Mon père, ce…

Par Maria Ferrari

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Les personnages et l'univers de Harry Potter appartiennent à J.K. Rowling.

Base : Tomes 1 à 4 de Harry Potter

Le terme "psychomage" utilisé dans le chapitre qui suit a été emprunté à PetiteDilly dans sa fic "Des rats et des fées" (je ne pouvais décemment pas mettre psychologues ou psychiatres, beaucoup trop Moldu non ?), je la remercie de sa compréhension ^^

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—Chapitre 18 – Assumer—

Severus resta silencieux, il serra les yeux et des larmes se mirent à couler.

« Nous allons lui faire suivre une thérapie à Sainte Mangouste. Il te reconnaîtra comme étant son frère et t'aimera comme avant sans pour autant être trop protecteur », assura Lucius en posant les mains sur ses épaules. Un gargouillement venant de son estomac lui rappela qu'il était l'heure de dîner. Ce bruit, parfaitement incongru dans ces circonstances, fit rire Severus entre ses larmes.

« Je suis stupide de me laisser aller comme ça. "Bébé est mort", cela peut tout simplement signifier qu'il comprend que j'ai grandi. Ça lui fait mal pour l'instant, mais il s'y habituera. Tu es sûr qu'il est utile de lui faire suivre une… thérapie ? Il n'est pas fou.

— Il n'est pas fou, mais il a un problème. Il n'y a rien de honteux à être suivi. Moi, par exemple, je l'ai été.

— Ah oui ? »

Le grand Lucius Malefoy, si sûr de lui, aurait eu besoin d'aide ?

« Oui, entre la mère que j'avais et le père que je n'avais pas, mon enfance a été assez… mouvementée. Tout ça pour te dire qu'on peut être quelqu'un d'équilibré et avoir besoin d'un psychomage, justement pour le rester… étant entendu, évidemment, que je sois quelqu'un d'équilibré. »

« Tu as faim, allons manger, on parlera de ça après. »

Severus souhaitait changer de sujet. Il avait besoin de réfléchir. Julius avait-il réellement besoin d'une thérapie ? Comment lui présenter cela ? Et sera-t-il encore enclin à l'écouter après ce qui s'était passé ?

« Tu veux que je vienne manger avec toi dans la grande salle ? Je risque de me faire remarquer. »

Severus repensa à la remarque de son frère.

« Lucius, nous… nous nous aimons, n'est-ce pas ?

— Oui, je le pense. Je n'irais pas prétendre être un spécialiste de ce genre de sentiments – tu me connais ! – ; toutefois et malgré la richesse de mon vocabulaire, je ne vois pas comment nommer autrement ce que je ressens pour toi. »

Severus hocha la tête.

« Est-ce que cela te gênerait de le dire à tout le monde ? Je veux dire : mis à part le fait que nous serions moins tranquilles.

— Tu me demandes si je serais gêné d'avouer mon amour pour un simple professeur ?

— Oui, surtout si le professeur en question n'est pas un modèle de beauté.

— La beauté est toute relative, et si tes élèves cessaient de te voir comme un professeur injuste – ou comme une victime puisque c'est la mode depuis l'arrivée de Julius –, je suis persuadé que plus d'une – et plus d'un – aurait le béguin pour toi. D'ailleurs, c'est sans doute le cas pour certains Serpentard. Mon fils, par exemple… »

Severus ouvrit de grands yeux surpris.

« Serais-tu en train de me dire que Drago a des goûts aussi discutables que ceux de son père ?

— Il m'avait semblé que c'était le cas.

— Je crois que Drago a toujours été admiratif devant moi – ce qui est parfaitement naturel ! se vanta Severus, forçant un sourire arrogant dans une parfaite imitation de feu James Potter.

— Revenons-en à ce qui nous occupait. Que dois-je comprendre ? Que tu veux que nous allions ensemble manger dans la grande salle dans un semi-aveu de notre relation ?

— Non, non, non. C'était juste une question. Je voulais être sûr que cela ne te gênerait pas, c'est tout. Honnêtement, si je suis fier d'être ton amant, je ne doute pas que si nous nous affichions, on ne me parlerait plus que de ça et les élèves passeraient leur temps à chuchoter et rire derrière mon dos. Tu te rends compte : l'infâme professeur de potions avec l'infâme mage noir, quel couple ! Nous deviendrions légendaires !

— Je pense que ça serait en fait beaucoup plus facile pour moi à avouer. Etre professeur ne t'avantage pas.

