Série
: Naruto
Autrice : Kineko
Genre : Sérieux, point de
vues, personnages originaux, interprétation du mythe japonais
d'Orochi et Susano-O. Contiendra : Naruto mode Kyubi, un Kiba
traumatisé à vie, des fantômes, des fantômes
et des fantômes, Kurogane déchaîné, des
serpents et des araignées, du goooooooooooore et du GO SAKURA
GOOOOOOOO !.
Couple : Naru+Saku. Si si si
Disclaimer:
Naruto et tous les personnages tirés du manga ne
m'appartiennent pas. Ils sont à Masashi Kishimoto. Hebiko,
Naga, le docteur Fuun, le vieux Kurogane, la Rousse, les rokuro
kubis, Kushinata. BREF tous les autres personnages sont de
moi.
Quand Kiba et Shikamaru arrivent enfin à
retrouver leurs amis, la femme est toujours debout près d'eux,
au milieu du cimetière, sans avoir bougé d'un pouce, se
contentant de sourire à leurs questions. Dès qu'il la
voit, Kiba pâlit, et se précipite vers ses camarades,
s'assurant d'un regard qu'aucun n'est blessé. En quelques
mots, appuyés par les aboiements d'Akamaru, il est mis au
courant de la situation. La femme approche alors, glissant plus
qu'elle ne marche, flottant au dessus des tombes en ruines, son
manteau recouvrant, comme protégeant les pierres tombales.
Elle les désigne d'un geste de la main, inclinant la tête
vers le petit brun d'un air paisible.
-Devinez-vous ce que je vais
vous demander, Prieur?
-Je crois, Ma Dame, répond Kiba,
promenant son regard sur les tombes alentours. Mais, je dois vous
prévenir, je ne suis ni prêtre, ni moine...
-Une
prière suffira, assure-t-elle de sa douce voix. Juste une.
Le
brun ne répond pas et regarde longuement le cimetière
en ruines. Il y a tant de tombes ici, visibles ou cachées,
qu'il ne sait pas où commencer. Mais il ne recule pas. Il
retire le chapelet de son poignet, le faisant rouler entre ses mains
avant de s'incliner devant les tombes défoncées.
-Namu
amida butsu... commence-t-il à chanter à voix
basse.
-Kiba qu'est ce que tu... commence Sakura.
-Je prie pour
leurs âmes, namu amida butsu, namu amida butsu, namu...
-On
n'a pas le temps, Inuzuka! le coupe Sasuke.
-Personne n'a prié
pour eux, c'est pour ça qu'ils sont devenus fantômes.
Namu amida butsu... Restez groupés. Namu amida...
Sakura
s'apprête à demander pourquoi, quand, dans la pénombre
du soir, des petites flammes apparaissent.
C'est comme les
lanternes des morts, pâles et blafardes, mais il n'y ni bougie,
ni torche pour alimenter le feu. Les flammèches semblent
naître de la pierre, ou de la terre, ou de l'air même,
scintillant faiblement comme autant de lucioles bleutées. Les
ninjas resserrent leurs rangs, entourant le blessé pour
pouvoir le protéger au besoin, mais surtout pour se rassurer
mutuellement. Ils savent cracher le feu ou l'eau, empoigner la foudre
ou se multiplier à l'envie, mais devant le spectacle des feux
follets, ils sont aussi impuissants et troublés que n'importe
quel homme.
Kiba ne semble pas indisposé par la présence
des esprits, étonnamment. Il prie, faisant rouler son chapelet
entre ses mains, hochant la tête à intervalles
réguliers. La femme est toujours là, juchée sur
une tombe avec autant d'aisance que sur un fauteuil. Elle observe les
flammèches avec une expression aimante, comme une mère
regarderait ses enfants faire leurs premiers pas, et c'est assez
dérangeant de la voir faire signe aux feux follets
d'approcher, de se regrouper vers Kiba.
Et ils obéissent.
Aucun
mot n'est échangé, il n'y a que la voix de Kiba qui
résonne, mais les flammèches s'alignent, se dirigeant
en procession vers le brun. Elle flottent vers lui, sans bousculade,
jusqu'à se retrouver devant lui, et disparaissent en un
souffle. Il hoche la tête- un salut peut être ?-et la
flamme devant lui disparaît. Il hoche la tête et une âme
de plus s'envole. C'est presque hypnotique, ce rythme régulier
et ce chant répétitif et Sakura sent parfois sa vue se
troubler, et au milieu de ses larmes de fatigue, les flammes semblent
remplacées par une procession d'être humains, tous vêtus
de blanc, qui attendent patiemment leur tour avant de passer devant
Kiba, de le saluer d'un hochement de tête et de disparaître.
Elle se secoue, cligne des yeux pour chasser les larmes, et il
n'y a plus que son camarade debout au milieu des tombes, entouré
des feux follets dansant lentement au son de ses prières.
Il
y a tant d'esprits, beaucoup plus que de tombes, que Sakura se
demande d'où ils peuvent bien venir. Une petite dizaine de
flammes sort d'un petit bosquet de bois blanc, avançant à
pas comptés, comme hésitant, avant de rejoindre la
procession. Elle entrevoit des jeunes gens aux cheveux longs et
sombre, au visage délicat, qui ressemblent un peu à
Neji, et à Hebiko d'ailleurs. Mais leurs vêtements ne
correspondent pas à l'époque, l'un d'eux porte même
une paire de jeans usés, et quand ils passent à côté
d'une tombe richement décorée, un hurlement de douleur
retentit, faisant sursauter l'équipe au complet. Hebiko bondit
hors de sa tombe, bras en avant, et essaye de ramasser les âmes
qui s'en vont, les fourrant dans ses manches et sa ceinture en
sang.
-Kiba ! L'appelle Sakura en reculant d'un pas.
Il hoche
la tête et approche de la princesse, sans geste brusque, sans
cesser de chanter, suivit par la femme aux cheveux
blancs.
-Hebiko-hime, il faut les laisser partir, commence-t-il
d'une voix si douce que tout le monde se demande s'il n'est pas
possédé par la vieille femme.
-Ce sont mon bébé
! MON BEBE ! hurle la princesse, tenant les petites flammes bien
serrées contre elle.
Kiba se mordille la lèvre et
jette un regard impuissant à la femme qui secoue la tête
d'un air las. La princesse refuse de laisser partir les feux follets,
les berçant contre sa poitrine comme autant de bébés.
Et
Sakura sent son cœur se serrer à la regarder faire.
Pas de
peur cette fois.
De pitié.
De compassion.
Quoi qu'en
disent les préceptes du ninja, elle est aussi une femme, et
elle comprend, elle ressent même, la douleur d'Hebiko, morte
sans avoir pu tenir et aimer son enfant.
