Mon père, ce…
Par Maria Ferrari
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Les personnages et l'univers de Harry Potter appartiennent à J.K. Rowling.
Base : Tomes 1 à 4 de Harry Potter
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—Bonus—
Deux ans plus tard
Un hurlement larmoyant à fendre le cœur de pierre de Voldemort s'il était encore vivant fit soudainement trembler les murs de la maisonnée. Drago sursauta, le crayon en main, ce qui eut pour effet de raturer son chef d'œuvre du moment. Il jura et se retint de frapper la table (il avait constaté à maintes reprises qu'il n'y avait que lui à avoir mal quand il le faisait). Il expira bruyamment – pour reprendre son calme – et posa son crayon en se promettant de réparer les dégâts ultérieurement… dès qu'il aurait réussi à faire taire "Attila".
Repoussant sa chaise, il sortit de sa chambre et songea qu'il pourrait se guider les yeux fermés en suivant les hurlements stridents du dernier arrivant. Il ne mit pas sa pensée en pratique – les escaliers du manoir ne pardonnaient pas – et garda les yeux ouverts tout en se maintenant les oreilles fermées de ses deux mains.
Le chemin était long, pourtant – hélas ! – les pleurs assourdissants du petit arrivaient jusqu'à sa chambre. Si Drago avait été mauvaise langue, il aurait dit que son père avait ensorcelé le manoir de façon à ce que les pleurs résonnent dans sa chambre et qu'il intervienne le plus rapidement possible en cas de mauvais réveil du petiot… ceci dit, Drago était mauvaise langue… et son père était assez malin – sournois ? – pour faire ce genre de choses.
La cacophonie fut totale une fois que Drago eut ouvert la porte retenant le petit monstre. Prisonnier dans son lit-cage, le petit se tordait pour mieux hurler. Cela commença à devenir supportable lorsqu'il aperçut son grand-frère préféré et qu'il n'émit plus que des sanglots brefs et rapprochés – un gros chagrin comme celui qu'il avait mis en branle ne pouvait se calmer instantanément… et puis, le gamin n'était pas bête, il se doutait bien que s'il calmait ses pleurs trop vite, cela sonnerait faux et ruinerait toute sa mise en scène.
Tout en sanglotant pitoyablement – « Regarde comme je suis malheureux ! » –, le bambin regardait Drago fixement. Il n'ignorait pas comme ses grands yeux noirs étaient irrésistibles et abusait de leur pouvoir.
Qu'est-ce qui était donc passé par la tête de son père le jour où il avait décidé de faire un enfant avec Severus ?
Etait-ce la nostalgie de la paternité ? Il est vrai qu'il avait été un enfant fort beau, et même tout à fait trognon, tout le monde en convenait… ceci étant, tout le monde convenait aussi qu'il avait été un braillard capricieux et insupportable – on le lui avait assez répété ! – Bref, la patience de son père n'étant pas son point fort, Drago avait du mal à comprendre pourquoi il avait tenu à renouveler une telle expérience.
Pouvait-il alors incriminer l'attrait de l'expérimentation d'une nouvelle technique ? En l'occurrence, celle qui permettait de créer un ovule à partir d'un ADN masculin et ainsi de permettre à deux hommes d'avoir un enfant ensemble. Son père et Severus étaient des scientifiques dans l'âme – surtout Severus –, mais de là à s'aliéner la présence d'un marmot, puis d'un enfant, puis d'un adolescent avec tout ce que cela impliquait durant les vingt prochaines années, il y avait une marge que Drago ne voyait franchir personne de sensé !
Une dernière idée, particulièrement désagréable, était venue à Drago, celle que son père avait fait ça uniquement pour l'embêter – ce qui serait tout à fait son genre. Il est vrai que Drago jouait les baby-sitters régulièrement, et entre ça et ses études aux Beaux-Arts, il n'avait plus le temps de fréquenter Harry. Si quelqu'un lui annonçait que son père avait fait un autre enfant uniquement pour se débarrasser d'un potentiel futur gendre qui ne lui plaisait guère, Drago ne s'en trouverait pas spécialement étonné.
Etre à ce point prêt à tout… quelquefois, son père lui faisait peur.
« Tu es censé dormir au moins jusqu'à quatre heures », indiqua Drago, l'index autoritaire. Les yeux du petit parurent s'agrandir encore, la moue de sa bouche se tendre un peu plus vers le bas, les sanglots qui s'étaient peu à peu espacés n'allaient pas tarder à se faire plus rapides et plus intenses. « Tu n'as même pas dormi une demi-heure ! » insista Drago, remuant son doigt tendu d'un air sévère. Il se rendit compte du ridicule de faire la leçon le doigt levé à un enfant âgé de quelques mois, rangea son index et se décida à quitter la chambre. Les hurlements reprirent dès qu'il se fut éloigné.
« Quentin, tu n'es pas mignon ! » s'exclama-t-il en revenant au-dessus du lit.
