Disclaimer : Tout appartient à JKR
Rating : PG
RAR : Merci Soft et Clochette de rester fidèles à Anna. Merci à vous aussiSnapye et Claudimione (j'en reviens pas que tu m'aies mise dans tes favoris et que tu aies lu ma bio - moi, je pensais que ces trucs personne ne les regardait !) qui venez de rejoindre cette histoire !
Petite annonce avant de commencer : ce chapitre risque d'être le dernier avant longtemps parce que je fais une petite pause question écriture de cette fiction. J'en ai 1 autre sur le feu (pour + de détails, voir ma bio) et en + j'ai de moins en moins de temps. Désolée...
Bonne lecture !
Chapitre 7 : Une Saison en Enfer …
Les premières semaines passées à Poudlard avaient été particulièrement difficiles pour Anna – tant moralement que physiquement, d'ailleurs -… La jeune fille s'était soudainement retrouvée immergée dans un monde inconnu, parmi des gens qui ne la comprenaient pas (et ne cherchaient pas à la comprendre), à devoir affronter des situations totalement nouvelles…
Pour une aveugle comme elle, même munie d'une canne magique, se déplacer seule dans les couloirs du château relevait déjà d'un véritable parcours du combattant.
À ses dépends, Anna avait bien vite compris que les quatre Fondateurs, tout intelligents et sages puissent-ils avoir été, n'avaient absolument pas prévu la possibilité qu'un élève aveugle arpente un jour les couloirs sans fin de leur bâtisse. Ou alors, pensait-elle souvent avec une pointe d'amertume au cœur, avaient-ils volontairement fait en sorte de lui rendre la vie impossible… Auquel cas, c'était très réussi, merci ! Après tout, si l'on y réfléchissait bien, Goderic hardi Gryffondor, Helga loyale Poufsouffle et Rowena réfléchie Serdaigle avaient été les grands amis de Salazar roublard Serpentard… 'Qui se ressemble s'assemble', disait-on chez les moldus…
Ainsi, jour après jour, la pauvre Anna devait braver des escaliers mouvants qui l'égaraient dans les ailes les plus reculées (et les plus désertes) de Poudlard, des marches piégées sur lesquelles elle trébuchait à chaque fois (et à force de tomber, ses jambes devaient être intégralement bleuies), des tableaux vivants qui s'amusaient à lui tirer méchamment les cheveux quand elle s'en approchait de trop près… C'était à croire que tous (même les escaliers et les marches, à supposer qu'ils aient une conscience propre – ce dont Anna ne doutait plus -) s'amusaient d'elle !
Mais le pire restait ces satanées portes cachées dans le décor ou bien gardées par un sortilège quelconque. Celles-ci étaient carrément inaccessibles pour la jeune fille, qui devait alors attendre que quelqu'un d'autre arrive (ce qui pouvait prendre un certain temps) et ouvre la porte pour elle (ce qui était, en somme, toujours assez humiliant). Les mauvais jours, Anna en aurait hurlé de rage…
Néanmoins, cela n'aurait pu être que des détails sans importance, si seulement la jeune fille ne s'était pas sentie si seule… Bizarrement, c'était la première fois de sa vie qu'Anna vivait entourée de tant de monde (et à plus forte raison de jeunes gens de son âge) et pourtant, jamais encore elle ne s'était sentie si isolée… Et si désorientée.
Peut-être était-ce parce qu'elle avait habité trop longtemps avec pour seule compagnie 2 vieilles dames et comme unique ouverture sur le monde des livres poussiéreux et des précepteurs guindés, mais les conversations de ses camardes la plongeaient immanquablement dans des abîmes d'incompréhension…
D'un côté, les Serpentards ne semblaient s'intéresser qu'à une chose : une certaine Initiation qui allait bientôt commencer et qui serait suivie d'une Intronisation toute aussi mystérieuse… Ils se taisaient dès qu'Anna les écoutait. Pourtant, celle-ci avait beau fouiller chaque recoin de sa mémoire, elle ignorait totalement de quoi il s'agissait. D'un autre côté, la grosse majorité des discussions des élèves du collège portait sur des sujets beaucoup moins énigmatiques : petites ou grandes histoires d'amour (aux protagonistes inconnus d'Anna), matches et entraînements de Quidditch (ça, bien sûr, la jeune fille connaissait. Mais sa cécité ne lui avait jamais permis d'y prendre un quelconque intérêt)… Enfin tous ses camardes de cinquième année ne parlaient déjà plus que des examens à venir. Ce qu'Anna trouvait passablement barbant et vain : quel besoin avaient-ils donc de se faire peur mutuellement des mois à l'avance ? Si au moins ils passaient à travailler le temps qu'ils prenaient pour se plaindre…
Au milieu d'eux, Anna peinait à trouver sa place. À supposer qu'il en existe une pour elle à Poudlard…
Et surtout, surtout, Anna souffrait de ne pas avoir d'amis à qui se confier.