— Tu penses qu'on finira par le dire un jour ?

— Pour être honnête, je ne suis pas sûr qu'on aura besoin de le dire pour que tout le monde soit au courant.

— Comment ça ?

— Il semblerait que malgré notre discrétion, il y ait de plus en plus de personnes à le savoir. »

Les sourcils de Severus se froncèrent.

« Qu'es-tu en train d'insinuer ? demanda-t-il d'un ton soupçonneux.

— Tu vas rire ! Figure-toi que lorsque je suis sorti d'ici tout à l'heure, j'ai croisé Parkinson, Crabbe et Goyle.

— Et ?

— Et vu ce que m'a dit cette peste de Pansy, j'en déduis qu'elle sait à quoi s'en tenir à notre sujet.

— Bravo ! félicita Severus assez ironiquement.

— Quelque part, cela facilite notre choix.

— Quel choix ?

— Ne vaut-il pas mieux avouer nous-même ce que nous sommes plutôt que d'attendre que d'autres le fassent à notre place ?

— Je ne sais pas si je suis prêt. Je suis professeur et si mes élèves…

— Je sais, je sais. Cependant, nous ne sommes pas à la minute. Je ne pense pas que Pansy parlera. » Du moins, il l'espérait. La jeune fille était capable de tout, surtout du pire. « Toutefois, à la longue, cela peut finir par lui échapper ; tout comme cela pourrait échapper à ma mère, à ma sœur, à Drago ou à Dumbledore.

— Tu oublies le professeur Chugern.

— Exact ! Ceci étant, je pense qu'ils sauront tenir leur langue quelques temps, ce n'est que quand ils se seront parfaitement habitués à cette idée et donc que notre couple deviendra un élément naturel de leur vie que cela risque de leur échapper par accident. Nous avons donc un peu de temps devant nous pour nous préparer à faire cette révélation. »

Lucius se tut, parut réfléchir.

« Je pense qu'il vaut mieux attendre que Drago ait terminé ses études à Poudlard avant de faire une annonce officielle. Je ne tiens pas à ce que cela perturbe ses examens. Surtout qu'il risquerait de prétendre ensuite que je suis l'unique cause de ses mauvais résultats alors qu'il est parfaitement capable d'avoir des notes médiocres sans que je lui fasse ce genre de coups.

— Tu exagères ! Il se débrouille plutôt bien, détrompa Severus. Sauf en arithmancie, là, je dois avouer que j'ai rarement vu un élève ramer autant.

— Cette matière mise à part, les notes de Drago dépendent plus de son coefficient de paresse au moment de ses révisions que de ses réelles capacités. Heureusement qu'il est un très bon sorcier de naissance, sans ça, je n'ose imaginer la moyenne qu'il aurait.

— C'est peut-être justement à cause de ses dons innés qu'il a rarement des résultats extraordinaires et a tendance à se cantonner dans des notes raisonnables. Il y a beaucoup de personnes disposant d'un gros potentiel qui ne l'exploitent pas vraiment justement parce qu'ils se reposent dessus. Je pense que c'est le cas de ton fils. Par exemple, en potions, il s'est toujours cantonné à des "passables", voire de temps en temps à des "efforts exceptionnels", il y a même une fois où je lui ai donné un "désolant".

— Oui, je m'en souviens, confirma Lucius avec une grimace.

— Je me doutais que ton fils ne me montrait pas toutes ses capacités. Il se reposait sur son intuition et les connaissances acquises ça et là au cours des années. De plus, il écoute très bien mon cours et je pense qu'il a une excellente mémoire, cela doit l'aider. Quoi qu'il en soit, il a eu "Optimal" à son Buse théorique de Potions. J'ai demandé sa copie aux examinateurs – je le fais pour tous mes élèves ayant obtenus "Optimal" – et j'ai pu vérifier que cette note était amplement justifiée.

— J'aimerais qu'il cesse de se reposer sur ses lauriers et qu'il montre tout le temps de quoi il est vraiment capable.

— Il se réveille toujours aux examens. Là où il considère sans doute que cela en vaut vraiment la peine. Si ça peut te rassurer quant à ses Aspics…

— Le problème, c'est que l'entrée dans certaines écoles supérieures ne se décide pas seulement en fonction des résultats aux examens, mais aussi selon les notes durant toute la scolarité, et les appréciations des professeurs sont aussi prises en compte. Ses carnets de notes sont tous remplis de "Peut mieux faire". En fait, à part le très encourageant "devrait abandonner cette option" en arithmancie et le divertissant "devrait faire preuve d'un peu plus d'enthousiasme" en soins aux créatures magiques, je crois que cela ne varie jamais, c'est toujours "peut mieux faire"… Je suis devenu allergique à cette formule.