Là, c'était sûr, il était tombé au fin fond du ridicule. Adopter une voix idiote et déclamer ce genre de phrase en campant ses poings sur ses hanches, il n'aurait jamais cru qu'il en arriverait à de telles extrémités.
De plus, il était clair à voir la mine bien éveillée du marmot que ce dernier n'avait aucunement l'intention de se rendormir et était au contraire bien décidé à accaparer l'attention de son frère tant que celui-ci ne l'aurait pas fait sortir de sa prison.
Résolu à cette fatalité, Drago tendit les bras, se saisit du bébé, prit par la poignée la caisse de jouets et emmena le tout dans ce qui avait été son sanctuaire pendant des années et qui s'apparentait de plus en plus à une crèche : sa chambre.
Il ferma soigneusement la porte derrière lui, posa la caisse et le bout de chou sur le parquet, ôta le couvercle pour que le bambin puisse prélever les jouets à loisir et s'en retourna vaquer à ses occupations.
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Quentin, fort heureux de cette liberté chèrement acquise – elle lui avait coûté de longues minutes de larmes et de hurlements –, choisissait avec soin le premier jouet qu'il allait jeter, d'un geste vigoureux et précis, sur le plancher. Le jeu consistait à tout sortir de la boîte et à semer la pagaille dans la chambre de son grand-frère bien aimé.
Sa liberté était conditionnelle, il savait pertinemment qu'au moindre clignement de paupière ou suçage de pouce, son surveillant le remettrait aussi vite dans sa cage, arguant qu'il était fatigué et qu'il fallait qu'il dorme. Il n'avait pas le droit de montrer le moindre signe de faiblesse.
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« Doucement, Tinny », modéra mollement Drago, concentré sur son ouvrage, en entendant le bruit mat produit par le heurt d'une petite poule en plastique dur sur son placard. A l'aide de sa baguette, Drago, brillant élève des Beaux-Arts, gommait soigneusement son raté. Il comptait présenter ce crayonné à son professeur de dessin et espérait obtenir une note excellente.
Le croquis représentait son père à l'âge de cinq ans. Il s'était inspiré de photos que sa Grand-mère avait retrouvées récemment, le jour où elle avait fait le grand ménage – l'aînée de ses tantes lui avait affirmé qu'elle avait toujours eu ce genre de manies lors de ses grossesses, de là à en conclure qu'elle était enceinte pour la neuvième fois et plus de quarante ans après la naissance de Lucius…
Son père était adorable sur ces photos. Il était menu, fragile, le sourire timide. Le contraste avec l'adulte qu'il était devenu était intéressant et Drago avait prévu de mettre le dessin qu'il était en train de faire en parallèle avec un autre accompli quelques semaines auparavant et représentant son père tel qu'il était aujourd'hui habillé en manteau d'hiver, toque et tenant sa canne. Dans ce but, il dessinait le Lucius de cinq ans dans la même posture qu'il avait dessiné le Lucius adulte… et avec les mêmes accessoires. Le résultat était amusant et même un peu déroutant.
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Vacarme. Quentin était en train de jeter tous ces cubes de bois un par un sur le parquet en chêne.
« Tinny, qu'est-ce que je viens de te dire ? » s'exclama Drago d'un ton las.
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Agitation au rez-de-chaussée. Son père et son beau-père rentraient. Drago termina de gommer et cacha le dessin : son père avait horreur de servir de modèle pour ses œuvres fantaisistes.
Il entendit son géniteur monter les escaliers en discourant sur les bienfaits comparés des maternelles de Coventry et Nottingham – il répondait sans doute à une question de Severus. Quentin était à peine né qu'ils prévoyaient déjà de le mettre à l'école ?
Pauvre petit être.
« Entrez », répondit Drago quand il entendit cogner au panneau. Lucius s'exécuta, dès que Quentin eut aperçu son père, un sourire grandiose illumina son visage – « Mon pôpa ! » –, l'aveuglement des jeunes enfants face à leurs parents était touchant. Drago en avait été victime lui aussi, s'émerveillant de la magnificence de son père, parlant de lui avec fierté, accueillant tous ses cadeaux avec bonheur, restant douloureusement blessé de le voir si strict et indifférent la majeure partie du temps et cherchant son amour à tout prix.
En y repensant, Drago se demandait si son père n'avait pas obéi à une tactique vicieuse pour son éducation, s'appliquant à lui faire penser que son fils ne méritait son affection que s'il était en tout point parfait, distribuant le chaud et le froid, se montrant tour à tour inaccessible et suffisamment proche pour lui faire espérer recevoir cet amour tant voulu en retour. Cette tactique ayant pour but de se faire aimer et respecter par un fils intelligent, érudit et obéissant. Ce plan avait plutôt bien fonctionné… jusqu'à ce jour béni où il avait cru son fils mort et qu'il lui avait soudainement témoigné sa véritable affection lorsqu'il avait ressenti ce bonheur de le voir vivant.
