Série
: Naruto
Autrice : Kineko
Genre : Sérieux, point de
vues, personnages originaux, interprétation du mythe japonais
d'Orochi et Susano-O, traumatisme de Kiba (se fait frapper par Cryss)
mais aieuh TT. Neji tout cassé.
Couple : OC
Disclaimer:
Naruto et tous les personnages tirés du manga ne
m'appartiennent pas. Ils sont à Masashi Kishimoto. Hebiko,
Naga, le docteur Fuun, le vieux Kurogane, en gros, tous les autres
personnages sont de moi.
-Izumo en vue, déclare Kiba,
sept jours plus tard, en descendant d'un arbre.
-Tu as vu Yamata?
S'enquiert Shikamaru.
-Non, rétorque Kiba, atterrissant
souplement près de Sakura, le village est au centre des huit
collines et des huit vallées. On ne peut pas le voir tant
qu'on n'a pas grimpé les hauteurs.
-Huit collines? Répète
Sakura.
-Ah... y'en a pas vraiment huit, se corrige Kiba,
resserrant les bretelles de son sac sur son dos. C'est juste une
manière de parler. La région est pas mal montagneuse,
et la rivière Hi coupe la zone en deux continue t'il en jetant
un regard à Shikamaru et Neji qui vérifient la
direction à prendre avec leur boussole.
-Tu t'y connais
bien dis donc.
Kiba roule des yeux puis tourne vivement la tête
quand un froissement de feuille se fait entendre.
-Un simple
faisan Kiba, déclare Neji sans lever les yeux de la
carte.
Kiba lui adresse le salut à un doigt, jetant un
regard nerveux autour d'eux avant de reprendre sa discussion avec
Sakura. Depuis qu'il connaît leur véritable destination,
Kiba a perdu énormément de sa hargne et fanfaronnade.
Il est beaucoup plus calme, ne crie plus à tue tête, pas
plus qu'il ne s'agite inutilement, mais sursaute au moindre bruit,
observait sans cesse les environs, reniflant à tout bout de
champ, se réveillant parfois en sursaut au milieu de la nuit.
Naruto est lui, paradoxalement, à la fois beaucoup plus
nerveux, et d'un silence inquiétant. Plus ils approchent de
Yamata, plus Sakura a l'impression de revoir Naruto quatre ans plus
tôt, pendant leur incursion au Pays des Glaces, dans la
forteresse des femmes des neiges, prêt à tuer quiconque
péterait de travers. Et cette fois, pas de Kakashi pour le
calmer.
-J'ai quasiment appris à lire sur des livres de
légendes, reprend Kiba, surveillant nerveusement le faîte
des arbres. Et Izumo est un nid à légendes. C'est ici
que le dragon Yamata-no-orochi s'est fait dérouiller par le
dieu Susano-O. Le village de Yamata aurait été fondé
par les gosses qu'il aurait eut en sautant la princesse locale...
-Un
cours de mythologie est toujours une expérience éducative
avec toi Kiba, note sarcastiquement Neji, on en apprend toujours
beaucoup sur les ancêtres vénérables.
-Vénérable,
ma fesse droite oui, rétorque Kiba en ricanant, les légendes,
à la base, c'est du sang, du cul et de la ruse. Susano-O n'a
put vaincre Yamata-no-Orochi que parce qu'il était
complètement beurré. Il l'a ensuite charcuté,
lui a coupé ses huit têtes et ses huit queues et s'est
dépêché de culbuter la princesse Kushinata et lui
faire des tonnes de gosses.
Le brun soupire puis secoue la tête
et lève la main, indiquant une direction à Sakura.
-On
arrive sur le domaine des démons, tu vois la borne à
double face là?
Sakura suit la direction qu'il lui indique
et voit une statue dressée au bord de la route, leur faisant
face avec un visage souriant.
-C'est la frontière. Une fois
passée, on sera dans le monde des démons.
-De quoi
parles tu? S'enquiert Sasuke d'un ton suspicieux. On va à
Yamata, pas chez les démons...
-Là où
habitent les démons devient une partie du monde des démons.
Quand nous serons là, les lois des démons
prévaleront.
-Génial, gronda Naruto, je peux pas
attendre d'y être.
Une frontière...Un peu comme le
portail de glace qu'ils ont passé pour entrer et sortir de
chez les koorime. C'est logique... enfin, à la manière
démoniaque. Après tout, ils ont réussit à
passer de Kiri no kuni à Hi no kuni, soit un bond de plusieurs
centaines de kilomètres, en ayant seulement marché une
ou deux heures chez les koorime. Maintenant, reste à ne pas se
retrouver à Oto no kuni en ressortant...
Kiba sursaute de
nouveau quand un bruit d'ailes se fait entendre, provoquant un
nouveau sourire condescendant de Neji.
-Un corbeau cette fois
Kiba.
-On verra ce que tu diras quand on sera de l'autre côté,
gronde Kiba, vexé.
-On y va, ordonne Shikamaru en rangeant
la carte. Droit devant.
Le cœur battant d'appréhension,
Sakura suit les garçons vers la borne sculptée. Quand
elle passe à proximité, elle voit le second visage
taillé à l'opposé du premier, tout aussi
souriant que l'autre. La statue évoque une impression étrange,
malgré son allure sympathique. Elle est toute en courbe et en
rondeur, d'aspect bienveillant, un peu comme une grosse poupée
daruma 1 en pierre. Et pourtant, Sakura ne peut s'empêcher
d'être impressionnée, presque effrayée par son
aspect. Elle voit Kiba fouiller sa poche et sortir de la menue
monnaie, la triant dans la paume de sa main.
-Oy, Sakura, tu
aurais... Deux pièces de cent yens? Ou trois de cinquante?
Demande-t-il soudain.
Sakura cligne des yeux, surprise mais
cherche son argent au fond de sa poche d'armes et trie les petites
pièces. Les autres garçons s'arrêtent, intrigué
par l'arrêt intempestif.
-On a pas cent mille ans Kiba,
lance Sasuke.
