Série
: Naruto
Autrice : Kineko
Genre : Sérieux, point de vues,
personnages originaux, interprétation du mythe japonais d'Orochi et
Susano-O. Contiendra : Des serpents, des tanukis, des nekomatas, des
tengus, du beeeeeeeeeeerk , gore, traumatisme de Kiba et
Neji et fantômes.
Couple : OC… Peut être un peu de Neji+Tenten
mais faut le vouloir… Par contre, Naru+Saku+Sasu. Si
si.
Disclaimer: Naruto et tous les personnages tirés du manga ne
m'appartiennent pas. Ils sont à Masashi Kishimoto. Hebiko, Naga, le
docteur Fuun, le vieux Kurogane, en gros, tous les autres personnages
sont de moi.
-Je crois que c'est le dernier rapport,
déclare Sakura en tendant sa traduction à Shikamaru.
-Merci
Sakura.
-Pas folichon hein ?
-Pire que ce que je pensais… Et
galère, soupire Shikamaru en s'éventant distraitement du paquet de
feuilles.
Sakura hoche la tête et rassemble les papiers et la
traduction que Shikamaru et elle ont faite. Neji est toujours allongé
et 'repose juste ses yeux', fin de citation. Depuis la dernière
vérification de Sakura, sa température a augmenté, mais il ne peut
toujours pas utiliser le byakugan. Sakura l'a forcé à manger leur
dernière ration sèche et elle est à peu près sûre qu'il n'a pas
tout rendu. Malgré tout, il reste faible et peux à peine se lever,
quoiqu'il en dise.
-On devrait évacuer Neji, déclare Sakura en
ramassant rapidement les rares affaires éparpillées dans le
campement.
-Dès que les trois autres sont revenus, répond
Shikamaru d'un air distrait, les yeux fermés, mains jointes dans son
espèce de méditation de réflexion.
-Je vais bien! Proteste Neji
d'une voix rauque.
-Viens me le dire en face alors, rétorque la
jeune fille sans même se tourner.
Alors que Sakura referme le sac
de Sasuke, elle entend une petite explosion suivit de quelques jurons
lui signalant que Naruto a encore déclenché le piège alarme
qu'elle place toujours autour de leurs campements.
-Un jour,
déclare t'elle quand son chakra se fait sentir dans la pièce, tu
arriveras à entrer sans déclencher la note explosive.
-J'ai
presque réussi à le désactiver cette fois! Réplique Naruto en
suçant ses doigts brûlés.
Sasuke roule des yeux et replace le
piège derrière Naruto et Kiba avant de venir s'agenouiller près
des chefs d'équipes.
-Qu'est ce que vous avez trouvé?
-Pas
mal de chose pas très joyeuse, commence Sakura.
-On a peut être
des théories mais ça n'est vraiment pas rassurant, ajoute
Shikamaru.
-Et nous on a une nouvelle, déclare Kiba en
recommençant à égrener son chapelet.
-Bonne ou mauvaise?
Demande Sakura avant de se corriger. Attendez non... Mauvaise ou très
mauvaise?
-Très mauvaise, répond Sasuke. Dans le genre
cataclysmique.
-Ok, cataclysme version Gaara, Itachi ou
Orochimaru?
-Genre Kyûbi no Yohko, coupe Naruto, assit près de
Neji, bras croisés.
Et il est si sérieux que Sakura n'ose pas
demander ce qu'il sait de l'attaque de Kyûbi no Yohko.
-Selon un
monstre que nous avons interrogé, reprend Sasuke en s'asseyant près
d'elle, Yamata No Orochi avait été scellé dans le temple par
Susano-O mais il a disparut il y a un peu plus de cinquante ans.
Au
grand étonnement des trois aventuriers, Sakura et Shikamaru ne se
mettent pas à hurler ou paniquer, mais soupirent lourdement tout en
échangeant un regard las. Sakura fouille dans les papiers et sort
une liasse soigneusement classée.
-Ceci est toute la
documentation pertinente que nous avons rassemblée.
-Qu'est ce
que ça dit? Demande Sasuke.
-Ce sont des rapports médicaux. Le
médecin du coin, le docteur Fuun, officiait ici, chez les Nazuchi.
Il tenait son journal et a noté tout ce qui s'est passé. Il y a
plus de cinquante ans, des évènements étranges ont eut lieu.
D'abord, un afflux massif de serpents. Le docteur a répertorié
presque vingt six espèces de serpents différents, du plus petit au
plus gros, qui sont arrivés dans la région en l'espace d'un
an.
-Des serpents ou des bakemo-choses?
-C'est la question
Naruto. Au même moment, une épidémie se déclare. Les patients
souffrent de faiblesse, de frissons, jusqu'au moment ou ils tombent
dans le coma et meurent en quelques heures, comme si leur sang gelait
dans leurs veines. Le docteur pensait à l'origine que c'était dut
aux serpents, à cause des morsures trouvées sur la nuque des
malades.
-Sur la nuque, répète Neji, portant la main à sa
blessure.
-L'épidémie commence très lentement, alors, il n'en
parle pas tellement avant plusieurs mois, et puis au même moment,
Hebiko-hime tombe enceinte et il se consacre uniquement à ses
soins.
-Et il ne s'occupe pas des autres malades? Tu parles d'un
médecin.
-A l'époque, seuls les riches comptaient Naruto, les
paysans et artisans étaient considérés comme... du
bétail...
Naruto grommelle dans sa barbe mais n'interromps plus
Sakura, faisant juste mine de bouder ostensiblement.
-La grossesse
ne se passe pas très bien... en fait, Hebiko-hime manque de perdre
le bébé à plusieurs reprises. Elle s'affaiblit énormément au fil
des mois et au troisième, il y a un début de fausse couche.
-Comment ça un 'début'? Elle a avorté ou pas?
-L'avortement
s'est... avorté... alors qu'elle allait perdre le bébé, tout s'est
arrêté et est redevenu normal. Hebiko-hime a reprit des forces et
tout semblait aller pour le mieux.
-Je sens venir un 'mais' gros
comme Gamabunta, marmonne Naruto en agitant les mains.
-Elle avait
encore des nausées et vomissements, et ce jusqu'à la fin. Le
docteur Fuun a analysé les... heu.. Rejets, pour voir ce qui
n'allait pas. Il a trouvé... beaucoup de choses.
-Sakura, soit
précise, qu'est ce qu'il a trouvé? Demande Sasuke.
-Des
fragments d'os... Des morceaux de doigts, des yeux, des organes. Mais
aussi des peaux de serpents.