Certes, auparavant, elle n'en avait jamais eût et ne se souvenait pas l'avoir jamais déploré, même s'il lui arrivait parfois de s'ennuyer dans le manoir vide et silencieux de sa grand-tante. Mais maintenant qu'Anna entendait les groupes et les couples se former et se déformer au gré des disputes ou des réconciliations, maintenant qu'elle était le témoin invisible de leurs rires et de leurs secrets partagés, la jeune fille devait bien avouer qu'elle éprouvait un sentiment de jalousie à leur égard. D'autant plus qu'à leur contact, elle se découvrait une nature plutôt chaleureuse et sociable…
Depuis sa plus tendre enfance (et sa grand-tante l'avait très fortement encouragée dans ce sens), Anna avait tenté de se persuader que, parce qu'elle était aveugle et défigurée, elle devait s'habituer à être seule. Mais à présent, le doute s'insinuait dans son esprit. Et si après tout…
Bien sûr, Anna n'était pas vraiment abandonnée de tout Poudlard. Après un petit temps d'adaptation, les élèves s'étaient habitués à son apparence effrayante et à son étrange regard fixe. De nombreux poufsouffles, des serdaigles et aussi quelques gryffondors la saluaient amicalement au début des cours qu'ils avaient en commun…
De plus, Neville était toujours aussi gentil, toujours prêt à lui servir de guide lorsqu'elle avait besoin d'aide, par exemple pour se rendre dans un endroit inconnu d'elle (et même si 1 fois sur 2 ils se perdaient ensemble en suivant les indications du jeune rêveur). Mais Neville, son presque frère, irréversible anxieux, avait bien peu de temps à lui consacrer. Déjà, il croulait sous les devoirs et son envie démesurée de réussir l'année…
Par ailleurs, Anna croisait souvent Hermione Granger à la bibliothèque ou dans les salles d'études. À chaque fois, toutes les 2 discutaient courtoisement quelques instants. Parfois même échangeaient-elles quelques blagues à propos d'un livre qu'elles avaient lu ('attention, humour intellectuel !' aurait ricané Ron). La jeune gryffondor semblait s'intéresser tout particulièrement à la bonne intégration d'Anna au sein du collège ainsi qu'à son statut d'handicapée. Mais Anna détestait en parler et leur relation n'allait pas plus loin, probablement sans qu'aucune des 2 ne sache vraiment pourquoi.
En revanche, Anna aimait beaucoup Ginny Weasley. Celle-ci venait quelques fois déjeuner avec Anna, même si cela signifiait pour elle s'asseoir à la table des Serpentards. Amusante et boute-en-train, Ginny cachait une part d'ombre en elle. Certains jours, la tristesse et la mélancolie qui émanaient d'elle étaient si fortes qu'Anna, bien qu'aveugle, pouvaient quand même les ressentir… Et cela lui donnait envie de faire plus ample connaissance avec Ginny. Mais, la jeune gryffondor avait déjà beaucoup d'amis (qu'elle fréquentait parfois depuis toujours) et il n'y avait sûrement pas de place dans sa vie pour quelqu'un comme Anna… Malgré tout, celle-ci était toujours ravie de passer un petit moment avec Ginny.
