Correctrice : Clina
Personnages : Fenrir d'Alioth, Syd de Mizar
Mention de : Siegfried de Dubhe, Hilda de Polaris, Freya de Polaris, Siegfried de Dubhe, Hagen de Merak, Thor de Phecda, Bud d'Alcor, Mime de Benetnash
Ship : aucun
Type d'écrit : amitié
Arc temporel : Après la résurrection de tout le monde, quelques années après la fin de l'animé.
Lieu : Le palais d'Asgard
Autre : se passe en parallèle de l'OS précédent
Nombre de mots : 2102
Titre : Entre chien et chat
Fenrir n'avait pas participé à l'entraînement. Il réussissait brillamment à les éviter en général, avec la bénédiction de leur Reine. Mais il revenait plus tôt au palais et il partait moins loin. Le froid commençait à étendre son manteau sur Asgard, et tout Loup libre qu'il était, il aimait aussi le confort d'un bon feu. Il faisait plus chaud entre ces murs que dans les sous-bois. De plus, il n'avait plus de Meute avec laquelle errer et partager sa chaleur lors des siestes. Il était donc logique qu'il passa plus de temps ici alors que l'hiver était à leurs portes. Cela étant il tolérait uniquement la présence d'Hilda et de Freya. Il avait appris à leur faire un tout petit peu confiance et à les accepter comme membre de sa Meute, de sa famille. Le Loup du Nord avait toujours quelques difficultés avec les autres Guerriers Divins. Il ne les comprenait pas. Et il ne cherchait pas à les comprendre. Ces derniers s'étaient accommodés de ses absences et de ses silences. Leur Souveraine leur avait demandé de lui laisser de l'espace. Ils ne l'approchaient donc point ! Et grand bien leur fasse parce que Fenrir ne supportait que très peu les Humains. Mais les Loups étaient des animaux sociaux et il se sentait parfois seul. Enfin maintenant, il y avait la petite louve qu'il avait confiée à Freya, ce qui lui faisait passer du temps avec elles deux.
Assis sur les escaliers en pierre recouverts d'une légère couche de neige, il admirait le paysage boisé face à lui. Il savait que les autres Guerriers Divins s'étaient entraînés. Au vu de la position du soleil, il supposa que l'heure du repos arrivait pour eux. Il pouvait même sans les connaître deviner qui allait faire quoi. Ils étaient relativement prévisibles quand on les avait observés un tant soit peu. Et à défaut d'être sociable, quand Fenrir restait au palais, il observait avec attention tout le monde et tout autour de lui. Il n'était pas forcément aussi discret et invisible que Bud pouvait l'être, mais il savait se faire oublier comme le prédateur tapi dans les fourrés face à sa proie. Le Guerrier d'Epsilon plissa le nez quand il entendit le bruit de pas dans son dos. Quelqu'un venait briser sa solitude et sa quiétude. Ce n'était pas la reine Hilda. Elle avait le pas plus léger et un bruissement de tissu l'accompagnait toujours. Mais la présence n'était pas hostile. Le Cosmos était relativement chaleureux et peut-être curieux. Fenrir ne releva pas la tête quand Syd s'assit près de lui. Ils restèrent quelques minutes en silence.
« Que veux-tu Syd ? », questionna finalement le Loup que la présence surprenante de l'autre Guerrier rendait vaguement nerveux. Qu'avait-il fait ou dit qui aurait pu agacer son frère d'armes ?
« Voir si on s'entend comme chien et chat. », répondit le Tigre Noir avec un grand sourire. Fenrir papillonna des yeux et il regarda avec incompréhension son compagnon du moment.
« Pas compris. », lâcha finalement Fenrir. Il n'aimait pas trop avouer une faiblesse, mais s'il devait vivre au milieu des Humains, il devait apprendre à parler comme eux et au minima comprendre comment ils pensaient. Syd n'eut pas vraiment l'air surpris.
« On prétend que les chiens et les chats ne s'entendent guère. Du coup quand deux personnes ne se supportent pas, on dit qu'ils sont comme chien et chat. Cela étant j'avoue que ce n'est pas une vérité absolue. Certains chats et certains chiens sont amis. », expliqua patiemment Syd. Il n'y avait aucune trace de moquerie dans la voix du Guerrier de Mizar. « Ton armure divine représente un canidé et la mienne un félin. », ajouta-t-il pour expliciter un peu plus son propos. Fenrir se contenta de hocher positivement de la tête.
