Mon père, ce…
Par Maria Ferrari
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Les personnages et l'univers de Harry Potter appartiennent à J.K. Rowling.
Base : Tomes 1 à 4 de Harry Potter
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—Chapitre 3 – Docilité—
Severus poussa brutalement la porte de son cachot et alla se placer derrière son bureau sans prononcer une seule parole. Il entendit Londubat lui demander s'il avait couru, ce qui faisait sans aucun doute référence aux gouttes de sueur qui lui dégoulinaient des tempes. La réponse à cette question était "oui" puisqu'il avait effectivement couru. Au lieu de répliquer sèchement et d'enlever des points aux Gryffondor pour impertinence, il s'entendit bredouiller une réponse vague. Il plongea ensuite les yeux dans le manuel des potions de cinquième année afin d'indiquer la page et la potion à réaliser, sans plus d'explications.
Severus hésitait à regarder ses élèves en face. Il sentait à la chaleur de son visage qu'il n'était pas aussi pâle que d'habitude. Et il y avait cette maudite transpiration… pourvu qu'elle sèche rapidement. Par bonheur, il ne sentait pas mauvais ; du moins, il n'en avait pas l'impression. Cependant, les années passées dans son cachot à renifler les odeurs puissantes des potions lui avaient quelque peu émoussé l'odorat.
Il tenta de reprendre une attitude normale et digne. Il n'avait aucun souci à se faire après tout : il n'y avait aucune raison que les élèves devinent quoi que ce soit de ce qu'il venait de faire. D'ailleurs, à bien y réfléchir, même si ça leur venait à l'idée, ils s'empresseraient sûrement de l'effacer en se disant que ce n'était pas possible, que c'était Rogue et que Rogue est totalement asexué, tout le monde le sait, et même en admettant que ce soit possible, qui voudrait faire… ça avec lui ? Il était persuadé – à juste titre du reste –que tous ses élèves pensaient ça de lui, Serpentard y compris. La dernière chose qui leur viendrait à l'esprit serait de l'imaginer en train de faire… ça. D'ailleurs, lui-même ne s'était jamais imaginé en train de faire… ça. Il s'était cru au-dessus de tout cela. Dans une catégorie à part. Et boum ! Lucius Malefoy débarquait et semait la pagaille dans son absence totale de sexualité.
Cela remettait toute sa personnalité en question !
~oOo~
Severus profitait de la courte pause avant son heure de cours avec les cinquième année Serpentard et Gryffondor pour corriger les trois dernières copies des Poufsouffle de première année. Il voulait les leur rendre le lendemain.
Il était seul dans la salle des professeurs, du moins le pensait-il jusqu'à ce qu'une main vienne se poser sur son épaule.
« Bonjour Severus », salua Lucius Malefoy.
Que faisait-il là ? Pourquoi était-il là ?
Est-ce qu'il était là pour lui ?
La dernière fois que Severus avait vu Lucius, ils étaient tous les deux enchevêtrés dans un amas de casseroles. Cela s'était passé plus de deux mois auparavant. Lucius l'avait embrassé, comme ça, sans raison apparente. Puis, il était parti sans expliquer son geste.
« Désolé de ne pas être revenu plus tôt, mais je voulais préparer ma défense pour le procès, expliqua-t-il de façon neutre. Maintenant qu'il est terminé, je peux venir finir ce que j'avais commencé », ajouta-t-il, la voix plus chaude.
Qu'entendait-il exactement par "finir ce qu'il avait commencé" ? Severus sentit une vague d'appréhension déferler, en même temps qu'une sourde excitation des plus déplacées. Il ne pipa mot, ne répondit même pas à son bonjour ; il s'apprêtait à lui demander des précisions lorsque Minerva McGonagall pénétra dans la salle.
« Bonjour Lucius, fit-elle assez froidement quand elle se rendit compte de la présence du récent acquitté.
— Minerva », répondit-il tout aussi froidement avec un hochement de tête.
Lucius ne s'était jamais bien entendu avec Minerva McGonagall. Cela n'avait aucun rapport avec Voldemort, la magie noire ou une autre activité illicite – et Salazar savait qu'il en avait tâté de nombreuses. Lucius avait eu dès sa première année d'excellentes dispositions pour la métamorphose – ce qui n'était pas en soi pour déplaire à celle qui enseignait cette matière –, cependant, il avait trouvé le moyen et accompli la performance de transformer le bureau de son professeur en un iguane gigantesque. Comme Minerva y était assise, la bête monstrueuse avait atterri sur ses genoux.