Évidemment, Anna n'avait aucun rapport amical avec ses autres camarades de Serpentard. Depuis le jour de la rentrée et sa mémorable chute dans le lac, Anna était officiellement reconnue comme second bouc émissaire, après Harry Potter, du professeur Rogue. Elle n'était ni jolie, ni particulièrement riche et n'appartenait pas à une famille influente. Autant dire que tout le monde se demandait encore comment elle avait fait pour atterrir à Serpentard ! De plus, avec une grande mauvaise foi qui la scandalisait, tous prenaient sa réserve et ses hésitations (bien naturelles) pour une preuve de son évidente stupidité. De son côté, pourquoi Anna aurait-elle fait des efforts pour se lier avec des gens qui la condamnaient sans la connaître ?
Donc, après la réaction de surprise et le mécontentement initial qu'avait provoqué sa répartition dans cette maison élitiste, l'indifférence était de mise à son égard. Personne ne parlait à la jeune fille que le strict minimum, du genre :
" - Jones ! Vires-toi de là ! Ta robe est en train de prendre feu ! "
(ou les risques de s'asseoir trop près d'une cheminée… Mais, il faisait tellement froids dans les cachots de Poudlard !) Et cette indifférence était à double sens.
En outre, Anna aurait été bien heureuse et ses journées bien plus tranquilles si seulement TOUS les serpentards l'avaient ignorés… Malheureusement, ses 'compagnes' de dortoir (Pénélope Parkinson, Maddy Brooks, Pandora Blair et – dans une moindre mesure – la splendide et capricieuse Ivy White) ne semblaient pas avoir d'autres distractions que de lui empoisonner la vie… Quotidiennement, Anna devait supporter leurs sarcasmes, leurs petites blagues idiotes ou tout simplement leur mauvaise humeur. Et les jeunes serpentardes profitaient sans vergogne de son incapacité (ou plutôt sa réticence) à se défendre magiquement… Parfois, quand elle sentait qu'elle pouvait se le permettre sans risquer des représailles physiques et immédiates, Anna les envoyait promener sans autre forme de procès.
C'était encore bien pire lorsque la sinistre bande de Draco Malfoy entrait dans le jeu. Le jeune homme ne manquait pas une occasion de rappeler à Anna leur 'entretien' devant l'infirmerie, durant lequel la jeune fille s'était retrouvée seule et sans défense, acculée par lui contre un mur… Et à chaque fois le serpentard obtenait l'effet escompté par lui : à ce souvenir, Anna se décomposait sous ses yeux…
En effet (et sans qu'elle ne sache pourquoi), Anna craignait (et fuyait) Draco Malfoy comme la peste. Les injures qui sortaient de sa bouche la blessaient toujours plus que celles de autres… Sa présence seule lui faisait désagréablement monter la chair de poule le long du dos… C'était spécial. C'était unique. Comme une sorte de connexion avec le jeune homme. Un lien dont elle ne voulait pas. Pourtant, Anna était presque sûre que Draco Malfoy aussi le ressentait. Sinon, pourquoi ce serait-il acharné sur elle ? Ce n'était pas les ennemis qui lui manquaient à Poudlard et Anna n'était même pas dans la même classe que lui… Pansy Parkinson (la cousine de Pénélope, âgée d'un an de plus que les jeunes filles), elle, l'avait bien sentit. Elle voyait d'un mauvais œil l'intérêt tout particulier que son blond petit ami portait à la jeune Anna. Et Pansy n'en était que plus odieuse avec elle…
Vaillamment, Anna allait son bonhomme de chemin. Contre toute attente, sa cécité lui était de quelque secours, la préservant des regards cruels des autres élèves. Mais, souvent, elle pouvait les sentir lui brûler la peau. Et certains jours, c'en était trop.
À ce titre, sa première journée de cours à Poudlard avait été une véritable catastrophe…
Son emploi du temps, que le sévère préfet des Serpentards lui avait remis la veille, indiquait à Anna qu'elle commençait l'année avec 2 heures de potions supervisées par le terrible professeur Rogue. Voilà qui augurait bien , avait-elle pensé avec appréhension. Il risquait de lui en vouloir encore de lui avoir vomit dessus devant l'ensemble de l'école après sa chute dans le lac…
Aussi, ce matin-là, Anna s'était-elle levée largement avant ses camarades de dortoir, largement même avant le lever du soleil : elle voulait avoir le temps de se préparer tranquillement (c'est-à-dire seule) afin qu'aucun professeur (et encore moins Rogue) n'ait rien à lui reprocher. De toute façon elle était bien trop excitée pour rester au lit. C'était sa toute première rentrée des classes ! Certes, Anna allait devoir faire ses preuves (et se serait peut-être plus difficile qu'elle ne l'avait imaginée), mais elle allait également pouvoir profiter de nombreux enseignements dans lesquels sa grand-tante n'avait pas jugé nécessaire de la faire instruire.
