De Profundis Clamavi
Auteur : Niea Chan (nieasamayahoo.fr)
Source : Harry Potter
Genre : Yaoi, OOC
Couples : La patience est une vertu (en fait, à ce point là, j'en ai pas encore la moindre idée, j'aviserais avec le temps ; )
Disclaimer : Les personnages de cette fic ne m'appartiennent pas, et c'est bien dommage, mais à Mme JK Rowling et je ne me fait pas d'argent dessus etc etc ... Bon, je les arrange quand même à ma sauce ma bon ... Pour information, je ne tiens pas spécialement compte des (tragiques) évènements qui ont eu lieu dans le tome 5 de la saga.
Commentaires : Hehe, avec une petite référence à l'œuvre d'Anne Rice (suis dans ma période), je fais ma propre adaptation de ce qu'est un Vampire, même si pour ça, je dévie un peu (beaucoup ...) de ce que l'auteur des Chroniques de Vampires a pu nous présenter dans son œuvre, que j'adule tout les soirs (avec sacrifices pour les soirs de pleine Lune) sur l'autel prévu à cet effet. Amen.
Chapitre 2
Il atteignit la porte de la chambre de son père et la poussa lentement.
Sans entendre les bruits qui en sortaient.
Sans deviner ce qui l'attendait derrière cette porte.
o ° O ° o
Draco passa sa tête dans l'entrebâillement de la porte et son odorat développé perçut immédiatement les effluves masculins de sueur qui régnaient dans la pièce plongée dans l'obscurité. Ses yeux balayèrent la surface visible de l'endroit où il se trouvait, l'esprit légèrement troublé par les sons qui envahissaient peu à peu la pièce dans laquelle il venait d'entrer. Une gêne subite prit possession de son cerveau, il avait l'horrible impression de profaner un temple interdit en pénétrant ces lieux.
Un gémissement sourd lui parvint soudainement et le tira de sa torpeur. Ses yeux s'étant habitués aux ténèbres de la chambre, ce qu'il aperçut lui coupa le souffle, son cœur se serrant subitement.
La peau blanche de son père était illuminée dans le noir, comme animé par un feu invisible et se reflétait dans les pénombres. Lucius lui tournait le dos, bien qu'il ait deviné sa présence et ait tenté par toutes les forces de son esprit et de son âme de le chasser de ses appartements, offrant à son fils une vue parfaite sur son dos, ses reins et ses fesses nues. Draco l'avait déjà vu dans le plus simple appareil, mais jamais dans de telles circonstances. Les gémissements, qui s'intensifiaient peu à peu, provenait de la personne étendue sous le corps musclé de Lucius, dont les énergiques coups de hanche ne faiblissaient pas non plus.
Draco ne voyait pas qui était l'être collé à son père, et il ne voulait pas le savoir, mais, malgré toutes les précautions de son géniteur pour qu'il ne suive pas le même chemin que lui, connaissait les secrets de la chair, et il ne lui fallut que quelques millièmes de secondes pour comprendre que son créateur était en train de s'exercer en travaux pratiques. Et tout vraisemblablement, avec un homme, vu la nature des cris que la tierce personne présente dans la pièce poussait. Il lui semblait qu'il reconnaissait la voix de cette personne, mais, l'esprit troublé par la découverte de ce qui lui semblait être une trahison de la part de son père, il ne parvenait pas à réfléchir, donc encore moins à l'identifier.
Il gardait les yeux fixés sur les fesses blanches, qui exerçaient un régulier mouvement de va et viens, qui semblait plaire énormément aux deux hommes. L'odeur provoquée par la luxure le frappa et il du se retenir de pousser un cri de surprise. Adossé à un mur, ses mains recouvrant son visage, la voix de son père, imperceptible pour lui, inexistante pour un mortel, lui parvint à travers les vagues de peur et de colère qui se déversaient dans son corps.
"Draco ...gnnn ... sors d'ici, vite ... vas-t-en ...je ne veux plus te voir ... dans cette pièce, est ce bien clair ?...mm ...Draco !"
Les larmes aux yeux, le jeune homme s'empressa de lui obéir et s'échappa de la suite royale, trébuchant sur divers objets appartenant à Lucius, sa canne, une de ses chaussures, sa cape noire, le tout bazardé aux quatre coins de la pièce, preuve que le sorcier pouvait être d'un bordélique évident quand cela était nécessaire.
Il retrouva l'air frais des couloirs avec soulagement, des traînées rouges inondant ses joues pâles. Comment Lucius avait pu faire une chose pareille ?? Comment avait il pu LUI faire une chose pareille ?! La rage envahie son cœur, bien différente de celle qu'il avait ressentie face à Rusard.
Son père, son Lucius l'avait trompé ... Il s'écroula sur le sol et laissa libre cours à son chagrin. A quoi donc lui servait il de vivre si son père ne se trouvait pas avec lui pour le soutenir, l'encourager ... l'aimer ...
La trahison de son créateur lui laissé un goût amer dans la bouche, bien différent de celui du sang, dont il se délectait. Il ne pouvait chasser de ses yeux les images érotiques dont il venait d'être témoin, où son père pénétrait, avec le plus grand plaisir apparemment, cet homme, dont il ne voyait que les jambes, minces et blanches, nouées autour du bassin de Lucius.
Quelle folie l'avait donc pris de croire qu'il pourrait garder son père pour lui toute sa vie ? Il n'ignorait pas tout du passé luxurieux, empli de débauche, que Lucius avait vécu, fréquent sujet de dispute entre ses parents, et il savait qu'il avait besoin de sentir les chaleurs du corps d'un autre être à ses côtés, assez régulièrement d'ailleurs, si on en croyait le rythme assez élevé de flirts en tout genre qui défilaient au manoir, pour qu'il se sente bien. Lui même n'aurait jamais pu tenir ce rôle d'amant, étant de la même chair, du même sang que lui, bien qu'aucun d'eux deux ne se banalise des doux baisers qu'ils échangeaient de temps à autre, la plupart du temps sous l'initiative du plus jeune. Il essuya les larmes rougeâtres qui demeuraient encore sur son visage, mais ne pouvait encore se résoudre à se lever pour rejoindre sa chambre. Il était quasiment sûr de croiser quelques traînards dans la salle commune et ne voulait pas qu 'on lui pose des questions. Pourquoi donc la vie était elle aussi compliquée ?
Alors qu'il se perdait à nouveau dans ses pensées, il entendit des pas se rapprocher de l'endroit où il se trouvait, assis, misérable et malheureux. Il aurait du se lever et s'éloigner au plus vite mais ses jambes refusaient de lui obéir. Le bruit des talons s'amplifiait, mais il ne voyait apparaître personne là où aurait dû se trouver quelqu'un. Etrange. Les couloirs de Poudlard, en plus 'être envahis par des fantômes en tout genre et des tableaux magiques, recelaient des secrets dont il ignorait l'existence. Il sentit une présence s'arrêter en face de lui, et qui lui était étrangement familière, même s'il ne pouvait la reconnaître.
°Est ce toi, la Mort, qui vient m'emporter pour les Péchés que j'ai commis dans ma vie ingrate ? Si c'est bien toi, dans ce cas là, fais vite, je ne veux pas souffrir davantage ...°
Mais non, ce n'était pas la Mort, ni aucunes apparitions fantasmagoriques ou allégoriques d'une autre entité indéterminées. Le blond retint un cri de frayeur quand les grands yeux verts de Harry Potter apparurent soudainement aux siens, alors que le Survivant sortait de sous sa cape d'invisibilité. Le cœur battant la chamade, Draco lança un regard meurtrier au garçon en face de lui, une main posée sur sa poitrine.
Le brun lui adressa un sourire doux et dégagea son front en sueur des mèches platine qui s'y étaient collées. Quand ses doigts entrèrent en contact avec l'humidité poisseuse qui subsistait sur les joues du blond, il haussa un sourcil et acheva de les essuyer avec sa manche, la faible quantité de lumière régnant dans les corridors l'ayant empêché de s'en apercevoir plus tôt. Il lui tendit ensuite la main, lui proposant muettement de l'aider à se relever. Après une seconde d'hésitation, Draco accepta et se retrouva debout, séparé su corps du brun d'à peine quelques centimètres. Il lui adressa un de ses sourires carnassiers dont il avait le secret, avant de se pencher soudainement vers lui pour effleurer ses lèvres avec les siennes.
Quand il se redressa, le visage du jeune homme en face de lui est rouge tomate bien mûr, ses yeux sont tellement exorbités qu'in dirait qu'ils vont rouler hors de leurs cavités. Il est absolument craquant comme ça. Le blond ne peut retenir un nouveau sourire, malgré tout empreint de la tristesse qui demeure dans son âme, et qui ne s'effacerait sans doute jamais. Ensuite, il saisit la main du Survivant dans la sienne et l'entraîna dans les longs couloirs de Poudlard, sans lui laisser le temps de protester. Ils parcoururent ainsi plusieurs étages sans prononcer un mot, Harry courant presque pour soutenir le pas rapide de son compagnon, le bras douloureusement tendu.
Finalement épuisé de s'être fait ballotté sur un nombre incalculable d'escaliers, couloirs, passages secrets et autres, Harry accueillit avec une joie évidente l'arrêt soudain de la marche du blond, et s'adossa à un mur en soufflant comme un bodet, une main sur le cœur. A côté de lui, le blond se tenait le dos droit, frais comme un gardon, en observant les alentours. C'était la première fois qu'il venait dans cette partie de l'Ecole, une aile réservée au stockage de matériel en tout genre et donc interdite aux élèves.