Inutile de préciser que Lucius avait compris ce jour-là que son professeur et lui-même ne partageaient pas la même notion de ce qui était drôle et de ce qui ne l'était pas. Il avait écopé d'une semaine entière de retenue, fait perdre cinquante points à sa maison et se demandait encore par quel miracle la main de Minerva n'avait pas claqué violemment sa joue. Il lui accordait au moins ça : elle avait un certain sang froid. Depuis lors, leur relation n'avait pas été au mieux. Elle n'avait été arrangée en rien le jour où Minerva avait appris que Lucius était probablement devenu Mangemort.
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Avant de sortir, Lucius jeta un coup d'œil évocateur à Severus que ce dernier intercepta. Il resta quelques secondes les yeux fixés sur le panneau, totalement ignorant des sourcils froncés de Minerva qui se demandait bien ce que voulait son collègue à cette porte – ou à l'individu qui venait de la passer – pour la surveiller ainsi. Il se leva brusquement de sa chaise, la faisant tomber en arrière, avant de sortir précipitamment.
« Quelle mouche le pique ? » s'exclama Minerva qui n'avait pas l'habitude de voir Rogue agir d'une telle façon. Elle fronça les sourcils et alla remettre la chaise debout – elle ne supportait pas le désordre.
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Severus s'aperçut que Drago le fixait en grimaçant.
« Quoi ? s'exclama-t-il sur la défensive.
— Rien, Professeur » répondit le jeune Malefoy en se concentrant à nouveau sur l'émiettement de sa feuille de Torapa.
Severus n'avait pas du tout aimé la grimace de son élève. Qu'est-ce qu'elle signifiait exactement ? Pourquoi l'avait-il regardé ainsi ? Il n'avait tout de même pas deviné… si ? Merlin ! C'était gravé sur son visage, il suffisait juste que la personne soit un peu perspicace pour déchiffrer et comprendre.
Drago était perspicace.
Cependant, Drago ne pouvait deviner qu'il avait fait ça avec son père.
Non, cela, il ne le pouvait pas. Lui-même, d'ailleurs, avait encore du mal à le réaliser.
~oOo~
Qu'est-ce qu'il lui arrivait ? Qu'est-ce qu'il lui prenait de jaillir comme un diable de sa boîte pour rattraper Lucius ? Voulait-il juste savoir ce que ce dernier entendait par "finir ce qu'il avait commencé" ? Il connaissait très bien la réponse, il était loin d'être idiot. En fait, il avait besoin d'une… confirmation.
Il n'eut pas un long chemin à faire, Lucius l'attendait dans le couloir.
« Où se trouvent tes appartements ? » demanda-t-il.
Ses appartements. S'il avait encore un doute sur les intentions de Lucius, celui-ci venait de laisser place à une certitude inébranlable. Lucius le voulait dans sa couche (ou ailleurs pourvu qu'ils y soient ensemble et qu'ils y commettent le péché de chair). Cela paraissait surréaliste, néanmoins cela expliquait le baiser… et cela ne déplaisait pas outre mesure à Severus.
Par contre, il avait ouï dire que Lucius collectionnait les amants. Sans doute que si Lucius le voulait, c'était juste pour un challenge qu'il s'était fixé. Cette idée déplaisait souverainement à Severus : avait-il envie d'être un trophée de plus sur le tableau de chasse de Lucius Malefoy ? Son cerveau répondait fermement "non". Cependant, son corps était d'un avis tout à fait contraire… et encore plus ferme. C'était d'ailleurs son corps, s'affranchissant de sa raison, qui l'avait fait bondir de sa chaise pour rejoindre Lucius. Il avait ignoré pendant trop longtemps ses besoins, son enveloppe charnelle se rebellait contre l'abstinence que lui dictait son tyran de cerveau.
Il ne dit pas un mot et marcha vers ses appartements, Lucius lui emboîta le pas.
~oOo~
Severus se mit à parcourir l'allée tout doucement, les yeux fixés sur un livre dont il ignorait titre, sujet et contenu, car tous les mots qu'il lisait étaient aussitôt effacés de son esprit bien plus préoccupé par ce qui venait de lui arriver et par la douleur – tout ce qui lui restait de son plaisir – qu'il ressentait à un certain endroit de sa personne que par tenter de comprendre cette lecture qui lui était parfaitement égale.
