Éruptif : grand animal africain de couleur grise, doté d'un pouvoir considérable. D'un poids qui atteint parfois une tonne, il peut être confondu, de loin, avec un rhinocéros.

Nundu : ressemble à un léopard, à ceci près qu'à l'âge adulte, il atteint une taille impressionnante et devient extrêmement dangereux, notamment pour l'Homme. L'animal est en effet connu pour son appétit insatiable pour l'être humain, qu'il chasse à la moindre occasion. On raconte également que son souffle véhicule de nombreuses maladies mortelles. À l'état sauvage, le Nundu est un animal difficile, voire impossible à maîtriser sans l'aide et le soutien d'une centaine de sorciers.

Demiguise : très difficile à repérer en raison de son aptitude à se rendre invisible lorsqu'elle est menacée, ressemble à un singe gracieux avec de grands yeux mélancoliques le plus souvent cachés derrière ses cheveux. Son corps est recouvert d'une longue fourrure argentée et soyeuse.

Opaloeil des Antipodes : natif de Nouvelle-Zélande bien qu'il émigre parfois en Australie lorsque son territoire devient trop exigu dans son pays d'origine. À la différence des autres dragons, il habite les vallées plutôt que les montagnes. D'une taille moyenne, il pèse entre deux et trois tonnes. Couvert d'écailles iridescentes et nacrée et ses yeux sans pupilles, étincelant de reflets multicolore, lui donnent un regard opalin qui lui a valu son nom.

Arrakis : une étoile multiple de la constellation du Dragon, aussi connue sous le nom traditionnel Alrakis, qui est dérivé du nom arabe que lui avaient attribué les observateurs arabes, al-Rāqiṣ, "le chameau trotteur" ou « le danseur ».

Norvégien à crête : il ressemble au Magyar à pointes mais les pointes sont remplacées par des plaques d'un noir de jais au long de l'échine. Il est le seul dragon capable de se nourrir de créatures aquatiques (il mange aussi toutes sortes de gros mammifères), ses œufs sont noirs et ses crocs sont venimeux. Hagrid a déjà réussi à en obtenir un œuf et à le faire éclore, mais a dû se débarrasser du dragon (appelé « Norbert ») en le cédant à Charlie Weasley, qui étudie les dragons en Roumanie. Norbert est finalement rebaptisé Norberta lorsque Charlie découvre qu'il s'agit d'une femelle.

Chapitre 5

Les dragons

Charlie ouvrit difficilement les yeux. Une lumière vive lui brûla la rétine. Il grogna en se redressant et comprit rapidement qu'il n'était pas dans sa hutte mais à l'infirmerie. Du bruit attira son attention et il vit par la porte ouverte que le nouveau guérisseur se trouvait à son bureau. Il l'interpella par un salut enroué. Le médicomage tourna son visage vers lui et sourit discrètement en quittant son bureau pour le rejoindre. Charlie le trouva plutôt séduisant, dans sa robe blanche cintrée. Le physique du Doc n'avait rien de comparable avec celui de son prédécesseur, acariâtre et aigri, qui ne vivait que pour sa fille unique.

« Notre blessé est enfin réveillé, » dit le médicomage en commençant à l'ausculter. « Comment allez-vous ?

- Ça va, » répondit Charlie. « Ici tout le monde se tutoie, Doc. Il s'est passé quoi cette fois pour que j'atterrisse ici ?

- Un bébé dragon a voulu jouer avec vous… Toi, » se corrigea Théo. « Je t'ai gardé en observation un jour et une nuit. Mais il me semble que tu peux retourner au travail, en faisant plus attention. »

Charlie rigola alors que Théodore se reculait légèrement pour lui donner un peu plus d'espace. Le rouquin ne put s'empêcher d'observer un instant ses bandages avant de les soulever légèrement pour regarder ce qui se trouvait en-dessous. Il siffla d'admiration en voyant que ses plaies étaient belles et ne laisseraient probablement pas de cicatrices. Il remercia chaleureusement le nouveau Doc tandis que celui-ci l'autorisait à quitter la clinique. Charlie sauta dans ses vêtements puis s'avança vers les doubles portes qui menaient vers le village. Mais, avant de quitter la pièce, il se tourna vers le médicomage et l'invita à se joindre aux autres magizoologistes à l'occasion. Le Doc acquiesça en disant qu'il allait peut-être trouver un créneau entre deux amputations. Charlie se mit à rire alors qu'il repartait au travail.