Au moins, ici, il était sûr d'être tranquille. D'un pas souple et décidé, il s'approcha du Gryffondor qui reprenait peu à peu son souffle et posa une main de chaque côté de sa tête, encadrant ainsi son visage.
Un air de stupeur passa dans les yeux émeraude du jeune homme, qui fut vite remplacée par une gène mêlée à de l'envie. Doucement, le blond approcha ses lèvres du visage du brun, effleurant ses paupières closes, bordées de longs cils noirs, ses pommettes hautes, le bout de son nez, pour finalement s'emparer doucement de ses lèvres rouges. Un goût sucré pénétra dans sa bouche quand il prit possession de la sienne, quand sa langue força les remparts de ses lèvres serrées pour s'introduire dans la cavité buccale du Gryffondor. Celui ci poussa un gémissement sourd, rassurant le blond sur ses envies, et se pressa davantage contre son corps. Les bras de Harry, musclés par les fréquents entraînements de Quidditch, se nouèrent autour du cou du sorcier, l'attirant vers lui quand il menaçait de s'en éloigner.
Du bout de ses doigts, le Serpentard traçait de voluptueuses arabesques sur la poitrine tendre de son ennemi, découvrant pour la première fois le corps d'un autre. Il désirait le posséder, le faire sien sur le champ, et ce pour le reste de ces jours. Il le plaqua encore contre le mur, lui arrachant un cri de surprise, et ses lèvres descendirent dans son cou, où la peau tendre et douce apparaissait à travers le col ouvert de la chemise de son uniforme. Cette peau, tellement tentante et désirable, dans laquelle il souhaitait inscrire les marques de sa propre chair, de son propre corps, marquer son territoire pour prouver que, désormais, le Gryffondor lui appartenait.
Avec l'aide de deux de ses doigts, il acheva d'écarter les pans du tissu qui recouvraient la chair désirée, arrachant un bouton au passage, qui roula sur les pavés et alla se coincer entre la commissure de l'un d'eux. Un sourire étira ses lèvres minces et pâles quand celle ci se posèrent sur la gorge offerte et que ses dents, d'une blancheur immaculées, entraient en contact avec la peau de celle ci.
Harry poussa un cri étranglé quand le blond le posséda soudainement, ses mains agrippées aux pans de sa cape noire qui allèrent ensuite se perdrent dans les longues mèches platine, fines et douces. Les yeux fermés, Harry poussait des soupirs de plus en plus rapprochés et intenses, des traînées de feu envahissant son bas ventre et se répandant peu à peu dans tout son corps. Il brûlait de transmettre sa chaleur (ahaha le vieux jeu de mot ...) au corps froid et tendu de son compagnon, dont les lèvres étaient toujours soudées à son cou, et semblaient le rester pour toujours.
L'un comme l'autre n'avait jamais pensé ressentir autant de plaisir avec un homme, d'autant plus avec celui qui était censé être l'ennemi juré de l'autre depuis plus de cinq ans. Le souffle court, battant contre l'oreille de Draco, percée d'un trou et portant en conséquence un petit anneau d'argent, discret mais qui lui allait à merveille, Harry crut qu'il allait défaillir avant la fin du mortel baiser, que le blond prolongeait aux limites du possible. Il trouvait ça terriblement excitant malgré l'absence de l'acte sexuel dans leur étreinte, pourtant teintée d'un érotisme évident.
Finalement, ils se séparèrent, tout les deux à bout de souffle, le brun dû se retenir au mur pour ne pas s'écrouler sur le sol, sous le poids de son propre corps chargé de fatigue. Le blond vint à son aide, un sourire attendri aux lèvres, et ils s'installèrent à même le sol, enlacés dans les pénombres du couloir. La tête du Survivant reposait au creux de l'épaule de Draco, qui avait passé son bras autour de la taille fine de son compagnon, tout autant pour le garder près de lui que pour l'empêcher de glisser, sachant qu'il ne ferait aucun effort pour se redresser. Il connaissait la lassitude qui envahissait et engourdissait les membres du jeune homme, il l'avait lui même ressenti la première fois que Lucius l'avait « étreint » de cette manière.
Il se souvenait d'une fatigue intense qui l'avait frappé au moment où son père s'était détaché de lui, ainsi qu'une grande soif qu'il avait dû étancher au plus vite. Par contre, Harry ne paraissait pas être touché par cette déshydratation qui l'avait rendu au bord de l'étouffement et de la folie. Alors que lui s'affolait, Lucius, toujours stoïque et calme, l'avait guidé jusqu'aux cuisines et lui avait offert un peu de vin rouge sang, qu'un Elfe de maison venait d'apporter sous ordre du Maître.
Harry somnolait doucement contre lui, emporté dans les bras de Morphée au Pays des Songes. Le blond ne se lassait pas d'admirer son visage, teinté des couleurs de la vie que le sien ne porterait plus jamais, ses lèvres rouges, contrastant avec la blancheur des siennes. Il effleura du bout des doigts le haut des joues rondes du jeune homme, faisant frémir les longs cils des paupières rabattues sur les deux lac d'émeraude, jetant des regards intenses à ceux qui le demandaient. Il connaissait la propre lueur qui brillait dans ses yeux, pour s'être admiré pendant des heures dans un miroir la Première Nuit, observant sa peau devenir tel l'albâtre pur, d'une blancheur pure presque parfaite, les traits de son visage finement ciselé s'affiner et s'adoucir, mais surtout, ce feu dans ses prunelles grises et froides, changées pour un argent brûlant et immaculé, ce feu qui était le seul signe de vie dans son corps froid. Ses ongles, déjà assez longs à l'origine, ressemblaient à présent à du verre, transparents à souhait. Ses longs cheveux platine s'étaient adoucis et allongés, lui arrivant désormais aux épaules. Ils ressemblaient à une cascade blonde et satinée, soyeuse et désirable. Souvent, Lucius aimait passer ses longs doigts dedans, se délectant de ce contact agréable sur la peau sensible de sa paume. Lucius.
Il eut un pincement au cœur à la pensée que son créateur se trouvait sans doute à présent étendu dans les draps de soie de son grand lit, son amant allongé et endormi contre lui, son visage enfoui dans le creux de son épaule. Peu être en ce moment lui aussi était éveillé et observait distraitement le plafond. Peut être lui aussi songeait à Draco, à cet instant précis. Peut être que son visage aussi était inondé de larmes rouges qui déferlaient sans qu'il ne puisse les arrêter.
D'un geste rageur, le Serpentard essuya son visage avec sa manche, comme l'avait fait Harry quelques temps auparavant. Pourquoi ne parvenait il pas à chasser son père de son esprit ? Il avait sa vie à lui, comme Lucius avait la sienne, et celles ci ne devaient pas forcement se recouper à chaque instant, ni se lier définitivement. De plus, il semblait à Draco qu'il avait trouvé celui qui partagerait sa vie pendant un certain moment, indéterminé pour l'instant, bien qu'il fallait qu'il l'évalue et qu'ils discutent un peu avant de prendre une décision.
Cela viendra au moment voulu et, pour le moment, le blond n'avait pas envie de réfléchir. Il se blotti un peu plus contre le corps chaud et accueillant du brun et ferma les yeux, cherchant à le rejoindre dans le monde parfait qu'il s'était forgé dans cette vie inconsciente et secrète, dont le Gryffondor était le seul à détenir les clés.
o ° O ° o
°Quelques heures plus tôt°
Lucius arriva devant le portail de l'Ecole et l'observa un instant, les sourcils froncés. Ce n'est pas spécialement le fait d'arriver aussi tard à Poudlard qui le gênait, ça il le faisait régulièrement, mais plutôt de devoir s'annoncer à ce concierge malpropre et lunatique, dont la seule préoccupation était la torture des élèves et la santé de son chat, quoique le blond doute encore que cette chose appartiennent bien à la « noble » espèce des félins. Avec un soupir, il se dirigea d'un pas souple et irréel vers la grande porte principale du château, destination finale de son voyage. Du plat de la main, il poussa la lourde porte, après s'être présenté dans l'interphone (bon, je ne pense pas qu'il y en ai un, mais Rusard dort pas dehors non plus ...). Le concierge l'attendait quelques pas plus loin, visiblement mécontent d'être dérangé à une heure aussi tardive de la soirée, sa bestiole assise à ses pieds. Lucius s'arrêta devant lui, le regardant d'un air digne et hautain, ses lèvres esquissant une moue boudeuse où on pouvait deviner un certain mépris.
"Je suis venu voir le Professeur Severus Rogue. Merci de ne pas faire tout un tapage auprès du Directeur et du Personnel étudiant concernant ma présence ici."
Le ton dédaigneux du Sorcier ne plus bien évidemment pas au concierge, qui gonfla le torse pour se donner un peu d'importance face à cet homme qui avait tout pour lui, beauté richesse, gloire, prestige et classe, alors que lui ...
"Le Professeur Rogue est il au courant de votre visite, est-ce lui qui vous a convié ou avez vous décidé de vous même de venir lui rendre visite à une heure qui me semble, ma fois, bien avancée pour un rendez vous professeur/parent d'élève ?"
