Chapitre 27
- LEXAAAA !
Anya crie depuis le rez-de-chaussée.
- CLARKE EST ARRIVEE !
Un large sourire apparaît sur mon visage encore à moitié endormie. Le réveil avait sonné depuis presque deux heures. J'avais fini par rester dans le lit le téléphone en main. Le temps avait mal été jaugé vu que je n'étais pas prête, vêtu d'un simple débardeur et d'un caleçon. Ce qui n'est pas la meilleure tenue pour accueillir quelqu'un.
- J'arrive dans une minute !
A peine je mets un pied hors du lit que je finis mon chemin tête première au sol.
- Aïe !
Une main sur ma tête, frottant là où ça faisait mal. Je secoue la tête pour reprendre totalement mes esprits, je prends un jogging que j'enfile avant de dévaler les escaliers.
- Salut Clarke…
Je dépose un léger baiser sur ses lèvres avant de m'écarter. Anya sourit en coin ce qui me fait lever les yeux au ciel, contrairement à ma blonde qui rougissait petit à petit.
- Tu as fait bonne route Clarke ? demande Anya.
- Oui il n'y avait pas grand monde il est encore tôt…
- Tant mieux, je vous laisse les filles, je vais ouvrir la boutique, d'ailleurs Lexa, j'aimerais te montrer quelque chose au Polaris, tu peux passer plus tard ?
- Euh… oui bien sûr, rien de grave ?
- Non ne t'en fais pas, les affaires marchent bien si c'est ça qui t'inquiète ! j'ai juste besoin de ta signature pour de la paperasse, pour une fois que tu es à la maison, ça m'évitera de t'amener les papiers à signer ! Bon allez j'y vais avant d'être en retard !
Anya part à toute vitesse nous laissant seule Clarke et moi dans un silence de plomb. Je lui prends la main et lui fais visiter la maison de mon enfance, lui racontant par moment quelques petites anecdotes. Une fois dans la cuisine je prépare le café.
- C'est quoi le Polaris ?
Je manque de renverser la tasse que je lui tends. Il est vrai que je ne lui en avais jamais parlé, enfin pas réellement.
- C'est le magasin que tenait mes parents, à leur mort j'en ai hérité, mais c'est Anya qui le gère jusqu'au jour où je déciderai quoi en faire on va dire…
- En gros tu es la patronne si j'ai bien compris, c'est Anya qui le gère mais c'est toi qui doit signer tous les papiers donc en gros tu es LA boss, ça me plait…
- On peut dire ça comme ça… en réalité, j'ai voulu lui donner le commerce à 100%, elle disait qu'un jour je le regretterai
Noël était dans seulement quelques jours, je sentais mon corps qui mourrait d'extérioriser toute cette souffrance qui faisait surface à nouveau. Comme chaque année d'ailleurs et ça depuis trois ans. Clarke contrairement à moi semblait si enjouée que j'avais du mal à gérer. Mais au final la voir ainsi, me redonnait espoir pour le futur.
- Donc la si j'ai bien compris, au bout de la rue il y a donc le Polaris, qui se trouve toujours LE commerce le plus populaire de la ville ?
- Disons que ma famille est l'une des plus importante de la ville, enfin au temps de mes parents, je pense que si il a toujours la même « popularité », comme tu le dis, c'est parce que « l'esprit » de mes parents en fait toujours parti… C'est aussi pour ça que je ne viens plus souvent ici à Polis. Je n'ai pas encore réussi à faire le deuil, cette ville est remplie de merveilleux souvenirs mais aussi du pire de toute ma vie…
- Alors pourquoi avoir changé d'avis pour les fêtes de Noël ?
Clarke était de nature à poser tellement de question, mais bizarrement cela ne me dérangeais pas.
- Ces trois dernières années je n'ai fais que fuir, mais je sais que ma famille a besoin de moi, je leur en ai fait tellement bavé que j'ai pensé pour une fois à leur bonheur…
- Je comprends…
Nous y voilà. Une grande devanture donnant vu sur le magasin, on pouvait y déceler quelques rayons de tous types, et au-dessus de la porte d'entrée était écrit Polaris en gros, prenant presque toute la façade du bâtiment.
- Wow, c'est beaucoup plus immense que je ne l'avais imaginé…
Son regard montrait à quel point elle était en extase devant le magasin. La voir ainsi me fait sourire instinctivement. Au loin, à l'intérieur je vois Anya sourire en nous observant. Faisant un léger signe de la main. Quelques clients étaient en train de discuter tout en buvant un verre, et d'autres faisaient quelques petits achats. Le Polaris était un bar mais aussi une épicerie, cet endroit avait mis plusieurs années à exister. Titus, mon père, et Charmaine, ma mère, avaient travaillé quasiment toute leur vie pour construire une enseigne familiale avec autant d'ampleur.
