Mon père, ce…
Par Maria Ferrari
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Les personnages et l'univers de Harry Potter appartiennent à J.K. Rowling.
Base : Tomes 1 à 4 de Harry Potter
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—Chapitre 20 – Aspics—
« Optimal ! » annonça un Drago triomphateur en effectuant une entrée fracassante dans la salle commune de Serpentard. Pansy, plongée dans ses révisions d'astronomie, releva la tête pour regarder la feuille que son blondinet d'ami lui brandissait sous le nez ; elle gratifia son ami d'une moue appréciative lorsqu'elle comprit de quoi il retournait.
« Tu as enfin eu ta note pour ton exposé sur Salazar ? Cool.
— Oui. C'est bien, non ? ça compensera le "Désolant" que je ne manquerai pas d'avoir à mon écrit d'Arithmancie. »
Pansy approuva d'un hochement de tête et s'en retourna à ses révisions.
« Tu m'excuseras de ne pas poursuivre cette conversation passionnante mais il faut que je me penche sur les anneaux de Saturne. »
Drago observa la salle plongée dans un silence inhabituel compte tenu du nombre d'élèves qui s'y trouvait. Une atmosphère studieuse avait gagné les salles communes de Poudlard à l'approche des examens, car sans nul doute l'ambiance était la même dans les autres maisons.
« ça me rappelle la cinquième année : plus personne ne parle, tout le monde est plongé dans les livres… même Vincent et Greg qui ont pourtant la lecture en horreur.
— A propos de Greg, il s'en est remis ? demanda Pansy à mi-voix, se détournant à nouveau des astres.
— Oui, j'ai l'impression. Nous n'en avons plus reparlé, mais je crois que ça va. »
Drago resta pensif quelques secondes avant de prendre son livre de charmes et sa baguette.
« Je crois que je vais faire l'impasse sur la voie lactée, déclara Pansy soudainement en se renversant en arrière dans son fauteuil.
— Il y a une raison précise à cette décision ? s'enquit le jeune homme.
— Oui, c'était le sujet de l'Aspic d'astronomie de l'année dernière. Ils ne vont pas mettre le même sujet deux années de suite.
— Effectivement, ce serait étonnant. Cependant… va savoir ! Il y a peut-être un vicelard à l'Académie qui va faire exprès de mettre ce sujet pour que les vilains Serpentard planificateurs se plantent.
— Jeudi, on a Astronomie le matin et Astrologie l'après-midi ; tu as sûrement raison : il y a des vicelards parmi ceux qui s'occupent de nos examens, sinon ils ne mettraient pas ces matières presque homonymiques le même jour. On dirait qu'ils le font exprès pour qu'on s'emmêle les pinceaux ! Quoiqu'il en soit, il y a trop de choses à revoir, il faut que je fasse des choix, je ne peux décemment pas tout réviser. C'est bon pour les Miss-je-sais-tout ; y a pas marqué "Granger". »
Elle accompagna cette conclusion d'un coup de balai de doigt sur son front.
« Tu n'as qu'à faire des paris, proposa alors Drago qui n'ignorait pas que Pansy avait les révisions en horreur. Tu sais, comme Blaise aux Buses. En histoire de la magie, sur la cinquantaine de chapitres que comportait la matière depuis la première année, il n'en a révisé qu'un seul. Le sujet est tombé dessus ; il a eu optimal. Et si les examinateurs avaient été au courant de ce qu'il avait fait, ils n'auraient pas manqué de lui mettre la même note en Astrologie pour cette formidable prédiction.
— Il a eu une chance de cocu sur ce coup-là ! Une chance sur cinquante de réussir, cela signifie quarante-neuf autres de se planter totalement. Je ne peux pas me permettre de prendre un tel risque, donc je vais réviser bien plus d'un chapitre par matière. D'ailleurs, Blaise n'a pas appliqué son petit système pour toutes les matières.
— Non… et il s'est joliment planté en Astronomie.
— On ne peut pas gagner à tous les coups. »
Drago se pencha sur son livre, lut quelques lignes et observa sa baguette d'un œil insatisfait.