Un peu énervé de n'être considéré que comme un parent d'élève, bien que ce soit son rôle majeur ici, Lucius ravala la remarque cinglante qui allait franchir ses lèvres, un peu calmé par l'emploi du terme « rendez vous » qui lui plaisait plutôt dans ce contexte. Par contre, sa patience avait des limites, qui risquaient d'être dépassées dans très peu de temps si l'homme ne le laissait pas passer.
"C'est lui qui a demandé à me voir ce soir, et je souhaiterais à présent vous quitter pour ne pas m'attarder davantage. "Vous avez une preuve de ce que vous avancez ? Un mot, une lettre, écrite de la main du Professeur Rogue ?"
Là, c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Il avait bien sûr le parchemin envoyé par Severus, mais il n'avait ni l'envie ni le courage de le sortir pour le montrer au concierge. De plus, les propos qu'y tenait le Professeur risqueraient de ... choquer, ou du moins beaucoup gêner le Cracmol, si ce n'est plus, par son caractère directe et assez cru, même pour Lucius, à qui il en fallait beaucoup pour démonter, étant habitué à pas mal de chose déjà. Il avait tout de même le droit d'avoir un peu de vie privée, tout comme Severus d'ailleurs, quel qu'elle fut, qui ne devait pas être beuglée sur tous les toits par l premier gogo venu.
Il lança un regard trèèès froid au concierge, qui se ratatina un peu, et souffla par le nez pour se calmer, ses doigts crispés sur le pommeau de sa canne.
"Mon cher Rusard, siffla-t-il d'une voix doucereuse, je n'ai pas de temps à perdre avec vos élucubrations. Le Professeur Rogue m'attend, je me rends donc dans ses appartements, comme il le désire. J'espère pour vous et votre petite santé que vous n'allez pas me retenir davantage, j'ai les nerfs sensibles ce soir. Quelque chose pourrait éclater si facilement ce soir. De plus, c'est la pleine Lune, les esprits s'échauffent et explosent plus facilement que l'on ne pourrait le croire."
De plus en plus effrayé par la tirade menaçante du Sorcier, le concierge baissa les yeux et s'effaça du passage, en maugréant contre l'influence et le pouvoir de certains qui feraient mieux de faire attention plutôt que de se promener la nuit. Ignorant royalement les propos de l'homme, Lucius se dirigea dans les corridors tortueux de l'Ecole, qu'il commençait à bien connaître pour les avoir arpenter un bon nombre de fois, dans sa jeunesse comme dans sa vie adulte, bien que ce soit pour des raisons bien différentes. Il s'avançait rapidement vers les donjons, où se trouvaient les appartements privés de Severus. Le blond ne comprenait toujours pas comment il pouvait continuer à vivre dans ces sous-sols poisseux, c'était tout bonnement incompréhensible. Bon, c'est vrai que lui était habitué à un train de vie assez luxueux et confortable dans son manoir, où il trouvait de tout et en opulence.
Il arriva devant la porte close des appartements du Professeur, à travers laquelle il voyait filtrer un rai de lumière. Une bougie sans doute. Il annula tous les sortilèges de protection qui barricadait la porte et l'ouvrit d'un coup sec. Severus sursauta sur sa chaise, les sourcils froncés, près à trucider celui qui venait de commettre cet impair de le déranger à cette heure ci. Il était installé devant son bureau, un livre ouvert devant lui et un tas de parchemins éparpillés un peu partout. Son expression s'adoucit quand il reconnut l'intrus, bien qu'il paraisse encore un peu sceptique.
"Bonsoir Severus, murmura le blond avec un sourire chaleureux, tu corriges encore des copies aussi tard ?"
L'homme lui rendit son sourire, bien que le sien fût plus discret et timide, et haussa un sourcil vers le tas de feuilles.
"Ca ? Il faut bien que je le fasse à un moment ou un autre ..."
Il se leva de sa chaise et s'avança vers le blond, doucement, pour s'arrêter à quelques mètres de lui, comme s'il hésitait à se rapprocher davantage.
"Je vois que le hibou de ton fils a fait vite pour que tu arrives maintenant ... La route a été bonne ?"
Lucius esquissa un nouveau sourire, plus tranchant cette fois ci, et franchit les derniers pas qui le séparaient du brun, pour lui caresser doucement le visage.
"En effet, j'ai beaucoup apprécié de recevoir un mot de ta part en même temps que la lettre de Draco ... Dis moi, je ne savais pas que tu étais poète dans tes heures creuses, cette lettre est décidément à classer dans les courriers les plus osés qui me son parvenus depuis les vingt dernières années. Je te la relie, ça nous mettra en condition ..."
Le visage du Professeur se décomposa quand il vit le blond extirper le bout de parchemin de la poche intérieure de sa veste et la déplier lentement. Il se rua sur lui, dans l'espoir de récupérer cette lettre avant que le sorcier ne puisse en lire une ligne à voix haute. En se retenant d'exploser de rire, Lucius évita les longs doigts qui s'étaient jetés vers lui et pivota à demi, exposant ainsi son profil gracieux au brun.
"Severus, je t'en prie, ne fait pas l'enfant, ce n'est absolument pas le moment ..."
Il repoussa gentiment mais fermement ses bras et acheva de déplier le parchemin, guettant les réactions du brun. Celle-ci ne se fit pas attendre : Severus se colla au corps musclé du blond, passa un bras autour de son cou et élança l'autre pour attraper le bout de papier que Lucius tenait fermement serré entre ses doigts. Le blond lâcha le parchemin chiffonné, qui tomba sur le sol en faisant de jolis tourbillons, et attrapa Severus, par la taille d'une main, sur la nuque de l'autre, et l'embrassa profondément.
Un peu dérouté au début, le brun se débattit un instant, pour finalement se laisser aller dans les bras réconfortants du blond et répondre à son baiser. Ses mains glissèrent sur les larges épaules, recouvertes de la soie noire de la cape, et se refermèrent sur un pan de tissu, à la recherche d'un appui physique. Il laissa les longs bras de son compagnon l'enlacer fermement et se lova contre lui, ses lèvres toujours soudées à celles du blond. Lucius le garda serré un instant contre lui, avant de se détacher de son corps chaud tellement tentant pour l'entraîner vers sa chambre, après avoir retiré sa longue cape et avoir déposé sa canne contre le sofa. Le Professeur blotti contre lui, il poussa la porte de la pièce et y pénétra, ses yeux immédiatement habitués à l'obscurité régnante. Saisissant la main froide du brun, il s'approcha du lit deux places et l'y poussa gentiment, sentant l'impatience de la chair monter en lui et provoquer des remous agréables dans son bas ventre. Il scruta la pénombre, à la recherche du regard fuyant de Severus et de ses mains, dont le peu de chaleur humaine qui s'en dégageait pourrait réchauffer les siennes.
Du bout des doigts, Lucius commença à retirer les boutons qui fermaient la robe noire du sorcier, qui commençaient à le gêner un peu dans son exploration, et fit glisser le haut du vêtement le long des frêles épaules du Professeur, frissonnant déjà sous les attentions de son compagnon. Le reste de la robe ne fût bientôt qu'un souvenir, quand elle vola à travers la pièce pour atterrir en boule sur un siège. Le blond s'agenouilla devant son ami et passa ses paumes à plat sur les hanches étroites, avant de retirer la chemise (noire) qui cachait le torse pâle du Professeur au regard brûlant du Sorcier.
Avec un sourire, Lucius frôla la peau blanche avec sa langue, qui venait de pointer hors de ses lèvres fines, arrachant un gémissement au brun, qui commençait à se tortiller sur le matelas. Il retira ensuite leurs deux paires de chaussures et les envoya promener, mais toujours avec toute la classe dont il pouvait faire preuve, en face de n'importe quelle situation.
Il ne restait plus grand-chose sur le dos du brun, dont le corps était envahi de frissons, dus à la fraîcheur de la pièce. Lucius se promit intérieurement de le raviver dans les prochaines minutes. Il aimait que ces amants soient à l'aise durant leur étreinte, qu'ils prennent du plaisir du début à la fin. Pour ça, Severus était toujours très réceptif à ses caresses, très sensible et compatissant, lui offrant son corps et son âme sans aucune résistance. Bien au contraire.
Il déboutonna le pantalon du Professeur et tira dessus, le retirant ainsi, et emportant en même temps le boxer noir, laissant le Maître des Potions entièrement nu sous ses yeux fixes. Un sourire étira ses lèvres alors qu'il se penchait pour embrasser la peau douce autour du nombril de son compagnon, qui retenait de plus en plus difficilement ses cris.
"Bien, chuchota Lucius, son souffle frappant les cuisses de l'homme en face de lui, bien, Severus ... Détends toi ... Laisse moi t'apporter à la jouissance ... Severus ..."
Celui-ci lui répondit par un gémissement sourd, tout son corps raidi par le plaisir montant. Lucius, ravi de voir l'effet de ses caresses sur l'organisme tendu du Professeur, que ce soit par les heures de cours, son manque de sommeil et de nutrition, le plaisir malsain qu'il prenait à torturer ses élèves et la pression de la vie de tout les jours. Il aimait le voir se détendre et se raidir tour à tour sous la pression de ses mains expertes. Le blond se redressa et grimpa à son tour sur le lit, tout en retirant ses propres vêtements, conscient de l'impatience dont faisait preuve son amant, bien qu'il tente de la dissimuler pour conserver un brin de dignité.