Un nouveau silence s'installa. Syd conserva son sourire amical. Il ne voulait pas forcer Fenrir à discuter. Après tout ils avaient tous compris que la contrainte ne servait pas à grand-chose avec lui. Le Tigre Noir était surtout curieux. Il ne savait pas trop ce qu'il espérait de leur échange. Peut-être voulait-il aider Fenrir à s'intégrer, lui prouver qu'il pouvait leur faire confiance et faire partie de leur groupe. La curiosité était forcément le moteur premier. Et il ne pensait pas qu'elle était mal placée. Il voulait juste comprendre son frère d'armes. Il voulait apprendre à le connaître, parce qu'il pensait que Fenrir avait des trésors bien enfouis en lui à partager avec eux. Il ne pouvait pas savoir ce qu'il avait vécu. Mais il avait survécu et aujourd'hui il portait le deuil de sa Meute, ce qui avait été dans sa tête sa famille pendant des années. Alors peut-être que s'il lui tendait la patte, il aurait une belle surprise. Ils pouvaient devenir amis. Syd y croyait. Après tout Bud se liait d'amitié avec Mime. C'était aussi une bonne chose.
« Puis-je te demander comment tu savais que c'était moi et non mon frère ? », questionna finalement le Guerrier de Mizar. « Les autres ont un peu de mal à nous différencier. »
« L'odeur. », répondit le Loup du Nord sans un regard. Il remonta une jambe pour déposer son menton dessus. « Le bruit de tes pas aussi. Vous ne vous déplacez pas de la même manière. »
Fenrir regarda du coin de l'œil Syd. Ce dernier se fit la réflexion qu'à vivre au milieu des animaux, le Guerrier d'Epsilon avait aiguisé ses sens. Cela devait être logique, puisqu'il devait chasser pour survivre. Le Tigre retourna à l'observation de la forêt enneigée face à eux. Il n'osait pas imaginer ce qu'avait pu être la vie de Fenrir avant qu'il ne rencontre leur Souveraine. Il savait que Bud avait eu une vie difficile, tout comme Thor. Mais il supposait que survivre seul dans la forêt avec des Loups était encore plus compliqué. Syd détailla rapidement Fenrir du regard sans être trop insistant. Il pouvait voir les cicatrices, preuve des chutes et blessures passées. Il avait déjà constaté que son frère d'armes n'était pas bien grand, mais il n'avait sûrement pas mangé à sa faim tous les jours. Il n'avait jamais eu personne pour prendre soin de lui quand il était malade. Et la moindre maladie pouvait se montrer mortelle dans le froid d'un sous-bois. Du moins le supposait-il, il n'était pas médecin après tout. Quelque part, de par ce que leur Reine avait raconté du passé de Fenrir pour qu'ils comprennent tous son comportement, Syd le comprenait dans sa haine des Humains. Il avait vu ses parents mourir et leurs amis fuir. Personne ne s'était inquiété de savoir s'il était vivant, partant du principe qu'il était forcément mort. Il ne devait rien à Asgard, ni aux Humains. De plus, quand il avait enfin eu un autre contact, c'était pour être envoyé au combat. Certes il avait obéi, comme un loup obéit à son Alpha.
« Tu veux quoi ? », demanda à nouveau le guerrier d'Epsilon. Cette fois-ci il avait la tête tournée vers lui et il l'observait avec curiosité. Il était toujours un peu tendu.
« Ton amitié et te tenir compagnie. », répliqua Syd du tac-au-tac avec un sourire amical et un clin d'œil Il ne servait à rien de faire de longs discours ou de détourner le sujet de la conversation. Fenrir le prendrait certainement comme un mensonge. Et il se fermerait définitivement.
« J'ai pas d'amis. », répliqua froidement Fenrir à la limite du grognement. Bon ce n'était pas gagné, se fit comme réflexion le Guerrier de Mizar. Mais en soi, il savait d'avance que ce ne serait pas évident. D'autant plus que l'amitié devait être un concept abstrait que le Loup du Nord ne devait pas connaître. Enfin il devait connaître le mot et sa définition.
« D'accord. Donc j'aimerais appartenir à ta Meute. », reformula lentement Syd. Il vit une lueur de curiosité briller dans le regard doré. Le concept avait sûrement plus de sens. « Comme le louveteau, notre Reine Hilda et notre princesse Freya en font partie. » Il appuya bien sur l'idée qu'il savait que Fenrir avait une Meute ici.
« Pourquoi ? », demanda Fenrir avec une vague curiosité. Apparemment il comptait ses mots, mais après tout la conversation ne devait pas être son point fort.
