N/A: Voilà, comme promis la suite de 3 destins, 3 cicatrices... Je suis désolée pour les quelques jours de retard... Mais, j'espère que ce nouveau chapitre vous plaira!
Réponses aux reviews:
Merci à Missannie: Tu es étonnée qu'Anna se retrouve à Serpentard... Mais tu vas bientôt découvrir que ce n'est pas une sainte, loin de là ! Quand au rapprochement Anna/Draco, hum... il y en a bien un dans ce chapitre, mais je suis pas sûre que c'est dans le sens que tu l'entendais... lol... Je te laisse juger par toi même.
Merci aussi à Csame: Contente que tu apprécie la chanson du Choixpeau (je l'avais pas mal travaillée). Tu dis que le Zaïre n'existe plus qu'il a été remplacé par le Congo? Hum, il me semble que c'est le contraire en fait... Enfin, on s'en fout, ce qui compte c'est que tu aimes ma fic'. Bonne lecture!
Ah oui, encore un dernier mot: Pénélope Parkinson n'est pas Pansy, je ne me suis pas trompée... C'est sa cousine... lol
Encore un tout dernier mot (c'est promis, y en a plus après): la chanson dans la douche n'est pas de moi, mais de William Sheller...
Chapitre 3 : Pauvre petite serpentarde !
Ce fut le froid qui réveilla Anna alors que l'horloge magique de la salle commune des Serpentard sonnait 6 heures dans un macabre bruit de ferraille. Hier, quelqu'un avait complaisamment expliqué à la jeune fille que c'était en fait une guillotine trafiquée qui donnait l'heure : à chaque fois qu'elle sonnait, le couperet tombait sur un billot vide, dans un grand écho métallique. 'Charmant' avait-elle alors pensé. 'me demande si parfois ils mettent quelque chose sur le billot...' Après une petite réflexion sur le sujet et quelques heures passées parmi les serpentard, Anna en avait conclu qu'ils en seraient bien capables...
- Atchoum !!!
'Et voilà, je me suis enrhumée ! La poisse !', morigéna-t-elle intérieurement, en s'asseyant sur son lit. 'Et ces fichus cachots n'arrangent rien !'. Déjà, à cause des incessants courants d'air froids qui traversaient les dortoirs des élèves, Anna commençait à regretter son choix d'intégrer Serpentard.
- Aaatchoum !!!
Immobile, l'oreille aux aguets, elle écouta attentivement si ses éternuements intempestifs n'avaient pas réveillé l'une de ses camardes de chambre. Non. Aucun bruit. Juste le martèlement régulier de la pluie sur les fenêtres et le sifflement des bourrasques de vent qui faisaient frémir les rideaux.
'De toue façon, j'pourrais crever sous leurs yeux qu'elles n'en auraient rien à faire...', pensa la jeune fille, amère. En effet, (et c'était la seconde raison qui lui faisait regretter son choix, avec les courants d'air), Anna avait bien vite constaté qu'elle n'était pas la bienvenue chez les serpentard. Dire qu'ils n'avaient pas été ravis d'accueillir la jeune aveugle parmi eux était un doux euphémisme... La veille, pendant le repas et puis dans les dortoirs, la jeune fille avait dû subir leur mépris et leurs sarcasmes. Au mieux, ils répondaient à ses questions avec une totale indifférence. Et si, à tout hasard, il était venu à l'esprit de quelques uns de lui témoigner un semblant d'amitié, ils en auraient été bien vite dissuadés par les regards pleins de rancœur que Draco Malfoy et Severus Rogue lui jetaient.
- Atchoum !!!
Anna repensa, un petit sourire douloureux sur les lèvres, à ce que lui avait dit l'une des filles de son dortoir, qui s'était présentée à elle sous le nom de Pénélope Parkinson :
- Ma chère Anna, avait-elle commencée de sa voix mielleuse et haut perchée, ma chère Anna, il ne faut pas nous en vouloir, mais... Tu sais, ici, à Serpentard, on n'a pas l'habitude des gens comme toi... qui... enfin, tu vois, n'est-ce pas ?
Autour d'elles deux, les rires mesquins des autres filles avaient fusé. Anna, elle, bouillait intérieurement. 'Par Merlin ! Mais ces gens n'ont donc jamais vu d'aveugle de leur vie ?!? C'est pas possible !!! Me tape d'abord Malfoy dans le train, puis Rogue dans le parc et enfin ces hystériques !!! C'est pas moi qui ait un problème, c'est eux !!!'
Cela dit, reconnaissons qu'Anna partageait au moins un point commun avec ces serpentard qu'elle commençait déjà à détester : la MAUVAISE FOI. En effet, chose qu'elle savait très bien et qu'elle aurait dû admettre en toute bonne foi, c'est que justement NON, il n'y avait pas de sorciers aveugles. Ou si peu... De toutes façons, les sangs purs de Serpentard ne comptaient sûrement pas les minorités sorcières parmi leurs connaissances... Donc, il était fort probable qu'ils n'aient jamais rencontré d'aveugle de leur vie. En fait, les médicomages venaient à bout de presque tous les cas de cécité, magiques ou non, accidentels ou pas. Mais le 'presque' faisait la différence : pour Anna, ils n'avaient rien pu faire.
Bref, c'est le visage brûlant, mais les yeux secs et la langue acérée qu'Anna faisait face à leurs moqueries :
- Qu'est-ce que tu entends par là, Pénélope ?, demanda-t-elle à son adversaire (qui soit dit en passant devait bien faire 15 centimètres de plus qu'elle).
- Oh, ben, tu sais bien... quoi ! répondit une autre fille gloussante, appelée Maddy Brooks. Après quelques secondes celle-ci ajouta encore :
- Une nullité comme toi, qui tombe dans le lac dès son arrivée..., elle se fit songeuse, comme si elle se repassait la scène, incrédule. On était sûres que tu irais à Poufsouffle !
Cela sonnait clairement aux oreilles d'Anna comme une insulte. 'Argh ! Mais en quoi était-ce déshonorant d'aller à Poufsouffle ?'. Qu'avait dit le choixpeau magique à ce sujet ? 'Ceux qui travaillent avec acharnement...' 'Bof' Où était le mal ? Comment pouvait-on répondre à une injure dont on ne comprenait pas le sens ?
Donc, malgré toutes ces remarques blessantes, Anna avait préférée ne pas envenimer les choses dès le premier soir et faire profil bas... De plus, la jeune fille ne se considérait pas comme particulièrement courageuse (sinon, c'est à Gryffondor qu'elle aurait été envoyée !) et n'avait aucune envie que la situation dégénère en guerre ouverte – auquel cas, elle savait qu'elle serait la perdante - : les autres étaient plus nombreuses. En plus, elles, elles pouvaient voir... En cas de bagarre, l'espérance de vie d'Anna descendrait rapidement au dessous de : 1 minute et pas une de plus !
Et puis, Anna savait d'où venait cette hostilité à son égard. Pénélope Parkinson et Maddy Brooks (meneuses des filles serpentardes de cinquième année), ainsi que deux de leurs amies : Pandora Blair et Ivy Withe partageaient le même dortoir depuis leur entrée à Poudlard, c'est-à-dire depuis quatre années. C'est pourquoi elles avaient vu d'un mauvais œil qu'on leur impose Anna pour la seule et unique raison qu'il n'y avait de place que dans leur chambre...
'poufffff...'
Anna soupira. Elle avait mal à la tête rien qu'à penser à ces filles et aux problèmes futurs qu'elles lui causeraient. Ou peut-être était-ce le rhume ?
La jeune fille se tortilla sur son lit, soudainement inconfortable : la veille, épuisée physiquement et moralement, elle s'était écroulée de sommeil sur son lit, toute habillée, sans même prendre le temps de rabattre les couvertures sur elle. Maintenant, ses vêtements étaient tous froissés et ...
Horreur !!! Sacrilège !!! Damnation !!! Anna dû se retenir pour ne pas hurler. Ses cheveux, ses cheveux avaient une très forte, mais alors vraiment très forte odeur de poisson !!! Par Merlin, ils sentaient le calamar !!!
