Chapitre XII : Apaisé
Benjamin était en train de ranger la vaisselle du petit déjeuné quand la sonnerie du portable de Julia retentit. Bien sûr c'était Patrick. Benjamin sentit de la colère monter en lui rien qu'à lire ce prénom, ce type tournait en rond et ça minait Benjamin de penser ce qu'il pourrait encore faire pour détruire sa relation avec Julia. Il aurait dû venir lui parler au lieu de venir tourmenter Julia avec des mensonges. Il prit le téléphone et l'amena à Julia qui se trouvait dans la salle de bain.
- Il veut vérifier que tu m'as bien largué, dit Benjamin en déposant le portable près de Julia.
- Ils sont très protecteurs.
- Être protecteur c'est une chose. Être zélé … Ils m'ont espionné pour te monter la tête avec des mensonges. Il faut se rendre à l'évidence : ils ne veulent pas de notre couple.
Il fallait que Julia voie la vérité en face. La sonnerie du portable reprit et Benjamin quitta la pièce.
Benjamin pouvait comprendre : il avait bien pris la place de Kieran en prison. Il pouvait admirer ce côté protecteur. Cette famille était présente pour leur mère et en même temps complétement fermée à toute tentative d'accueil. Benjamin voulait bien faire un effort mais eux n'en faisait aucun.
Une fois prête, Julia revint vers lui.
- Tu as raison. Il faut que je leur parle.
« Et ça y est, je vais encore être mis de côté. »
- Je vais aller chercher un bouquin.
- Non, viens avec moi.
- Tu es sûre ?
- Ça nous concerne donc oui.
Benjamin fut touché par le geste de Julia. Il la regarda et ses yeux pourtant si sombres lui disaient merci, ils se comprenaient. Ils se rendirent dans le bureau. Julia composa le numéro de Patrick.
- Maman, j'ai essayé de t'appeler. Comment vas-tu ? J'espère que ça n'a pas été trop … Ça l'a sûrement été. Mais c'est fini et tu ne reverras plus cet escroc. Maman ? Ça va ?
- Elle va bien, dit Benjamin face au silence de Julia qui venait à nouveau d'avoir une preuve de ce que son fils pensait de lui.
- Qu'est-ce qu'il fait là ? Benjamin se rapprocha du téléphone.
- Tu aurais dû venir me parler, Patrick, Julia voulut prendre le relais.
- Je sais que tu as voulu agir dans mon intérêt, mais j'aimerais tirer un trait là-dessus, d'accord ?
Benjamin retourna s'appuyer à la bibliothèque.
- Maman, écoutes …
- Je crois que j'ai sous-estimé combien il vous serait difficile de me voir avec un autre homme que votre père.
- Crois moi ce n'est pas le problème…
- Laisse-moi finir.
- D'accord, d'accord.
- Et il y a notre différence d'âge, clairement impossible à concevoir pour vous sans prêter à Benjamin de mauvaises intentions. Julia tourna son visage vers Benjamin, il n'en a pas.
Benjamin revint vers elle, il était touché à nouveau qu'elle le dise à voix haute en le regardant. Il était soulagé que Julia lui montre sa confiance et l'exprime devant son fils.
- S'il te plait, laisse-moi être heureuse.
Benjamin était à ses côtés et il savait qu'il voulait y rester.
- Maman, je souhaite ton bonheur plus que tout au monde, mais il n'est pas…
Ce fut là que Benjamin raccrocha. Il en avait besoin, il en avait assez.
Après ça, Julia et Benjamin partirent se promener sur la Lande, le soleil était de la partie même s'il faisait frais. Chaque fois que Benjamin tendait la main, Julia la prenait et ensemble, ils avançaient. Benjamin espérait qu'ils continueraient de la sorte. Dans le soleil de fin d'après-midi, Julia le regarda. Elle avait envie de l'embrasser, Benjamin en était heureux et surtout heureux de le faire. Il ne s'était jamais sentit aussi libre. Si ça continuait, peut-être que lui parler de son passé était envisageable ? Benjamin ne fuirait pas cette fois, il le savait. Il avait juste peur que Julia découvre son passé autrement que par lui. Mais quand pourrait-il lui dire ? Quand était bien la question ! Il y avait déjà le passé de Julia et la réaction des enfants à gérer. Avait-il d'abord droit à un peu de bonheur ? Julia lui offrait cette parenthèse et il voulait espérer que ce n'était pas que ça mais il devait attendre. Dire que l'ancien métier de Julia était de mettre à jour le passé et que lui voulait qu'il reste caché … au moins pour le moment. Être heureux, il avait oublié ce que c'était. S'il l'avait été c'était il y a très longtemps quand l'innocence de son âge ne lui permettait pas de comprendre le monde qui l'entourait et les galères que sa famille traversait. Peu de souvenirs d'enfance heureux donc et avec Ally ce n'était que dans sa tête, tout n'était qu'une illusion à laquelle il avait voulu croire, à laquelle il avait besoin de croire. Ici avec Julia tout était tellement vrai et réel. Mais la situation familiale de Julia était si complexe donc il ne voulait pas faire n'importe quoi. Elle avait le droit d'être heureuse avant toute chose. Elle passait avant lui, c'était ça qu'il voulait pour elle. Benjamin Greene pouvait le lui offrir et faire tout pour. Sean Wright n'avait rien à faire dans cette histoire. Faire face à Sean Wright, c'était faire face à une injustice qu'il avait acceptée mais dont personne ne l'avait sauvé. Benjamin voulait de la liberté, ses années de prison étaient encore en lui mais là avec Julia près de lui et devant un tel paysage, il avait une réelle impression de paix et de liberté. Il aimait Londres pour l'anonymat que ça lui avait procuré. Julia et les espaces sauvages du Devon lui offraient la liberté.
