Chapitre 11.
« Hermione ? Hermione, tu dors ? »
Qui donc pouvait bien l'appeler ? Neville ?
Non, elle devait rêver. Son ami ne pouvait pas être là, à côté d'elle. C'était impossible, car…
« Ça arrive souvent durant les méditations, elle a du relâcher son attention… »
S'en suivit un espéce de dialogue bizarre entre deux voix féminines qu'elle ne connaissait pas. Hermione était persuadée qu'elle rêvait, encore. Ce n'était pas un cauchemar, dieu merci. Mais elle ouvrit les paupières et paniqua en tournant la tête dans tous les sens.
Elle était à Poudlard.
D'un seul coup, la jeune femme se leva et baissa les yeux sur elle. Elle avait retrouvé son corps.
« Non… Non ! s'écria-t-elle en se tâtant frénétiquement les cheveux et le torse.
_ Hermione ? »
Neville s'avança vers elle avec une prudence extrême. Il était le seul à savoir et donc, à comprendre que la jeune femme était de retour. Lorsqu'il effleura son bras, la Gryffondor bondit littéralement pour se mettre debout. Elle observa les trois élèves devant elle avec une panique palpable avant de se sauver en courant, l'air plus effrayé que jamais.
xXx
Snape débarqua dans l'école de magie avec fracas. Tous les élèves devant lesquels il passait se retournaient avec surprise derrière son passage, mais il ne semblait même pas le remarquer.
4 par 4, il monta les escaliers le menant à la tour des lions, laissant de longues traces de semelles ensanglantées derrière lui.
Neville sursauta lorsque la porte d'entrée, pourtant très lourde, s'ouvrit avec tant de force qu'elle manqua de claquer contre le mur et que la Grosse Dame elle-même en hurla de terreur.
Heureusement, il était le seul présent, Nicky et Moira ayant quitté les lieux avec beaucoup de questions sans réponse quant au comportement bizarre de la jeune femme.
« Où est Hermione ? »
Longdubat ouvrit, puis ferma la bouche d'un air hébété. Tout avait été si vite, il ne comprenait pas lui-même ! Entre Hermione qui s'était sauvée avec l'impression d'avoir la mort aux trousses, et les deux filles qui étaient partis sans une once d'explication, il n'avait pas franchement eu le temps de demander des comptes à la concernée !
Et puis, Snape avait débarqué. Alors, sa terreur envers le monstre des cachots avait repris de plus belle. C'était définitivement plus simple quand il était dans le corps de son amie ! En plus, il était couvert de sang… Du sang de quelqu'un d'autre vraisemblablement puisqu'il ne semblait souffrir d'aucune blessure.
« Euh, hé bien, euh, c'est-à-dire que, enfin…
_ Mais qu'est-ce qui te prend ?
_ Vous, vous, vous êtes… lâcha le garçon en se passant une main sur le visage afin de lui faire entendre son changement d'apparence. »
Snape fronça les sourcils avant de claquer sa langue contre son palais afin de marquer son agacement. Il ignorait de quoi le garçon parlait, et s'en fichait bel et bien. Il s'approcha de lui, et le tint par les épaules. Neville ferma les paupières en grimaçant, s'attendant à se faire secouer comme un prunier mais il n'en fut rien.
« Neville bon sang, mais c'est moi espèce de crétin, réveille-toi ! »
Il l'avait appelé Neville. Et l'avait tutoyé.
Ok. Bon. C'était… bizarre ?
Le Gryffondor ouvrit un oeil, avant de lentement se détendre en voyant que son professeur n'était guère sur le point de le tuer. Et l'entendre l'appeler ainsi devait sans doute avoir débloquer quelque chose, puisqu'il cessa de bégayer.
« Je sais, avoua-t-il. J'ai tendance à vous reconnaître maintenant, surtout quand vous m'appelez comme ça.