« Qui veut m'aider à réviser mes charmes ? demanda-t-il à la cantonade.
— C'est vrai qu'on a oral de charmes vendredi ! Je n'y arriverai jamais ! » s'exclama Pansy d'une voix désespérée à l'image de son état à la veille des examens.
~oOo~
« Harry, sois plus à ce que tu fais ! Tu sais, tu devrais prendre plus à cœur l'examen d'Astronomie, n'oublie pas de qui tu es le petit ami. »
Harry, qui écoutait une plaisanterie que Dean racontait à Neville, tourna les yeux vers Hermione et fronça les sourcils.
« Je peux connaître le rapport entre Drago et cette matière ?
— Disons que si j'avais Lucius Malefoy comme potentiel futur beau-père, j'aurais à cœur d'avoir les meilleurs résultats possibles. Le papa de Drago a horreur de la médiocrité. Si on ajoute à ça qu'il n'avait pas l'air particulièrement ravi que son fils soit avec Harry Potter – jamais je n'avais vu un regard aussi meurtrier que celui qu'il t'a lancé quand on l'a croisé hier matin ! –, on peut en conclure facilement qu'il cherchera d'autant plus à le détourner de toi s'il se rend compte que tu es… complètement demeuré !
— Je ne suis pas demeuré ! protesta Harry.
— ça, c'est toi qui le dis ; si Malefoy père tombe nez à nez avec tes résultats scolaires, il ne sera peut-être pas de cet avis.
— Et pourquoi tomberait-il sur mes résultats scolaires ?
— Il a le bras long ! Et puis, il pourrait très bien te les réclamer. Peut-être qu'il fait passer des entretiens d'embauche aux petits amis de son fils… ça serait bien son genre.
— Tu racontes n'importe quoi pour me convaincre de travailler autant que tu le fais. Je suis avec Drago depuis un mois ; et même si son père ne me porte pas dans son cœur, il n'a pas essayé de nous séparer.
— Il espère peut-être que son fils se lassera de toi rapidement sans qu'il ait besoin d'intervenir. M'est avis que s'il trouve que ça t'éternise, il passera à l'action. Tu devrais mettre toutes les chances de ton côté pour le convaincre que tu mérites sa précieuse progéniture. »
Harry regarda Hermione longuement, puis, pris d'un doute, se jeta corps et âmes dans les révisions.
~oOo~
Severus releva les yeux de la Gazette du Sorcier.
« Lucius, tu es ridicule à bouder ainsi.
— Je ne boude pas, je réfléchis.
— ça ne saute pas aux yeux avec tes bras croisés, ta moue boudeuse et tes yeux rivés au sol. »
Lucius coula un regard de biais à son amant, il décroisa les bras et tâcha de prendre une attitude plus détendue… qui était l'exact contraire de son état d'esprit.
« J'étais avec Drago tout à l'heure, nous avons croisé Potter dans les couloirs. Tu aurais vu et surtout entendu la façon dont ils se sont dit « bonjour » ! J'ai été à deux doigts de rendre mon dernier repas.
— Tu n'as pas l'impression d'exagérer ? Personne ne prétendrait que j'estime Potter d'une quelconque façon, encore moins que je le porte dans mon cœur ; je ne trouve cependant pas qu'il y ait de quoi se mettre dans des états pareils. »
Il retourna à sa lecture du journal. Il apportait une attention particulière à la rubrique nécrologique ; par habitude, il espérait toujours y voir figurer le nom d'une personne détestée. Quant au risque d'y voir celui d'une personne qu'il appréciait, il était très limité.
« Il va se lasser, n'est-ce pas ?
— Pardon ?
— Drago va bien finir par se lasser de Potter, n'est-ce pas ?
— Comment veux-tu que je le sache ? Je ne suis pas dans la tête de ton fils.
— Tu pourrais au moins chercher à me rassurer !
— Je ne vais pas te mentir en t'assurant qu'il va se lasser : je n'en sais fichtrement rien… Parlons d'autre chose : j'ai eu des nouvelles de Julius.