Le rouquin décida de ne pas retourner immédiatement dans la montagne où il surveillait les dragons. Il choisit de faire une halte dans la Grande Prairie pour y saluer son ami. Mais surtout, il avait une impression de déjà-vu concernant le nouveau guérisseur et pensait que peut être Harry saurait comment il connaissait le visage de leur nouveau Doc. Il trouva Harry près du troupeau de Gronians, dont les femelles commençaient à former des petits groupes avant les mises bas. La période allait bientôt attirer les griffons et les jeunes dragons, avides des petites proies que pouvaient représenter les poulains encore chétifs. Charlie savait qu'Harry détestait découvrir la disparition d'un petit…

« Salut beau brun ! » lui lança-t-il. Harry se tourna vers lui et lui adressa un large sourire

« Tu es à nouveau d'attaque ?

- Oui, le nouveau Doc semble faire des miracles ! » se réjouit Charlie. « Au fait, sa tête me fait penser à quelqu'un mais qui… ?

- Oui, tu l'as croisé brièvement durant la bataille de Poudlard.

- Ah bon ? Il était scolarisé avec toi ?

- Oui, Théodore Nott, à Serpentard. Tu dois te souvenir de lui : il a rallié toute sa maison à la dernière minute et c'est lui qui a sauvé les jumeaux de l'explosion.

- Par la barbe de Merlin, maintenant que tu le dis ! » s'exclama le dragonologiste. « Il est devenu plutôt pas mal !

- Oh, on a tous bien compris que tu voulais jouer au docteur avec lui, » se moqua Harry.

« Quoi ?

« Tu délirais complet. Mais ta technique de drague est intéressante, franchement » continua le brun, en rigolant.

« Mais non… Je ne lui ai pas fait du rentre-dedans quand même ?

- La classe, à la Charlie !

- Mais, attends, on ne parle pas aussi de celui qui, selon les jumeaux, t'a maudit ?

- Le seul et unique Théodore Nott. »

Ce fut au tour de Charlie de rire. Il attrapa Harry en enlaçant d'un bras ses épaules et le tira contre lui.

« Sexy et culoté d'oser maudire le grand, le célèbre, le redoutable tueur de Mage Noir, Harry Potter !

- Fais attention, il pourrait sûrement te maudire aussi si tu recommences à le draguer, » menaça Harry.

« Tu es jaloux parce qu'il ne l'a pas encore fait, » se moqua Charlie en riant. « Contrairement à toi, je n'ai pas encore subi ses foudres !

- Je me demande surtout ce qu'il fait ici. Et pourquoi il porte le nom de jeune fille de sa mère… Il a dit que c'était parce qu'en tant que gosse de mangemort il n'a pas pu passer ses ASPICS ni s'inscrire à une université…

- S'il est ici, c'est qu'il doit être doué. Luna et Rolf ne recrutent pas n'importe qui.

- Mais on a tous un point commun : fuir notre passé ou être simplement assez cinglé pour venir de notre plein gré. »

Charlie sourit doucement. Des deux, il était donc le cinglé et Harry le fuyard. Il passa sa main dans les cheveux indisciplinés de son ami et les décoiffa davantage. Il comprit que la présence de l'ancien Serpentard tourmentait le brun, remuant les souvenirs et les regrets de celui-ci. Charlie lui promit, d'un ton amusé, qu'il ne recommencerait pas à draguer le médicomage.

« Même s'il est le plus sexy de l'île, te battant largement ! » ajouta Charlie.

Harry leva les yeux au ciel avant de lui donner un coup de coude dans les côtes.

Théodore prenait tranquillement ses marques au sein du village et parmi les magizoologistes. Tous les jours, le professeur Ren venait le saluer à la clinique et discuter avec lui des progrès dans chaque zone de la Réserve. C'est ainsi qu'il apprit l'histoire de l'île. Il y a des siècles de cela, les sorciers issus des tribus aborigènes locales s'étaient unis pour lancer un puissant sortilège afin de repousser les étrangers qui envahissaient petit à petit les îles voisines. Ils avaient alors vécu en totale autarcie jusqu'à ce qu'un animal totem de leur île tombe gravement malade et qu'ils envoient à travers le Pacifique leurs sorciers afin de trouver un remède. Ce fut Norbert Dragonneau qui le leur apporta et sauva celui qui était considéré ici comme un Dieu, un rare phénix au plumage bleu. Depuis, le célèbre magizoologiste eut l'autorisation par les différentes tribus d'implanter sur leur île une réserve pour soigner et sauver de nombreux spécimens d'Animaux Fantastiques.

