Disclaimer : je ne suis pas l'auteur extra ordinaire qui a inventé la légende de Dracula, mais tout le reste vient de ma petite tête !

Merci à Sothis the angel declined, seule et unique revieweuse ! Mais où est passé le charme surnaturel de Dracula ?

Remarque : si vous aimez les histoires de vampires, j'ai commencé à écrire une fic originale (pas une fanfic, quoi) sur Ca s'appelle "Enigmatique". Il y a un lien dans ma bio, alors, soyez sympa, allez lire et reviewer, pour que je ne sente pas trop seule ! Merci !

Invité des Ténèbres

Chapitre 1 : 22 mai 1939

L'ombre s'étend

La comte Dracula, soucieux, colla son oreille contre le poste à galène flambant neuf. Le soleil couchant avait chauffé l'écouteur, et Dracula pouvait presque le sentir. Toutes ces années de concentration sous l'œil attentif de Marie commençaient à payer. Ses sensations perdues d'humain revenaient peu à peu, sous les caresses de sa femme et les baisers de ses enfants.

"Hier, 21 mai, un nouveau rapprochement a été établi entre l'Allemagne et l'Italie. En effet, le chancelier allemand Adolf Hitler et le chef d'état italien Mussolini ont signé le Pacte d'Acier, un accord mutuel de soutien militaire. Cette nouvelle alliance vient évidemment renforcer l'axe Rome –Berlin, créé il y a près de 3 ans…"

Dracula soupira. Toutes ces alliances militaires ne lui disaient rien de bon. Il ne prétendait pas connaître les aspirations de ses contemporains en matière de pouvoir. Mais il avait lui même guerroyé, il y avait bien des années… Et ces pourparlers stratégiques finissaient généralement dans un bain de sang et de misère…

- Qu'est-ce que tu écoutes Papa ? fit une petite voix derrière lui.

- Les informations, répondit-il, en essayant de paraître le moins préoccupé possible.

- Je peux écouter moi aussi ?

Dracula fronça les sourcils. Comme tous les enfants de son âge (pour ce qu'il en savait en tout cas), Vlad adorait imiter son père, et coller son oreille contre le poste à galène était l'une de ses activités favorites, même s'il ne comprenait pas le moindre mot à tous ces bavardages insipides d'adultes.

- Non Vlad, répondit fermement Dracula. Ce n'est pas pour les enfants.

Vlad soupira profondément, grognant qu'il n'avait vraiment le droit de rien dans cette maison et que c'était franchement injuste.

Marie, assise non loin de là, sa petite fille dans les bras, leva les yeux vers son époux.

- Qu'est-ce qui se passe ? Est-ce que les choses vont plus mal ?

Dracula hocha discrètement la tête, pour ne pas attirer l'attention des enfants. Marie avait vu juste. Hors des murailles protectrices de leur château, le monde allait de plus en plus mal. Les hommes préparaient des guerres. Et le pire était qu'ils se rapprochaient dangereusement de leur coin de paradis.

- Nous ne sommes plus en sûreté, murmura Dracula.


- Plus en sûreté ? Qu'est-ce que tu veux dire ? répéta Marie, plus tard, lorsque les enfants furent couchés.

Dracula n'avait absolument aucune envie d'inquiéter Marie, mais il fallait pourtant bien lui présenter la situation telle qu'elle était.

- Il va y avoir une guerre. Si nous restons ici… Je ne sais ce qui arrivera…

- Si nous restons ici ? répéta Marie, dubitative. Mais où veux-tu que nous allions ? Nous sommes des…

Le mot ne parvint pas à franchir ses lèvres. Même après des années, elle se voyait plus comme une mère de famille tout ce qu'il y a de plus classique, que comme une créature diabolique se repaissant de sang.

- Nous ne pouvons pas quitter notre maison ! s'exclama-t-elle.

Dracula sentait l'inquiétude monter en elle. Elle était ici depuis si longtemps. Même pour un vampire, ces années avaient plus compté pour elle que celles de sa vie précédente.

- Marie, je suis désolé… Nous allons devoir partir.

Marie soupira et s'assit au bord du lit. Quelle vie pourraient-ils bien mener ailleurs ? Sa vie était ici à présent, dans ces forêts noires, humides et glaciales, dans ce château effrayant où elle avait rencontré l'homme qu'elle aimait, où ses enfants étaient nés, où elle devenue un…

Elle chassa rapidement cette pensée de son esprit. Mais, après tout, cela faisait aussi partie de sa vie. Elle passa ses doigts fins sur les deux petites marques jours de sa nuque. Oui, cela faisait aussi partie de sa vie, au même titre que Vlad et Emma.

- Marie, mon amour… murmura Dracula en lui touchant la joue.

Marie se blottit contre lui.

- Je… J'ai peur, bredouilla-t-elle.

Dracula l'étreignit. Chaque fois qu'il la serrait dans ses bras, il lui semblait la revoir pour la première fois, dans ce couvent sinistre de France. De France ? Soudain, une idée germa dans son esprit.