— Vraiment ? Cela faisait longtemps… En fait, je crois que je n'ai plus entendu parler de lui depuis la fois où il nous a surpris dans le même lit.
— Tu ne t'en es pas vraiment soucié, constata Severus, un brin de reproche dans la voix.
— Disons que je n'allais pas aborder ce sujet délicat alors que tu allais très bien et que cela aurait pu te faire aller mal. »
Severus soupesa cet argument et le jugea recevable ; il se doutait néanmoins que, même sans cela, Lucius n'aurait probablement pas non plus orienté la conversation sur son presque beau-frère.
« En fait, j'ai eu des nouvelles de lui régulièrement depuis qu'il est parti de Poudlard ; son psy m'informait de l'évolution de sa situation.
— Il n'est pas tenu au secret professionnel ?
— Ce n'est pas "il" mais "elle", et elle se contentait de me confier que Julius avait trouvé un appartement, un travail… et aussi en quelques mots comment il allait ; je crois qu'elle agissait ainsi à la demande de Julius. En fait, c'est la première fois aujourd'hui depuis un mois qu'il me donne directement des nouvelles de lui. C'est bon signe, non ? Juge par toi-même. »
Severus se leva pour chercher une lettre qu'il tendit à Lucius :
« Mon cher Severus,
» Désolé de ne pas t'avoir donné de nouvelles plus tôt, mais j'ai mis du temps à réaliser que tu étais toujours mon frère même si tu n'étais plus le bambin que j'avais connu. J'ai préféré aussi attendre de retrouver une écriture décente et des mots appropriés avant de t'écrire.
» Le Docteur Ridge est très contente de moi, je progresse vite : j'ai enfin accepté que tu aies grandi, je désigne les gens par leur nom ou prénom et j'ai arrêté de truffer ma conversation de "Trésor" et de "Bébé" lorsque je parle de toi. Il y en a bien un ou deux qui échappent à ma vigilance de temps en temps mais ils se font de plus en plus rares (et puis, j'ai beau y faire, tu resteras à jamais mon Trésor).
» Je m'excuse d'être parti en pleine nuit sans même te dire au revoir. J'espère que tu me pardonneras aussi mon comportement (présente des excuses de ma part à Lucius ; mais pas à Black, pour celui-là, je dois avouer que je ne regrette rien - en tout cas, pour l'instant).
» Je pense te rendre visite prochainement, je ne resterai pas longtemps, promis.
» Reçois toute mon affection…
» Ton frère qui ne veut que ton bonheur malgré tout ce qu'il a pu faire dernièrement pour le contrecarrer. »
« Que de différences par rapport à l'autre courrier que j'ai lu de lui ! s'exclama Lucius ; il a dû fournir un travail conséquent pour retrouver si vite ce style et cette écriture. Il faudra lui dire que ces excuses sont acceptées et que nous serions ravis qu'il vienne nous voir.
— Tu parles comme si nous étions mariés et que nous vivions ensemble, remarqua Severus, un sourcil haussé.
— Nous vivons ensemble ! Je passe quasiment tout mon temps libre chez toi. Quant au reste, il est dommage qu'un mariage officiel soit impossible entre deux hommes ; en tout cas, nous ferons une cérémonie même si notre union n'est pas scellée par un document officiel.
— Vraiment ? s'exclama Severus pour la forme.
— Oui… et un banquet… une fête somptueuse… il y aura un orchestre… de nombreux invités… et évidemment, nous serons particulièrement bien vêtus et tout le petit monde présent aussi. Bref, nous aurons un mariage comme personne n'en fait plus !… Je demanderai à Drago d'être mon témoin, cela lui fera plaisir, et toi ?
— Je prendrai Julius, répondit Severus, jouant le jeu. S'il accepte évidemment.
— Vu la teneur de son courrier, je ne crois pas qu'il fera de difficulté. »
Severus pouffa de rire.
« Qu'est-ce que j'ai dit de drôle ?
— Rien, je viens de t'imaginer arrivant au mariage au bras de Dumbledore.