Cet évènement était la clé de voûte de la nouvelle vie de Lucius : sa relation puis son mariage avec Severus et ce bébé impensable auparavant. Son père avait changé, ses opinions avaient évolué et ses sentiments – s'ils ne s'en étaient finalement pas retrouvés modifiés – s'affichaient plus volontairement.
Peut-être Lucius avait-il simplement compris qu'il ne pouvait pas se permettre de considérer certains êtres comme les éléments planifiés d'une stratégie comme il l'avait fait pour son fils, que l'amour des êtres qu'il aimait lui importait plus qu'il ne le croyait et qu'il ne pouvait le jouer sur un coup de poker. Il avait provoqué l'amour de son fils par son indifférence, il n'était pas dit que cela fonctionnerait avec tout le monde.
Sans doute avait-il envie aussi de montrer directement son amour ; se contenter de jouir en silence des exclamations joyeuses que provoquaient ses cadeaux surnuméraires et trop coûteux avait un côté ambigu et donc frustrant.
Bref, tout ceci expliquait sans doute les gigantesques changements dans sa façon d'envisager la paternité.
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Lucius s'assit à côté de l'enfant sur le parquet, l'embrassa sur le haut de la tête et entreprit d'empiler les cubes – le jeu consistant cette fois pour Quentin à empêcher toute construction en envoyant valser les cubes dès qu'une colonne trop haute à son goût commençait à se former.
Drago ressentit un picotement de jalousie. Il était naturellement idiot d'être jaloux d'un enfant de dix mois quand on a vingt ans, mais Drago était intimement persuadé que son père ne s'était pas assis par terre à côté de lui, ne l'avait jamais embrassé – ou alors, très rarement – et avait encore moins participé à ses jeux. Dire que c'était grâce à sa "mort" ! C'était grâce à lui et il en avait à peine profité, déjà trop vieux ! Son père avait compris quelques années trop tard pour Drago qu'il y avait plus important dans la vie que des bêtes questions de sang pur, de lignée ou de carrière.
Ceci dit, ce n'était pas comme s'il était soudainement devenu un papa gâteau… ou si sa démarche était totalement désintéressée. Il jouait avec son fils car il savait pertinemment qu'il était bon pour l'éveil de l'enfant que l'on s'occupe de lui et que l'on participe à ses jeux. Il ne l'avait pas fait avec Drago car il y avait sa mère et une cohorte de nourrices pour s'en charger, mais Narcissa n'était plus là et Lucius avait pris la décision de ne pas engager de nourrice pour Quentin suite à une réflexion que lui avait faite Severus, à savoir « Pourquoi faire élever notre enfant par une étrangère rémunérée alors que tu ne travailles pas et que tu peux donc le faire ? » Lucius avait rétorqué qu'il n'était pas de son rang de s'occuper d'un enfant. C'en était suivi une discussion sur le fait qu'il ne fallait pas faire d'enfant si l'on ne voulait pas s'en occuper… ou qu'on en était incapable. De fil en aiguille, cette discussion s'était terminée par un « La vérité, c'est qu'en dehors de pourrir la vie des gens, tu ne sais rien faire, pas même élever un enfant » acerbe de Severus.
Piqué au vif, Lucius s'était auto-déclaré père au foyer et remplissait depuis cette tâche avec brio. Du moins lui le voyait ainsi, car Drago n'observait pas ça du même œil, et force était de constater qu'il jouait les baby-sitters plus souvent qu'à son tour et lorsqu'il n'était pas là pour pallier aux absences de Lucius, le père sortait quand même, son enfant sous le bras. Il avait déjà été le balader dans les quartiers mal famés, les boutiques nauséabondes et les déjeuners d'affaires, où aucun des convives ne manquait de regarder avec circonspection – avec amusement pour les plus audacieux – le petit bonhomme tout fier attablé avec les grands et dédiant à chacun un sourire béat.
Ça ne paraissait pas déplaire au petiot, et Papa Lucius semblait vraiment être son grand amour. Ce qui signifiait que d'une manière ou d'une autre, Lucius réussissait toujours à être le parent préféré.
Cela avait un côté désespérant.
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L'enfant se mit à grogner soudainement. Lucius jeta un coup d'œil à sa montre.
« Tu as faim ? » demanda-t-il pour la forme avant de le prendre dans ses bras et de l'emmener prendre son goûter. Drago en profita pour évaluer les dégâts. La caisse avait été soigneusement vidée, les différents jouets étaient éparpillés dans toute la pièce.
Drago se saisit de sa baguette, la positionna à la verticale d'un geste sec tout en prononçant une formule ; tous les jouets se précipitèrent dans la boîte, le couvercle s'abattit et les clips en signalant la fermeture hermétique se firent entendre. Il porta la caisse dans la chambre du petit, descendit l'escalier et trouva son frère sanglé sur sa chaise haute et Severus en train de lire le journal. Lucius donnait la becquetée au petit ; cela n'arrivait pas souvent. La plupart du temps, Lucius ensorcelait la cuillère pour qu'elle plonge dans le pot de compote et vienne s'enfourner toute seule dans la bouche du goulu. Il avait ainsi les mains libres pour faire autre chose – comme préparer le repas puisque c'était une autre lubie qui l'avait pris récemment et qui lui passerait sûrement très vite. Lorsqu'il était là et que Lucius n'était pas décidé à lui donner lui-même à manger, c'était Severus qui s'en chargeait.