_ Dans ce cas, il faut se reprendre. Elle était là, je le sais, j'étais dans son corps avant de retrouver celui-ci ! »
Soudain, quelques Gryffondor dont Ron et Harry entrèrent dans la salle commune. Ils furent surpris de la présence du maître des potions ici, et encore plus par son allure effrayante, comme tout droit sorti d'un film d'horreur.
Neville n'y prêta guère attention, et se concentra sur la suite des événements tandis que les élèves les contournèrent comme s'ils avaient la gale.
« Quand vous êtes parti, enfin… Qu'elle est revenue, elle avait l'air paniquée et s'est sauvé en courant.
_ Elle est partie où ?
_ Mais j'en sais rien, moi ! Vous en avez de ces questions ! »
Ron et Harry se regardèrent d'un air éberlué face aux paroles de leur ami envers le redouté maître des potions, qui sembla à leur plus grande surprise encore, nullement interpellé par cette réponse.
« Il faut qu'on la trouve, lâcha Snape, déterminé.
_ Prenez vos quartiers et les cachots, je prends la bibliothèque et les parties communes.
_ Ok ! »
Les deux hommes se séparèrent ainsi, sous le regard toujours aussi stupéfié des élèves environnants.
Snape farfouilla de fond en comble les cachots, ainsi que ses quartiers, sans grand résultat, et même sa maison était vide. Il soupira de dépit, et décida, sur un coup de tête, de se rendre vers le bureau de Dumbledore. Il allait l'obligé à la retrouver ! Après tout, c'était de sa faute, tout ça. Enfin, en partie.
Le sorcier monta une alcôve que personne n'empruntait afin de gagner du temps en évitant les escaliers habituels et tomba enfin sur elle. Il fut surpris de la voir ici, et pour cause : Hermione se trouvait assise dans les marches, prostrée et tremblante de toute part.
Snape s'était stoppé d'un seul coup, surpris.
« Hermione ? l'appela Severus. »
La jeune femme ne répondit pas. Avec sa touffe de cheveux baissée, il lui était impossible de voir son visage. Prudemment, il s'approcha d'elle, puis s'agenouilla à sa hauteur.
« Miss Granger. »
Sa voix s'était faite étrangement douce et avenante. Avec soin et délicatesse, le maître des cachots posa ses deux mains sur les genoux de la Gryffondor qui secoua la tête avant de tomber dans ses bras avec tant d'intensité qu'il manqua d'en basculer en arrière. Le souffle du potionniste se coupa avant qu'il n'ose poser sa main dans ses cheveux, juste… comme ça. Il fronça les sourcils dans le vide, se rendant bien compte que cela faisait des lustres qu'il n'avait pas étreint qui que ce soit. L'avait-il même seulement fait un jour même ?
L'homme serra son corps, juste un peu en la laissant se calmer.
Il ne savait pas vraiment comment s'y prendre, ni s'il faisait les choses correctement… mais il avait le sentiment de faire de son mieux. Il sentait les soubresauts de ses sanglots contre sa redingote et passa machinalement sa main le long de ses cheveux hirsutes, oubliant même qu'il était toujours aussi sale et qu'il était en train de laisser tout ce sang sur elle aussi.
D'ailleurs, le visage de la jeune femme se releva juste un peu et elle avait la joue marquée de rouge, ainsi que sa belle chemise blanche depuis laquelle on pouvait sans problème distinguer la trace des bras de son professeur qui l'avait enlacé.
« Ex-excusez-moi, sanglota-t-elle sans parvenir à se retenir. »
Snape n'y prêta même pas attention. Elle était là, en vie, en sécurité devant lui et c'était pour l'instant tout ce qui lui importait.
Le professeur de potions posa sa main sur sa joue humide de ses larmes.
Il n'avait pas envie de la noyer sous les questions, pas maintenant, pas au risque de faire remonter en arrière des souvenirs visiblement difficiles et qu'elle se sauve une fois encore.
« Je vous ai mis dans un sale état, renifla-t-elle avant un rire nerveux qu'elle émit, touchant ses cheveux sale de terre, de sang et de sueur.