— Vraiment ? Désolé alors, j'ai encore dû en mettre un sur son dernier bulletin. Si j'avais su, j'aurais innové.

— C'est ça, moque-toi !

— Tu devrais être fier de ton fils : il parait que sa note d'exposé d'histoire de la magie comptant pour les Aspics va être extraordinaire. C'est un bel exploit.

— Drago m'a raconté cela… et peu de temps après, mon grand-père a débarqué pour lui dire tout "le bien" qu'il en pensait. Pour une fois qu'il faisait un effort… Enfin, cela s'est arrangé. Drago était particulièrement content de lui pendant qu'il me contait son oral, il a beaucoup insisté sur l'expression des Serdaigle, pendus à ses lèvres, et sur la mine fantomatique de Binns se décomposant au fur et à mesure de sa lecture… Sa note n'a toujours pas été fixée ?

— C'est en pourparlers. Dumbledore trouve la réticence de Binns divertissante, je pense qu'il fait durer son plaisir en restant dans le vague avec lui. Pauvre fantôme, il ne sait pas quoi faire de l'exposé de ton fils ! Quand il se sera assez amusé à ses dépens, Dumbledore lui recommandera de lui donner la note qui convient. »

Lucius attrapa sa cape et sa canne.

« Je vais aller dîner chez moi. Je reviens tout de suite après. Tu ne te languiras pas trop de moi durant ces longues minutes ?

— Je devrais survivre. »

~oOo~

« Mon nez était en morceau ! Pomfresh a dit que c'était un vrai puzzle. Le pire, c'est que je suis à peu près certain que c'est Sirius qui me l'a cassé ! s'exclamait un Ron surexcité en oubliant de se servir dans le plat qui lui passa sous le nez quand Neville décida qu'il en avait assez d'attendre.

— Il ne l'a pas fait exprès. C'était Julius Rogue qu'il visait, tempéra Hermione.

— Je sais bien, mais quand même ! Et toi, Harry ? Tu t'es pris des coups de Sirius ?… Harry, tu m'écoutes ?

— Hein ? Heu… qu'est-ce que tu disais ?

— Je disais que je m'étais pris des coups de Sirius, et toi ? »

Harry mit un certain temps avant de replacer la question dans son contexte.

« Non, pas moi, j'étais du côté du frère de Rogue. C'est de lui que je me suis pris les coups, finit-il par répondre.

— Tu t'en es mieux tiré que moi. Ton visage était indemne.

— Oui », répondit laconiquement Harry en retournant trier ses pommes de terre. Ron le regarda faire, les sourcils froncés.

« Je peux savoir ce qui te perturbe ? demanda-t-il. Harry, je te parle !

— Hum ? Excuse-moi, j'ai un truc à faire », fit le Survivant avant de se lever de table.

Ron regarda son ami s'éloigner d'un œil circonspect. Il se pencha vers Hermione :

« Qu'est-ce qu'il a ?

— Honnêtement, je ne sais pas. Oh ! Attend, il se rend à la table des Serpentard… Finalement, j'ai peut-être une idée de ce qui le tracasse.

— Pas encore Malefoy ! murmura Ron afin que la trahison d'Harry ne s'ébruite pas.

— On dirait bien que si. »

Ron se renfrogna. Il mangea un morceau de pomme de terre, puis un deuxième, puis un troisième.

« Peut-être qu'il est parti lui annoncer qu'il le plaquait ? » proposa-t-il tout sourire.

Hermione préféra ne pas répondre.

~oOo~

« Vous auriez vu la coupe de cheveux de Pauline ! Horrible ! Bon, Fleur est toujours aussi classe, là rien à redire. Oh ! Isabelle a une tenue, ça lui va bien, vous n'imaginez pas ! Ce qui m'énerve, c'est qu'elle m'irait encore mieux et que je n'ai pas réussi à lui faire comprendre que je voulais savoir où elle l'avait achetée : je ne parle pas français et son anglais est toujours aussi incompréhensible. Et vous auriez vu les chaussures de Charlotte. Elle prétend qu'elle les a achetées à Rome. Frimeuse ! Certes, elles sont belles ! Mais moi aussi, je peux aller à Roooome m'acheter des pompes ! »

Ainsi blablatait Pansy qui avait vu des anciennes élèves de Beauxbâtons à Pré-au-lard.