D'un bond, Anna se mit debout. Hier soir, elle avait pris soin de repérer la salle de bain qui jouxtait le dortoir des cinquièmes années. Ce matin, une bonne douche chaude lui ferait le plus grand bien. Quelques minutes et quelques tâtonnements plus tard, la jeune fille entrait dans une cabine de douche, avec pour seul 'vêtement' son précieux pendentif qui ne la quittait jamais.
- La la la, la la la... Dans l'orage... d'une forêt sans âge... aux abords du Poitou... A l'hiver où je vivais chez vous...
Aussi loin qu'elle pouvait s'en souvenir, Anna avait toujours aimé fredonner sous sa douche. Un moyen comme un autre de se libérer l'esprit... Et puis elle trouvait que sa voix était assez jolie...
- J'ai vu le visage... d'une enfant sauvage... qui portait un bijou... Les yeux verts noyés de cheveux roux... la la la, la la la la la
Il s'agissait d'une berceuse que sa grand-tante lui chantait quant elle était petite. Après l'accident, Anna avait longtemps eût des nuits difficiles, peuplées d'horribles cauchemars. Cette berceuse avait le don de calmer et de rassurer l'enfant qu'elle était alors... Étrange qu'elle lui vienne aux lèvres maintenant : Anna n'y avait pas repensé depuis longtemps (et ça faisait bien plus longtemps encore que sa grand-tante ne lui avait pas chanté...)
- Elle avait l'âge... des vagabondages... pieds sur les cailloux... Les hivers où viennent boire les loups... la la la, la la la
Tout en chantonnant, Anna frottait énergiquement ses longs cheveux avec un shampooing à la mûre, se demandant si elle allait devoir recourir à la magie pour en faire partir l'odeur. Finalement ce ne fût pas nécessaire. 'Tant mieux'. Le jet d'eau chaude sur sa peau acheva de lui rendre sa bonne humeur. S'enroulant dans une épaisse serviette de toilette, la jeune fille sorti prudemment de
- Aaaahhhhh !!!
Le pied de Anna venait de heurter quelque chose qui était à la fois mou et consistant. Et froid. Ça n'était pas un savon, raisonna rapidement la jeune fille, parce que... parce que c'était en train de BOUGER sous son pied !!! Et de s'enrouler autour de sa cheville droite !!!
- Aïe !
En se dégageant brusquement, la chose l'avait... mordue, parce qu'il s'agissait bien de quelque chose de vivant et que très manifestement cette chose avait des dents... 'DES CROCS OUI !!!' Le long de la jambe droite, là où la bête l'avait frappée, Anna ressentie une douleur aigue. Rien qui l'empêcherai de marcher, mais bon ...
Alors que la chose s'éloignait, Anna entendait clairement l'affreux bruit de succion qu'elle faisait en se déplacent sur le sol humide de la salle de bain. 'Mais qu'est-ce que c'est encore que cette horreur !!!' Anna était plus mécontente que choquée : après tout ce qui lui était arrivé depuis la veille, la jeune fille avait largement dépassé son quota de frayeurs... 'Pourquoi toutes les bestioles bizarres s'en prennent-elles à moi ? Et puis pourquoi est-ce qu'il y a tant de bestioles en liberté dans cette école ?!? Et puis d'abord, c'était quoi cette chose ??? '.
- Ah, la poisse !
Anna, sautillant sur sa cheville valide jusqu'à la porte, réfléchissait quant à l'utilité d'aller prévenir quelqu'un qu'un truc mou... un machin tout froid... bref une bestiole qui ressemblait à un serpent (mais qui se déplaçait plus vite, selon ses estimations), traînait dans les douches des filles de cinquième année. Oui, mais prévenir qui ? Le directeur de sa maison ? C'est-à-dire le professeur Rogue ??? 'Mauvaise idée' Et puis, la chose était partie de toute façon, Anna ne l'entendait plus. 'Attend ! Un serpent ? Peut-être que c'est une sorte de mascotte de la maison ? Un animal apprivoisé ?' Un long frisson parcouru l'échine de la jeune fille : avant de prendre une nouvelle douche, elle allait se renseigner...
Quand Anna revint enfin dans son dortoir, sur la pointe des pieds et habillée de propre, tout était encore très silencieux. Personne ne semblait avoir entendu son hurlement. Ou, dans le cas contraire, personne ne s'en était soucié. Son pied ne la faisait plus vraiment souffrir. Il faudrait juste qu'elle évite de s'appuyer trop dessus en marchant... Même son rhume semblait lui laisser un peu de répit : son mal de tête s'était atténué et grâce à la douche, ses sinus s'étaient momentanément débouchés.
Cependant, ce fut une pensée d'un autre genre qui ramena le sourire sur les lèvres de la jeune fille. Anna venait de calculer qu'il ne devait pas être plus de 7 heures, qu'aujourd'hui c'était dimanche et donc, qu'elle disposait d'au moins deux heures avant que les autres ne se réveillent à leur tour.
'Super !' Bien qu'elle fût aveugle, et malgré tous les préjugés sur ce sujet, Anna avait toujours été quelqu'un d'extrêmement actif qui détestait par-dessus ne rien faire... Et justement, ce matin, plusieurs petites choses demandaient à ce qu'Anna s'occupe d'elles.
'D'abord, s'orienter dans la chambre'
Quiconque aurait vu Anna se promener à travers le dortoir, faire le tour des lits à baldaquins, palper les murs, tâter l'emplacement des fenêtres... en aurait conclu que la jeune fille n'avait décidément pas un comportement rationnel et encore moins rassurant.
'Ah Ah !!! Je le savais bien !', Anna réprima un petit cri de victoire. Elle venait enfin de localiser la vaste cheminée qui occupait tout un pant du mur : le feu y était presque mourrant. Pas étonnant qu'il fasse si froid ! 'Par Merlin ! Pourquoi ces stupides elfes de maison ne passent pas s'en occuper ? C'est leur boulot, quand même !' 'Remarque, c'est peut-être pas une bonne idée pour eux de venir ici alors que les élèves y sont aussi... Me d'mande... l'horloge-guillotine...' La jeune fille frissonna en sortant sa baguette magique de sa poche et murmura :
- Ravivo !
Instantanément, de grandes flammes voraces vinrent lécher ses mains, qu'elle tenait au dessus de l'âtre. 'Mmmm...' C'était si agréable de se sentir au chaud alors que dehors les éléments se déchaînaient toujours ! Exprimant tout haut les pensées muettes d'Anna, une des filles gémit doucement dans son sommeil. 'De frustration ou de plaisir ?', se demanda Anna, narquoise.
Rangeant sa baguette, elle continua son inspection de la chambre, grimaçant à chaque fois que ses doigts entraient en contact avec la surface froide et polie d'un miroir. Anna n'aimait pas beaucoup se rappeler combien ceux-ci lui étaient inutiles... Enfin, la jeune fille compta avec application le nombre de pas qui séparait son lit de la porte, son lit des autres lits, la porte des autres lits...
Bref, elle apprivoisait le dortoir pour pouvoir s'y mouvoir plus facilement par la suite. Profitant qu'ils étaient encore déserts, priant pour que le serpent ne soit pas de retour, Anna répéta l'opération dans les couloirs des cachots et dans la salle commune.
Précautionneusement, du bout des doigts, elle examina même la fameuse horloge qui l'intriguait tant. 'Ah... oui, c'est ingénieux comme mécanisme... Aïe !' Anna retira précipitamment sa main : la lame de la guillotine avait été très soigneusement affûtée et elle venait de s'y entailler le pouce ! Mais qui diable prenait le temps de l'aiguiser ? 'Psychopathes !!!'