_ Oh. Je n'ai pas fais attention, constata-t-il en un froncement de sourcils avant de suivre le mouvement de ses doigts.
_ Comment diable n'avez-vous pas pu remarquer une chose pareille ? »
Snape lui envoya un mince sourire en coin à peine perceptible avant de soudain se rendre compte de leur proximité plus qu'inconvenante. Son réflexe premier aurait été de s'éloigner au plus vite… seulement, il n'en avait aucune envie. Parce qu'il avait vraiment été mort de trouille, la peur de sa vie, et ressentir ce genre de sentiment ne lui était pas arrivé depuis très longtemps.
Hermione continuait quant à elle d'observer son professeur de potions. Il était dans un état pitoyable, et elle s'en voulait. Mais elle avait aussi envie de savoir comment il s'y était pris pour revenir. Enfin… Une demi heure avant, elle était là, étendue par terre, à penser à quel point sa vie était difficile, misérable et horrible, si affreuse qu'elle lui aurait cédé la sienne volontiers et la seconde d'après, elle s'était retrouvée allongée sur le sol de la salle commune des Gryffondors.
Il l'avait fait exprès, elle en était persuadée. Ils n'en avaient pas encore parlé, mais il semblait avoir tout fait pour revenir. Et il avait réussi.
« J'ai eu peur, avoua-t-elle, gênée en détournant les yeux.
_ Et moi dont, vous m'avez fichu une de ces frousses, lui glissa-t-il en un murmure. »
Hermione releva un regard surpris vers lui. Comment ça ? Comment pouvait-il s'être inquiété, avoir été effrayé par sa situation quand elle connaissait à présent, sa double vie mieux que personne ?
Il était impossible que Snape se soit inquiété pour elle, et pourtant, Merlin lui même lui aurait secoué les miches pour lui faire admettre l'évidence placée devant elle.
Bien sûr qu'il lui disait la vérité !
Bien sûr qu'il avait été pétri d'angoisse, cela se disait comme le nez au milieu de la figure.
« Vous… vous avez crains pour ma vie ?
_ A votre avis ? lui demanda-t-il sous un ton bas. J'ai même tout balancé à Albus pour qu'il m'aide, mais il n'a strictement rien voulu entendre.
_ Vous avez prévenu Dumbledore ? s'affola la Gryffondor. Mais, mais, nous avions convenu que ce n'était pas…
_ Ça n'avait aucune fichue importance à mes yeux quand vous aviez disparu, trancha-t-il.
_ Et maintenant ? »
Snape émit un léger soupir avant de fixer les traits de son visage, un peu hypnotisé par son regard dénué de toute forme d'aversion quelconque, de mépris ou de condescendance. Elle l'observait avec tout le naturel du monde, avec cette étincelle en elle laissant à penser qu'elle le connaissait pour ce qu'il était vraiment.
« Maintenant, ça n'a toujours aucune importance, lui assura-t-il en s'avançant vers elle encore un peu plus. Car je le referais sans hésiter, même si ça n'a servi à rien. »
L'inspiration d'Hermione se fit tremblante. Elle l'observa ainsi, noyée dans cette foule de sentiments. Elle s'était inquiétée pour sa propre vie, mais aussi la sienne. Car elle avait été dans son corps, et qu'elle avait eu la sensation de devoir porter le poids de leurs deux existences.
Hermione se mit à fixer la bouche du maître des cachots, avant que tout deux ne finissent par s'approcher l'un de l'autre, avec une synchronicité quasi parfaite. Snape fut le premier à capturer ainsi ses lèvres, et la jeune femme entoura ses bras autour de son cou avec tant de force qu'elle se retrouva sur la pointe des pieds.
Un gémissement passa la barrière de sa gorge devant l'intensité de ce baiser, dénué de toute timidité, emplie de passion et d'une certaine forme de délivrance. Leurs langues trouvèrent le contact de l'autre et dansèrent ainsi à un rythme et une façon de faire que tous deux maniaient à la perfection. Ils savaient tout simplement comme s'y prendre, avec une exactitude que personne ne pouvait égaler.