-Je fais pas de sacrifice pour toi si t'arrêtes
pas d'être un chieur, rétorqua Kiba, prenant les pièces
que lui tend Sakura.
Il en choisit six puis se dirige vers la
statue, faisant sauter la monnaie dans sa paume.
-Oy, vieille
pierre. Six pièces pour six personnes, t'en aura six autres si
on sort sans problèmes.
Et il jette les pièces dans
la bouche du premier visage, celui qui fait face à la
sortie.
-Ca nous aidera? Demande Shikamaru alors que Kiba revient
vers eux, Sakura après lui.
-Ca nous fera pas de mal en
tout cas... putain, j'aurais su qu'on venait là j'aurais
préparé plus de...
-..DANS LES BUISSONS, ALLONS MA
MIE ALLONS, RAAAAMPOOOONS DANS LES BUISSOOOONS!
Les six
adolescents se figent, à peine une seconde, le temps pour eux
de reconnaître les paroles d'une chanson à boire
particulièrement osée. Et puis un mouvement dérange
les herbes sur le côté du chemin et la troupe de ninja
est aussitôt sur ses gardes, dos à dos et kunaïs
dégainés.
-Qu'est ce que c'est que...
-... J'TE
MONTRERAIS MA BELLE, MA DOUCE, MON HIRONDEEEELLE, JE TE MONTRERAIS MA
BELLE, CE QU'LES HOMMES FONT AUX...
L'intrus cesse de chanter, au
grand soulagement de Sakura et les regarde d'un air surpris. C'est un
vieil homme, peut être soixante ou soixante-dix ans, aux bras
maigre, à la bedaine d'ivrogne et aux yeux chassieux. Il porte
un large pantalon, resserré sur les mollets par des bandes de
tissu et le kimono rouge des prêtres, brodé de pompons
et de grelots. Il a aussi la calotte noire sur le haut du crâne,
un peu de travers sur ses longs cheveux gris et emmêlés.
Il s'appuis sur un bâton de religieux itinérant aux
nombreux anneaux entrelacés et une gourde d'alcool se balance
au bout de son bras, déjà fort entamée. La
première chose que remarque Sakura, néanmoins, est son
énorme nez sur son visage rougi.
-Aux pucelles... B'jour,
bafouille l'ivrogne, tanguant sur place.
-Un yamabushi 2,
ronchonne Sasuke en se détendant.
-Complètement
bourré, ajoute Shikamaru.
Le vieux prêtre ricane et
montre Sakura de la main qui tient la bouteille d'alcool.
-Hoooo,
pucelle!
Sasuke et Naruto font aussitôt front devant une
Sakura aussi rouge que le vieillard.
-Touche là et je
t'explose, vieux pervers, gronde Naruto.
Le prêtre rote puis
se redresse, secouant la main d'un geste désinvolte malgré
son état d'ébriété.
-héééé,
t'frise pas les moustaches pour ça R'nardeau, l'vieux Kurogane
r'garde mais y touche pas, ajoute t'il d'un ton paillard.
Sakura
sais que dans trois secondes, Naruto va bondir, attraper le vieux par
les couilles et lui assener le rasengan dans l'estomac sans y
réfléchir à deux fois. Elle a l'habitude. Elle
sait ou se situe le seuil de tolérance de Naruto et les signes
qui indiquent qu'il l'atteint.
Sasuke aussi apparemment,
puisqu'ils attrapent tout deux Naruto par la ceinture, l'empêchant
d'effectuer un tacle de toute beauté sur le
vieillard.
D'accord, cet homme est vulgaire et obscène, et
puis il est sale et il pue et il est soul alors que les prêtres
sont sensés être sobre, mais ce n'est pas une raison
pour l'imprimer dans le premier arbre venu.
Et il ricane ce vieux
poivrot, inconscient du danger auquel il a échappé. Il
ricane longuement, d'un rire aviné, pas du tout sadique ou
moqueur, mais qui pourtant hérisse les ninjas.
-Lâchez-moi,
gronde Naruto.
-Pas si tu l'attaques... rétorque aussitôt
Sasuke.
-Je peux pas, répond Naruto sur le même ton,
je... Peux plus, répète-t-il.
C'est vrai qu'il
l'aurait fait il y a pas cinq secondes, mais maintenant il ne peut
plus. Quelque chose l'empêche de se ruer à la gorge de
ce Kurogane, et ce n'est sûrement pas le respect aux personnes
âgées ou aux prêtres qui l'arrête. C'est
quelque chose de plus profond, de plus instinctif, quelque chose qui
lui murmure que s'il pose la main sur le vieux, il se fera botter le
train si fort que son petit-fils en aura les fesses en feu.
Quelque
chose qui a quatre pattes, neuf queues et des envies de meurtres à
ne plus savoir qu'en faire il réalisera plus tard, longtemps
après cette mission.
-Neji, qu'est ce que tu vois? Demande
Shikamaru.
Le Hyuga a les sourcils tellement froncés qu'ils
lui descendent entre les yeux. Il entend la voix du vieux, il peut
même sentir sa puanteur, mais il ne voit absolument RIEN du
vieillard.
-Rien. A qui parlez-vous?
-Qu'est ce que tu vois?
Redemande Kiba, n'importe quoi...
Neji fronce derechef les
sourcils à la question et jette un regard supplémentaire
devant lui, dans la direction approximative du vieux.
-Un corbeau.
Devant nous.
Kiba laisse échapper un petit sourire nerveux
mais ne quitte pas le vieil ivrogne du regard, ni ne lâche sa
prise sur son kunaï.
-C'est pas un corbeau... Et c'est pas un
yamabushi.
Tout le monde se remet aussitôt sur ses gardes,
le vieil homme observant la chose avec intérêt.
-Un
démon? Demande Sasuke, activant son sharingan.