Kiba pali visiblement et cesse
d'égrener son chapelet.
-J'ai peur de demander...
Marmonne-t-il.
-Parallèlement, l'épidémie fait des ravages. Les
morts sont jetés dans des charniers et non pas brûlés pour cause
d'hiver très humide. Un soir, le docteur surprend Hebiko-hime sortir
avec ses suivantes. Il les suit jusqu'à un charnier et...
-Pas
besoin de nous faire un dessin, coupe Neji, elles s'adonnaient à
l'anthropophagie?
-Le quoi?
-Cannibalisme, traduit Neji avec un
soupir.
-Exactement. Mais Fuun n'ose rien dire, parce que, après
tout, Hebiko-hime est la fille de son seigneur. Vers la fin de la
grossesse, les trois-quarts de la ville sont touchés par l'épidémie
et la moitié a déjà succombé. Les parents d'Hebiko-hime meurent à
leur tour et Naga-dono hérite du domaine. Il envisage néanmoins de
quitter Yamata le temps que l'épidémie se calme. Avant qu'il ait le
temps de mener ce projet à bien, Hebiko-hime accouche. Et meurt.
-En
mettant au monde le bébé?
Sakura soupire, se mordille la lèvre
nerveusement et secoue la tête, sortant un feuillet du tas qu'elle
tient.
-Regardez.
Sasuke saisit la feuille et se penche dessus,
imité par Naruto et Kiba qui prennent chacun appuie sur une
épaule.
-Qu'est ce que c'est?
-Un dessin du docteur. Il l'a
fait après l'accouchement d'Hebiko-hime.
-C'est une pieuvre..?
Commence Naruto, penchant la tête sur le côté.
-Nan, nan
regarde, y'a des têtes, c'est des serpents, corrige Kiba, désignant
quelques parties du dessin.
-Mais attend, c'est pas un serpent ça,
on dirait un visage.
-C'en est un, déclare de nouveau Sasuke.
C'est le bébé...
-Je vois ses bras! T'as raison... pour une
fois... Mais pourquoi il a dessiné le bébé au milieu d'un nid de
serpent.
-C'est ce qui est sortit du ventre d'Hebiko-hime, déclare
Sakura, ramenant une mèche en arrière.
Les trois garçons la
regardent, Neji se contentant d'hausser un sourcil, incapable de
discerner quoique ce soit sur le papier.
-Elle a accouché de
serpents?
-Elle n'a pas accouché, corrige Sakura, son ventre a
explosé.
Cette fois, les garçons sont pâle d'horreur et Inner
Sakura ne peut s'empêcher de remarquer sarcastiquement qu'il faut
leur parler de sang et de violence pour attirer leur attention.
-en
bref, à peine l'enfant né que...
-Sakura, l'interrompt doucement
Shikamaru, à demi tourné vers la porte, derrière toi.
Sakura
obéit aussitôt, portant la main à sa poche d'arme.
Elle se fige
au spectacle qui l'attend.
Hebiko-hime se tiens derrière elle, le
kimono largement ouvert, dévoilant son abdomen déchiqueté et
ensanglanté, où quelque chose bouge encore et Sakura ne veut pas
savoir s'il s'agit de son intestin ou d'un serpent resté là. Et
pourtant la jeune femme sourit, presque innocemment, malgré le sang
et la chair déchirée.
-Vous savez où est mon bébé?
Sakura
essaye de répondre, mais sa voix se brise dans sa gorge et elle doit
se contenter de secouer la tête.
-C'est embêtant... Je me suis
réveillée et j'avais perdu le bébé. Je me demande où il peut
être.
-Nous allons le chercher Hebiko-hime, déclare calmement
Kiba.
La princesse sourit, rassurée et incline légèrement la
tête en remerciement.
-Merci à vous, vous êtes bien
aimable.
-Je vous en prie, croasse Sakura, à deux doigts de la
crise d'hystérie.
-Je vais chercher mon époux, peut être qu'il
sait ou est le bébé. Je me demande si c'est un garçon ou une
fille.
Et la princesse s'éloigne, passant aux travers des murs de
papier, sans le moindre dommage au fragile matériau.
-Les
fantômes me filent les chtouilles, signale Naruto en se frottant les
bras.
-Bienvenue au club, marmonne Kiba.
-Et après? Demande
Sasuke, visiblement pas plus traumatisé que ça par la
vision.
Sakura sursaute et retourne à ses papiers, vérifiant les
dernières informations avant de les lire à voix haute.
-Et bien,
le journal du docteur s'achève à la page suivante. Naga-dono a vu
le nid et les serpents et a arraché le bébé avant de s'enfuir
avec. La dernière chose qu'écrit le docteur, c'est qu'il est tombé
malade.. La fin.
-J'ai connu des contes de fées plus
joyeux.
-C'est pas finit, coupe Shikamaru. C'est là que ça
devient gonflant. Naga-dono est arrivé dans un village caché, ou il
avait des contacts, et s'est installé la-bas avec son enfant. Il a
épousé une femme et fondé une nouvelle famille. Six ans plus tard,
Naga-dono, sa compagne et leurs deux filles sont massacrés d'atroce
manière. Seul l'enfant est retrouvé vivant. Il est confié à son
senseï qui l'élève. L'enfant présente des pouvoirs
extraordinaires, surtout venant d'une famille sans limite de sang. Il
devient chounin, puis jounin, collectionne les jutsus comme d'autres
les papillons, jusqu'au jour où il pète un câble, sans raison
apparente, et devient criminel de rang S.
Shikamaru prend une
profonde inspiration avant de lancer sa dernière bombe de la
journée.
-Le nom de cet enfant est Orochimaru.
Le silence est
si profond que Sakura entend très distinctement Akamaru marmonner de
sa toute nouvelle voix de bébé une injure qu'aucun bébé ne
devrait connaître.
-Et ça tu le sais comment Shika? Demande
Kiba.
-Hokage-sama m'a fait un topo là-dessus avant notre
départ.
-Tu savais?!
-Non, reprend calmement Shikamaru,
Hokage-sama a fait des recherches sur la famille d'Orochimaru, pour
savoir d'où venait ses capacités extraordinaire. Et elle a
découvert que son village d'origine avait été envahis par des
serpents, comme on dit: Elle a fait le calcul.
-Si elle savait
déjà, pourquoi cette vieille garce nous a envoyé ici?! Proteste
Naruto en agitant les bras, hors de lui.
-Elle ne savait rien de
précis, tempère Shikamaru en se frottant la nuque. Juste qu'il est
né dans un village infesté de démons et qu'il a des
caractéristiques de serpent. Elle ignorait ce qui s'était passé
exactement. En fait, elle croyait qu'Orochimaru était hybride de
démon.
