lancer un sort. 'Mon sauveur !'. Anna sentit les membres gluants de la chose se crisper. Avec un hurlement de souffrance, clairement inhumain cette fois-ci, la bête lâcha enfin sa cheville endolorie et Anna fut projetée dans les airs.
- AAAAAAAaaaaaaaaaaaahhhhhhhh !!!!!!!!
Elle aurait pu se rompre le cou si un sort de lévitation n'avait amortit sa chute. 'Encore mon sauveur…'.
Anna atterri lourdement sur le sol. Fini, c'était fini !
Tout tournait autour d'elle, comme si le sol dansait avec le ciel. Le bas avec le haut. La gauche avec la droite. Tentant de reprendre pied, Anna leva les yeux vers son 'sauveur'. Elle distinguait très très vaguement une silhouette humaine : grande et maigre, toute en angles. Anna voulu se relever. Elle glissa. 'Probablement la boue'. Ses oreilles bourdonnaient, mais elle fut consciente d'éclats de voix dans le lointain. La jeune fille tenta à nouveau de se lever, s'agrippant à la robe du sorcier qui se tenait devant elle. Malheureusement, l'effort qu'elle dû produire était de trop : ses poumons encore gonflés de l'eau du lac protestèrent. Dans une ultime tentative pour respirer, Anna recracha toute cette eau… sur la robe du sorcier qu'elle tenait toujours entre ses doigts. 'Ouf !'.
Soudain, elle fut violemment rejetée en arrière quand l'homme, son 'sauveur', récupéra sa robe. Une voix glaciale qu'elle commençait à connaître dit :
- Evanesco !
L'horreur s'insinua dans le cœur de Anna aussi rapidement que l'eau du lac l'avait fait dans ses poumons : elle venait de vomir sur le PROFESSEUR ROGUE !!! Et à en juger par les éclats de rire qu'elle percevait maintenant très distinctement, elle venait de le faire devant l'école entière !
- Miss Jones, articula le professeur Rogue, d'une voix déformée par la fureur, on m'avait parlé de votre… votre handicap. Mais je ne pensais pas que vous étiez atteinte à ce point…
Visiblement, il éprouvait beaucoup de mal à se retenir.
- Levez-vous, dit-il.
Anna se leva, titubant maladroitement. Les rires ne semblaient jamais vouloir se calmer.
- Vous êtes pathétique !, lui lança-t-il avec un profond mépris.
Anna sentit son cœur se briser dans sa poitrine, très, trop, consciente de la situation dans laquelle elle se trouvait pour protester contre les horreurs que lui susurrait le professeur des potions. Elle percevait que tous les regards étaient posés sur eux deux, rivés sur son visage à elle. Et elle savait ce qu'ils voyaient tous : pas seulement une jeune fille pitoyablement mouillée et boueuse, mais également sa cicatrice, ses déformations… Sa cécité. Anna baissa la tête, incapable d'en supporter plus. Son humiliation était complète.
Anna sentit ses yeux la brûler. Machinalement elle essuya du revers de la main la larme unique qui roulait le long de sa joue gauche, suivant le petit sillon de sa cicatrice.
Non ! Elle ne leur ferait pas ce plaisir, ils ne la verraient pas pleurer ! Pourtant, ça n'était pas l'envie qui lui en manquait… Oui, se coucher, là, sur le sol, et pleurer toutes les larmes de son cœur…
Désespoir…
Mais, plus que tout, c'était la colère qui l'habitait en ce moment. Anna restait hébétée devant tant d'injustices : pourquoi avait-il fallu que ce soit ELLE qui tombe dans le lac ? Pourquoi le calamar géant l'avait-il attaqué ? Pourtant, si Albus Dumbledore le tolérait à Poudlard c'était qu'il devait être inoffensif ! Et pourquoi, pourquoi, avait-elle vomit sur le professeur Rogue ? Maintenant il allait la haïr, c'était sûr ! Et celui-là, pourquoi l'avait-il aidé pour mieux l'humilier après ? Elle aurait voulu le tuer, le torturer de la manière la plus horrible et douloureuse qui soit ! Lui jeter un endoloris ou bien l'étriper avec une petite cuillère… Arrrgggghhhh !!!
Désespoir, colère, tout un flot de sentiments contradictoires, embrouillés, douloureux, étouffants, lui étreignait le cœur.
Puis, une légère chaleur à la base de son cou ramena Anna à la réalité. D'un geste compulsif, elle serra dans sa main le petit médaillon qu'elle portait dissimulé sous ses vêtements.
'Oui, tu as raison maman, je vais me calmer.'
Il s'agissait d'une pierre unique, ronde et polie, sertie dans un motif d'entrelacs végétaux. C'était la seule chose ayant appartenue à sa mère qu'Anna possédait encore. Tout le reste avait été détruit. Et personne, pas même sa grand-tante, ne savait qu'elle en avait hérité.