Il entendait vaguement les murmures plus forts que de coutume des élèves et assimilait ce qu'ils disaient plus que le contenu de son livre. Seamus n'avait plus de pissenlits, Finnigan lui en passait. Crabbe se mélangeait une fois de plus les pinceaux dans les ingrédients et Malefoy essayait tant bien que mal de l'aider. Parkinson se moquait des cheveux de Granger avec ses amies ; les quolibets habituels, rien de nouveau. Malefoy s'énervait après Crabbe qui écorchait une fois de plus les noms des ingrédients. Neville faisait des erreurs pour ne pas changer.
« Professeur Rogue ? Je crois que j'ai un problème. »
Severus releva le nez de son livre.
« Quelle maladresse avez-vous encore commise Monsieur Londubat ?
— J'ai mis le pissenlit avant… et on vient de me dire qu'il ne fallait pas. »
Severus se rapprocha de la table où était installé le Gryffondor maladroit et distrait pour constater les dégâts. D'un coup d'œil expert, il les évalua.
« Monsieur Londubat, allez me jeter votre mixture dans l'évier et recommencez votre potion. Si vous avez mis le pissenlit avant, elle est irrattrapable. Sans compter que vous n'avez pas mis assez d'eau au départ et que vous avez remplacé les pattes d'araignée par des pattes de cafard, je le vois à la couleur.
— J'ai fait ça ?
— Oui, vous avez fait ça. La couleur de votre potion en témoigne. Allez me jeter ça dans l'évier et repartez de zéro. »
Severus s'éloigna de Neville, parcourut quelques lignes de son livre, comprit la première, la deuxième et replongea dans ses pensées dès la troisième.
A partir du moment où Lucius désirait quelque chose, il le considérait déjà comme acquis, et Severus n'avait rien fait pour contrarier cette impression commune à tous les Malefoy que le monde leur appartenait. Rien du tout. Bien au contraire…
~oOo~
Lucius lança sa canne sur le canapé. Il enleva son manteau, le plia en deux et le jeta nonchalamment sur le dossier du fauteuil. Il jaugea la pièce du regard. Elle laissait une impression d'encombrement, notamment à cause des étagères débordantes de livres, tellement surchargées que des cartons avaient été appelés en renfort pour loger le surplus. Il y avait cinq grands cartons bien remplis posés à même le sol, ce qui rendait les déplacements périlleux. Lucius, à qui il arrivait fréquemment de se déplacer dans son manoir dans l'obscurité la plus totale, se dit qu'il n'agirait certainement pas de même ici de peur de finir ses nuits à l'infirmerie.
Mis à part les livres qui couvraient tout, il trouvait la pièce convenable. Ce n'était certes pas le luxe auquel il était habitué, toutefois il s'en contenterait. Il considéra ensuite le canapé, le fauteuil, puis se dit, fort justement, qu'ils seraient plus à leurs aises dans un lit. Surtout que canapé et fauteuil n'étaient plus destinés depuis longtemps à s'asseoir vu les livres et autres objets hétéroclites qui s'y amoncelaient – dont un yoyo parfaitement incongru. Il aurait cru Severus un peu moins bordélique, voire même plutôt organisé. Il regarda son hôte et constata que celui-ci n'était absolument pas gêné que Lucius admire sa conception toute personnelle du rangement.
« Ta chambre ? » demanda-t-il laconiquement.
Severus lui indiqua une porte. Lucius eut un sourire discret et amusé. Depuis combien de temps Severus refoulait-il ses envies pour être aussi facile ? Pas qu'il s'attendait à affronter beaucoup de difficultés : il ne doutait ni de son charme, ni de sa persuasion ; malgré le caractère bien trempé de Severus, il n'avait pas douté une seconde qu'il parviendrait à le faire tomber dans ses bras quasiment en un claquement de doigt.
Cependant, là, c'était beaucoup mieux que ce qu'il n'aurait jamais espéré… c'était même presque trop simple, trop aisé. Il aurait bien aimé un minimum de résistance, ne serait-ce que pour l'amour du sport qu'était la séduction.
Il reprit sa canne pour l'emmener avec lui, se dirigea vers la porte désignée, l'ouvrit et pénétra dans la chambre. Il remarqua qu'il y avait là aussi des étagères croulant sous les livres, ainsi qu'un carton – un de plus – gisant sur le sol. Aucunement la peine de demander son loisir préféré à Severus après avoir vu ses appartements. Si salle de bains et toilettes étaient à l'identique – ce qui était possible car il semblait y en avoir partout –, il allait finir par croire que Severus possédait plus de livres qu'il n'y en avait dans la bibliothèque de son manoir.