Au terme de son examen des lieux, Anna avait une idée bien précise de sa nouvelle demeure : de très grandes pièces, assez froides (malgré d'imposantes cheminées en marbre). Les murs de pierre étaient alternativement couverts de riches tapisseries, de tableaux dont elle ne pouvait malheureusement pas voir les motifs, et de miroirs ouvragés. Sur les sols reposaient d'épais tapis moelleux ... En dehors de l'horloge, de quelques chaises et fauteuils ainsi que de deux tables en bois ciré, la salle commune des serpentard semblait plutôt dépouillée. 'C'est parfait !' Moins il y avait de choses qui traînaient un peu partout, moins Anna prenait le risque de trébucher dessus et de tomber. Cette organisation spartiate de l'espace, en lui laissant une latitude de déplacement et de mouvement assez aisée, convenait parfaitement à la jeune fille.
Finalement, l'aménagement des cachots correspondait tout à fait à l'idée qu'Anna se faisait des serpentards : un goût prononcé pour les choses de qualité et le luxe ainsi qu'un certain cynisme de bon aloi, tous deux alliés à un confort discret. En mettant de côté les courants d'air, la toute nouvelle serpentarde jugea que sa toute nouvelle demeure lui plaisait beaucoup (si seulement elle pouvait y habiter seule...). C'était peut-être à contre cœur, mais Anna devait bien s'avouer qu'elle se retrouvait largement dans certaines caractéristiques et certaines valeurs des sepentard...
'Bon ! Voilà une bonne chose de faite ! Ensuite, il me faut mettre mes affaires en sécurit
... au cas ou ses compagnes de dortoir auraient l'indélicatesse de fouiller dans ses affaires personnelles. Et Anna n'était pas naïve au point de penser qu'elles ne le feraient pas dès qu'elles en auraient l'occasion. En plus, il y avait plusieurs petites choses (de rien du tout...) qu'elle n'était pas censée posséder et encore moins avoir amenées ici, à Poudlard... Heureusement, la jeune fille connaissait quelques sortilèges de sécurité assez puissants, qu'elle utilisa à bon escient sur sa malle et sa penderie. ' Comme ça, personne d'autre que moi ne pourra les ouvrir'
Il était maintenant déjà 8 heures du matin, et il restait encore à Anna une tâche importante à régler : écrire à sa grand-tante. Non pas qu'Anna ne sache pas quoi écrire. C'était plutôt que la jeune fille avait des choses qui lui tenaient très à cœur à demander à sa grand-tante et qu'elle ne savait pas comment les formuler.
Anna s'installa confortablement sur son lit, assise en tailleur, avec deux énormes coussins calés derrière le dos. Maintenant que le feu de la cheminée réchauffait la chambre, on y était vraiment bien... Pas un bruit... La jeune fille sentait ses paupières papillonner... 'Non !' Anna se pinça fort au bras pour se réveiller : il fallait qu'elle écrive. Ça serait trop facile comme prétexte pour ne pas le faire : se rendormir !
Anna plaça son nécessaire à correspondance sur ses genoux, sortit une grande feuille de parchemin satinée, une plume et un petit pot d'encre noire.
Pendant les cours, la jeune aveugle utiliserait une plume ensorcelée qui prendrait les notes à sa place. Il suffirait qu'Anna la surveille régulièrement. Elle pouvait également dicter elle-même à la plume ce qu'il fallait qu'elle rédige, comme ses devoirs par exemple.
Mais pour les choses plus personnelles, Anna aimait écrire par elle-même. Elle se servait de ce que les moldus appelaient une 'règle', sorte de petite planche plate et droite, que l'on posait sur le parchemin. La sienne était évidée dans son milieu, formant ainsi un petit cadre dans lequel Anna écrivait. C'était beaucoup plus long et plus difficile qu'avec une plume ensorcelée, les caractères tracés par sa main hésitante n'étaient sûrement pas parfaits, mais Anna en retirait toujours une intense satisfaction. Et puis, de toute façon, elle savait que sa tante aimait bien sa grande écriture malhabile.
Elle commença ainsi :
« Chère tante Violette,
Comme tu vois, je suis bien arrivée à Poudlard. Le voyage en train c'est bien passé, même si nous avons été un peu retardés par le mauvais temps. Pendant le trajet, Neville m'a présenté à tous ses amis. Ils ont tous été très gentils avec moi. Il y a Harry Potter, bien sûr. Il m'a semblé un peu... timide. Il bafouille beaucoup et il est souvent dans la lune. Pas du tout le genre de garçon célèbre et imbu de sa personne comme je m'y attendais. Il y a également un frère, Ron, et une sœur, Ginny Weasley (elle a le même âge que moi, nous serons peut-être en cours ensemble). Ils se chamaillent tout le temps. J'ai aussi rencontré cette fille dont Neville parle si souvent et qui est si intelligente, d'après lui. Elle s'appelle Hermione Granger. Elle vient d'une famille moldue. Elle milite pour la libération des elfes de maison, tu te rends compte ? Comme Neville ils sont tous à Gryffondor, alors que moi j'ai été envoyée à Serpentard...
La plume resta en suspens au dessus du parchemin. 'Je me demande comment tante Violette va réagir à cette nouvelle...', pensa Anna. Sa grand-tante avait fait toutes ses études en France, à Beaubâtons, mais elle n'ignorait pas ce que signifiait être à Serpentard. Vous-savez-qui en était issu, tout comme l'étaient l'ensemble de ses mangemorts. Dans le meilleur des cas, Serpentard était réputée comme étant la maison accueillant les sorciers adeptes de magie noire...
Même si elle serait d'abord un peu surprise par cette nouvelle, Anna décida que sa tante l'accepterait. Par amour pour elle.
Violette était la seule famille qui restait à Anna. Elle avait recueilli la petite orpheline après l'accident et la mort de sa mère, alors qu'à cette époque elles ne s'étaient encore jamais rencontrées. D'ailleurs, Anna aurait été bien en peine de définir avec précision quel lien de parenté elles avaient : Violette devait être la belle-sœur par alliance d'une sœur de sa mère... Mais c'était elle qui avait pris soin de l'enfant, l'avait élevé et aimé depuis lors.
Non, Anna redoutait beaucoup plus la réaction de Viviane. Elle lui était très attachée et désirait moins que tout lui faire de la peine. Or, Anna savait combien Viviane détestait tout ce qui se rattachait de près ou de loin à la magie noire. Combien elle et sa famille avaient payé un lourd tribut lors de la première guerre. Sa fille Alice, et son gendre Franck avaient irrémédiablement perdus l'esprit. Neville s'était retrouvé privé de ses parents alors qu'il n'avait que quelques années. C'était une histoire tragique...
Malgré son apparente froideur, Anna avait appris à apprécier Viviane Londubat. Au début, Anna se souvenait à quel point elle la terrorisait.
Aussi loin qu'elle pouvait se le rappeler, Tante Violette et elle avait toujours été amies. Mais ce n'est qu'après la mort de Monsieur Londubat que Viviane était venue habiter juste à côté de chez eux. Tous les jours, Viviane et Neville Londubat venaient leur rendre visite. Ce n'est que plus tard qu'Anna compris ce qu'il y avait vraiment entre les deux femmes et tous les sacrifices qu'elles avaient fait pour maintenir les apparences. L'amour qui n'ose pas dire son nom... C'était quelque chose de plutôt mal vu dans le monde sorcier. D'ailleurs, Anna avait remarqué que Neville n'avait visiblement pas parlé de cela à ses amis...
La jeune fille prit mentalement note de ne pas trahir son secret, il avait été tellement gentil de lui présenter tant de gens. Et puis il était un peu comme son frère. Ils avaient plus ou moins grandi ensemble, jusqu'à ce que Neville entre à Poudlard et pas elle. Est-ce que lui aussi lui en voudrait d'avoir été envoyée à serpentard ? Décidément, rien n'était jamais simple ! Elle avait souhaité aller à Serpentard pour avoir une chance d'apprendre quelque chose sur ses parents qui lui étaient inconnus. Et en retour, elle risquait de se brouiller avec ceux qu'elle considérait comme sa famille depuis toujours, à savoir tante Violette, Viviane et Neville Londubat ...
Après avoir rajouté de l'encre sur sa plume, Anna se remit à écrire avec application.
À ce propos, sais-tu dans quelle maison était maman quand elle était élève à Poudlard ? Ici, on m'a dit que souvent les enfants allaient dans la même maison que leurs parents... Je me demande si mon père y était aussi. Qu'est-ce que tu en penses ?