« Il a dormi ? s'inquiéta ce dernier.
— Très peu », répondit Drago en attrapant une boîte de gâteaux.
Quand ils lui avaient annoncé qu'une mère porteuse était enceinte de leur enfant, Drago était resté sans voix. Une fois habitué à cette idée, il leur avait demandé quelle mouche les avait piqués et avait émis des doutes sérieux quant à leur capacité à être des parents dignes de ce nom.
Ils avaient paru vexés (surtout Severus, Lucius – bizarrement – paraissait moins touché par cette allégation).
Après quelques mois, force était de constater qu'ils n'étaient pas si mauvais que ça. Le plus surprenant était Lucius qui s'était transformé en père au foyer d'une assez bonne facture quand il n'avait pas de rendez-vous extérieur… ou que Drago était déjà occupé par ses études et n'avait de toute façon pas de temps pour Harry et qu'il était donc inutile de lui chercher une autre occupation pour l'empêcher de voir son amant.
L'attitude de Lucius s'expliquait facilement : son père n'avait rien à faire, il n'avait pas de travail, n'avait plus son occupation de Mangemort et n'avait même plus envie de pourrir la vie de Dumbledore depuis qu'il avait appris qu'il était son père, et qui plus est un bon père.
En fait, c'était peut-être ça la vraie raison de la conception de Quentin : Lucius s'ennuyait.
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« Il est temps d'aller dormir.
— Dors bien, Tinny, glissa Drago en embrassant son frère.
— Je t'ai déjà dit de ne pas l'appeler ainsi ! »
Son père avait toujours eu horreur de l'emploi des surnoms. Drago se faisait donc une joie d'appeler son frère Tinny ; fréquenter Pansy Parkinson durant tant d'années avait fini par laisser des traces…
Lucius désangla le petit. Severus le suivit dans les escaliers et Drago prit leur suite, voulant voir si Quentin allait rééditer l'exploit du matin cette fois-ci devant son autre père.
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Lucius posa son fils dans son lit et lui déroba son doudou. Quentin tendit le bras.
« Tu le récupères tout seul, comme tu as fait ce matin.
— Lucius, qu'est-ce que tu fais ? demanda son mari d'un ton inquiet.
— Ce matin, je l'avais dans la main, il le voulait et l'a fait voler jusqu'à lui.
— Déjà ?
— Il va devenir un très grand sorcier », assura Lucius dans un sourire suffisant.
Quentin ne comprenait pas le jeu cruel auquel se livrait son papa et tendait le bras désespérément en commençant à pleurer.
« Si tu veux le récupérer, tu sais comment faire.
— Lucius, arrête ça, donne-lui. Il ne le fera pas.
— Allez, Quentin, fais-le venir à toi.
— Lucius, rends-lui. »
La voix de Severus se teintait d'impatience. Le bébé commença à pleurer. Lucius lui tendit son doudou que le petit accueillit avec un plaisir non feint.
« Il l'a fait ce matin. Drago était là.
— Je te crois sur parole. Il finira par le refaire, mais il faut savoir être patient. », assura Severus avant de sortir de la pièce. Déçu que Quentin ne l'ai pas déjà refait, Drago s'en retourna à ses dessins.
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Narcissa avait emménagé avec Ric juste après leur mariage. Severus était venu habiter au manoir et y revenait chaque soir (sauf quand ses obligations le contraignaient à rester à Poudlard assez tard et qu'il préférait donc y passer la nuit). Drago n'était plus en pension et rentrait tous les soirs chez lui (il allait de temps en temps chez sa mère… pour lui faire plaisir et pour pouvoir travailler au calme quand son frère avait fermement décidé d'être insupportable). Quant à Lucius, n'ayant pas de travail et ayant par contre un petiot, il passait beaucoup plus de temps au manoir qu'auparavant.
Il y avait donc quatre hommes les soirs et week-ends au manoir, ou plutôt trois hommes et un marmot. Un marmot à la bouille d'ange, à la tignasse brune et aux yeux aussi noirs que la tenue la plus sombre de Lucius, bref : les yeux de Severus.
En fait, mis à part qu'il passait la majorité de son temps à pleurer, hurler et semer la pagaille comme tous les Malefoy dignes de ce nom l'avaient fait avant lui, il n'avait pour l'instant pas de caractéristique typique de cette famille. Ceci étant, et mis à part ses yeux, il ne ressemblait pas vraiment à Severus non plus, ce qui avait valu cette remarque de Drago : « Etait-ce bien la peine d'en faire un à vous s'il ne vous ressemble pas ? Vous seriez parvenu au même résultat en adoptant. »… « Ou alors, vous auriez pu ne rien faire du tout », avait-il ajouté en son for intérieur.