Il porta son attention sur le lit et se dit avec tristesse que ce pauvre meuble – destiné à son sens à servir autant de support au sexe qu'au sommeil – n'avait jamais dû connaître de couples s'ébattant follement dessus – en tout cas : pas depuis que Severus était devenu professeur. Que ce lit avait dû s'ennuyer jusqu'à sa venue ! Au moins, ne connaissait-il pas l'insigne honneur de disparaître sous les livres comme la plupart des autres meubles, c'était toujours ça de pris.
Il se tourna pour constater que Severus restait toujours timidement dans l'autre pièce. Il l'observa durant quelques instants, se demanda ce qui avait bien pu le pousser à venir ici, à vouloir faire ça avec lui. Il connaissait déjà la réponse à cette question, il avait eu le temps de la tourner et la retourner dans son esprit : il était inexplicablement attiré par Severus. Il le voulait. Il s'en était rendu compte il y a deux mois, dans la cuisine de Poudlard, quand ce besoin irrépressible de l'embrasser l'avait pris.
Ce qui l'inquiétait, c'était qu'il avait envie d'être tendre avec Severus. Non pas qu'il ne soit jamais tendre avec ses amants, il était exactement comme il fallait pour eux. Il se mettait en devoir, par orgueil et pour l'honneur, de toujours donner un plaisir sans fin quand il faisait l'amour. Cela dépendait donc de la personne avec qui il couchait, si celle-ci avait besoin de tendresse, elle en avait.
Là, il avait envie d'être tendre pour être tendre. Cela l'ennuyait prodigieusement car cela pouvait signifier qu'il avait plus qu'un simple besoin physique à assouvir avec Severus. Il s'était donc décidé à venir ici, à lui faire l'amour, à voir comment il se sentirait vis-à-vis de Severus ensuite et comment celui-ci réagirait. Il aviserait en fonction.
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Severus était toujours bloqué dans le salon, Lucius l'invita d'un geste et d'un sourire à le rejoindre. Le sorcier brun obéit à cette injonction silencieuse et polie : il entra à son tour dans la chambre.
Il avait beau être dans ses appartements, il avait l'impression que Lucius se sentait plus chez lui que le propriétaire des lieux lui-même. Il s'approcha gauchement de lui. Il se sentait comme une adolescente et se trouvait stupide. Lucius lui prit délicatement le menton pour mener ses lèvres aux siennes. Un baiser doux. Severus clôt instinctivement ses yeux pour accorder toute son attention aux sensations qui l'envahissaient au contact de Lucius. Il sentit une main glisser sur son dos en partant du haut et se détendit totalement. Ses mains prirent naturellement appui sur Lucius, l'une sur sa hanche, l'autre sur sa fesse, et il participa au baiser que Lucius rompit pour le guider jusqu'à sa couche.
Le maître des potions s'y assit. Il regarda Lucius déboutonner sa chemise avant de se pencher sur lui pour l'embrasser et le forcer – sans y paraître – à s'allonger sur le lit. Severus entendit deux bruits successifs, il les identifia comme étant les bruits de chute des deux chaussures de Lucius que celui-ci venait d'ôter. Pour ne pas être en reste, il fit également tomber les siennes.
Lucius commença à déboutonner la robe de sorcier de son partenaire. Severus ôta sa chemise à Lucius, il prenait doucement ses marques dans ce petit jeu, il y prenait surtout goût. Il se mit à caresser son torse et entoura de ses jambes celles de l'homme le plus riche du monde non Moldu.
Lucius parvint à ses fins avec la robe de Severus, celle-ci se retrouva au sol, la chemise qui était en dessous suivit le même chemin. Il ne restait plus que deux malheureux pantalons comme remparts entre leurs corps ; ceux-ci furent proprement et rapidement éjectés.
Lucius jeta un coup d'œil discret à l'horloge ; la fin de la pause approchait. Il avait intérêt à en venir rapidement au principal s'il ne voulait pas que Severus lui glisse entre les doigts sous le prétexte fallacieux qu'il avait un cours à donner. Lucius doutait que Severus ait envie de s'en aller, néanmoins, il valait mieux éviter de lui laisser des raisons valables pour le faire car le blond avait besoin d'une réponse quant à ce qui l'attirait chez Severus : simple désir sexuel ou quelque chose de plus profond ? Si c'était une attirance d'ordre sexuel, une simple partie de jambes en l'air arrangerait tout, si c'était plus, alors il aurait encore envie de Severus après. Quoi qu'il en soit, il aurait la réponse à sa question en lui faisant l'amour.