-Hannyo, précise Kiba d'un ton morne.
-Et en fait,
Orochi s'est réincarné dans l'enfant, marmonne Sasuke.
-Avant
que vous arriviez, nous pensions qu'Orochimaru était un lointain
descendant d'Orochi. Les deux théories se valent et...
L'explication
de Shikamaru s'arrête nette quand il aperçoit les sharingan de
Sasuke tournoyer furieusement dans sa direction. L'Uchiha a l'air
furieux, ce qui est compréhensible pour au moins une demi-douzaine
de raisons depuis qu'ils ont mis le pied ici. Et quand Sasuke est
furieux, ça se termine en général en bain de sang. Autant
Shikamaru est attaché à son sang, il doute de ses qualités
cosmétiques.
-Ce n'est pas un hasard si j'ai été envoyé sur
cette mission?
Shikamaru comprend soudain qu'il ne peut pas
mentir. Pas quand il fait face à ces yeux écarlates qui semblent
vriller jusqu'au fond de son âme et y lire tout ses
secrets.
-Non.
Asuma sera furieux quand il apprendra que son
entraînement en volonté laisse autant à désirer, mais il vaut
mieux répondre immédiatement aux questions d'un Uchiha furieux.
-Est-ce que tu m'as utilisé comme appât ?
-Oui.
Shikamaru
ne doit sa survie qu'aux réflexes fulgurant de Naruto et Kiba qui se
sont jetés sur Sasuke et l'empêchent de le chidoriser.
-En fait,
appât n'est pas le terme exact, reprend plus calmement Shikamaru,
reculant à peine d'un pas. Selon les informations relevées chez
Mitarashi Anko, les serpents protègent et respectent les porteurs de
la morsure. Tu es une des personnes les plus à l'abri ici.
-Ca te
serais pas venu à l'esprit de me PREVENIR ?!
-Je pensais que tu
aurais remarqué depuis le temps…
-Sasuke à la frousse des
serpents, intervient Naruto sans lâcher son ami, il les évite ou
les katonise a vue.
-Naruto!
-Quoi, c'est vrai !
-Je n'ai
PAS la frousse !
-Ho vraiment, et la fois ou tu as fait un bond de
dix mètres en mettant le pied dans un nid d'orvet ?
-J'ai juste
été surpris !!
-Moi ce qui m'a surpris c'est le cri de pucelle
outragé que tu as poussé.
Shikamaru est soulagé quand le regard
écarlate de Sasuke le quitte pour se poser sur Naruto. Enfin,
soulagé pour sa propre survie, pas celle de Naruto.
-Tu es mort,
informe froidement Sasuke à son équipier.
-Sanglier, coq, rat.
SUITON ! KOSAME !
Les deux amis cessent aussitôt de se battre
quand un flot d'eau glacée les inonde de la tête aux pieds.
-Calmés
? S'enquiert Sakura d'un ton qui n'a rien à envier à la température
de l'eau.
Les deux camarades marmonnent un 'oui Sakura' peu
convaincant et Kiba, qui se trouvait aussi dans le champ d'action de
la technique, décide sagement de s'éloigner de quelques pas,
essorant sa parka, Akamaru secouant sa fourrure à ses pieds.
-Bien,
ce n'est pas le moment de nous disputer. Nous devons trouver la
vérité sur Orochimaru et Yamata no Orochi.
-Il va falloir nous
rendre au temple pour enquêter là dessus, déclare Shikamaru en
tentant d'ignorer les regards méchants de Sasuke sur sa personne.
-Les rokuro kubi vont nous tomber sur le coin de la gueule,
lui-rappelle Kiba.
-Est-ce que le fait qu'elles ne se sont
transformées qu'à la nuit tombé implique qu'elles ne sont
dangereuses qu'à ce moment là ?
L'Inuzuka croise les bras,
réfléchissant longuement avant d'hausser les épaules.
-Pas la
moindre foutue idée. C'est possible…
-Il y a peut être une
autre solution, intervient Sasuke avant d'exposer brièvement leur
rencontre avec les renardes.
-Elles ne vous ont pas attaquées à
vue ? Étrange, marmonne Shikamaru.
Aux regards embarrassés que
les garçons échangent, Sakura sent bien qu'ils lui cachent quelque
chose, mais elle les sait suffisamment sensés pour ne pas cacher
d'informations vitales.
Ou du moins, elle l'espère.
Des
précisions seront demandées après cette mission, par la force s'il
le faut.
-Bon, on doit trouver Kurogane, commence Shikamaru. Kiba,
peux-tu nous faire un topo sur les tengu?
Le garçon chien hoche
la tête, sourcils froncés, tout en secouant sa parka pour essorer
les dernières gouttes.
-Voyons voir. Les tengus sont des
bakemono, associés au corbeau. On en reconnaît deux types : Les
jeunes, appelés karasu-tengu et les plus vieux, yamabushi-tengu. Les
jeunes restent le plus souvent sous une apparence de corbeau, ou
d'hybride, mais les vieux peuvent se transformer en humain à long
nez ou d'autres animaux. Ils ont tous le pouvoir de lire les pensées
et se téléporter.
-On a vu, grommelle Sasuke.
-Ha, reprend
Kiba, se souvenant d'un détail, je sais pas si c'est une légende ou
pas, mais vu ce qu'a dit Kurogane…
-De quoi ?
-Les tengus
seraient les créateurs du ninjutsu.
-Pardon ?! Rétorquent en
chœur ses camarades.
-Maman me racontait souvent cette légende,
continue Kiba. Le premier ninja aurait appris les arts martiaux d'un
tengu déguisé en yamabushi.
-Ne me dis pas que ce mythique
tengu serait Kurogane… s'exclame Sakura, incrédule.
Que ce
pochtron à demi clochard soit un tengu est déjà étonnant, mais un
tengu légendaire en plus ?!
-Aucune idée, admet Kiba, mais ce
qui est sur, c'est que les tengus connaissent le ninjutsu.
-Donc,
résume Sasuke, on doit retrouver une créature magique, capable de
deviner nos pensées, de nous échapper en une seconde, de se
transformer et qui connaît les techniques ninja sur le bout des
doigts.
-Heu… Ouais, admet Kiba.
-On est mal barrés, ajoute
Naruto avec un grognement fatigué.
-Il reste environ cinq heures
avant le coucher du soleil, déclare soudain Shikamaru. Sakura, tu
prends Sasuke et Naruto avec toi. Explorez la forêt au sud. Kiba, tu
viens avec moi, on va voir dans la montagne.