Avec ses quelques lignes, la jeune fille savait qu'elle provoquerait la colère de sa tante. Celle-ci détestait qu'Anna lui pose des questions sur ses parents et sur les six premières années de sa vie, avant que Violette ne l'adopte. Anna ne se souvenait de rien : ni de comment était sa mère, ni de leur maison, ni de ses jeux... Juste qu'à ce moment là, elle voyait encore. Et sa tante ne lui avait jamais rien dit de plus, sinon qu'elle était issue de sang pur. Comme si c'était important ! Enfin, si ça l'était... mais à choisir, Anna aurait préféré connaître le prénom de sa mère, par exemple. Même ça elle l'avait oublié ! Le choc provoqué par l'accident, lui avait-on dit... ça faisait comme un grand vide en elle, d'ignorer jusqu'au nom de ses parents. Elle, elle s'appelait Jones, comme sa tante. Mais elle savait que cela n'avait pas toujours été le cas...
Anna fini de remplir le parchemin, noyant ces lignes lourdes de sens par un babillage sans grand intérêt :
À part ça, le château de Poudlard semble splendide et surtout gigantesque. Comme je viens d'arriver, je n'en ai pas vu la moitié. Il parait qu'il y a plus d'une centaine d'escaliers et que certains sont mouvants. J'espère que je ne vais pas me perdre trop souvent... Il y a aussi un grand parc avec un lac et des serres. Poudlard est entouré d'une forêt. Mais il est interdit aux élèves de s'y rendre.
Je partage mon dortoir avec quatre autres filles. Le dortoir est très confortable, malgré quelques courants d'air...
Je t'enverrais une autre lettre dès que j'aurais assisté à des cours et fait la connaissance des professeurs. J'espère qu'ils seront tous aussi gentils que Albus Dumbledore...
Dès cet après midi j'irai à la bibliothèque afin de travailler un peu en vue de mes examens.
Je t'embrasse très fort. Dis à Viviane que je pense à elle. J'espère que vous allez bien toutes les deux.
Ton Anna. »
Anna signa son prénom avec ses grandes arabesques habituelles. 'Voilà, c'est très bien !' Elle espérait seulement que ses silences sur certains points n'étaient pas trop flagrants. La jeune fille ne voulait que sa tante se fasse du souci à son sujet. Et, plus que tout, Anna refusait de laisser voir à sa tante combien elle se sentait seule et fragile dans ce nouvel environnement, au milieu d'inconnus parfois hostiles à son égard...
- Atchoum !
'Ah ! Non ! Voilà que ça recommence !'
- Atchoum !!
'Et en plus je peux plus m'arrêter !'
- Re-AAAaatchouuummmmmm...
- à tes souhaits !
Une voix venait de rompre le silence du dortoir...
'Oups !'
Anna, dans une vaine tentative pour étouffer ses éternuements, mit précipitamment sa main devant sa bouche, telle une petite fille prise en faute. Malheureusement, c'était déjà trop tard : elle venait de réveiller l'une de ses camarades de dortoir.
- Euh... merci Pénélope !, répondit Anna, adressant à la jeune fille son plus beau sourire, suivi d'une mignonne petite moue qui faisait toujours craquer Mr Parker, son précepteur.
- Rrraaarrrr !!!
Le féroce grognement d'indignation qui s'échappa de la gorge de Pénélope Parkinson prouva à Anna que sa camarade ne se laisserait pas attendrir comme Mr Parker. Dommage...
- Désolée pour le réveil !, s'excusa Anna, pas désolée pour deux sous (ou plutôt deux mormilles...).
Puis, sautant hors de son lit, Anna fila illico presto vers la porte, attrapant son sac à dos au passage : dans les conditions actuelles, la jeune fille jugea qu'elle ferait mieux de ne pas trop traîner dans le dortoir, au risque de s'attirer les foudres matinales de l'éveillée intempestive. L'oreiller qu'elle reçu en pleine tête au moment même où elle mettait un pied dans le couloir, accompagné d'un autre véhément grognement, confirma ses craintes. 'Quel sale caractère, vraiment, ces serpentards !'
Une fois dans le couloir, Anna perçu les bruits caractéristiques qui s'échappaient des autres dortoirs : froissements de draps, longs bâillements prolongés par des soupirs de bien être, petits chuchotements ensommeillés... Bref, il était presque 9 heures du matin et la Maison des Serpentards, comme probablement les autres Maisons de Poudlard, s'éveillait à son tour.
Anna passa rapidement son chemin, en direction de la salle commune et de la sortie. La veille au soir, le même garçon qui lui avait révélé le fonctionnement de l'horloge-guillotine, avait également expliqué à Anna que la porte principale de la Maison était gardée par une certaine Amélie.
- Amélie ?, avait-elle demandé, intriguée. Qui est-ce ?
- C'est la petite fille du tableau : tu lui dis le mot de passe (à bas les sang-de-bourbe!) et si c'est le bon, Amélie fait pivoter son tableau et tu peux entrer. C'est tout simple. Mais...
- Mais quoi ?
- Ben... Parfois... quand quelqu'un ne lui revient pas, Amélie n'ouvre pas la porte, même avec le mot de passe, lui avait-t-il répondu avec un air entendu.
Anna, qui avait bien compris l'insinuation désobligeante du garçon, pouvait presque imaginer le sourire stupide qui l'accompagnait, mais elle n'y avait pas fait attention. En effet, à l'évocation d'Amélie, son sang s'était brusquement figé dans ses veines.
Quelques mois plutôt, Anna se souvenait bien d'avoir lu dans La Grande Histoire de Poudlard, la description d'un tableau semblable, appelé : 'Amélie de Roc ou la comtesse maudite' et déjà, ce tableau l'avait profondément marquée.
Selon La Grande Histoire..., il s'agissait une petite fille aux anglaises noires d'environ 10 ans, vêtue d'une volumineuse robe de dentelle immaculée qui, mystérieusement, tenait dans sa main droite un bâton de bergère. Elle était également entourée de quelques brebis. C'était probablement pour cette raison que les élèves de Serpentard la nommait familièrement : 'la petite bergère'.
La légende qui accompagnait cette description, racontait qu'Amélie, comtesse française ayant vécu au 17ème, s'était livrée à la magie noire dès sa plus tendre enfance et à certaines pratiques indécentes. Or, Maxime de Roc, son père et très puissant sorcier, désapprouvait ses agissements : un jour, poussé à bout par l'impertinence de sa fille, il l'avait enfermée grâce à un sort dans le tableau.
Ainsi donc, la Maison des Serpentards était gardée par le tableau d'une fillette qui n'avait pas été PEINTE, mais bel et bien cloîtrée vivante dans la toile... Comment le tableau était arrivé à Poudlard, personne ne le savait, mais les témoignages s'accordaient tous pour dire qu'il était là depuis les débuts du collège. Depuis Salazar Serpentard.
Bien à l'abri dans le salon moelleux de Tante Violette, Anna avait été partagée entre la pitié à l'égard de l'enfant et le sentiment que celle-ci devait être bien mauvaise pour que son propre père lui fasse subir un tel sort.
Maintenant qu'elle avait été directement confrontée au tableau, toute la pitié qu'Anna avait ressenti pour la fillette s'était dissipée. Car, effectivement, malgré son apparente innocence, il y avait quelque chose de profondément obscène dans la voix fluette de la petite fille lorsqu'elle disait aux élèves : - Rentrez donc, mes agneaux...
La première fois qu'Anna l'avait entendu dire cela, elle en avait eût la chair de poule, et elle avait bien remarqué qu'elle n'était pas la seule : plusieurs premières années qui se trouvaient à ses côtés avaient eût le même mouvement de recul qu'elle.
C'est pourquoi, alors qu'elle sortait pour se rendre à la volière en trébuchant maladroitement sur le seuil de la porte, et que le rire aigu d'Amélie retentit brusquement derrière son dos, Anna ne pu se retenir de courir hors de portée de la voix de la petite fille.
