Yamata no orochi

Série : Naruto
Autrice : Kineko
Genre : Sérieux, point de vues, personnages originaux, interprétation du mythe japonais d'Orochi et Susano-O. Contiendra : Naruto mode Kyubi, un Kiba traumatisé à vie, des fantômes, des fantômes et des fantômes, Kurogane déchaîné, des serpents et des araignées, du goooooooooooore et du GO SAKURA GOOOOOOOO !.
Couple : Naru+Saku. Si si si
Disclaimer: Naruto et tous les personnages tirés du manga ne m'appartiennent pas. Ils sont à Masashi Kishimoto. Hebiko, Naga, le docteur Fuun, le vieux Kurogane, la Rousse, les rokuro kubis, Kushinata. BREF tous les autres personnages sont de moi.

Quand Kiba et Shikamaru arrivent enfin à retrouver leurs amis, la femme est toujours debout près d'eux, au milieu du cimetière, sans avoir bougé d'un pouce, se contentant de sourire à leurs questions. Dès qu'il la voit, Kiba pâlit, et se précipite vers ses camarades, s'assurant d'un regard qu'aucun n'est blessé. En quelques mots, appuyés par les aboiements d'Akamaru, il est mis au courant de la situation. La femme approche alors, glissant plus qu'elle ne marche, flottant au dessus des tombes en ruines, son manteau recouvrant, comme protégeant les pierres tombales. Elle les désigne d'un geste de la main, inclinant la tête vers le petit brun d'un air paisible.
-Devinez-vous ce que je vais vous demander, Prieur?
-Je crois, Ma Dame, répond Kiba, promenant son regard sur les tombes alentours. Mais, je dois vous prévenir, je ne suis ni prêtre, ni moine...
-Une prière suffira, assure-t-elle de sa douce voix. Juste une.
Le brun ne répond pas et regarde longuement le cimetière en ruines. Il y a tant de tombes ici, visibles ou cachées, qu'il ne sait pas où commencer. Mais il ne recule pas. Il retire le chapelet de son poignet, le faisant rouler entre ses mains avant de s'incliner devant les tombes défoncées.
-Namu amida butsu... commence-t-il à chanter à voix basse.
-Kiba qu'est ce que tu... commence Sakura.
-Je prie pour leurs âmes, namu amida butsu, namu amida butsu, namu...
-On n'a pas le temps, Inuzuka! le coupe Sasuke.
-Personne n'a prié pour eux, c'est pour ça qu'ils sont devenus fantômes. Namu amida butsu... Restez groupés. Namu amida...
Sakura s'apprête à demander pourquoi, quand, dans la pénombre du soir, des petites flammes apparaissent.
C'est comme les lanternes des morts, pâles et blafardes, mais il n'y ni bougie, ni torche pour alimenter le feu. Les flammèches semblent naître de la pierre, ou de la terre, ou de l'air même, scintillant faiblement comme autant de lucioles bleutées. Les ninjas resserrent leurs rangs, entourant le blessé pour pouvoir le protéger au besoin, mais surtout pour se rassurer mutuellement. Ils savent cracher le feu ou l'eau, empoigner la foudre ou se multiplier à l'envie, mais devant le spectacle des feux follets, ils sont aussi impuissants et troublés que n'importe quel homme.
Kiba ne semble pas indisposé par la présence des esprits, étonnamment. Il prie, faisant rouler son chapelet entre ses mains, hochant la tête à intervalles réguliers. La femme est toujours là, juchée sur une tombe avec autant d'aisance que sur un fauteuil. Elle observe les flammèches avec une expression aimante, comme une mère regarderait ses enfants faire leurs premiers pas, et c'est assez dérangeant de la voir faire signe aux feux follets d'approcher, de se regrouper vers Kiba.
Et ils obéissent.
Aucun mot n'est échangé, il n'y a que la voix de Kiba qui résonne, mais les flammèches s'alignent, se dirigeant en procession vers le brun. Elle flottent vers lui, sans bousculade, jusqu'à se retrouver devant lui, et disparaissent en un souffle. Il hoche la tête- un salut peut être ?-et la flamme devant lui disparaît. Il hoche la tête et une âme de plus s'envole. C'est presque hypnotique, ce rythme régulier et ce chant répétitif et Sakura sent parfois sa vue se troubler, et au milieu de ses larmes de fatigue, les flammes semblent remplacées par une procession d'être humains, tous vêtus de blanc, qui attendent patiemment leur tour avant de passer devant Kiba, de le saluer d'un hochement de tête et de disparaître.
Elle se secoue, cligne des yeux pour chasser les larmes, et il n'y a plus que son camarade debout au milieu des tombes, entouré des feux follets dansant lentement au son de ses prières.
Il y a tant d'esprits, beaucoup plus que de tombes, que Sakura se demande d'où ils peuvent bien venir. Une petite dizaine de flammes sort d'un petit bosquet de bois blanc, avançant à pas comptés, comme hésitant, avant de rejoindre la procession. Elle entrevoit des jeunes gens aux cheveux longs et sombre, au visage délicat, qui ressemblent un peu à Neji, et à Hebiko d'ailleurs. Mais leurs vêtements ne correspondent pas à l'époque, l'un d'eux porte même une paire de jeans usés, et quand ils passent à côté d'une tombe richement décorée, un hurlement de douleur retentit, faisant sursauter l'équipe au complet. Hebiko bondit hors de sa tombe, bras en avant, et essaye de ramasser les âmes qui s'en vont, les fourrant dans ses manches et sa ceinture en sang.