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Drago décida le lendemain en voyant son père tenter vainement de calmer un gros chagrin de Quentin qu'il était temps d'aller visiter sa mère s'il voulait que son devoir soit fini dans les temps… c'est-à-dire pour le lendemain.
Il serait plus tranquille le week-end prochain, il prévoyait de prendre rendez-vous avec Harry (en cachette de son père, il serait capable sinon de s'inventer un rendez-vous de dernière minute nécessitant la présence de Severus à ses côtés et donc un gardiennage du petit… ou un quelconque autre bâton dans les roues). Cela faisait combien de temps qu'il ne l'avait pas vu ? Deux semaines ? Trois ? Peut-être bien quatre, voire même cinq. Si Drago était bien occupé entre les beaux-arts et son petit-frère, il en était de même pour Harry avec ses études d'Auror ; il avait redoublé sa première année à cause de ses notes insuffisantes en potions – les potions seraient son éternelle bête noire, même avec un autre professeur que Severus – et ne tenait pas à la tripler.
En y repensant, dans peu de mois cela ferait trois ans qu'il était avec Harry. Il était aberrant qu'une relation pareille puisse durer aussi longtemps… en tout cas, c'était ce que son père avait déclaré. Il n'avait pas tort ; Harry et lui n'avaient jamais grand-chose à se dire alors qu'ils se voyaient fort peu. C'était peut-être ça qui faisait qu'ils restaient ensemble : ils étaient tous les deux très occupés, se voyaient très peu – donc, ne se lassaient pas trop – et n'avaient pas le temps non plus pour aller voir ailleurs.
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Dix ans plus tard
Une trentaine de gamins de dix et onze ans se tenaient gauchement debout à l'entrée de la grande salle de Poudlard. Ils étaient tous vêtus du même uniforme que leurs aînés mais n'avaient encore aucun blason de brodé.
« Quentin Rogue-Malefoy », annonça Minerva. Elle prenait sa retraite à la fin de l'année, c'était donc la dernière fois qu'elle invitait les élèves à coiffer le choixpeau ; elle en était très émue. Un petit bonhomme aux cheveux noirs et à la bouille malicieuse s'avança.
« Mis à part les cheveux et les yeux qu'il a hérités de toi, c'est vraiment tout Lucius », remarqua Sinistra, le professeur d'astronomie.
Severus hocha la tête. C'était vrai. Le petit grandissant, il s'était avéré qu'il ressemblait plus à un Malefoy qu'à lui. Le maître de potions en était plutôt satisfait, il n'aurait pas aimé que son fils hérite de son nez ou de ses cheveux gras et se fasse moquer par quatre petits crétins Gryffondor… ce qui constituait un pléonasme.
Il appréhendait cette première année : Quentin était le fils d'un professeur, qui plus est celui du plus détesté. Il n'avait pourtant pas de souci à se faire : avec ses antécédents familiaux et son caractère, son fils ne pouvait être que Serpentard, et si Severus était détesté par la plupart des élèves des autres maisons – la popularité provoquée par le séjour de Julius à Poudlard avait fini par se dissiper et tout était rentré dans l'ordre –, il était au contraire adulé par ceux de la sienne. Cependant, Quentin risquait d'être la cible de la vindicte des Gryffondor… et avoir son fils dans sa classe le gênait par avance, il se demandait comment il allait devoir se comporter avec lui.
« Serpentard ! » annonça le choixpeau.
Bien, aucune mauvaise surprise de ce côté-là.
~oOo~
Des peintures au mur, des pastels, des croquis. Toute une exposition consacrée à l'art de Drago. La galerie était vide, mis à part l'artiste, seul au milieu de son œuvre.
« Tu l'as accompagné à la gare ? demandait Drago à un médaillon ; la tête de Lucius y apparaissait.
— Bien sûr, je n'allais pas l'y laisser aller tout seul ! Ai-je manqué un seul départ du Poudlard Express où tu te trouvais ? rétorqua Lucius.
— J'espère que tout se passera bien. Cela risque de lui faire bizarre de ne plus te voir pendant une si longue période.
— Je suis sûr qu'il a déjà retrouvé des amis de l'école primaire. Et Severus est là-bas ; il ne risque pas de se sentir abandonné.
— Avoir son père comme professeur n'est pas forcément simple.
— Je suis sûr que Quentin s'en accommodera très bien. Dis-moi plutôt comment cela se passe de ton côté.
— C'est calme. C'est un jour de semaine et la rentrée à Poudlard, alors il y a moins de monde.
— Il y a quand même quelques visiteurs ?
— Actuellement personne, il faut dire que l'heure de fermeture approche ; j'ai quand même vu du monde aujourd'hui.
— Et des acheteurs, il y en a ?