Au pied des escaliers, haletante, la jeune fille s'arrêta enfin, réfléchissant. Même si sa fierté en souffrait, si Anna voulait pouvoir circuler librement dans le château de Poudlard sans se rompre le cou, elle n'avait d'autre choix que d'utiliser de sa canne. C'est-à-dire sa baguette, transformée grâce à une petite formule magique anodine, en une fine canne de bois légèrement flexible, bien pratique et qui lui permettait de savoir ce qu'il y avait devant elle : un escalier, un mur... Certes ça n'était pas très glamour et probablement que les autres élèves y trouveraient un nouveau sujet de moqueries. Cependant, Anna estima que c'était toujours mieux que de s'étaler devant tout le monde, au beau milieu de la Grande Salle, seulement parce qu'elle ne pouvait voir où elle mettait les pieds.
Néanmoins, il lui restait encore un problème à régler : où, diable, pouvait bien se trouver la volière ? Selon toute vraisemblance, il fallait qu'elle monte les escaliers devant lesquels elle se tenait. Ce qu'elle fit. Mais ensuite ? Où aller ? À droite ? À gauche ?
Indécise, Anna s'arrêta à nouveau, tandis qu'un improbable bruit de galop, accompagné d'un cliquettement métallique, se rapprochaient d'elle à vive allure.
- Ola ! Gente damoiselle !
- Qui... Qui êtes-vous ?, demanda Anna, désorientée par cette soudaine interpellation venue de nulle part.
- Le chevalier du Catogan pour vous servir, noble dame !
'Quoi ? Un chevalier ? Avec une armure et un cheval ? ' Mais qu'est-ce que c'était encore que ça ?!? 'Argh !' La voix provenait de tout près, sur sa droite. Or à cet endroit Anna savait qu'il n'y avait rien d'autre qu'un mur de pierre, pour la bonne et simple raison qu'elle y était présentement appuyée. 'Un mur ? Ah... oui, je comprends !'
- Vous êtes dans le tableau, n'est-ce pas ?
- Voilà qui est l'exacte vérité de ma condition, noble damoiselle ! Mais je vagabonde souvent d'un tableau à un autre. Je bourlingue d'étage en étage, de palier en palier...
'Hum... Voilà qui est bien intéressant pour moi !'
- Alors vous connaissez bien le château ! Pourriez-vous m'aider, s'il vous plait, chevalier ?
- Une queste, par ma foy ? Mais pour vous, ma mie, je déplacerai des montagnes ! Je transpercerai les impies du bout de mon épée ! Je répandrai leur sang sur l'herbe verte de nos champs de bataille ! Je
- Euh... chevalier ?, Anna riait maintenant, très amusée par la petite voix essoufflée et visiblement si pleine d'entrain de l'homme. Je ne vous en demande pas tant. Je souhaite juste que vous me conduisiez jusqu'à la volière.
- Hum... vous conduire à la volière ? D'accord j'accepte. Une mission est une mission ! Le preux chevalier que je suis se doit d'aider les damoiselles en détresse. Sus ! Sus donc !
Guidée par son curieux petit compagnon, Anna arriva bientôt à la volière.
- Merci, chevalier du Catogan.
- De rien, noble damoiselle ! Et si vous avez encore besoin d'aide..., lui cria-t-il tout en s'éloignant dans un grand bruit de cavalcade.
Une fois dans la volière, Anna choisi un grand hibou qui appartenait à l'école (elle n'avait pas le sien). Ou plutôt le hibou, un majestueux chat-huant, la choisit, venant amicalement à elle lorsqu'elle tendait le bras pour appeler l'un de ses congénères. La jeune fille attacha sa lettre à la patte droite un hibou et celui-ci s'envola prestement pour remplir sa mission.
Ce n'est qu'après le départ de l'animal qu'Anna prit conscience du froid qui régnait dans la volière. Elle était sûre qu'à chaque fois qu'elle ouvrait la bouche, un petit nuage de vapeur se formait.
- Atchoum !!!
- Aaaatchoummmm !!!
Malheureusement pour Anna, son état s'était largement aggravé pendant la journée. Au repas de midi elle n'avait presque rien avalé tellement sa gorge lui faisait mal dès qu'elle déglutissait. Sa tête aussi était douloureuse.
À 15 heures, elle s'était enfin décidée à se rendre à l'infirmerie, après avoir demandé au préfet des Serpentard comment s'y rendre.
Alors que selon ses calculs Anna s'approchait enfin de l'infirmerie, elle surprit la fin d'une conversation :
- ... se passe pas, venez me revoir, Mr Malfoy !
- mouais... Merci, madame Pomfresh.
Et avant même qu'Anna pense à se cacher (mais où ?), un bruits de pas, rapide et décidé, se dirigea délibérément vers elle.
'Et mince alors !' 'Malfoy ! Manquait plus que lui...'
Il l'avait bien prévenue, la veille dans le train, qu'ils se retrouveraient... Au même instant, quelque chose (quelqu'un) heurta violemment Anna, l'obligeant à s'arrêter.
- Eh ! La dégénérée ! Regarde où tu marches !, éructa Draco Malfoy à son attention, accompagné d'un froissement de robes qu'on lisse pour les remettre en ordre.
- Ah... C'est vrai, tu ne peux pas..., ricana-t-il, comme s'il avait eût un subit éclair de génie, se rappelant enfin que la jeune fille était aveugle.
'L'abruti !' Anna sentait le corps de Malfoy, qui après l'avoir heurté, ne s'était pas reculé. Il était proche, beaucoup trop proche d'elle, et lui faisait barrage.
- C'est toi qui m'es rentré dedans, pas l'inverse, Malfoy ! Laisse moi passer maintenant, dit Anna, tout en cherchant à se dégager.
Pressentant son embarras, Draco fit un pas de plus vers la jeune fille.
Nerveusement celle-ci recula à nouveau... pour se retrouver aculée contre le mur de pierre. À présent, elle sentait l'haleine chaude de son adversaire sur son visage. Mal à l'aise, un peu paniquée, Anna gesticulait vainement, essayant de repousser Draco.
- Lâche moi !
Mais celui-ci resserra encore son éteinte, imposant à la mince jeune fille toute sa force et sa grandeur. Puis il saisi ses poignets, et éclata d'un petit rire moqueur :
- Alors, on fait moins la fière quand on est seule ? Mais, t'inquiète, je m'abaisserais pas à jeter un sort à une handicapée..., chuchota Draco à l'oreille d'Anna, son souffle faisant voler quelques mèches de ses cheveux à la base de son cou.
Elle perçu clairement l'ambiguïté et la menace que contenait cette phrase. Contre une formule magique, Anna pouvait tenter de se défendre. En tout cas, elle connaissait plusieurs sorts de protection... Mais, face à la force physique du jeune homme, à sa poigne de fer, la jeune fille était totalement vulnérable.
'L'ordure !' Retenant difficilement sur le bord de ses lèvres crispées le flot d'insultes et de répliques cinglantes qui lui venaient à l'esprit, Anna devait bien reconnaître qu'il avait raison au moins sur un point.
C'était une chose de faire la fière alors que Neville et ses amis gryffondor étaient présents ; c'en était une autre lorsqu'elle était seule, dans un couloir étroit, confrontée à un Draco Malfoy et à sa dangereuse proximité.
Quand il fût assuré qu'Anna avait bien compris son message, Draco s'écarta un peu d'elle, laissant tomber ses poignets qu'il tenait toujours.
- Bien ! Je vois que nous nous sommes compris.
- ...
- Et pendant que tu y es, demande à Pomfresh si elle ne peut pas faire disparaître cette horreur..., dit-il, en faisant doucement courir son doigt le long de la cicatrice de la jeune fille.
Plus que les injures, ce fût ce geste d'une incroyable familiarité qui révolta Anna. Personne (exceptés quelques médicomages, mais il y avait déjà bien longtemps), personne d'autre qu'elle n'avait jamais touché sa cicatrice. C'était bien trop intime, et Draco Malfoy moins que quiconque n'avait le droit de violer cette intimité.