-Kiba ! L'appelle Sakura en reculant d'un pas.
Il hoche la tête et approche de la princesse, sans geste brusque, sans cesser de chanter, suivit par la femme aux cheveux blancs.
-Hebiko-hime, il faut les laisser partir, commence-t-il d'une voix si douce que tout le monde se demande s'il n'est pas possédé par la vieille femme.
-Ce sont mon bébé ! MON BEBE ! hurle la princesse, tenant les petites flammes bien serrées contre elle.
Kiba se mordille la lèvre et jette un regard impuissant à la femme qui secoue la tête d'un air las. La princesse refuse de laisser partir les feux follets, les berçant contre sa poitrine comme autant de bébés.
Et Sakura sent son cœur se serrer à la regarder faire.
Pas de peur cette fois.
De pitié.
De compassion.
Quoi qu'en disent les préceptes du ninja, elle est aussi une femme, et elle comprend, elle ressent même, la douleur d'Hebiko, morte sans avoir pu tenir et aimer son enfant.
Alors elle fait un pas en avant, repoussant Sasuke et Naruto qui veulent l'en empêcher. Elle approche et s'agenouille devant Hebiko, mains posées sur ses genoux, humblement penchée vers la princesse.
-Ce ne sont pas vos bébés Hebiko-hime, murmure-t-elle.
Kiba n'a pas cessé de chanter, mais elle sent qu'il la surveille du coin de l'œil. La princesse se tourne, s'interposant entre les flammes et Sakura, comme pour les protéger.
-CE sont MON BEBE !
-Non Hebiko-hime, continue Sakura, ça ne peut pas être possible. Votre bébé est toujours vivant.
A coté d'elles, Kiba émet un couac bien peu religieux au milieu d'une prière et lutte pour reprendre le fil. Sakura continue, sans faire le moindre geste pour les reprendre, mais Hebiko a déjà desserré ses bras.
-Vivant ?
-Oui, et eux, ils sont morts, donc ça ne peut pas être votre bébé.
Hebiko écarte lentement les bras, surprise, et les flammèches rejoignent aussitôt Kiba. Il ne reste plus beaucoup de feux follets maintenant. Ils sont presque tous partis, il n'y a plus que quelques flammes qui font encore la queue devant Kiba, la vieille femme, et Hebiko, toujours prostrée sur le sol. Kiba salue les dernières flammèches, puis se penche sur Hebiko, lui tendant la main.
-Il faut y aller Hebiko-hime.
-NON ! J'attendrai mon bébé! proteste la princesse en s'écartant.
-Hebiko-hime, il n'est pas près de mourir vous savez, reprend Sakura. Vous allez attendre trop longtemps.
-Eh bien, j'attendrai !
Kiba soupire en marmonnant quelque chose au sujet d'enfants gâtés et de mériter des baffes, mais Sakura reprend, couvrant sa voix.
-Nous lui dirons que vous l'attendiez Hebiko-hime. Nous lui parlerons de vous, afin qu'il vous retrouve quand son temps sera venu.
Hebiko hésite à ces mots et jette un regard à la vieille femme qui hoche sagement la tête.
-Quand nous serons au paradis, Hebiko, le temps ne comptera pas. Il sera avec toi là-bas.
Cette fois, le visage fermé d'Hebiko s'illumine, et elle se lève d'un bond, prenant la main de Kiba entre les siennes.
-Est-ce vrai Prieur !
-Heu... oui Hebiko-hime. Mais il faut d'abord y aller.
-Je suis prête !
Kiba reprend son chant, avant que la princesse change à nouveau d'avis et s'incline profondément devant elle. Elle l'imite en souriant et disparaît peu à peu, s'effaçant lentement. Kiba se tait et échange un long regard avec Sakura avant qu'ils ne poussent tout deux un soupir de soulagement.
-C'était bien pensé mademoiselle, déclare la vieille femme à Sakura qui sursaute et s'incline poliment.
-Merci Ma Dame…
Puis, la vieille descend de son piédestal, flottant vers Kiba pour le remercier.
-Je suis désolée, Jeune homme, déclare-t-elle, je suis vraiment navrée de tout ça. J'espère que vous pourrez rentrer chez vous sain et sauf.
Kiba s'incline devant elle et se redresse, mais semble surpris de la voir toujours là. Elle aurait dû partir elle aussi alors pourquoi…
-Qui êtes vous Ma Dame?
La femme a un petit rire doux, qu'elle cache derrière sa manche, un geste depuis longtemps démodé, même à l'époque d'Hebiko.
-Kushinata-hime, première princesse de Nazuchi. Merci infiniment mon petit.
Kiba bafouille, visiblement impressionné et s'incline derechef, très respectueusement cette fois.
-Je vous en prie Ma Dame. Mes enfants prieront pour le salut de vos âmes.