— Aujourd'hui, non. Par contre, j'ai vendu "la balançoire" hier, ainsi que quelques croquis. Et une dame m'a demandé de faire le portrait de sa fille si cela ne me gênait pas. J'y réfléchis ; je n'aime pas avoir des sujets imposés, mais peut-être que la fille en question aura une tête qui m'inspirera. »
Le tintement de la porte d'entrée se fit entendre.
« Voilà quelqu'un ! Je te laisse Papa. »
Drago referma le médaillon et pesta intérieurement contre ce visiteur qui arrivait à deux minutes de la fermeture. Il avait envie de se faire un bon restaurant et de rentrer se coucher. Il oublia ses projets quand il vit la tête du visiteur tardif.
« Je passais par hasard et j'ai vu que c'est là que tu exposais, j'avais bien vu l'annonce de l'exposition dans la Gazette, mais je n'avais pas osé venir. Comme je passais devant par hasard, je suis entré… Ça va ? »
Drago regarda Harry longuement. Depuis combien de temps étaient-ils séparés ? Cela devait faire huit ans maintenant. Quentin avait un peu plus de deux ans… oui, c'était cela, huit ans.
« J'ai entendu dire que tu avais obtenu ton diplôme d'Auror.
— Oui, avec mention, répondit Harry fièrement. Et moi, je me suis laissé dire que tu commençais à te faire un nom dans le monde de l'art.
— Oui, cela commence… doucement mais je n'en suis pas mécontent. Après tout, cela ne fait que quelques mois que je me suis décidé à faire le commerce de mes œuvres.
— Tu as attendu longtemps.
— Je tenais à affiner mes techniques.
— J'ai toujours trouvé tes œuvres magnifiques. Je peux regarder ?
— Oui, bien sûr. »
Harry fit le tour de la galerie, s'arrêtant plus longuement sur certaines toiles que d'autres.
« Tu es vraiment doué », souffla-t-il dix tableaux plus loin.
Drago se demandait si ce compliment était tout à fait impartial et désintéressé ; il en doutait sérieusement.
« Il paraît que tu as un nouvel amant ? demanda Harry, sautant du coq à l'âne, le dos tourné, les yeux rivés sur le portrait d'un petit garçon brun aux yeux noirs et rêveurs dont il devinait qu'il s'agissait de Quentin.
— Harry, nous deux, c'est de l'histoire ancienne, il serait temps de tourner la page.
— Ne t'inquiète pas, je n'ai pas l'intention de te draguer. Et j'ai des aventures moi aussi.
— Tu sous-entends que ma relation avec ce garçon n'est qu'une aventure ? Tu ne me crois pas capable d'avoir une relation suivie ? »
Harry comprit au ton furibond de Drago qu'il avait été maladroit, mais il était difficile de ne pas l'être avec Drago ; il pouvait être très susceptible.
« Je n'ai pas dit ça. Je voulais juste dire que moi aussi, je n'étais pas tout seul… du moins, pas tout le temps. Si tu as une relation sérieuse avec quelqu'un, j'en suis très heureux pour toi. »
Drago se dit qu'il avait été un peu brusque, un peu méchant aussi. Dans un sens, Harry y était habitué.
« Excuse-moi de prendre si mal tes propos et d'y chercher un sens qu'ils n'ont sans doute pas.
— Ne t'excuse pas. Ce sens y est. Tu es de loin la relation la plus sérieuse que j'ai eue. Et puis, j'ai trente ans passés maintenant, j'ai envie de me fixer… surtout quand je vois Hermione et Pansy qui parlent d'adopter un enfant.
— Je sais, elles me l'ont dit. Elles peuvent ; elles forment un couple viable, pas nous. Je suis désolé Harry, mais si tu as décidé de te mettre en ménage avec quelqu'un, tu as frappé à la mauvaise porte. Nous ne sommes pas faits pour vivre ensemble. Et avant de chercher quelqu'un avec qui tu veux vivre et finir ta vie, commence par te trouver quelqu'un que tu aimes bien et avec qui tu as des points communs. Le reste viendra après.
— Tu ne comprends pas, Drago. Tu ne m'aimes plus, mais moi je t'aime toujours… Il vaut mieux que je m'en aille. Désolé de t'avoir dérangé. »
Il ouvrit la porte. Le tintement habituel se fit entendre. Il sortit et disparut de la vue de Drago.
Il l'aimait toujours ? Dommage pour lui car ce n'était pas réciproque.
Drago attrapa sa veste, il commença à l'enfiler et interrompit son mouvement alors que la brusque déclaration de son ex le poursuivait.
Il prétendait qu'il ne l'aimait plus, mais était-ce bien sûr ? Il arrivait parfois à Drago que son ancien amant lui manque et Hermione lui répétait souvent qu'Harry avait beaucoup changé, qu'il était devenu un homme et qu'il n'avait plus grand-chose en commun avec le gamin qu'il était.
Cependant, elle disait cela parce qu'Harry était son ami, qu'elle savait qu'il était toujours amoureux et malheureux loin de Drago… et qu'elle essayait donc de le convaincre de le reprendre. Il ne pouvait donc faire son confiance à son jugement qui était tout sauf neutre.