« Fleur était là ? demanda Crabbe, très intéressé.

— Oui, je viens de le dire.

— Et, heu, elle est toujours aussi, heu… belle ? bafouilla le pauvre garçon.

— Hélas oui ! s'exclama Pansy qui prit aussitôt un air totalement désespéré. Que n'ai-je d'aussi beaux cheveux qu'elle ! s'exclama-t-elle, tragédienne.

— T'as pas rencontré d'élèves de Durmstrang ? demanda Millicent, sa voisine.

— Non.

— Alors, tes propos sont absolument dénués d'intérêt ! conclut-elle.

— Je vois que tu ne t'es toujours pas remise de ton amourette unilatérale, remarqua Pansy.

— Elle n'était absolument pas unilatérale !

— Fais-moi rire ! Nikita t'a à peine regardée.

— C'est faux ! En vérité, tu es jalouse. Nikita était sublime.

— ça, je suis d'accord. Il était très beau. Cependant, ça ne change rien au fait que vous avez juste échangé quelques mots. Sois lucide, Milly, tu ne l'intéressais absolument pas ! »

Millicent se tut, un peu vexée. Les garçons lui accordaient rarement de l'attention ; lorsque l'un d'entre eux le faisait, elle avait un peu trop tendance à en tirer la conclusion hâtive qu'elle lui plaisait, ce qui lui valait son lot de déceptions.

« T'en as rien à faire de ce bellâge, Milly.

— On dit "bellâtre", Crabbe, corrigea Drago en levant les yeux au ciel.

— Et pourquoi aller chercher si loin ? Je suis sûr qu'il y a des garçons à Poudlard qui te conviendraient parfaitement.

— Tu le penses vraiment ? » demanda Millicent, un grand sourire aux lèvres.

Crabbe regarda sa condisciple. Il lut dans ses yeux qu'elle avait considéré qu'il faisait partie des garçons qui lui conviendraient et jugé qu'il venait de faire une tentative détournée pour la séduire.

Ce qui n'était absolument pas le cas !

Il la regarda mieux. Elle n'avait vraiment rien d'une beauté ! En plus, elle faisait pâle figure, assise là à côté de Pansy qui faisait attention à sa ligne, soignait sa coiffure et portait des tenues la mettant en valeur. Quant à la comparer à Fleur !

Néanmoins, comme l'avait dit Pansy, il fallait être lucide : si Nikita n'avait jamais prêté attention à Millicent, il devait reconnaître qu'il n'avait pas plus réussi à attirer celle de Fleur Delacour. Cela signifiait peut-être que lui et la Serpentard iraient bien ensemble. Surtout que si on exceptait son aspect physique, c'était la petite amie idéale : elle était gentille, il s'entendait bien avec, ce n'était pas une intellectuelle, elle était naturelle.

Oui, elle n'était pas si mal.

Drago paraissait amusé par la tournure de la conversation.

« Oui, il le pense vraiment », répondit-il à la place de son ami, jouant les entremetteurs.

Vincent se sentit rougir.

« Drago, je peux te parler ? » demanda Harry, posté derrière lui et s'incrustant dans la conversation.

La fourchette de Pansy resta bloquée devant sa bouche entrouverte. Drago ? Il l'a appelé Drago ? Il l'a appelé par son prénom ? La fourchette reprit son bonhomme de chemin et termina dans la bouche de la jeune fille pendant que Malefoy regardait son assiette de manière embarrassée. Les yeux de Pansy bougeaient de l'un à l'autre des deux protagonistes en attendant la suite. Drago finit par se lever et suivre Potter.

« Vous avez entendu la même chose que moi ? demanda Pansy dès que leurs oreilles furent hors de portée.

— Il l'a appelé Drago ! » s'exclama Goyle, scandalisé par cette familiarité soudaine.

Tous les élèves autour de lui hochèrent la tête vigoureusement.

~oOo~

Harry s'arrêta dans le hall et se tourna vers son ancien ennemi.

« Tu pourrais éviter de m'appeler Drago devant tout le monde ? lui dit celui-ci d'un ton agacé.

— C'est ton prénom.

— Je le sais, bougre d'abruti ! Cependant, toi, tu es censé m'appeler "Malefoy", pas "Drago" !