Mais déjà le jeune homme s'éloignait, laissant une Anna toute tremblante, de peur et de rage contenue. Toujours appuyée contre le dur mur de pierres, dont les arêtes lui blessaient désagréablement le dos, la jeune fille tentait de reprendre son souffle et de calmer son cœur qui battait la chamade.
'Je le déteste !'
Après quelques minutes, Anna entra enfin dans l'infirmerie. Elle espérait que personne n'avait été témoin de son incartade avec Draco Malfoy...
Tandis qu'elle passait la porte étroite, ses sens délicats furent subitement assaillis par l'odeur entêtante de l'amande douce mêlée à celle, plus âpre, du formol.
Ici, l'air était différent que dans le reste du château, à la fois léger et fluide, agréable.
Même les sons résonnaient différemment, comme étouffés. Anna percevait à peine le bruit de ses pas alors qu'elle sentait qu'elle marchait sur du carrelage (ou quelque chose d'avoisinant)...
Enfin, elle pouvait presque deviner la clarté brillante de la pièce, les petits lits individuels, les instruments bizarres posés sur les tables...
Tout était très calme, et cela lui semblait comme un sacrilège de déranger cette tranquillité.
Lorsque finalement Anna appela :
- Euh... Il y a quelqu'un ?, sa voix retentit brutalement dans le silence.
La jeune fille s'attendait presque à en recevoir l'écho après quelques secondes. Au lieu de cela, ce fût une voix chaleureuse qui lui répondit :
- Miss Jones ! Entrez donc, ne restez pas à la porte !
Puis, une petite main, douce et replète, s'empara de celles d'Anna, la forçant gentiment à pénétrer dans la pièce.
- Bonjour, Madame Pomfresh.
- Que puis-je faire pour vous mon enfant ?, lui demanda l'infirmière de sa bonne voix maternelle.
- Je... hum... atchoummm !!!
- Ah ! Par Merlin ! Je comprends ! Vous êtes enrhumée !
'Pardi !'
- Ma pauvre petite... Oui, j'avais bien dit à Albus...
Tout en débitant une interminable litanie de reproches à l'encontre du directeur, Madame Pomfresh s'activait méthodiquement autour d'Anna.
- ... le lac avec cet horrible calamar ...
Elle poussait maintenant la jeune fille jusqu'à un lit, lui intima de la main l'ordre de s'y asseoir.
- ... sont si petits, si fragiles...
Autoritairement, l'infirmière dégrafait les boutons de la robe de sorcier d'Anna.
- ... bien trop dangereux !
Sa main palpait fermement le délicat poignet d'Anna, prenant son pouls.
-... pauvre enfant ! Était toute trempée... Hum... un peu vif, mais ça ira !, conclut-elle, retrouvant par la même occasion une intonation plus professionnelle.
Sa paume fraîche contre le front puis les joues de la jeune fille, l'infirmière mesura également si Anna avait de la fièvre.
- Miss Jones... reprit-elle, avec toujours un air de reproche dans la voix, mais cette fois-ci, Anna comprit qu'il lui était directement adressé.
- Miss Jones, vous êtes fiévreuse. Avez-vous mal à la tête ou à la gorge ?
- Un peu... et mon nez est complètement bouché. Mais sinon ça va...
- Comment ça, 'ça va' ? Mais vous auriez du venir me voir plutôt ! Ah ! Ces jeunes... Il faut toujours que vous attendiez le dernier moment pour vous soigner... Bon, ma petite, ne bougez pas, je reviens...
Anna entendit ses pas s'éloigner puis, quelques secondes plus tard, revenir dans sa direction.
- Voilà, une potion tue-rhume. Avec ça votre mal de tête va vite disparaître. Et demain vos sinus seront débouchés.
Tout en disant cela, elle fit ingurgiter à Anna deux grandes cuillères d'une potion au goût de gentianes fermentées, qui lui brûla douloureusement la gorge.
'Beurk !'
- Oui, je sais, le goût n'est pas très agréable. À chaque fois je demande à Severus d'ajouter un peu de sucre à sa potion, mais... Ah ! Au fait, les effets secondaires sont mineurs : vos oreilles risquent de fumer un peu... Ce sont des choses qui arrivent avec ce genre de médecine... Il faut bien que la pression s'évacue... Mais d'ici deux jours tout sera fini !
Tout en pensant avec horreur à ses oreilles se mettant à fumer pendant le repas du soir ou en plein milieu de la salle commune des serpentards, Anna se rhabilla.
- Miss Jones ! Qu'est-ce que vous avez là ?
'Zut !'
- Pourquoi boitez-vous ?, la voix de l'infirmière s'était faite insistante, presque sévère.
- Oh, ça ! Ce n'est rien du tout. Je...
Mais à nouveau, Madame Pomfresh avait obligé la jeune fille à se rasseoir sur le lit. Et elle tirait maintenant sur sa botte droite pour la lui retirer. Quand ce fût fait, elle roula délicatement son bas le long de sa cheville.
- Je... je me suis fait mordre, avoua piteusement Anna, un peu gênée que cette femme la déchausse à sa place.
- Hum... oui, je vois ça. Un serpent sans aucun doute.
Ses doigts, légers, couraient doucement sur la peau nue d'Anna.
- Mais... voilà qui est bien étrange... Pas de venin, juste des morsures, comme si... comme si ilsne voulaient pas vraiment vous attaquer...
- Comment ça ils ?
- Et bien oui, ils. Vous avez été mordu trois fois, jeune fille ! Il y a les traces de trois paires de crocs bien distincts. Vous ne vous en êtes pas rendu compte ?, la voix de l'infirmière s'était à nouveau faite douce.
- Je... euh... non...
- Oui, je comprends ! Avec le maudit calamar qui vous tenait, vous n'avez pas dû faire attention au reste. Et puis il y a tellement de choses... malsaines dans ce lac.
- Non...Je...dans les douches...
Mais avant d'aller plus loin, Anna jugea qu'il était préférable pour elle de se taire.
Elle ne voulait pas paraître folle ou hystérique aux yeux de la gentille infirmière.
Et puis elle-même n'y comprenait absolument rien : 'plusieurs morsures ?!?'
Anna raisonna rapidement : si Madame Pomfresh voyait trois morsures, c'était qu'il y en avait vraiment trois. Elle ne mentait pas, et surtout elle n'avait aucune raison de le faire.
Mais comment cela était-il possible ?
La jeune fille n'avait sentit qu'une seule douleur à sa cheville, pas trois. Elle en était sûre et certaine. Catégorique. Sa main au feu. Et le serpent n'aurait pas pu la mordre sans qu'elle s'en rende compte. Non. Impossible.
Et de toute façon, il ne l'avait touché qu'une unique fois et il était parti directement après.
Sachant tout cela, l'étape suivante de son raisonnement était simple, mais néanmoins difficile à franchir : était-ce possible que le serpent l'ait mordu à trois endroits différents en même temps ?
Comme si il avait eût trois gueules différentes ? Trois têtes ?!? À cette pensée, Anna frissonna violement : quelle horrible chose à laquelle elle avait été exposée !!!
'Par Merlin, il faut que j'en sache plus, que je me renseigne !'
- Madame, est-ce possible qu'il y ait des serpents dans le château ?
- Comment ? Des serpents dans le château ?, répéta l'infirmière d'une voix offensée.
Bien sûr que non, voyons ! Le directeur (et moi-même) ne le permettrions jamais !
Puis, se radoucissant, elle continua :
- Ne vous inquiétez pas, mon enfant. Vous avez eût une mauvaise expérience hier soir. Mais ça ne se reproduira plus. À l'intérieur du château vous êtes en sécurité...
- Merci, répondit humblement Anna, tout en se remémorant amèrement sa toute récente entrevue avec Draco Malefoy.
Madame Pomfresh qui enduisait la cheville d'Anna avec un onguent épais qui sentait les fleurs, ne fit pas attention à l'ironie que trahissaient les paroles de la jeune fille.
- Voilà, dit-elle, qui apaisera la douleur. Attendez quelques minutes que la pâte pénètre votre peau et vous pourrez y aller, Miss Jones !