- Mes parents m'ont tout appris, mon père m'a transmis tout ce que je devais savoir pour pouvoir reprendre l'entreprise, avec Lincoln on se disait qu'à nous deux, on le rendrait encore mieux, mais j'avoue que actuellement je ne sais pas ce dont j'ai envie…
- Tu le sauras en temps et en heure tu sais, il ne faut pas que tu te précipites à prendre une décision sur ce sujet-là, le temps fera les choses, ne t'en fais pas, pour l'instant concentre toi sur toi, va à ton rythme et si tu as besoin je serai là pour t'aider tu le sais d'accord ?
- Tu as raison, puis j'ai aussi Lincoln, je pense que j'ai compris ce qu'il pouvait me reprocher, et je l'ai trop mis à l'écart par peur… on rentre ?
Clarke se dirige aussi tôt à l'intérieur, mon visage s'illumine encore plus, et ça malgré la boule au ventre que j'ai à chaque fois que je me trouve ici. Je souffle une dernière fois et passe la porte, une légère sonnerie se fait entendre comme à chaque fois qu'un client pousse la porte. Clarke se trouvait déjà assise au bar un verre à la main.
- Déjà un verre à la main ? bravo, qu'elle réputation mademoiselle Griffin
Clarke sourit et lève les yeux au ciel.
- Ce n'est qu'un diabolo grenadine on se calme mademoiselle Wood…
Anya avait l'air de bien s'amuser à nous voir ainsi.
- Alors Anya, dis-moi tout…
- Il faut déjà que tu signe ces papiers, tu sais pour les petites réparations du bâtiment, et pour la rénovation des stocks en bas
La blonde sirotait son verre tout en nous observant. Je lis les quelques papiers qu'Anya me présente.
- Tu as les plans de rénovation ? j'aimerais voir s'il te plaît, et dis-moi aussi, la pièce arrière qu'on n'utilise pas, on ne pourrait pas aussi la rénover pour en faire une petite salle de détente non ? genre on pourrait y poser un baby-foot, un billard, des canapés, ça pourrait amener un peu plus de clientèle plus jeune… après tout pourquoi ne pas développer notre enseigne pour approcher les plus jeunes, nous avons un lycée et un collège a quelques rues, ça pourrait faire d'une pierre deux coups qu'en penses-tu ?
Le visage d'Anya s'illumine, mais un petit silence s'installe lui laissant assimiler mes demandes.
- Pourquoi pas mettre des petites étagères aussi, avec quelques livres, une table ou deux, ça pourrait permettre de faire un coin en plus si on arrive à attirer les jeunes étudiants pour qu'ils puissent travailler aussi…
- C'est génial ça, j'aurai aimé avoir un endroit comme ça quand j'étais au lycée…
Les dires de Clarke sonnent comme une approbation suffisante pour nous deux.
- Vendu, vois avec l'entreprise pour faire un devis et je te laisse négocier si besoin pour le prix. Tu me diras quand je dois passer pour signer les papiers, et di…
- Tiens donc, mais c'est celle qui m'a cassé le nez l'autre jour…
Une voix se fait entendre derrière nous, avant même de me retourner je vois le visage d'Anya se tendre et un regard fusillant passer entre Clarke et moi. Me retournant, je me retrouve face à une rousse que je connaissais assez bien. Ou du moins sur un terrain de handball. Instinctivement je fais un pas en avant pour me placer entre elle et Clarke.
- Qu'est-ce que tu fais ici toi ?
La tension était palpable, on pouvait sentir les regards des quelques clients se tourner vers nous. Tous semblaient tendus à cette arrivée. La sonnerie de la porte se fait entendre pour laisser place à un homme qui s'approche de nous et finit par passer un bras sur les épaules de Valentina.
- Papa, je te présente la folle qui m'a cassé le nez au match y a quelques semaines. Et ça c'est la charmante … Clarke c'est ça ?
Mes poings se serrent à l'entente du prénom de ma blonde. Anya était sortie de derrière le bar pour se mettre à ma droite.
- Tu veux quoi Campbell ?
- Je voulais boire un verre avec ma fille, mais il faut croire que nous ne sommes pas les bienvenues je me trompe ?
- Mais c'est que vous êtes des comiques les Campbell, vous savez très bien que vous ne serez jamais les bienvenues ici, ce n'était pas le cas quand mes parents tenaient cet endroit, et ça ne sera pas le cas tant que c'est moi qui le tiendrais, alors maintenant sortez ou c'est moi qui vous fait sortir !
- Vous avez entendu la jeune demoiselle ? vous sortez maintenant !