-Shika, c'est une
mauvaise idée… Commence Kiba.
-Et pourquoi ?
-Ben c'est le
repaire de beaucoup de bakemono…
-Dont les tengus ? S'enquiert
Shikamaru.
-Heu, ouais, répond Kiba, sentant qu'il est en train
de creuser sa tombe.
-Et nous cherchons quoi ?
-Un tengu,
soupire Kiba en se levant.
-Attendez ! Coupe Sakura. Et Neji ? On
ne peut pas le laisser seul ici ?
-Je sais encore me défendre
Haruno, objecte Neji d'un ton froid.
-Combien de doigts ? Rétorque
Sakura en lui fourrant la main sous le nez.
-Heu...
-On ne le
laisse pas seul, reprend-t-elle aussitôt sans lui laisser le temps
de répondre.
-Tout a fait d'accord, ajoute Shikamaru en se
tournant vers Kiba, laisse lui Akamaru.
Kiba et son chien
échangent un regard un peu interloqué, surpris par l'ordre, mais le
chien finit par lancer un petit aboiement qui ressemble fort à 'oui
chef' et va s'asseoir près de Neji. Lequel Neji semble assez peu
ravi d'être baby-sitté par un chien.
-Retour ici dans deux
heures et demi, continue d'ordonner Shikamaru en s'armant. Essayez de
ne pas vous mettre les monstres à dos.
oOo
Ca fait maintenant
deux heures qu'ils marchent dans la forêt et Shikamaru se seulement
compte de quelque chose au sujet de Kiba. Tous les ninjas de Konoha
savent grimper aux arbres, ils savent se cacher, survivre en forêt,
utiliser toutes ses ressources, connaissent les plantes qui soignent
et celles qui empoissonnent, savent marcher sur les feuilles mortes
et dormir dans les branches, mais jamais, jamais Shikamaru n'a vu
quelqu'un se déplacer comme Kiba.
Ce n'est pas plus furtif, ni
plus élégant, et puis Kiba ne comprendrait pas le concept
d'élégance si on le lui mettait sous le nez.
Non c'est juste
plus…
Plus naturel.
Il n'y a pas d'autre mot. Kiba marche
dans la forêt comme s'il était fait pour cet environnement et
malgré la trouille manifeste qu'il éprouve pour les bakemonos.
Kiba
s'arrête soudain, faisant signe à Shikamaru de l'imiter. Il semble
écouter, reniflant l'air, le nez levé avant de grommeler quelque
chose à voix basse et se tourner vers Shikamaru sans quitter du coin
de l'oeil un point dans les arbres.
-Deux tengus dans cette
direction. Il y a aussi une nekomata et quelques
tanukis.
-Traduction?
-Chatte nécromancienne et des cousins de
Shuukaku.
-Est-ce qu'un des tengus est Kurogane?
Kiba secoue la
tête, espionnant les créatures entre deux branches. Shikamaru se
penche aussi et entrevoit deux moines, vêtus comme Kurogane, quoique
d'une manière plus soignée, assis sur un arbre étrangement
distordu, les branches partant presque à l'horizontale et s'étendant
jusque dans la ramure des arbres alentours. Il y a une femme aussi,
vêtue d'un kimono blanc aux étranges motifs rougeâtre et qui tient
un koto sur ses genoux, confortablement installée sur une branche à
deux mètres du sol. Comment as-t-elle pu grimper là haut avec ses
getas à hauts talons est un mystère. Il met un moment à trouver
les tanukis, quelques boules de poils toutes ébouriffées, à peine
assez vieux pour quitter leurs mères et qui écoutent sagement un
des tengus leur faire une espèce de leçon.
-ils savent peut être
ou se trouve Kurogane.
-Ho, et tu veux qu'on aille les voir et
leur demander poliment s'ils savent ou il se trouve s'il vous plait
merci?
-Tu as une autre solution?
Kiba soupire mais hoche la
tête.
-On y va et on leur demande pas poliment, pas s'il vous
plait, pas merci.
Shikamaru voit ensuite Kiba retirer son bandeau
de ninja, puis son chapelet, son manteau et les lui jeter, restant en
filet et protection de combat, avant d'accrocher plusieurs armes en
évidence sur lui. Puis il se redresse, raidit les épaules et avance
dans la clairière, d'un air conquérant. Les bakemono sont aussitôt
sur leurs gardes, dès qu'il abandonne la furtivité des ninjas pour
une attitude beaucoup plus provocatrice. Un des tengus descend même
de sa branche, s'accroupissant près des petits tanukis qu'il
recouvre d'une aile fantomatique.
-Salut les cousins, salut Kiba
dès qu'il arrive au pied de l'arbre.
-Qu'est ce que tu fous là
Hannyo? Rétorque aussitôt le tengu au sol.
-T'es pas au courant
que c'est un territoire démoniaque ici? Reprend la femme en
accordant son koto, créant une note perçante qui donne la chair de
poule.
-Dommage si ça te défrise les moustaches, minette, lance
Kiba d'un ton goguenard en croisant les bras.
-On ne veut pas de
bâtard ici, reprend le moine perché sur les branches.
-Ca a
l'air de me faire peur? Je treeeemble, ça se voit non?
-si tu
n'as pas quitté notre territoire dans les cinq secondes... Menace la
femme en secouant sa crinière blanche hisurte.
-Vous faites quoi?
S'enquiert Kiba d'un ton froid, crispant les doigts pour dévoiler
ses griffes sombres. Je devrais avoir peur d'une minette, de deux
vieux corbeaux et de blaireaux à peine assez vieux pour mâcher leur
propre viande?
-Tu es arrogant! Reprend un des moines. Ici n'est
pas la place des humains!
Shikamaru se demande un moment si ce
n'est pas de lui dont parle le corbeau. La femme l'a remarqué aussi,
et le fixe de ses yeux d'or fendu. Elle n'est pas aussi belle que les
rokuro kubi, plus vieille, plus maigre, la bouche est trop petite,
trop pincée pour être sensuelle, et puis le regard qu'elle lui
lance est tout, sauf aguicheur.
-Si c'est pas ma place, alors je
viendrais la prendre, rétorque Kiba en montrant les crocs.
La
femme miaule soudain, un cri perçant et pétrifiant, comme une craie
sur un tableau noir et Kiba rétorque d'un grondement canin. En
quelques secondes, la femme a disparut, laissant place à une chatte
à deux queues, blanche tachée de rouge, qui se réfugie au plus
haut qu'elle peut grimper. Les moines restent méfiants, mais ne
bougent pas, seul un battement d'ailes frénétique trahis leur
nervosité. Par contre, les jeunes blaireaux se hérissent et le plus
vieux, une boule de poil aux crocs d'aiguilles se rue à l'attaque.