Alors elle fait un pas en
avant, repoussant Sasuke et Naruto qui veulent l'en empêcher.
Elle approche et s'agenouille devant Hebiko, mains posées sur
ses genoux, humblement penchée vers la princesse.
-Ce ne
sont pas vos bébés Hebiko-hime, murmure-t-elle.
Kiba
n'a pas cessé de chanter, mais elle sent qu'il la surveille du
coin de l'œil. La princesse se tourne, s'interposant entre les
flammes et Sakura, comme pour les protéger.
-CE sont MON
BEBE !
-Non Hebiko-hime, continue Sakura, ça ne peut pas
être possible. Votre bébé est toujours vivant.
A
coté d'elles, Kiba émet un couac bien peu religieux au
milieu d'une prière et lutte pour reprendre le fil. Sakura
continue, sans faire le moindre geste pour les reprendre, mais Hebiko
a déjà desserré ses bras.
-Vivant ?
-Oui,
et eux, ils sont morts, donc ça ne peut pas être votre
bébé.
Hebiko écarte lentement les bras,
surprise, et les flammèches rejoignent aussitôt Kiba. Il
ne reste plus beaucoup de feux follets maintenant. Ils sont presque
tous partis, il n'y a plus que quelques flammes qui font encore la
queue devant Kiba, la vieille femme, et Hebiko, toujours prostrée
sur le sol. Kiba salue les dernières flammèches, puis
se penche sur Hebiko, lui tendant la main.
-Il faut y aller
Hebiko-hime.
-NON ! J'attendrai mon bébé! proteste
la princesse en s'écartant.
-Hebiko-hime, il n'est pas près
de mourir vous savez, reprend Sakura. Vous allez attendre trop
longtemps.
-Eh bien, j'attendrai !
Kiba soupire en marmonnant
quelque chose au sujet d'enfants gâtés et de mériter
des baffes, mais Sakura reprend, couvrant sa voix.
-Nous lui
dirons que vous l'attendiez Hebiko-hime. Nous lui parlerons de vous,
afin qu'il vous retrouve quand son temps sera venu.
Hebiko hésite
à ces mots et jette un regard à la vieille femme qui
hoche sagement la tête.
-Quand nous serons au paradis,
Hebiko, le temps ne comptera pas. Il sera avec toi là-bas.
Cette
fois, le visage fermé d'Hebiko s'illumine, et elle se lève
d'un bond, prenant la main de Kiba entre les siennes.
-Est-ce vrai
Prieur !
-Heu... oui Hebiko-hime. Mais il faut d'abord y
aller.
-Je suis prête !
Kiba reprend son chant, avant que
la princesse change à nouveau d'avis et s'incline profondément
devant elle. Elle l'imite en souriant et disparaît peu à
peu, s'effaçant lentement. Kiba se tait et échange un
long regard avec Sakura avant qu'ils ne poussent tout deux un soupir
de soulagement.
-C'était bien pensé mademoiselle,
déclare la vieille femme à Sakura qui sursaute et
s'incline poliment.
-Merci Ma Dame…
Puis, la vieille descend
de son piédestal, flottant vers Kiba pour le remercier.
-Je
suis désolée, Jeune homme, déclare-t-elle, je
suis vraiment navrée de tout ça. J'espère que
vous pourrez rentrer chez vous sain et sauf.
Kiba s'incline devant
elle et se redresse, mais semble surpris de la voir toujours là.
Elle aurait dû partir elle aussi alors pourquoi…
-Qui êtes
vous Ma Dame?
La femme a un petit rire doux, qu'elle cache
derrière sa manche, un geste depuis longtemps démodé,
même à l'époque d'Hebiko.
-Kushinata-hime,
première princesse de Nazuchi. Merci infiniment mon
petit.
Kiba bafouille, visiblement impressionné et
s'incline derechef, très respectueusement cette fois.
-Je
vous en prie Ma Dame. Mes enfants prieront pour le salut de vos
âmes.
Et cette fois, elle disparaît. Pas comme les
feux follets ou Hebiko.
Elle n'est juste plus là,
invisible, même si Kiba peut sentir sa présence sur le
cimetière, comme un manteau protecteur.
Le charme dure
encore quelques secondes.
Et Neji décide de le briser et de
poser la question qui lui brûle les lèvres depuis un bon
quart d'heure,
-Est-ce que quelqu'un serait assez aimable pour me
dire ce qui vient de se passer!
-Les fantômes sont…
partis, explique Kiba, baissant les yeux sur son chapelet.
Il n'a
pas l'habitude d'effectuer des exorcismes, même un simple comme
celui là. Certes, sa mère lui a enseigné comment
faire, mais il n'a jamais été confronté à
cette situation.
C'est étrangement gratifiant d'avoir guidé
ces âmes sur le chemin du paradis. Autant que d'avoir gagné
un dur combat à un contre un.
-Hem, je voudrais pas casser
l'ambiance, les mecs, reprend Naruto, mais vous savez que la nuit
tombe ?
oOo
-Moi je dis qu'on devrait attendre demain !
s'exclame Kiba en suivant ses amis dans leur course éperdue
vers le temple.
-Je passe pas une nuit de plus ici ! rétorque
Naruto qui court en avant, Sasuke derrière lui.
-Il y a des
monstres là bas, je te rappelle ! Il reste quatre
rokuro…
-Trois, le coupe Sakura, tenant la main de Neji pour le
guider, Naruto en a tué une tout à l'heure.
-Elles
vont nous massacrer à vue, gémit Kiba.
-Aucun
risque, reprend Naruto.
-Pourquoi ça ? demande Shikamaru,
essayant de suivre la vitesse de déplacement de Naruto et
Sasuke.
Il sursaute et freine brutalement, mains levées en
position de défense, quand le blond lui jette un regard féroce
par-dessus son épaule.
Un regard aux reflets trop rouges à
son goût.
-Parce que je les massacrerai en premier.
Et il
repart, Sasuke sur les talons, pas pour le simple plaisir de
participer à la bagarre en perspective, mais parce qu'il faut
bien quelqu'un pour le retenir et calmer.
-Attendez-nous ! Ordonne
Shikamaru, se faisant proprement ignorer. Galère !
Le temps
que les quatre autres les rejoignent, ralentis par Neji et leurs
précautions d'approches, et les deux psychopathes ont déjà
labourés le jardin du temple de grandes tranchées
encore brûlante. Ca sent la chair rôtie, les cheveux
cramés, le sang, et tant d'autres choses aussi peu
ragoûtantes, et Naruto essaye d'entrer, retenu par Sasuke qui
lui tord les bras dans le dos, malgré ses ruades et jurons
colorés.