« Pourquoi pas? », rétorqua Syd taquin. Il y eut un silence cette fois-ci. Et à la manière dont Fenrir l'observait, il devinait qu'il l'avait un peu perdu en répondant par une autre question. Syd détourna le regard à nouveau. Ce ne serait pas simple. Il le savait. Mais il n'abdiquerait pas si facilement. « Il ne faut pas de raison particulière pour tisser des liens amicaux ou fraternels. On appartient au même groupe, on se côtoie. J'ai envie de te connaître un peu mieux. Et je me dis qu'on doit avoir des points en commun, autre que le fait qu'on porte une Armure Divine. Tu es quelqu'un d'intriguant et d'intéressant. Je n'attends rien. Je veux juste avoir la chance de tisser une nouvelle amitié avec un de mes frères d'armes. »
C'était gratuit. Et c'était une donnée importante aux yeux de Syd pour arriver à ouvrir une porte dans les défenses de Fenrir. Il ne fallait surtout pas que le Guerrier d'Epsilon se sente pris au piège ou lui faire comprendre qu'il devra donner quelque chose en retour. Après tout ce n'était pas comme cela que fonctionnait l'amitié. Et le Guerrier de Mizar n'était pas certain que Fenrir sache ce qu'était vraiment l'amitié. Il ne devait pas avoir souvent eu l'occasion d'expérimenter ce genre de relation. Syd observa à nouveau le Loup du Nord et il rencontra un regard doré curieux. Fenrir avait la tête penchée sur le côté et il semblait analyser Syd comme le ferait un animal face à un inconnu ou une nouveauté. Et le Tigre Noir lui laissa le temps de comprendre et d'analyser ses propos ainsi que son comportement. Il restait détendu au maximum avec un sourire amical accroché aux lèvres. Syd pensait vraiment que si un des Guerriers Divins arrivait à tisser ce genre de lien avec Fenrir, ce serait plus facile de l'intégrer lentement mais sûrement à leur groupe.
« Je ne sais pas vraiment ce qu'est l'amitié », avoua finalement Fenrir en détournant le regard vers la forêt au loin. C'était la seconde fois qu'il osait dire à voix haute qu'il ne comprenait pas quelque chose face à lui, ce qui était faire preuve de faiblesse. Mais puisque Fenrir lui demandait ouvertement, cela devait signifier qu'il commençait à lui faire un minimum confiance. Ils progressaient vers un mieux. Du moins, le Tigre voulait le croire.
« Il est compliqué d'expliquer simplement ce qu'est l'amitié. Mais ça doit être proche de ce que tu partageais avec tes loups. Un attachement entre deux êtres qui partagent des points communs, qui s'entraident, qui se soutiennent. On peut compter sur ses amis et on peut se confier à eux. Ils ne jugent pas. Et puis ça permet de ne pas se sentir seul. C'est un peu comme un lien filial, mais sans être de la même famille. », tenta-t-il d'expliquer. Ce n'était pas un concept si simple. « Mais on peut aussi découvrir ce que veut dire l'amitié pour nous avec le temps. Du moins si tu es d'accord. » Les yeux dorés le regardaient toujours avec curiosité. Le silence ne fut pas aussi long que Syd l'avait envisagé.
« Essayer ? », répliqua Fenrir. « Comme le lien entre les loups. Je comprends. » C'était un murmure léger. Fenrir semblait pensif. « D'accord. Viens avec moi demain en forêt. Sauf si tu as peur d'énerver les autres en manquant l'entraînement. » Il y avait une pointe de provocation dans la voix du Loup du Nord.
« D'accord. Je viendrais », répondit Syd du tac-au-tac avec un sourire amusé et aussi avec une voix légèrement provocatrice.
« Je te montrerais quelque chose. », expliqua Fenrir. « Si tu promets de ne pas y ramener les autres. Faut pas les effrayer. »
« Promis. Ça restera entre nous. », promit le Guerrier de Mizar
Syd n'était pas certain de ce que Fenrir voulait lui montrer, mais il acceptait ses conditions. C'était le prix pour être son ami après tout. Et la forêt était le domaine de Fenrir plus que le sien. Finalement ils restèrent un long moment silencieux à regarder la forêt face à eux. Fenrir était d'un calme olympien, qui reposait aussi le côté nerveux de Syd. Ils ne quittèrent leur point d'observation improvisé que quand le soleil déclina au loin et que l'heure du repas approcha.
Merci d'avoir lu.
