Bonjour à toutes, bonjour à tous !
Un grand merci à toutes et à tous pour vos retours, vous êtes les meilleurs ! C'est Pouik qui a obtenu la 200e review, bravo à elle, ça me fera une occasion supplémentaire de la remercier dans un en-tête de chapitre ! Je réponds toujours à chaque review que je reçois, donc vérifiez vos messages privés !
La nouvelle du jour c'est que FFNet a changé de système pour recevoir les alertes de publication ! À présent, depuis la page principale de votre compte, vous devez activer la réception des emails en passant de "non" à "oui", et cela reste valable 90 jours seulement. Un vrai système ravagé comme on les aime, à présent en plus de mettre en alert il faut activer les emails ! J'ai l'impression d'être un youtubeur random, vu que désormais il faut vous abonner et mettre la cloche pour ne pas louper les alertes de chapitre !
Mais je ne me plains pas, j'ai un lectorat au top et votre soutien c'est ma bouffe pendant toute la semaine ! Dans ce chapitre, comme promis on voit enfin ce que permet l'effet Pewden, et on suit doucement leur évolution au lendemain de leur premier baiser. J'espère que ça vous plaira !
Shoutout à Pouik et Shik-Aya-chan, comme depuis le début les géniales relectrices qui ont achevé de donner tout son potentiel à cette histoire ! Merci à elles.
Et bonne lecture à vous !
Chapitre 21
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Le bal des stupides évaluations
Une heure plus tard, lorsque son père entra dans la petite chambre, Albus s'éjecta du lit à la vitesse de la lumière et atterrit à plusieurs mètres de Scorpius, dans une parodie d'innocence qui ne trompait que lui. Ils étaient encore, quelques secondes plus tôt, quasiment l'un sur l'autre, assis contre le mur, sur son matelas. Il priait pour que son père n'ait rien vu, il n'avait pas le moins du monde envie de parler de tout cela avec lui maintenant. Il avait beau lui avoir dit être amoureux de Scorpius, Harry croyait sans nul doute encore que cela était à sens unique. Tout comme le père de Scorpius d'ailleurs. Bordel, lui-même pensait encore cela moins de vingt-quatre heures plus tôt ! Les choses bougeaient si rapidement, à présent…
Si son père remarqua quoi que ce soit, il n'en dit rien. À en juger par son visage, Albus le trouva un peu revêche, mais pas exécrable pour autant. D'un coup de baguette, il débarrassa le sol de la chambre afin de leur laisser la place de travailler.
— Bien, les garçons, commença Harry. Je suis censé évaluer votre niveau en défense contre les forces du mal, alors commençons facile. Vous avez chacun un mannequin devant vous, nous allons répéter les bases. Sortilège d'entrave, dès qu'ils commencent à vous foncer dessus. Celui d'entre vous qui l'arrête le plus vite l'emporte. Entendu ?
Albus et Scorpius dégainèrent leurs baguettes d'un seul geste et hochèrent la tête, prêts à réagir au moindre moment. Derrière eux, Harry tenait sa propre baguette dans la main et, après quelques secondes qui laissèrent planer un certain suspens, il eut un petit mouvement qui anima les deux mannequins de paille qui bondirent à une vitesse folle vers les deux garçons.
Ceux-ci, cependant, réagirent avec une vitesse plus grande encore et, comme un seul homme, renvoyèrent les deux épouvantails au mur opposé en une fraction de seconde.
— Okay, approuva Harry. Bien, mais facile. Essayons plus compliqué. Même exercice, mais avec le sortilège de stupéfixion.
— Mais… Je ne crois pas que nous l'ayons vu en cours, Monsieur ? protesta Scorpius.
— Essayez tout de même, Monsieur Malefoy.
Scorpius fronça les sourcils, et l'exercice reprit de la même façon. Cette fois, Harry libéra les mannequins presque immédiatement, et à nouveau, ils furent annihilés sur place par les deux garçons comme un seul homme.
Albus ricana en voyant son ami vérifier sa baguette en se grattant la tête, surpris d'avoir réussi à en faire jaillir un éclair rouge. Harry essaya de lui expliquer.
— Albus a réagi d'instinct avec ce sortilège lorsque vous étiez en danger, Monsieur Malefoy. Je ne sais comment il l'a appris, mais s'il a été capable de le lancer à la perfection il y a huit jours, vous le pouvez également. C'est assez logique, quand on y pense…
— Je sais, le lien, tout ça tout ça, récita Scorpius, circonspect.