Maintenant Benjamin regardait Julia préparer le repas. Il aimait être avec elle tout simplement dans la même pièce. Il l'avait aidé tout en lui servant un verre de vin. La journée se terminait et il faisait encore beau dehors. Benjamin regardait par la porte vitrée et réalisa qu'il n'avait pas encore approché de la piscine. Il se rappelait que c'était Kieran qui lui avait appris à nager. Son père avait tenté de le faire mais il avait surtout failli provoquer sa noyade en le laissant seul pour aller draguer dans les vestiaires… Benjamin ne voulait pas y penser, il était heureux ce week-end. La piscine lui donna une idée, il demanda à Julia :
- On mange quand ?
- Dans 30 minutes.
Benjamin laissa son idée se réaliser. Il finit son verre d'un coup, le posa et ouvrit la porte. Julia allait comprendre, Benjamin se retourna en souriant à Julia qui l'avait suivi, il avait déjà enlevé son pantalon et maintenant son t-shirt et son pull.
Il faisait froid c'est vrai mais Benjamin était trop heureux pour y penser et il plongea dans le bassin. La chaleur de l'eau le réconforta tout de suite. Benjamin émergea heureux de voir Julia au bord de la piscine en train de rire. Allait-elle le rejoindre ? Quelque part au fond de lui, il savait que oui. Il enleva son boxer et le lui lança. Julia n'hésita plus.
Sa joie était communicative et il ria de bon cœur, Julia, presque nue, le rejoignit. Il la prit dans ses bras et ils s'embrassèrent. Benjamin surnageait et le frottement de leurs corps, le balai de leurs jambes et de leurs langues amenèrent une vague de plaisir au jeune homme. Il sentit son pénis se gonfler, il réagissait au corps de Julia, à sa présence comme il ne l'avait jamais eu avec d'autres femmes. Julia le poussa doucement vers le bord du bassin, là où la profondeur leur permettrait d'arrêter leurs mouvements de nage.
- Tu veux qu'on sorte. Dis-moi où sont les peign...
- Chut ! Laisse-toi faire. On va aller jusqu'au bout…
Arrivés dans le coin de la piscine, Julia enleva sa culotte puis plaça les mains de Benjamin sur les bords.
- Julia ?
Elle l'embrassa tout en se positionnant et elle se laissa doucement descendre et Benjamin se sentit englober par elle. Julia bougea légèrement et Benjamin crispa ses mains encore plus sur le bord. Sa tête bascula en arrière.
- Ne me lâche pas du regard, lui demanda Julia.
Benjamin revint vers elle et Julia bougea à nouveau quand leurs yeux furent scellés l'un à l'autre.
- Julia !
Elle revint à lui et ils s'embrassèrent, ils bougèrent ensemble, encore et encore un peu plus et Benjamin jouit comme jamais. Julia le rejoignit dans le plaisir et pourtant ils restèrent encore un peu imbriqués, ils ne voulaient pas se quitter.
Quand Julia et Benjamin se divisèrent, il lui dit de rester dans l'eau et partit chercher les peignoirs. Il l'aida à l'enfiler et lui dit d'aller se sécher à son aise, Benjamin lui assura qu'il s'occupait du repas. Il récupéra leurs vêtements puis il se dépêcha de s'habiller. Il voulait que tout soit prêt avant que Julia n'arrive. Benjamin fut ravi de voir qu'il savait où se trouvaient les éléments de cuisine dont il avait besoin. Quand Julia descendit la table était dressée et les bougies allumées. Ils purent se mettre à table et dinèrent tranquillement.
Dans la chambre, quand ils furent près à se mettre au lit, Benjamin suivit une impulsion et dit à Julia :
- A propos de Lady Shenbrook …, commença Benjamin.
- Ce n'est pas nécessaire. C'est une cliente.
- Je veux t'expliquer. J'avais vraiment bossé dur sur le dossier. Depuis le début, Zac se servait de mes idées et là, il voulait que je présente le plan mis en place.
- C'est plutôt bien de sa part.
- Oui, si ça avait été pour les bonnes raisons.
- Que veux-tu dire ?
- Il avait remarqué que je plaisais à la cliente. Il me gardait comme un atout dans sa manche.
- Ce sont ses mots ?
- Oui … Je pensais qu'elle appréciait vraiment mes idées.
La main de Benjamin se mit à trembler. Julia posa la sienne dessus.
- Je l'ai raccompagné à son taxi et elle m'a proposé…
- Ça n'a pas d'importance.
- Je lui ai dit non.
- Je sais, lui répondit-elle, en caressant son visage.
- Mon projet était bon.
- Bien sûr qu'il l'était.
- J'ai travaillé de chez moi pour le reste de la semaine. Je ne voulais pas de Zac et de ses commentaires. Je ne suis pas qu'un pion, un gigolo, n'est-ce pas ?
- Benjamin, ne dis pas ça. Tu as changé ma vie. Tu es tellement plus que ça.
Benjamin prit la main de Julia dans la sienne, elle ne tremblait plus et il l'embrassa.
- Tu as changé la mienne aussi, Julia.
- Allons-nous coucher, tu veux ? Lui dit-elle.
Ils se mirent au lit face à face.
- Merci pour aujourd'hui. J'ai passé une si belle journée. J'aurais voulu qu'elle dure encore.
Benjamin embrassa à nouveau la main de Julia et il laissa le sommeil l'emporter.
