Mon père, ce…

Par Maria Ferrari

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Les personnages et l'univers de Harry Potter appartiennent à J.K. Rowling.

Base : Tomes 1 à 4 de Harry Potter

Pour que vous vous y retrouviez dans ce chapitre, je vous ai récapitulé ici les équipes de Quidditch :

Joueurs Serpentards 1971 :

Lucius Malefoy (capitaine et poursuiveur)

Esteban Quasadro (poursuiveur)

Laura Fitfool (poursuiveuse)

Marcellus Gan (batteur)

Antonius Sliver (batteur)

Zak Amstrong (gardien remplaçant)

Suzan Bergson (attrapeuse)

Joueurs Serdaigles 1971 :

Thallus Ronnigton (capitaine et poursuiveur)

Katarina Kitof (poursuiveuse)

Arturo Dratti (poursuiveur)

Arnold Martz (batteur)

Max Stumblood (batteur)

Sarah Zindrum (gardienne)

Lance Jones (attrapeur)

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—Chapitre 10 – Serpentard vs Serdaigle—

Assise dans la salle des professeurs, Minerva corrigeait des copies tandis que Severus tentait de remettre la main sur le paquet de café ; le doute se faisait dans son esprit quand au fait que le dernier qui l'avait utilisé l'avait fini et ne s'était pas donné la peine de le remplacer ; ou alors il n'était pas fini et il avait été caché ou mal rangé, ce qui était pire. Le maître de potions se tourna machinalement vers la porte quand il entendit celle-ci s'ouvrir.

« Bonjour ! salua une voix autoritaire et énergique.

— Professeur Chugern ! s'exclama Severus, visiblement ravi, oubliant d'un coup son précieux paquet de café perdu.

— Agatha ? s'exclama Minerva, visiblement beaucoup moins ravie, oubliant d'un coup son tas de copies à corriger.

— Minerva ! Très chère, comment allez-vous ?

— Très bien, et vous chère Agatha ?

— Je me porte à merveille : je viens voir mes anciens élèves mettre la dérouillée du siècle aux Serdaigle – dommage que ce ne soit pas aux Gryffondor ; enfin, on ne peut pas tout avoir ! Comment vas-tu Severus ?

— Très bien, je suis très content de vous voir. » Il se sentait rajeunir à revoir son ancien professeur.

« Comme je comprends ça ! approuva Agatha, se posant une main sur le cœur et faisant une moue appréciative.

— Ainsi donc, le bruit de ce match est parvenu jusqu'à vos oreilles même au fin fond de l'Afrique.

— Je sais que j'ai toujours eu l'ouïe fine mais n'exagérons rien ! En fait, j'ai eu une invitation en bonne et due forme de la part de Lucius Malefoy – brave petit, il savait que cela me ferait plaisir ! A part ça, quoi de neuf ? »

Minerva réfléchit quelques secondes avant de parler ; elle ruminait surtout le moyen de clouer le bec à son ancienne collègue.

« Vous ne recevez toujours pas la Gazette du Sorcier ?

— Ce tissu d'idioties ? Non.

— Vous n'avez donc sans doute pas appris que celui qui vous a lancé une invitation connaît enfin le nom de son père.

— Tiens donc ? Il doit être content, cela faisait tellement longtemps qu'il avait envie de le savoir. Qui est-ce ?

— Albus Dumbledore. » Quant au fait que Lucius en soit content, Minerva n'en était pas persuadée ; mais elle se garda bien de le préciser, Chugern arriverait à cette conclusion d'elle-même.

Agatha resta sans voix durant quelques secondes puis éclata de rire.

« Elle est bien bonne ! Le pire, c'est que j'ai failli y croire ; vous ne m'avez pas habituée à faire des plaisanteries !

— Professeur Chugern, c'est l'exacte vérité », informa Severus.

Elle comprit alors que Minerva ne se moquait pas d'elle ; jamais Severus ne lui mentirait ou tenterait de la mener en bateau pour quelque motif que ce soit.

« Peste ! jura-t-elle.

— Un de vos élèves favoris fils de votre plus grand rival… remarqua Minerva, un sourire en coin.