Théodore s'aventurait très peu dans le village. Il sortait essentiellement dans le potager mitoyen de la maison pour y récolter les herbes médicinales qui y poussaient. Il allait aussi de temps à autre vers la nurserie où les soigneurs, vêtus de l'uniforme marron, y déposaient des petits orphelins ou rejetés par leur mère. C'est comme cela que, petit à petit, chacun commença à venir le voir à la moindre blessure ou pour lui demander conseil lorsqu'une créature semblait souffrante. Les carnets laissés par les anciens guérisseurs étaient alors d'une aide précieuse. Après quelques jours, il devait bien avouer qu'il appréciait son nouveau travail et l'atmosphère qui régnait au village. L'endroit était charmant, d'une certaine tranquillité lorsque les dragons ne croquaient personne et il ne travaillait plus avec des collègues épuisés, stressés et complètement agités par la pression d'une grande ville. Il regrettait toutefois d'avoir demandé à Drago de ne pas se montrer de peur que quelqu'un le reconnaisse. Potter ou Weasley ne devaient pas tomber sur lui, ils risqueraient de poser trop de questions et Théodore ne voulait pas partir. Mais il savait également que son ami ne pouvait pas se cacher éternellement.

Théodore soupira en réfléchissant pour trouver une solution quand il vit la porte de la clinique s'ouvrir sur deux silhouettes. Il fronça les sourcils en reconnaissant Potter qui aidait une de ses collègues à avancer. La sorcière avait la jambe en sang à cause d'une vilaine griffure. Elle grimaça tandis que Potter la soulevait pour l'installer sur la table d'auscultation. Théodore s'approcha tout en lançant sur ses mains un sort de nettoyage. La sorcière le salua en soufflant alors que son collègue commençait à expliquer ce qu'il s'était passé : elle s'était fait attaquer par un griffon alors qu'ils surveillaient un troupeau de femelles Ethonans. Théodore acquiesça avant de le congédier pour se mettre au travail. Potter hésita avant d'obéir et de repartir dans sa zone d'affectation. Il nettoya soigneusement la plaie de la sorcière puis commença à refermer la griffure assez profonde. Ils entendirent soudain des bruits de chocs provenant de l'étage. Surpris, Théodore cessa ce qu'il faisait et leva les yeux vers le plafond. Mais il se reprit rapidement et s'excusa auprès de la magizoologiste blessée :

« Mes excuses, mon animal de compagnie fait encore du grabuge…

- Allons donc, pas à moi. Paraît que t'es pas arrivé tout seul. Tu ne veux pas aller voir ce qu'il se passe ?

- Je dois d'abord refermer ta plaie.

- C'est qu'une petite égratignure, » répondit la sorcière.

« Avec un écoulement continu d'une importante quantité de sang, j'appelle cela une hémorragie, » fit Théodore. « J'en ai juste pour quelques minutes, après je te laisserai aller rendre compte de ta blessure à la Grande Maison.

- Oui, Doc. »

La sorcière avait quelque chose de solaire et Théodore ne put s'empêcher de lui sourire. Une fois la plaie refermée, il lui appliqua une pommade pour soulager les douleurs qui pouvaient persister et pour éviter une cicatrice. La magizoologiste observa son travail avant de lui dire que Charlie avait raison : il était plus doué que l'ancien guérisseur.

« Pourquoi est-il parti ? » demanda Théo, curieux.

« Il avait une fille. Une jolie petite fille. Malheureusement, elle nous a quitté brutalement.

- Une créature ? » questionna le médicomage. Elle acquiesça.

« Un Éruptif maltraité a réussi à s'échapper d'un enclos. La petite était sur son passage…

- Par Morgane, pauvre enfant… » souffla Théodore en aidant la sorcière à se relever. « Essaie de ne pas trop forcer sur ta jambe durant quelques jours. Mais je pense que ça ira.

« Merci Doc. Dis, je peux te poser une question ?