Il offrit son corps à la peau d'albâtre aux mains et aux yeux de Severus, et s'étendit à ses côtés, heureux de pouvoir toucher, et d'être touché. De pouvoir s'emparer, posséder, et disposer de Severus à sa guise. Il s'allongea sur lui, l'écrasant sous son poids, et lui sourit tendrement.
"Severus ..."
o ° O ° o
De la sueur rougeâtre dégoulinant le long de son dos, ses hanches animées d'une houle incontrôlable, Lucius besognait son amant tout en douceur, adaptant le rythme plus ou moins régulier du va et vient de ses reins au plaisir qui les envahissait. Severus, la tête enfoncée dans l'oreiller et ses longues jambes nouées autour des fesses du blond, ponctuait d'un cri perçant chaque coup de butoir que lui imposait le sorcier, tous plus vigoureux les uns que les autres. Ses mains s'agrippant d'elle-même aux draps, il tentait de garder les yeux ouverts pour admirer son amant pendant l'acte sexuel, la volupté envahissant ses traits fins et délicats.
Il avança les mains et frôla le torse pâle de son amant, les tétons durcis par la jouissance qui pénétrait son corps, comme lui se faisait pénétrer par Lucius. Celui se pencha vers Severus, pour l'embrasser dans le cou, parsemer sa gorge en sueur de baisers, la mordillant de temps en temps, ses dents blanches et parfaite tirant sur la peau pâle du brun, alternant avec sa langue qui apparaissait entre ses lèvres pour la caresser, la lécher avec tendresse. Le Maître des Potions de Poudlard était sans aucun doute celui à qui il avait le plus envie d'amener au Septième Ciel, pas seulement parce qu'ils étaient amants depuis plusieurs années, mais aussi parce qu'il ressentait une envie irrépressible de le protéger depuis tout ce temps.
Alors qu'il s'enfonçait davantage dans le corps de Severus, il sentit soudain la présence d'un intrus dans les appartements du Professeur, un intrus dont il ne parvenait pas à capter les pensées. Et il n'y avait qu'une personne à Poudlard, hormis Dumbledore, qu'il imaginait très mal se promenait à cette heure ci dans les appartements de Severus, et Severus lui- même, qui criait de délice sous l'action de ses coups de reins, une personne dont il ne pouvait comprendre et déchiffrer les réflexions.
°Draco ...°
Un mouvement un peu trop violent arracha un gémissement exquis au Professeur, alors qu'il cherchait une idée pour éloigner son fils d'ici. Le jeune homme approchait de la chambre, troublant de plus en plus son esprit déjà confus par leur étreinte.
Il entendit dans son brouillard l'infime grincement de la porte de la pièce dans laquelle il se trouvait, le souffle régulier et léger de son fils, le frottement sourd de sa cape sur le sol. Il sentit son étonnement grandir et se transformer en angoisse mêlée à de la fureur, ainsi que ses yeux brûlants de désir inavoué voyager sur son corps, son dos musclé et ses fesses blanches.
Ce n'était pas la première fois qu'un regard chargé de convoitise et de concupiscence se poser sur lui, même venant de son fils, c'en était presque devenu un fait auquel il s'était habitué depuis un certain temps sans pour autant s'en banaliser. Mais aujourd'hui, dans une telle situation, ce regard l'oppressait et le mettait bien plus mal à l'aise qu'il aurait pu imaginer. Draco assistait sûrement pour la première fois à l'acte d'amour, et il n'était pas fier que ce soit lui qui soit l'exemple pour ce genre de chose.
Ce la ne l'avait jamais vraiment gêné de s'exhiber, de temps en temps, devant un maigre public, surtout étant plus jeune et plus fougueux, et plus inconscient. Il avait eu l'occasion plusieurs fois d'acquérir deux à trois partenaires pour une nuit, lors d'une soirée bien arrosée où il avait fait la connaissance d'hommes qui lui plaisaient. Mais cette période exhibitionniste de sa vie était passée et révolue à présent.
Passée et révolue.
Et Draco n'était pas là pour foutre le brun dans sa petite vie où il tentait de mettre un peu d'ordre et de discipline, ce qui n'était d'une simplicité exemplaire.
Lucius se redressa et tendit les reins, en essayant de concentrer son esprit.
" Draco ...gnnn ... sors d'ici, vite ... vas-t-en ...je ne veux plus te voir ... dans cette pièce, est ce bien clair ?...mm ...Draco !"
Voilà, c'est tout ce qu'il avait réussi à articuler. C'était déjà ça. En dessous de lui, Severus ne s'était aperçu de rien et continuer à se tortiller sous l'action de plus en plus puissante de son corps. Tant mieux, il ne lui devrait pas d'explications concernant cette arrivée fortuite pendant qu'ils débattaient gentiment, entortillés dans les draps du lit du Professeur. En plus que le témoin de cette scène assez compromettante pour les deux parties s'avérait être son fils. Il avait une chance pas possible que son amant ne se soit rendu compte de rien, plongé dans son cocon de bonheur.
Quant à lui, il ne lui restait plus qu'à régler le problème avec Draco et tout rentrerait en ordre. Du moins, il l'espérait, il avait déjà assez d'emmerdes comme ça.
Après avoir les avoir amené tout les deux à l'orgasme, il s'écroula aux côtés de son amant, qui, épuisé par la fougue du blond, commençait déjà à piquer du nez, la tête posée sur le torse en sueur de Lucius qui se soulevait au rythme saccadé de sa respiration. Distraitement, celui touchait la peau du brun, le massant doucement pour l'aider à s'endormir. Mais, il était obnubilé par diverses questions qui lui traversaient l'esprit, et auxquelles il ne parvenait pas à répondre, ce qui l'énervait passablement.
Qu'est ce que Draco foutait ici à une heure pareille ? Il devrait pas plutôt être couché à faire de beau rêve ? C'est encore de son âge pourtant. Pourquoi dans les appartements privé de Severus alors que lui aussi s'y trouvait à ce moment là ? De toute manière, il doutait que le jeune homme ne connaisse réellement le sens du terme « privé », étant donné qu'il s'était déjà retrouver dans des situations assez gênantes à cause de son manque d'intérêt pour tout ce qui constituait les règles, lois, règlements et respect de la propriété privée, à l'image de son père. Une bouffée d'orgueil à l'égard de sa progéniture envahit le cœur de Lucius, bien qu'il sache parfaitement qu'il n'y avait pas de quoi être fier à ce que son fils lui ressemble sur ce point. Il aurait du faire un peu plus attention à son éducation, ou du moins, à cette partie de son éducation qui ne concernait pas les sortilèges, la magie, la haine des moldus/Sans de Bourbe/Weasley et la pratique de la Magie Noire, pour laquelle le garçon s'était avéré extrêmement doué. Ca doit être dans les gènes.
Après cette quantité de pensées philosophiques et métaphysique et estimant qu'il avait assez fait travailler sa matière grise pour le moment, qui commençait d'ailleurs à surchauffer, Lucius tira sur la couverture et s'en recouvrit, ainsi que Severus, qui avait fini par abandonner toute lutte et ronflait allègrement contre son épaule. Ce serait dommage qu'ils attrapent froid.
o ° O ° o
Malgré la fatigue évidente qui l'envahissait, en partie due à ses ébats dans les couloirs et aux émotions suscitées par les évènements de cette soirée, Draco ne parvenait pas à s'endormir. Ses grands yeux gris demeuraient imperturbablement ouverts dans le noir ambiant du corridor dans lequel il s'était installé, le Survivant allongé contre lui. C'en était d'ailleurs presque vexant de voir à quelle vitesse le brun s'était assoupi alors que lui ruminait ses sombres pensées, en admirant le mur en face de lui. Habituellement, il avait le sommeil facile, mais la vision de son père en train de forniquer avec un autre mâle l'avait un tant soit peu troublé.
Il poussa un profond soupir, en prenant tout de même garde à ne pas réveiller le Gryffondor. Il semblait avoir un sommeil léger, peut être à cause de rêves provoqués par son lien avec le Seigneur des Ténèbres, par le biais de la cicatrice en forme d'éclair qui ornait son front. D u moins, c'était ce qu'il avait entendu dire, les « on dit » faisant en général le tour de l'Ecole avant que le principal concerné ne puisse se défendre de quelconque manière. Dire qu'avant, il se réjouissait d'apprendre les dernières rumeurs concernant la folie latente de Potter. Une vraie concierge. Tout en réfléchissant, il caressait distraitement les mèches brunes qui tombaient sur la nuque raide du jeune homme, ayant un résultat plutôt apaisant sur les deux jeunes hommes.
Plusieurs sons plus ou moins identifiables lui parvenaient dans le calme qui régnait dans son esprit et dans le lieu où il se reposait : les pas assez éloignés d'un individu qui se promenait dans les couloirs, et si, professeur exclus, il se faisait choper, il se ferait égorger par Rusard, qui paraissait d'une humeur passablement irritable ce soir, les frottements à peine perceptibles du reste de matière qui composait les fantômes, frôlant les murs, une parole incompréhensible d'ici.
La vie continuait son cours dans le château, imperturbable et ineffaçable.