En sortant de l'infirmerie, Anna fila directement à la bibliothèque. Elle avait deux heures avant le repas du soir et aucune envie de les passer dans la salle commune de sa Maison où elle risquait de rencontrer Draco Malfoy... De plus, elle était curieuse d'éclaircir le mystère du serpent tricéphale (du moins, si un tel serpent existait vraiment...).
À en juger par le silence qui y régnait lorsque Anna entra, la bibliothèque était à peu près déserte : quelques raclements de chaise que l'on déplace, d'à peine audibles chuintements de semelles sur le sol ciré... brisaient faiblement ce calme. Sûrement s'agissait-il de septièmes années révisant en prévision de leurs prochains Aspics, 'ça me fait penser qu'il va falloir que je me mette à mes BUSEs, moi !', et aussi d'une poignée de Serdaigle particulièrement sérieux. Anna était quasiment certaine qu'aucun Serpentard ne s'y trouvait...
Pourtant, une voix la héla discrètement tandis qu'elle s'avançait entre les tables, dans la travée principale : c'était celle d'Hermione Granger. 'Bien sûr, j'aurais dû y penser !' ricana intérieurement Anna. Combien de fois Neville ne leur avait-il pas raconté qu'Hermione Granger 'est la plus studieuse, la plus intelligente, la plus spirituelle et charmante de toutes les filles de l'école...' Bon, d'accord, Anna en rajoutait un peu : peut-être que Neville n'avait pas précisément employé ces mots. Cependant, sur ce sujet, le jeune garçon pouvait être intarissable (et profondément ennuyeux, d'après Anna). Elle le soupçonnait d'être secrètement amoureux d'Hermione Granger. Et elle soupçonnait également que la jeune fille en question n'avait absolument rien remarqué... et n'avait d'yeux que pour un autre...
Pour le moment, Hermione et elle se saluèrent très civilement et très poliment. Et même, alors qu'Anna installait ses affaires sur la table à proximité de la jeune Gryffondor, celle-ci lui demanda gentiment :
- Euh... Anna ? Est-ce que tu veux un coup de main ? Je sais que pour les nouveaux élèves, c'est toujours difficile de s'y retrouver ici, il y a tellement de rayonnages...
Anna apprécia le tact d'Hermione qui ne fit aucune allusion directe à sa cécité.
- Non c'est gentil, ce n'est pas la peine de te déranger Hermione ! Dis moi seulement où se trouvent les livres sur les créatures magiques.
- à deux mètres, tu prends la première rangée à droite, c'est tout au fond, cinq étagères en bas sur deux-trois mètres.
'Waouh ! Spirituelle et charmante, je sais pas... Mais cette fille, c'est une véritable encyclopédie !'
- Ok, merci ! Et est-ce qu'il faut que je prévois de m'arrêter bivouaquer en chemin ?, demanda Anna, avec un peu plus d'ironie dans la voix qu'elle ne l'aurait souhaité.
- Hum ... oh ! De rien !
Visiblement, Hermione n'avait rien remarqué et s'était déjà replongée dans ses livres, totalement absorbée par ce qu'elle lisait.
Grâce aux très précises instructions de la jeune Gryffondor, Anna trouva rapidement les rayons qui l'intéressaient. Stoppant devant, elle écouta attentivement autour d'elle. Quand elle fut absolument sûre et certaine d'être seule dans le rayon, la jeune fille tapota le bout de ses doigts de sa baguette magique et chuchota :
- Montrez-moi ce que mes yeux ne peuvent voir !
C'était une formule magique qu'elle avait apprise très tôt dans son enfance.
Grâce à celle-ci n'importe quel caractère écrit, quel que soit son support : livre, parchemin (avant de venir à Poudlard, Anna s'était même entraînée sur un tableau noir et des flacons à potions !), bref, n'importe quel caractère que ses doigts effleuraient se transformait instantanément en un ensemble complexe de points en relief, puis redevenait normal dès le contact rompu.
C'était ce que les moldus appelaient : le braille, mais 'revu' à la 'sauce sorcière'.
En effet, contrairement aux moldus pour lesquels il n'existait qu'un seul alphabet braille : le même pour tous, dans le monde sorcier, chaque alphabet était unique et spécifique à la personne qui l'utilisait.
Anna promena doucement ses doigts sur la tranche des livres qui se présentaient à elle. Ils étaient si nombreux à traiter des créatures et des animaux fantastiques !
Et d'une manière plus générale, il y avait tellement d'ouvrages dans la bibliothèque de Poudlard... Anna devinait, très justement, que certains livres étaient anciens de plusieurs siècles. D'autres infiniment précieux.
La jeune serpentarde commençait à comprendre pourquoi une fille aussi populaire qu'Hermione Granger y passait ses dimanches. Se promener dans les rayons procurait, pour qui y était sensible, un profond sentiment de liberté et de pouvoir. Avec une telle quantité de livres, portant sur tellement de sujets différents, rien ne pouvait être impossible. Il y avait forcément une réponse à chacune des questions que l'on pouvait se poser... C'était une idée un peu enivrante, mais puissamment satisfaisante... L'odeur d'encaustique que dégageaient les parquets et les tables cirés tournait légèrement à la tête. Tout cela était agréable à souhait.
Sur les étagères concernant les animaux fantastiques qu'Hermione lui avait indiqué, plusieurs étaient exclusivement consacrées aux serpents. Anna souriait aux titres parfois farfelus de certains ouvrages. Cependant, elle aurait bien aimé avoir plus de temps pour les examiner. Par exemple : Moi, Le Sorcier Rampant ou Comment j'ai passé 15 ans sous terre, semblait plutôt prometteur dans son genre ! Peut-être pendant les vacances... Ou si (ou plutôt quand) elle avait besoin de se changer les idées pendant ses révisions de BUSEs...
Finalement, elle choisi 4 ou 5 gros livres, passablement poussiéreux, qui lui paraissaient sérieux et bien documentés. Puis, les calant adroitement sous son bras, elle manoeuvra habillement pour revenir s'assoire à sa place sans les laisser tomber.
Une fois installée, Anna prononça une seconde formule magique qui lui permettait de tourner l'ensemble des pages d'un livre en écriture braille. Contrairement à l'autre formule, le sort était permanent. Du moins jusqu'à ce qu'elle prononce la contre formule...
Anna travailla de cette manière pendant une bonne heure.
Elle apprit toutes sortes de choses intéressantes ou saugrenues (parfois les deux) sur les serpents : fréquence de la mue variant d'une semaine (l'anacondis communis) à un siècle (le Méduséla primitif), l'accouplement inversé en S ou en M...
Elle frissonna en lisant la description du Basilic : 'son arme la plus terrifiante reste le regard de ses immenses yeux jaunes qui ont le pouvoir de tuer instantanément quiconque a le malheur de les fixer (1)' 'Eh ! C'est cool, je suis immunisée !'
Bref, la jeune fille emmagasina quantité de renseignements sur tous les serpents possibles et imaginables, mais ne trouva pas une seule ligne sur un hypothétique serpent à trois gueule...
- Poufffffff...
- C'est si barbant que ça ?, demanda Anna, fortement amusée par le long soupir d'Hermione qui traduisait si bien son propre état d'esprit.
Comme ça, même la Grande H. Granger en personne pouvait être découragée par un livre ou un devoir trop ardu ? 'Ah Ah Ah !'
- Arithmancie...
- Ouh là là ! Oui, je comprends ! Moi aussi j'ai pris cette matière, mais je n'ai pas encore commencé à réviser pour les cours... J'ai raté quatre ans, alors ça peut bien attendre un jour de plus ...
- Mais alors, qu'est ce que tu fais ici, un dimanche après-midi ?
'Oups !'
- Recherches personnelles..., répondit vaguement Anna.
'C'est qu'elle est curieuse la petite Granger !' En effet, Anna sentait le regard immense et très intéressé d'Hermione Granger toujours fixé sur elle.