- Si j'en ai la réponse, » répondit Théodore.

« Tu lui en veux encore à Harry ?

- Pardon ?

- Il m'a raconté pour votre mésentente. Je ne sais pas tout de votre histoire commune mais, je sais que lorsqu'il est arrivé ici c'était un gamin paumé qui vivait dans les regrets de son passé. Il n'a peut-être pas fait tout ce qu'il fallait, mais il a fait de son mieux…

- J'ai risqué ma vie et celle de mes camarades pour lui, » la coupa Théodore. « Je ne demandais qu'une seule chose en retour. Et finalement, nous avons été traités comme des chiens. Je ne lui pardonnerai jamais.

- Ne pourrais-tu pas en parler avec lui ?

- La discussion est close. Retourne au travail, j'ai d'autres chaudrons à brasser. »

La sorcière fit la moue puis sortit du cabinet. Théodore profita du retour au calme pour monter rapidement à l'étage. Il se mit immédiatement à appeler Drago et à chercher ce qui avait pu faire autant de bruit. La maison était vide et il dû faire le tour de chaque pièce. Il trouva enfin Drago dans sa chambre totalement retournée. Le blond était blotti dans un coin et pleurait silencieusement. Théodore se précipita pour l'enlacer et lui embrasser les cheveux, le questionnant sur ce qu'il s'était passé. Drago mit plusieurs secondes avant de lui répondre, hoquetant et reniflant plusieurs fois.

« Il était dans la rue.

- Qui ?

- Ce garçon brun. Celui qui devait venir.

- Potter ? Tu as vu Potter par la fenêtre ? » demanda Théodore, inquiet.

« Je me souviens : il m'a sauvé dans la Salle sur Demande. Pourquoi n'est-il pas venu à… Là-bas ? Pourquoi n'est-il pas venu me chercher ? Je l'ai attendu chaque nuit mais… Pourquoi ne m'a-t-il pas sauvé ?

- Je ne sais pas, Drago. Je l'ignore. »

Il faisait nuit noire quand Théodore alla réveiller Drago. Le blond se frottait les yeux tandis que son ami lui demandait de s'habiller. Quelques instants plus tard, ils étaient tous les deux sur le perron de la maison, Drago soigneusement emmitouflé sous une cape assez grande pour lui cacher le visage une fois la capuche relevée sur sa tête. Théodore avait pris l'initiative de le sortir de son lit pour qu'ils puissent se promener quelques minutes dans le village totalement endormi. Il pensait que cette petite sortie pouvait faire du bien au moral de Drago et lui changer les idées. A cette heure nocturne, ils n'auraient pour seule compagnie dans les rues que des croups et des chiens errants. Drago sourit lorsque Théodore lui expliqua son idée. Il tournait beaucoup trop en rond dans la maison, bientôt la collection de livres des anciens médicomages de la Réserve n'aurait plus de secret pour le blond qui en dévorait les pages. Et malgré l'inquiétude de croiser ce garçon aux cheveux noirs, il fut ravi de pouvoir déambuler sur les chemins en terre battue et la pelouse qu'il trouva bien plus moelleuse que celle qu'il connaissait en Angleterre. Comme l'avait prédit Théodore, le village était désert et même, sous la lumière de la lune et des étoiles, l'endroit était beau à observer. Les palmiers et les cocotiers se dressaient fièrement vers le ciel illuminé de milliers de petits points. Après avoir visité le village, Théo le guida vers un coin plus reculé où les magizoologistes gardaient des spécimens malades ou en quarantaine. Il y avait là un vieux Nundu aveugle qui ne pouvait plus se déplacer à cause d'une forte arthrose que Théodore aidait à soulager. Une Demiguise et son petit étaient également en convalescence après une saisie du ministère de la Magie australien.