— Je ne crois pas que j'arriverai au bras de mes parents », jugea Lucius, prenant un air désabusé. Il ne voyait pas en quoi cette perspective avait quoi que ce soit de drôle. D'ailleurs, son sens de l'humour avait considérablement diminué depuis qu'il avait appris l'identité du petit ami de son fils.
« Dommage, cela m'aurait plu. Tes parents ne sont pas parfaits ; ta mère est… ce qu'elle est ; ton père, tu n'as connu son identité que très récemment et il est franchement insupportable la plupart du temps – ce qui n'a rien de surprenant, c'est avant tout un Gryffondor – ; cependant, quand je vois ce qu'étaient mes parents, je me dis que les tiens sont vraiment formidables.
— Il n'y a pas de parents parfaits, il y en a cependant de très mauvais. Les miens ne font pas partie des pires, il est vrai que j'aurais pu tomber plus mal. Et puis, j'ai sept sœurs fantastiques.
— Je n'en connais aucune, je n'ai pas eu l'honneur d'être présenté ; j'ai connu ton grand-père dans des circonstances… que je préfèrerais oublier ; je n'ai vu ta mère qu'en coup de vent. Où est-elle d'ailleurs en ce moment ?
— En Russie avec Karkaroff, répondit Lucius en se renfrognant. Excuse-moi de ne pas t'avoir présenté à ma famille. Je le ferai avant qu'on fasse une annonce officielle, promis.
— Pour l'annonce, on attendra que Cristina revienne ? s'enquit Severus.
— Pourquoi donc ? Elle est déjà au courant. Et puis, d'ici un mois, sa tocade pour Igor lui sera passée et elle sera de retour au pays. C'est l'avantage avec ma mère : cela ne dure jamais, on sait à quoi s'attendre. D'ailleurs, ça m'arrangerait que Drago ressemble à son aïeule sur ce point précis vu l'état actuel des choses.
— Pauvre Potter, je serais presque tenté de le plaindre. Faut-il être idiot, tout de même, pour se mettre avec un Malefoy quand on n'est qu'un minable Gryffondor !
— Je ne te le fais pas dire », s'exclama Lucius sans une once de second degré dans la voix.
~oOo~
Sirius se posta devant la porte et prit une profonde inspiration avant de porter quelques coups de la jointure de ses doigts sur le panneau.
« Entrez », répondit la voix de Remus de l'autre côté.
Sirius s'exécuta et constata que Remus était occupé avec un cinquième année Poufsouffle. Ce dernier était venu lui demander conseil pour son Buse de Défense Contre les Forces du Mal.
« Tu es occupé, je reviendrai plus tard, proposa-t-il.
— Ne partez pas, Monsieur Black. Je m'en allais, assura Somerset Talkan. Au revoir, Professeur Lupin. »
La porte se referma derrière l'élève. Sirius, après avoir suivi le Poufsouffle du regard, retourna son attention sur Remus, assis à son bureau, et remarqua qu'il l'observait en silence.
« Tu voulais me parler ? demanda finalement le lycanthrope.
— Oui, je… tu sais… à propos de… »
Sirius se mordit la lèvre et secoua la tête, il avait pourtant préparé ce qu'il devait dire. Il tira une chaise et s'assit en face de Remus.
« Je recommence : je pense m'être guéri de Rogue. Je me suis calmé, je ne le cherche plus, et je me suis aperçu que le désir incontrôlé que j'avais pour lui disparaissait en même temps que ma haine. Je pense que je créais inconsciemment ce désir.
— C'est fort possible. Tu n'es venu que pour me dire ça ?
— J'ai mis à profit le temps que je ne perds plus à chercher Rogue pour réfléchir à ce que tu m'as dit et je voulais te rassurer : si nous devenons un couple, je peux t'assurer que tu ne seras pas là pour assouvir mes besoins.
— C'est bien ; néanmoins, cela ne signifie pas pour autant que je ne sois pas là pour boucher un trou.