Quant à la sienne, il ne savait plus vraiment comment la prendre en main après cette nuit. Certes, il avait trouvé un compagnon, qui semblait enclin à partager sa vie pendant au moins un bon petit moment, mais la confiance qu'il avait en son père s'était en partie évaporée pour être remplacée par une méfiance tenace.
Il venait de découvrit à quel point les adultes pouvaient être trompeurs et à quel point le passage de l'enfance à la vie adulte pouvait être difficile (aaaaaah, Rousseau, qu'est ce que tu m'as fait ...), bien qu'il en ai déjà vécu une partie. La vie est dure de nos jours, même pour quelqu'un d'aussi privilégié que lui, sa richesse matérielle n'empêchant pas la dureté des sentiments de l'atteindre.
Il enserra la poitrine du brun et le ramena un peu plus contre lui, autant pour sentir sa présence réconfortante à ses côtés que pour s'abreuver de la chaleur de son corps, qui commençait déjà à disparaître du sien. Tout était tellement éphémère. Il ne se sentait pas près à affronter les difficultés de la vie adulte, bien qu'il devrait bien s'y résoudre un jour. Le tout était sans doute de s'y faire et de s'y habituer pour ne pas trop en souffrir. Il voulait croquer la vie à pleine dents pour en profiter le maximum (il allait d'ailleurs commencer par croquer et grignoter le brun qu'il tenait serré dans ses bras depuis un petit moment et qui commençait à lui faire envie, mais pas tout de suite).
Mais bon, le temps n'était pas aux réjouissances. Si cette aile de l'Ecole était interdite aux élèves, c'est qu'il y avait sans doute une bonne raison, alors, il valait mieux ne pas s'attarder ici trop longtemps. Il secoua gentiment le Survivant jusqu'à ce que celui ne daigne lever une paupière, confirmant au blond son état peut adapter à la marche pour l'instant. Il le prit dans ses bras, s'attirant un vague murmure de protestation, et repris le chemin du retour, en essayant de ne pas se casser la gueule contre un objet malencontreusement placé sur son passage et qu'il n'aurait pas vu dans son périple à travers le château. Harry se laissa porter sans plus aucunes objections, la tête appuyée contre l'épaule de Draco et le regard dans le vague, bercé par le pas tranquille du jeune homme. C'était agréable de pouvoir se reposer comme ça sur quelqu'un sans avoir besoin de penser à ce que l'on devait faire ou ne pas faire.
Soudain, il sentit une secousse parcourir le corps du blond, qui venait de s'arrêter, les membres tendus. Il leva les yeux vers lui, et, quand il vit son air concentré et son regard mécontent, assombri par ses sourcils froncés, il se dégagea de ses bras pour poser pied à terre.
" Draco, lui chuchota-t-il à l'oreille, Draco, y se passe quoi ? Tu as vu quelque chose ? Draco, répond moi ..."
Surprenant le ton pressant et presque suppliant dans la voix du brun, le jeune sorcier l'attrapa par le bras et le serra contre lui, avant de se plaquer contre un mur, caché dans l'ombre tel un fugitif. Il posa ses longs doigts sur les lèvres roses de Harry, lui intimant silencieusement de garder le silence quoiqu'il arrive. Le Gryffondor enfoui ses propres mains dans les profondeurs douces de la cape de son ami, s'y aggripant avec force et détermination. Au moment où il levait nouveau les yeux vers son compagnon, il prit conscience de la présence menaçante qui approchait pas à pas de l'endroit où ils se trouvaient, tapis l'un contre l'autre.
L'air concentré et hargneux, Rusard apparut dans un rayon de lumière fourni par une bougie, qu'il empoignait fermement. Les deux jeunes hommes pouvaient lire une rage sourde dans son regard, comme s'il s'apprêtait à mordre. Son chat, trottinant ses pieds, ne paraissait pas de meilleur humeur. Le maître et l'animal avaient tous deux un air renfrogné, qui n'arrangeait pas leurs faciès déjà peu agréables à contempler. Le jeune couple était parfaitement d'accord sur ce point.
Harry se recroquevilla dans les bras puissants de son ami et fixa le concierge en silence, priant silencieusement pour son départ qu'il souhaitait rapide, en raison de la crampe qui se propageait douloureusement le long de sa cuisse et risquait de le faire gémir d'ici quelques minutes. Percevant sa souffrance, Draco étira sa main pour atteindre le membre endolori pour le masser du bout de ses doigts, provocant d'agréable frissons qui remplacèrent vite l'élancement dans le corps du brun, qui continuait à se cramponner à sa veste comme une moule à son rocher.
Comme s'il flairait leurs présences, Rusard continuait à farfouiller dans les sombres recoins, son nez proéminent en avant, se rapprochant inexorablement d'eux. Tout en observant le parquet, il marmonnait dans sa barbe des phrases incompréhensibles pour le Gryffondor, mais que Draco, l'oreille tendue, entendait parfaitement.
"Ils se croient tout permis, ces Malfoy, tout simplement parce qu'ils ont de l'argent et une réputation bien ancrée, ainsi que la crainte qu'ils inspirent, après le passage de Sieur Malfoy chez les Mangemorts ... Après le père, le fils ... Faudra que j'en parle au Directeur afin d'interdire les visites nocturnes ... Marre de devoir toujours courir après ces morveux pour qu'ils respectent le règlement ... Pas comme au bon vieux temps, avec les chaînes et ce système de torture, tellement efficace ...Je lui en collerai bien une, à ce prétentieux de Draco Malfoy, des coups de fouet sur sa jolie petite gueule, rien que pour me venger et bien emmerder le père aussi, tiens ... Maudit sois tu, Lucius Malfoy, ainsi que toute ta famille et ta satanée progéniture !"
Finalement, il s'éloigna, en continuant de maugréer, sous le regard soulagé du brun. Celui ci se redressa et se tourna vers son compagnon, un sourire léger aux lèvres, qui se figea quand il vit le beau visage de Draco décomposé et crispé par la colère et la rage, qu'il parvenait à peine à contenir. S'il n'y avait pas eu la présence apaisante du Survivant à ses côtés, il se serait sans doute jeter sur le vieux concierge pour le mettre en morceau après ce qu'il venait de dire. Ne comprenant pas les raisons de la fureur sourde du blond, Harry passa ses doigts sur sa joue glabre, pour y déposer ensuite un baiser timide.
"Draco, chuchota-t-il, qu'est ce qu'il t'arrive ? Il ne faut pas te mettre dans un état pareil parce que nous venons de croiser Rusard ... Draco, explique moi ce qu'il t'arrive ... s'il te plaît, répond moi ..."
Tiré de sa torpeur, le Serpentard tourna vers lui un regard étonné et lui envoya après un sourire rassurant et charmeur. Il ne devait pas l'inquiéter pour ça, Harry n'avait pas entendu les paroles blasphèmes prononcées à son encontre et celle de son père, et le blond n'avait pas envie de lui expliquer le pourquoi du comment à une heure aussi tardive, alors que tous deux tombaient de sommeil. Il lui caressa doucement le visage, écartant les mèches folles qui lui tombaient devant ses yeux verts.
"Ce n'est rien, ne t'inquiètes pas ... Excuse moi, Harry ..."
Il jeta un coup d'œil en direction du couloir où venait de disparaître le Cracmol, vérifiant si celui n'avait pas subitement décidé de rebrousser chemin et attrapa Harry par la taille, le serrant contre lui. Les joues rosissant légèrement, l'attrapeur des Gryffondors lui envoya un regard désapprobateur mais se laissa enlacer sans protester, les yeux mi-clos.
"Harry, tu tiens à peine debout ... Je ne peux pas te reconduire jusqu'au dortoir des Gryffondors, je n'en ai pas le droit et j'ignore où il se trouve, et je ne peux pas t'emmener dans celui de ma Maison pour les mêmes raisons ... Par contre, en tant que Préfet en Chef, j'ai une chambre individuelle à ma disposition dans le château, nous pouvons tout à fait passer la nuit là-bas ... si tu es d'accord ..."
Harry était parfaitement d'accord, il le savait l'un comme l'autre, et parvenait difficilement à le cacher. La raison qui le retenait d'accepter immédiatement la proposition alléchante du blond était son extrême pudeur ainsi que sa timidité, mais surtout la peur.
Il savait ce que cela signifier de l'accompagner dans sa chambre pour y passer la nuit, et ils n'y allaient sûrement pas pour y dormir ! Passer à l'acte aussi vite après leur mise en couple était une chose qui l'effrayait énormément et le rebutait même un peu, la peur d'avoir mal, mais aussi d'être rejeté par celui qu'il aimait après que celui ci ait tiré son coup complétant son malaise. Il avait déjà passé le grand cap avec les femmes, mais il était encore puceau en ce qui concernait l'acte sexuelle avec un homme (il pensait d'ailleurs le restait toute sa vie avant de découvrir son attirance pour le blond).
Comprenant son état d'esprit, Draco lui déposa un baiser sur le front et lui sourit encore une fois.
"Harry, si tu ne veux pas, je ne vais pas t'en vouloir. Je ne toucherais pas cette nuit, ni les suivantes, si tu n'en as pas envie. Je t'invitais cette nuit uniquement par question pratique, et non par démangeaison sexuelle. Si tu le désires, nous pouvons même dormir dans deux lits séparés, il y a parfaitement la place, les chambres sont énormes. Je ne te sauterais pas dessus en pleine nuit, je te le promets. Et je ne veux surtout pas te forcer la main."