— Mon plus grand rival ? Si les grands pontes ne souillaient pas leurs culottes à chaque fois qu'un Serpentard obtient un poste à haute responsabilité, c'est moi qui serais directrice de cette école en ce moment ! La vie est ainsi faite, les Serpentard sont des gens ambitieux qui veulent toujours aller plus haut ; de fait, à chaque fois qu'un d'entre eux monte d'un grade, ceux qui sont sur les étages supérieurs commencent à craindre de se faire piquer leurs places. Oublions cela, je suis très contente de m'occuper de mes petits africains, il y en a un certain nombre à être bourré de talents ! Je pense d'ailleurs créer une école qui les rassemblera tous. Peut-être un jour fera-t-elle concurrence à Poudlard.

— Je n'en doute pas une seconde. »

Rogue était sincère. Il avait toujours admiré le professeur Chugern.

« Viens avec moi, Severus. Tu vas me raconter tout ce qui s'est passé ces dernières années en détail », ordonna Agatha en l'attrapant par le bras. Ils sortirent de la salle, puis du château et marchèrent ensemble dans le domaine de Poudlard.

-

« Vous avez tout de même eu vent de la disparition de Voldemort ? » Severus s'informait pour savoir l'étendue de l'ignorance de son ancien professeur ; cette dernière ne marqua aucune surprise à sa question, elle était donc au courant.

« Oui. Qui plus est, je sais que celui qui l'a tué n'est autre que Lucius Malefoy. J'ai été ravie de cette nouvelle. Qu'il recommence à jouer au Quidditch est également une très bonne chose. Peut-être le Lucius que je connaissais va-t-il finir par reprendre ses droits. Passons : raconte-moi comment se passe ton professorat ; j'espère que tu mènes la vie dure aux Gryffondor.

— Evidemment. » Un sourire complice effleura ses lèvres ; maltraiter les Gryffondor était une très ancienne tradition que Severus n'aurait renié pour rien au monde. « Moins depuis quelques temps car j'ai fait la promesse d'être moins dur avec eux, ajouta-t-il avec une légère grimace

— Fais attention à ne pas être trop souple, le responsable de Serpentard se doit de rééquilibrer les forces.

— Disons que j'étais peut-être un rien trop injuste envers eux auparavant.

— Non ? Tu étais pire que moi ? ça, c'est la meilleure ! Dumbledore s'arrange pour me passer à la trappe et il prend quelqu'un de pire que moi avec ses petits chouchous ? »

Severus arrêta de marcher et regarda Agatha dans les yeux.

« Vous passer à la trappe ? Vous n'aviez pas démissionné ? »

Elle l'observa quelques instants, un peu lasse ; elle détourna le regard et reprit sa marche. Severus la suivit.

« Je suppose que c'est ce qu'il t'a raconté, commença-t-elle. J'ai décidé de ne pas faire de vagues quand j'ai su qui était mon remplaçant – je savais que tu serais à la hauteur –, et puis, il y avait un côté politique à cette affaire. Tout le monde murmurait que Voldemort avait été mon élève et que je l'aimais beaucoup. C'était vrai ! Cependant, je n'étais pas pour autant d'accord avec lui et je n'ai guère apprécié qu'il devienne ce qu'il est devenu – un beau gâchis d'ailleurs ! – Bref, Dumbledore, avec ma "démission", faisait d'une pierre trois coups, il se débarrassait d'une personne qui lui pourrissait la vie, il faisait plaisir aux gens du ministère qui me voyaient d'un mauvais œil, et il offrait ma place à quelqu'un qui avait espionné pour lui – car j'ai appris ça aussi : tu as joué les agents doubles ?

— J'ai l'impression de vous avoir volé votre place, s'excusa Severus, omettant la tentative de Chugern de faire dévier la conversation.

— Ne dis pas ça. Je suis finalement très contente de mon sort. Tu es un excellent professeur et moi, j'ai des projets bien plus ambitieux et modernes que ceux que j'avais à l'époque. Dans un certain sens, Dumbledore m'a rendu service, à moi et à mes petits élèves. Je mentirais si je te disais que le coup qu'il m'a fait ne me reste pas en travers de la gorge. Et je ne sais pas si je réussirai à me faire à l'idée que Lucius puisse être son fils… Dire qu'il y en a qui prétende que les chiens ne font pas des chats ! »

Ils sourirent tous les deux.

~oOo~

Le jour du match tant attendu – et redouté pour certains – était enfin arrivé. Les tribunes se remplissaient comme l'heure du coup d'envoi approchait. Severus Rogue et Iris Sinistra, les deux professeurs Serpentard, s'avançaient vers l'entrée donnant l'accès à la tribune vert et argent.