Il y avait aussi un enclos beaucoup plus grand où une immense silhouette était couchée contre les barreaux. Ils s'en approchèrent doucement alors que Théodore expliquait à Drago qu'il s'agissait d'un animal gravement malade, confié par le Premier-ministre néo-zélandais en personne. Intrigué, le blond se rapprocha un peu plus de la paroi de l'enclos et découvrit un Opaloeil des Antipodes, l'espèce de dragon réputée la plus belle au monde. L'animal sembla s'apercevoir de sa présence et releva doucement la tête pour regarder Drago. Le dragon, faible, souffla un peu de fumée par ses nasaux. Mais cela ne repoussa pas le blond qui tendit le bras vers la créature souffrante. Sa main passa à travers les barreaux et toucha délicatement le bout du museau de l'animal qui soupira longuement. Face à l'absence de réaction hostile, Drago s'approcha encore un peu et s'agenouilla près de l'enclos. Il se mit à parler au dragon d'une voix douce et rassurante, lui promettant que Théodore prendrait soin de lui et lui trouverait un remède très rapidement. Ses écailles iridescentes frémirent légèrement alors que ses yeux sans pupilles se refermaient lentement. Le dragon s'était rendormi.

« Rentrons, il commence à se faire vraiment tard, » souffla discrètement Théodore alors que Drago se redressait.

« Tu me diras comment ce dragon se rétablit ?

- Promis. »

Le lendemain, Théodore finissait de brasser une potion pour l'Opaloeil des Antipodes lorsqu'on frappa à la porte de son bureau. Il prit le temps de verser le contenu du chaudron dans de grandes fioles avant d'aller ouvrir. Il fut surpris de voir Charlie Weasley sur le pas de sa porte. Le dragonologiste semblait un peu nerveux et Théodore ne put s'empêcher de lui demander s'il était blessé ou malade. Le rouquin sourit en se massant la nuque avant de lui répondre par la négative. Il était venu s'excuser pour le comportement déplacé qu'il avait eu durant son délire alors que le médicomage le soignait. Ce fut au tour de l'ancien Serpentard de sourire.

« Tu délirais à cause du choc sur ta tête, » lui rappela Théo.

« N'empêche, il parait que c'était une technique de drague vraiment lourde…

- J'ai connu plus subtil, en effet, » se moqua le guérisseur. « Mais tu tombes bien, je viens de finir la potion pour l'Opaloeil. »

Le sourire qu'afficha immédiatement le magizoologiste fut solaire. Théodore appréciait ce genre de réaction, naturelle et franche, qui illuminait le visage de quelqu'un lorsqu'il annonçait une bonne nouvelle. Il confia les fioles à Charlie qui lui proposa immédiatement de venir avec lui pour observer leur méthode d'administration. La clinique étant calme, Théodore acquiesça et suivit le dragonologiste à travers le village jusqu'à l'enclos du dragon. Celui-ci était encore plus majestueux à la lumière du soleil. C'était vraiment triste de le voir en si mauvais état. Deux soigneurs prenaient soin de lui en journée et accueillirent Charlie et Théo avec beaucoup d'enthousiasme. Le médicomage les observa injecter le produit dans des boules de nourriture, elles-mêmes insérées entre des tranches de viande fumantes. A l'approche de ses soigneurs, le dragon ouvrit docilement la gueule et les laissa lui jeter la nourriture à l'intérieur.

« Il est vraiment beau, » souffla Théo.

« Ils sont tous beaux, à leur façon, » lui répondit gentiment Charlie.

« Je ne dirais pas cela des dragons qui étaient à Poudlard en quatrième année…

« Hé, c'étaient les plus beaux spécimens que j'avais en Roumanie ! Dommage que mon Vert Gallois se soit laissé endormir par Fleur…

- Le seul à ne pas être si terrifiant finalement, » se moqua le médicomage.

« Ils ne sont pas terrifiants ! Il faut juste apprendre à les comprendre.

- Dit comme ça, ça à l'air très simple.

- Tu pourrais venir les voir, » proposa Charlie. « Je travaille dans la partie montagneuse de la Réserve. C'est là qu'on y trouve la grande majorité de notre colonie de dragons.

- N'est-ce pas dangereux ?

- Ils ont l'habitude de nous voir, il faut juste savoir faire attention quand les mâles viennent se reproduire et quand les femelles couvent leurs œufs. On peut y aller si tu veux. »