Il fallait qu'il parvienne à ses fins avec Severus, s'il lui laissait le temps de réfléchir, il allait s'apercevoir que son cours suivant n'allait pas tarder à commencer et s'y précipiterait car il avait horreur d'être en retard ; Lucius en serait quitte pour patienter jusqu'à la fin du cours. D'ici là, Severus réfléchirait et risquait de changer d'avis. Et même en admettant qu'il ne change pas d'avis, cela faisait deux mois que Lucius attendait – il s'était forcé à attendre deux mois pour s'assurer une défense parfaite à son procès, pour être sûr que ce genre de choses ne le distrairait pas – maintenant, le procès était fini, donc, la promesse qu'il s'était faite à lui-même d'attendre ne tenait plus. Il n'était plus disposé à patienter ne serait-ce que deux heures de plus.
C'est maintenant qu'il voulait prendre son plaisir et maintenant qu'il voulait obtenir la réponse à sa question.
Cela étant, s'il brusquait Severus, celui-ci risquait de le repousser, de ne plus jamais vouloir qu'il le touche. D'un autre côté, s'il patientait et le laissait aller à son cours, Severus allait avoir le temps de réfléchir, d'analyser la situation, il allait sûrement décliner ses avances à l'avenir. Quitte ou double. Lucius opta pour la réalisation immédiate de son fantasme quotidien depuis deux mois. Toutefois, il fallait qu'il prépare un minimum Severus. Heureusement, Lucius connaissait tous les charmes nécessaires pour préparer efficacement en deux secondes ses amants, il avait de longues années d'expérience derrière lui. Il rusa pour mettre Severus sur le ventre, attrapa adroitement sa canne et dégaina sa baguette. Le maître des potions l'entendit marmonner quelque chose avant de sentir son poids sur lui.
Severus poussa un gémissement de douleur lorsque Lucius s'invita en lui. Comme Severus relevait la tête soudainement, choqué par l'intrusion brutale, ses yeux se posèrent sur l'horloge pour constater avec horreur que son prochain cours débutait dans cinq minutes.
« Lu… cius… il… il faut… je… dois… cours… potions… cinquième… Serpentard… Gryff… aaahh ! »
Double, pensa victorieusement Lucius.
~oOo~
Marchant mécaniquement au milieu de l'allée, Severus ne se trouvait plus dans sa salle de cours mais entièrement immergé dans ses pensées, récapitulant ce qui s'était passé et, surtout, comment ça s'était passé. Il s'était laissé faire bigrement facilement. Il avait été extrêmement docile.
Qu'il était merveilleux d'être docile parfois !
Même la douleur dans son arrière-train ne vint pas contredire cette pensée.
~oOo~
Le plaisir envahissait Severus comme Lucius le besognait avec application tout en continuant à le caresser. Il l'embrassait aussi de temps en temps sur la nuque et les épaules. Amant attentionné. Severus mit de côté la brusquerie dont Lucius avait fait preuve en le pénétrant et oublia momentanément les cinquièmes années Serpentard qui débarqueraient avec les Gryffondor dans sa salle de classe dans moins de cinq minutes.
Qu'ils aillent au diable !
Le professeur avait confusément l'impression que Lucius connaissait mieux son corps qu'il ne le connaissait lui-même pour réussir à lui donner pareil plaisir. Il perdit toute notion de temps, d'espace : il s'abandonna totalement. Les cris, gémissements et soupirs se succédèrent dans sa bouche en fonction des changements de rythme de son amant.
Lucius se libéra finalement dans son corps en poussant un gémissement rauque et se retira ensuite. Severus resta quelques secondes la tête plongée dans l'oreiller, tentant de regrouper ses idées après l'orgasme que Lucius venait de lui offrir. Il redressa la tête et tomba de nouveau face à l'horloge : il avait pratiquement vingt minutes de retard. Cela avait duré si longtemps que ça ? Il était en retard, très en retard, c'était la première fois que ça lui arrivait.
Il se leva brusquement, attrapa ses affaires, les enfila rapidement et sortit sans adresser la parole à Lucius.
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Dès que son cours fut terminé, Severus partit d'un pas rapide vers ses appartements. Il entra et ne vit personne dans le salon, personne dans la chambre, personne dans salle de bains, personne nulle part.
Il était parti.
Il s'assit sur le lit qui avait supporté leurs étreintes de cet après-midi. Il se sentait triste et seul. Ce n'était pas la première fois qu'il était triste et seul, mais c'était la première fois que cela lui pesait autant.
Il était parti.