« Où allez-vous tous les deux ? questionna Agatha Chugern comme ils passaient à côté d'elle en la saluant.

— Dans la tribune des Serpentard, répondit Sinistra.

— Où voudriez-vous que nous allions ? ajouta Severus, intrigué.

— Voyons mes pauvres enfants ! Un match avec les Serpentard, c'est beaucoup plus divertissant à regarder de la tribune des Gryffondor ! proclama Agatha, les yeux malicieux. Surtout quand on est assis à côté de cette chère Minerva, ajouta-t-elle. Dommage que ce ne soit pas aux Gryffondor que nous mettions la raclée du siècle, c'aurait été encore mieux… Suivez-moi tous les deux. »

~oOo~

Assis à la tribune rouge et or, Albus grignotait un pain chocolaté avec gourmandise en observant les gradins qui se remplissaient. Une sourde angoisse pointait dans son ventre alors qu'approchait le coup d'envoi ; quand il était angoissé, il se plaisait à manger, là où beaucoup ne pouvait au contraire plus rien avaler.

« Oh non ! s'exclama soudainement sa voisine d'une voix catastrophée.

— Qui y a-t-il, Minerva ? demanda Dumbledore en se tournant vers elle.

— Agatha reprend ses bonnes vieilles habitudes, elle vient assister au match ici. En plus, on dirait bien qu'elle amène Severus et Iris avec elle.

— Exact. Oh ! C'est plutôt amusant d'assister au match avec elle ; et puis, il y a autant de chances du côté des Serdaigle que des Serpentard.

— Pourquoi ne vous embête-t-elle pas vous ?

— Peut-être parce qu'elle ne m'aime pas, et donc que me taquiner ne l'intéresse pas… ou peut-être parce que je suis moins susceptible que vous ne l'êtes.

— Je ne suis pas susceptible ! » s'exclama Minerva d'un ton offensée.

Agatha se posa alors lourdement aux côtés du professeur de métamorphose.

« Quel plaisir de se retrouver assises côte à côte comme au bon vieux temps ! »

McGonagall préféra ne pas répondre ; Dumbledore riait dans sa barbe.

-

Une voix s'éleva au-dessus du brouhaha ambiant :

« Fenimore Cartlang en direct du terrain de Quidditch de Poudlard. Pour les plus jeunes, je vous informe que j'étais le commentateur des matchs à Poudlard entre 1967 et 1971. Je vous rappelle que nous allons assister à la rencontre Serdaigle contre Serpentard mais avec les équipes de l'année scolaire 1970/1971 ! Ils vont rejouer aujourd'hui le match du 27 mai 1971, match qui avait été arrêté après l'accident de Lucius Malefoy, capitaine des Serpentard, alors que les Serdaigle menaient de cinquante points. Pour mémoire, il avait été désarçonné de son balai et propulsé dans les gradins. Si vous le regardez bien aujourd'hui, vous pourrez vous apercevoir qu'il a une épaule plus basse que l'autre d'au moins trois centimètres.

— Cartlang, je ne pense pas que cela soit nécessaire d'entrer dans les détails, intervint Sinistra. De plus, tes informations manquent de précision, il n'y a au maximum que deux centimètres de différence entre ses deux épaules.

— Le match avait déjà été rejoué, poursuivit Cartlang sans se soucier de l'interruption du professeur d'astronomie, un mois après l'accident du capitaine ; celui-ci, malgré sa guérison, s'était avéré incapable de remonter sur son balai et avait dû se faire remplacer. Les Serdaigle, menés d'une main de maître par Thallus Ronnigton, avaient remporté ce match haut la main. Récemment, l'ancien capitaine des Serpentard – estimant sans doute que son équipe l'aurait emporté s'il avait joué – a défié l'ancien capitaine des Serdaigle. Maintenant que vous connaissez l'histoire, nous allons pouvoir assister au match.

» Les joueurs entrent sur le terrain ! s'exclama Fenimore soudainement. Une dernière chose : la composition des équipes est exactement la même qu'en 1971 mis à part que Malefoy a dû prendre un autre gardien, celui qu'il avait à l'époque étant actuellement emprisonné à Azkaban – rien d'étonnant à cela, vous savez comment sont les Serpentard. AIEUH ! Sinistra ! Ta mère ne t'a jamais dit que ça ne se faisait pas de jeter des objets à la figure des gens ? Dangereuse !