Théodore hésita un court instant. Voir de véritables dragons, dans leur milieu naturel, c'était une chance à ne pas refuser. Il finit par accepter. Charlie informa ses collègues qu'il partait avec celui qu'ils nommaient tous le Doc, puis ils se dirigèrent vers une petite cabane où les sorciers stockaient des balais. Tout fier, Charlie expliqua qu'ils étaient de fabrication artisanale, ce qui leur permettait de les protéger des attaques de dragons et autres créatures pas spécialement végétariennes par des sorts. Théodore prit le balai que Charlie lui tendit et ils s'envolèrent tous les deux en direction du Nord-Est de l'île, là où de nombreuses montagnes vertigineuses se dressaient au cœur de la Réserve. Dans le ciel, Théodore constata que l'île était grande et vaste. Il remarqua aussi que, par endroit, des sortes de voiles translucides semblaient séparer des parties de l'île. Il questionna alors Charlie à ce sujet et le dragonologiste lui expliqua que c'était là la particularité de la Réserve : créer artificiellement, grâce à la magie, des territoires uniques pour que les créatures puissent vivre dans leur milieu naturel.

« Nous avons créé des plaines pour les herbivores, des marais, des falaises, des steppes enneigées, » expliqua Charlie. « Les humains peuvent les franchir mais pas les créatures.

- Alors les bêtes sont en semi-liberté. Aucune chance pour qu'elles s'échappent ?

- Une chance infime, » concéda Charlie.

Ils arrivèrent bientôt près d'une grande montagne dont les pans étaient des falaises abruptes. Charlie guida Théo jusqu'à un flan rocheux où ils purent se poser sans risque. Puis le roux lui fit signe de le suivre sans faire de bruit. Quelques minutes plus tard, ils débouchèrent sur l'entrée de la grotte où les femelles avaient fait leurs nids. Le médicomage sortit instinctivement sa baguette mais Charlie lui demanda de la ranger. Une fois fait, Théodore entendit le dragonologiste siffler une étrange mélodie. Une dragonne répondit par un rugissement. Charlie fit signe à Théodore de le suivre et ils s'approchèrent d'un gigantesque nid d'une Norvégienne à Crête. Celle-ci était tranquillement allongée alors que ses petits, minuscules comparés à elle, grimpaient sur son dos et prenaient ses ailes pour un tobogan.

« Elles ont appris à reconnaître mon sifflement. Si Norberta a répondu, c'est qu'elle accepte que je m'approche.

- Elle a un nom ?

- Oui. Hagrid l'a fait naître dans sa cabane, avant que mon frère, Harry et Hermione ne m'écrivent pour que je la prenne avec moi en Roumanie. On se connait, elle et moi, depuis dix-sept ans maintenant. »

Théodore resta en retrait, peu confiant, tandis que Charlie s'approchait au point de caresser le museau de la femelle. Le médicomage frissonna en la voyant ronronner comme un chat qui accueille son propriétaire. Il n'aurait jamais cru voir un tel spectacle de ses propres yeux. Théo comprit alors que Charlie avait créé un lien spécial et très fort avec cette dragonne. Elle avait tellement confiance en lui qu'elle le laissa même prendre un de ses petits dans les bras. Celui-ci cracha une petite fumée alors que Charlie se tournait vers Théodore en souriant. L'ancien Serpentard lui répondit par un sourire discret avant d'oser faire quelques pas vers le nid. Un petit se faufila d'abord entre ses jambes puis grimpa avec ses petites griffes acérées contre son pantalon. Théodore essaya de le faire glisser avant de l'attraper directement à pleine main.

« Je crois qu'il t'aime bien. Moi, il essaie toujours de me mordre les pieds.

- J'ai le chic pour que les animaux qui ne sont pas à moi m'aiment bien, » répondit Théodore. « Que vont-ils devenir une fois adultes ?

- Même si j'aimerais tous les garder, on tentera de les relâcher. Ou bien on les transférera dans une autre réserve pour éviter la consanguinité.

- J'admire ton travail. Comment peux-tu être encore en vie après avoir côtoyé tant de dragons ?

- Moi, j'admire le tien : sauver des vies, ça ne doit pas être facile tous les jours. »

Théodore ressentit quelque chose d'étrange en lui. Il était touché par les paroles du dragonologue alors que ce n'était pas la première fois qu'on lui disait une chose pareille. Il profita que l'ancien Griffondor soit occupé par les petits reptiles pour l'observer davantage. Sa peau était recouverte de cicatrices de brûlures et d'une multitude de taches de rousseur qui la rendait presque bronzée. Charlie n'était pas bien grand. Sa silhouette était bâtie de manière robuste, comme s'il était né pour vivre dehors sur les flancs rocheux d'une montagne en compagnie de ces créatures. Il n'était pas le jeune homme le plus séduisant que Théo avait vu mais il dégageait un charme atypique. A cette pensée, Théo secoua la tête en se maudissant d'oser trouver un Weasley « mignon ». Il sortit de sa torpeur en entendant soudainement Charlie jurer. Théodore se rendit alors compte que trois des petits dragons s'étaient attaqués à l'un des balais. Malgré les protections magiques, le pauvre balai avait succombé aux attaques répétitives des petites griffes et dents des dragonneaux qui l'avaient grignoté.