-Qu'est ce qui s'est passé ? Demande
Shikamaru.
-Une rokuro kubi a essayé de nous arrêter,
répond calmement Sasuke, malgré la trace de griffe sur
sa joue, trop large pour être de la main d'une femme.
-Ou
est-elle passée ? Demande Sakura.
-Sous vos pieds, déclare
Sasuke, pince-sans-rire.
Les quatre ninjas et le chien s'écartent
vivement de la tache sanglante à leurs pieds et de la vipère
déchiquetée qu'ils écrasent sans prendre
garde.
-Ew, commente Kiba en essuyant discrètement ses
semelles sur l'herbe.
-Naruto, calme-toi, supplie Sakura,
approchant de ses équipiers.
-SASUKE LACHE MOI !
Sakura
fouille dans sa poche pour sortir un des sceaux ou un sédatif
ou le premier truc qu'elle attrapera de suffisamment fort pour calmer
son camarade, mais Kiba la devance.
-Hey, on va leur foutre la
pâtée de leur vie si tu veux Naruto, mais n'oublie pas
qu'on a des gens à protéger aussi.
Naruto s'arrête
en pleine tentative de fracture des tibias de Sasuke et jette un
regard un peu surpris à Kiba.
-Protéger ?
-Neji.
Et Sakura.
Les deux sus-nommés commencent à
protester à grands cris qu'ils peuvent se défendre
seuls mais Shikamaru les coupe d'une baffe sur l'épaule de
chacun.
-Calme-toi, reprend Kiba. Respire.
-Elles sont sur mon
territoire ! grogne Naruto, quoique moins furieux qu'avant.
-Je
sais. On va les chasser. Si on attire les monstres avec ton chakra,
les autres sont en danger. Tu comprends ? Naruto, est-ce que tu
comprends ? Répète Kiba quand la seule réponse
de Naruto est un grondement sourd.
-Oui… Oui je comprends. Je
comprends.
-Respire.
-Me prends pas pour un con non plus,
Clébart….
-C'est dur d'ignorer l'évidence,
rétorque Kiba.
-Les garçons ? les interrompt Sakura,
on ne commence pas et on reprend l'infiltration plus discrètement,
merci. Sasuke ?
Le brun hésite un moment avant de lâcher
Naruto.
Qui lui échappe aussitôt pour se ruer à
l'intérieur du temple.
oOo
Quand ils arrivent à
rejoindre Naruto, il a trouvé la pièce où vivent
les rokuro kubi et a proprement arraché la porte de ses gonds,
se tenant de manière imprudente devant l'occupante de la
pièce, toutes défenses baissées.
-Fous le
camp ou je m'énerve.
La jeune fille le fixe d'un air
stupéfait, à demi levée, surprise de l'absence
de peur de Naruto et de la manière dont il ose lui parler.
Naruto avance d'un pas, la lumière de la lanterne projetant
des ombres derrière lui et la rokuro kubi attaque, étirant
son cou et frappant, vive comme l'éclair. Tout le monde
s'apprête à venir en aide à Naruto, poignards et
shurikens à la main, pour séparer le monstre et leur
camarade.
Et puis il y a un bruit de gifle, de mains frappées
contre de la peau et un cri de surprise et de douleur de la
créature.
Naruto tient fermement le visage délicat
entre ses paluches tannées, si grandes et rudes qu'elles
semblent à deux doigts d'écraser le crâne comme
une noix. Cette fois, la rokuro kubi gémit, effrayée
par le regard de Naruto et son chakra qui la brûle presque au
travers de ses paumes. Elle comprend alors que ce qu'elle a attaqué
n'est pas humain, ni hannyo, qu'elle a mordu plus qu'elle ne pouvait
avaler et qu'elle va mourir si elle reste là.
-Fous. Le.
Camp.
Sakura arrive presque à trouver comique le fait que
le corps de la rokuro kubi est partit bien avant sa
tête.
Presque.
Enfin, si elle n'était pas aussi
furieuse contre ce crétin suicidaire.
-Mais tu es
incurablement stupide ou quoi Naruto ! s'exclame-t-elle, à
peine la créature disparue.
-Maiiis, j'ai pas utilisé
de chakra, geint le blond, toujours pris de court devant les colères
de sa camarade.
-Ce n'est pas le problème Naruto ! Quand
est ce que tu vas te mettre dans ta tête de BLOND qu'on est une
équipe ! Continue Sakura, approuvée par Sasuke qui
foudroie Naruto du regard de derrière elle. Tu dois nous
attendre pour mener un combat, afin qu'on puisse t'aider et te
protéger au cas ou !
-Il faut trouver Kurogane, coupe
Shikamaru en désignant une direction, on s'active.
-Mais
qu'est ce que tu veux qu'il m'arrive ici ! continue Naruto sans
écouter leur chef.
-Je dois te faire une liste en plus
!
-Je demande une augmentation la prochaine fois que j'ai une
mission avec ces trois là, soupire Shikamaru en envoyant son
ombre en éclaireur, à la recherche du corbeau.
La
bâtisse est assez grande, presque autant que le manoir Nazuchi.
Il y a plusieurs ailes, bâties autour de la pièce
principale, celle de l'autel. Grâce à la manipulation
des ombres et l'obscurité ambiante, Shikamaru a exploré
le temple en quelques secondes, à la recherche du moindre
indice de la présence du tengu. Ce n'est pas une exploration
précise, comme une vision, ou un son, c'est plus du domaine de
la sensation quand il touche l'ombre de quelque chose. Ce n'est pas
facile à expliquer, mais Shikamaru visualise sa technique un
peu comme un radar et…
L'ombre de Kurogane se découpe
tellement nettement et soudainement dans son 'radar' que Shikamaru
fait un bond de deux mètres, perdant le contact aussitôt.
Ses camarades sont aussitôt en cercle autour de lui, épaules
contre épaules, prêt à le défendre au
besoin.
-Shika ?
-Kurogane est ici, pièce de l'autel, je
crois qu'il nous attend.
-Je vais PLUMER ce cul de piaf !
S'exclame Naruto en s'élançant dans la direction
qu'indique Shikamaru.
-NON ! Tu nous attends et on va monter un
plan d'abord ! Proteste Sakura.
-Oy, Sakura, Naruto, arrêtez
de gueuler cinq secondes. Vous voulez qu'on se retrouve avec tout
Yamata sur le dos ?
Naruto se tourne vers le brun tout en poussant
la porte de l'autel.
-Kiba, les rokuro kubi ont foutu le camp,
qu'est ce que tu veux qu'il arrive?
Le blond avance d'un pas vers
l'intérieur du temple, et accomplit une très
intéressante petite danse pour éviter de mettre le pied
sur le tapis de serpent qui occupe le sol.