— Ah mais non, je…
— Je t'ai avoué que je t'aimais, l'interrompit Remus. Je l'ai dit le premier et ce qui me fait peur, c'est que tu te mettes avec moi uniquement parce que je suis ton ami et que tu as envie de me faire plaisir.
— Ce n'est pas le cas !
— Et il y a aussi la possibilité que tu aies envie de te mettre avec moi uniquement parce qu'être aimé flatte ton ego.
— Non, ce n'est pas ça non plus ! protesta Sirius de plus en plus alarmé par les propos de Remus et le ton froid avec lequel il les tenait.
— J'ose l'espérer, car je ne veux pas d'un amour uni-latéral. Est-ce que tu as envie d'être avec moi ? Vraiment envie ?
— Oui. Tu es la personne la plus solide que je connaisse. Tu es toujours gentil. Je te trouve formidable. Et surtout, tu es tout ce qui me reste de mon passé et j'ai envie que tu sois mon avenir. » Sirius s'interrompit, il n'aimait pas trop la façon dont ses derniers mots sonnaient à ses oreilles, il formula sa pensée à voix haute : « C'est ringard ce que je viens de dire, non ?
— Je te confirme : c'est le genre de phrases qu'on peut lire dans tous les romans à l'eau de rose – pas que je m'y connaisse ! Sirius, rassure-moi : tu n'as pas envie de te mettre avec moi uniquement parce que je suis l'unique rescapé de ton glorieux passé ?
— Non ! Enfin… pas seulement. Je mentirais si je prétendais que ce n'est pas l'une des raisons qui me font t'aimer.
— Je te remercie de ton honnêteté. » D'autant plus que Remus finissait par se demander si ce n'était pas le cas pour lui aussi. Etait-il nostalgique de son passé ? Etait-ce pour cela qu'il aimait tant Sirius ? Est-ce que lui aussi se raccrochait à ce dernier vestige ? Son regard se perdit. « Qu'est-ce que nous risquons si notre union échoue ? demanda-t-il.
— Rien. Je serai toujours là pour toi, même si notre couple ne fonctionne pas ; et j'espère que la réciproque sera vraie aussi.
— Elle le sera. »
Lupin se leva et s'approcha de Black, qui en fit autant. Ils se fixèrent l'un l'autre pendant près d'une minute, leurs visages distants de quelques centimètres, puis, hésitants, ils s'embrassèrent.
« J'étais certain que tu embrassais à merveille », félicita Remus dans un sourire lorsque le baiser s'acheva.
~oOo~
Jeudi, huit heures : écrit d'astronomie.
Pansy se mordillait la peau des ongles – heureusement que sa mère n'était pas là pour la voir – en relisant une dernière fois son cours. Bibine entra dans la salle, une enveloppe scellée dans la main ; elle la décacheta.
« Ranger toutes vos affaires dans vos sacs, je ne veux voir que vos plumes et vos bouteilles d'encre sur les pupitres. »
Les élèves s'exécutèrent, certains plus rapidement que d'autres. Hermione ne quitta ses notes des yeux qu'au moment où elles disparurent au fond de son sac. Elle se redressa en continuant à former sur ses lèvres les mots qu'elle venait de lire.
« ça y est ? » demanda le professeur de vol pour aujourd'hui surveillant d'examen. Aucun "non" ne se fit entendre. Elle sortit sa baguette et tous les sacs partirent se réfugier au fond de la salle. « Je vais distribuer les sujets à l'envers sur les tables. Je vous demanderai de ne les retourner que lorsque je vous en donnerai le signal. »
Elle se promena le long du couloir et les feuilles partirent spontanément de ses mains au fur et à mesure de sa progression. Elle retourna à sa place, s'assit, regarda l'heure.
« Vous pouvez commencer. Vous avez quatre heures. »
Les candidats ne se firent pas prier et retournèrent prestement les feuilles d'énoncé.
Pansy lut son sujet d'Astronomie. Il y avait trois parties au devoir : un schéma à faire, des définitions de différents termes à donner, puis une dissertation. Rien sur la voie lactée ; les vicieux de l'Académie n'avaient pas osé. Elle jeta quelques idées pour la dissertation en vrac sur un brouillon pour être sûre ne pas les oublier, puis attaqua le schéma.