La voix de Lincoln se fait entendre derrière les Campbell. La tension était à son comble, je sentais le corps de Clarke se collait de plus en plus à moi, je sentais sa main chercher la mienne, mais en vain, les poings toujours serrées, j'étais prête à toute éventualité. Mais étonnement, Valentina et son père nous font un large sourire avant de faire demi-tour et de partir. Il fallut plusieurs minutes avant que la tension redescende.
- Comment tu connais la dernière fille Campbell ?
La question d'Anya était suivit d'un regard plus qu'interrogateur. Je regarde Lincoln cherchant du soutien. Je connaissais que trop bien Anya, malgré que nos familles se détestent depuis la nuit des temps, sa priorité était de nous protéger un maximum.
- En réalité je ne savais même pas que c'était un Campbell, on s'est rencontrés lors de mon premier match de Hand…
- Et tu lui as cassé le nez ?
Je baisse les yeux malgré mon sourire en coin.
- Pour sa défense, cette fille aurait pu blesser gravement Lexa.
Surprise de l'intervention de Clarke je relève la tête.
- Oui alors que j'étais dans les airs pour tirer je me suis retrouvée au sol sans trop savoir comment…
- Tu oublies que tu as eu une absence de quelques minutes, tu es sacrément mal tombé strisis, tu es tombé quasiment tête première au sol amorti un peu par le haut de ton dos.
Anya ne dit rien, son visage en disait très long. Il était très difficile de déchiffrer ses expressions faciales, mais avec le temps j'avais vite appris à le faire. Clarke finit son verre d'une traite, je lève un sourcil, je sentais qu'elle était mal à l'aise.
- Ça va Clarke ?
- Hum… oui oui, mais je ne comprends pas trop ce qui vient de se passer, mais je présume qu'avoir un commerce d'une telle renommée inclut les jaloux…
Equipée d'un tablier, j'étais aux fourneaux en train de préparer des lasagnes sous le regard de la belle blonde qui partageait de plus en plus mon quotidien, ce qui n'était pas pour me déplaire finalement. Lisant un livre, je sentais de temps en temps son regard, je lui fais aussi goûter les préparations au fur et à mesure.
- Wow, c'est juste magnifiquement bon, et encore le mot est faible, tu es une déesse de la cuisine, y-t-il un domaine dans lequel tu n'excelle pas très chère ?
Mettant le plat finalisé au four, je me retourne et m'approche de Clarke me collant à elle. Mes mains viennent trouver ses hanches pour la plaquer encore plus contre moi.
- Tu devrais savoir que j'excelle dans tous les domaines mademoiselle Griffin…
Déposant un léger baiser dans son cou, je peux sentir tout son corps se tendre face à ce simple geste. D'un simple geste je la soulève pour l'asseoir sur le plan de travail venant continuer mes doux baisés dans son cou. J'aimais m'amuser, j'aimais voir l'effet que je pouvais lui faire, j'aimais la mettre dans de tels états qu'il lui était si difficile de ne pas craquer.
- Avoue que ça te plait…
- … je ne vois pas… du tout de quoi… tu parles…
Son souffle devenait de plus en plus saccadé, mes mains qui venaient caresser tout son corps du bout des doigts semblaient lui procurer encore plus d'effet. Ses jambes viennent d'un coup se placer autour de mes hanches, ce qui m'arrache un large sourire.
- Et bien mademoiselle Griffin, c'est que vous je vous fais de l'effet finalement…
- Comme si tu en … doutais…
Mes lèvres viennent finalement trouver les siennes pour un long baiser bien plus violent que je l'aurais imaginé. Le haut du corps de la blonde venait se courber, des gémissements se faisant entendre, et ses ongles s'enfonçaient légèrement dans mon dos. Le tout venait décupler toutes nos émotions, toutes ces sensations que nous procurait l'autre. Sans plus attendre je la prends et la porte jusque dans la chambre. C'en était trop.
La sonnerie du four se fait entendre. Enfilant mes vêtements en deux speeds, je dévale les escaliers. Je m'arrête net en voyant Lincoln sortir le plat du four.
- Tu es déjà rentré ?
- A l'instant…
Il sourit en coin, ce qui me fait lever les yeux au ciel avant d'exploser de rire.
- Désolée…
Cela devait faire un petit moment qu'il était rentré et son sourire en coin voulait tout dire. Pas besoin de mot pour savoir ce qu'il avait entendu. Clarke arrive dans la cuisine et sourit à Lincoln.
- Pas trop fatiguée Clarke ?
Rougissant, Clarke ne savait plus où se mettre ce qui déclenche un fou rire à Lincoln et moi.
- T'es pas sortable Linc…
La porte d'entrée s'ouvre pour faire place à Anya et Indra.
- Nous aussi on veut rigoler, alors c'est qui est si marrant ?
Un silence s'installe, Clarke rougissait de plus en plus alors que Lincoln et moi nous retenions de rire de plus belle.