— Exact. Mais assez de mannequins ! annonça Harry. À présent, on travaille le charme du bouclier. Vous levez votre bouclier, et j'essaye d'en venir à bout. Albus, on commence par toi.
Albus avait confiance en lui, le charme du bouclier était l'un des rares sorts qu'il savait maîtriser.
— Stupéfix !
— Protego !
L'éclair de Harry, au lieu de disparaître au contact du bouclier, ricocha dessus comme une balle contre un mur. Il fonça vers Scorpius, qui réagit d'instinct en invoquant son propre bouclier, et à nouveau, l'éclair rebondit.
Cette fois il monta au plafond. Sans trop savoir pourquoi il eut envie de faire ça, Albus fit apparaître un nouveau bouclier, au plafond, pour faire rebondir une nouvelle fois l'éclair.
Scorpius, à son tour, se servit d'un second bouclier pour le rediriger. Puis Albus. Puis Scorpius.
Comme pris d'une frénésie dont ils ignoraient l'origine, les deux garçons continuèrent d'instinct leur partie de ping-pong en se renvoyant encore et encore l'éclair rouge qui filait dans la pièce à une vitesse folle. Bientôt, tout l'espace fut envahi de petits boucliers vaporeux à l'aspect doré, et l'éclair filait encore entre eux comme une bille prise dans un flipper. Albus et Scorpius ne parlaient plus, ils s'observaient dans les yeux, fixes, le sourire aux lèvres, et dirigeaient l'éclair comme si c'était la chose la plus naturelle qu'ils aient jamais faite. Harry observait la scène bouche bée. Peu à peu, les boucliers les plus vieux disparaissaient tandis qu'ils en invoquaient de nouveaux. Le mouvement était très rapide, trop rapide pour que leur professeur ne puisse compter le nombre de charmes maintenus simultanément.
Bientôt, l'air se mit à crépiter, comme s'il avait été chargé d'électricité statique. Albus sentait sa peau le picoter sur tout le bras, il avait l'impression qu'un orage allait éclater dans la chambre et il s'en moquait. Tout ce qui comptait en ce moment, c'était Scorpius et le prochain bouclier qu'il allait faire apparaitre lorsque ce serait à son tour d'agir.
— Protego !
Le bouclier de Harry intercepta l'éclair de stupéfixion et disparut en l'emportant avec lui. Quelques secondes plus tard, tous les boucliers encore présents dans la pièce se décomposèrent, et le crépitement de l'air s'estompa.
— Merlin, les enfants ! murmura Harry. Combien de temps cela aurait-il continué si je ne vous avais pas interrompu ? On aurait dit que la foudre allait tomber dans la pièce !
Aucun des deux ne répondirent. Harry avait du mal à cacher son excitation.
— Bon, comment avez-vous fait ? Dites-moi tout, dites-moi tout, je veux tout savoir !
Albus et Scorpius s'observèrent, mal à l'aise.
— Comment avons-nous fait quoi, Papa ? demanda Albus.
— Mais ça ! Cette magie ! Le charme du bouclier absorbe les sorts, Al ! Il ne les repousse pas ! Et vous en mainteniez une dizaine en même temps ! Comment avez-vous fait ?
— Euh… Monsieur Potter, risqua Scorpius. Je crois qu'aucun de nous ne sait vraiment. On a juste… On a juste agi, c'est tout. Moi je trouvais ça rigolo d'essayer de marquer le point.
— Le point ? répéta Harry, éberlué.
— Ben oui. Comme au Quidditch ! J'essayais de marquer en tapant le mur derrière Al…
— Moi aussi, avec la fenêtre ! avoua Albus avec un petit rire.
Harry ouvrit la bouche comme pour dire quelque chose, puis la referma. « Certes », murmura-t-il simplement pour lui-même en se grattant le menton. Il réfléchit encore quelques secondes, puis déclara :
— Bon. On accélère, messieurs. Sortilège du patronus, maintenant.
Les deux garçons s'observèrent à nouveau, dubitatifs. Albus n'avait jamais réussi à trouver un bon souvenir pour parvenir à lancer ce sortilège. Il sentit dans sa tête Scorpius aussi circonspect que lui. Si aucun d'eux ne l'avait jamais lancé avec succès auparavant, pourquoi cela réussirait-il à présent ?
Oh, bordel, évidemment.
L'image, l'odeur, le son de leur premier baiser lui revinrent en tête aussi clairement que s'il avait encore été sur la roche plate du bout du Lac Noir. Il sentit ses joues se colorer et une chaleur familière s'emparer de son ventre. Il savait d'instinct que cela fonctionnerait. Albus leva sa baguette avec une confiance nouvelle, et prononça :
— Spero patronum !