-Le prochain qui dit
ça, je le bute avant que Murphy l'ait entendu, grommelle Kiba
en se prenant le front dans la main.
-Et galère, marmonne
Shikamaru, comment est-ce qu'on va entrer?
-En faisant deux pas
sur le côté, rétorque sarcastiquement la voix de
Sakura derrière lui.
Kiba et Shikamaru se tournent vers
elle, se demandant ce qu'elle veut dire par là. La jeune fille
est en train de tirer Neji hors du chemin et leur indique Sasuke d'un
signe de tête, debout sur le pas de la porte, fixant les
serpents d'un sharingan furieux tout en formant des sceaux bien
connus.
Serpent
Chèvre
Singe
Cochon
Cheval
Tigre
-Katon. Goukakyuu no
jutsu!
-Et merde.
En un éclair, les deux bruns sont à
terre, évitant de peu l'immense boule de feu qui explose dans
le nid de serpents. Quand Shikamaru se relève enfin, le sol
est jonché de cadavres noircis et racornis.
-Je déteste
les serpents, affirme calmement Sasuke.
-Wow, on dirait la fois ou
Kakashi nous a fait un barbecue! S'exclame Naruto, amusé,
donnant de petit coup de pieds à un gros serpent calciné.
-Je
bosse avec des psychopathes, déclare posément Neji,
bras croisés.
-Bienvenue au club, s'exclame joyeusement
Sakura.
-Ca comptait aussi pour toi.
-Est-ce que tu es pyromane
de nature, ou est-ce que tu as pris des cours! Hurle Kiba.
-Les
deux.
-Bordel, je préférais quand t'étais un
bâtard sans sens de l'humour.
-Tu aurais pu tuer Kurogane,
intervient Shikamaru en observant les dégâts causés
par l'Uchiha.
-Si seulement, grommelle Sasuke en piétinant
allégrement les grillades au sol.
-Kiba ! appelle Naruto,
déjà en train d'explorer dans tous les recoins avec
l'enthousiasme qui lui est propre.
-Quoi ? Demande le brun en
approchant à son tour.
-C'est quoi ce truc ? Demande
Naruto, soulevant une vieille urne funéraire de son
emplacement creusé dans l'autel, entourée de vieux
talismans déchirés.
Kiba pâlit si soudainement
que Sakura sent soudain son sens du danger sonner l'alerte rouge. Le
garçon chien a les mains levées, tremblant comme une
feuille, et bafouille au moins autant qu'Hinata.
-Putain putain
putain Na... Naruto repose ce truc tout de suite doucement !
DOUCEMENT ! F...fais attention l'abîme pas mais putain POSE LE
BORDEL !
Naruto lui jette un regard incompréhensif et
montre la jarre du doigt, la balançant de l'autre main d'un
geste qui fait stopper le cœur de Kiba pendant quelques
secondes.
-De quoi ? Ca ?
-POSE CETTE PUTAIN D'URNE ! Hurle le
prieur, à bout de nerf.
-Naruto, obéit à
Kiba, ordonne Sakura à son tour.
-Mais qu'est ce que c'est
que ce truc ! Demande Naruto, jetant un nouveau regard au pot de
terre cuite.
Uniquement pour s'apercevoir qu'il tient maintenant
un gros galet rond.
-Bah... Il était là... Où
est ce qu'il est passé?
-Ici, grommelle Sasuke d'un ton
moins qu'aimable.
Tout le monde se tourne à nouveau vers
lui.
Et aperçoit Kurogane, tranquillement appuyé sur
Sasuke, un bras autour de ses épaules, s'amusant à
lancer et rattraper l'urne d'une main, un grand sourire sarcastique
aux lèvres.
-J'aimerais passer un an sans avoir un vieux
pervers qui me tripote.
-Ha ? C'est une habitude chez toi ?
S'enquiert Kurogane d'un ton amusé.
Sasuke se contente de
lui jeter un regard assez brûlant pour provoquer des
combustions spontanées chez n'importe qui d'autre.
-Dites
lui de poser l'urne, supplie Kiba d'un ton que Sakura ne l'a jamais
entendu utiliser.
-Qu'est ce que c'est exactement?
-C'est un
récipient sacré, habituellement utilisé pour
sceller... disons... Les maléfices, les souillures et parfois
les démons. Nous sommes dans un village où un démon
a été scellé FAIS LE PUTAIN DE CALCUL SAKURA
!
-Allons, allons Hannyo, ce n'est pas la peine de crier, je
t'entends très bien.
-Alors posez-ce-truc, grogne Kiba, les
dents serrées pour s'empêcher de traiter Kurogane de
tous les noms.
-Heu… Kurogane-sama, reprend Sakura d'un ton
qu'elle espère conciliant, pourriez vous… remettre l'urne à
sa place je vous prie ?
Le corbeau a le cran de sourire de toutes
les dents qu'il lui reste avant de répondre d'un ton
aimable.
-Non.
Sasuke essaye aussitôt de le tronçonner
en plusieurs morceaux, ses kunaïs volant autour de lui, mais,
comme d'habitude, le corbeau lui échappe comme par magie et
réapparaît au milieu de la pièce, jonglant avec
l'urne.
-UCHIHA T'AMUSE PAS A CA ! TU VEUX LIBERER OROCHI
!
-Je savais qu'il esquiverait, rétorque Sasuke,
ramassant calmement ses armes.
-Je finirai cardiaque, gémit
Kiba en levant les bras au ciel.
Shikamaru fait signe à ses
hommes de se calmer, ou du moins d'essayer, et avance vers le
corbeau, restant toutefois à prudente distance de son
sceptre.
-Qu'est ce que vous voulez Kurogane-sama ?
Et c'est
une foutue bonne question, car depuis qu'ils ont rencontré le
corbeau pour la première fois, le tengu reste une énigme
pour Shikamaru. Les monstres d'ici semblent le considérer
comme leur chef, ou du moins, un haut personnage, mais il agit comme
un pochtron irrévérencieux et vulgaire. Il possède
de grands pouvoirs, mais n'a jamais fait la moindre tentative pour
les aider ou les attaquer sérieusement. Il semble en savoir
long sur ce qui se passe à Yamata, beaucoup plus qu'eux en
tout cas, mais s'amuse à les mener sur des fausses pistes et à
leur parler par énigmes.
Il n'arrive pas à cerner
le corbeau. Il n'arrive pas à comprendre ses motivations, son
but, son rôle dans toute cette histoire.
Aussi n'est-il pas
très surpris de la réponse du bakemono.
-Je veux
juste jouer.
-Tu sais où tu peux te foutre ton jeu
?