~oOo~
Jeudi, quatorze heures : écrit d'astrologie.
Ron lisait attentivement son sujet. Boules de cristal, tarot, planètes, signes, interprétation des rêves… il avait l'impression que tout le programme des cinq dernières années y passait. En désespoir de cause, il remplit ce qu'il savait en se promettant de revenir plus tard sur les questions qu'il passait… tout en sachant pertinemment qu'il ne serait pas plus avancé à ce moment-là.
De son côté, Pansy fulminait contre Drago qui pouvait réviser tranquillement ses charmes alors qu'elle était bloquée par cet examen stupide ! Elle l'avait quitté alors qu'il s'était installé sur un banc à l'ombre d'un arbre, ses yeux balayant son cours, sa main formant machinalement les gestes des différents sorts et des sons inintelligibles sortant de sa bouche. Il avait bien fait d'abandonner cette option en cours d'année (après une énième altercation avec Trelauwney) ; elle aurait dû en faire autant. Ce qu'elle pouvait être bête quelquefois !
« Si la couleur dominante de votre rêve est le vert, qu'est-ce que cela signifie ? »
Qu'elle était une Serpentard digne de ce nom ? Mais qu'est-ce qu'elle en savait et quelle importance ça pouvait bien avoir !
~oOo~
Vendredi huit heures : oral de charmes.
« Il a de la chance, Blaise, de s'appeler Zabini. Il ne passera qu'en fin d'après-midi. Il a tout le temps qu'il veut pour s'entraîner une dernière fois. Je crois même qu'il en a profité pour faire la grasse matinée, il était pas là au petit déj', murmura Crabbe qui, lui, passait parmi les premiers.
— Plus vite ce sera fini, mieux ça vaudra », jugea Goyle qui était venu en avance pour accompagner son ami.
Vincent fit la moue. Gregory n'avait sans doute pas tort, il n'empêchait qu'il aurait fait n'importe quoi pour retarder l'échéance.
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Lundi, huit heures : écrit de potions.
La plume de Drago courait, fébrile, sur sa copie. Il connaissait toutes les réponses ! De toute façon, il fallait qu'il sache tout. Il voulait un Optimal en potions, à l'oral et à l'écrit ; c'était l'objectif qu'il s'était fixé et qu'il comptait bien l'atteindre.
Neville avait envie de disparaître sous la table, il ne se souvenait plus de rien ! Tout ce qu'il avait réussi à mémoriser dans cette matière – férocement encouragé par Hermione – s'était volatilisé dès qu'il avait retourné son sujet d'examen. Une personne lui aurait lancé un sort d'amnésie que le résultat aurait été le même.
Il était désespéré.
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Lundi, quatorze heures : écrit d'arithmancie.
C'était à présent au tour de Drago d'être désespéré.
Il lisait une question, la comprenait à peine et se rassurait en se répétant que l'Optimal qu'il avait eu en histoire de la magie – inespéré avant qu'il trouve la mine d'or "Salazar" – rattraperait le "Troll" qu'il se paierait immanquablement en Arithmancie.
Tout de même, ça la fiche mal un "Troll" en résultat d'examen.
Surtout quand son père s'appelle Lucius Malefoy.
C'est une option, il n'y a que les points au-dessus de la moyenne qui compte dans une option, non ?
Comment cela fonctionne déjà les résultats des options ? C'est marqué sur le bulletin même si c'est lamentable ?
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Hermione, non contente de trouver toutes les réponses, écrivait des compléments d'information non demandés et se permettait de signaler une incohérence dans un intitulé.
Ils devraient faire un peu plus attention en rédigeant les sujets d'examen !
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Mardi huit heures : oral de métamorphoses.
« Très joli cendrier, Monsieur Potter. Cependant, c'était les hors-d'œuvre. Je vais maintenant vous demander de me le transformer en… disons… sorbet à la fraise ! »
Harry prit une profonde respiration. Un sorbet ? C'était super difficile à faire ça !