Et cette fois, elle disparaît. Pas comme les feux follets ou Hebiko.
Elle n'est juste plus là, invisible, même si Kiba peut sentir sa présence sur le cimetière, comme un manteau protecteur.
Le charme dure encore quelques secondes.
Et Neji décide de le briser et de poser la question qui lui brûle les lèvres depuis un bon quart d'heure,
-Est-ce que quelqu'un serait assez aimable pour me dire ce qui vient de se passer!
-Les fantômes sont… partis, explique Kiba, baissant les yeux sur son chapelet.
Il n'a pas l'habitude d'effectuer des exorcismes, même un simple comme celui là. Certes, sa mère lui a enseigné comment faire, mais il n'a jamais été confronté à cette situation.
C'est étrangement gratifiant d'avoir guidé ces âmes sur le chemin du paradis. Autant que d'avoir gagné un dur combat à un contre un.
-Hem, je voudrais pas casser l'ambiance, les mecs, reprend Naruto, mais vous savez que la nuit tombe ?
oOo
-Moi je dis qu'on devrait attendre demain ! s'exclame Kiba en suivant ses amis dans leur course éperdue vers le temple.
-Je passe pas une nuit de plus ici ! rétorque Naruto qui court en avant, Sasuke derrière lui.
-Il y a des monstres là bas, je te rappelle ! Il reste quatre rokuro…
-Trois, le coupe Sakura, tenant la main de Neji pour le guider, Naruto en a tué une tout à l'heure.
-Elles vont nous massacrer à vue, gémit Kiba.
-Aucun risque, reprend Naruto.
-Pourquoi ça ? demande Shikamaru, essayant de suivre la vitesse de déplacement de Naruto et Sasuke.
Il sursaute et freine brutalement, mains levées en position de défense, quand le blond lui jette un regard féroce par-dessus son épaule.
Un regard aux reflets trop rouges à son goût.
-Parce que je les massacrerai en premier.
Et il repart, Sasuke sur les talons, pas pour le simple plaisir de participer à la bagarre en perspective, mais parce qu'il faut bien quelqu'un pour le retenir et calmer.
-Attendez-nous ! Ordonne Shikamaru, se faisant proprement ignorer. Galère !
Le temps que les quatre autres les rejoignent, ralentis par Neji et leurs précautions d'approches, et les deux psychopathes ont déjà labourés le jardin du temple de grandes tranchées encore brûlante. Ca sent la chair rôtie, les cheveux cramés, le sang, et tant d'autres choses aussi peu ragoûtantes, et Naruto essaye d'entrer, retenu par Sasuke qui lui tord les bras dans le dos, malgré ses ruades et jurons colorés.
-Qu'est ce qui s'est passé ? Demande Shikamaru.
-Une rokuro kubi a essayé de nous arrêter, répond calmement Sasuke, malgré la trace de griffe sur sa joue, trop large pour être de la main d'une femme.
-Ou est-elle passée ? Demande Sakura.
-Sous vos pieds, déclare Sasuke, pince-sans-rire.
Les quatre ninjas et le chien s'écartent vivement de la tache sanglante à leurs pieds et de la vipère déchiquetée qu'ils écrasent sans prendre garde.
-Ew, commente Kiba en essuyant discrètement ses semelles sur l'herbe.
-Naruto, calme-toi, supplie Sakura, approchant de ses équipiers.
-SASUKE LACHE MOI !
Sakura fouille dans sa poche pour sortir un des sceaux ou un sédatif ou le premier truc qu'elle attrapera de suffisamment fort pour calmer son camarade, mais Kiba la devance.
-Hey, on va leur foutre la pâtée de leur vie si tu veux Naruto, mais n'oublie pas qu'on a des gens à protéger aussi.
Naruto s'arrête en pleine tentative de fracture des tibias de Sasuke et jette un regard un peu surpris à Kiba.
-Protéger ?
-Neji. Et Sakura.
Les deux sus-nommés commencent à protester à grands cris qu'ils peuvent se défendre seuls mais Shikamaru les coupe d'une baffe sur l'épaule de chacun.
-Calme-toi, reprend Kiba. Respire.
-Elles sont sur mon territoire ! grogne Naruto, quoique moins furieux qu'avant.
-Je sais. On va les chasser. Si on attire les monstres avec ton chakra, les autres sont en danger. Tu comprends ? Naruto, est-ce que tu comprends ? Répète Kiba quand la seule réponse de Naruto est un grondement sourd.
-Oui… Oui je comprends. Je comprends.
-Respire.
-Me prends pas pour un con non plus, Clébart….
-C'est dur d'ignorer l'évidence, rétorque Kiba.
-Les garçons ? les interrompt Sakura, on ne commence pas et on reprend l'infiltration plus discrètement, merci. Sasuke ?
Le brun hésite un moment avant de lâcher Naruto.
Qui lui échappe aussitôt pour se ruer à l'intérieur du temple.
oOo
Quand ils arrivent à rejoindre Naruto, il a trouvé la pièce où vivent les rokuro kubi et a proprement arraché la porte de ses gonds, se tenant de manière imprudente devant l'occupante de la pièce, toutes défenses baissées.
-Fous le camp ou je m'énerve.