Il comprit tout de suite qu'il avait réussi son coup. Il sentit la magie parcourir tout son corps jusqu'à son bras, puis sa baguette répandit une douce chaleur à travers ses veines, et de son bout, une espèce de rideau argenté se mit à illuminer la pièce telle une myriade de gouttelettes qui sortiraient d'un jet d'eau.
Tandis qu'il maintenait le sortilège actif, il put entendre son père s'exclamer avec fierté :
— Oh, génial, Al ! Excellent ! Magnifique ! Vingt points pour Serpentard !
Albus se sentit pousser des ailes. Jamais, auparavant, il n'avait entendu son père le féliciter pour un sort qu'il venait de produire. Il en était si fier que ses yeux le piquèrent.
Scorpius eut plus de mal à faire apparaître son patronus. Il dut s'y prendre à trois reprises et la troisième fois, Albus se concentra pour lui faire comprendre ce à quoi il avait pensé. Il aurait pu simplement le lui dire, mais l'idée même de parler de cela devant son père l'horrifiait. Avant qu'il ne lance le sortilège une nouvelle fois, un éclair de compréhension passa à travers les yeux de Scorpius, et lorsqu'il prononça la formule, le bouclier d'argent se déploya comme il s'y attendait.
En sentant l'énergie colossale qui irradiait du patronus de quelqu'un d'autre, Albus comprit pourquoi ce sortilège était impressionnant. Le bouclier rayonnait d'une aura positive qui emplissait la pièce et affectait toutes les personnes présentes. Il éclatait d'une puissance sans limite, sa couleur, son mouvement fascinaient, on aurait pu passer des heures à le regarder se mouvoir, comme les flammes d'un feu de cheminée.
Scorpius finit par couper le sortilège, et Harry applaudit des deux mains.
— Je suis impressionné, les garçons ! s'exclama-t-il, enjoué. D'abord le coup des boucliers, et maintenant ça ! Il semblerait que la fusion soit en bonne voie !
— Euh, pardon ? La fusion ? fit Albus, dubitatif.
— Oui, la fusion. Le nom scientifique de ce bazar, la fusion magique imbriquée. Je croyais que Neville devait venir vous expliquer tout ça ce matin.
— Il l'a fait. Il a juste appelé ça « le lien ».
Harry haussa les épaules.
— Bien, vos patronus ne sont pas encore corporels, mais l'inverse m'aurait étonné. Entraînez-vous, trouvez peut-être une version plus puissante du souvenir que vous avez choisi, et un beau jour c'est un animal qui sortira de votre baguette. Entendu ?
— Oui Papa !
— Oui Monsieur Potter !
— Excellent ! Reposez-vous un peu, mes garçons, vous avez bien travaillé. Le déjeuner ne va pas tarder, puis vous aurez droit à une évaluation de potions. Je vous retrouve ce soir !
Il s'en alla, laissant Albus et Scorpius se fixer, les yeux dans les yeux, tandis qu'ils essayaient de comprendre la portée de tout ce qui leur arrivait.
— Tu en penses quoi ? C'est un peu beaucoup, tout ça, tu ne trouves pas ? s'enquit Scorpius en se massant la nuque.
— Je… Jamais il m'avait félicité pour ma magie, avant… Bordel, ça t'a toujours fait ce que je ressens là, d'avoir un père encourageant ? demanda Albus dans un souffle, le cœur léger.
Scorpius lui adressa un petit sourire.
— Tu surestimes la relation que j'ai avec mon père, Al. C'est vrai qu'il félicite mes résultats, mais il le fait parce que je suis meilleur que les autres. C'est ça surtout qui le rend fier…
— Oh… Vrai, mais ce sont quand même des félicitations, nota Albus sans malice.
— C'est juste, c'est juste… Merlin, imagine que ce lien finisse par te rapprocher de ton père ? Ce serait le monde à l'envers !
Ils eurent un petit rire. Pourtant, Albus pensait vraiment que ce n'était pas une possibilité absurde. Il avait rarement été aussi proche de son père dans le passé, or cette perspective ne lui déplaisait pas le moins du monde.