Sa vision
change aussitôt. Ce n'est pas comme pour les Hyûga, il
voit toujours ce qui l'entoure, de la moindre feuille au plus grand
arbre, mais plus précisément, plus totalement. Dans cet
état, il voit ce qu'on lui cache, les intentions d'attaques,
les mécanismes des techniques, le point faible des défenses,
la manière dont le chakra se concentre dans et autour de ses
camarades... Il peut voir comment le chakra de Naruto filtre à
travers sa peau, comment celui de Shikamaru est étrangement
concentré dans son ombre, ceux de Neji et Sakura, contrôlés
au millimètre près et puis ceux de Kiba et Akamaru,
liés par un cordon ombilical.
Et il peut voir un corbeau
perché sur une branche basse, juste là ou se tiens le
vieux Kurogane.
-Pas exactement... Un tengu.
Le vieillard
hausse ses sourcils broussailleux, dévisageant Kiba avec
surprise puis a un grand sourire qui dévoile ses chicots
jaunis.
-hé hé héééé, je
t'avais pô vu Hannyo...
Avec un grondement rageur, Kiba
s'élance, griffes en avant, et aucun de ses amis ne peut le
retenir, même Sasuke et sa vitesse extraordinaire. Le vieux
laisse échapper un rôt sonore, peu impressionné
par l'attaque, sans même faire mine d'esquiver.
Et
disparaît, au moment où Kiba lui atterrit dessus.
Un
instant surpris par la disparition de sa victime, le ninja touche
terre lourdement et reste accroupit, cherchant le tengu du
regard.
-Restez sur vos gardes! S'écris t'il, les tengus
peuvent se téléporter et lire les pensées!
Tous
se redressent, sur leurs gardes et Sasuke cherche l'ennemi du
sharingan, fouillant les arbres à la recherche d'un corbeau
déplumé.
Il se fige net quand deux doigts osseux
s'enfoncent dans son dos, là ou est cousu l'emblème de
son clan.
-Uchiha 3...
Naruto pousse un cri de surprise,
s'écartant d'un bond tellement puissant qu'il se retrouve à
dix mètres de là. Sakura trébuche en essayant de
s'éloigner du tengu qui est apparut à pas quarante
centimètres d'elle. Neji et Shikamaru se tournent, stupéfait
de ne pas avoir senti la créature venir et du coin de l'œil,
Sasuke peut voir l'ombre de Shikamaru essayer de se refermer sur
celle du vieux, sans y parvenir, tenue à l'écart par
son chakra. Sasuke reste immobile, attendant patiemment que le tengu
commette une imprudence suffisante pour lui échapper,
supportant sans mot dire l'odeur d'alcool et de sueur du vieillard et
les doigts crochus tracer le symbole sur son dos.
-Uchiha,
l'éventail, répète le tengu, d'un ton étonnement
sobre. Que fais un humain à porter un de nos symboles 4?
S'étonne t'il à voix basse.
Sasuke prend une
profonde inspiration.
Ses mains volent à l'étui sur
sa cuisse, faisant jaillir les kunais de leurs emplacements, et il
frappe d'un ample geste vers l'arrière.
Il voit le tengu
disparaître du coin de l'œil, ses yeux étrangement rond
et noir dans son visage rouge et cette vision le trouble suffisamment
pour le ralentir.
La seconde suivante, il se retrouve affalé
sur le ventre, une des getas du tengu lui maintenant un bras dans le
dos, le bâton posé au centre de l'éventail sur
son dos. Il n'a rien vu venir, à tout les sens du terme. Lui,
un des ninjas les plus rapide de Konoha, n'a pas vu bouger un
vieillard rond comme une queue de pelle.
-SASUKE! S'exclame
Sakura, essayant de voler à son secours, mais Kiba la retient,
grondant toujours comme un tonnerre de montagne.
-Bien essayé
petit, mais j'apprenais à tes ancêtres à jouer du
couteau, déclare la créature, enfonçant sa
sandale dans le poignet de Sasuke.
Le sourire du tengu commence
soudain à s'effacer, alors qu'il fixe le cou de Sasuke par le
large col baillant. Sakura se surprend à prier que le sceau
n'a pas lâché et que la marque d'Orochimaru est toujours
contenue. Si jamais Sasuke succombe à la colère...
Mais
le tengu regarde longuement la marque noire avant d'hocher la
tête.
-Tu portes la morsure du serpent, mais tu échappes
à son contrôle...Et pourtant tu viens ici... Est-tu
inconscient ou simplement suicidaire?
Naruto doit presque se
mordre les lèvres pour ne pas rétorquer 'les deux' à
voix haute.
-Vraiment? Reprend le tengu avec un regard amusé
à Naruto, la vie doit être intéressante avec lui
alors.
Kurogane retire alors calmement le bout de son sceptre du
dos de Sasuke et se redresse, relâchant Sasuke qui hésite
à se redresser, craignant un coup fourré de la
créature.
-Amusez moi les enfants et peut être que le
vieux Kurogane vous aidera.
On entend un bruissement d'ailes et le
tengu disparaît à nouveau, pour de bon cette fois.
Sasuke attend un petit moment avant de se relever, époussetant
ses habits.
-Qu'est ce que c'était que ce truc? Murmure
Naruto.
-Bienvenue dans le monde réel, vous voulez toujours
continuer? Demande Kiba.
Cinq regards se tournent vers lui, plus
ou moins éberlués.
-On a une mission Kiba. Nous
devons l'accomplir, quelques soient les risques.
-Redis moi ça
quand on ne pourra plus faire demi-tour.
oOo
Quand les amis
arrivent au village, une heure plus tard, la nuit est proche. Naruto
et Kiba, les meilleurs grimpeurs de l'équipe passent par les
arbres, repérant les obstacles divers et la direction générale
du village. Depuis la rencontre avec le tengu, il n'y a pas eut
d'autre confrontation, mais la paranoïa est une tradition ninja
qui leur a déjà souvent sauvé la mise. Le
moindre corbeau, le moindre animal fouinant le sol est
impitoyablement mis en fuite, que ce soit par Kiba ou Akamaru, voire
parfois Naruto, qui a même coursé un blaireau.
Finalement, les deux garçons, perchés au faîte
d'un arbre, finissent par apercevoir le village et redescendent le
signaler aux quatre autres.
-Yamata droit devant, déclare
Naruto en retombant entre Sakura et Sasuke.