Un jour, quelques mois après… après le terrible accident dans lequel sa mère avait péri, Anna l'avait trouvé, mystérieusement caché au milieu de ses propres affaires d'enfant… Depuis, le médaillon la guidait : à chaque fois que la jeune fille ressentait des émotions fortes, il se mettait à irradier de la chaleur. Comme à cet instant.
- Aaaatchoummmmmmmm…………………
Immédiatement, sa colère retomba. Anna se représentait mentalement la scène : elle, toute seule sur le bord du lac (elle avait entendu le professeur Rogue s'éloigner après lui avoir craché qu'elle était pathétique), frigorifiée, dégoulinante d'eau et de boue, sa baguette magique envolée… Elle en aurait presque rigolé. Jamais elle n'aurait imaginé sa rentrée aussi catastrophique : cette fois, elle en était sûre, rien de pire ne pouvait lui arriver !
- Atchoummm !!!
'Zut, et en plus je vais m'enrhumer !' pensa Anna.
Au loin, une femme à la voix autoritaire disait aux élèves de regagner le château 'et plus vite que ça !'. Déjà les éclats de voix s'éloignaient, pour ne devenir qu'un faible murmure. Anna soupira de soulagement : on ne faisait déjà plus attention à elle et à son malheur !
(Soit dit entre parenthèses, c'était bien mal connaître Poudlard et ses habitants que de penser cela, mais Anna est nouvelle, ne l'oublions pas : en fait, quasiment TOUTES les conversations des habitants de Poudlard tournaient autour d'elle et de sa mésaventure.
Cela allait de Draco Malfoy, ricanant :
- La sale petite garce ! Elle l'a bien mérité !,
en passant par Madame Pomfresh, atterrée :
- Pauvre petite chérie, elle doit être glacée ! J'ai toujours dit à Albus que faire arriver les nouveaux par le lac c'était dangereux…,
et enfin Dennis Crivey :
- … et alors le calamar gigantesque m'a regardé droit dans les yeux et m'a dit : 'tu vas mourir, petit humain', mais il ne me faisait pas peur ! J'ai… blablablabla…
Heureusement pour notre pauvre petite Anna, elle n'entendait rien de tout cela !)
Pour l'instant elle était occupée dans par une tâche fastidieuse mais néanmoins capitale : la chasse à la baguette magique. Un genou à terre, tâtonnant le sol autour d'elle, Anna mis enfin la main dessus au bout de quelques secondes. 'Ouf !'
Puis, se laissant guider par le bruit des pas qu'elle distinguait tout près d'elle, la jeune fille rejoignit le cortège des premières années qui se dirigeaient vers le château. La marche fut rapide. Instinctivement, Anna compta le nombre de pas qui séparaient le lac des portes de Poudlard : 361. C'était sa manière à elle de s'orienter depuis qu'elle était aveugle.
Après un court moment d'attente dans l'imposant hall d'entrée du château (qui résonnait beaucoup trop au goût de Anna, sensible aux bruits par nature et parce qu'elle avait ce sens particulièrement développé), les élèves furent enfin introduits dans la Grande Salle.
La jeune fille en avait lu de très nombreuses descriptions et bien qu'elle ne pouvait voir la pièce, elle se la représentait très bien mentalement : le plafond figurant un ciel, les quatre tables correspondant aux quatre maisons, présidées par la table du personnel enseignant avec l'aimable Albus Dumbledore au milieu, les centaines de bougies allumées … Il sembla même à la jeune fille qu'un courant d'air froid passait près d'elle : était-ce Nick-quasi-sans-tête, Peeves, le Baron sanglant ? À en juger par les cris d'effrois de ses voisins, Anna misa sur le Baron sanglant… Bref, malgré sa cécité, Anna, comme n'importe quelle personne qui pénétrait pour la première fois dans la Grande Salle, pouvait aisément en ressentir tout le charme. Finalement, n'était-ce le froid qui la glaçait, bien que les cheminées avaient été admirablement alimentées grâce au soin des elfes de maison, l'excitation reprenait le dessus chez la jeune sorcière. Ses malheurs étaient déjà oubliés (du moins momentanément !).
Le professeur McGonagall, la femme à la voix sèche et autoritaire qui s'était présentée à eux dans le hall, conduisit Anna et les premières années à travers les tables. Le brouhaha des éclats de voix, assourdissant au moment de l'arrivée des nouveaux dans la Grande Salle, n'était plus maintenant qu'une mer de murmures : provenant de toutes parts, très nombreux et finalement tout aussi bruyants.
Alors qu'elle passait à côté de la table des Gryffondor, Anna reconnu la voix d'Hermione Granger :
- Secohabit !
L'instant d'après, les vêtements d'Anna étaient à nouveau secs, chauds et confortables. Une main pressa furtivement son bras et Ginny Weasley lui chuchota rapidement à l'oreille :
- N'ai pas peur, Anna, tout va bien se passer ! Je suis sûre que tu seras à Gryffondor avec nous !