Le déjeuner arriva quarante minutes plus tard. Albus était allongé sur son lit, pensif et les mains sous la tête, les yeux oscillant entre le plafond et le fauteuil de la petite pièce, sur lequel était avachi Scorpius, adossé à un accoudoir et les jambes par-dessus l'autre. L'air calme et détendu, il lisait un des livres qu'il avait amené avec lui et qui, pour une fois, n'était pas de Rimbaud. Albus lui avait demandé de quoi cela parlait, une fois. Scorpius lui avait alors raconté toute l'intrigue avec une passion rare, mais il n'en retint que le métier du personnage principal, qui était un corsaire français bataillant sur les sept océans, d'aventure en aventure. Il se disait qu'il devrait lire un peu plus de romans…
Madame Shelby fut à la fois surprise et rassurée de les voir séparés et pas l'un contre l'autre dans des positions obscènes comme elle les avait trouvés ce matin. Ils mangèrent rapidement, ou tout du moins Scorpius mangea rapidement. Albus joua un peu avec son riz mais avala tout de même l'entièreté de sa tourte au poulet. Il ne put s'empêcher de lever les yeux au ciel lorsque Scorpius lui demanda de manger juste un peu plus. « S'il te plaît Al ! », avait-il ajouté. Il avala alors une fourchette de riz pour lui faire cesser ses stupides inquiétudes, et en resta là. Puis le début d'après-midi vint aussi paisible que le reste de la journée et, alors qu'approchait l'heure de leur évaluation de potions, Scorpius laissa tomber son livre et envoya d'une voix plaintive :
— J'ai pas envie de faire des potions… Je ne suis pas bon, en potions.
— Oh, tu exagères, Scorp ! Avant mes cours particuliers, tu étais le seul capable de produire quoi que ce soit d'acceptable en cours.
— Ouais, je sais suivre une recette quoi. Ça ne fait pas de moi un bon potionniste.
— Peut-être, mais désormais tu as une chance d'en être un, vu que moi j'en suis un !
— Hmm. Sans doute, mais ce n'est pas pour cela que je vais soudainement aimer la matière, grommela encore Scorpius.
Il y eut un silence, puis le garçon ajouta :
— Je me demande ce que ça fait d'être bon en potion… Pour le moment, je n'ai pas l'impression de savoir la moindre chose !
Cependant, lorsque Drago fit son entrée et qu'ils commencèrent à préparer une goutte du mort-vivant, Scorpius se mit à couper, hacher, presser et mélanger comme s'il avait fait cela toute sa vie. Lui-même ne savait pas d'où lui venaient ses gestes et ses instincts, toujours était-il qu'il savait quoi faire. Albus, quant à lui, trouvait que la préparation était un jeu d'enfant comparé à celle de la potion de perceptivité, si bien qu'il se demandait même pourquoi son professeur avait choisi une recette si simple.
— Simple ? répéta Drago, déconcerté. Monsieur Potter, réaliser cette potion à la perfection nécessite des semaines d'entraînement pour ma classe d'ASPIC ! Vous êtes en cinquième année, et je ne vois aucune erreur ou imprécision à ce stade.
— La préparation n'est pourtant pas très technique, remarqua Albus avec justesse.
— Certes, mais il s'agit typiquement d'une recette que n'importe qui peut réussir « en gros ». En revanche, obtenir la parfaite couleur de chlorophylle que vous avez là n'est certainement pas à la portée du premier venu. Maintenant, à vous de maintenir ce niveau de perfection jusqu'à la phase finale !
— Quelle couleur vise-t-on ? demanda Scorpius qui pressait un asphodèle dans son mortier en y prenant un plaisir visible.
— Un genre de blanc pâle. Et une odeur de beurre rance.
— Beurre rance ? Comme ton haleine ce matin, Scorp ?
— La ferme, Al, menaça Scorpius entre ses dents en devenant écarlate.
Albus pouffa, heureux de sa petite blague, puis retourna écraser ses fèves sopophoriques avec le plat de son couteau d'argent. Il ne vit pas le regard plissé et soupçonneux que lui envoya son professeur.
Une demi-heure plus tard, la potion était achevée. Ils en récupérèrent un flacon qu'ils étiquetèrent, puis Drago annonça avec fierté qu'elle était d'une qualité suffisante pour être remise à Madame Shelby, et qu'elle allait pouvoir endormir les insomniaques de l'infirmerie.
— Tout de même, ce n'était pas très compliqué, insista Albus tandis que son professeur évaluait la qualité de la potion en la reniflant. On a déjà fait bien plus dur !
— Je sais, Monsieur Potter, mais on m'a demandé d'évaluer s'il y avait eu des améliorations de vos capacités. Force est de constater que, en une nuit, Scorpius semble être devenu un potionniste naturel, expliqua Drago en fixant son fils d'un regard perçant.