-Très bien, des
signes d'activité? Demande Shikamaru, faisant signe de se
préparer pour l'infiltration.
-Quelques cheminées
fonctionnent, explique Kiba, mais la majorité des maisons est
en ruine. Pas de champ aux alentours, jardins pas entretenus, pas
d'animaux domestiques.
-Comment les gens font pour y vivre alors?
S'étonne Sakura tout en resserrant l'étui d'armes sur
sa cuisse.
-Jamais dis qu'ils étaient vivants, rétorque
Kiba d'un ton sombre en l'imitant.
-Galère, marmonne
Shikamaru, fouillant dans sa veste pour sortir une carte qu'il ouvre
devant lui, pour que tout le monde puisse la lire. La résidence
des Nazuchi est plus loin, vers la montagne au Nord. Le temple est
plus à l'est...
-Shikamaru, montre ta boussole, demande
soudain Kiba.
Le surdoué fronce un sourcil intrigué
mais obéit, posant la boussole dans sa paume. Il se renfrogne
derechef en voyant l'aiguille tournoyer sans répit, changeant
de direction de manière aléatoire. Ca ne faisait pas
cela tout à l'heure.
-On ne peux pas faire confiance à
nos boussoles, déclare Kiba en jetant un coup d'œil à
la sienne, dans le même état.
-Tu pouvais pas le dire
avant! Proteste Naruto.
-Hé, je suis pas un yamabushi ou
une miko moi, les seules choses que je connais sur les monstres,
c'est les légendes qu'on m'a raconté.
-Ca me gonfle,
ronchonne Shikamaru, mais on se passera des boussoles. Sakura, prend
cette carte, j'en ai une seconde. Bon, Naruto, Sasuke et Sakura, vous
irez chez les Nazuchi, Kiba et Neji, vous m'accompagnez au temple. Je
rappelle notre but: Trouver tout les renseignements possible sur un
enfant né ici il y a cinquante quatre ans. Un garçon
d'après Godaime-sama.
-Ce serais pas plus simple de
demander direct au gosse? Intervient Naruto.
-Si ça se
pouvait, nous ne serions pas en mission, crétin, lance Sakura
en lui assenant une petite tape sur l'arrière du crâne.
Naruto
se frotte le crâne en boudant et Sasuke roule des yeux devant
ses simagrées. Ca fait des années que Sakura a cessé
de frapper le blond de toutes ses forces quand il dit des
imbécillités ou essaye de la draguer. Elle continue de
lui asséner des petites tapes sur le crâne ou l'épaule,
mais c'est désormais plus affectueux qu'haineux et puis, ce
n'est pas elle qui réussira à frapper assez fort pour
le blesser sérieusement.
-Nous nous retrouvons sur la place
du village dans trois heures. Soyez discret.
oOo
-Tu ne pries
pas?
Shikamaru jette un regard en arrière, observant ses
compagnons, toujours sur le pas de la porte du temple. Depuis que la
vraie mission a été révélée, Neji
ne se prive pas d'asticoter Kiba et sa peur des fantômes. Et
évidemment, Kiba étant celui qu'il est, quand Neji le
fait marcher, il court.
-Ici, ça ne servirait à
rien, rétorque Kiba à Neji, les dieux ont désertés
le coin. Ca m'étonnerait qu'il y ait le moindre kami
ici.
-Chut, nous entamons la partie infiltration.
Kiba se
glisse aussitôt au premier rang avec son chien, tout deux les
sens grand ouvert et Neji ferme la marche, enclenchant son byakugan.
Ce n'est pas tout à fait comme avec Ino et Chouji, qui ont une
vision plus directe de la vie de ninja, plus, on fonce, on bourre,
mais dans ce cas là, Shikamaru préfère
travailler avec Neji et Kiba. Il a testé de nombreuses
combinaisons pour les équipes à trois, selon les cas,
et Neji et Kiba, malgré leurs caractères très
opposés, marchent très bien en attaque furtive. En
fait, il comprend mieux comment on avait formé leurs équipes
quand ils étaient encore genin. L'équipe de Kiba est
parfaite en espionnage, équilibrant leur manque de force de
frappe par leurs techniques héréditaires. Celle de Neji
est idéale pour des combats surprises, rapides et brutaux,
l'essence même des équipes d'Anbu. La sienne correspond
aux missions d'infiltration, aux vols et regroupements d'information,
grâce aux techniques d'Ino et des siennes combinées, le
tout couvert par la force de Chouji.
Quant à l'équipe
de Naruto... Shikamaru a finit par conclure qu'ils feraient des
merveilles sur les champs de batailles, là ou la finesse est
inutile. Certes, Sakura ne seras jamais aussi puissante que les
garçons, mais elle est une des rares qu'ils écoutent,
même quand Sasuke est en pleine possession ou Naruto...
Renarde.
Shikamaru retient un frisson, se souvenant de l'état
dans lequel il a trouvé Naruto après la mission de
recherche de Sasuke. Quand, les entrailles nouées par
l'appréhension, suivis par Temari, il était arrivé
à la frontière du pays du feu.
Des crocs, des
griffes, ses cicatrices sur les joues devenues des marques
sanglantes, son sourire de sadique assoiffé de guerre et de
sang... Et ses yeux fendus comme ceux d'un chat, rouge comme le
sharingan, mais infiniment plus impressionnants. Il lui arrive encore
de se réveiller d'un cauchemar où l'eau de la cascade
est devenue un flot de sang dans lequel se baigne un enfant enveloppé
de flamme.
Il a d'abord crut que Naruto est un bâtard du
clan Inuzuka, ou qu'il est seul représentant d'un autre clan
avec une limite de sang inconnue.
Et puis il y eut l'anniversaire
de Naruto, le jour où tout le monde fête habituellement
la mort du démon-renard.
Le jour ou les adultes sont encore
plus haineux envers le blond que d'habitude.
Ca a fait tilt ce
jour là.
Et Shikamaru a souligné trois fois la
mention de 'chakra infini' dans les fiches mentales de ses amis.
Rien
d'autre n'a changé.