Maintenant, toute réchauffée qu'elle était par le sort d'Hermione et par ces marques d'affection, Anna se sentait vraiment beaucoup mieux. De plus, bien qu'elle se concentrait sur celle-ci, nulle part elle n'entendait la voix du terrible professeur Rogue. Anna adressa un petit sourire de gratitude en direction des deux jeunes filles gryffondor.
Quand elle heurta le dos du jeune garçon qui marchait devant elle et qui émit un mécontent et sonore 'Ouille !', Anna sut qu'ils avaient atteint le milieu de la Grande Salle.
Il y eut des bruits, comme des raclements sur le sol qu'Anna ne savait comment interpréter. De pressants : - chut !, mais chut ! ça va commencer , se faisaient entendre de toutes parts.
La cérémonie de la réparation allait commencer. Soudain, provoquant un violent sursaut chez Anna, une voix étrange et un peu nasillarde, claironna à tue tête rompant le silence ambiant :
« Il y a déjà bien longtemps de cela
ce cher Gryffondor m'ensorcela,
je suis le choixpeau magique
et ma fonction unique
est de procéder à la répartition
des nouveaux élèves dans une des quatre maisons.
À Gryffondor vont ceux
dont le cœur est courageux.
Pouffsouffle accueille dans ses rangs
Tous ceux qui travaillent avec acharnement.
Mais si vous êtes rusé comme un renard,
vous rejoindrez Serpentard.
Enfin, pour les plus intelligents
c'est Serdaigle assurément.
Mais avant d'arriver à la répartition
voici d'autres mots de mon invention :
bien que rangé dans un placard
et toute l'année plongé dans le noir,
du monde des sorciers
je suis le témoin privilégié,
dont j'entends et je sens
le danger latent et grandissant.
Écoutez mon avertissement :
En personne n'ayez confiance,
ne vous fiez pas aux apparences !
Le passé n'est pas toujours passé,
le présent il menace périlleusement,
et le futur il peux réduire à néant !
Ceci jamais n'oubliez !
Et que la répartition commence !
Un murmure d'étonnement parcouru la Grande Salle : apparemment, la chanson avait troublé les élèves des autres années. 'Mais pourquoi ?' pensa Anna. Personnellement, elle la trouvait un peu stupide cette chanson : qu'est-ce que pouvait être le passé s'il n'était pas le passé ? 'N'importe quoi !' Quant à ne pas se fier aux apparences… Anna en savait quelque chose, sur les apparences. Elle aurait pu écrire une dissertation de 50 rouleaux de parchemin, au moins, sur ce sujet ! Elle aurait bien aimé que les élèves (et certains professeurs) réfléchissent sur cette partie de la chanson et fasse le lien avec elle : peut-être qu'elle passerait une meilleure année !!!
Maintenant, le professeur McGonagall, dans un bruit de papier froissé, disait aux nouveaux élèves, toujours debout :
- Quand j'appellerai votre nom, vous mettrez le chapeau sur votre tête et vous vous assiérez sur le tabouret. Lorsque le chapeau annoncera le nom de votre maison, vous irez prendre place à la table correspondante. Je commence : Brain, Thomas !
Non loin de Anna, il y eu un remous parmi les élèves de première année pendant que le fameux Brain, Thomas se frayait un passage vers le choixpeau magique. Après un court instant, la petite voix nasillarde prononça :
- Poufsouffle !
Quelques applaudissements se firent entendre à l'une des tables sur la gauche de Anna.
- Brownings, Clovis !
- Gryffondor !
Tonnerres d'applaudissements.
Et la répartition se poursuivait, laissant une Anna de plus en plus nerveuse. La jeune fille n'avait pas d'idée bien définie quant à la maison qu'elle voulait intégrer : elle était à Poudlard et c'était tout ce qui comptait !
- Ibrahim, Isabella !
- Poufsouffle !
Non, ce qui terrifiait tellement Anna c'était d'être exposée à tous les regards…
- Jones, Anna !
Timidement, Anna s'approcha. Le professeur McGonagall la guida jusqu'à un petit tabouret. Une pression de sa main sur son épaule lui intima de s'y assoire. Enfin, elle la coiffa le fameux chapeau magique.
- Tiens, tiens, une cinquième année !
Anna sursauta, 'le chapeau lui parlait !!!'
- Bien sur que je parle… Voyons voir… Difficile à ton âge… Ton caractère est déjà formé. De l'intelligence, beaucoup d'imagination… Dans quelle maison te vois tu aller ?
'Je ne sais pas'
- Vraiment ! Sais-tu que j'ai déjà envoyé tous les membres de ta famille à Serpentard ?
