Candice quitta l'habitacle à son tour et débarqua en salle d'interrogatoire avec autorité. Elle claqua le dossier d'enquête sur la table et toisa leur suspect avec fermeté, bien décidée à le faire parler.
« Bien ! Monsieur Alphonse… Ça… commença-t-elle avec fierté, c'est ce qu'on a retrouvé chez Justine. Est-ce que vous continuez d'affirmer que vous n'y êtes pour rien ?
- Vous avez retrouvé quelque chose dans mon bureau ?
- Pas encore… Mais une équipe est en train de le passer au peigne fin.
- Eh beh dites-leur tout de suite d'arrêter alors ! Vous perdez votre temps.
- Justine avait parlé de ses problèmes à ses collègues, sur son compte pronote elle avait archivé des discussions avec vous. Discussions pas très amicales si on reprend vos mots d'ailleurs… Allez-y ! Je vous laisse le loisir de les lire. ALLEZ ! ordonna-t-elle.
- Tu… T'es… qu'une… commença-t-il à voix basse.
- À voix haute, monsieur Alphonse. Qu'on vous entende !
- Bon ok ! Ça va j'y suis peut être allé un peu fort.
- UN PEU FORT ? s'énerva-t-elle. Le mot est faible !
- Ça va… Elle avait repoussé mes avances, ma fierté en a pris un coup et j'ai vrillé…
- Elle menaçait de vous dénoncer, et vous l'avez tué !
- MAIS NON ! s'énerva-t-il. Ok, j'étais toujours après elle mais jamais je l'aurais tué ! J'ai une famille merde ! Puis j'ai un alibi pour ce soir-là !
- Mais votre alibi c'est votre famille monsieur !
- Candice ? Intervint Marquez. Tu peux venir s'te-plaît ?
- Qu'est-ce qui se passe ?
- On revient du collège là… Bon on a rien trouvé dans son bureau.
- Même dans l'ordinateur ?
- Ouais ! Y avait rien… Il a du tout effacer. Puis on en à chier à fouiller avec l'autre dans nos pattes là !
- Qui ça ?
- Sa secrétaire ! Insupportable ! À croire que son chef était un sacro-saint…
- Candice ? intervint Val. On a un autre problème là…
- Quoi encore ?
- Une élève du collège vient de débarquer avec sa mère. Elle affirme avoir vu le petit Rayan parler avec Justine le soir du meurtre… devant la grille du parking.
- Et merde ! Bon Marquez, tu finis avec le principal. Garde à vue directe ! J'arrive Val. Tu les installes dans mon bureau. »
Candice récupéra le dossier d'enquête en salle d'interrogatoire et tenta d'appeler Antoine pour le prévenir. Elle tomba sur sa messagerie et décida de ne pas insister. La commandante fit quelques pas dans le couloir en direction de son bureau avant d'être interrompu par sa sonnerie de téléphone.
« Oui ma chérie ?!
- Je viens de récupérer ta robe au magasin !
- Ah super ! Merci ma puce…
- Je te la mets où ?
- Bah dans ma chambre…
- Mais t'as trop de robe maman ! Ton portique est plein.
- Et bah regarde dans l'armoire. À côté des chemises d'Antoine.
- Ok… Alors… Ohlala il pourrait mettre un peu de couleur quand même…
- C'est ce que je me tue à lui répéter… Bon t'as trouvé ? la pressa-t-elle.
- Mais oui mais… si je la mets là… il risque de tomber dessus non ?
- Eh bah garde-la dans ta chambre ! Je l'essaierai ce soir.
- Ok ! À ce soir.
- Oui ! Bisous »
Candice raccrocha et se dépêcha de se rendre à son bureau où Val discutait avec la jeune fille et sa mère. En effet, l'élève ayant oublié un classeur important dans son casier, sa mère l'avait conduite au collège le récupérer. C'est aux alentours de 18h00 qu'elles ont aperçu Rayan en discussion avec la professeure d'espagnole et d'après elle, le ton était monté. La commandante les remercia de leur collaboration et conseilla à la mère d'aller voir un psychologue pour Lucile, particulièrement affectée par la mort de la professeure. Perdue, elle s'approcha de ses collègues pour un debrief.
« Vous trouvez pas ça incroyable quand même ? demanda Ismaël.
- De quoi ?
- Bah d'habitude on galère à trouver une piste, un suspect… Et là… C'est limite on en a de trop !
- J'avoue ! répondit Mehdi en rigolant.
- Ouais sauf que ça nous aide pas tout ça… répliqua Candice perplexe.
- C'est sûr…
- Donc récapitulons… On a d'un côté Alphonse le principal, farouchement repoussé par Justine et qui s'est donc décidé à la harceler…
- Ouais enfin, si elle voulait le balancer, c'est un très bon mobile.