Son professeur tente de le rattraper, crapahutant à quatre pattes
après le kamikaze. Shikamaru se tend, méfiant, mais Kiba n'est
apparemment pas impressionné par l'attaque et cueille le blaireau du
bout du pied, l'éjectant dans les airs à hauteur de tête avant de
le choper par la peau du cou. Les tengu sont aussitôt sur leurs
gardes, semblable à des tourbillons hérissés de plumes sombre et
de loques écarlates.
-Je suis peut être un hannyo, mais je suis
fils d'Inutsuka! Hurle Kiba aux deux adultes, les faisant reculer de
surprise. J'ai appris le combat de sa main, les prières de ma mère,
et vos pitoyables ancêtres ont jurés obéissance à ma famille!
Maintenant petit con tu va me dire tout de suite ou est ce vieux porc
de Kurogane ou je t'arraches les pattes!!
-Kiba calme-toi!! Ce
n'est qu'un blaireau... murmure Shikamaru, inquiet que les adultes
décident de les attaquer pour protéger le petit.
-C'est un
PUTAIN de TANUKI! Et il va me dire de suite ou est le vieux!!
Et
la seconde suivante, Kiba ne tiens plus un jeune blaireau, mais un
gamin d'une dizaine d'année, au visage tanné et au crâne rasé,
emberlificoté dans un manteau de moine trop grand pour lui.
Visiblement, le petit ne maîtrise par encore parfaitement l'art de
la métamorphose, car de grandes plaques de poils parsèment sa peau
et son visage au nez sombre et pointu
-Au village! Il est au
village! Il a dit qu'il devait aller au temple!
-Au temple?
-Oui!
Quelque chose au sujet de Yamata No Orochi!
-T'es pas en train de
mentir hein?
-Non! Non Seigneur, je le jure, je le JURE!
Kiba
observe longuement, comme s'il était Sasuke ou Neji, l'enfant qu'il
tient à bout de bras, avant le reposer au sol.
-Retournez à
votre mère. Vas y avoir du grabuge ici.
L'enfant hoche la tête
puis se précipite dans les ailes d'un des tengu qui l'enveloppe
aussitôt dans un cocon de plumes, crachant des jurons sur
Kiba.
-Kurogane-sama sera mis au courant de tes menaces,
Hannyo!
Le sourire carnassier qui étire alors les lèvres de Kiba
fait même reculer Shikamaru, qui a déjà vu Naruto sourire comme
ça, le jour il a ramené Sasuke inconscient à Konoha, le traînant
par le pied, couvert du sang de ses ennemis et heureux de ce simple
fait.
-J'y compte bien le vieux. J'y compte bien, c'est lui que je
cherche je te rappelle. Shika, ajoute t'il d'un ton sec, avec un
geste du menton.
Shikamaru hoche la tête et le suit, non sans
avoir poliment salué les bakemono. C'est peut être une cause perdue
que d'obtenir leur aide après la comédie de Kiba, mais ce n'est pas
une raison pour se les mettre à dos, ou du moins encore plus. Tout
le temps que Kiba est à portée de vue, d'oreille et de quelqu'autre
sens de bakemono, il reste droit, menaçant, d'une attitude que
Shikamaru ne peut s'empêcher de trouver conquérante... Et puis le
brun semble se dégonfler d'un coup, ses épaules retombent, son dos
se recourbe et il pousse un profond soupir, s'appuyant contre un
arbre pour que ses genoux ne le lâche pas.
-Je ne refais plus
JAMAIS ça, déclare-t-il d'une voix tremblante.
-Ca ira? Demande
Shikamaru en lui tendant sa veste.
-Laisse moi quelques minutes
pour me rendre compte que j'ai défié deux yamabushi-tengu, une
nekomata et une portée de Tanuki et que je suis toujours en vie
malgré cette connerie monumentale.
Shikamaru le regarde se
rhabiller et reprendre ses esprits, lui laissant le temps de se
remettre. Il est au courant des origines de Kiba, comme de la plupart
des secrets de ses hommes. Hokage-sama lui a fait un rapide topo,
contre la promesse qu'il n'utiliserait cette information que pour les
missions. Et puis, Kiba a déjà dit ce que signifiait hannyo, le
terme dont les tengu l'ont gratifié.
Ca ne fait rien.
Un
demi-démon ne fait pas tâche dans une équipe composée de deux
possédés et un mutant, sans compter une fille qui présente des
symptômes évident de schizophrénie.
Ca ne fait rien, mais ça
n'empêche pas Shikamaru d'être curieux sur certains détails qu'il
ignorait.
-Inutsuka... Ce n'est pas un démon qui a pris parti
pour des humains il y a quelques siècles?
-Mon ancêtre, répond
Kiba tout bas, sans oser regarder Shikamaru.
-Tu as dis que
c'était ton père tout à l'heure...
-J'ai bluffé. Les démons
se rendent pas toujours compte du temps qui passent, ils peuvent
croire que je suis son fils autant que son petit fils... Ou dans mon
cas, arrière arrière arrière arrière arrière petit fils, ajoute
Kiba avec un petit grognement las.
-Ils n'auraient pas obtempérés
si tu avais avoué un tel écart de génération, comprend
Shikamaru.
Kiba hoche la tête, un peu circonspect devant
l'apparente indifférence de Shikamaru. Il ne comprend pas toujours
son chef d'équipe. De toute la bande, c'est le seul à ne pas avoir
paniqué ou crisé depuis le début de la mission alors qu'il est le
plus à risque ici.
D'un autre côté, c'est de Shikamaru qu'on
parle. Paniquer est trop fatiguant.
-L'ancêtre était craint et
obéit par les démons, mais j'ai trop de sang humain pour parvenir
au quart de sa puissance d'antan. P'tain, même le gosse aurait put
me mettre une raclée d'une main en se grattant la fesse gauche de
l'autre.
-On a vraiment eut chaud alors.
-Faut prévenir
l'équipe à Sakura et retrouver Neji.
oOo
-Comment diable
cherche-t-on un corbeau au milieu d'une forêt?! Râle Sakura en
levant les bras au ciel.
Kakashi les as entraîné à chasser de
nombreux animaux dangereux, des loups, des chats sauvages, des ours
même, qu'ils soient ninjas ou non, mais les oiseaux, jamais. Surtout
pas un bête oiseau percheur et charognard comme le corvus
corax.