Le jeune homme acquiesça, rassuré concernant les intentions du blond. Il était heureux que celui ci comprenne sa mentalité actuelle, un peu dépassée par les évènements, tellement peu de temps s'étant déroulé entre leur premier baiser, juste avant le cours de Métamorphose, leur escapade dans l'aile interdite de l'Ecole, l'union physique que Draco lui avait fait vivre pendant ces quelques minutes intenses qu'ils avaient passé, serrés l'un contre l'autre contre ce mur, et, à présent, cette décision qu'il devait prendre.
Il leva vers lui des yeux émeraude emplis d'une gratitude débordante, et lui caressa amoureusement les hanches avec le plat de ses paumes.
"Ok, murmura-t-il d'une voix étranglée et à peine audible. Elle est où cette chambre ?"
Ravi, le Serpentard lui adressa un clin d'œil charmeur et le souleva à nouveau dans ses bras, s'attirant un gémissement effrayé et à la fois excité de la part de son compagnon, qui noua fermement ses bras autour de son cou. Il parcourut d'un pas rapide, à la limite de l'inhumain, le chemin qui les séparait de ses appartements, le corps chaud et tentant de son ami battant contre son estomac. Ils débouchèrent devant un tableau qui représentait, comme toutes les peintures ornant les murs du château, une personne.
C'était un être, à première vue de sexe féminin, bien que, quand on l'observait de plus près, on pouvait s'apercevoir que c'était en réalité un jeune homme, dont la beauté androgyne, ainsi que la capuche blanche recouvrant une partie de son visage, portaient facilement à confusion. Sa peau d'albâtre s'accordait parfaitement à la blancheur de son habit, richement orné de bijoux en tous genres, dont l'être était lui-même paré, un anneau argenté à l'oreille droite ainsi qu'une puce rouge sang juste au- dessus, une chaîne, également en argent, portant une perle d'une perfection troublante, diverses perles, passant par le blanc pur, l'ocre, le bleu pâle et le rouge sombre, parsemant ses longs cheveux blonds, qui lui tombaient gracieusement sur les épaules. Ses yeux argentés, étrangement fixes et surmontés de longs cils blonds, étaient fixés sur un point du tableau invisible pour toute personne qui y était étrangère, et semblaient brûler d'un feu intérieur par leur incandescence et la vie qui semblait s'en dégager.
Troublé par la beauté de ce jeune homme, Harry ne remarqua que quelques minutes après sa contemplation muette que celui ci n'était pas animé, comme les autres tableaux de Poudlard. C'était sans doute à cause de cela qu'il avait trouvé le regard du jeune homme tellement immobile. Et troublant.
Ses yeux voyagèrent sur les courbes parfaites qui formaient son visage, la rondeur de ses lèvres pleines et finement dessinées, mais, elles aussi, tellement pâle, comme l'ensemble de sa face régulière. Ses joues imberbes étaient surmontées de pommettes hautes, agrémentant l'allure fière que le brun avait donnée à l'inconnu. Une certaine arrogance pouvait également être perçue, dans le port hautain de la tête, la droiture des épaules, la régularité de certains détails infimes, les sourcils, d'un blond très pâle, dressaient en interrogation moqueuse, le léger sourire qui étirait les commissures à peine retroussées des lèvres, cette lueur amusée dans le fond du lac argenté de ses yeux.
"Sais-tu ... qui est cet homme ? articula difficilement Harry, le souffle coupé par la splendeur du tableau."
Le garçon à ses côtés secoua la tête en signe de négation. Il ignorait aussi pourquoi celui sur ce tableau restait immobile, semblable aux œuvres moldues inanimées. C'était pour lui un mystère depuis qu'il s'était aventuré pour la première fois dans ce couloir, accompagné de Severus Rogue, venu lui montrer la chambre qui lui était nouvellement attribuée grâce à a fonction de Préfet en Chef des Serpentard. Il avait d'ailleurs lui-même posé la question à son Professeur, qui n'en savait pas plus que lui, concernant l'identité du modèle et la « non vie » du tableau, bien qu'il semblait doté d'une âme et d'une volonté de vie dépassant l'entendement, malgré son immobilité. Malgré la fraîcheur qui existait dans les traits de la peinture, elle était peinte avec un style assez ancien et un peu démodé, bien que superbe, ce qui pouvait laisser penser que cette toile était assez archaïque et qu'aucun être vivant dans le château, hormis peu être les fantômes, ne connaisse l'identité du peintre comme du jeune homme.
Décidé à ne plus se préoccuper de cette question ce soir, le Serpentard saisi la main du Survivant, prononça le mot de passe (« Je suis le meilleur ») et pénétra dans sa chambre, en essayant d'ignorer les gloussements de son ami. Il n'avait en rien participé à la décision du mot de passe menant à cette chambre ; son ancien propriétaire, et peut être son prédécesseur dans la fonction de Préfet en Chef, était quant à lui probablement un Serpentard un peu imbu de lui-même, qui semblait éprouver une certaine satisfaction pour sa propre personne et un ego assez démesuré, pour ce que Draco pouvait en juger, quant au choix du terme barrant la route aux intrus. Il haussa un sourcil, au moment où il se rendit compte qu'il ne connaissait pas non plus le nom de celui à qui avait appartenu cette chambre avant lui. Encore une question qui resterait peut être sans réponse, chose dont le jeune homme avait absolument horreur.
Harry promena son regard sur l'ensemble de la pièce, plongée dans l'obscurité. C'était une chambre richement meublée et avec goût, dont la couleur prédominante était bien sûr celle de la Maison des Serpentards, à qui cette chambre semblait réservée. Celui qui y habitait avait à sa disposition un énorme lit à baldaquin, deux places bien sûr, un bureau en chêne, diverses armoires où il pouvait disposer le contenu d'une quinzaine de valises, une salle de bain personnelle, avec douche, jacuzzi, lavabo ..., une bibliothèque déjà remplie de plus d'une centaine d'ouvrages en tout genre, proposant des sujets des plus diverses, allant de l'élevage des vie poilus en Nouvelle Calédonie à certains livres traitant de la magie noire et de sortilèges interdits, en passant évidemment par les incontournables pavés culinaires de la magie. Soufflé par la majesté de la pièce, le Gryffondor s'immobilisa sur le palier de la porte, décidé à ne pas suivre tout de suite son compagnon dans la chambre pour mieux l'observer de l'extérieur. Un sourire amusé étirant se lèvres fines, le blond ne broncha pas et le laissa admirer en silence les moindres coins et recoins, sa main toujours serrée dans la sienne. Un peu mal à l'aise, le brun se décida finalement à faire un pas sur la moquette moelleuse et s'avança lentement dans la pièce, jetant des coups d'œil respectueux à tout ce qui ornait les murs, tableaux, tapisseries.
Décidément, il ne paraissait pas habitué à la vie dans le luxe et l'opulence dans laquelle avait vécu le jeune Serpentard depuis toujours, baigné dans la richesse et l'abondance. Pourtant, les lieux de Poudlard étaient eux même assez aisés, et il en était de même avec les salles réservées aux Gryffondors, comme pour les Serpentards. Cela aurait été très étonnant de la part du Directeur vie Dumbledore de favoriser la Maison de Salazar Serpentard dans la vie de tous les jours, et non celle dans laquelle il avait été lui même envoyé, et où se trouvait son élève préféré, le Survivant Harry Potter. C'était tout bonnement impossible. Tout cela pour en arriver à la conclusion que Draco ne parvenait pas à cerner l'étonnement et la perplexité dont faisait preuve son compagnon.
Il le tira davantage vers le centre de la pièce, un peu impatient de se glisser sous les draps en soie et de se coller au corps chaud de l'attrapeur des Gryffondors. Celui ci, déjà un peu nerveux, se tendit encore plus quand il vit que le blond l'entraînait vers le lit, qui trônait dans un coin de la pièce. Malgré toutes les paroles réconfortantes du jeune homme, il était assez effrayé par son empressement à le traîner dans sa couche. Il accepta de s'asseoir sur le matelas, qui s'enfonça légèrement sous son poids, et de se laisser embrasser par le Serpentard, qui venait de nouer ses mains derrière sa nuque raide.
A bout de souffle, il sentit à peine l'affaissement du lit à côté de lui, provoqué par l'arrivée discrète du blond contre son corps. Celui ci promena ses doigts sur la poitrine sensible du brun, sans cesse engagée dans un mouvement fébrile dû à la respiration saccadée du jeune homme.
"Draco ..."
Le souffle chaud de l'expiration du Gryffondor frappa le cou de l'interpellé, qui se serra davantage contre lui, désireux de sentir et de toucher sa peau brûlante. Inconsciemment, sa main se glissa sous le pull rouge et or du jeune homme et alla lui effleurer la poitrine, lui arrachant des gémissements sourds.
Mais il avait promis. Il lui avait promis de ne rien entreprendre ce soir, et il s'y tiendrait coûte que coûte, même si une grande frustration devait l'envahir dès qu'il ôterait ses mains de sur son corps, ce qu'il fit immédiatement, ses gestes empreints de désir et de résignation forcée. Harry leva vers lui des yeux étonnés mais reconnaissant et blotti son visage dans le creux de l'épaule du blond, fermant les yeux de fatigue et de délice.