Scorpius baissa les yeux et se balança sur ses pieds, mal à l'aise. Son père le fixait toujours, si bien qu'Albus se demanda s'il n'essayait pas d'user de légilimancie pour savoir ce qu'il avait en tête. Après quelques instants, leur professeur remit la salle en ordre d'un coup de baguette, puis les laissa à nouveau seuls.
— Bon ! annonça Albus. J'en ai marre de cette journée. J'espère que c'en est fini du bal des stupides évaluations !
Il n'eut pas le temps de voler le moindre instant d'intimité avec Scorpius, que la porte de leur chambre s'ouvrit à nouveau sur un homme qu'ils n'avaient jamais vu. Petit, replet, sa démarche débonnaire était renforcée par l'aspect hors du temps que lui donnaient ses habits d'une autre ère. Albus ne put s'empêcher de rigoler en sentant Scorpius retenir une remarque cinglante sur ses goûts vestimentaires.
L'homme entra dans leur petit monde sans y être invité, les observa avec un grand sourire, puis retira son chapeau melon. Il s'approcha de Scorpius, tendit la main et annonça d'une voix forte :
— Monsieur Malefoy ? Enchanté, enchanté de vous rencontrer ! Vous êtes le portrait de votre père !
Il secoua la main de son ami si énergiquement qu'Albus se demanda s'il ne devait pas intervenir pour les séparer.
— Et vous êtes Monsieur Potter ? Vous ressemblez vous aussi tant à votre père !
Albus eut l'impression que le gros homme essayait de lui arracher le bras au niveau de l'épaule tant il le secouait.
— Permettez-moi de me présenter : je suis Herbert Pewden !
En entendant ce nom, Albus sut qu'ils en avaient pour encore une bonne heure au moins avant qu'il ne puisse retourner dans les bras de Scorpius. « Fais chier », pensa-t-il dans sa tête, râleur.
Scorpius, à quelques mètres de lui, se mit à ricaner bêtement.
— Bonsoir Messieurs ! Comment allez-vous, cela fait une paie que vous manquez à mes classes !
— Professeur Lupin ! saluèrent-ils en chœur.
Albus se leva du lit à contrecœur. Il était heureux de revoir Teddy qui était de loin l'un de ses professeurs favoris et certainement celui qui lui manquait le plus depuis leur isolement, mais malgré cela, il aurait préféré rester un peu avec Scorpius. Il était épuisé à l'idée de se soumettre à un nouveau test ! La rencontre avec Pewden avait été instructive, mais il avait traîné un temps infini avec eux, parlant, expliquant et déblatérant pendant des heures, si bien qu'après son départ, ils n'avaient eu que trente petites minutes à passer l'un contre l'autre, avant que n'arrive leur professeur de métamorphose.
Teddy avait ce jour des cheveux châtain clair, presque blonds. Ses yeux étaient couleur noisette, et son éclatant sourire traduisait sa bonne humeur.
— Dire que vous me faites faire des heures supplémentaires le soir… Bandes d'escrocs ! Par conséquent, Monsieur Potter, vous avez l'interdiction absolue de tirer la gueule !
Albus eut un petit sourire. L'énergie de Teddy Lupin était systématiquement suffisante pour lui redonner le moral, même lorsque son test avait lieu à cette heure ridicule de la soirée et qu'il interrompait un câlin plus confortable encore qu'un millier de pyjamas en soie hors de prix.
— Bien. On m'a demandé d'évaluer s'il y avait eu des changements significatifs dans vos capacités en métamorphose. Je pense que cela ne sera pas trop long à voir. Monsieur Malefoy vous êtes brillant, et vous, Monsieur Potter, vous êtes une quiche.
— Hey ! protesta Albus.
— Pardonnez-moi, Albus. J'ai été un peu dur. Vous avez le niveau d'une quiche qui aurait des pouvoirs magiques.
Scorpius était hilare. Albus avait lui-même du mal à contenir son sourire, tant le rire de l'autre garçon était communicatif. Il l'entendait résonner jusque dans sa tête.
— Allez, ne m'en veuillez pas, Monsieur Potter ! Vous savez que je vous adore, vous êtes mon cancre préféré !
— Je vais voir ce que je peux faire, fit Albus, faussement vexé.
— Magnifique ! Je m'en contenterai. Bien, donc, commençons par un exercice classique : transformez-moi ce livre en verre à pied.
Scorpius s'exécuta sans effort.
— Très bien, très bien, Monsieur Malefoy ! commenta Teddy. Une exécution toujours aussi parfaite d'un sortilège toujours aussi inutile. À vous Monsieur Potter !
Albus réussit également le sortilège sans aucun problème.