Snape se retira afin de soulever Hermione comme si elle ne pesait rien, puis de la plaquer contre le mur en pierre. Elle le fixa avec une sorte de passion dévorante dans le regard et il joua ainsi avec elle, flirtant avec ses lèvres, son nez, sans pour autant poser sa bouche sur la sienne. Hermione sentit son coeur s'accélérer et son souffle aussi avant qu'il ne capture de nouveau ses lèvres, une seconde, puis deux, encore et encore, par a-coups, comme s'il agissait par impulsivité. Chaque fois, elle émettait un soupir de plaisance, tentant de faire durer ces baisers alors que lui, s'évertuait à se jouer d'elle. Un jeu délicieux qu'elle n'aurait eu aucune déception de perdre d'ailleurs.
Plus rien n'avait d'autre importance que ses caresses, que ce duel lubrique, euphorisant et si érotique qu'il lui faisait vivre, comme si plus rien ne comptait à ses yeux hormis elle. Mais des bruits leur parvinrent aux oreilles, et même s'ils mirent plusieurs secondes à trouver la force de se séparer, ils le firent malgré tout, bien avant que Neville ne débarque comme une fusée.
« Professeur, je vous ai cherché partout, bon sang je n'ai toujours pas trouv… »
Neville se stoppa en tombant sur lui et Hermione…
« Oh, tu es là. »
Il les avait vu, avaient-ils tous deux penser de concert, sans le savoir.
C'était sûr, au vu de sa réaction, il était évident qu'il avait vu quelque chose. Pourtant… Non, Neville n'avait assisté à rien du tout.
Mais force fut de constater qu'Hermione à présent, avait les mêmes traces de Snape sur son torse, ainsi que la marque des mains du potionniste autour de sa taille. Et il ne parlait de l'état de son visage, de ses cheveux en bataille tâchés eux aussi et même, songea Neville en rougissant, de cette légère trace sur sa bouche.
« Je… je vais y aller, marmonna la Gryffondor en rebroussant chemin, non sans rougir d'embarras. »
Snape, resté avec Neville, prit une profonde inspiration. Il se racla la gorge, mal à l'aise, tandis que Neville refusait lui aussi de bouger.
« Vous… pensez parvenir à rester dans ce corps… encore longtemps ? demanda Neville, confus.
_ J'espère, mais je pense que c'est si aléatoire que rien n'est garanti, finit par marmonner Snape.
_ D'accord. »
Neville hocha de la tête dans le vide, l'air pus embarrassé que jamais.
« Cool. Cool, cool, cool, continua-t-il avec supplice et dérangement. »
Snape ouvrit la bouche, prêt à répliquer, avant de se raviser.
« Vous avez cours, non ? souleva-t-il d'un ton un peu trop aigu.
_ Non, pas durant la prochaine heure puisque vous étiez censé l'assurer.
_ Ah oui, j'oubliais. »
Neville continua de hocher la tête avec ce même air déconfit sur le visage.
« Vous devriez prendre une douche, finit-il par suggérer au bout d'un (trop) long silence.
_ Oh. Oui. En effet.
_ Et enquêter sur ce qu'Hermione a bien pu fabriquer.
_ Bien entendu.
_ Bien. »
Snape s'apprêta à se soustraire à cet échange un peu trop gênant, mais il n'y parvenait pas. Ce n'était pas son genre, de fuir. Il ne pouvait pas laisser cette situation… comme ça ! Enfin, Neville savait. Ou quoiqu'il sache d'ailleurs, que pouvait-il bien y faire ?
Si qui que ce soit apprenait qu'il venait d'avoir ce genre de gestes envers Miss Granger, il pouvait dire adieu à tout : son poste, son siège auprès de Voldemort, son rôle d'espion, tout.
Mais aussi étrange que cela puisse paraître, Snape réalisa qu'il avait une confiance rendue quasi absolue envers le jeune garçon. Il n'avait pas vendu la mèche sur leur changement de corps, et avait été d'une aide inestimable lorsqu'il avait été au fond du trou.