Naruto est toujours Naruto et le Kyûbi
une pile à chakra au service du blond.
Ce qui n'est pas
vraiment rassurant en soit, mais bon, être ninja inclue
posséder une certaine dose de masochisme et/ou
d'inconscience.
Kiba stoppe soudain devant Shikamaru, une main
levée. Il écoute attentivement et flaire le sol avant
de faire un signe de la main, désignant une porte fermée.
Une
présence dans la pièce. Shikamaru jette un regard
par-dessus son épaule, indiquant la porte à Neji. Il
voit les veines sur les tempes de Neji se gonfler légèrement
plus et son aîné lève une main à son
tour.
Cinq femmes. Jeunes mais pas de muscles. Pas d'armes.
Shikamaru hoche la tête avant de répondre de la même
manière.
On écoute.
Pendant quelques minutes, il
n'y a rien. Rien que des conversations à mi voix, des
gloussements comme seules les filles semblent pouvoir en faire et
Shikamaru se demandent qui peuvent être ces jeunes femmes et ce
qu'elles font dans un endroit prétendument hanté. Et
puis un petit cri de joie, soudain, le surprend presque.
-La nuit
tombe, la nuit tombe!
-Très bien, nous allons pouvoir
allumer.
De nouveaux des gloussements et des échanges, plus
prononcés cette fois et Neji continue ses mouvements
codés.
Elles allument des lampes.
Et aussitôt dis,
la lumière vient de la pièce, filtrant par les panneaux
de papier de riz tendus entre les jeunes filles et eux. Ils voient
les silhouettes des filles se découper sur le papier jauni,
comme des ombres chinoises, détaillant la ligne parfaite de
leurs kimonos, leurs chignons soigneusement tirés, leurs
profils délicats et leurs cous gracieux. Elles doivent être
belles, se prend à penser Shikamaru, chez qui la beauté
n'a jamais été qu'un paramètre de plus ou de
moins dans une mission d'infiltration, et il se prend à
vouloir toucher une des ombres de la sienne, rien que pour savoir ce
que ça ferait.
-Il est temps maintenant, déclare une
des femmes, qui, à la voix, doit être la plus
âgée.
-C'est vrai? Demande une des plus jeunes avec
des cris de joie.
-Oui, nos invités par delà le mur
vont s'impatienter.
La première pensée horrifiée
de Shikamaru est qu'ils ont été démasqués.
Et
la seconde, alors qu'il voit l'ombre des femmes se déformer,
leurs cous prenant des proportions exagérés, comme le
corps d'un serpent, est qu'elles ne sont pas humaines.
Il ne
prévient pas ses camarades, Kiba s'est déjà
hérissé comme un chat sauvage, ses crocs au clair et
les griffes lacérant le vieux plancher et Neji a dut voir ce
qui se passe à travers le papier.
Aussi est il surpris
lorsque la porte s'ouvre soudain et que la tête d'une des
femmes, au visage délicat de poupée monté sur un
hideux ressort de chair, bondit sur Neji, le mordant à la
jonction de la nuque et que le Hyuga ne réagit pas.
Kiba
est tout de suite sur la gorge de la femme et mord aussi, essayant de
la briser, sans y parvenir, car le cou se tord et se plisse comme du
caoutchouc et il n'a aucune prise dessus. Shikamaru sort des kunaïs,
avant même d'avoir finit d'analyser la situation. Il sait déjà
le principal.
Ce sont des Rokuro kubi.
Des femmes à long
cou.
Des dévoreuses d'hommes.
Shikamaru empêche
les autres femmes d'approcher d'une volée de kunaïs,
réfléchissant fébrilement aux possibles failles.
Si elles envoient leurs têtes comme ça, elles ne doivent
pas avoir de point faible dessus. Tout doit être concentré
sur le corps. Il faut frapper au corps pour libérer
Neji.
Heureusement, les quatre autres ne semblent pas pressées
de les attaquer, s'amusant de leurs efforts pour libérer Neji
de la morsure de la cinquième. Celui-ci semble remis de
l'attaque surprise, mais il tâtonne aveuglément,
saisissant la femme par les cheveux et Shikamaru se demande
brièvement s'il la voit vraiment avant que les veines du Hyuga
palpitent.
-KIBA! A TERRE! KAITEN EN VUE!
Kiba et Akamaru sont
aussitôt à l'autre bout du couloir, aplatit au sol et
Shikamaru a tout juste le temps de les imiter que Neji et son
attaquante disparaissent dans un tourbillon de chakra bleu. Shikamaru
entend un bruit de déchirure, puis des hurlements d'horreur
féminins et il se relève sitôt que l'air a cessé
de crépiter de chakra. Apparemment, le cou des Rokuro kubi ne
supporte qu'une certaine limite d'étirement avant de se
déchirer. La tête est toujours accrochée à
la gorge de leur camarade, dans un dernier spasme post-mortem, mais
quand Shikamaru jette un regard au reste du corps, il ne voit qu'un
mince serpent décapité, perdu dans l'épais
kimono brodé de l'assaillante.
-Shika! Faut
s'arracher!
Sage décision. Shikamaru balance plusieurs
bombes de fumée au milieu des autres femmes, qui commencent à
s'étirer, se bousculant pour faire payer la mort de leur
compagne. En quelques instants, Kiba et lui sont dehors, traînant
Neji chacun par un bras.
-Il est gelé! S'exclame Kiba, Neji
répond moi!
-Le byakugan est désactivé, note
Shikamaru d'une voix neutre, tirant sur la tête délicate
toujours accrochée à la nuque de Neji.
C'est
immonde, mais il n'a pas le temps d'écouter les protestations
de son estomac et de sa raison. C'est pourquoi il laisse Kiba briser
la mâchoire du monstre pour libérer la plaie.
-Il
faut dégager! S'exclame Kiba, paniqué, pendant que
Shikamaru essaye de poser une compresse sur la gorge de Neji, et ce
sans ralentir dans leur fuite éperdue.
-Rejoignons l'équipe
de Sakura, on n'aurais pas du se séparer et...Kiba?