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Cinq ans plus tard
Quentin avait maintenant quinze ans en ce mois de juin. Severus passait son temps à lui remonter les bretelles et reprochait à Lucius d'être trop laxiste avec lui. Les engueulades entre les deux parents se multipliaient à ce sujet. Il semblait que plus il grandissait, plus leurs idées sur son éducation différaient.
Quentin avait craint un moment que cette mésentente tourne au divorce. Toutefois, en dehors de leurs fréquentes disputes, ils se comportaient de la même façon qu'avant. Un jour que ses pères se disputaient à son sujet, il avait préféré fuir le manoir. Lorsqu'il était revenu une heure plus tard, ses parents n'étaient plus là où il les avait laissés. Il avait haussé les épaules et était monté dans sa chambre, en passant devant celle de ses deux pères ; il y avait entendu du bruit, avait approché son oreille du panneau et s'était écarté comme si le bois de la porte le brûlait.
Ils étaient en train de faire l'amour !
Horrifié que ses géniteurs puissent encore faire ce genre de choses à leur âge – Severus commençait à avoir des cheveux blancs ! –, Quentin s'était réfugié dans sa chambre au plus vite et s'était empressé de chasser de son esprit les images qui y venaient et qui étaient parfaitement dégoûtantes.
Par la suite, Quentin comprit que ses pères étaient des adeptes de la réconciliation sur l'oreiller. Il finit par s'habituer à l'idée qu'ils puissent encore vivre un amour passionné et avoir une vie sexuelle, bien que cela lui semblait totalement incompatible avec la notion de parents, notion qu'il partageait avec ses amis qui seraient tout aussi horrifiés que lui d'avoir la certitude que leurs parents avaient des relations sexuelles.
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Severus avait démissionné de son poste de maître des potions trois ans auparavant. Il avait prétendu à Dumbledore qu'il en avait assez de ce travail. La vérité était qu'il devenait ingérable d'être le père d'un de ses élèves, surtout que Quentin n'était pas le dernier à se moquer du règlement de Poudlard. Severus avait toujours l'impression d'être ou trop sévère ou trop indulgent à chaque fois qu'il le punissait en tant que professeur. De toute façon, il avait jugé que ce double rôle qu'il jouait pouvait finir par être préjudiciable à lui ou à son fils.
Si un poste convenable se libérait et qu'il en avait toujours envie, il pourrait toujours revenir à Poudlard une fois la scolarité de son fils en ce lieu terminée.
Bien que la fortune des Malefoy soit assez importante pour qu'il puisse se passer de travailler et comme Severus ne supportait pas d'être dépendant et encore moins inactif, il s'était mis à rédiger des ouvrages littéraires : des ouvrages scolaires, des études très poussées sur des potions, formules ou créatures magiques ou encore un recueil de magie noire. Toutes ces œuvres étaient publiées sous un pseudonyme. Son secret espoir était d'écrire un roman d'aventures, il savait que ce genre de choses pouvait sembler parfaitement futile et même à Lucius, il n'avait osé l'avouer, tout en sachant que ce dernier passait la quasi-totalité de son temps libre plongé dans ce genre de lectures.
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Drago, avec les deniers paternels, s'était acheté une galerie ; l'exposition de ses tableaux était donc permanente. Son prénom était maintenant très connu dans les milieux de l'art et certaines de ses œuvres se vendaient à prix d'or. Il n'était pas peu fier, toutefois, il tentait de ne pas prendre la grosse tête – autant qu'il en était capable.
Il logeait au-dessus de sa galerie, un charmant duplex bien aménagé idéal pour le célibataire qu'il était. Car il était célibataire. Quelquefois, il s'en satisfaisait pleinement ; d'autres fois, une présence lui manquait et il était un peu jaloux d'Hermione et Pansy : leur amour était au beau fixe, leur entreprise florissante et leurs deux enfants adorables.
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Il lui arrivait de ramener des hommes chez lui, à peine pour faire l'amour, plutôt pour avoir une présence. Il s'en débarrassait aussi vite qu'il les avait trouvés. Ce n'était pas la présence qu'il recherchait.
Il s'était alors demandé si cette présence qui lui manquait n'était pas celle d'un petit garçon, ou d'une petite fille, d'un enfant en tout cas ; il s'était si souvent occupé de Quentin. Et puis, il y avait son père au manoir. Et Severus les soirs et week-ends. Là, il était tout seul.
Oui, il se sentait un peu seul. En même temps, il avait aussi besoin d'un amant, il le sentait ; mais pas d'un coup d'un soir, il voulait une relation durable. Il serait temps ! Ses trente-six ans approchaient à grands pas ! Il arriverait bientôt aux portes de la quarantaine.
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Dernièrement, il avait feuilleté ses albums-photos. Il s'était longuement arrêté sur celles le représentant avec Harry. Avec le recul, il devait bien s'avouer que c'était la seule relation vraiment sérieuse qu'il avait eue, c'était aussi la plus longue, et sans doute la seule où il y avait eu de l'amour entre lui et son amant.