-Naruto, ta gueule, marmonne Sakura, avec une taloche sur
l'arrière du crâne.
Kurogane ne semble pas
s'offusquer de la grossièreté de Naruto. En fait toute
cette situation a l'air de l'amuser prodigieusement, comme s'il
n'était pas en train de narguer six ninjas, au milieu d'un
territoire démoniaque, en jonglant avec le réceptacle
spirituel d'un démon-dragon à huit têtes.
-Quel
genre de jeu ? Reprend Shikamaru.
-Ho, quelque chose de très
simple, répond le corbeau, posant l'urne en équilibre
sur son doigt. Si vous arrivez à me cacher vos pensées,
je répondrai à trois de vos questions.
-Et vous
lâcherez l'urne ? Ajoute Kiba.
-Je te la donnerai même
avec un joli ruban si tu veux, hannyo.
Le regard que lance Kiba à
Kurogane n'atteint pas le niveau de ceux de Sasuke, mais n'importe
qui d'autre que le tengu déciderait d'arrêter de
taquiner l'Inuzuka pour conserver son intégrité
corporelle. Le corbeau se contente de sourire, de cette manière
qui donne envie de lui enfoncer les dents.
-M'empaler sur un kunaï
géant ? Quel manque de créativité petit, tu me
déçois.
Kiba a un grand sourire sadique et doit
ajouter quelque chose de très instructif à ses pensées,
provoquant l'hilarité de Kurogane.
-Ho oui, ça c'est
créatif, les porte-jarretelles surtout. Ho, la pucelle, se
concentrer sur une pensée unique ne marche pas. Et toi tête
de palmier, la seule personne que j'ai connu capable de faire le vide
dans son esprit était débile. Toi le mignon aux longs
cheveux, penser 'vide' ça marche pas non plus. Quand à
toi l'oisillon, tes ridicules menaces de mort ne me font pas
peur.
-Hey, Kurogane!
Le corbeau jette à peine un regard
à Naruto qui avance vers lui, sans essayer de cacher son envie
de lui casser la figure.
-C'est Kurogane-sama Renardeau... corrige
t'il comme s'il réprimandait un petit garçon.
-Lis
MES pensées, grogne Naruto en se désignant d'un pouce
suspicieusement griffu.
Le vieil homme s'exécute avec un
sourire amusé... Et se fige, son visage rougeaud soudain d'une
pâleur de cendre.
Rouge et or et noir et des crocs
terriblement pointus et terriblement blanc dans cette fourrure drue
et épaisse et des yeux si rouge rouge rouge cruel rouge sang
rouge feu et neuf flammes neuf cent ans neuf queues et il est si
féroce et si puissant et si dangereux que ses plumes en
tremblent et que son bec se ferme et ses yeux pleurent et il brûle
il hurle il griffe et il sourit il sourit il sourit et il y a trop de
dents dans ce sourire trop blanc trop de dents sur ses ailes noires
trop de dents dans sa chair rouge de sang blanche d'ossement noire de
plumes et...
Et un poing se referme sur ses parties intimes, un
autre s'abat contre son estomac, le poussant rudement contre le
pilier de soutient derrière lui, le sortant de la transe
terrifiée que lui inspire le prédateur en face de
lui.
-Tu l'as vu venir ce coup là? gronde Naruto en
resserrant ses doigts suffisamment pour que le tengu sente la pointe
de ses griffes sur sa peau.
-N.. non...
-Bien, continue alors
Naruto, un immense sourire cruel lui tordant le visage. On a dit
trois questions.
-Sakura, souffle Shikamaru.
-Il se maîtrise...
Ca va encore, murmure Sakura en réponse, la main sur un des
talismans accrochés sous sa robe, celui qu'elle doit utiliser
au cas où Naruto renarderait en mission.
-Naruto a une
putain de notion du respect, grommelle Kiba pour lui même.
-On
a Kakashi en senseï Kiba, intervient Sakura, c'est pas le
respect qu'on apprend avec lui.
-Vous les lui posez ces questions?
S'enquiert Naruto d'un ton irrité, leur jetant un petit regard
par dessus son épaule.
-Je voudrais d'abord qu'on récupère
cette putain d'urne, marmonne Kiba.
Même si elle n'est pas
télépathe, Sakura arrive à interpréter un
peu trop facilement le sourire espiègle qu'a Kurogane en
faisant sauter la jarre dans sa main.
L'urne fend les airs dans un
arc de cercle délicat et gracieux, en contraste avec la
brusque panique qui prend les ninjas comme chacun se précipite
pour l'intercepter avant qu'elle n'explose au sol. Finalement, c'est
Sasuke qui la rattrape, la petite urne disparaissant presque entre
ses mains. Sakura a un soupir de soulagement quand Sasuke prend
l'urne plus solidement, la tournant pensivement entre ses mains.
Et
elle pousse un hurlement de terreur quand le brun l'ouvre sans aucune
forme de procès, arrachant le couvercle scellé à
la cire.
Rien ne se passe.
Sakura attend encore quelques
secondes que l'enfer se déchaîne, mais à part un
cri d'oiseau nocturne dehors, rien ne laisse deviner une soudaine
invasion de super démon en rogne.
-C'est vide, déclare
Sasuke en levant l'urne, posée à plat dans sa main.
Il
y a une fissure à la base de la jarre, pas grand-chose, à
peine plus grosse qu'une tête d'épingle, mais
parfaitement visible dans la lumière blafarde du
crépuscule.
-C'est vide, répète Sasuke. Il
n'y a rien dedans.
-Et ça fait cinquante ans que ça
dure, signale Kurogane, du ton le plus détaché qu'il
peut avec la prise qu'a Naruto sur ses précieuses.
-Mais
alors, où est Orochi? Marmonne Kiba à Shikamaru.
-Alors
ça gamin, c'est une sacrée bonne question. Il y a un
peu plus de cinquante ans, les hommes ont commencé à
négliger le temple. Les sacrifices étaient moins
souvent accomplis, l'urne pas entretenue, les prières non
dites. Et le sceau s'est fragilisé.
-Je vois, reprend
Shikamaru en approchant de Sasuke, traçant la fissure du
doigt, et l'âme d'Orochi s'est échappée par là.
Il a dû s'incarner temporairement dans des corps humains.
-Ou
reptilien, corrige Kurogane, Orochi est le tatarigami des serpents.
Leur dieu et démon. Il a tout pouvoir sur eux.
-Kiba, c'est
quoi un tatarigami? Demanda Sakura, prenant bien soin de ne pas poser
la question au tengu.
-Un dieu maudit, répond le garçon
chien en égrenant distraitement son chapelet. Un kami qui a
mal tourné.