Alors
qu'il aperçoit son compagnon figé devant lui, ses yeux
de fauve parcourant nerveusement les alentours pourtant déserts
du village, Shikamaru décide qu'il n'aime pas voir Kiba
paniquer.
Vraiment pas.
-Kiba?
-C'est la nuit, murmure Kiba,
tournant nerveusement sur lui même.
-Qu'est ce qui se
passe?
-La nuit est le domaine des monstres Shika... répond
Kiba, le temps des fantômes...
Une lanterne s'allume au
porche d'une des ruines qui tient lieu de maison. Puis une autre. Et
encore une... Un à un, des lampions déchirés
s'allument le long de la rue, l'ombre et la lumière formant
comme des visages hurlant dans les plis du papier.
-La nuit
appartient aux esprits.
Il voit maintenant ce que Kiba voit. Ca a
prit plus de temps. Peut être parce qu'il est moins sensible,
ou qu'il ne savait pas où regarder, ou qu'ils se cachaient,
mais maintenant il les voit.
Les fantômes rassemblés
autour d'eux.
Certains ne sont que des ombres, de simples
silhouettes, plus ou moins précises, aux yeux globuleux et
lumineux, d'autres ont une apparence plus détaillée, au
grand dam de Shikamaru.
L'apparence de corps morts depuis
plusieurs mois en l'occurrence. Des enfants au ventre gonflés
suintants et purulents, mâchonnant des ossements divers mais
visiblement humains. Des femmes maigres, le sourire peint sur leurs
crânes décharnés. Des hommes égorgés,
démembrés, les os démis et les yeux arrachés
pendant des nerfs optiques.
-C'est une illusion, marmonne
Shikamaru, essayant de s'en persuader, ce n'est pas réel.
-Ici,
ça l'est, rétorqua Kiba, fouillant dans la poche d'arme
sur sa fesse. Le monde des démons a ses propres lois.
Akamaru!
Shikamaru note par réflexe qu'Akamaru a avalé
une pilule de soldat et s'est transformé, mais son attention
est surtout accaparée par le cercle de zombis qui se resserre
autour d'eux. Et la manière dont les gosses sucent les fémurs
qu'ils tiennent n'est pas rassurante. Neji est inerte, froid et
respire à peine, le sang imbibe le pansement sur son
cou.
-Kiba, on doit...
-Akamaru, aide Shika à
transporter Neji sur les toits!
Le chien devenu homme jappe en
réponse et passe un bras de Neji par dessus ses épaules
pour bondir, laissant à peine le temps à Shikamaru de
le suivre. Ils arrivent là haut en quelques secondes et
Shikamaru se penche par-dessus le toit, cherchant Kiba du regard. Les
fantômes se sont approchés et certains tentent de
toucher Kiba, mais le jeune homme relève soudain sa manche,
les griffes sorties.
Shikamaru voit les esprits disparaître
en hurlant quand Kiba leur donne un coup de griffes, les effleurant à
peine. Il y a quelque chose de brillant sur le poignet de Kiba, mais
Shikamaru n'arrive à l'identifier que quand le garçon
le rejoint, après avoir précipitamment escaladé
le toit.
-Un chapelet?
Kiba semble un peu embarrassé et
détourne les yeux, triturant les perles de bois d'une main,
sans quitter les fantômes en contrebas du regard.
-Ma mère
insiste toujours pour que ma soeur et moi on les porte, admet-t-il
d'un ton bougon.
Il jette ensuite un regard à Shikamaru,
comme pour le défier de se moquer de lui ou de le traiter de
fils à maman.
-Et maintenant chef?
-Rejoindre la
résidence Nazuchi. Lance une fusée de
détresse.
oOo
Quand Naruto stoppe brutalement, un
grognement roulant au fond de la gorge, Sasuke et Sakura sont
aussitôt dos à dos avec lui, kunaï à la
main, et observent attentivement le jardin abandonné de la
résidence autour d'eux. Ca fait plus de quatre ans qu'ils sont
dans la même équipe. Quatre ans qu'ils travaillent
ensemble, trois que Sasuke à des crises de possessions
d'Orochimaru et un qu'ils sont devenus chounins.
Et en quatre ans,
ils ont appris quelques astuces sur Naruto.
Surtout que les
grognements du blond sont rarement suivis de démonstrations de
paix et d'amitié.
-Que se passe-t-il? S'enquiert
Sasuke.
-La nuit est tombée.
Sakura sait, même si
elle ne le voit pas, que Sasuke est en train de rouler des yeux et
qu'il est sur le point de traiter Naruto d'imbécile. Ils sont
tellement prévisibles ses bonhommes...
-A part ça?
-Quelque
chose nous observe.
-Ou ça?
-Partout.
-C'est utile
comme information, marmonne Sasuke.
-C'est pas humain, précise
Naruto.
Et Sakura peut presque voir, du coin de l'œil, ses
cheveux se hérisser. Il gronde sourdement à nouveau,
une menace que les deux autres connaissent bien, qui dit clairement
que si l'ennemi approche maintenant, il finira explosé sur la
première surface solide venue. Lentement, presque
imperceptiblement, les deux amis tournent la tête, cherchant
l'ennemi du regard, parés à toute éventualité.
C'est
juste un homme, d'âge moyen, debout dans la galerie couverte
qui entoure le jardin, qu'aucun des amis n'a vu, ni senti arriver.
Il
est vêtu simplement, d'un kimono marron sans motif, mais ce
n'est pas un serviteur, ni un paysan. Ses courts cheveux grisonnants
sont soigneusement coupés et il s'appuis sur sa canne, une
boite noire à la main.
Il n'a pas de jambes. Juste une fine
brume blanchâtre qui semble sortir directement de son
kimono.
Il les regarde, très calme, pas surpris, ni indigné
de trouver trois adolescents dans le jardin, dont l'un d'eux grogne
comme un animal sauvage, ses yeux prenant des teintes étrangement
pourpres dans la lumière diffuse du crépuscule. Naruto
fait un pas en avant et ses compagnons l'imitent, soucieux de ne pas
briser la formation, ni de laisser leur ami blond se ruer seul à
l'attaque de l'inconnu.