Toutes ces pensées tourbillonnaient dans la tête d'Anna tandis qu'elle s'habillait avec soin : sous-vêtements et bas propres, sa jupe plissées bien ajustée à la taille, les plis droits bien à leur place… Le pire serait qu'elle arrive dans la Grande Salle, devant tous les élèves attablés, avec l'un de ses habits à l'envers ! Ou tous ! L'horreur totale… Anna en avait rêvé une fois, cet été, juste après son inscription au collège. Depuis, c'était devenu sa hantise. Avec un frisson, elle vérifia que sa tenue était bien en ordre. Oui…
Une des filles se réveilla à son tour, bailla bruyamment puis fila prendre sa douche.
Avec délicatesse, Anna enfila son chemisier, le lissant de sa main sur la poitrine. L'écusson des Serpentards y avait été ajouté. Lorsqu'elle n'était qu'une enfant, sa grand-tante lui avait appris à toujours faire en sorte que ses vêtements ne soient pas froissés. Plus récemment, la veille dame lui avait montré comment se nouait une cravate.
Déjà, autour d'Anna le reste des filles s'activait frénétiquement : leur réveil n'avait pas sonné à l'heure. Elles étaient toutes tellement pressées qu'aucune ne pensait à ennuyer Anna. Tant mieux.
S'emparant de sa brosse, elle entreprit de discipliner un peu ses longs cheveux. Malgré une nuit de sommeil, ils étaient doux au toucher… Doux comme de la soie. C'était la partie de son corps qu'Anna préférait. Du moins, se rectifia-t-elle mentalement, c'était la seule partie qu'il lui était vraiment permis de connaître grâce au toucher. Combien de fois tante Violette ne lui avait-elle pas répété que ses cheveux étaient magnifiques ? Aussi sombres que les ailes d'un corbeau, aimait-elle dire, mais avec des reflets de cassis bien mûr… à ce souvenir heureux, Anna sourit malgré elle : penser à sa tante lui insufflait le courage nécessaire pour affronter sa première journée. Puis, reposant sa brosse, elle tira promptement ses cheveux en arrière, les attachant sans aucune coquetterie avec un ruban vert (pour aller avec l'écusson et la cravate).
À ce moment, une des filles la bouscula violemment.
" - Hé , protesta Anna, surprise."
La fille (à sa voix Anna reconnu Pénélope) marmonna quelques mots intelligibles (des excuses ?) et s'éloigna vivement. 2 minutes après, les quatre serpentardes quittaient définitivement le dortoir dans des gloussements de rires étouffés.
'Stupides filles !', pensa Anna avec férocité. 'JE suis aveugle et je ne bouscule personne et ELLES, elles sont voyantes et elles me tombent dessus à chaque pas !' C'était sûrement leur manière à elles de lui montrer que sa présence était plus qu'indésirable dans le dortoir.
Anna mit plusieurs minutes avant de trouver ses chaussures : les petites bottes noires étaient tombées derrière son armoire (aller savoir comment !). À croire qu'elles aussi étaient douées de leur raison propre…
Enfin, résistant à l'envie de sortir son miroir magique de sa valise pour vérifier une dernière fois qu'elle était bien prête, Anna quitta à son tour la pièce.
La jeune fille détestait profondément les miroirs et, de manière générale, tout ce qui lui rappelait ses cicatrices et sa cécité. Malgré tout, avant son départ pour Poudlard, tante Violette lui en avait offert un, qu'elle avait ensorcelé pour qu'il parle.
« Comme çà, avait-elle dit avec sagesse, il pourra te dire comment les autres te voient ».
Quelle terrible phrase… Anna avait poliment remercié sa tante pour son cadeau et s'était empressée de ranger le miroir dans ses affaires.