'QUOI !!! Ma famille ?' Bien qu'Anna avait prétendu devant sa grand-tante et toutes les personnes qui le lui demandaient qu'elle voulait aller à Poudlard pour obtenir ses BUSEs et à la limite se faire des amis de son âge, ça n'était pas sa raison profonde. Non, Anna souhaitait ardemment apprendre des choses sur sa mère et sur son père qu'elle ne connaissait pas. Sur les conditions de sa naissance. Toutes ces choses que sa grand-tante lui cachait depuis trop longtemps. À Poudlard, point névralgique du monde sorcier, Anna comptait bien assouvir sa quête de ses origines. Et voilà que ce chapeau stupide lui parlait de sa famille !
- Eh ! Surveille tes pensées, mademoiselle ! Je ne suis pas stupide !
'Envoie moi à Serpentard, envoie à Serpentard, envoie moi à Serpentard'
- Serpentard ? Tu es sûre ? Ma foi, pourquoi pas ?
'Merci'
- Bon alors ça sera : SERPENTARD !
Quand Anna retira le choixpeau, un sourire victorieux se dessinait sur ses lèvres…
(Changement du point de vue...)
- Jones, Anna !
- SERPENTARD !
- QUOI !!!
Un même cri de surprise s'échappa de la bouche de Harry, Ginny, Neville et Hermione, tandis que Ron haussait les épaules, indifférent à cette nouvelle.
QUOI ! La timide, la sympathique et aveugle Anna, à Serpentard ? Harry avait beaucoup de mal à y croire. Certes, son allure était inquiétante, presque sinistre, mais son cœur ne l'était pas pour autant ! 'Je rêve ou le choixpeau magique a bien parlé de ne pas se fier aux apparences ?' Et lui, alors ! Que faisait-il ce vilain bout de cuir racorni ? Il envoyait une pauvre innocente directement dans la fosse aux lions… ou plutôt dans la cage aux serpents ! En l'espace d'un après-midi, la jeune fille s'était déjà mise à dos Malfoy et Rogue ! Elle allait avoir la vie dure…
Pourtant, en ce moment même, Harry regardait Anna se diriger maladroitement vers la table des Serpentard et s'y asseoir sous les regards méprisants de ses nouveaux compagnons de maison : et elle souriait comme si c'était le plus beau jour de sa vie ! Vraiment bizarre cette fille… Mais après tout, c'était une serpentarde, maintenant…
'GGGrrrrrrrhhhhhhh…………..'
'Que ! Quoi ! Un troll !!! Où ???'
'Mais, non, idiot…'
À en juger par les bruits disgracieux et sonores qui s'échappaient de l'estomac de Ron, Harry n'était pas le seul à être affamé. Tout deux se lancèrent un malheureux sourire de compréhension.
La répartition venait enfin de s'achever avec : Zanzu, Aral ! Serpentard !
Le professeur Dumbledore se leva, imposant le silence à tous :
- Mes chers enfants, adressons d'abord la bienvenue à tous les nouveaux !
Un tonnerre d'applaudissements retentit dans la Grande Salle. 'Et, maintenant, le festin', pria intérieurement Harry. Ils avaient déjà tellement de retard !
- Mais avant de goûter aux succulents mets préparés pour nous par les elfes de maison
'Argh… et en plus il en rajoute ! J'ai encore plus faim maintenant qu'il a parlé des succulents mets ! Ah, ailes de poulet, gelée de pommes de terres, confitures … '
'GGGGRRRRHHHH…. '
'Oui, moi aussi Ron'
- … Forêt Interdite sera très sévèrement puni. Et je préviens d'or et déjà qu'il n'y aura pas d'exceptions…, continuait Dumbledore, son regard perçant désagréablement fixé sur Harry, Ron et Hermione.
Harry n'aima pas du tout cela. En fait, depuis quelque temps, beaucoup de choses chez le directeur lui déplaisaient…
- En raison de la gravité des événements extérieurs, vous devez comprendre que le personnel enseignant et moi-même pourrions, en cas de désobéissance, décider du renvoi immédiat du fautif, continuait Dumbledore.
Il s'interrompit quelques instants, afin que chacun prenne pleinement conscience de la gravité de ses paroles.
- Pour les mêmes motifs, je suis également au regret de vous dire que les sorties à Pré-au-Lard seront suspendues jusqu'à nouvel ordre.
Cette fois-ci, les élèves manifestèrent bruyamment leur mécontentement. Mais, d'un geste majestueux des bras, le directeur ramena encore une fois le silence :
- S'il vous plait, s'il vous plait !, un sourire malicieux se dessina sur les lèvres du professeur Dumbledore. Oui, je sais que nombres d'entre vous sont très déçus, c'est bien naturel. Aussi sachez que les professeurs et moi-même avons déjà pensé à quelques… quelques compensations en retour. Tout au long de l'année seront organisées des réjouissances auxquelles tout le monde pourra prendre part.
Des murmures intrigués coururent parmi toutes les tables.
- De quoi il parle à ton avis ?, lui demanda silencieusement Ginny.