La jeune fille le fixe d'un air stupéfait, à demi levée, surprise de l'absence de peur de Naruto et de la manière dont il ose lui parler. Naruto avance d'un pas, la lumière de la lanterne projetant des ombres derrière lui et la rokuro kubi attaque, étirant son cou et frappant, vive comme l'éclair. Tout le monde s'apprête à venir en aide à Naruto, poignards et shurikens à la main, pour séparer le monstre et leur camarade.
Et puis il y a un bruit de gifle, de mains frappées contre de la peau et un cri de surprise et de douleur de la créature.
Naruto tient fermement le visage délicat entre ses paluches tannées, si grandes et rudes qu'elles semblent à deux doigts d'écraser le crâne comme une noix. Cette fois, la rokuro kubi gémit, effrayée par le regard de Naruto et son chakra qui la brûle presque au travers de ses paumes. Elle comprend alors que ce qu'elle a attaqué n'est pas humain, ni hannyo, qu'elle a mordu plus qu'elle ne pouvait avaler et qu'elle va mourir si elle reste là.
-Fous. Le. Camp.
Sakura arrive presque à trouver comique le fait que le corps de la rokuro kubi est partit bien avant sa tête.
Presque.
Enfin, si elle n'était pas aussi furieuse contre ce crétin suicidaire.
-Mais tu es incurablement stupide ou quoi Naruto ! s'exclame-t-elle, à peine la créature disparue.
-Maiiis, j'ai pas utilisé de chakra, geint le blond, toujours pris de court devant les colères de sa camarade.
-Ce n'est pas le problème Naruto ! Quand est ce que tu vas te mettre dans ta tête de BLOND qu'on est une équipe ! Continue Sakura, approuvée par Sasuke qui foudroie Naruto du regard de derrière elle. Tu dois nous attendre pour mener un combat, afin qu'on puisse t'aider et te protéger au cas ou !
-Il faut trouver Kurogane, coupe Shikamaru en désignant une direction, on s'active.
-Mais qu'est ce que tu veux qu'il m'arrive ici ! continue Naruto sans écouter leur chef.
-Je dois te faire une liste en plus !
-Je demande une augmentation la prochaine fois que j'ai une mission avec ces trois là, soupire Shikamaru en envoyant son ombre en éclaireur, à la recherche du corbeau.
La bâtisse est assez grande, presque autant que le manoir Nazuchi. Il y a plusieurs ailes, bâties autour de la pièce principale, celle de l'autel. Grâce à la manipulation des ombres et l'obscurité ambiante, Shikamaru a exploré le temple en quelques secondes, à la recherche du moindre indice de la présence du tengu. Ce n'est pas une exploration précise, comme une vision, ou un son, c'est plus du domaine de la sensation quand il touche l'ombre de quelque chose. Ce n'est pas facile à expliquer, mais Shikamaru visualise sa technique un peu comme un radar et…
L'ombre de Kurogane se découpe tellement nettement et soudainement dans son 'radar' que Shikamaru fait un bond de deux mètres, perdant le contact aussitôt. Ses camarades sont aussitôt en cercle autour de lui, épaules contre épaules, prêt à le défendre au besoin.
-Shika ?
-Kurogane est ici, pièce de l'autel, je crois qu'il nous attend.
-Je vais PLUMER ce cul de piaf ! S'exclame Naruto en s'élançant dans la direction qu'indique Shikamaru.
-NON ! Tu nous attends et on va monter un plan d'abord ! Proteste Sakura.
-Oy, Sakura, Naruto, arrêtez de gueuler cinq secondes. Vous voulez qu'on se retrouve avec tout Yamata sur le dos ?
Naruto se tourne vers le brun tout en poussant la porte de l'autel.
-Kiba, les rokuro kubi ont foutu le camp, qu'est ce que tu veux qu'il arrive?
Le blond avance d'un pas vers l'intérieur du temple, et accomplit une très intéressante petite danse pour éviter de mettre le pied sur le tapis de serpent qui occupe le sol.
-Le prochain qui dit ça, je le bute avant que Murphy l'ait entendu, grommelle Kiba en se prenant le front dans la main.
-Et galère, marmonne Shikamaru, comment est-ce qu'on va entrer?
-En faisant deux pas sur le côté, rétorque sarcastiquement la voix de Sakura derrière lui.
Kiba et Shikamaru se tournent vers elle, se demandant ce qu'elle veut dire par là. La jeune fille est en train de tirer Neji hors du chemin et leur indique Sasuke d'un signe de tête, debout sur le pas de la porte, fixant les serpents d'un sharingan furieux tout en formant des sceaux bien connus.
Serpent
Chèvre
Singe
Cochon
Cheval
Tigre
-Katon. Goukakyuu no jutsu!
-Et merde.
En un éclair, les deux bruns sont à terre, évitant de peu l'immense boule de feu qui explose dans le nid de serpents. Quand Shikamaru se relève enfin, le sol est jonché de cadavres noircis et racornis.
-Je déteste les serpents, affirme calmement Sasuke.
-Wow, on dirait la fois ou Kakashi nous a fait un barbecue! S'exclame Naruto, amusé, donnant de petit coup de pieds à un gros serpent calciné.