— ça m'a échappé… Ça t'a tant gêné que ça ?

— Tu n'as donc pas vu la tête qu'ils faisaient ? Même Crabbe et Goyle se sont aperçus de la différence ! En plus, partir tous les deux au beau milieu du repas, c'est… c'est…

— J'étais pressé de te parler. Je… j'ai parlé à Sirius, il m'a expliqué ce qui s'est passé. Je tiens à m'excuser de ses paroles. »

Drago resta sans voix quelques secondes. Il finit par secouer la tête, il hésitait entre éclater de rire ou planter Potter là sans plus de cérémonie ; il se remémora l'après-midi qu'ils venaient de passer ensemble, se dit que Potter méritait au moins de savoir en quoi ce qu'il venait de faire était stupide et choisit une troisième option.

« Je ne le crois pas, ça ! C'est bien une attitude de Gryffondor, tiens ! Potter, tu n'as pas à t'excuser pour les actes de ton idiot de parrain. »

Harry fut tenté de protester : Sirius n'était pas idiot !

« Je le sais bien ! Mais j'avais peur que tu m'en veuilles pour ça – si cela avait été le cas, ç'aurait été parfaitement injuste d'ailleurs, je n'y suis pour rien – dans le doute, j'ai donc préféré m'excuser parce que… parce que j'ai passé un très agréable moment avec toi cet après-midi et j'espère que d'autres suivront, se lança Harry.

— Bien. Alors, en vertu de ce que tu viens de dire, je te pardonne pour le "Drago" dont tu m'as affublé à ton insu et qui m'a valu les regards outragés de mes condisciples. Pour ce qui est de tes autres excuses, elles n'ont aucune valeur à mes yeux ; toutefois, autant je ne puis les recevoir, autant tu n'y es pour rien dans les propos de ton parrain et donc, je continuerai à détester Sirius Black mais je ne t'en voudrai pas pour ce qu'il a dit car tu n'en es pas responsable.

— Exactement ! »

Il sera toujours temps de lui faire changer d'avis sur Sirius quand ils auront une relation solide et durable.

« Je vais à présent retourner à ma table, qu'est-ce que je raconte à mes amis pour leur expliquer notre petite entrevue ?

— Pourquoi voudrais-tu leur en parler ?

— Tout simplement parce qu'après la façon dont tu es venu me chercher, c'est obligatoire qu'ils me posent des questions – je ferais pareil à leur place –, et si je réponds par le silence, cela ne fera qu'empirer les choses.

— Je vois. Que comptes-tu faire ?

— Il y a deux options : soit je me moque ouvertement de toi, je mens sur notre entrevue et te fais passer pour le dernier des crétins aux yeux de toute l'école, soit je dis la vérité… entre nous, je préfère la première solution.

— Va pour la première solution alors », répondit Harry sans hésiter.

Drago ouvrit de grands yeux stupéfaits.

« Ces Gryffondor et leur goût pour le sacrifice ! finit-il par s'exclamer, méprisant.

— Ces Serpentard et leur goût pour le mensonge ! rétorqua Harry.

— OK, un point partout ! » estima Drago.

Harry était plutôt content de lui. Il s'enhardissait. Tiens, s'il osait, il embrasserait bien Drago par surprise en plein hall. Oui, ça serait une bonne idée ça !

« Qu'est-ce que je pourrais leur raconter qui tienne la route ? » réfléchissait Drago.

A trois, il le fait.

« Ce n'est pas simple… ah ! Je ne trouve pas ce que je pourrais leur dire ! »

Un.

« Ou alors, je peux juste prendre un air mystérieux… »

Deux.

« … et prétendre que je ne peux rien leur dire pour l'instant, ça me laissera… »

Trois.

Harry enroula son bras autour de la taille de Drago, le colla contre lui et lui donna un baiser autoritaire et revendicateur. Le blond ne s'attendait pas à une telle manœuvre de la part du Potter gauche et timide avec qui il avait passé une heure durant l'après-midi, mais jugea que cela lui convenait aussi bien comme ça. Les maladresses du Potter du salon de thé étaient certes amusantes, mais l'étreinte du Potter du hall était autrement plus excitante.

« On parie que j'assume d'être ton petit ami ? proposa Malefoy dès que leurs lèvres se furent détachées.

— Est-ce que ça signifie que c'est la seconde option ?

— Oui… j'espère que ton sens du sacrifice typiquement Gryffondorien ne sera pas trop frustré. »