« Longdubat… Puis-je… Vous demander un service ?
_ C'est oui, lança Neville avec précipitation.
_ Je ne vous ai même pas…
_ Je sais que vous voulez que je sois gardien de ce secret, et c'est oui. »
Snape fronça tout à coup les sourcils face au garçon, totalement éberlué. Comment avait-il deviné ?
« Vous êtes sur ?!
_ Oui.
_ Mais vous ne savez même pas…
_ J'en sais suffisamment.
_ Avez-vous conscience que tant que vous ne parlez pas, personne ne pourra jamais…
_ Bon, quand est-ce qu'on lance ce sortilège de Fidelitas, qu'on en finisse ? »
Snape arrondit un peu les yeux, avant de faire une drôle de moue, à mi chemin entre l'acceptation et la sidération.
« Dans mes quartiers, nous serons plus tranquilles.
_ Je vous suis. »
xXx
Snape tournait en rond comme un fauve.
Neville l'avait déjà vu agir de cette manière, lors de ses cours et surtout, des interrogations qu'il pouvait donner. Ça lui filait une allure effrayante, comme s'il était une espèce de bête sauvage prête à sauter sur sa proie, la proie étant lui, pauvre élève effrayé qui n'y comprends jamais rien. Sauf que cette fois, il ne lui tomberait pas dessus... Ni les fois suivantes il avait l'impression. Lui et Snape avaient enterré la hache de guerre en quelque sorte, mais ça ne le rendait pas moins effrayant ! Il faut dire que ses cheveux étaient présentement en train de dégouliner de flotte, ce qui le rendait encore plus animal.
« Finalement, je crois que ce n'est pas une bonne idée, finit par balancer le maître des cachots, catégorique.
_ Quoi ?! Mais vous n'allez pas vous dégonfler maintenant !
_ Me dégonfler ? s'offusqua Snape d'une voix profonde et menaçante. »
Neville prit une profonde inspiration, avant de planter son regard dans celui de son professeur, décider à ne pas ciller.
« Ça ne marche plus avec moi. »
Il mentirait s'il ne disait pas à l'instant qu'il était à deux doigts de l'évanouissement. En fait, il empêchait à tout prix ses mains de trembler, car Snape gardait son regard froid et impassible droit sur lui… mais il ne lui ferait rien. Neville le connaissait bien assez maintenant pour ça. Snape finit ainsi par lâcher l'affaire en un énorme soupir au bout de deux minutes, qui lui parurent des heures.
« Ok quand est-ce que ça a vacillé ? Quand j'ai eu le malheur de vous tutoyer ?
_ A mi chemin entre vos manières efféminées et la fois où vous avez foutu une baffe à Harry.
_ Il m'avait fait un bisou sur la joue, claqua Snape. »
Neville continua d'observer Snape avant de se retenir de rire en devenant rouge comme une tomate.
« Fermez là ! »
C'est à cet instant que le garçon finit par exploser, sous le regard désabusé du maître de potions.
« C'est la pire expérience de ma vie, bougonna Snape en s'écroulant dans son fauteuil.
_ La pire expérience de votre vie, pour l'instant !
_ Je vous déteste.
_ Arrêtez d'éviter le moment qui fâche maintenant, il faut être deux pour le sortilège. En plus, si vous ne me faites pas confiance, ça ne marchera pas.
_ Vous le connaissez ? demanda Snape en levant un sourcil, circonspect.
_ Hé, je suis peut-être nul en potions, mais faut bien que je sois bon pour autre chose, non ?
_ Pas nécessairement, lâcha Snape d'un air satisfait en croisant ses mains sous son menton, sarcastique.
_ Figurez-vous que si, affirma le garçon en ignorant la pointe de sarcasme. Je sais qu'il est rare que le Fidélitas s'applique à autre chose qu'un lieu, mais c'est tout à fait possible tant qu'il s'agit de protéger un secret. Ainsi, ce que vous allez me confier restera cacher bien au chaud dans mon âme.