-Je bosse avec des psychopathes, déclare posément Neji, bras croisés.
-Bienvenue au club, s'exclame joyeusement Sakura.
-Ca comptait aussi pour toi.
-Est-ce que tu es pyromane de nature, ou est-ce que tu as pris des cours! Hurle Kiba.
-Les deux.
-Bordel, je préférais quand t'étais un bâtard sans sens de l'humour.
-Tu aurais pu tuer Kurogane, intervient Shikamaru en observant les dégâts causés par l'Uchiha.
-Si seulement, grommelle Sasuke en piétinant allégrement les grillades au sol.
-Kiba ! appelle Naruto, déjà en train d'explorer dans tous les recoins avec l'enthousiasme qui lui est propre.
-Quoi ? Demande le brun en approchant à son tour.
-C'est quoi ce truc ? Demande Naruto, soulevant une vieille urne funéraire de son emplacement creusé dans l'autel, entourée de vieux talismans déchirés.
Kiba pâlit si soudainement que Sakura sent soudain son sens du danger sonner l'alerte rouge. Le garçon chien a les mains levées, tremblant comme une feuille, et bafouille au moins autant qu'Hinata.
-Putain putain putain Na... Naruto repose ce truc tout de suite doucement ! DOUCEMENT ! F...fais attention l'abîme pas mais putain POSE LE BORDEL !
Naruto lui jette un regard incompréhensif et montre la jarre du doigt, la balançant de l'autre main d'un geste qui fait stopper le cœur de Kiba pendant quelques secondes.
-De quoi ? Ca ?
-POSE CETTE PUTAIN D'URNE ! Hurle le prieur, à bout de nerf.
-Naruto, obéit à Kiba, ordonne Sakura à son tour.
-Mais qu'est ce que c'est que ce truc ! Demande Naruto, jetant un nouveau regard au pot de terre cuite.
Uniquement pour s'apercevoir qu'il tient maintenant un gros galet rond.
-Bah... Il était là... Où est ce qu'il est passé?
-Ici, grommelle Sasuke d'un ton moins qu'aimable.
Tout le monde se tourne à nouveau vers lui.
Et aperçoit Kurogane, tranquillement appuyé sur Sasuke, un bras autour de ses épaules, s'amusant à lancer et rattraper l'urne d'une main, un grand sourire sarcastique aux lèvres.
-J'aimerais passer un an sans avoir un vieux pervers qui me tripote.
-Ha ? C'est une habitude chez toi ? S'enquiert Kurogane d'un ton amusé.
Sasuke se contente de lui jeter un regard assez brûlant pour provoquer des combustions spontanées chez n'importe qui d'autre.
-Dites lui de poser l'urne, supplie Kiba d'un ton que Sakura ne l'a jamais entendu utiliser.
-Qu'est ce que c'est exactement?
-C'est un récipient sacré, habituellement utilisé pour sceller... disons... Les maléfices, les souillures et parfois les démons. Nous sommes dans un village où un démon a été scellé FAIS LE PUTAIN DE CALCUL SAKURA !
-Allons, allons Hannyo, ce n'est pas la peine de crier, je t'entends très bien.
-Alors posez-ce-truc, grogne Kiba, les dents serrées pour s'empêcher de traiter Kurogane de tous les noms.
-Heu… Kurogane-sama, reprend Sakura d'un ton qu'elle espère conciliant, pourriez vous… remettre l'urne à sa place je vous prie ?
Le corbeau a le cran de sourire de toutes les dents qu'il lui reste avant de répondre d'un ton aimable.
-Non.
Sasuke essaye aussitôt de le tronçonner en plusieurs morceaux, ses kunaïs volant autour de lui, mais, comme d'habitude, le corbeau lui échappe comme par magie et réapparaît au milieu de la pièce, jonglant avec l'urne.
-UCHIHA T'AMUSE PAS A CA ! TU VEUX LIBERER OROCHI !
-Je savais qu'il esquiverait, rétorque Sasuke, ramassant calmement ses armes.
-Je finirai cardiaque, gémit Kiba en levant les bras au ciel.
Shikamaru fait signe à ses hommes de se calmer, ou du moins d'essayer, et avance vers le corbeau, restant toutefois à prudente distance de son sceptre.
-Qu'est ce que vous voulez Kurogane-sama ?
Et c'est une foutue bonne question, car depuis qu'ils ont rencontré le corbeau pour la première fois, le tengu reste une énigme pour Shikamaru. Les monstres d'ici semblent le considérer comme leur chef, ou du moins, un haut personnage, mais il agit comme un pochtron irrévérencieux et vulgaire. Il possède de grands pouvoirs, mais n'a jamais fait la moindre tentative pour les aider ou les attaquer sérieusement. Il semble en savoir long sur ce qui se passe à Yamata, beaucoup plus qu'eux en tout cas, mais s'amuse à les mener sur des fausses pistes et à leur parler par énigmes.
Il n'arrive pas à cerner le corbeau. Il n'arrive pas à comprendre ses motivations, son but, son rôle dans toute cette histoire.
Aussi n'est-il pas très surpris de la réponse du bakemono.
-Je veux juste jouer.