— J'ai jeté quelque chose moi ? demanda Iris à Chugern d'un air innocent.

— Je n'ai absolument rien vu. Tu l'as vu jeter quelque chose Severus ?

— Je ne sais pas, je regardais ailleurs.

— Hé ! Cartlang ! Je n'ai rien jeté. Cependant, cela me ferait plaisir que tu me rendes le livre qui a malencontreusement atterri sur ta tête.

— Va mourir !

— Quand vous aurez fini vos enfantillages, le professeur Bibine pourra peut-être lancer le souafle ? Cela s'éternise, elle commence à s'impatienter, fit remarquer Minerva évitant de relever que les propos de Cartlang avaient été entendus par tout le stade.

— Bien sûr, approuva sa collègue. Accio livre. »

Fenimore jeta un regard noir à Sinistra et reporta son attention sur le terrain. Bibine attendait qu'il finisse sa présentation pour mettre le souafle en jeu.

« Voici la composition de l'équipe Serdaigle : les poursuiveurs sont Thallus Ronnigton, Katarina Kitof et Arturo Dratti, les batteurs, Arnold Martz – joueur professionnel s'il vous plait ! – et Max Stumblood, la gardienne, Sarah Zindrum et l'attrapeur, Lance Jones ! L'équipe Serpentard à présent, les poursuiveurs sont Lucius Malefoy, Esteban Quasadro et Laura Fitfool – toujours aussi jolie ma parole !… »

-

« Tu peux garder tes compliments, pauvre minable », fit la poursuiveuse à la peau noire, perchée sur son balai. Lucius et Esteban, de chaque côté d'elle, échangèrent un sourire.

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« … les batteurs sont Marcellus Gan et Antonius Sliver, le gardien est Zak Amstrong et l'attrapeuse se nomme Suzan Bergson, termina Cartlang. Je vois que le professeur Bibine s'impatiente ; j'ai terminé, vous pouvez commencer. »

Bibine s'exécuta.

« Le souafle est lancé ! » cria le commentateur.

Dans la tribune allouée – normalement – aux Gryffondors, Albus était inquiet – d'autant plus qu'il avait terminé son pain au chocolat et donc plus rien pour calmer son angoisse –, Agatha tendue et Severus se retenait de se ronger les ongles.

« Ronnigton l'attrape, il le passe à Kitof, houla ! Un cognard a frôlé Kitof qui a laissé échapper le souafle à Fitfool, celle-ci l'envoie à Quasadro, qui le passe à Malefoy, qui le repasse à Quasadro, qui le manque à cause d'un cognard ! Kitof se précipite pour le rattraper, elle l'a ! Elle opère un large demi-tour et repart vers les buts adverses, Fitfool et Quasadro sont tout de suite à ses côtés, Kitof est isolée, elle recherche des yeux ses coéquipiers, elle lance le souafle à Ronnigton, Malefoy l'intercepte ! Ronnigton, Kitof et Dratti se lancent à sa poursuite, eux-même suivis par Quasadro et Fitfool qui tentent de gagner du terrain pour venir en aide à leur capitaine. Un cognard a manqué Ronnigton de peu. Et c'est maintenant au tour de Malefoy d'en éviter un ! Malefoy arrive près des buts, il lance ! Zindrum bloque et renvoie le souafle à Dratti qui fonce immédiatement à l'autre bout du terrain. Fitfool lui coupe le chemin, Quasadro fait de même. Ils essayent de le déstabiliser. Dratti tente un piqué pour leur échapper, Kitof est maintenant à ses côtés, il lui passe le souafle ! Elle fonce vers les buts, Malefoy s'interpose, elle s'arrête et passe à son capitaine, il lance, il marque ! Les dix premiers points de la partie sont marqués par Serdaigle. Malefoy récupère le souafle, il le lance à Fitfool qui profite du terrain laissé libre devant elle pour foncer droit au but, elle arrive, elle lance, Zindrum s'apprête à bloquer, le souafle change de direction ! Quasadro le frappe et marque ! Dix points partout ! Fitfool avait mis un effet dans son lancer, ce qui a permis de feinter la gardienne. Dratti reprend le souafle, le lance à Ronnigton, qui le lance à Kitof, Ronnigton, Kitof, Dratti, Kitof, Ronnigton rate le souafle, Gan vient de lui envoyer un cognard, il n'a pas été touché, Fitfool se précipite sur le souafle mais est prise de vitesse par Dratti qui le récupère ! »