« Et je le goûterai évidemment ! Alors, tâchez de ne pas m'empoisonner… et que cela ait goût de fraise ! » ajouta l'examinateur avec un clin d'œil.
Harry déglutit difficilement et avança sa baguette d'un geste mal assuré.
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« Voilà un beau spécimen de canari, Miss Parkinson… surtout d'un si beau bleu, apprécia ironiquement l'examinatrice en regardant l'oiseau juché sur le doigt de la candidate.
— Veuillez m'excuser, quand je fais des métamorphoses en étant nerveuse, j'ai remarqué que cela donnait souvent du bleu », avoua Pansy, rouge de confusion. C'était plus que de la nervosité : elle suait le stress par tous les pores.
« C'est original… mais vous comprendrez que je suis obligée de vous ôter des points pour cette anomalie, nervosité ou pas. »
~oOo~
Mercredi, repos. Enfin… presque !
« J'en ai marre des révisions ! hurla Goyle soudainement.
— On en a tous marre, Greg, rétorqua Drago d'un ton las.
— Peut-être, mais toi, je suis sûr que t'as pas l'impression de faire ça en vain. Toi, t'auras des Optimal et des notes de ce genre. Moi, je me cantonnerai aux Passable voire moins… et souvent moins. Je me demande bien pourquoi je m'embête !
— Il ne faut pas être si négatif ! tenta Drago.
— Donne-moi une seule bonne raison d'être positif ! De toute façon, je n'ai jamais ce que je veux. A Noël, à l'école, dans la vie, jamais je n'obtiens ce que je souhaite même si je fais tous les efforts qu'il faut pour ça, expliqua Goyle. A commencer par toi… » ajouta-t-il dans un murmure quasiment inaudible, Drago entendit tout de même le "toi" et préféra ne rien répondre, mal à l'aise et ne sachant quoi répondre.
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Est-il utile de continuer ainsi ? Vous l'aurez compris : les examens se poursuivent, d'écrit en oral, de potions en botanique, et jour après jour, révision après révision, sujet après sujet, l'heure de la délivrance approche…
« Fini ! s'exclama rageusement Pansy en sortant de la grande salle dix minutes après Drago. Monsieur Malefoy, nous avons vaincu ces fichus Aspics ! Félicitons-nous !
— On devrait peut-être attendre les résultats pour cela, non ?
— Pourquoi ? C'est déjà très glorieux d'avoir survécu à ce supplice ! »
Hermione sortit à son tour de la salle, les yeux rivés sur son sujet, vérifiant pour la énième fois si elle n'avait rien oublié, même si c'était peu plausible et que cela lui vaudrait juste une indicible frustration si jamais elle trouvait une erreur étant donné qu'elle ne pouvait plus la corriger puisqu'elle avait rendu sa copie.
« Salut Granger ! Encore un Optimal en vue, Miss Je-sais-tout ? demanda Pansy, mi-sarcastique, mi-gentille.
— Normalement oui, répondit Hermione après avoir relu la dernière question et jugé que son devoir était parfait. Et pour vous, ça va ?
— J'aurai sûrement Passable, mais c'est amplement suffisant pour ce que je veux faire, répondit Drago.
— Tu veux faire quoi ?
— Riche héritier ! » répondit Pansy à sa place dans un grand sourire. Hermione pouffa.
« Entrer aux Beaux-arts, rectifia Drago. Tout ce qu'il faut c'est que j'ai la moyenne générale – et une bonne connaissance des sorts pour donner une âme aux peintures – après, cela dépend des œuvres que j'enverrai et de l'entretien que j'aurai. Si je me suis appliqué pour certaines matières, c'est juste pour faire plaisir à mon père. Il aime bien quand j'ai des Optimal, alors, je m'arrange pour lui en ramener quelques uns. Ça le met de bonne humeur.
— Mais si tu n'es pas pris aux Beaux-arts, tu feras quoi ? demanda Hermione, se promettant au passage de vérifier les qualités artistiques du jeune blond dès qu'elle en aurait la possibilité.