-Tu sais où tu peux te foutre ton jeu ?
-Naruto, ta gueule, marmonne Sakura, avec une taloche sur l'arrière du crâne.
Kurogane ne semble pas s'offusquer de la grossièreté de Naruto. En fait toute cette situation a l'air de l'amuser prodigieusement, comme s'il n'était pas en train de narguer six ninjas, au milieu d'un territoire démoniaque, en jonglant avec le réceptacle spirituel d'un démon-dragon à huit têtes.
-Quel genre de jeu ? Reprend Shikamaru.
-Ho, quelque chose de très simple, répond le corbeau, posant l'urne en équilibre sur son doigt. Si vous arrivez à me cacher vos pensées, je répondrai à trois de vos questions.
-Et vous lâcherez l'urne ? Ajoute Kiba.
-Je te la donnerai même avec un joli ruban si tu veux, hannyo.
Le regard que lance Kiba à Kurogane n'atteint pas le niveau de ceux de Sasuke, mais n'importe qui d'autre que le tengu déciderait d'arrêter de taquiner l'Inuzuka pour conserver son intégrité corporelle. Le corbeau se contente de sourire, de cette manière qui donne envie de lui enfoncer les dents.
-M'empaler sur un kunaï géant ? Quel manque de créativité petit, tu me déçois.
Kiba a un grand sourire sadique et doit ajouter quelque chose de très instructif à ses pensées, provoquant l'hilarité de Kurogane.
-Ho oui, ça c'est créatif, les porte-jarretelles surtout. Ho, la pucelle, se concentrer sur une pensée unique ne marche pas. Et toi tête de palmier, la seule personne que j'ai connu capable de faire le vide dans son esprit était débile. Toi le mignon aux longs cheveux, penser 'vide' ça marche pas non plus. Quand à toi l'oisillon, tes ridicules menaces de mort ne me font pas peur.
-Hey, Kurogane!
Le corbeau jette à peine un regard à Naruto qui avance vers lui, sans essayer de cacher son envie de lui casser la figure.
-C'est Kurogane-sama Renardeau... corrige t'il comme s'il réprimandait un petit garçon.
-Lis MES pensées, grogne Naruto en se désignant d'un pouce suspicieusement griffu.
Le vieil homme s'exécute avec un sourire amusé... Et se fige, son visage rougeaud soudain d'une pâleur de cendre.
Rouge et or et noir et des crocs terriblement pointus et terriblement blanc dans cette fourrure drue et épaisse et des yeux si rouge rouge rouge cruel rouge sang rouge feu et neuf flammes neuf cent ans neuf queues et il est si féroce et si puissant et si dangereux que ses plumes en tremblent et que son bec se ferme et ses yeux pleurent et il brûle il hurle il griffe et il sourit il sourit il sourit et il y a trop de dents dans ce sourire trop blanc trop de dents sur ses ailes noires trop de dents dans sa chair rouge de sang blanche d'ossement noire de plumes et...
Et un poing se referme sur ses parties intimes, un autre s'abat contre son estomac, le poussant rudement contre le pilier de soutient derrière lui, le sortant de la transe terrifiée que lui inspire le prédateur en face de lui.
-Tu l'as vu venir ce coup là? gronde Naruto en resserrant ses doigts suffisamment pour que le tengu sente la pointe de ses griffes sur sa peau.
-N.. non...
-Bien, continue alors Naruto, un immense sourire cruel lui tordant le visage. On a dit trois questions.
-Sakura, souffle Shikamaru.
-Il se maîtrise... Ca va encore, murmure Sakura en réponse, la main sur un des talismans accrochés sous sa robe, celui qu'elle doit utiliser au cas où Naruto renarderait en mission.
-Naruto a une putain de notion du respect, grommelle Kiba pour lui même.
-On a Kakashi en senseï Kiba, intervient Sakura, c'est pas le respect qu'on apprend avec lui.
-Vous les lui posez ces questions? S'enquiert Naruto d'un ton irrité, leur jetant un petit regard par dessus son épaule.
-Je voudrais d'abord qu'on récupère cette putain d'urne, marmonne Kiba.
Même si elle n'est pas télépathe, Sakura arrive à interpréter un peu trop facilement le sourire espiègle qu'a Kurogane en faisant sauter la jarre dans sa main.
L'urne fend les airs dans un arc de cercle délicat et gracieux, en contraste avec la brusque panique qui prend les ninjas comme chacun se précipite pour l'intercepter avant qu'elle n'explose au sol. Finalement, c'est Sasuke qui la rattrape, la petite urne disparaissant presque entre ses mains. Sakura a un soupir de soulagement quand Sasuke prend l'urne plus solidement, la tournant pensivement entre ses mains.
Et elle pousse un hurlement de terreur quand le brun l'ouvre sans aucune forme de procès, arrachant le couvercle scellé à la cire.
Rien ne se passe.
Sakura attend encore quelques secondes que l'enfer se déchaîne, mais à part un cri d'oiseau nocturne dehors, rien ne laisse deviner une soudaine invasion de super démon en rogne.
-C'est vide, déclare Sasuke en levant l'urne, posée à plat dans sa main.