— Bien, plus dur, maintenant !
Ils métamorphosèrent un plateau en une plume à écrire, qui devint un gros livre sur la magie artistique russe, qui lui-même devint un lit à baldaquins.
— On va quelque part ! applaudit Teddy.
Il transforma le lit en un gros rat velu.
— Plus dur ! Je veux voir des métamorphoses animales à présent ! Commencez par ce rat.
Scorpius le transforma aussitôt en un petit chat. Albus dut s'y reprendre à deux fois, mais le chat finit par devenir la fouine qu'il avait en tête.
— Très bien messieurs ! Très bien, vraiment, Monsieur Potter, je suis impressionné ! Même votre premier essai raté, celui qui a produit cet horrible hybride de chat et de fouine, avait un côté dégoûtant tout à fait fascinant. Ce séjour au contact de Monsieur Malefoy vous fait le plus grand bien !
— Vous n'avez pas idée à quel point, Professeur !
Scorpius devint instantanément écarlate. Il baissa le visage pour essayer de cacher son embarras, mais Teddy éclata de rire.
— Excellente réponse, Monsieur Potter. Cinq points pour Serpentard pour cette répartie exceptionnelle. Continuez, messieurs, continuez ! Je veux voir jusqu'où vous irez !
Alors, peu à peu, la pièce se mit à ressembler à un véritable musée des horreurs. Un lit devint une pile de Souafles, l'autre un étang avec des poissons, la table de nuit devint une tête de sanglier empaillée, le fauteuil se changea en une grosse plante carnivore…
Lorsqu'ils eurent fini de transformer tout ce qui était à leur portée, Albus s'attaqua au pyjama de Scorpius qui trainait, plié avec soin près de l'armoire. Il transforma la belle soie noire en un hideux pyjama en coton bleu rêche et sale. En réaction, Scorpius en fit un superbe costume trois pièces en lin. Qui devint une horloge à pendule, qui devint un tricycle pour enfant. Le rythme des métamorphoses s'accéléra bientôt. Une paire de pantoufles. Une grosse citrouille d'Halloween. Une statue de Harry Potter en bronze. Une autre de Drago Malefoy en argent. Un gros robot aux longs bras et qui tenait une rose.
Après quelques secondes, les métamorphoses s'enchaînaient si rapidement que plus personne ne pouvait dire ce qu'était ce qui se trouvait entre eux. À nouveau, l'air se mit à crépiter, comme chargé en électricité statique, la foudre menaçait de tomber.
— Messieurs ! appela doucement Teddy.
Les deux garçons s'arrêtèrent. Le dernier objet fut une petite voiture à pédales rouge, qui resta tranquillement entre eux.
— Woah, fantastique ! salua leur professeur avec révérence. Je n'avais jamais vu une telle chose. Attendez, laissez-moi remettre la pièce en état, mais je vous assure, le Professeur Londubat doit voir cela ! Je… Messieurs ?
Albus ne l'écoutait pas, pas plus que Scorpius. Les deux garçons s'observaient d'un regard intense. Ils essayaient de se dire quelque chose, mais si cela était le cas, leur communication se passait de mot. Ils savaient ce qu'ils avaient envie d'essayer, ils ne savaient en revanche pas si l'autre allait faire ce qu'il fallait. Les yeux toujours plongés l'un dans l'autre, ils levèrent leurs deux baguettes en même temps, les pointèrent sur l'autre, et s'envoyèrent à l'exact même moment un éclair blanc dans la figure. Tous les deux se retrouvèrent projetés au sol.
— Merlin ! s'écria Teddy, tout à coup redevenu sérieux et plus flagorneur pour un sou. Mais vous êtes dingues ! Que… Qu'est-ce que vous avez fait ?
Aucun des deux garçons n'avait jamais vu leur professeur aussi anxieux. Il se dirigea vers l'un puis l'autre et les releva énergiquement, s'assurant qu'ils allaient bien et ne s'étaient pas fait de mal. Albus, même s'il restait silencieux, savait la raison de l'inquiétude de son professeur : il était très dangereux de pratiquer la métamorphose sur soi-même lorsque l'on était pas un métamorphomage. Or ce talent était inné, il ne s'acquérait pas, et ni Scorpius ni lui ne l'avait. À première vue, rien n'avait changé chez les deux garçons, mais Albus avait du mal à cacher son air satisfait. Teddy plissa les sourcils. Quelque chose paraissait différent, mais il n'arrivait pas à dire quoi.
Albus envoyait des regards en coin à Scorpius, qui le regardait en pouffant. Lui-même avait du mal à retenir ses rires.
