Notes
Suggestions musicales :
L'attaque du commando :
- The Assassin's dagger — Ramin Djawadi, Game of Thrones: Season 1.
- Village Ambush — Rupert Gregson-Williams, The Legend of Tarzan (Jusqu'à 01:20).
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Claire et Owen arrivèrent chez la mère de ce dernier aux alentours de vingt-deux heures, alors qu'il avait commencé à faire nuit noire. Caitriona vivait dans un petit chalet en bois à la périphérie d'Hope, presque au milieu des bois, et les habitations les plus proches étaient à une centaine de mètres d'elle, au-delà des arbres qui encerclaient la maison et ses abords immédiats. Lorsque le couple se gara juste après la boîte aux lettres, une sexagénaire avec de longs cheveux bruns grisonnants, vêtue d'un débardeur et d'un jean, ouvrit la porte d'entrée et les salua d'un signe de la main accompagné d'un sourire chaleureux. Caitriona était contente de voir que son fils et sa belle-fille, comme elle aimait appeler Claire, étaient revenus sains et saufs. Elle embrassa tendrement Owen et prit Claire dans ses bras lorsqu'ils la rejoignirent sous le porche et elle les invita ensuite à entrer, pour discuter un peu autour d'un verre de whisky à la table de la salle à manger avant de prendre leur fils et de rentrer à leur chalet. Pénétrant dans le salon, le couple vit que Sigurd dormait à poings fermés sur le divan et ils n'osèrent pas le réveiller, se contentant juste de déposer un baiser sur son front.
Alors que le couple racontait les épreuves traversées au Costa Rica, Caitriona entendit soudain un bruit qui attira son attention, car venant de dehors et semblable à un bruit de pas. Elle crût au début qu'un animal rôdait près de la maison puis il y eut d'autres bruits similaires, trop réguliers pour être ceux d'un ours noir ayant décidé de visiter les lieux dans sa quête de poubelles à piller. La maîtresse de maison regarda son fils. Lui aussi tendait l'oreille.
— Je vais aller voir. Faîtes comme si de rien n'était, leur murmura-elle du bout des lèvres.
Le couple se remit à parler avec le même volume qu'avant mais conscients qu'ils n'étaient pas encore sortis de l'auberge quant à leur situation avec InGen, ils ne purent s'empêcher de regarder en direction du divan et de leur fils. Pendant ce temps, Caitriona passa dans le couloir d'entrée et d'une armoire, elle sortit un fusil et des cartouches. Le plus discrètement possible, elle les inséra dans l'arme puis se rapprocha de la porte, avançant doucement avec le canon pointé en avant et les oreilles attentives au moindre bruit. Cela faisait un moment qu'il n'y avait plus rien. Peut-être que le rôdeur, fut-il homme ou bête, était partit. Mais Caitriona ne baissa pas sa vigilance pour autant, ressentant un mauvais pressentiment.
Soudain, on se mit à donner des coups dans la porte d'entrée et celle-ci fut enfoncée, révélant la présence sur le porche d'un homme encagoulé habillé de noir et tenant un fusil entre ses mains. Voyant que cet intrus était armé, Caitriona ne réfléchit pas et tira la première, visant le torse de l'homme. Sous l'impact, il fut projeté en arrière et ne fut sauvé que par le gilet pare-balles qu'il portait.
— La vieille est armée ! Hurla un autre homme à quelque pas de là.
— Je demande l'autorisation d'ouvrir le feu ! Ajouta un troisième un peu plus loin, téléphone à l'oreille.
C'était Hawkes, le même qui avait parlé avec Margaretha plus tôt.
— Non, je les veux vivants ! Répondit fermement la voix d'Edward Torres.
Voyant d'autres silhouettes de soldats sur le porche, Caitriona se prépara à faire feu à nouveau.
Au salon, le couple avait pris Sigurd dès qu'ils avaient entendus les premiers coups donnés dans la porte. Tandis que Claire serrait Sigurd tout contre elle et cherchait du regard quelque objet pouvant servir d'arme, des attaquants enfoncèrent la porte donnant sur la terrasse derrière la maison et entrèrent bien assez tôt dans le salon. Du couloir d'entrée, d'autres soldats arrivèrent et le couple sut qu'ils venaient surement de neutraliser Caitriona. Pris en tenaille, ils ne pouvaient sortir de la maison et le seul lieu où ils pouvaient se replier et résister ne serait-ce que pendant quelques minutes était la cuisine. Voulant gagner du temps pour sa concubine et leur fils, Owen saisit une chaise et la jeta sur le soldat le plus proche. Celui-ci se la prit en pleine figure et l'instant d'après, le soigneur fut sur lui et commença à le rouer de coups, ayant espoir de lui prendre son arme. Mais un autre soldat mit en joue Owen avec un pistolet et une fléchette alla se ficher dans son torse, le coupant dans son élan.
— Owen ! Cria Claire, qui craignit le pire.
Son concubin eut un mouvement de recul, tituba et s'effondra comme une masse.
— Le Cerf est à terre ! Annonça Hawkes, témoin de la scène.
In extremis, Claire évita une fléchette en se baissant en plein dans sa course vers la cuisine. Elle s'y engouffra, posa Sigurd au sol devant un placard et juste avant que le premier soldat à ses trousses ne puisse lui tirer dessus, après avoir passé l'embrasure de la porte et contourné un meuble, elle tira un couteau de boucher de son portoir et l'envoya droit vers sa tête. Le soldat hurla de douleur lorsque le couteau s'enfonça dans son épaule et il tomba à la renverse.