[…]

« Cela fait à présent trois heures que le match dure, l'équipe des Serdaigles mène de vingt points et le vif d'or ne s'est montré que deux fois – ce fut à chaque fois très fugace. Malefoy passe à Quasadro qui lui repasse, Malefoy, Quasadro, Malefoy, Fitfool, elle tente de marquer ! Non ! Elle passe à Quasadro qui marque ! Serdaigle ne mène plus que de dix points. Ronnigton reprend le souafle, il le passe à Kitof qui se le fait souffler sous le nez par Fitfool qui le passe à Malefoy qui marque ! Vingt points en moins de trente secondes pour Serpentard, la gardienne Serdaigle a sans doute été un peu surprise par la vitesse à laquelle le souafle est revenu. Les deux équipes sont à égalité ! Ronnigton part tout seul avec le souafle, les batteurs de Serpentard lui envoient les cognards, mais il ne s'en laisse pas conter ! Il les évite tous et parvient jusqu'au but adverse. Il s'apprête à lancer, il change d'avis et passe à Dratti qui marque ! Cent cinquante à cent quarante en faveur de Serdaigle. Oh ! De l'agitation chez les attrapeurs ! Le vif d'or a été repéré ! Ils se lancent tous les deux dans la même direction, Bergson a une légère avance, elle amorce un piqué ! Jones la suit avec un temps de retard, Bergson a augmenté son avance. Hou, elle prend des risques, elle s'approche dangereusement du sol, elle redresse, oh ! Et elle repart en hauteur ! Le vif d'or a encore changé de direction ! Jones se retrouve donc en avance par rapport à elle ! Jones paraît ralentir, l'aurait-il perdu. Bergson le dépasse, mais elle aussi ne semble plus savoir où aller. Le vif d'or s'est encore éclipsé ! Tiens ? Il semblerait que les Serpentard aient profité de l'agitation provoquée par le vif d'or pour égaliser ! Cent cinquante partout. On me chuchote à l'oreille que c'est Malefoy qui a marqué. »

[…]

« Après ce but de Serdaigle, Serpentard ne mène plus que de vingt points, deux cent dix contre cent quatre vingt dix. Fitfool intercepte le souafle, elle le passe à Malefoy qui le rate ! Il semble déséquilibré sur son balai et ralentit son allure. Un problème ? En tout cas, Ronnigton en a profité pour récupérer le souafle, il le passe à Dratti qui marque ! Deux cent dix à deux cent. Quasadro récupère le souafle, il le lance à Malefoy, non, à Fitfool. C'est Malefoy qui lui a fait signe de ne pas lui lancer, il semble moins combatif et plus lent sur son balai, se serait-il fait une frayeur tout à l'heure ? Fitfool fonce vers les buts adverses, elle s'arrête brusquement car les deux attrapeurs viennent de lui couper la route sans plus de cérémonie ! Bergson et Jones se précipitent vers nous !

— C'est normal, le vif arrive droit sur notre tribune ! intervint Sinistra en grimaçant.

— Ils vont nous rentrer dedans ! s'exclama Minerva en haussant les sourcils.

— Jones bloque Bergson du mauvais côté afin d'avoir l'avantage ! Il tend le bras pour attraper le vif, Bergson tend le bras elle aussi, mais elle est beaucoup trop loin car il y a Jones entre elle et le vif, Jones est au bord de l'attraper. Bergson vient de sauter de son balai ! Cette fille est toujours aussi tarée ! Elle attrape le vif à pleines mains et s'écrase sur le professeur McGonagall qui – je l'espère – ne souffrira pas des séquelles de cet atterrissage en catastrophe de Bergson. Les Serpentard l'emportent ! Trois cent soixante à deux cent.

— Bergson, vous allez bien ? s'inquiéta Chugern.

— Evidemment qu'elle va bien, j'ai amorti sa chute, c'est moi qui vais mal !

— Vous parlez, Minerva, cela prouve que vous n'allez pas si mal que ça.

— Je l'ai eu ! C'est moi qui l'ai eu ! On a gagné ! On a gagné ! hurla Bergson après s'être relevée.

— J'ai mal partout, se plaignit – à juste titre – Minerva.