La porte de la chambre s'ouvrit soudain à la volée. Neville, Harry, Drago, Rose et Madame Shelby entrèrent.
— Eh bien, je vois que l'ambiance est à la rigolade, ici ! s'exclama Neville en voyant les deux garçons tenter de réprimer un fou rire.
— Oui, je… Scorpius ? Attends… Regarde-moi ? demanda Drago, pas sûr d'avoir bien vu.
— Rose ! s'exclama Albus en sautant dans ses bras.
— Oh, Albus ! s'extasia sa cousine. Tu as l'air d'aller tellement mieux ! Tu as repris du poids, non ?
Pendant ce temps, les adultes se concentraient sur Scorpius, qui fixait son père droit dans les yeux, essayant avec beaucoup de mal de se retenir de rire.
— Bon sang ! s'écria ce dernier. Qu'est-ce que… Mais comment ? Pourquoi ?
— Parce que c'est drôle ! expliqua simplement Scorpius, toujours aussi amusé.
— Tu as vu quoi, Drago ? demanda Teddy.
— Mais regarde ses yeux, enfin !
Albus et Scorpius, n'y tenant plus, éclatèrent enfin de rire. Albus arborait deux yeux d'un bleu éclatant, tandis que Scorpius s'essayait au vert émeraude brillant, marque de fabrique des Potter.
— Non ? Ne me dites pas que… Vous avez échangé vos yeux ? Mais… Mais comment…
— Eh bien, euh… essaya Albus en réprimant son fou-rire.
— Laissez-moi deviner… Vous n'en savez rien ? prophétisa Harry.
— Non, mais… Vous n'êtes pas… Vous ne pouvez pas…
Pour la première fois de sa courte carrière, Teddy Lupin était à court de mots. Il ne savait pas quoi dire. Jamais un tel acte n'aurait dû être accessible à des sorciers lambdas, pas métamorphomage, et encore moins à des gamins de seize ans ! C'était de la magie affreusement avancée, bien au-delà de leur portée, en plus d'être terriblement dangereuse.
— Inversez cela, messieurs, je vous prie ! ordonna Teddy avec fermeté. Je ne veux pas que vous vous serviez de vos propres corps comme cobayes, vous ne savez pas les risques stupides que vous prenez !
D'un coup de baguette magique, le sort s'inversa et chacun retrouva sa couleur d'œil naturel.
— Harry ? appela Neville. Peux-tu me dire pourquoi tu étais persuadé qu'ils ne savaient pas comment ils avaient fait ?
— À cause de ce qu'il s'est passé ce matin, expliqua-t-il. Je les ai vus s'échanger un éclair de stupéfixion lancé à pleine vitesse en le renvoyant de bouclier en bouclier pendant presque trois minutes.
— Renvoyer ? interrompit le directeur. Mais le charme du bouclier…
— Oui, je sais bien Nev ! Il rebondissait pourtant bel et bien ! Quand je leur ai demandé comment ils ont réussi ça, ils m'ont dit ne rien en savoir. Je suppose que la même chose vient de se produire, conclut-il.
— C'est vrai, Monsieur, expliqua Scorpius. On ne sait pas comment on a fait. Simplement, on sait qu'on peut le faire, on lance le sort, et ça marche.
— Je vois, répondit Neville. Et de quel sort vous êtes-vous servi pour échanger vos yeux, messieurs ?
— Euh… Un sortilège d'échange d'yeux ? essaya Albus.
— Un sortilège d'échange d'yeux ? Fantastique, avez-vous déjà entendu parler d'un sortilège d'échange d'yeux, Professeur Lupin ?
— Non, Monsieur, avoua-t-il en retrouvant un léger sourire. Il va falloir que j'effectue quelques recherches.
— Tout à fait singulier… Monsieur Lupin, pensez-vous que ces jeunes gens soient disposés à…
— Oui, interrompit Teddy. Totalement.
— Fort bien. Je vous laisse en parler avec ces garçons puis à leurs parents. Si tout ce petit monde se met d'accord, j'apprécierais beaucoup que vous vous chargiez de cela. Toutefois, vous veillerez à ce que le Professeur Pencroft soit au courant et approuve chacune des étapes du processus.
— Se charger de quoi ? Quel processus ? s'inquiéta Albus, largué.
— Je vais faire de vous des animagus, expliqua Teddy, un grand sourire aux lèvres. Si vous le souhaitez, bien entendu.
Un long silence accueillit la nouvelle. Harry et Drago ne dirent rien, mais Albus et Scorpius se fixèrent d'un air ébahi. Rose restait bouche bée.