_ Le secret étant que moi et Granger avons échangé de corps.
_ Oh je vous en prie, lança Neville en levant les yeux au ciel. Je sais que vous savez et vous savez aussi que je sais que ce n'est pas que de ça dont il est question.
_ Je ne vois pas ce que vous voulez me faire dire Longdubat.
_ Que vous aimez Hermione. »
Snape se frotta le front avec gêne, et dépit.
« Hé, je ne suis pas bête. Je m'en doutais depuis un moment, vous vous acharniez un peu trop sur elle.
_ Je m'acharne sur vous constamment espèce de crétin, et il n'y a aucun message caché sous le fait que vous me sortiez par les oreilles ! explosa Snape en se levant afin de commencer à tourner en rond.
_ Oui, sauf que Hermione est brillante. Vous l'avez vous même déjà admis, et vous adorez les gens brillants, c'est comme ça. En plus, vous la regardez quand elle a le dos tourné, et ça, personne, pas même elle, ne l'a remarqué.
_ Je ne regarde personne, trancha Snape.
_ A d'autres. En attendant, vous lui avez roulé un patin. »
Snape grogna plus fort encore.
« Enfin quoi, je ne suis pas dupe, si vous voulez me nommer gardien du secret, encore faudrait-il que vous soyez conscient du dit secret, non ? »
Snape prit une profonde inspiration, avant de tourner le dos à Neville.
« Je hais ce sortilège, murmura-t-il. Il est imprévisible.
_ C'est vrai qu'il est complexe… et dangereux de livrer ça à un seul sorcier… Mais vous pouvez me faire confiance vous savez.
_ Il est vital que personne ne soit tenu au courant, lâcha sobrement Snape. Vous n'avez pas idée du prix à payer si qui que ce soit venait à savoir que moi et une née moldue…
_ Jamais je ne trahirais Hermione, je la protégerais et je sais que vous le ferez aussi. J'ai une confiance aveugle en vous, depuis que je vois que vous vous décarcassez pour ne pas la mettre en difficulté et surtout, à quel point vous avez été paniqué quand elle était en danger. Et en toute franchise, vous savez dans le fond, que je ne vous aurais jamais aidé si j'étais incapable de lui rendre la pareille. »
L'homme prit une profonde inspiration.
C'était ce qu'il y avait de mieux à faire, tant pour sa couverture, que pour la vie d'Hermione. Elle était déjà assez menacé comme ça en habitant son corps…
« Et vous n'êtes pas sans ignorer que vous avez été mon fichu épouvantard quand j'étais gosse, marmonna-t-il, mal à l'aise. J'ai vaincu ma peur pour vous deux quand même, ce n'est pas rien.
_ Oui et bien… désolé ! balança Snape sur un coup de tête d'un air rageur. »
Neville leva les sourcils, ébahi. Snape venait vraiment de… s'excuser ? C'était la meilleure. Il fallait dire que le sorcier s'en voulait à présent, d'avoir été si cruel envers ce garçon alors qu'il n'avait eu aucune hésitation à l'aider lorsqu'il en avait eu le plus besoin.
Il ne pouvait pas en espérer autant de la plupart des gens qu'il connaissait après tout, Dumbledore étant classé en tête du top 3 du pire de son cercle. S'il devait confier un secret à quelqu'un, nul doute qu'il ne pouvait le faire qu'avec Longdubat, et ce, les yeux fermés.
Au moins une chose de bien que lui avez apporté cette foutue potion ratée…
« Bien, finit par lâcher Snape. Allons-y. »
Neville se leva ainsi à son tour. Le garçon avait l'air franchement ravi, ce qui sidéra d'autant plus son professeur, qui le regarda d'un air suspicieux.
« Quoi ? J'ai toujours rêvé de faire ça.
_ Vous me rappelez Minerva par moment… »
Le sorcier leva sa baguette et la croisa avec celle du Gryffondor.
« Je prends ça pour un compliment, murmura-t-il.