Accompagnant ses gestes de douceur et de précaution, le Serpentard ôta tout les vêtements de son compagnon, excepté son boxer, et le coucha entre les draps frais, avant de se déshabiller à son tour et de s'étendre à ses côtés, en soupirant d'aise. Harry s'était déjà endormi, bercé par le bruit régulier de leurs respirations ainsi que le contact rassurant des mains de Draco sur se hanches. Celui ci ne se lassait pas d'admirer son visage apaisé par le sommeil, et le peu de lumière produite par la bougie, qui finissait de se consumer sur le bureau, envoyait des reflets dorés sur sa peau bronzée et souple. Le blond passa une nouvelle fois ses longs doigts sur la rondeur de sa joue, s'amusant de voir les ombres déferler au fur et à mesure que la pointe de ses doigts voyageaient sur son visage.
Il enfonça sa tête dans l'oreiller, sans quitter des yeux la figure de l'endormi, et se rapprocha un peu plus de lui et de la chaleur tentante qui se dégageait de son corps.
Sa vie avait pris un tournant assez irrésistible, bien qu'un peu inattendu, et qui risquait de lui attirait les foudres de son père, voire de son grand père quand celui ci l'apprendrait. Sa liaison avec Harry Potter allait sûrement faire jaser la population de Poudlard pendant un bon millénaire, et il fallait qu'il trouve au plus vite un moyen d'annoncer la nouvelle à son père, en l'enrobant de sucre, et en prévoyant LE moment adéquat pour le faire, c'est à dire qu'il fallait que le futur beau père du Survivant soit dans un état apte à recevoir ce genre d'informations. Donc, éviter au réveil, les retours du Ministère de la Magie après une longue et harassante journée de travail (bien que le jeune homme doute quelques fois que son père en connaisse l'exacte signification quand on connaît son quota de boulot quotidien), le moment qui suit les disputes avec Narcissa, après les visites régulières en ce qui concerne la vérification et la régulation d'objets considérés comme illicites, tels que certains instruments de Magie noire.
Par contre, il risquerait d'être de bonne humeur après la nuit qu'il venait de passer en compagnie de cet homme. Bon, il essaierait d'aller le trouver avant que ses cours ne commencent, le lendemain, mais après le petit déjeuner. Il y a certaines priorités dans la vie.
Satisfait des choix qu'il venait de faire, il remonta les couvertures juste sous son menton, bien décidé à finir cette nuit, qui lui paraissait bien courte et bien trop mouvementée pour son organisme sensible et nerveux. Il fallait qu'il se ménage, il y avait tout de même les cours à suivre, les interros, les examens. La vie quoi.
o ° O ° o
« Cet homme, ce vampire, bien que j'ignorât à cet instant qu'il en fut un, se tenait dans l'ombre d'un sycomore, sa longue chevelure noire et bouclée tombant sur ses épaules avec grâce. Ses yeux étaient plantés dans les miens, m'attirant indéniablement à lui par une force dont, encore aujourd'hui, j'ai du mal à décrire l'intensité. Son esprit m'appelait, me criait de m'approcher et de le rejoindre.
« Ce que je fis immédiatement. Mes pieds m'entraînèrent contre ma volonté vers lui, lui, qui m'attendait adossé au tronc de l'arbre, un sourire moqueur étirant ses lèvres. Je me retrouvais alors face à lui, le visage rougissant de m'être laissé ensorcelé ainsi par son regard, les bras ballant. Ce fut sans doute la première fois pour moi de me retrouver aussi déconfit devant un être, moi qui étais habituellement tellement éloquent et sûr de moi quand je me retrouvais en tête à tête, inconnu ou pas devant moi. J'avais la réputation d'être le beau parleur de la famille. « Il ne cessait de me sourire, mais ne prononça pas un mot lui non plus pendant les cinq premières minutes, le paysage paraissant plongé dans le même silence confus et complet que moi. Finalement, après ces interminables minutes, il leva sa main, très blanche aux longs ongles cassants, et me caressa la joue avec douceur, ses yeux brûlants me dévisageant.
« "Mon beau jeune homme, il est risqué de se promener seul dans ces jardins. On ne sait pas quelles malheureuses rencontres tu pourrais faire."»
« Je pense que c'est le fait qu'il me tutoies me réveilla de ma torpeur. Je chassai sa main de mon visage d'un geste brusque et le toisai à mon tour, avec toute la fierté et l'insolence dont je pouvais faire preuve, les poings posés sur mes hanches étroites.
« "Si c'est de votre compagnie dont vous parlez, je ne comprends pas en quoi elle pourrait me faire du tord. Je ne pense pas avoir quoi que ce soit à craindre de votre présence entre ses murs, bien que je doute qu'elle ne soit connue de nos hôtes. Je me sens davantage en droit que vous de me balader ici pour y faire ce que bon me semble." »
« Je pense qu'à sa place, je n'aurais pas hésité un seul instant à mettre une paire de claques au petit impertinent que j'étais à cette époque, en dépit de la maigre importance dont je faisais preuve. Mais sa patience était bien plus étendue que la mienne, les limites bien moins fragiles, et l'intérêt qu'il me portait les repoussait eu delà de l'imaginable. Je pensais devinait en lui un semblant de sympathie pour mon physique, mais je me trompais. Bien sûr, il avait aussi des vues sur mes fesses, mais ce n'était pas son objectif principal, uniquement une branche.
« Il éclata alors d'un rire froid et dénué de vie, qui me donna des frissons désagréables tout le long de ma colonne vertébrale. J'aurais sans doute dû acquiescer, ravaler mon orgueil et me tirer vite fait de là, mais mon honneur venait d'être bafoué pour la seconde fois, ce que je n'acceptais absolument pas à cette époque. L'adolescence est une période difficile à vivre, qui me demandait beaucoup de sang froid, ce que je parvenais difficilement à comprendre, encaisser et appliquer.
« D'un mouvement leste et déjà aisé pour son âge, je sortais ma baguette d'un pli de ma cape et la pointais vers cet inconnu, qui m'observa pendant mon manège sans broncher une seule seconde, ce qui ne fit qu'augmenter ma fureur. Les joues rougies par la colère, mes yeux gris étincelants, je m'immobilisais enfin, un léger sourire de triomphe ornant mon visage juvénile, mon bras tendu vers l'avant. Il ne me suffisait à présent qu'à prononcer le sort qui l'enverrai valdinguer à quelques mètres et l'assommerais un bon coup, voire l'expédier ad patres.
« Mais les mots ne sortaient pas de ma bouche, comme si je n'osais pas les prononcer, et qu'eux rester bloqués sur le bout de ma langue, mes lèvres formant une barrière infranchissable. Mes yeux trahissant ma soudaine émotion, je tentais de contrôler les tremblements qui parcouraient mes membres et m'empêcher de maintenir ma baguette en direction de l'homme. Celui ci me regardait, presque attendri par ma maladresse et mon manque de contrôle sur mon propre corps, qui pouvait trahir une carence de confiance en moi même, que je tentais de cacher par mon aisance discourir, mon charisme et mon charme naturel, et bien sûr par les nombreux atouts de mon corps.
« Il franchit les quelques pas qui nous séparaient à une vitesse telle que la tête me tourna quand il se retrouva à quelques centimètres de moi. Je fis en bon en arrière et me pris le pied dans la racine proéminente d'un arbre, pour m'écrouler magistralement sur le sol. Ma baguette vola à
plusieurs mètres et je me retrouvais soudainement collé au corps de cet homme, son visage enfoui dans les profondeurs de mon col, que j'avais préalablement déboutonné en raison de la chaleur de cette fin de journée. Ses lèvres se posèrent sur ma gorge offerte, alors que je m'agrippais à ses épaules musclées pour l'éloigner de moi, effrayé par la proximité de son être. J'avais toujours décidé quand, où et à qui m'offrir, et son voisinage aussi soudain et bien trop rapproché à mon goût ne me plaisait absolument pas.
« Je tentais de hurler pour avertir quelqu'un de mon malheur, mais l'apéritif avait attiré tout les invités assoiffés sur la terrasse, hélas bien loin de l'endroit où je me démenais actuellement. Le poids du corps de mon agresseur m'empêcha très vite de remuer et de me débattre à ma guise, ma frayeur grandissant au fur et à mesure que ses mains parcouraient mon torse. Ses yeux attiraient sans cesse les miens, bloquant mon regard dans le sien et paralysant mon être.
« Alors que j'abandonnais tout espoir que l'on me retrouve entier, il posa ses lèvres contre les miennes et pénétra ma bouche avec sa langue, me forçant à accepter son étreinte. Mordre la responsable de cette intrusion me traversa l'esprit un instant, mais fut vite chassé de mon esprit quand l'idée de la puissance de cet homme m'effleura. Ses mains saisirent mes poignets pour les maintenir sur le sol et ses hanches s'appuyaient continuellement contre mon entre jambe. Mes reins se cambrèrent douloureusement quand ses crocs pointus déchirèrent la chair sensible de l'intérieur de ma lèvre inférieure, mon sang s'en écoulant lentement pour être aussitôt aspiré et engloutit par l'homme.