Shikamaru hoche la tête et se tourne vers
Sakura.
-Donc Orochi s'échappe de sa prison, s'incarne
dans les serpents venus en masse, peut être attirés par
sa présence, récapitule-t-il.
-Il essaye peut être
aussi de s'incarner dans un corps plus puissant, des humains par
exemple, suggère Sakura.
-Mais ça ne marche pas,
objecte Shikamaru, froncant ses sourcils inexistant. Ce qui explique
l'épidémie. Il doit changer de corps très
souvent.
-Hebiko-hime tombe enceinte à ce moment là.
La question est: De qui ou de quoi?
-Soit Orochi s'incarne dans
Naga-dono et la féconde, donnant naissance à un
hannyo...
-Soit il s'incarne directement dans le bébé,
achève Sakura.
-Où peut être les deux..
D'abord le père puis son enfant.
-Non, Naga-dono était
encore en vie à la mort de son fils...
-Hebiko-hime était
possédée par Orochi pendant les derniers mois de sa
grossesse, lâche Neji d'une voix fatiguée, appuyé
contre un des piliers de soutien.
Les deux stratèges se
tournent vers lui avec des regards surpris, l'ayant presque oublié
avec tout le raffut que font Sasuke et Naruto.
-Comment tu
sais…
-J'ai entendu Kushinata-hime en parler, répond le
brun. Ca se recoupe avec les observations du docteur non ?
Les
deux surdoués réfléchissent en silence puis
échangent quelques phrases à voix basses avant de
revenir vers Naruto et sa victime.
-Comment reconnaît-on que
quelqu'un est possédé par Orochi? Demande Shikamaru.
Le
vieux tengu soupire et se gratte les cheveux d'un air presque
détendu.
-Vous m'en posez des questi...aie aie aie
d'accord, d'accord! Ne plante pas tes griffes, Renardeau! Calme...
Bon, d'abord, n'importe quelle possession est reconnaissable aux
yeux. Ils ne changent pas. Ils restent des yeux de démons,
quelque soit le corps dont il dispose. Ensuite il y a des attributs
divers et variés selon le démon qui.. aie aie aie!
D'ACCORD! Orochi a des yeux de serpent dorés, mue sa peau à
peu près tous les ans, et à une langue extensible de
plusieurs mètres de long et...
-C'est Orochimaru, coupe
Sasuke.
-Ca veut dire que nous nous sommes frittés un démon
avec le potentiel destructeur de Kyûbi no yohko!S'exclame
Sakura.
En arrière plan, Naruto sent la vexation du Kyûbi
qui proteste qu'un vieux croulant comme Orochi ne fait pas le poids
face à lui, mais il préfère ne pas écouter
les vantardises du renard. Lequel renard est un peu trop proche de la
surface à son goût. Ce n'est peut être pas une
très bonne idée de le laisser autant dicter ses actes.
Ce n'est pas que le Kyûbi puisse utiliser son corps, mais quand
ils sont sur la même longueur d'onde, la synchronisation est
plus aisée, et il a plus facilement accès à son
chakra, mais aussi à ses instincts et impulsions.
Ce qui
pose énormément de problème pour reprendre le
contrôle par la suite.
Et le fait qu'il puisse sentir la
peur, la sueur et l'horrible odeur corporelle du corbeau par dessus
n'aide pas.
-Comment on peut buter Orochi? Demande Sasuke.
Cette
fois, Kurogane redevient sérieux. Il fixe longuement Sasuke du
regard avant de répondre, d'une voix assurée.
-Rien
ne peut tuer Orochi. Rien sauf une arme, qu'il avait caché
dans son propre corps. Kusanagi no tsurugi, la Faucheuse d'Herbe.
-Et
où est cette épée? Demande Sakura.
-Trois
questions la puc... Bon d'accord QUATRE! Se récrie Kurogane
comme les griffes de Naruto commencent à chatouiller
désagréablement ses parties intimes. Je ne sais pas ou
est l'épée, Nazuchi Naga l'a emmenée avec lui
quand il a fui Yamata.
-Ca signifie qu'il y a de fortes chances
pour qu'elle soit en possession d'Orochimaru.
-Génial.
Manquait plus que ça, marmonne Naruto avec un long
soupir.
-Hem… Renardeau ? tu pourrais me lâcher maintenant
? Contrairement aux apparences, j'utilises encore fréquemment
mon service trois pièces…
Naruto lui jette un regard
confus.
-Mes couilles, précise Kurogane.
Le blond lâche
aussitôt les précieuses de Kurogane en poussant des
piaillements dégoûtés et en s'essuyant les paumes
sur son pantalon. Le tengu le regarde faire en ricanant et promène
son regard sur les autres ninjas qui semblent affligés ou
amusés de la stupidité du blond. Il se laisse glisser
contre le pilier dans son dos, s'asseyant sur ses talons, l'image
même de la lassitude de la vieillesse
-Vous vous êtes
embarqués dans une drôle d'histoire, vous savez ?
Il
n'y a plus de rire dans la voix de Kurogane, plus de bredouillement
aviné, plus de sous-entendu graveleux.
Juste une gravité
solennelle, une assurance inébranlable, et Shikamaru comprend
que Kurogane n'a pas cinquante ans, ni cent, ni deux cent, mais est
probablement la créature la plus vieille qu'il verra jamais et
qu'il possède la sagesse des pierres, qu'il a vu des villes
naître et mourir, des guerres s'achever devant ses yeux faute
de survivant et qu'il est fatigué, si fatigué de tout
ça...
-Je parle pas juste de cette mission, les mômes,
continue-t-il, toujours assis sur ses talons, jouant distraitement
avec son bâton de prêtre. Je parle de vos ennemis, de vos
amis, de vos alliés...
-Orochimaru ?
-Orochi,
Orochimaru, grommelle Kurogane en se redressant lentement, grimaçant
quand son dos craque. Kabuto, Itachi, Kisame, et puis Shuukaku… Me
demandait ou il était passé celui là… c'est
une drôle d'histoire. Et ça risque de mal finir.
-Et
ça vous pose un problème ? Rétorque Kiba.
-La
paix Hannyo, ordonne Kurogane avec un regard torve, je n'ai pas
enseigné le ninjutsu aux hommes pour qu'ils s'entretuent
joyeusement, mais pour qu'ils puissent lutter et protéger les
leurs.
-Pourquoi vous souciez vous autant des hommes Kurogane-sama
? Intervient Sakura, je veux dire… Vous êtes un
bakemono…
Kurogane s'appuie sur son bâton sans répondre,
dardant ses yeux entièrement noir sur Sakura. Il soupire
longuement avant de se redresser et répondre.