_ Vous pouvez. »
Cela avait été assuré d'une voix si basse que Neville crut avoir rêvé. Il finit par laisser tomber, et accéléra le rythme. Hermione pouvait revenir dans ce corps à tout moment.
Alors, de son autre main, Longdubat entama une série de mouvements complexes, qui créa une bulle d'énergie violacée autour de leurs deux baguettes. Un filet finit par s'en échapper, et voltiger au dessus d'eux comme une minuscule flamme de bougie.
« De deux corps échangés naquit un amour caché, du fidélitas lancé protégera ces sentiments dissimulés, jusqu'à ce que moi, Neville, gardien du secret de Severus Snape et Hermione Granger ne décide de le dévoiler, récita-t-il avec minutie.
_ De ce secret que je remets, confie protection et sécurité. »
C'était là la partie décisive de ce sortilège. La magie elle-même, décidant ou non des intentions de chacun, car si Snape ne faisait pas assez confiance au garçon, Neville et lui savait pertinemment que la flamme magique déciderait de s'éteindre… Et pire encore, que jamais ce secret pourrait être confié à quelqu'un d'autre.
Autant dire que les Potter avait fait une connerie monumentale en accordant cette confiance aveugle en Peter et qu'il maudissait parfois la magie de leur avoir permis d'accomplir cet acte.
En toute franchise, Neville s'attendait lui-même à ce que le feu s'étouffe sous les doutes de Snape, et pourtant… Pourtant, il vit cette lueur descendre petit à petit et plonger dans son coeur. Il en fut le premier surpris, et finit par arrondir les yeux vers Snape lui-même qui haussa les épaules.
« Quoi ?
_ Non, rien. »
Dire qu'il avait sa confiance n'était pas peu de choses. Snape ne l'accordait à personne qu'il connaisse ! Mais il n'était pas ce sorcier distant, froid et méchant qu'il s'était imaginé durant son enfance.
Non, il avait un coeur… Il était spécial, certes. Mais en apprenant à le connaître, on pouvait facilement voir à travers sa carapace à quel point sa sensibilité devait l'avoir conduit à ce personnage dénué d'empathie qu'il avait pu se construire, et qui faisait qu'il était si renfermé et méfiant.
Cela rendait l'exécution positive de ce sort encore plus fort pour Neville qui cligna des yeux.
« Oh vous n'allez pas vous mettre à chialer comme Granger j'espère ? Parce qu'elle m'a déjà fait le coup !
_ N'importe quoi, s'offusqua Neville qui retrouva contenance en chassant la boule d'émotion de sa gorge. »
Alors que Snape s'apprêta à s'asseoir, il se raccrocha imperceptiblement à son siège et ferma les yeux un court instant…
Lorsqu'il les rouvrit, il se retrouva dans le dortoir des filles de Gryffondor.
Snape et sa délicatesse !
L'amitié entre lui et Neville n'était pas prévu à la base pour être tout à fait honnête, mais c'est quelque chose de tellement inédit et improbable que je me suis dis que ça avait sa place ici.
Désolé de vous avoir laissé sur ce cliffangher la dernière fois, mais mes pauvres, vous n'avez pas fini d'être frustrés !
Trynae trop contente que t'ai vu les ref mdr le coup de l'herbe vient de la fic Jeux d'Enfants !
MarynSnp :Concernant mes romans : il est illégal de publier des fanfictions contre de l'argent. Droits d'auteur, toussa. Alors je change les noms, prénoms, et les lieux de mes histoires pour que ça s'éloigne suffisamment afin qu'on ne fasse pas vraiment le rapprochement, mais physiquement et psychologiquement, les personnages sont plutôt identiques. Disons que ce serait comme si tu lisais un AU. Je publie ces romans via une maison d'édition, ils sont donc trouvables sur Amazon et payants, forcément. J'ai écris pour l'instant La Rose Aux Milles Epines qui pourrait grandement te plaire. Si c'est le cas, par la suite je te conseille le second, Indisciplinée. J'espère avoir répondu à toutes tes questions !