- Bréviaire des animaux fantastiques rampants... Introduction à la Serpentologie..., énuméra-t-elle, tout en déchiffrant les titres des ouvrages posés devant Anna. Eh bien, reprit-elle en riant, on dirait que tu prends ta nouvelle condition de serpentarde très à cœur...
- Mais non... C'est juste...
Anna hésitait à se confier à la jeune fille Gryffondor. Et si elle la prenait pour une folle ? 'Une de plus, une de moins, finalement ça ne changera pas grand chose ! '
- écoute, Hermione. Tu vas peut-être trouver ça bizarre... Mais je cherche des renseignements sur un serpent à trois têtes.
'Voilà !' C'était dit... Heureusement pour Anna, Hermione ne semblait pas sur le point d'éclater de rire. Elle répondit plutôt, songeuse :
- Un serpent avec trois têtes... Je me demande si... Attend.
Hermione s'empara prestement d'un des livres placés devant Anna.
- Euh... Anna ?
Maintenant, Hermione tendait à nouveau le livre en question à Anna, l'air embêtée.
- Ah oui ! Excuse moi. J'oublie toujours ! Redeviens invisible à mes doigts !, énonça Anna, tapotant le livre de sa baguette magique.
- Merci, dit Hermione en reprenant le livre. Tu devrais faire attention à l'avenir. La bibliothécaire, Madame Pince, est très stricte. Et si jamais elle trouve un livre que tu as oublié de retourner, elle saura tout de suite que c'est toi...
'Pas bête...'Anna entendait l'intelligente Gryffondor tourner furieusement les pages de l'ouvrage. Brusquement celle-ci poussa un petit cri de victoire (qu'elle dissimula rapidement sous un petit toussotement, à l'attention de Madame Pince).
- Voilà, c'est là ! Je savais bien que ça me disait quelque chose ! Écoute : le Runespoor, originaire du Burkina Faso, serpent à trois têtes dont la longueur atteint généralement un mètre quatre-vingt à deux mètres. D'une couleur orange tirant sur le violet, rayé de bandes noires...(1)
Hermione arrêta subitement sa lecture, peut-être consciente que Anna préférerait lire l'article par elle-même. Ou peut-être était-ce l'allusion aux couleurs du serpent, qu'elle pensait déplacée puisque Anna ne pouvait les voir... Celle-ci, trop excitée pour y faire attention répondit :
- Oui, c'est bien ça !
'Alors comme ça, ce maudit serpent existe bien !' Elle n'avait donc pas rêvé ! Elle n'était pas folle !
- Mais, au fait, comment en as-tu entendu parlé ?
'Oups !' Le cœur d'Anna, qui venait de s'envoler de joie, retomba brutalement dans sa poitrine. Vraiment, la petite Granger était trop intelligente ! Et trop curieuse aussi !
Anna tenta de contourner la question embarrassante :
- Vraiment, je te remercie 1000 fois Hermione, sans toi je
- IL EST 7 HEURES ! hips ! LA BIBLIOTHÈQUE EST FERMÉE ! hips ! TOUS DEHORS ! hips ! hips ! hips !!!
Anna et Hermione avaient eût un même sursaut violent tandis qu'une voix aigue de femme se mettait à hurler.
- C'est... c'est... c'est... Madame Pince !!!, balbutia Hermione, totalement effarée.
À en juger par les chuchotements des autres étudiants présents, tous partageaient son effarement. Leur surprise était telle qu'apparemment tous étaient restés figés sur place. Les hurlements hystériques de la femme n'en résonnaient que plus :
- ALLEZ ! hips ! SORTEZ ! hips !
Maintenant, Anna percevait en plus un bruit de pas qui se déplaçait rapidement sur le sol lambrissé de la bibliothèque, comme en cadence.
- Par Merlin ! Anna ! Madame-Pince-est-en-train-de-danser !!!
Si Hermione s'était trouvée face à un hippogriffe bleu à pois roses, Anna était sûre que sa voix n'aurait pu traduire une plus grande incrédulité.
- Toréador... Toréador ... Là Là Làà... là là l
D'après ce qu'entendait Anna, la fameuse bibliothécaire ne faisait pas que danser, elle chantait aussi.
- Toréador... Toréador ...
- Il faut que je te laisse. À plus tard, Anna, dit précipitamment Hermione.
Puis celle-ci s'éloigna, en direction de Madame Pince. Ce fut comme une sorte de déclencheur. Tout autour d'Anna, les autres élèves se mirent simultanément à éclater de rire, à parler fort, et bientôt à quitter la bibliothèque dans une course désordonnée.
En effet, si Hermione Granger, une des filles les plus intelligentes de Poudlard et également chouchoute de Albus Dumbledore, prenait la situation en main, alors, eux, ils pouvaient partir.
Au loin, Anna entendait Hermione qui tentait vainement de calmer la bibliothécaire :
- Madame Pince ? Est-ce que vous vous sentez bien ? Voulez-vous que je vous emmène à l'infirmerie ?, demandait-elle d'une voix étrangement douce.
Puis, retrouvant son habituelle intonation autoritaire, elle ordonna à un quidam :
- Toi ! Va chercher le Directeur. Vite, dépêche toi !
'C'est juste ce qu'il me fallait' pensa malicieusement Anna.
Profitant de l'agitation générale, la jeune fille glissa discrètement le livre contenant l'article sur le serpent à trois têtes dans son sac. Ni vu ni connu, elle le rapporterait plus tard... Maintenant qu'elle (ou plutôt Hermione) avait trouvé ce qu'elle cherchait, elle ne voulait pas attendre que la bibliothécaire hystérique et très visiblement alcoolique soit internée et remplacée pour emprunter le livre... 'Non mais !'
En passant l'embrasure de la porte, Anna retint son souffle : et si il y avait une alarme magique de dissimulée quelque part... Allait-elle se mettre à sonner brusquement, la dénonçant à tous les regards ? À celui d'Hermione Granger ?
Mais, non, elle était déjà dans le couloir et rien ne s'était passé. C'était presque trop facile...
Finalement elle n'était peut-être pas serpentarde pour rien...
Après cela, la soirée passa rapidement aux yeux de Anna. Elle expédia son repas, bien que grâce aux remèdes de Madame Pomfresh elle se sentait à nouveau beaucoup d'appétit. À 21 heures, enfin à l'abri des rideaux de son lit à baldaquin, la jeune fille ressortit le passionnant livre 'vol'. 'Voilà, c'est là : page 321' :
« RUNESPOOR :
Animal dangereux, qui exige une connaissance spécialisée.
Maîtrise possible par un sorcier expérimenté.
Le Runespoor est originaire du Burkina Faso. Il s'agit d'un serpent à trois têtes dont la longueur atteint généralement un mètre quatre-vingts à deux mètres dix. D'une couleur orange tirant sur le violet, rayé de bandes noires, le Runespoor est très facile à repérer et le ministère de la Magie du Burkina Faso a décidé de rendre incartables certaines forêts du pays afin de les réserver exclusivement à cette créature.
Bien qu'il ne soit pas particulièrement méchant, le Runespoor a été à une certaine époque l'animal de compagnie préféré des mages noirs en raison de son apparence intimidante. »
'Bah tient !'
bla bla bla bla...
« La tête de droite possède des crochets terriblement venimeux. Le Runespoor atteint rarement un âge avancé car ses trois têtes ont tendance à se combattre les une les autres... » (1)
Anna récapitula ce qu'elle venait d'apprendre, ne sachant pas encore si ça avait une quelconque importance :
1) le serpent était africain, donc il n'y avait aucune raison qu'elle en croise un, ici, à Poudlard.
2) il était puissamment venimeux. Dans ce cas, pourquoi ne l'avait-il pas empoisonnée ?
3) il était prisé des mages noirs...
Tout cela était bien mystérieux. Sombrant peu à peu dans un sommeil artificiel provoqué par le remède de Madame Pomfresh, la jeune serpentarde trouna et retourna dans sa tête ces éléments...
(1) Les Animaux Fantastiques, Newt Scamander (autrement dit JKR)
Et voilà, c'est fini... J'éspère que vous avez aimé. J'attends vos commentaires.
Pour la suite, on va dire dans deux semaines...