- Oui mais sa femme et sa fille maintiennent leur version… Et de l'autre on a Rayan, gosse paumé, en refus d'autorité. Il se sentait persécuté par Justine et en plus un témoin l'a vu discuter avec le soir du meurtre…
- Bah on retourne chez lui ! proposa Marquez.
- Antoine est convaincu qu'il est innocent… mais j'arrive pas à le joindre ! s'agaça-t-elle.
- Ouais mais là on a pas le choix…
- Je sais… affirma Candice en sachant parfaitement qu'Antoine n'allait pas être d'accord. »
Elle tenta de joindre à nouveau son partenaire en vain. Candice se résigna donc à rejoindre le domicile du jeune Rayan. In situ, comme elle s'y attendait, elle se heurta au refus du gamin qui n'hésitait pas à employer un ton provoquant. Têtue, elle força mais il décréta ne vouloir parler qu'au commissaire. Il n'y avait plus le choix, il fallait désormais rapatrier Rayan à la BSU et attendre l'arrivée d'Antoine.
Une heure plus tard, l'élève accompagné de sa mère attendaient dans le bureau de Candice, surveillé par Marquez. Quant à la commandante, elle attendait le retour de son commissaire dans son bureau. Commençant à s'impatienter, elle ouvrit son tiroir et se mit à sourire en retrouvant un de ses anciens post-it où elle avait fixé un rendez-vous secret à son compagnon dans les archives. Elle sursauta lorsque la porte s'ouvrit rapidement.
« Qu'est-ce que tu fais là ? s'étonna-t-il.
- J'ai essayé de te joindre plein de fois !
- Oui bah j'avais plus de batterie ! Qu'est-ce qui se passe ?
- Y a un problème… »
La commandante expliqua à son compagnon le témoignage de l'adolescente et le refus de Rayan face à la police. Il se rendit devant le garçon et entama une longue discussion avec lui.
« Pourquoi tu nous as pas dit que t'avais parlé avec ta prof ?
- Parce que je savais que j'étais le coupable idéal !
- Et qu'est-ce que vous vous êtes dit ?
- Elle venait de me coller ! Pour rien. Je passais en vélo, avant d'aller au petit-bois et je l'ai aperçu. Elle sortait du collège. Je l'ai appelé pour discuter et on a fini par se gueuler dessus. Mais j'suis partie et j'vous jure qu'elle était vivante encore !
- Et t'as rien vu ? Rien entendu d'autre ?
- Non je crois pas… Elle a fait demi-tour et voilà. J'ai juste entendu des talons claquer.
- Ok… »
Antoine quitta la salle et rejoignit Candice qui avait écouté l'interrogatoire depuis la porte. Elle le suivit jusqu'à son bureau.
« On a pas le choix Antoine… Faut le mettre en garde-à-vue… Il a pas d'alibi ! Un mobile parfait et il a été vu sur les lieux du crime en plus…
- Mais il est innocent ce gosse je te dis ! Tu me fais pas confiance ou quoi ?
- Arrête… Tu sais bien que c'est pas la question… On a pas d'autre piste Antoine !
- Et le principal ?
- Ça donne rien ! Certes il a un bon mobile mais… j'ai tendance à le croire innocent…
- Eh bah voilà ! C'est exactement pareil que moi ! On est chacun convaincus de l'innocence d'un suspect ! C'est parfait !
Candice le fixa en souriant doucement.
Quoi ? s'énerva-t-il.
- J'aime bien quand tu t'énerves comme ça… chuchota-t-elle en s'approchant doucement de lui les lèvres pincées.
- Candice c'est pas le moment… tenta-t-il de la repousser.
- Huuuum… continua-t-elle en passant ses bras autour de son cou. En plus j'ai retrouvé dans ton tiroir des petits messages de nos rendez-vous secrets aux archives… chuchota-t-elle à son oreille.
- Ah oui ?
- Hum hum ! acquiesça-t-elle. Et je me disais… Si jamais t'avais un petit dossier à régler…
- Quoi ? s'indigna-t-il. Là maintenant ?
- Et pourquoi pas ? proposa-t-elle en l'embrassant dans le cou.
- Mais on a pas le temps là…
- Hum… Mais j'suis privée de glace depuis que Laurent est arrivé… bouda-t-elle. Allez… força-t-elle.
- Eh bah oui ! Comme ça les retrouvailles ne seront que meilleures ! lâcha-t-il fièrement avant de l'embrasser et de se défaire de son étreinte.
- Antoine… le supplia-t-elle.
- Il est où le gosse là ? demanda-t-il en quittant son bureau »
- Frustrée, Candice le suivit et l'écouta ordonner le relâchement de leurs deux suspects. L'équipe n'avait maintenant plus aucune piste. Il fallait donc tout recommencer à zéro.