-J'ai une idée, propose Naruto.
-J'ai peur de demander,
soupire Sakura.
-j'abats tous les arbres de la forêt.
-Refusé,
grommelle Sakura.
-Ho... Sasuke se met à poil pour attirer le
vieux porc.
-Refusé, gronde Sasuke avec un regard mauvais.
-C'est
pas la peine de me regarder comme ça ! Je propose des plans moi
au…
Il y a juste un froissement d'herbes et les trois ninjas
sont sur leurs gardes, mais Naruto reste le plus rapide des trois,
lançant une volée de shuriken sur l'origine du bruit, sans même se
demander de quoi il s'agit. Sasuke lui en est presque reconnaissant
quand il voit la créature responsable, un long serpent gris pâle
qu'il sait extrêmement venimeux, se tordre au sol, transpercé par
les pointes acérées.
-Un habu 1, marmonne Sakura, vérifiant
machinalement qu'elle a du sérum dans sa poche.
-Sale bête, elle
nous suivait j'en suis sûr, grogne Naruto.
-Ce n'est qu'un
serpent Naruto, soupire Sakura, affligée de l'attitude infantile de
Naruto.
Le blond ramasse une branche morte sans rien dire et
pousse doucement le cadavre vers Sakura. Il relève les yeux et elle
recule nerveusement devant les iris violacé et les pupilles ovales.
Ca ne ressemble pas à Naruto d'être aussi sérieux, aussi froid,
aussi… dangereux.
-Regarde bien Sakura, et dis moi si ça
ressemble à un serpent.
Sakura obéit malgré elle, contente de
ne plus croiser le regard trop froid de Naruto. Le serpent est
toujours immobile et bienheureusement mort.
Et puis…
Et puis
Naruto le pousse de la branche et ce n'est plus un serpent pâle qui
gît au sol, presque tronçonné par les shuriken, mais une femme, au
cou trop long, richement vêtue, sa peau pâle tachée de sang, et
les yeux vitreux.
Et puis il n'y a plus que le serpent et Naruto
qui l'écrase de coups de pieds rageur.
-Une ro.. rokuro kubi,
conclut Sakura, faisant de son mieux pour ne pas imaginer à quel
sort ils viennent d'échapper.
-Je vais vérifier s'il en reste,
grogne Naruto avant de se tourner vers les buissons alentours,
gardant sa branche à la main.
Sakura acquiesce par réflexe, le
regard fixé sur la bouillie sanglante au sol, encore imprimée de la
semelle de Naruto. Elle sursaute presque quand Sasuke l'approche et
touche son coude pour attirer son attention.
-Sakura... Naruto a
fait une crise tout à l'heure, murmure-t-il à voix basse sans
quitter le blond des yeux.
Pas besoin de préciser quel genre de
crise. Surtout pas après la démonstration qui vient d'avoir
lieu.
-Ho non... Non, pas maintenant, gémit Sakura, jetant un
regard affolé à leur compagnon, devant eux, qui bat les buissons à
coup de bâton.
-Il n'est pas arrivé à se calmer.
-Que s'est
il passé? Souffle la jeune fille, tâtonnant dans sa sacoche à la
recherche des calmants et des sceaux que lui a donné Godaime-sama.
Vous vous êtes disputés?
-Je ne suis pas responsable des sautes
d'humeur de Naruto. Enfin, pas toujours, amende Sasuke sous le regard
un brin dubitatif de Sakura. Il faudrait lui donner un
sédatif...
-Oui... Mais je ne peux pas... Le calmant le rend
groggy et la nuit va tomber. Il sera en danger s'il ne peut pas se
défendre...
Elle a envie de dire qu'ils seront en danger s'il ne
peut pas les défendre. Même si Sasuke est puissant, elle ne peut
s'empêcher de penser que seul Naruto sait à peu près ce qu'il fait
ici. A bien y réfléchir, ce n'est pas un concept très rassurant,
mais comme Kiba, il a l'air de reconnaître les animaux des bakemonos
au premier coup d'œil. Depuis qu'ils sont ici, Naruto est un de leur
baromètre de danger, c'est lui qui course les bestioles dangereuses,
qui trouve les chemins les plus sûrs et...
Et pourquoi est-ce
qu'il se tiens soudain aux aguets ?
-Naruto?
Sasuke a déjà
sortit un kunaï et pivote sur lui même pour tourner le dos à
Naruto et garder ses arrières. C'est étrange comme c'est devenu
facile de confier sa vie à Naruto ou de veiller sur la sienne. Lui
qui ne voulait pas s'attacher, qui ne voulait pas accorder son
amitié, ou même sa confiance, se retrouve maintenant intégré dans
une équipe, soudé aux deux autres, au point qu'il ne se sent bien
que quand il a Sakura à sa gauche et Naruto à sa droite. Quelques
années plus tôt, il aurait refusé cette proximité, il se serait
éloigné, les aurait tenus à distance, les aurait repoussés...
C'était avant de découvrir ce que Kakashi appelle l'effet
jokari.
Plus on repousse Naruto et Sakura, plus ils reviennent
vite, fort et furieux d'avoir été mis à l'écart. Ils étaient
revenus après le désastre d'Orochimaru. Ils étaient revenus quand
il les avait repoussés pour aller se battre contre son frère. Ils
revenaient quand il avait ses crises de possession et qu'il
s'enfermait pour ne pas risquer de les blesser.
Il avait longtemps
cru qu'il les laissait approcher parce que c'était plus simple que
d'essayer de les en empêcher.
Maintenant il sait que c'est pour
mieux les protéger.
-Naruto? Répète Sakura, prenant place à
côté de ses hommes, protégeant leur flanc exposé.
-Neji est en
danger.
oOo
Neji n'a jamais eut peur du noir.
Il a toujours
vu dans le noir comme en plein jour, depuis sa naissance. Jour et
nuit, pour lui, ça revient au même. Il voit. Regarder à travers un
corps ou un mur n'est qu'une étape supérieure, mais il n'a jamais
eut besoin de lumière. Il n'a jamais eut peur du noir parce qu'il
n'a jamais vu le noir.
Il n'a jamais été incapable de voir.
Il
sait pourtant que, sans le byakugan, les Hyûga sont aveugle. C'est
héréditaire. Leur ancêtre, le fondateur, est né ainsi. Il avait
mis au point le byakugan pour pouvoir devenir un ninja malgré son
handicap, et par la suite, l'avait développé en limite de sang,
afin que sa descendance, atteinte du même mal, prenne sa suite.