Il y a treize ans, c'était lui qui avait décidé de le quitter ; il avait l'impression que cette relation ne le menait nulle part. C'était lui encore qui l'avait rejeté cinq ans auparavant lorsqu'Harry était venu le trouver durant sa première exposition. A présent, il se demandait s'il ne s'était pas trompé. Il repensait souvent à lui, à sa façon de le regarder, de le toucher, à quels endroits, de lui parler doucement dans le creux de l'oreille. Il l'avait souvent croisé durant les cinq dernières années et il devait s'avouer qu'il avait beaucoup plus de conversation qu'avant, qu'il était beaucoup plus intéressant, beaucoup plus adulte, mais qu'il avait tout de même su garder le charme qui l'avait fait craquer durant leur septième année.
Lorsque des envies lui venaient sans personne dans son lit pour les exaucer, il se satisfaisait en pensant à lui.
Harry l'aimait-il toujours ? Il n'en avait plus reparlé depuis ce fameux soir, où il était posté face au tableau représentant Quentin enfant, où il n'osait le regarder. Il s'était déclaré pour aussitôt faire une croix dessus.
Une croix définitive ?
~oOo~
Son père et Severus passaient leur temps à se disputer – c'était ce que Quentin lui avait rapporté, c'était ce que lui-même avait constaté lors de ses récentes visites au manoir. Drago n'était pas inquiet à ce sujet, ils savaient qu'au fil du temps, ils étaient devenus dépendants l'un de l'autre et que jamais il ne leur viendrait à l'idée de se séparer. Ces querelles n'étaient que des distractions, ils bataillaient l'un contre l'autre quand ils ne pouvaient envoyer de concert leur venin sur une tierce personne.
Ce jour-là, cependant, ils étaient en parfaite harmonie.
« Tu t'es remis avec Potter ? » s'exclamèrent-ils à l'unisson.
Cette nouvelle n'avait pas l'air de leur faire plaisir. Comme cela était étrange !
Lucius tenta de le convaincre que cette relation n'avait aucun avenir, que Potter n'en avait pas plus, qu'un Malefoy valait beaucoup mieux que ça. Severus, pour sa part, ne disait rien ; sans doute réservait-il son fiel pour les jours où il serait obligé de supporter le beau-fils de Lucius lors de repas ou autres visites du couple au manoir.
Voyant que ses arguments étaient vains, Lucius passa aux menaces, notamment celle de lui couper les vivres. Elle fut tout aussi vaine.
« Papa, je ne suis plus dépendant de ton argent depuis déjà trois ans.
— J'ai payé la galerie.
— Bientôt, je pourrai la rembourser.
— Ton fils retourne avec ce crétin de Potter et toi tu ne dis rien ! » reprocha Lucius en se tournant vers Severus brusquement. Ce dernier écarquilla les yeux puis reprit son attitude posée habituelle.
« Si je puis me permettre – et même si j'ai beaucoup d'affection pour Drago –, c'est ton fils. Tu m'as déjà élevé n'importe comment le mien, ne compte pas sur moi pour assumer aussi les erreurs que tu as fait avec le premier.
— J'ai très bien élevé Quentin ! Et si tu n'es pas content, tu n'avais qu'à le faire !
— Je travaillais moi Monsieur. Et même si j'avais été aussi présent que toi, Quentin t'a toujours préféré et pris comme exemple.
— Cela prouve qu'il est intelligent.
— Cela démontre surtout que tu cédais à tous ses caprices.
— Si cela avait été le cas, Quentin ne me respecterait pas ; or, il me respecte.
— Oui, et comparé à toi, je suis un vieux con à ses yeux ! Je suis celui qui passe son temps à lui interdire tout et à le sermonner. »
Drago s'éclipsa, assez content que la conversation ait déviée sur Quentin et préférant les laisser seuls.
« Je n'y peux rien s'il me préfère.
— Oh que si ! Tu…
— Où est passé Drago ? l'interrompit Lucius. Il en a profité pour filer ; tu es content ? »
Severus leva les yeux au ciel ; Lucius l'accusait de tout et n'importe quoi depuis quelques temps. Il préféra ne rien répondre.
« Mon fils avec Potter… Comme c'était déjà arrivé une fois, je croyais que cela n'arriverait pas une seconde. C'est comme la varicelle normalement ces choses-là. Tu l'attrapes une fois et tu es immunisé pour la vie.
— Il faut croire que non.
— En plus, maintenant, ce ne sera plus une amourette, ça va être sérieux. J'ai bien senti que Drago voulait se ranger.
— Il fallait bien que ça arrive à un moment ou à un autre.
— Je suis anéanti », souffla Lucius.
Severus lui caressa le dos et gagea intérieurement qu'il trouverait les mots justes – et les gestes – pour le consoler.
—Fin (pour de bon cette fois)—