— Cessez donc de geindre ! Les Serpentard l'ont emporté, n'est-ce pas formidable ? »

Minerva répondit par un regard noir au sourire malicieux d'Agatha.

Tous les joueurs de Serpentard arrivèrent et sautèrent de leurs balais pour aller féliciter leur attrapeuse.

« Pomfresh arrive avec le nécessaire, informa Severus en se penchant sur Minerva.

— Normalement, c'est les joueurs qui se blessent au Quidditch, pas les spectateurs, fit remarquer Poppie en arrivant.

— Hé ! Lulu ! C'est qui la meilleure ?

— C'est toi évidemment ! répondit Lucius de bon cœur.

— Suzan, c'est normal que ta main ne soit plus dans l'alignement de ton bras ? demanda Laura, le visage grimaçant.

— Quoi ? fit Bergson en fronçant le nez, de l'air de se demander de quoi sa coéquipière parlait. Mon poignet ? s'exclama-t-elle, ahurie, en jetant un coup d'œil au bras incriminé.

— Poppie, il y aura aussi du travail pour vous du côté des joueurs finalement, constata Albus. Un poignet cassé, un !

— C'est dingue, j'ai rien senti !

— Quand ça casse d'un coup sec, on ne le sent pas toujours, et comme tu t'es fait ça dans ta chute, tu n'as pas dû accorder d'importance à ressentir de la douleur.

— En tout cas, pour l'instant, je n'ai pas mal. »

Elle était souriante et semblait trouver la nouvelle forme de son poignet plutôt cocasse. Fenimore Cartlang leva les yeux au ciel en se disant qu'elle aurait plus sa place dans un service précis de Sainte Mangouste que sur un terrain de quidditch.

-

Chugern fronça les sourcils en voyant Lucius à côté d'elle.

« Qu'est-ce que tu fais là ? lui demanda-t-elle.

— Comment ça ?

— Tu devrais être en train de narguer Ronnigton en ce moment !

— Exact ! Vous avez raison ! Vous faites bien de me le dire ; pour un peu, j'oubliais de le faire, fit Lucius avant de partir.

— Attends, je viens avec toi ! s'invita Esteban.

— Moi aussi, je viens ! s'exclama Bergson.

— Et votre poignet ? cria Pomfresh, catastrophée.

— C'est rien ! ça ne me fait pas mal, ça peut attendre ! » assura Suzan en agitant le bras, la main se retrouva balancée, le bruit d'un poignet craquant se fit entendre et le visage de l'attrapeuse se figea en une grimace de douleur. « Maintenant, ça fait mal », dit-elle, grimaçant toujours.

-

Lucius et Esteban partirent tous les deux en direction des joueurs de l'équipe Serdaigle, laissant leur attrapeuse aux bons soins de l'infirmière. Suzan avait dû s'avouer à elle-même qu'il n'était pas raisonnable de laisser sa blessure traîner.

« Dis-moi, Lucius. Tu n'attaquais plus vraiment à la fin. Tu ne voulais même plus que je te passe le souafle, murmura le poursuiveur à son capitaine.

— Quand Laura me l'a lancé tout à l'heure, elle m'a fait une passe un peu trop courte ; j'ai tendu le bras pour le rattraper et je me suis senti glisser de mon balai. J'ai laissé tomber le souafle et je me suis raccroché à mon balai de toutes mes forces. Je me suis vraiment fait peur. J'ai cru qu'il se passait la même chose que lors de mon dernier match. Je vais être honnête, Esteban : je ne dis pas que je ne remonterai plus jamais sur un balai, cependant, c'est vraiment la dernière fois que je joue au Quidditch, c'est beaucoup trop dangereux !

— Et tu laisses ton fils y jouer ? remarqua Esteban d'un ton amusé.

— Il a un poste moins risqué, les attrapeurs sont moins sujets à la fatigue durant les matchs. Et puis, il aime ce sport au moins autant que moi, et je suis fier de le voir jouer, il se débrouille bien. Il n'est certes pas du niveau de Bergson, mais j'aime autant ça, car elle, c'est une vraie malade !

— ça oui ! J'aurais cru qu'elle se serait calmée avec les années.

— Esteban, tu ne répètes à personne ce que je t'ai dit au sujet du Quidditch ?

— Evidemment que non. »

Ronnigton venait à leur rencontre.

« Félicitations Lucius ! Vous avez excellemment bien joué, ton équipe et toi. Vous avez mérité cette victoire.