Depuis, elle n'avait jamais eût le courage de se 'mirer' dedans. Et si il lui disait : « tu es laide ! Tu es horrible ! Laide ! Horrible ! ». Anna pouvait presque l'entendre crier dans sa tête comme si cela était réellement arrivé… Non, décidément, ce matin n'était pas le moment de tenter le diable. Peut-être un jour… Peut-être un jour aurait-elle assez de confiance en elle et assez de courage… Mais pas maintenant. C'était trop tôt.
En dépit de tous ses efforts, Anna arriva en retard au cours du professeur Rogue : elle s'était perdue dans les cachots. Le chevalier au Catogan, qui l'avait si gentiment renseigné la veille, restait introuvable et les autres tableaux ne semblaient guère disposés à l'aider. Finalement, un elfe de maison lui avait indiqué le bon chemin.
À bout de souffle et légèrement anxieuse, Anna hésita quelques instants avant de toquer à la porte de la salle de classe.
"- Entrez ", tonna la voix du professeur Rogue pourtant étouffée par le bois épais de la porte encore fermée.
Timidement, la jeune fille s'avança dans la pièce. Comme cela s'était déjà produit à l'infirmerie, une multitude d'odeurs l'assaillit, l'étourdissant presque. À moins que cela ne soit l'appréhension…
"- Euh… Excusez-moi Monsieur, je me suis perdue dans les couloirs", articula-t-elle.
" - C'est bon, Miss Jones ! Allez vous asseoir et … argh ! Qu'est-ce que !"
S'étranglant brusquement, le professeur de potions n'acheva pas sa phrase. Anna, qui commençait à se diriger vers les tables, stoppa net.
'Quoi ? Quoi ? Mais QUOI ?'
"- Miss Jones…", reprit Rogue de sa voix dangereusement calme et doucereuse.
Anna sursauta vivement : elle ne l'avait pas entendu quitter son bureau pour s'approcher d'elle. 'Mais qu'est-ce qu'il y a', pensa-t-elle, de plus en plus paniquée. 'Qu'est-ce j'ai encore mal fait ?'
"- Miss Jones, pouvez-vous me rappeler dans quelle maison vous avez été répartie en début d'année ? À moins que vous ne l'ayez déjà oublié…"
Des ricanements fusèrent à droite d'Anna. 'Idiots !'
"- Serpentard, Monsieur."
"- Ah ! Et quelles sont les couleurs de Serpentard je vous prie, Miss Jones", demanda-t-il toujours aussi posément.
"- Le vert et l'argent, Monsieur".
Mais à quoi jouait-il donc ? Anna était totalement perdue, les joues en feu, seule debout au milieu de la classe, sa voix chevrotante.
"- Bien ! Le vert et l'argent, oui c'est cela… Et pouvez-vous me dire de quelle couleur est la cravate que vous portez aujourd'hui ?"
"…"
"- JAUNE ET ROUGE !"
Le professeur cria cette réponse à la figure d'Anna avec tout le dédain que ces deux couleurs lui inspiraient, provoquant un raz-de-marée de fous rires qui résonnèrent sur les murs en pierre de la classe (et tous ne provenaient pas uniquement des rangs occupés par les Serpentards). Parmi eux, Anna reconnu le rire de hyène de Pénélope.
'Quoi ? Jaune et rouge ? Mais comment cela était-il possible ?'
Il suffit , prononça le professeur Rogue, redevenu lui-même, c'est-à-dire impassible.
Instantanément, le silence revient, à peine entrecoupé par les gloussements que Pénélope et sa voisine ne parvenaient pas à dissimuler. 'La garce !', pensa Anna qui commençait à comprendre : cette stupide fille avait jeté un sort colorant à sa cravate !
"- Je… je…", bafouilla-t-elle péniblement, consciente de la fureur de son professeur.
Que pouvait-elle dire qui n'aggraverait pas la situation ?
"- Miss Jones, je constate que vous vous trouvez trop bien pour appartenir à la noble maison de Serpentard… Vous n'avez donc rien à faire dans cette classe…"
"- Mais… Ce n'est pas…"
"- Sortez, Miss Jones !"
Et sa voix était aussi tranchante que du métal.
Cela tenait du miracle qu'Anna, dans son état, trouve le chemin du Grand Hall. Par chance aussi, la porte principale était grande ouverte devant elle. La jeune fille avait besoin d'air, de respirer autre chose que l'air vicié des cachots immondes du professeur Rogue… Dehors, la pluie s'était arrêtée de tomber. Mais l'herbe que foulait Anna restait gorgée d'humidité. Tant pis. De toute façon, avoir les pieds froids rafraîchissait les idées. Et c'était justement ce qu'il lui fallait.