-Il a pas de putain d'odeur, gronde Naruto
entre ses dents.
-Il n'a pas de pied non plus, intervient
Sakura.
-Si c'était tout ce qu'il n'a pas, déclare
soudainement Sasuke, ses yeux brillant de leur propre éclat
rouge.
Un fantôme.
Sakura frisonne, instinctivement
presque, se remémorant les contes à faire peur de son
enfance, et leur seule et unique rencontre avec des démons,
quatre ans avant. Le fantôme ne bouge pas, les observe presque
paisiblement, mais les femmes des neiges avaient paru tellement
normales, jusqu'à quelques secondes avant la boucherie, que
Sakura refuse de prendre ce calme comme un indice qu'il ne leur fera
pas de mal.
Et puis un long sifflement connu traverse le silence
oppressant de la petite ville et Sakura tourne aussitôt la tête
dans sa direction.
Un feu d'artifice rouge explose dans le ciel
presque noir et Sakura sent une sueur froide lui couler dans le
dos.
Le code rouge.
Un de leurs camarades est blessé.
Elle
va pour se tourner vers Sasuke et lui demander ce qu'ils doivent
faire quand elle sent le regard des garçons sur elle et se
souvient.
C'est elle le chef cette fois.
Elle va TUER Shikamaru
dès que cette affaire est finie.
-Retraite, ordonne t'elle
d'une voix qu'elle espère ferme, ordre de reprendre contact
avec l'équipe Shikamaru.
Les garçons obéissent
aussitôt, lui adressant un simple signe de tête et ils
disparaissent tout les trois dans un nuage de fumée.
oOo
-MERDE!
Mais pourquoi aucune légende ne dit que les fantômes
savent grimper!
-Parce que ça nous simplifierait la
tache? Rétorque Shikamaru sarcastiquement, atterrissant
lourdement près de Kiba.
Ils courent sur les toits pourris
du village, sautant de maison en maison. Les tuiles ont déjà
lâchés une fois sous leur poids et Akamaru a traversé
un plafond, le laissant seul pour porter Neji, Kiba leur dégageant
le chemin en avant. Shikamaru regrette soudain de ne pas s'être
entraîné plus sérieusement pour développer
sa force physique comme Naruto, Lee ou Chouji. Il peine sous le poids
inerte de Neji, s'inquiétant de sentir sa peau refroidir sous
ses doigts. Devant lui, Kiba laisse échapper un long
sifflement strident avant de retourner à sa tache, fouettant
l'air d'un geste du bras pour repousser l'esprit qui s'approche. Le
chapelet fixé à son poignet brille d'un éclat
irréel, alors que le garçon chien entame une prière,
une de celles que Shikamaru n'a jamais prit la peine d'apprendre,
parce que ça ne l'aurait probablement jamais aidé pour
survivre.
S'il avait su, il aurait appris par cœur tous les
sutras qu'il aurait put trouver.
Les fantômes sur le toit
reculent, ceux qui grimpent hésitent à monter sur les
tuiles et ceux restés en bas se contentent d'observer le
déroulement des évènements. Où que
Shikamaru regarde, il n'y a que des zombis, même sur les
branches des arbres, d'où ils les observent, perchés
sur des rameaux à peine assez solide pour supporter le poids
d'un moineau. Il entend un aboiement et voit Akamaru, revenu à
sa forme quadrupède, slalomer entre les esprits d'en bas. Le
chien est poussiéreux, mais intact et il court au sol sans que
les fantômes semblent lui accorder la moindre attention.
-Par
ici! Lance Kiba, désignant un toit encore libre d'infestation
spectrale.
Shikamaru le suit, atterrissant de justesse au bord du
toit. Une tuile se dérobe sous son poids et, gêné
par la masse inerte de Neji, il n'arrive pas à reprendre son
équilibre. Kiba l'attrape par la veste et le tire à
l'abri, saisissant Neji par la manche pour l'empêcher de
basculer. Akamaru les rejoint en quelques bonds et jappe
plaintivement.
-Pourquoi les fantômes ne lui font rien?
S'étonne Shikamaru.
-C'est un chien, les esprits en ont
rien à secouer, répond Kiba, vérifiant le pouls
du blessé. Neji? Neji, répond!
Akamaru couine à
nouveau et Kiba lui jette un regard dubitatif.
-Tu peux préciser
ce que tu veux dire par: 'Une couille arrive'?
Le seconde d'après,
un vent puissant balaye les environs, projetant les trois garçons
les uns sur les autres. Quand ils arrivent enfin à se démêler
les uns des autres, les zombis se sont tournés vers l'origine
du vent, perché sur une maison de l'autre côté de
la ruelle et proclame lourdement que le sauveur est arrivé.
Shikamaru
a rarement été aussi content d'entendre les
fanfaronnades de Naruto.
Ou de voir Sasuke par ailleurs.
Sakura
et lui les ont rejoint pendant que Naruto invective les revenants. La
jeune fille approche, jetant un regard inquiet à Neji,
toujours dans les vapes.
-Qu'est ce qui s'est passé?
-Ce
n'est pas le moment, il faut nous mettre à l'abri, déclare
Shikamaru.
Kiba continue de réciter des prières à
vitesse accélérée, au point que Shikamaru se
demande s'il s'arrête pour respirer. A sa défense, les
fantômes semblent décider que leur petite troupe est
plus intéressante qu'écouter Naruto parler. Les esprits
se remettent à escalader les murs, leurs mains maigres
agrippant la moindre prise, presque aussi efficacement qu'un ninja.
Il faut se mettre à l'abri, mais ou?
-Rapport sur la
résidence...
-Nous n'avons pas eut le temps d'explorer,
mais nous avons vu un fantôme, déclare Sakura, sentant
Inner Sakura lui signaler que ça doit être le rapport le
plus irrationnel qu'elle ait jamais fait. Il n'avait pas l'air
hostile ni... Mort, achève t'elle à défaut d'un
autre mot, jetant un regard aux cadavres animés qui tentent de
grimper sur le toit.