Neji
a toujours su qu'il n'y avait pas de monstre dans le placard ou
derrière le paravent.
Mais il découvre maintenant pourquoi le
noir fait tellement peur aux enfants.
Ce n'est pas tellement
l'incapacité de voir qui le terrifie, mais c'est de ne pas pouvoir
se repérer, de ne pas savoir ou il se trouve, ce qui se passe autour
de lui et n'avoir aucun contrôle sur les évènements.
Il a la
main sur le collier d'Akamaru. Pas parce qu'il a peur, mais pour
garder un repère stable. Parce qu'il y a quelque chose autour
d'eux.
Il entend des grincements, des craquements, des portes qui
glissent et se referment, des bruissements, et il n'arrive pas à les
identifier, parce qu'il n'a pas l'ouïe aussi développée que la vue
et que le chien grogne et il n'est pas en train de paniquer, mais
tout se brouille et...
Et il y a quelque chose derrière
lui.
Quelque chose qui le guette, qui est juste à côté de lui,
il le sait, mais il ne l'entend pas, ni ses pas, ni sa respiration,
il ne sent pas son odeur et il se demande s'il devient fou, comme ça,
aveugle dans une maison vide, à croire qu'il y a quelqu'un à côté
de lui.
Akamaru grogne plus fort maintenant et il sent ses poils
se hérisser sous sa main.
-Akamaru, couché, ordonne-t-il d'une
voix basse.
Le chien répond par un gémissement, si mal articulé
qu'il faut plusieurs essais à Neji pour comprendre qu'il essaye de
parler.
-Méchaaaaant. Méchant autour.
A peine Neji as t'il
réussi à identifier l'avertissement que la maison s'ébranle. Les
portes s'ouvrent et se ferment successivement, violement, le sol
tremble, une espèce de vent se lève, charriant la poussière, les
débris et des odeurs de vieux et de sale. Neji saute sur ses pieds,
prêt à sortir quand un débris quelconque le percute soudain au
front, lui faisant lâcher le collier du chien. Il titube, mains
tendues en aveugle devant lui, son seul repère étant désormais le
sol qui tremble sous ses pieds. Après quelques secondes de panique,
le chien se place de lui même sous sa main, l'aidant à reprendre le
contact.
-Il faut sortir, déclare Neji, se sentant un peu stupide
de parler au chien, même en sachant qu'Akamaru comprends ce qu'il
dit.
Les mains solidement accrochées au collier de cuir, la tête
rentrée dans les épaules, Neji fait un pas, puis un autre, priant
pour ne pas recevoir un autre débris. Il continue d'avancer, au
hasard, quand il se rend compte de plusieurs anomalies.
Pour
commencer, la pièce ou il était ne pouvait pas être si grande que
ça, il aurait déjà du rencontrer un mur.
Ensuite, ce n'est plus
du plancher qu'il a sous les pieds, il peut sentir de l'herbe lui
chatouiller les chevilles.
Et enfin, depuis qu'il a commencé à
marcher, Akamaru n'a pas fait un seul pas et pourtant est toujours
debout à ses côtés.
-Akamaru?
Aucune réponse venant du
chien. Pas même un souffle. Neji serre derechef ses mains sur le
collier et la fourrure épaisse et rêche et piquante et...
Akamaru
n'a pas le poil long, se souvient-il soudain.
Des épines lui
transpercent la peau et il lâche brutalement le buisson qu'il
étreignait.
Une illusion. Une foutue bonne illusion si même le
sens du toucher s'y est laissé prendre.
-AKAMARU!
Il doit être
à l'extérieur. Où, il ne sait pas. Mais il sent le vent frais et
entend les chants des oiseaux et.. .depuis quand les bruits ont
cessés au fait?
-AKAMARU!
Et s'il était encore dans
l'illusion? Shikamaru et Sakura lui ont dis tout à l'heure que les
illusions des monstres touchaient les cinq sens. Comment s'en
débarrasser? Il se rappelle vaguement les leçons de Gai à ce sujet
là, ses conseils de se concentrer sur un sens, mais comment savoir
lequel ne l'induirait pas en erreur?
Il ne faut pas paniquer.
Surtout pas. Il ne faut pas...
-Êtes-vous perdu jeune homme?
Neji
sursaute, surpris de ne pas avoir sentit arriver l'homme qui vient de
parler. Il se tourne vivement, essaye de trouver l'origine de la voix
et trébuche sur un rocher plat posé au sol. Il se rattrape comme il
peut, agrippant une espèce de stèle coiffée d'une lanterne de
pierre.
-Et bien et bien, reprend la voix, doucement jeune
homme.
-Je.. Je vous prie de m'excuser...
-Hmmm, quelque chose
ne va pas? Tenez, asseyez-vous. Non, non sur la pierre, ça ira pour
cette fois.
Neji obéit, tâtonnant pour trouver un siège sur la
pierre plate, s'adossant à la stèle derrière. D'un côté, ça le
soulage que son interlocuteur ne semble pas agressif, mais de
l'autre, il se demande à quel point il est réel.
-Je.. Je vous
remercie Monsieur.
-Je vous en prie. Il semblerait que vous ayez
rencontré les rokuro kubi...
-Comment savez-vous... demande Neji,
plaquant la main sur le pansement qui orne son cou.
-Et bien,
disons que je reconnais la manière dont les suivantes de ma fille
laissent des suç...
-Nazuchi-sama! Tranche soudain une voix de
femme, sèche et autoritaire. Ce n'est pas poli de parler de choses
si vulgaire avec un invité!
Neji se fige, se raidissant sur son
siège improvisé. Nazuchi. Un des membres de la famille dirigeante.
Tous morts depuis des années.
-Jeune homme, reprend l'homme, peu
troublé de s'être fait réprimandé, voici mon épouse, Nazuchi
Tamiko. Nazuchi-dono, laissez moi vous présenter... En fait, jeune
homme, je crois que nous n'avons pas été présentés.
-Hyûga
Neji. Très honoré Nazuchi-dono, parvient à dire Neji en
s'inclinant dans la direction approximative de la voix de femme.
-Il
ne devrais pas rester ici, déclare soudain Tamiko. Hebiko ne va pas
tarder à revenir.
-Où est le problème chère amie? Hebiko a
déjà rencontré ses camarades, je ne vois pas ce qu'elle pourrait
lui reprocher.
Neji glisse subrepticement une main sur la pierre
qui lui sert de chaise. Une pierre régulière, apparemment taillée,
lisse, couverte de mousse... Gravée de vieux kanjis illisible.