Harry haussa les épaules : 'Je n'en sais rien'
- J'ai le plaisir de vous annoncer dès aujourd'hui le premier événement qui égayera l'année scolaire : à l'occasion d'Halloween, un concours du meilleur déguisement aura lieu. Et les gagnants seront bien récompensés…
Des Bravo ! Bravo ! jaillirent de toutes parts. Les applaudissements fusèrent à la table des Gryffondor, tout autour de Harry. Décidément, le vieux sorcier trouvait toujours un moyen de les étonner.
- Ah, une dernière chose avant de nous mettre à manger.
L'euphorie provoquée par l'annonce du concours d'Halloween baissa d'un cran : quoi, ils n'allaient pas encore manger !
- Laissez-moi vous présenter votre nouveau professeur de Défense contre les forces du mal : le professeur Wilhemina Euphémia Méphista, reprit Dumbledore.
- C'est une femme ! (Dixit Harry)
- Elle est noire ! (Dixit Ron)
La seconde d'après, Harry fut gratifié d'un aimable coup de pied au tibia de la part de Ginny, tandis que le 'Ouille' de Ron indiqua à Harry qu'Hermione lui avait fait connaître le même sort. Les deux filles regardaient leurs deux amis avec un air assassin.
- Ben quoi ? C'est pas méchant, c'est juste que c'est la première fois…, tenta de se justifier Ron.
- Pffff…, non mais vraiment Ron…
Harry n'avait même pas remarqué que deux chaises étaient inoccupées aux côtés de Dumbledore. Y prenaient à présent place le nouveau professeur de Défense contre les forces du mal et le professeur Rogue. Tous les deux étaient habillés comme s'ils venaient du dehors, visiblement mouillés et pour le professeur Rogue, très visiblement très irrité. Quand le directeur se tourna vers lui, Rogue hocha la tête en un discret signe d'assentiment.
- Je parie qu'ils se sont occupés du calamar géant, leur dit Hermione avec son esprit-de-déduction-aussi-rapide-qu'un-Eclair-de-feu.
Le professeur Flitwick se pencha légèrement vers Rogue pour lui chuchoter quelques mots à l'oreille. Celui-ci tourna vivement la tête en direction de la table des Serpentard. Harry se rendit compte qu'il fixait intensément Anna. La jeune fille, assise à l'écart des autres élèves, se tortilla alors sur son bout de banc, inconfortable. 'Ma parole, pensa Harry, elle sent son regard !'. Et effectivement, à la même seconde, Anna leva ses yeux aveugles vers la table des professeurs. 'Elle a vraiment un sixième sens !'. Sur le visage de Rogue, l'irritation tourna à l'exaspération. 'Argh !!! Par Merlin, pourquoi est-ce que c'est moi qui hérite de cette attardée dégoûtante ?', Harry pouvait presque deviner les pensées du professeur des potions. Cet échange silencieux n'avait duré qu'une demi seconde, tout au plus, mais le jeune garçon se sentit mal à l'aise de l'avoir surprit. Il sous-entendait trop de choses…
Pendant ce temps, Dumbledore continuait son discours :
- Le professeur Méphista assurera également les cours de Soin aux créatures magiques.
Le coup de coude qu'Hermione décrocha à Harry le tira de ses rêveries. Encore une fois Hagrid était absent le jour de la rentrée… Harry n'était pas vraiment inquiet à son sujet, il suffirait d'attendre le lendemain et de demander de ses nouvelles à un professeur. Après, on verrait…
- Le professeur Méphista nous vient d'Afrique, et plus précisément du Zaïre. Et je sais qu'elle a apporté tout spécialement pour vous plusieurs espèces de son beau pays. Enfin, vous découvrirez bien vite cela.
Et maintenant, il ne me reste plus qu'une chose à dire : Bon appétit !
Aaaaaahhhhhhhhhhhhh !!!!!!!!!!!!!!
Comme par magie (ben, en fait, c'est de la magie…), les succulents mets tant attendus apparurent enfin sur les tables. Le jus de citrouille coulait à flot. Pendant quelques minutes, toute discussion se révéla impossible tant les bouches des jeunes gens, avides de nourriture, étaient pleines. Puis, à mesure que les appétits se rassasiaient, le dialogue reprenait aux différentes tables.
- Est-ce que ça va, Ginny ? demanda Harry à sa voisine, visiblement préoccupée.
- Non, je me fais du souci. Vous ne trouvez pas bizarre que Luna ne soit pas là ?
Harry, Hermione, Ron et Neville, avec un parfait synchronisme, tournèrent la tête vers la table des Serdaigle : en effet, Luna Lovegood ne s'y trouvait pas.
- Et elle n'était pas non plus dans le Poudlard Express, continua Ginny.
- Peut-être qu'elle a oublié de se réveiller ce matin, proposa Harry.
- Harry, je te rappelle que le Poudlard Express part à 15 heures de l'après midi. Et de toute façon, ce n'est pas son genre de rater la rentrée, lui répondit Hermione, acerbe.