Un choc ébranle la charpente quand
Naruto les rejoint, piétinant sans remord une main
squelettique qui cherche à lui attraper la cheville. Le blond
se redresse, jetant un rapide regard à ses amis et ses yeux
tombent sur Neji.
Shikamaru a envie de reculer quand il voit
Naruto approcher de lui, les muscles tendus et la mâchoire
serrée, et il craint que le blond ne l'attaque lui aussi.
Mais
Naruto ne lève pas la main et au contraire, se penche devant
lui et Neji, passant ses bras autour de la taille du Hyuga avant de
se redresser, tenant Neji sur son épaule.
Ils ont tous
beaucoup grandi ces derniers mois, et Naruto a enfin la satisfaction
de ne plus être le nabot du groupe, mais Neji est toujours plus
grand qu'eux et sa masse est dure à transporter aisément.
Pourtant Naruto le soulève comme si de rien n'était et
Shikamaru se souvient encore une fois de sa force
monstrueuse.
-Qu'est ce qui lui est arrivé,
bordel?
Shikamaru accuse la question comme un reproche personnel.
Ce qu'elle est. Naruto est toujours extrêmement protecteur de
ses amis, et même s'ils sont capables de se défendre
seul, il ne peut s'empêcher de les protéger ou les
venger le cas échéant.
-Est-ce qu'on va passer notre
temps sur ce toit ou est-ce qu'on va se mettre à l'abri?
Demande Sasuke d'un ton cinglant, assenant un coup de pied sur la
main du zombi qui tente d'escalader les tuiles.
-Ma foi, ce serais
pas con de pas rester ici, approuve une voix traînante dans son
dos, qui fait sursauter toute l'équipe.
Sasuke réagit
aussitôt, kunaïs et shurikens à la main, plus vite
qu'on ne peut le voir et les jette sur leur ennemi derrière
lui.
Personne.
Kiba esquive de justesse un des shurikens et
Shikamaru plaque Sakura au sol pour lui éviter d'être
éborgné.
-Uchiha, ne lance pas d'armes
inconsidérém... Derrière toi!
Sasuke essaye
de se retourner à nouveau, un kunaï à double lame
à la main, mais une paluche crasseuse lui attrape le poignet
et lui tord le bras, le forçant à poser un genou à
terre.
-Doucement petit
-Kurogane, grommelle Sasuke, essayant
de se dégager d'un coup d'épaule.
-C'est
Kurogane-sama pour les oisillons comme toi, rétorque le tengu,
retenant le brun sans effort.
Naruto se remet à grogner et
Sakura voit ses crocs s'allonger dans sa bouche, comme ceux de Kiba.
Impact moins dix secondes. Si Kurogane continue, Naruto boufferas du
corbeau au dîner...
Pas impressionné pour deux sous,
le tengu lui adresse un regard blasé.
-Du calme, renardeau,
je ne suis pas là pour vous faire du mal...
-Je m'y serais
laissé prendre, grommelle Kiba.
-La paix Hannyo, vous
n'êtes pas en position de refuser mon aide.
Cette fois, ils
sont trois à grogner, Kiba, Akamaru et Naruto et Shikamaru se
fait la réflexion un peu incongrue que Kurogane ne sait pas se
faire des amis. Et puis le toit craque sinistrement et Sakura jette
un regard en arrière, voyant la vague de fantômes,
zombis et mort-vivants se hisser sur les bords.
-Shikamaru!
Le
brun tourne la tête, avise le danger et marmonne un 'galère'
bien senti.
-Il faut partir...
-Où ça? S'exclame
Naruto.
-A la résidence Nazuchi, les gaki ne vous suivront
pas là bas, déclare calmement le tengu, avant d'abattre
son sceptre sur le front d'un zombi trop entreprenant.
-Il y a des
fantômes là-bas aussi! Proteste Sakura.
-Ha, nuance
la pucelle, objecte Kurogane de sa voix avinée et graveleuse,
faisant rougir Sakura jusqu'au bout des cheveux, il y a des
esprits.
-Où est la différence? Panique Sakura,
reculant dos à dos avec Shikamaru alors que les fantômes
commencent à ramper vers eux.
-Les esprits sont des
esprits. Des souvenirs qui font illusions, c'est tout. Et ceci,
continue Kurogane en désignant la marée de fantômes,
sont des gaki 5. Et les gaki...
Kurogane plante son sceptre entre
deux tuiles et donne un violent coup de pied sur le toit, suscitant
une onde de choc qui projette les zombis sur plusieurs dizaines de
mètres aux alentours.
-Les gaki, on peut leur faire
ça.
-Pourquoi nous aidez-vous? Demande Shikamaru,
méfiant.
Le vieux sourit, dévoilant ses dents gâtées
et ricane longuement avant de lâcher Sasuke, esquivant sa
contre-attaque immédiate d'un pas leste.
-Parce que je
m'ennuie, déclare-t-il, d'une voix plus sobre.
Et il y a de
nouveau le bruit d'ailes qui accompagne ses disparitions.
Restés
seuls, les ninjas échangent un rapide regard de concertation.
Shikamaru évalue la masse des gaki, qui se rassemblent de
nouveau au pied de leur perchoir et finit par soupirer.
-On se
replie chez les Nazuchi.
-A tes ordres chef, rétorque
Naruto, assurant sa prise sur Neji avant de bondir dans la direction
dans laquelle il est arrivé.
1 Poupée porte
bonheur japonais. Le Daruma est une boule rouge a laquelle on peint
un œil en faisant un vœu puis l'autre une fois que celui-ci se
réalise. http/
2 Prêtre des montagnes
3 Uchiha désigne le clan
de Sasuke, mais aussi un type d'éventail rond qui est leur
emblème. Oui oui, la raquette de ping pong que Sasuke a dans
le dos si vous préférez.
4 Ah, oui, l'Uchiha est
aussi un des symboles des tengus -
5 Gaki: Fantôme-zombi
de l'enfer de la faim, qui est perpétuellement affamé
et dévore tout ce qui bouge ou ne bouge pas.