— Hé bien, comme l'a sous-entendu si aimablement Pansy : rien… dans la droite lignée de mon père ! Enfin, il gère ses affaires… mais elles se gèrent quasiment toutes seules aujourd'hui. »
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Crabbe sortit de la salle.
« Si on me cherche, je suis en train de me pendre, dit-il à qui voulait l'entendre.
— C'est juste la DFCM… et puis, réjouis-toi, ça y est ! C'est fini ! On est définitivement débarrassé des Aspics ! » le consola Pansy.
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Les élèves, cette fois, sortaient par groupes entiers, l'heure de fin approchait. Une fois les derniers étudiants éjectés de la salle par les surveillants à la fin du temps réglementaire – « Pitié, Monsieur, je vous rends mon parchemin tout de suite, laissez-moi juste terminer ma phrase ! » –, Drago monta sur un banc.
« Puisque nous avons quartier libre en tant que septième année en période d'examens, je propose que nous allions tous boire une bièrraubeurre pour fêter la fin de notre scolarité à Poudlard ; c'est moi qui régale ! »
Cette déclaration fut accueillie par des hourras. Drago descendit de son perchoir et rejoignit Harry pendant que les septième année partaient vers Pré-au-lard.
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« On ne s'est pas souvent vu dernièrement », remarqua Malefoy alors qu'ils suivaient Pansy et Hermione plongées dans une conversation animée sur les différents sujets d'examen. Elles étaient devenues assez copines dernièrement, ce qui, bizarrement, étonnait encore plus les autres élèves que la relation amoureuse unissant Drago et Harry.
« Juste croisés dans les couloirs, mais maintenant on va être plus tranquille, répondit Harry.
— ça s'est bien passé tes examens ?
— Oui, je crois… certaines choses moins bien que d'autres, mais dans l'ensemble, je pense m'en être bien tiré. Et toi ?
— Parfaitement bien. »
Harry avait le cœur gros. La fin de sa scolarité à Poudlard approchait, c'était bien sûr un soulagement, c'était une étape de franchie ; cependant, en même temps, c'était aussi son adolescence qui s'achevait et son chemin qui se séparait de celui de ses amis. Continuerait-il à voir Ron et Hermione aussi souvent ? Pourvu qu'il ne s'éloigne jamais d'eux… Et Drago ? Allait-il rester avec lui ?
« Vendredi, c'est le dernier jour, on ne se reverra qu'à la remise des diplômes… à moins qu'on décide de se revoir avant.
— Tu vas être chez tes Moldus d'oncle et tante cet été ?
— Je ne sais pas encore. J'ai essayé de parler avec Sirius pour voir si je pouvais vivre chez lui, mais il était bizarre ces derniers temps.
— A priori, je devrai être tout l'été chez moi… sauf si ma mère ou mon père décide de m'embarquer dans quelque pays. A ce propos, mon père organise une réception samedi en huit au manoir, j'ai négocié avec lui le droit de t'y inviter ; il était très réticent mais il a fini par accepter, ça te tente ?
— Oui, pourquoi pas ? » répondit Harry. La perspective de se retrouver dans une réception huppée – et peut-être même snobinarde – au milieu de gens inconnus ou hostiles ne le réjouissait guère, mais c'était une occasion de se faire accepter par les parents de Drago… et cela signifiait que son petit ami ne pensait pas que leur relation s'achevait en même temps que l'année scolaire, ce qui était en soi une bonne nouvelle.
« Tenue correcte exigée évidemment. Tu as quelque chose de bien à te mettre ?
— J'avais la tenue que m'avait achetée Madame Weasley, mais elle est trop petite à présent, il faudrait que je m'en achète une autre.
— Je la choisirai avec toi », imposa Drago d'un ton qui ne souffrait aucune réplique.
Ils joignirent leurs mains naturellement… sans remarquer Ron derrière eux qui enfilait deux de ses doigts dans sa bouche avec force mimique dès qu'ils eurent fait ce geste tendre.