« Je suppose que, comme tous les bébés, ils font aussi leurs dents ? » questionna Théodore.

« Ils bavent moins que des petits humains ! » rigola Charlie en récupérant ce qui restait du balai. « On va devoir rentrer sur un seul balai.

- S'ils ne nous le grignotent pas, » remarqua le médicomage.

« Rentrons avant de devoir faire la route à pied.

- Les balais sont votre unique moyen de transport ?

- Pour aller voir les dragons, oui. Mais pour aller dans les autres zones, on utilise des Ethonans domestiqués ou des hippogriffes. »

Théodore et Charlie rentrèrent au village à la tombée de la nuit. Le rouquin avait pris un chemin un peu plus long afin de permettre à l'ancien Serpentard de mieux découvrir les paysages qu'offrait l'île. Agrippé à sa taille, le médicomage avait apprécié la magnifique vue panoramique. Charlie l'avait entendu siffler d'admiration plusieurs fois en survolant la Grande Prairie et la Baie des Agrumes. L'expert en dragons déposa le guérisseur juste devant sa maison. Théodore descendit du balai et lissa un instant sa tenue alors que Charlie lui proposait de revenir de temps en temps observer les dragons.

« Surtout que je ne t'ai pas présenté Yang, un magnifique Boutefeu Chinois que je réussis à monter.

- Ils ont donc tous des noms ?

- Pas tous, seulement ceux qu'on ne relâchera jamais et auxquels on s'attache.

- Et l'Opaloeil malade ?

- Pour le moment on l'appelle juste Opaloeil, » l'informa Charlie. « Passe une bonne soirée, Doc.

- Bonne soirée, Charlie. »

Théodore se détourna du deuxième fils Weasley et se faufila à l'intérieur de la maison. Dans le salon, Drago le fixait avec un sourire narquois. Lorsque Théo s'approcha de lui pour s'affaler sur le canapé, le blond lui demanda ce qu'il avait fait de sa journée pour avoir les joues aussi rouges. Instinctivement, Théo posa les mains sur ses joues.

« Charlie m'a emmené voir un nid de dragon.

- Charlie ? Ce n'est plus Weasley.

- Qu'est-ce que tu insinues ?

- Rien de particulier, » s'amusa Drago. « Mais je suis heureux de voir que tu appliques bien les règles.

- Quelles règles ?

- Ne pas ramener de Gryffondor dans son lit, » répondit Drago. « Et ne pas coucher le premier soir.

- Quoi ! Charlie ne m'intéresse pas.

- A d'autres, Théodore Nott, » fit Drago en claquant sa langue. « Au moins, ton père ne se retournera pas totalement dans sa tombe : c'est un Sang-Pur. »

Théodore voulut jeter à Drago un coussin mais le blond esquiva le projectile. Il se leva et annonça qu'il allait demander à leur elfe de maison de préparer la table. Avant qu'il ne passe la porte qui menait à la cuisine, Théodore l'interpella pour lui dire que l'état de santé de l'Opaloeil s'améliorait petit à petit et qu'il n'avait pas encore de nom. Drago hocha la tête :

« Ils pourraient l'appeler Arrakis, comme l'étoile de la constellation du Dragon.

- Je leur proposerai.

- Oui, tu le chuchoteras à l'oreille de ton fougueux Chaaaarlie ! »

Un autre coussin fut projeté et percuta mollement le mur.

Hello,

Alors ce chapitre ? On me réponds en me laissant une petite review !

D'ailleurs, le précédent chapitre en à récolter 15 alors que pour Nous Sommes Des Survivants, j'avais que 5 commentaires par chapitres.

Franchement je suis trop contente !

Le chapitre 9 est fini, je passe ce weekend (il parait qu'il va pleuvoir… si si !) au chapitre 10 !

Des bisous

Tata de Mélanésie !