- Peut-être qu'elle a changé de collège, hasarda Neville. Pourtant, dans la lettre qu'elle m'a envoyée cet été, elle n'en parlait pas…
- Non. Elle est venue nous rendre visite au Terrier, au mois d'août. Maman l'avait invitée avec son père …
Harry tiqua : quoi, Luna Lovegood avait eu le droit de partager une journée avec la famille Weasley et pas lui ? 'Oui, mais Luna n'est un danger pour personne. Elle n'a pas Voldemort aux trousses, elle ! ' lui rappela charitablement sa conscience.
- Nous sommes voisins, expliqua Ron à Neville, les Lovegood habitent au nord de la colline Têtafouine et nous au sud. Malheureusement, le jour où ils sont venus, Percy s'est amené au Terrier pour faire ses excuses à la famille. Maman était dans tous ses états ! Toute la maison était sans dessus dessous ! Je pense que Luna et son père n'ont pas passé une très bonne journée…
- Ne dis pas ça, Ron. Tu sais bien que Luna était ravie de venir. Et de te voir…
Ron rougit légèrement, mais le brusque mouvement qu'Hermione fit en reposant son verre de jus de citrouille sur la table détourna l'attention sur elle. Qui était aussi rouge que Ron. Harry connaissait depuis longtemps les sentiments de Ron pour Hermione. Quant à celle-ci, il était prêt à parier qu'elle éprouvait la même chose pour le rouquin. Sa soudaine rougeur tendait à le prouver. Mais chacun des deux seraient morts cent fois plutôt que d'avouer à l'autre ce qu'il ressentait !
Réflexion faite, Harry se dit que ce soir ils se conduisaient bizarrement. C'est-à-dire, plus bizarrement encore que d'habitude. Ça avait commencé dans le Poudlard Express, après leur retour de la réunion des préfets : ils ne se parlaient presque plus, évitaient le regard de l'autre et surtout, ils semblaient redouter de se toucher. Harry nota mentalement d'aller voir Ron pour lui demander des explications.
Quoi que ce n'était peut-être pas ses affaires… Non, il attendrait que son ami vienne lui en parler, ça serait beaucoup mieux !
Le repas des Gryffondor se poursuivit dans cette atmosphère détendue, malgré la conduite étrange de Hermione et de Ron. Ce dernier et Ginny racontèrent à Harry et aux autres le retour de Percy. Depuis que le Ministère de la Magie et notamment que Cornélius Fudge avaient reconnu publiquement l'intégrité des dires de Dumbledore concernant Voldemort, Percy n'avait plus de raisons d'être brouillé avec les Weasley. Très dignement, il avait faire son mea culpa devant ses parents, ses frères et sa sœur, reconnaissant qu'il s'était mal comporté envers eux tous.
Ron, contrairement à Ginny qui semblait comblée de bonheur du retournement de Percy, était plus réticent. Le jeune garçon n'était pas prêt de pardonner à son frère tout le mal qu'il avait fait à sa famille l'année passée : leur père avait failli mourir des suites d'une morsure de serpent et Percy n'était même pas venu le voir à l'hôpital. Leur mère en avait eu le cœur brisé. Certes, on pouvait qualifier le comportement de Ron de rancunier, mais ça n'était pas Harry qui l'en blâmerait : il avait encore sur le cœur une certaine lettre que Percy avait adressé à Ron…
Puis, ce fut l'heure de rentrer se coucher dans les tours. Ils étaient tous bien fatigués.
- Mr Potter ! J'aimerai vous parler un instant. Veillez me suivre, s'il vous plait !
Déjà le professeur McGonagall tournait les talons, indiquant clairement à Harry qu'il n'avait pas d'autre choix que de lui emboîter le pas. Elle lança encore, par-dessus son épaule :
- Quant vous, miss Granger et Mr Weasley, allez attendre Mr Potter dans votre salle commune. Je ne vais pas le manger et je vous promets qu'il sera vite de retour !
McGonagall marchait vite, de son habituelle allure féline. Elle fit entrer Harry dans son bureau.
- Asseyez-vous, Potter.
Elle-même prit place dans son fauteuil derrière sa table de travail déjà bien encombrée. 'Les professeurs ne prennent donc jamais de vacances ?'
- Bon, j'imagine que vous devinez pourquoi nous sommes là ?
- …
- Bien ! Comme vous le savez sûrement, miss Angelina Johnson nous a quitté l'année passée. Mr Potter, je vous propose de reprendre son poste de capitaine de l'équipe de Quidditch de Gryffondor.
- …
- Selon moi, vous êtes le plus qualifié pour cela. Et… et le professeur Dumbledore et moi-même pensons qu'ainsi vous aurez de quoi vous occuper l'esprit.
- …
- Pour l'amour du ciel, Mr Potter, dites quelque chose ! Auriez-vous perdu votre langue ?