- Ne t'inquiète pas, mon amour. Nous trouverons toujours une solution. Tant que nous resterons ensemble, tout ira bien…

Marie resta lovée contre lui. Et l'idée de la France resta bien ancrée dans ses pensées.

Demain, il s'occuperait de ça. Demain, il trouverait un solicitor français. Demain, il raisonnerait Marie et les enfants, il leur parlerait de la nécessité de ce déménagement. Mais, cette nuit, il garderait Marie en paix dans ses bras, enlacés comme de jeunes amants.


Reims (1), quelques semaines plus tard.

Pierre (2) remit une mèche de cheveux derrière l'oreille de sa dulcinée. Ils étaient restés toute la nuit enlacés sur le vieux divan que Pierre avait trouvé pour décorer sa chambre. Il trouvait cette chambre sinistre et misérable, et il avait parfois honte d'inviter Eve ici. Mais elle ne semblait pas prendre à cœur les lambris délabrés et l'épaisse couche de poussière qui recouvrait le mobilier abîmé.

Eve soupira dans son sommeil. Pierre se contorsionna pour s'extraire de ses bras sans la réveiller. Il était tout courbaturé d'être resté assis sur ce divan inconfortable toute la nuit. Il jeta un coup d'œil vers le petit lit, bien sage au fond de son alcôve. Les femmes et leurs principes !

Il fit un brin de toilette rapide et silencieux, puis passa un complet propre. Sa montre antique lui indiqua 7h30. Il fallait qu'il se presse s'il ne voulait pas arriver en retard au cabinet, ou Georges lui passerait un sacré savon…

Il déposa un baiser rapide au coin des lèvres d'Eve et disparut, espérant qu'elle penserait à fermer le verrou et à remettre le trousseau de clés sous le paillasson lorsqu'elle irait travailler à son tour. Il descendit quatre à quatre les innombrables marches qui séparait sa chambre sous les toits de la loge du concierge. Il salua l'homme grincheux et prit son courrier au passage. Il n'y avait rien de bien important.

Il déplia un journal dont il parcourut rapidement les gros titres. A part les frasques politiques de ces cinglés d'allemands (3), il n'y avait rien de nouveau. Si cet Hitler continuait comme ça, il allait finir par lui arriver des bricoles, pensait Pierre. Mais l'actualité ne l'intéressait guère, et il faisait bien trop beau, ce matin là, pour se préoccuper de politique…

Il eut beau courir à travers les rues de la ville, manquant à plusieurs reprises d'être renversé par des employés pressés à bicyclette ; il était en retard lorsqu'il poussa la porte du cabinet des frères Marangon.

Henri et Georges Marangon avaient ouvert ce cabinet notarial quelques 35 ans auparavant, sur un coup de tête, à partir de rien, ou presque. Aujourd'hui, après des années de bons, loyaux et lucratifs services, les affaires allaient leur cours tranquille. L'entreprise familiale prospérait et comptait parmi sa clientèle quelques personnes de haute renommée au patrimoine plus qu'intéressant. Les frères Marangon avaient embauché quelques employés pour l'ordinaire. Henri était même sur le point d'ouvrir une succursale à Epernay (4)

Pierre était l'un de ces employés, et l'un des plus appréciés. Il avait 25 ans depuis peu et travaillait en étroite collaboration avec Georges Marangon, qui le considérait comme un fils, et un éventuel successeur. Il avait commencé tout en bas de l'échelle comme simple clerc, et espérait bien devenir un jour un associé à part entière dans l'affaire. Il y voyait une succession logique d'évènements, un déroulement raisonnable, une trajectoire de vie tracée depuis toujours, inexorable. Dans 10 ou 15 ans, il serait notaire chez Marangon et Froment, cours Langlet, Reims, il aurait épousé Eve et en aurait déjà 2 ou 3 enfants.

C'était ce à quoi il s'attendait. Ce qu'il ignorait, c'était qu'une lettre en provenance de Roumanie allait venir bouleverser le cours de sa vie…


(1) Pour ceux qui ne connaîtraient pas, Reims est la plus grande ville du département de la Marne (51) en Champagne Ardennes. Il y a une très belle cathédrale, des vestiges gallo-romains, et du champagne ! C'est là où j'habite et c'est en partie pour cette raison que Dracula a décider d'élire domicile ici…

(2) Je ne sais pas trop quand j'aurais l'occasion de présenter plus amplement ce personnage, alors sachez d'avance qu'il s'appelle Pierre Froment (nom que j'ai délibérément plagié au héros de "Lourdes" de Zola) Sa compagne s'appelle Eve (et vous connaîtrez son nom bien assez tôt !)

(3) Ce n'est pas moi qui le dis, c'est Pierre ! Et à l'époque, il ne devait pas être le seul à penser ça…

(4) Autre ville célèbre pour son vignoble et son champagne.


La suite au prochain épisode !

A bientôt ! (et n'oubliez pas de reviewer !)

Thaele Ellia