« Je sus alors la nature de cet être qui m'embrassait et m'enlacer sur l'herbe fraîche de ce jardin, quelque part en France. Tout les cours de Défense contre les Forces du Mal, que je croyais inutiles et affligeants, me traversèrent l'esprit pour pointer en rouge une leçon que j'avais vu lors de la Troisième, puis Cinquième Année pendant mes études de Sorcellerie. Les interminables lignes que j'avais grattées sur parchemins me revinrent en mémoire presque aussi parfaitement que si je les avais face à moi, s'en suivant l'air blasé de mon prof devant mon manque d'intérêt évident pour cette matière.
« ... Sensibles à la lumière du jour et se nourrissant du sang d'êtres vivants, bien qu'ils aient une prédilection pour le sang humain, les Vampires sont des créatures démoniaques qui parcourent la surface de la Terre depuis la nuit des Temps. Pour la plupart de nature agressive et belliqueuse, ils n'attaquent pourtant que les représentants de la race humaine que pour chasser et se nourrir. Sa morsure n'est mortelle que si le Vampire ne vide sa victime de la quasi totalité de son sang, un retrait moins important de sang pouvant entraîner des fièvres et des douleurs, qui disparaissent en général après quelques jours. On a pourtant vu quelques rares cas se remettre miraculeusement après le Baiser d'un Vampire, bien que l'on ai pu remarquer quelques lésions intellectuelles après un coma prolongé dû à l'insuffisance de sang dans l'organisme.
« Contrairement à ce que l'on pourrait penser, il n'existe qu'un unique moyen pour détruire un Vampire : le Feu, le crucifix, le pieu en bois, l'ail et l'eau bénite étant inutiles quand on se retrouve face à un être possédant le Don Obscur. De même, une exposition à la lumière du jour ne lui ai en aucun cas fatal, bien que celle ci puisse le gêner quelque peu dans sa vision, mais jamais le détruire. Le Don Obscur lui confère des facultés magique dépassant celle acquises par les Sorciers : la Télépathie, la Télékinésie, la possibilité pour l'âme de se séparer de l'enveloppe mortelle, la capacité à voler, bien que celle ci diffère suivant le porteur du Don, la facilité à lire les pensées des mortelles, Sorciers et moldus confondus, la démonstration de la puissance cachée par l'apparition de gerbe d'éclairs, de volutes de flammes, pouvant détruire ce qui se trouve à proximité, l'aisance à contrôler et dominer des esprits faibles ou dotés de pouvoirs magiques inférieurs. Mais, leur plus grand pouvoir étant incontestablement la faculté de créer leur propre descendance vampirique sans avoir recours à la chair : la victime mordue et mortellement vidée de son sang a encore une chance de salut si le Vampire, alors gavé de son sang, lui fait partager son Don par l'intermédiaire du sang qui coule dans ses veines, mêlant le sien et celui de l'humain. Alors, si le Vampire offre son sang à sa proie en quantité suffisante pour ranimer son corps, celle ci devient Vampire à son tour, « l'enfant » de celui qui lui a donné son sang. Il se voit ensuite incapable de communiquer avec lui par la pensée mais possède une puissance égale à celle de celui qui l'a crée, transmise par son sang.« Le Vampire est un être non vivant, son corps étant mort lors de sa transformation. Il est immunisé à toute sorte et quantité de poisons, les éventuelles blessures causées par les armes se referment, la vitesse de la régénération dépendant de la quantité de sang présente dans l'organisme du Vampire. Son cœur continue pourtant de battre et son corps de grandir, pour finalement atteindre un état définitif, éternel et immortel, donnant au Vampire l'allure d'un humain d'une vingtaine d'années, avec des traits fins et androgynes, une peau pâle et à l'aspect fragile, des yeux brillants, des ongles longs et transparents comme du verre et, bien sûr, les crocs, incontournables. Le Vampire, pendant sa Métamorphose, aura pu observer ses canines grandirent et se limer en pointes, tranchantes comme des rasoirs. Ces dents sont indispensables pour la nutrition du Vampire, qui est, pour la plupart du temps, contraints de taillader la peau de se victimes pour s'abreuver de son sang, et pour cela, toutes les nuits, un jeun forcé entraînant des douleurs dues à la Faim croissante, pour finalement aboutir à un coma duquel la victime ne peut se sortir qu'avec l'absorption suffisante de sang.
« De même que l'absence de réactions face aux éclats du Soleil, le Vampire ne se voit pas obligé de dormir dans un cercueil, ou même de s'y installer pour se régénérer, bien que nous avons pu observer au cours des ans bon nombre de représentants du Don Obscur s'adonner au rite du cercueil pour conserver certaines apparences et aussi pour décourager de possibles visiteurs, ou, en dernier recours, leur donner une peur colossal au moment où ils poussaient le couvercle du cercueil, pour s'en nourrir après. Le Vampire ne connaît plus, après sa métamorphose, le besoin de dormir ou de se nourrir autrement qu'avec du sang, étant donné qu'il n'en éprouve plus le besoin corporel et nécessaire de l'humain. Il en ait de même pour les relations sexuelles, bien que le Vampire puisse procréer avec des humains et ainsi établir une descendance, qui ne sera pas mixte mais entièrement humaine. Le Vampire est d'ailleurs connu pour son goût prononcé pour la luxure et le raffinement. Il est parfois vu par certains anthropologistes comme la Luxure et la Chair incarnées en un corps à l'apparence humaine.
« Le Vampire est pourtant l'incarnation du Mal, du Malin sur Terre. ... »
« Ainsi donc, c'était ça un vampire. Ces minutes où je m'étais remémoré ce cours m'avait paru tellement longues qu'elles m'avaient semblaient être des heures. Les quelques gouttes de ce liquide si précieux parcourant mes veines qui s'échappaient régulièrement de mon corps pour rejoindre celui du Vampire me paraissaient s'écouler par litres, me vidant peu à peu de mon sang, pour me laisser près de la Mort. Les lèvres douces de l'être étendu sur moi se détachèrent des miennes, émettant un bruit de succion sourd, et il me soulagea de son poids, roulant sur le côté. Je pris une grande inspiration, me rendant soudainement compte que j'avais retenu mon souffle pendant toute la durée du Baiser, ravi de sentir l'air frais emplir à nouveau mes poumons. Mon cœur battait la chamade dans ma poitrine, résonnant en coups amortis dans mes oreilles.
« J'étais vivant, il m'avait épargné. Ce fut la première pensée qui m'effleura l'esprit alors que je clignais des yeux, aveuglé par la lumière du Soleil, et par mes propres larmes qui dévalaient le long de mes joues. Mes genoux s'entrechoquaient au même rythme insoutenable des battements de mon cœur, qui, je le crus un instant, allait exploser dans ma poitrine. J'essayais en même temps de comprendre pourquoi il m'avait pris aussi peu de sang et pourquoi il m'avait laissé la vie, alors qu'il aurait pu me l'ôter tout aussi facilement. Je songeais également au sort que je réservais à mon prof de Défense contre les Forces du Mal, à la rentrée, pour son manque d'explications concernant les moyens de défense contre les Vampires. Celui qui se trouvait à mes côtés, observant le ciel avec éblouissement, semblait avoir autant de mal que moi à retrouver une respiration normale. Il tourna vers moi un regard ému et un peu consterné.
« "Alors, mon jeune ami, comment te sens tu ? Je pense ne pas y être allé trop fort pour la première fois ... C'était toujours un peu douloureux, comme l'expérience sexuelle. De même, si tu le désires, je pourrais t'apporter un plaisir infini par la suite. Je sais m'y prendre, et il ne te suffis qu'à m'accepter à tes côtés pendant que je t'enseignerais certaines choses de la vie, qu'en penses tu ? Bien sûr, il me faudra de ton sang pour que nous puissions nous lier ... Ton professeur ne t'as pas parler du lien qui unit le Vampire à son Calice ? »
« "... N ... non ... »
« " Dans c cas là, ce sera la première chose à laquelle il faudra que je t'initie. Par la suite ... non, je ne vais pas hâter les choses ..." »
« Et jamais il ne l'a fait par la suite. Il a toujours été d'une douceur et d'une patience qui dépassait les limites du raisonnable, surtout avec un élève comme moi. Il savait parfaitement que je ne pouvais qu'accepter, ma curiosité et mon désir de la sensualité prenant le dessus sur ma raison. Alors que j'étais toujours étendu sur le sol, il s'était relevé avec grâce et époussetait ses vêtements avec le dos de sa main, l'esprit apparemment occupé par un autre problème que le mien. En effet, un peu étonnées de ne pas me voir réapparaître, plusieurs personnes s'étaient mises en quête de me retrouver et approcher dangereusement de l'endroit où nous nous trouvions. J'entendais leurs pas qui devenaient de plus en plus audibles, et leurs voix plus distinctes à mesure qu'ils venaient par ici.
« Je lançais un regard interrogateur à mon Vampire, qui me répondit aussitôt par un sourire rassurant et charmeur, dévoilant ses deux crocs blancs débordant sur sa lèvre inférieure. Il était absolument superbe. Je me levais à mon tour et le laissait m'approcher à pas lents, pour caresser ma joue glabre de sa paume.
« "Mon beau, je reviendrais bientôt. En attendant, n'accepte aucune offre de la part de ces mortels, je te veux pur et dispos à mon retour." »
« Il déposa ensuite un baiser furtif sur mes lèvres et disparut dans un éclat chatoyant de soie noire. Ma première vision de l'Enfer et du Vice venait de m'être offerte, et promettait de se renouveler au plus vite. »
To be continued.