-Ce monde, la
pucelle, a besoin d'équilibre. Il y a les démons, les
dieux, les plantes, les animaux, les humains et les bakemonos. Et
tout ça doit rester en équilibre. Quoiqu'il arrive.
Orochi menace cet équilibre. Comme Shuukaku et Kyûbi no
yohko avant lui.
Avec un dernier soupir, Kurogane commence à
s'éloigner claudiquant comme un petit vieux, une main derrière
le dos.
-Dites le, à votre chef qui a les mamelles d'une
vache. Orochi est une priorité. Il faut le vaincre maintenant,
avant qu'il ne parvienne à la vraie immortalité, avant
qu'il ne trouve comment s'immuniser du pouvoir de Kusanagi no
tsurugi. Dites le lui.
Et dans un bruissement d'ailes, Kurogane
disparaît à nouveau, pour de bon cette fois.
Le
silence retombe sur le temple désert.
-Je crois que c'était
le moment le plus surréaliste de toute la mission, déclare
sagement Kiba.
Et Sakura ne peut s'empêcher d'approuver,
intérieurement comme extérieurement. Sasuke attire son
attention d'un petit coup sur le coude, lui désignant du
menton leur équipier. Le blond a cessé de hurler son
dégoût à tous les vents et s'est appuyé du
front contre un pilier, respirant profondément, comme pour se
calmer.
Mauvais signe.
-Naruto comment tu te sens? Demande
Sakura en approchant, Sasuke sur les talons.
-Ca va, ça va,
ça va...répète Naruto comme un mantra, comme
s'il pouvait se persuader que tout allait bien.
-Montre-moi tes
yeux Naruto, demande Sakura, sortant les feuillets sur lesquels
Hokage-sama et Jiraiya ont dessiné les sceaux de secours pour
Naruto.
Elle voit clairement Naruto écarter le visage quand
elle tend la main vers lui, et retrousser la lèvre supérieure,
dévoilant ses dents pointues comme les crocs de Kiba.
-Naruto,
répète-t-elle doucement, montre moi tes yeux.
Sasuke
pose la main sur le cou de Naruto, le forçant à tourner
le regard vers Sakura.
Elle tente de retenir un frisson en voyant
les iris écarlates entre les paupières de Naruto et
hésite à poser le sceau sur son torse.
Et puis le
regard qu'elle craint tant pivote soudain vers le plafond et vacille
furtivement vers le bleu quand un juron sanglant échappe à
Naruto.
Elle sent qu'on la jette violement au sol, d'un coup de
pied qui lui coupe le souffle, lui permettant à peine de
rouler et se remettre d'aplomb, et elle relève les yeux juste
à temps pour voir un filet blanc tomber sur Naruto et deux
bras secs et gris le soulever vigoureusement.
Elle lève
encore les yeux.
De leur excursion chez les koorimes, Sakura a
conservé quelques souvenirs indésirables, dont celui
d'une femme araignées de la taille d'un cheval de trait.
Elle
espérait qu'elle ait été la seule représentante
de son espèce.
Elles sont cinq ou six, pendues au plafond
par leur toile. C'est difficile à dire, elles sont peut être
grandes, mais la pièce est petite et semble soudain grouiller
d'araignée de toutes tailles. Chacune a attaqué un
garçon, et Naruto a beau se débattre dans le filet, la
femme araignée le tourne et le ligote, l'enveloppant dans un
cocon soyeux. Sasuke essaye de l'aider, mais le fil doit absorber le
chakra ou l'énergie vitale, et il ne peut se défendre
quand une autre commence à le momifier à son tour.
Sakura se relève, horrifiée, et cherche leurs
compagnons du regard. Kiba lutte contre son agresseur, déjà
à moitié emberlificoté, mais, grâce à
ses griffes, il arrive à dégager un bras, celui qui
porte le chapelet, et à assener une gifle vigoureuse à
la créature. Le collier s'enroule autour du cou de l'araignée
et une fumée âcre s'élève aussitôt,
ainsi que des sifflements de douleurs. Sakura détourne le
regard quand Kiba se dégage du cocon et serre le collier,
étranglant ou brûlant le monstre avec un plaisir
sauvage. Neji s'est fait attraper, trop faible pour se défendre
contre le danger qu'il n'a pas vu venir et Shikamaru essaye d'arrêter
l'araignée qui s'éloigne avec la momie du Hyûga.
Il lance la manipulation de l'ombre et ferre aussitôt sa proie
et Sakura croit un moment que c'est bon.
Et puis l'araignée
avance d'un pas et la jambe de Shikamaru, tordue dans un mauvais
angle par sa technique, se brise dans un grand bruit. Le brun la voit
lâcher sous lui, trop surpris pour sentir la douleur, et
s'effondre au sol, où une autre araignée vient le
ramasser. Ca va si vite, les monstres désarmant et assommant
ses camarades à un tel rythme que Sakura met un moment à
s'apercevoir que les araignées ne l'attaquent pas.
En fait,
l'une d'elle l'évite même soigneusement, traînant
Sasuke derrière elle sans accorder un regard à la jeune
fille. Le premier moment de surprise passé, Sakura dégaine
un kunai et tranche le fil qui relie le cocon à l'araignée.
La créature se retourne, stupéfaite de ne plus sentir
le poids de sa proie et Sakura se dépêche de trancher le
plus de fils possible avant qu'elle ne décide de l'attaquer.
Curieusement, l'araignée hésite à approcher, se
balançant d'avant en arrière sur ses énormes
pattes, comme si Sakura était un danger mortel. Rapidement, la
jeune fille parvient à libérer la tête et le
torse de son camarade qui reprend peu à peu ses
esprits.
-Sasuke ! Ca va ? S'exclame -t-elle, l'aidant à
s'asseoir, sans quitter le monstre du coin de l'œil.
Le brun
grogne une réponse inarticulée, secouant ses bras des
fils qui l'entravent encore, et lève les yeux à son
tour.
Sakura peut presque voir l'adrénaline courir dans les
veines de Sasuke quand il aperçoit l'araignée à
deux mètres d'eux. Ses mains semblent disparaître quand
il forme à nouveau les sceaux du goukyakku et avant que Sakura
ait pu l'empêcher d'utiliser la technique avec le peu de chakra
qu'il a, l'araignée a disparut dans une énorme boule de
feu. Elle s'effondre avec des cris stridents et ses camarades
reculent vivement à leur tour, se terrant dans les coins
sombres de la pièce. Sakura profite du répit pour
achever de libérer Sasuke, mais le jeune homme la repousse
d'un geste, se concentrant vers l'araignée la plus
proche.
-Libère Naruto, vite !
-Mais…
-VITE !