- Rien du tout, je n'en dirais pas plus, finit par répondre Lincoln.
- Clarke je te présente Indra notre tante, Indra je te présente Clarke.
- Ah… je rencontre enfin celle qui a fait chavirer le cœur de ma nièce préférée !
- En même temps je suis la seule Indra…
Balayant d'un geste de la main ma remarque, elle s'avance vers la blonde la détaillant d avant de sourire.
- Enchantée Clarke, j'ai beaucoup entendu parler de toi.
- Enchantée Madame, Indra la fusille du regard, euh…
- Appelle moi Indra, pas de madame je ne suis pas si vieille voyons !
Nous étions tous installés, un verre de main à la main, les lasagnes avait pris place au centre de la table. Les conversations allaient de bon train, le malaise de Clarke avait disparu pour laisser place à la bonne humeur et les rires.
- Lexa je dois t'avouer que tes lasagnes m'avaient manqué, c'est toujours un délice, j'en vais presque oublié le goût.
- Merci Indra, même si je ne cuisine plus autant qu'avant, je n'ai rien perdu de tes cours, dois-je en conclure que l'élève a dépassé le maître ?
- Tu as beaucoup à apprendre encore ma chère nièce mais jamais tu ne pourras me dépasser.
Le reste de la soirée se passe ainsi. Des rires, des discussions de tout et de rien, Clarke demandant des anecdotes me concernant, et les trois zigotos se faisant un malin plaisir de raconter tout ce qu'ils pouvaient dans les moindres détails.
Une dernière petite balade dans cette petite ville qui avait bercé toute mon enfance avant que Clarke ne doit repartir, le réveillon de Noël était ce soir, ayant promis à sa mère de rentrer en début d'après-midi pour l'aider. On finit par s'installer en terrasse d'un petit café après avoir commandé deux cafés.
- Tu ouvres les cadeaux le 24 ou le 25 toi ?
Je souris à sa question, c'était le genre de sujet à éviter, un peu comme pour Pain au Chocolat et Chocolatine.
- Noël c'est le 25 Clarke, donc le 25…
- Ah non non non, je ne suis pas d'accord…
J'éclate de rire, son air choqué, ses mains sur sa tête, comme si j'avais lancé une bombe.
- Et ça te fait rire en plus ? non mais Lexa, comment tu peux attendre le 25 ? moi ce n'est pas possible…
- J'en conclus donc que si j'ai un cadeau pour toi, je dois te l'offrir avant ton départ, car tu ne pourras pas attendre ?
Clarke manque de s'étouffer avec son café à ma question.
- Comment ça ?
Souriant, je sors de ma poche une boite emballé que je lui tends.
- Mais… je… Lexa je ne t'ai rien offert…
- Clarke, je m'en fou, mon cadeau c'est toi, mais voilà, je suis passé devant l'autre jour, et j'ai directement pensé à toi, je ne fais pas ça pour avoir quelques choses en retour car ce n'est pas le cas, je le fais parce que ça me plaisir, c'est bien tombé car c'est Noël et que ça fait une raison de plus pour te l'offrir, alors ouvre-le sinon je le rapporte…
Je n'ai pas le temps de finir ma phrase qu'elle m'arrache le paquet de la main telle une enfant. Son visage s'illumine en ouvrant la boite, elle reste bouche bée.
- Lex… il est magnifique… tu peux ?
Je me lève pour prendre le pendentif sur lequel j'étais tombé par hasard. Un collier en argent avec pour motif une palette d'artiste avec le petit plus que j'avais fait rajouté, son prénom. Avant même que je ne me rassois en face d'elle, Clarke m'attrape pour m'embrasser en guise de remerciement.
- Merci Lexa, il est magnifique…
Après un petit moment nous devions repartir, Clarke avait décidé de prendre la route aux alentours de midi pour pouvoir aider sa mère pour le réveillon. C'est main dans la main que nous prenions le chemin inverse pour rentrer. Clarke ne pouvait s'empêcher de contempler son collier avec un large sourire. Alors que nous passions devant le Polaris, je ne fais pas attention et percute quelqu'un.
- Veuillez m'excuser…
Je me retourne pour faire face à l'homme que je venais de percuter.
- Désolé…dit-il en même temps que moi.
Alors que je croise son regard et que je l'entends s'excuser mon corps se fige, se tétanise même. Nos regards restent fixer dans celui de l'autre. Je ne suis plus apte à réfléchir, je suis simplement guidé par la peur qui m'envahit sans trop comprendre ce qui venait de se passer. Comme si j'avais été envoutée.
- Lexa … ? ça va ?
Je n'étais même pas capable de lui répondre. Mon regard était bloqué sur l'homme qui avait repris son chemin et se retournait par moment pour m'observer à nouveau.