— Nous avons d'autant plus de mérite que nos adversaires étaient coriaces. Vous avez très bien joué vous aussi. » Lucius n'avait pas la victoire mauvaise. Il avait pourtant prévu de se moquer de Ronnigton en cas de victoire, mais la joie d'avoir gagné, combinée au fait qu'il n'était plus que l'ombre de lui-même à la fin du match et qu'il était temps que cela se termine, faisait qu'il était heureux et qu'il n'avait pas envie d'être méchant.

« Oui, nous aurions pu gagner, il s'en est fallu de peu, mais Suzan Bergson est toujours fidèle à sa réputation ! »

-

Assise sur les gradins aux côtés de Rogue, Chugern soupira de soulagement.

« Je suis bien contente que ça soit fini ! Et encore plus qu'ils aient gagné évidemment, s'exclama-t-elle.

— Moi aussi, surtout que j'étais vraiment pressé que le match se termine : Lucius n'a pas dormi de la nuit. » Severus s'était senti malade pendant tout le match.

« Mon Dieu ! Heureusement que le match n'a pas duré aussi longtemps que l'autre fois ! » s'exclama Agatha. Elle fronça les sourcils et se tourna vers Severus. « Comment sais-tu qu'il n'a pas dormi ? »

Severus parut rougir et il rompit brusquement le contact.

« Toi, tu me caches quelque chose !

— Non, non, rien.

— Ah si ! Je te connais ! Comment sais-tu qu'il n'a pas dormi ?

— Je… nous sommes ensemble », avoua Severus à mi-voix, le regard fixé droit devant lui.

Chugern mit un temps avant d'absorber cette information.

« C'est très récent. Il a aménagé dans mes appartements – dans le plus grand secret – pour pouvoir s'entraîner. Donc, voilà, nous… dormons ensemble. Donc, bon, Lucius, malgré toutes les menaces imaginables, a tout de même tenu à jouer ce match malgré sa fatigue.

— Lucius et toi êtes ensemble ?

— Oui.

— Hé bien ! J'en aurais appris des choses incroyables depuis mon retour ! » s'exclama Agatha en se levant. Elle avisa une vieille amie au loin et se dirigea vers elle, attrapant Severus par le bras et l'emportant avec elle. Il se laissa entraîner – il était inutile de lutter contre Agatha Chugern – et ils se plantèrent tous les deux devant une Cristina Malefoy qui s'éventait avec le livre qu'elle avait dû lire pendant une bonne partie de la rencontre.

« Comment as-tu trouvé le match ?

— Long. Par bonheur, c'est enfin fini.

— Tu n'as jamais aimé le Quidditch, pourquoi te forces-tu à venir ? demanda Chugern.

— Lucius jouait.

— Tu es venu pour parader, pas pour voir ton fils.

— Il ne t'est jamais venu à l'idée que je puisse être inquiète à son sujet ? »

Chugern fit la moue. Non, ça ne lui était pas venu à l'idée, et elle avait beaucoup de mal à y croire.

« Excuse-moi Cristina, mais tu m'as tellement déçue avec ton comportement envers lui par moment.

— Je suis une mauvaise mère, ce n'est pas un scoop.

— Certes, mais tu étais pire avec Lucius qu'avec tes filles. Parce que c'était un garçon et que ton père en avait donc fait son héritier ou parce que le géniteur de ton fils est Dumbledore ?

— Ne me parle pas de ça !

— Oh ! Allez, tu peux bien me faire des confidences ! On va dire à ton gendre d'aller voir plus loin.

— Mon gendre ?

— Severus, précisa Agatha en désignant l'intéressé du doigt. Tu n'étais pas au courant ? ajouta-t-elle, soudainement consciente qu'elle avait peut-être gaffé.

— Ah oui ! C'est vrai que Lucius est avec vous, vint la détromper Cristina.

— Allez, du vent, Severus ! Laisse-nous parler entre filles !

— Entre vieilles filles, corrigea Cristina pendant que Severus s'éloignait.

— Tiens donc, ce n'est pourtant pas ton genre de souligner ton âge.

— Mon âge non, mais mon célibat si.

— Une femme célibataire avec huit mômes, je ne crois pas qu'on appelle ça une vieille fille. Tu dînes là ce soir ?

— Pourquoi pas ? »

Elle se leva et emboîta le pas du professeur.