— Pour de vrai ? s'écria soudain Albus.
— Bien sûr. Si vous êtes prêts à fournir l'effort qu'il faut.
— Oh oui !
Les adultes parlèrent encore un moment des événements de la journée, débattant autant entre eux qu'avec les deux garçons. Bientôt, la cacophonie ambiante se fit un peu trop agressive, et la salvation arriva en la personne de Madame Shelby qui apporta le dîner en chassant tous les importuns. Quelques minutes plus tard, ils ne furent plus que Scorpius, Albus et Rose, serrés les uns contre les autres autour des plateaux repas puisque la chambre n'avait que deux petites tables et un seul fauteuil.
— Alors ? Quelle nouvelle de dehors ? Les Fils du Phénix se sont calmés dans la Tour de Gryffondor ?
— Un peu. Disons que tout le monde est trop occupé à débattre de la raison de votre disparition de l'école pour remarquer cela.
— Oh… Il y a une raison officielle ?
— Oui. Officiellement, vous êtes atteints de tarentelle. Je dois avouer que très peu de monde y croit, en tout cas parmi les gens qui en ont quelque chose à faire. Parce qu'il ne faut pas oublier que quatre-vingt-dix pourcents de l'école n'en a rien à faire de vous.
— Eh ben ! Tu m'en vois outré, Rose !
— Le fait que Maury ait été suspendu de l'antenne a sans doute aussi calmé un peu les rumeurs.
— Oh vraiment ? applaudit Albus. Il a été viré ?
Scorpius se redressa sur son fauteuil, attentif.
— Pas encore, mais ça tardera pas. Parait que c'est Londubat qui a obtenu sa mise à pied. On raconte qu'il s'est pointé en furie à la station en les menaçant de les traîner face au Magenmagot. Mais je me réjouirais pas trop vite, à votre place, les gars. S'il est viré, il ira juste sur une autre radio raconter ses conneries. Des mecs comme ça trouvent toujours moyen de se faire entendre par les cramés qui les écoutent.
— Quand même, ça fait du bien un peu de calme. Après tout ce qui s'est passé, le prochain que j'entends menacer Scorp, je l'éclate contre un mur.
— Hey ! Je peux me défendre seul, Al.
— J'dis pas l'inverse. Mais plus on est de fous…
Albus vit du coin de l'œil Rose les observer. Elle semblait ne rien manquer de leurs interactions. Après quelques secondes de silence et les lèvres pincées, elle finit par demander :
— Bon, vous deux. Je suis pas débile, je me souviens de l'état des choses quand vous avez disparus. Et je vois bien l'état des choses maintenant ! Alors vous allez me raconter tout ce qu'il s'est passé entre vous, et tout de suite. Je mérite d'être au courant !
Albus observa Scorpius du coin de l'œil, rougissant. D'un signe, celui-ci l'encouragea à s'élancer. Avec un soupir, Albus abdiqua. Rose était perspicace, et il n'y avait aucun intérêt à lui cacher l'évolution de leur relation. Alors, il raconta, pour la première fois à voix haute, toute la semaine et surtout la nuit qui avaient précédé. Il fut surpris d'entendre Scorpius participer, ajouter ici et là des détails ou des nuances, ou même sa version de l'histoire et ses ressentis. Rose, quant à elle, les écoutait religieusement.
— Voilà, tu sais à peu près tout, conclut Albus lorsqu'il termina son récit.
Rose resta silencieuse un moment, puis demanda :
— Donc toute cette histoire vient d'un lien qui s'est créé lors de votre rencontre à onze ans ?
— Oui.
— C'est ce lien qui a rendu votre amitié si intense qu'elle s'est transformée en amour ?
— Si on veut.
— Scorpius, tu n'es pas un peu dans la merde avec Oriana ? lâcha-t-elle de but en blanc.
Scorpius eut un gémissement plaintif, et se prit le visage entre les mains.
— Noté, t'es dans la merde.
Merci de m'avoir lu, j'espère que ça vous a plu !
C'était le dernier chapitre à moins de 6'000 mots de l'histoire ! On va rentrer dans des choses plus intenses peu à peu, avec la transformation et les conséquences des changements qui s'opèrent dans la petite chambre... Le prochain chapitre... Eh bien, disons que je pense qu'il va vous intéresser. Leur séjour à l'infirmerie approche de sa fin, mais il va être marqué par une expérience peu commune. Plus d'informations le vendredi 25 novembre pour le chapitre 22 : La potion de perceptivité !
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