- Je… je suis juste un peu surpris, c'est tout…
- Et…
- Et je pense que c'est vraiment une très très bonne idée !
Le cœur de Harry s'était remis à battre normalement dans sa poitrine. Pendant tout le discours du professeur McGonagall il avait craint qu'elle ne revienne sur ses mots et dise que tout cela n'était qu'une bonne blague.
Lui, capitaine de l'équipe !
- Bon, je vois que vous redevenez vous-même, c'est bien. Et je vous préviens, vous n'avez pas intérêt à ne faire regretter mon choix, Potter…
Au fait, le directeur me charge également de vous dire qu'il n'y aura pas de A.D cette année.
- Mais, mais pourquoi ?
- ça, vous en discuterez avec lui. Cependant, je pense que les combats, la guerre… doivent rester en dehors de cette école aussi longtemps que possible. Et c'est également l'avis du directeur. Vous m'avez bien compris, n'est-ce pas, Mr Potter ?
- Oui, professeur.
- Parfait. Vous pouvez y aller maintenant.
Harry se leva de sa chaise, en direction de la porte. Maintenant, le jeune garçon n'avait plus qu'une envie : se retrouver dans son lit pour réfléchir à tous les événements de la journée.
- Hum… Potter, attendez ! Félicitation pour vos BUSEs ! Je suis… hum… fière de vous. Et hum… quelqu'un d'autre l'aurait été également, vous savez ?
McGonagall lui souriait ! Mais Harry, qui avait saisi l'allusion à son parrain, se sentit soudainement irrité : comment pouvait-elle savoir ce que pensait Sirius puisqu'il était mort ?
- Euh… merci.
Et Harry regagna sa tour.
Mais, une fois étendu dans son lit, Harry ne parvint pas à trouver le sommeil. Tout était calme, trop calme peut-être. Malgré les rideaux tirés, il entendait les ronflements de ses compagnons de dortoir et la pleine lune déversait une pâle lumière dans la chambre. Cependant, le jeune garçon avait trop de choses qui lui trottaient dans la tête pour pouvoir dormir paisiblement.
D'abord, Harry était heureux que les vacances soient finies. Le premier mois chez les Dursley avait été un enfer. Sa seule compensation était de penser aux visages mortifiés de son oncle et de sa tante quand l'assistante sociale était venue leur rendre visite pour parler de Dudley. Durant l'année passée, son cousin s'était fait renvoyé de trois écoles différentes pour : 'violences sur plus jeunes que soi', 'propos injurieux', 'attentes à la pudeur'… Finalement le seul établissement qui acceptait de prendre Dudley à la rentrée était… le Centre pour jeunes délinquants de Saint-Brutus ! Harry qui épiait l'entretien, en était presque mort à force de rire ! Mais cela n'avait pas incité à rendre les Dursley plus tendres avec lui, au contraire.
Puis, Harry avait passé le mois d'août avec Hermione et ses parents. Les Granger étaient des gens absolument adorables, compréhensifs et surtout ils chérissaient leur fille unique. Ainsi, après que le professeur Dumbledore leur ait expliqué les risques qu'ils encouraient à prendre Harry avec eux, ils avaient cédé aux supplications d'Hermione. Pendant un mois, tous les quatre avaient sillonné les routes de France, comme une vraie petite famille moldue. Harry avait ramené un énorme sac de bonbons non sorciers à Ron (en se cachant des Granger, dentistes, pour qui les sucreries étaient pire que Voldemort en personne !). À la vitesse où son ami avait avalé Marshmallows, calissons, fraises tagada et autres Carambars, Harry était sûr qu'à l'avenir Ron réfléchirait avant de dire que les bonbons moldus étaient 'bizarres, moches et pas marrants' (sous-entendez, pas magiques)…
Ce mois avec Hermione avait été assez amusant (sauf quand la jeune fille l'avait forcée à réviser ses cours de potion, de sortilège et de métamorphose ! Harry avait cependant tenu bon pour ceux d'Histoire de la magie !).
Malgré tout, Harry était content de revenir enfin dans le monde sorcier et de revoir ses amis.
Poudlard… Pendant cet été, il avait pris conscience qu'il considérait le collège comme sa maison.
Ginny… Tout l'été, ils avaient correspondu. Étrangement, de toutes les personnes qui lui avaient écrites dès le début des vacances (et, jamais Harry n'avait eu autant de courrier : Ron et Hermione bien sur, mais également Neville, Luna qui lui avait envoyé une photo d'elle avec un Ronflack Cornu, Lupin, Maugrey, Dumbledore, Hagrid…), seule Ginny avait réussi à apaiser un peu sa colère et le désespoir qui lui étreignait le cœur depuis la mort de Sirius. Elle seule ne lui demandait pas à tout bout de champ comment il allait… Elle avait une sorte de don pour deviner quand il avait envie de parler de lui ou au contraire, de se changer les idées. Harry n'avait pas résisté à la tentation : il lui avait révélé la prophétie (sur un parchemin magique qu'il avait ensorcelé tout spécialement pour qu'elle seule puisse le lire). Ça n'était peut-être pas très prudent, mais il s'était ensuite sentit soulagé d'un poids énorme.