Il y a une fissure à la base de la jarre, pas grand-chose, à peine plus grosse qu'une tête d'épingle, mais parfaitement visible dans la lumière blafarde du crépuscule.
-C'est vide, répète Sasuke. Il n'y a rien dedans.
-Et ça fait cinquante ans que ça dure, signale Kurogane, du ton le plus détaché qu'il peut avec la prise qu'a Naruto sur ses précieuses.
-Mais alors, où est Orochi? Marmonne Kiba à Shikamaru.
-Alors ça gamin, c'est une sacrée bonne question. Il y a un peu plus de cinquante ans, les hommes ont commencé à négliger le temple. Les sacrifices étaient moins souvent accomplis, l'urne pas entretenue, les prières non dites. Et le sceau s'est fragilisé.
-Je vois, reprend Shikamaru en approchant de Sasuke, traçant la fissure du doigt, et l'âme d'Orochi s'est échappée par là. Il a dû s'incarner temporairement dans des corps humains.
-Ou reptilien, corrige Kurogane, Orochi est le tatarigami des serpents. Leur dieu et démon. Il a tout pouvoir sur eux.
-Kiba, c'est quoi un tatarigami? Demanda Sakura, prenant bien soin de ne pas poser la question au tengu.
-Un dieu maudit, répond le garçon chien en égrenant distraitement son chapelet. Un kami qui a mal tourné.
Shikamaru hoche la tête et se tourne vers Sakura.
-Donc Orochi s'échappe de sa prison, s'incarne dans les serpents venus en masse, peut être attirés par sa présence, récapitule-t-il.
-Il essaye peut être aussi de s'incarner dans un corps plus puissant, des humains par exemple, suggère Sakura.
-Mais ça ne marche pas, objecte Shikamaru, froncant ses sourcils inexistant. Ce qui explique l'épidémie. Il doit changer de corps très souvent.
-Hebiko-hime tombe enceinte à ce moment là. La question est: De qui ou de quoi?
-Soit Orochi s'incarne dans Naga-dono et la féconde, donnant naissance à un hannyo...
-Soit il s'incarne directement dans le bébé, achève Sakura.
-Où peut être les deux.. D'abord le père puis son enfant.
-Non, Naga-dono était encore en vie à la mort de son fils...
-Hebiko-hime était possédée par Orochi pendant les derniers mois de sa grossesse, lâche Neji d'une voix fatiguée, appuyé contre un des piliers de soutien.
Les deux stratèges se tournent vers lui avec des regards surpris, l'ayant presque oublié avec tout le raffut que font Sasuke et Naruto.
-Comment tu sais…
-J'ai entendu Kushinata-hime en parler, répond le brun. Ca se recoupe avec les observations du docteur non ?
Les deux surdoués réfléchissent en silence puis échangent quelques phrases à voix basses avant de revenir vers Naruto et sa victime.
-Comment reconnaît-on que quelqu'un est possédé par Orochi? Demande Shikamaru.
Le vieux tengu soupire et se gratte les cheveux d'un air presque détendu.
-Vous m'en posez des questi...aie aie aie d'accord, d'accord! Ne plante pas tes griffes, Renardeau! Calme... Bon, d'abord, n'importe quelle possession est reconnaissable aux yeux. Ils ne changent pas. Ils restent des yeux de démons, quelque soit le corps dont il dispose. Ensuite il y a des attributs divers et variés selon le démon qui.. aie aie aie! D'ACCORD! Orochi a des yeux de serpent dorés, mue sa peau à peu près tous les ans, et à une langue extensible de plusieurs mètres de long et...
-C'est Orochimaru, coupe Sasuke.
-Ca veut dire que nous nous sommes frittés un démon avec le potentiel destructeur de Kyûbi no yohko!S'exclame Sakura.
En arrière plan, Naruto sent la vexation du Kyûbi qui proteste qu'un vieux croulant comme Orochi ne fait pas le poids face à lui, mais il préfère ne pas écouter les vantardises du renard. Lequel renard est un peu trop proche de la surface à son goût. Ce n'est peut être pas une très bonne idée de le laisser autant dicter ses actes. Ce n'est pas que le Kyûbi puisse utiliser son corps, mais quand ils sont sur la même longueur d'onde, la synchronisation est plus aisée, et il a plus facilement accès à son chakra, mais aussi à ses instincts et impulsions.
Ce qui pose énormément de problème pour reprendre le contrôle par la suite.
Et le fait qu'il puisse sentir la peur, la sueur et l'horrible odeur corporelle du corbeau par dessus n'aide pas.
-Comment on peut buter Orochi? Demande Sasuke.
Cette fois, Kurogane redevient sérieux. Il fixe longuement Sasuke du regard avant de répondre, d'une voix assurée.
-Rien ne peut tuer Orochi. Rien sauf une arme, qu'il avait caché dans son propre corps. Kusanagi no tsurugi, la Faucheuse d'Herbe.
-Et où est cette épée? Demande Sakura.
-Trois questions la puc... Bon d'accord QUATRE! Se récrie Kurogane comme les griffes de Naruto commencent à chatouiller désagréablement ses parties intimes. Je ne sais pas ou est l'épée, Nazuchi Naga l'a emmenée avec lui quand il a fui Yamata.