Il
faut toute la maîtrise de Neji pour ne pas s'enfuir en hurlant quand
il reconnaît sur quoi il est assis.
-Elle ne lui reprochera rien
Nazuchi-sama, continue Tamiko, mais regardez le! Quand elle le verra,
elle ne voudra plus le laisser partir. Et il viendra grossir le rang
de ces pauvres enfants qu'elle a déjà capturés.
-Je ne vois
pas... commence le père d'Hebiko.
-Père, Mère, je suis
revenue!
Neji peut presque sentir les deux fantômes sursauter. Il
ne peux pas les en blâmer, lui même à bondit sur ses pieds en
entendant la voix d'Hebiko retentir sans préavis.
-Je n'ai pas
retrouvé mon bébé, continue la jeune princesse d'une voix
chagrinée.
-Hyûga-kun, fuyez, vite, conseille la voix de Tamiko
à son oreille, si bas qu'on dirait un des insectes de Shino.
S'il
pouvait se lever et partir en courant sans buter sur les tombes, Neji
le ferait volontiers. Mais il n'a de toute manière pas le temps de
bouger que la voix de la princesse retentit à nouveau.
-C'est mon
bébé !
-Non Hebiko, corrige Nazuchi-sama, d'une voix grave,
redevenu sérieux avec la situation.
-Mais regarde Père ! Il me
ressemble, c'est mon bébé ! Il a mes cheveux… Mes longs cheveux
noirs… Les mêmes que les miens.
Neji se fige en sentant quelque
chose glisser dans ses cheveux. Le geste est plus ou moins familier,
il y a rarement droit, surtout par sa mère, ou Tenten, parfois,
quand il se sent d'humeur généreuse et la laisse le toucher. Mais
ce n'est pas une main souple et douce qui passe dans ses cheveux.
C'est dur, froid, pointu, comme un gros peigne d'écaille articulé.
Il n'arrive pas à réprimer un tremblement convulsif quand il
comprend enfin de quoi il s'agit.
-Tu as froid mon bébé ?
Demande doucement Hebiko en approchant à le toucher.
Il sent
comme une cage s'appuyer contre son torse et les peignes se referment
sur ses bras, en une parodie de caresse maternelle.
-Maman est là
bébé, tu n'as rien à craindre.
-Hebiko, lâche cet enfant,
ordonne sèchement son père.
-C'EST MON TOUT PETIT ! Rétorque la
princesse avec un hurlement grinçant, plantant les dents du peigne
dans l'épaule de Neji.
-Ton enfant n'a jamais existé, la coupe
le vieil homme. Il est mort, mort bien avant nous.
-C'est FAUX !
Je l'ai porté avant votre mort ! Il est né après votre décès
père !
-Il est mort longtemps avant, intervient une autre voix de
femme, plus âgée, empreinte d'autorité. Le jour ou tu as failli le
perdre.
-NON ! Hurle la princesse.
Et Neji a soudain
l'impression d'être de retour à l'académie, avec les furies qui se
battaient autour de lui pour obtenir le droit de manger avec lui. Ou
du moins, c'est à ça que lui font penser les cris d'Hebiko.
-Yamata
no Orochi est entré dans ton esprit et l'a balayé, comme un tsunami
détruirait une barque de bambou, continue la voix de femme, tu es
morte et Orochi possédait ton corps, afin que le bébé soit sa
prochaine incarnation, un descendant de Susano pour briser les
derniers enchantements qu'il subissait, un fœtus baigné dans un
mauvais chakra, corrompu bien avant sa naissance. Tu as accouché
d'un démon Hebiko.
-C'EST FAUX !
-Alors comment es-tu morte
?
-Je.. J'étais trop faible… La fausse couche m'a épuisée
et…
-Tu es morte ce jour là. Pas à la naissance du bébé,
mais six mois avant.
-Mon bébé... gémit la princesse.
-Tu le
retrouvera un jour, reprend la voix de femme inconnu, approchant
sensiblement d'Hebiko et Neji. Lâche cet enfant maintenant.
Neji
sent les peignes se desserrer, comme à regret, puis les sanglots
d'Hebiko s'éloignent, subsistant à quelques mètres de
là.
-Merci... Madame... Balbutie Neji.
-Tout ira bien. Ryuji?
Arrête l'illusion, ordonne t'elle.
-Oui Ancêtre Vénérable,
répond Nazuchi-sama, la voix pleine de respect.
Pas grand chose
ne change. Sinon que soudain, il entend les aboiements affolés
d'Akamaru, sent sa fourrure sous ses doigts et une douleur sourde au
niveau de sa cheville, là ou le chien le mord pour le réveiller.
-Ca
va Akamaru.
Le chien couine de soulagement puis grogne soudain,
reculant contre les jambes de Neji, comme pour le protéger de ce qui
lui fait face.
-Je ne ferais rien à ton maître, reprend soudain
la voix de femme, faisant sursauter Neji qui la croyait
partie.
-Madame...
-Tes compagnons arrivent Hyûga-kun,
reprend-t-elle d'une voix douce.
-NEJIIIIIIII! Retentit aussitôt
la voix de Naruto.
En un instant, Naruto est près de Neji,
l'inspectant sous toutes les coutures, tâtonnant ses bras et ses
vêtements.
-Tu vas bien? Qu'est ce qui s'est passé bon sang et
qu'est ce que tu fais au milieu de...
-Naruto, avant d'ouvrir la
bouche, sache que je ne veux PAS savoir ce qu'il y a autour de moi,
lâche Neji d'un ton qu'il espère aussi ferme
qu'habituellement.
Naruto hausse un sourcil, se tourne pour
demander de l'aide à Sakura et aperçoit alors l'interlocuteur de
Neji.
Une femme d'une cinquantaine d'années, aux très long
cheveux blanc qui tombent jusqu'au sol, vêtue de tant de kimonos si
longs qu'ils semblent couvrir les tombes défoncées autour d'elle et
qu'on ne discerne pas sa silhouette.
-Qui vous êtes? S'enquiert
Naruto avec toute sa délicatesse, cinq secondes avant que Sakura ne
lui assène une taloche et l'ordre de rester poli.
-Elle m'a aidé,
intervient Neji.
-J'avoue que ce n'était pas un acte totalement
désintéressé, reprend la femme, sans se déparer de son sourire
calme.
L'inquiétude des ninjas doit se lire sur leurs visages,
enfin, surtout sur celui de Naruto, puisqu'elle précise
aussitôt.
-J'ai un service à demander à votre prieur.
1 Habu : Ce n'est pas un bakemono mais une race de serpent japonais,