— Je suis touché ! La salope m'a envoyé un couteau en pleine épaule ! Gémit le blessé.
Un de ses camarades accourut pour le traîner dans le salon et l'éloigner de Claire avant qu'elle ne décide de le blesser davantage ou de le tuer en jetant un deuxième couteau ou tout autre ustensile tranchant. Du même portoir que le couteau de boucher, Claire saisit le hachoir et vint se tenir devant son fils, prête à frapper le prochain qui surgirait.
— Approchez si vous l'osez, maudits chiens ! Défia-elle les soldats.
Hawkes lui répondit :
— Rendez-vous, Claire ! Ou on bute votre mec ! La somma-il.
Restant à couvert derrière le meuble et le cadre de l'embrasure, Claire hasarda un regard vers le salon et vit que le chef de l'escouade pointait le canon de son pistolet sur la tempe d'Owen, dont le corps tranquillisé était maintenu agenouillé par deux des soldats.
— Et sa mère aussi tant qu'à faire si cela ne suffit pas ! Ajouta-il.
Claire poussa un lourd soupir de défaite et vit glisser le hachoir sur le sol, de manière à ce qu'il apparaisse dans l'embrasure et indique à l'escouade qu'elle déposait les armes. Lorsque plusieurs des soldats pénétrèrent dans la cuisine, ils la trouvèrent assise sur le carrelage, le visage empourpré et larmoyant, serrant Sigurd tout contre sa poitrine tout en lançant un regard plein de haine aux hommes d'Hawkes. Un d'eux, une femme à en juger par ses formes, vint lui arracher son fils des bras.
— Lâche-le espèce de pute ! Vociféra Claire.
Mais elle était épuisée et malgré tous ses efforts, la soldate parvint à saisir Sigurd et à l'emmener loin des bras tendus de sa mère alors que ses pleurs redoublèrent.
— Si vous faîtes du mal à mon fils, je jure que vous enverrais chez les pires dieux infernaux qui soient ! Hurla-elle avec fureur.
— Ta gueule ! Lui dit un des soldats avant de lui asséner un coup de crosse qui l'assomma direct.
Le corps inconscient de Claire s'effondra sur le côté et Hawkes regarda la soldate ayant saisit Sigurd.
— Emmenez le chiard à sa grand-mère. Ça calmera peut-être un peu ses pleurs, lui ordonna-il.
La soldate acquiesça et il prit ensuite son téléphone.
— La Biche est à terre ! Annonça-il.
— Bien. Embarquez-moi tout ça ! Leur ordonna Torres.
Hawkes et ses hommes s'exécutèrent.
— J'ai attendu ce moment depuis que j'ai rejoint la J-SEC, déclara celui qui avait assommé Claire.
— Ouais, elle l'a mérité après tout ce qu'elle a provoqué, dit un autre. Si ça tenait qu'à moi, je te l'enverrais à la guillotine.
— N'empêche, sa balafre lui donne vraiment une sale gueule ! Je ne la toucherais pas, même avec des gants Mapa, ajouta un troisième d'un air mi dégoûté mi moqueur en regardant le visage de Claire.
Tandis qu'on faisait monter Caitriona et Sigurd dans un SUV noir, les corps inconscients de Claire et d'Owen furent emportés hors de la maison et installés à l'arrière d'un autre des véhicules de l'escouade. Hawkes chargea ensuite deux de ses hommes d'aller éteindre les lumières et fermer les portes du mieux qu'ils purent, afin de faire croire à d'éventuels passants que Caitriona avait quitté son domicile pour quelques jours. Lorsque ce fut fait, l'escouade et leurs prisonniers quittèrent les lieux, s'éloignant de la Sierra Nevada au plus profond de la nuit. Au petit jour, ils arrivèrent à leur destination.
Ce jour-là, Guillaume Vuillier ne se rendit pas au CSMD et quitta son domicile entre huit et neuf heures du matin, emportant avec lui une valise, un sac à dos et son invitation pour la vente d'InGen. Comptant arriver au domaine Lockwood peu après quinze heures, l'horaire à lequel l'accueil ouvrait pour la vente, qui débutait une heure plus tard, il roula tranquillement.
Alors qu'il attendait son déjeuner dans un diner où il s'était arrêté en cours de route, il sortit son téléphone et ouvrit l'application dont lui avait parlé Jeff Rossiter au Perth Castle Pub il y a un mois de cela, celle associé au traceur qu'on lui avait collé à Berkeley. Sur une carte de la Californie, il vit un point affiché près de la côte dans le nord de l'état, non loin de la frontière avec l'Oregon. La veille, avant d'aller se coucher, Guillaume avait aussi ouvert l'application et le point était alors dans la Sierra Nevada, à l'ouest, une position attendue contrairement à l'actuelle. Le directeur du CSMD zooma sur la carte et ses yeux s'écarquillèrent quand il vit le nom de la localité la plus proche du point : Orick. Le point était au sud de la ville, au niveau de la crête juste à l'est du manoir Lockwood, juste à côté de la cuvette et de ses enclos.
Tous les chemins mènent chez Lockwood, réalisa-il.
Il soupira, resta songeur un moment puis ferma l'application, ouvrit sa messagerie et composa un message adressé à Peggy.
Lorsque celle-ci le reçut peu après alors qu'elle mangeait dans la salle de détente du CSMD, elle l'ouvrit immédiatement mais l'instant d'après, elle laissa tomber sa fourchette dans sa lunch box alors que l'inquiétude la gagnait. Son patron avait en effet écrit :
Si je ne reviens pas d'Orick, prévenez les flics et appelez Michaela. Elle vous expliquera tout.