À la base de son cou, le pendentif qu'elle avait hérité de sa mère brûlait sa peau.
'Ah ! Les garces !' Profiter de sa cécité pour lui jeter un sortilège en douce !
Anna jeta un méchant coup de pied à l'arbre qui se tenait sur sa gauche, serrant des poings tellement fort que ses ongles percèrent la peau.
'Pénélope, espèce de '
Re coup de pied. Un morceau de l'écorce se détacha de l'arbre et fut projeté jusqu'à son visage.
'Je te déteste, sale peste de . Je te déteste !'
C'était tellement petit, tellement minable comme comportement : changer les couleurs de sa cravate alors qu'elle ne pouvait évidemment pas les voir ! Et pendant le cours de potions, en plus ! Anna réalisa avec horreur que ses camarades de chambre auraient tout aussi bien pu rendre l'ensemble de ses vêtements rose fluo ou ses cheveux bleus. En fait, cela n'aurait pas été pire : au moins le professeur Rogue ne l'aurait pas pris comme une attaque personnelle… Maintenant, il avait une vraie bonne raison de la détester…
Tout le reste de la journée, Anna fut dans une telle rage que même Pénélope n'osa pas se vanter ouvertement de son exploit. Mais, derrière son dos, Anna savait bien que l'histoire faisait le tour de l'école. Et encore une fois, tout le monde riait de son humiliation… Et encore une fois, le professeur Rogue s'y trouvait directement mêlé.
Le soir enfin, lorsqu'elle se coucha, sa colère la quitta. Anna se sentit vidée. Il ne lui restait plus qu'un terrible sentiment d'injustice. Et l'idée qu'il fallait réparer les dégâts au plus vite : Anna ne pouvait quand même pas être exclue des cours de potions définitivement ! D'abord, ce qui était arrivé n'était pas de sa faute. Ensuite, la jeune fille avait une secrète passion pour cette matière qu'elle se faisait une joie d'étudier.
Aussi, le lendemain matin Anna s'était-elle rendu dans le bureau du professeur Rogue. Elle s'était excusée dans les termes les plus humbles. Elle n'avait même pas mentionné qu'il s'agissait d'un sort de Pénélope et de ses amis (elle ne voulait pas avoir l'air de se plaindre), endossant ainsi toute la responsabilité et le grotesque de la situation. Il ne l'avait même pas écouté. 'L'abrutit !' C'était la goutte de trop qui fait déborder le vase… Inconsciemment, peut-être parce qu'il était son directeur de maison, peut-être parce qu'il lui avait sauvé la vie en la sortant du lac, Anna s'était tournée vers Rogue avec l'espoir de rompre sa solitude. À ce moment, ses larmes trop longtemps retenues, trouvèrent leur chemin et se répandirent sur son visage, malgré elle. Et il en avait ri ! 'Le salaud !'
"- Miss Jones , avait-il susurré avec malveillance. Vos enfantillages ne font prendre un temps précieux. Sortez d'ici ! Mais avant sachez que, comme je ne puis malheureusement pas m'opposer aux ordres du Directeur, vous êtes autorisée à suivre mes cours. À supposer qu'à l'avenir vous portiez une tenue adéquate… Sortez maintenant !"
Elle s'était enfuie de son bureau comme une voleuse, claquant la porte derrière elle, courant à s'en rompre le cou dans le couloir, s'étouffant littéralement dans ses larmes. À cet instant, Anna aurait tout donné pour être loin de Poudlard, loin de tous ces gens blessants … Manque de chance, au détour d'un corridor, elle était tombée sur Potter et Weasley qui venaient en sens inverse. Elle heurta l'un des 2. Leur chute fût brutale. Sous le choc, Anna se mordit la langue. Dans sa bouche, se mêlait au goût salé des larmes, celui, plus amer de son propre sang, la ramenant brusquement à la réalité.
« Allez au diable », avait-elle crié aux garçons. Mais, pour l'instant, c'était elle qui avait l'impression d'y être. En Enfer.
A suivre...