De retour à Poudlard, le jeune garçon était un peu perdu, il ne savait pas vraiment comment se comporter avec Ginny : elle en savait tant sur lui, et en même temps si peu…
Les yeux de Harry papillonnèrent. Peut-être que le sommeil allait enfin venir…
… de plus, il se sentait un peu coupable à son égard : dans leurs lettres, il avait été plus souvent question de lui, de ses états d'âme à lui, que de la jeune fille. Elle ne lui avait même pas écrit que Percy était venu s'excuser…
La jeune fille était encore un grand mystère pour Harry. Si douce…
Aaaaaahhhhhhh (grand bâillement de Harry)
Son esprit vagabondait maintenant au seuil de l'inconscience.
…
Ron et Hermione étaient toujours égaux à eux même. Toujours aussi aveugles.
…
Finalement, Harry s'aperçu qu'il était bel et bien en train de s'endormir…
…
Aveugle… La dernière pensée lucide de Harry, avant qu'il ne tombe dans les bras de Morphée, alla à Anna… Projetée dans les airs au bout d'un tentacule géant… La pauvre…
Harry dormait.
Courir.
Courir.
Courir toujours plus vite.
Courir toujours plus loin.
Le sol caillouteux défile à toute vitesse sous mes pieds.
Ils sont à mes trousses, je les sens tout proches de moi…
Oh, j'ai si peur… Que vont-ils me faire, ceux qui me traquent comme un animal ?
Ah ! Je chute dans le noir, douloureusement, longuement…
A terre. Tout est si sombre. Si froid. Si vide. Ici… tout est vide. Pas un arbre, pas de route, pas de bruits. Je suis dans le néant…
Le ciel aussi est vide. La lune ! La lune ! Où est la lune ?
Mon cœur s'emballe à nouveau. Envie de crier. Envie de pleurer. Où est la lune ??? Le ciel aussi est mort…
Peur. Froid. Je ne peux plus me relever ! Cloué au sol.
Dans le ciel enfin, la lune. Sanglante… La lune est rouge, elle suinte de sang !!!
Horreur. Ce n'est pas la lune. Deux yeux, terrifiants, dans le ciel.
Mon dieu ! Aidez-moi !!!
Là bas. Quelqu'un. Il me fait signe. Il est si loin…
Je rampe.
Je tends ma main. Attrapez ma main, je vous en prie !
Aaahhh !!! Ma main, ma main est pleine de sang !
J'ai tué quelqu'un ! Je ne m'en souviens pas !
Non ! Non ! C'est mon sang. Il coule de ma poitrine. Essuyer, essuyer tout ce sang… Je ne veux plus le voir ! Mais il y en a partout sur moi ! Je ne peux plus voir ! Mes yeux ! Ma bouche ! Il y en a dans ma bouche !!! Je vais me noyer !
Mon… dieu… peux… plus… respirer…
L'homme, là bas… Non, ne partez pas ! Attendez moi ! S'il vous plait…
À l'aide !!!!!!!!!!!!
Réveil en sursaut, enroulé dans des draps vert et argent. Le corps en sueur. Les sens affolés. Hyperventilation. Les larmes roulent sur mes joues. Pas de sang. Pas une goutte de sang sur moi. 'Encore ce fichu cauchemar !'. Un hurlement de frustration s'échappe de mes lèvres. 'Putain !'. Coup de poing à l'oreiller. 'Putain, pourquoi encore, pourquoi moi ?'
Le cadran lumineux de mon horloge de chevet indique : 0h32.
J'écoute. Tout autour de moi le dortoir est calme. La pleine lune déverse sa lumière blanche dans la chambre, à travers les rideaux verts. Heureusement j'ai insonorisé mon lit avant de me coucher. Au cas ou… Au cas ou… Je fais ce genre de rêves depuis le début de l'été. Depuis que mon très cher père est retenu prisonnier à Azkaban. Depuis qu'il y est torturé, mentalement et aussi physiquement. Mon père, l'intouchable…
Je ne me souviens déjà plus de mon cauchemar. C'est toujours comme ça. Ne reste que la peur et le dégoût. Dégoût d'avoir eu peur. Un Malfoy n'a jamais peur… Un Malfoy ne pleure pas… Ils vont payer pour tout ça, ces chiens galeux à la solde du vieux fou ! Payer pour mon père. Surtout lui, il va payer …
Demain j'irai voir Pomfresh pour qu'elle me donne une potion de sommeil sans rêves. Ça ne peut pas continuer. Ça ne doit pas continuer.
Demain, de toute façon, tout va changer. C'est le début. L'Initiation.
Un sourire glacial aux lèvres, le jeune homme se rendormit.
Une petite review mes chéris ? Merci...