Cette
fois, Sakura obéit, et cherche du regard l'araignée qui
a emmenée Naruto. Mais contrairement à l'autre monstre,
celle-ci se montre plus belliqueuse et essaye d'attaquer Sakura dès
que celle-ci fait mine d'approcher. Le monstre n'a pas de pouvoir
ninja quelconque, mais elle crache- ou plutôt vomit- ses fils,
tissant une protection autour de sa proie et elle. Sakura ne peut pas
les toucher, elle a déjà moins de chakra que ses
camarades, elle serait mise hors jeu beaucoup plus rapidement qu'eux…
Peut être qu'une note explosive…
Derrière elle,
Sasuke lance un second katon, mais, faute de chakra en quantité
suffisante, ne parvient même pas à toucher son
adversaire. Une araignée approche à nouveau quand il
met un genou à terre, trop borné pour s'évanouir
d'épuisement.
Paniquer est toujours une mauvaise idée,
Sakura le sait, mais elle ne peux pas s'en empêcher et ne
s'aperçoit qu'elle s'est trompé de papier que quand
elle a fini d'appliquer un des talismans de Naruto sur la toile.
A
son grand étonnement, c'est cent fois plus efficace qu'une
note explosive.
La toile s'enflamme si vite qu'elle tombe en
cendre en une fraction de seconde, laissant la feuille tomber
gracieusement vers le sol, intouchée par les flammes.
Le
temps se suspend.
L'araignée fixe Sakura comme si c'était
elle le monstre.
Sakura fixe le talisman comme une arme
bactériologique.
Et puis, en même temps, elles
s'élancent l'une vers l'autre, Sakura saisissant le papier au
vol, et elles se percutent violemment.
Un grésillement de
graisse carbonisée se fait entendre quand Sakura plaque la
feuille sur le ventre de l'araignée. Le talisman fume comme un
feu de bois vert et l'araignée siffle violemment, tout ses
membres convulsés, ruant pour se débarrasser de la
douleur contre son ventre, mais Sakura tient bon, et même si
elle le voulait, elle sait qu'elle ne pourrait pas décoller le
papier de riz de la peau de la créature.
Alors elle appuie
dessus, essayant de ne pas penser à la raison pour laquelle
elle le sent peu à peu s'enfoncer dans la chair sèche.
Les organes de la créature se liquéfient sous ses
doigts et elle sent des liquides dégouliner le long de ses
bras, mais elle ferme les yeux et continue d'appuyer, encore et
encore et enfin, elle entend un drôle de pop, comme un ballon
empli d'eau qui exploserait, et son adversaire s'effondre soudain sur
elle.
Sakura s'autorise deux ou trois secondes de panique
écoeurée, puis surmonte son envie de vomir et repousse
la carcasse, étonnamment légère maintenant
qu'elle est morte. Elle se précipite vers le cocon de Naruto
et tranche dedans le plus délicatement qu'elle peut avec des
mains tremblantes. Malgré les fils absorbeur de chakra, Naruto
continue de gigoter, essayant de se libérer du cocon, sans
grand succès toutefois. Les autres araignées sont
maintenant frénétiques, affolées par la mort de
leurs compagnes, et Kiba en profite pour donner le coup fatal à
son adversaire, avant de se ruer vers une autre, Akamaru sur les
talons et un cri de guerre aux lèvres. Sakura a envie de le
traiter d'imbécile et de le remercier pour la diversion en
même temps.
Et puis, elle tranche un des fils qui tenait le
cocon lié.
Et le chakra illimité de Naruto empli la
pièce, presque brûlant à aussi courte distance.
Sakura recule instinctivement, protégeant son visage, mais se
retrouve les quatre fers en l'air quand, d'une seconde poussée
de chakra, Naruto se débarrasse de ses entraves. Elle n'a pas
le temps de se relever qu'il est à quatre pattes au dessus
d'elle, grondant sur les araignées, ses yeux écarlates
et fendus comme ceux d'un chat, avec des griffes et des crocs qui ne
dépareraient pas chez un Inuzuka.
-Na… Naruto ?
Une
araignée siffle d'un ton menaçant dans leur direction.
Naruto fait à peine un geste comme s'il voulait la lacérer
alors qu'elle est bien à dix mètres.
L'araignée,
ainsi que le mur derrière elle et un pilier de soutien
explosent dans une gerbe de sang et d'esquilles de bois. Inner Sakura
ne peut s'empêcher de qualifier l'attaque de 'cooooool'.
Outer
Sakura en reste bouchée bée, même si elle note
que Kiba a laissé son adversaire pour ramasser la proie
abandonnée, apparemment Shikamaru vu la taille et la
constitution. Elle jette un autre regard par-dessus son épaule,
et voit que Naruto n'a plus les yeux aussi rouges, ni fendus, mais
gémit de douleur, une main crispée sur son
crâne.
-Naruto !
-Ca va.. .ça passe, marmonne le
blond, je maîtrise, je maîtrise... Ta gueule, bon
sang…
Kiba et Akamaru hurlent à pleins poumons, et elle
s'assure d'un bref regard qu'ils ne sont pas en train de se faire
éventrer. Apparemment, ils sont mutuellement en train de
s'accuser d'être dans les pattes de l'autre.
-ECARTE
TOI!
-NON! DERRIERE!
-Ta gueule boule de poil, c'est MOI qui ai
le contrôle!
Qui dit quoi, ça devient dur à
comprendre, mais Naruto est toujours en train de gémir
derrière elle et s'il a une crise, l'éventration
d'Inuzuka viendra après.
-Naruto, attend j'ai un talisman
pour toi, reste calme,
Un cri d'alarme de Kiba les fait sursauter
et un bruit de pattes leur fait lever les yeux.
D'autres araignées
descendent du plafond. Beaucoup plus, beaucoup trop, et l'une d'elle
arrive directement sur Naruto et Sakura et le blond resserre ses bras
sur sa camarade pour la protéger, au lieu de se disperser
comme le veut la tactique habituelle. Ils ne pourront jamais s'enfuir
à temps.
C'est presque inconsciemment que Sakura serre
Naruto contre elle, une main sur son crâne comme pour le
protéger elle aussi.
-Hey ! Les huit-pattes !
L'araignée
sursaute à la voix et se tourne vers l'entrée.
Sakura
aussi.
Une troupe entière de renardes sont plantées
là, grandes comme des chiens de chasses, les queues
ondoyantes, les crocs au clair, le poil hérissé, prêtes
à se battre. Au milieu, il y en a une, sous forme humaine,
portant un kimono chiffonné comme elle le ferait d'une robe de
noble, qui les apostrophes d'une voix forte.
-Les renardes sont
venues vous défier, les vieilles !
C'est la Rousse.