-Ca signifie qu'il y a de fortes chances pour qu'elle soit en possession d'Orochimaru.
-Génial. Manquait plus que ça, marmonne Naruto avec un long soupir.
-Hem… Renardeau ? tu pourrais me lâcher maintenant ? Contrairement aux apparences, j'utilises encore fréquemment mon service trois pièces…
Naruto lui jette un regard confus.
-Mes couilles, précise Kurogane.
Le blond lâche aussitôt les précieuses de Kurogane en poussant des piaillements dégoûtés et en s'essuyant les paumes sur son pantalon. Le tengu le regarde faire en ricanant et promène son regard sur les autres ninjas qui semblent affligés ou amusés de la stupidité du blond. Il se laisse glisser contre le pilier dans son dos, s'asseyant sur ses talons, l'image même de la lassitude de la vieillesse
-Vous vous êtes embarqués dans une drôle d'histoire, vous savez ?
Il n'y a plus de rire dans la voix de Kurogane, plus de bredouillement aviné, plus de sous-entendu graveleux.
Juste une gravité solennelle, une assurance inébranlable, et Shikamaru comprend que Kurogane n'a pas cinquante ans, ni cent, ni deux cent, mais est probablement la créature la plus vieille qu'il verra jamais et qu'il possède la sagesse des pierres, qu'il a vu des villes naître et mourir, des guerres s'achever devant ses yeux faute de survivant et qu'il est fatigué, si fatigué de tout ça...
-Je parle pas juste de cette mission, les mômes, continue-t-il, toujours assis sur ses talons, jouant distraitement avec son bâton de prêtre. Je parle de vos ennemis, de vos amis, de vos alliés...
-Orochimaru ?
-Orochi, Orochimaru, grommelle Kurogane en se redressant lentement, grimaçant quand son dos craque. Kabuto, Itachi, Kisame, et puis Shuukaku… Me demandait ou il était passé celui là… c'est une drôle d'histoire. Et ça risque de mal finir.
-Et ça vous pose un problème ? Rétorque Kiba.
-La paix Hannyo, ordonne Kurogane avec un regard torve, je n'ai pas enseigné le ninjutsu aux hommes pour qu'ils s'entretuent joyeusement, mais pour qu'ils puissent lutter et protéger les leurs.
-Pourquoi vous souciez vous autant des hommes Kurogane-sama ? Intervient Sakura, je veux dire… Vous êtes un bakemono…
Kurogane s'appuie sur son bâton sans répondre, dardant ses yeux entièrement noir sur Sakura. Il soupire longuement avant de se redresser et répondre.
-Ce monde, la pucelle, a besoin d'équilibre. Il y a les démons, les dieux, les plantes, les animaux, les humains et les bakemonos. Et tout ça doit rester en équilibre. Quoiqu'il arrive. Orochi menace cet équilibre. Comme Shuukaku et Kyûbi no yohko avant lui.
Avec un dernier soupir, Kurogane commence à s'éloigner claudiquant comme un petit vieux, une main derrière le dos.
-Dites le, à votre chef qui a les mamelles d'une vache. Orochi est une priorité. Il faut le vaincre maintenant, avant qu'il ne parvienne à la vraie immortalité, avant qu'il ne trouve comment s'immuniser du pouvoir de Kusanagi no tsurugi. Dites le lui.
Et dans un bruissement d'ailes, Kurogane disparaît à nouveau, pour de bon cette fois.
Le silence retombe sur le temple désert.
-Je crois que c'était le moment le plus surréaliste de toute la mission, déclare sagement Kiba.
Et Sakura ne peut s'empêcher d'approuver, intérieurement comme extérieurement. Sasuke attire son attention d'un petit coup sur le coude, lui désignant du menton leur équipier. Le blond a cessé de hurler son dégoût à tous les vents et s'est appuyé du front contre un pilier, respirant profondément, comme pour se calmer.
Mauvais signe.
-Naruto comment tu te sens? Demande Sakura en approchant, Sasuke sur les talons.
-Ca va, ça va, ça va...répète Naruto comme un mantra, comme s'il pouvait se persuader que tout allait bien.
-Montre-moi tes yeux Naruto, demande Sakura, sortant les feuillets sur lesquels Hokage-sama et Jiraiya ont dessiné les sceaux de secours pour Naruto.
Elle voit clairement Naruto écarter le visage quand elle tend la main vers lui, et retrousser la lèvre supérieure, dévoilant ses dents pointues comme les crocs de Kiba.
-Naruto, répète-t-elle doucement, montre moi tes yeux.
Sasuke pose la main sur le cou de Naruto, le forçant à tourner le regard vers Sakura.
Elle tente de retenir un frisson en voyant les iris écarlates entre les paupières de Naruto et hésite à poser le sceau sur son torse.
Et puis le regard qu'elle craint tant pivote soudain vers le plafond et vacille furtivement vers le bleu quand un juron sanglant échappe à Naruto.
Elle sent qu'on la jette violement au sol, d'un coup de pied qui lui coupe le souffle, lui permettant à peine de rouler et se remettre d'aplomb, et elle relève les yeux juste à temps pour voir un filet blanc tomber sur Naruto et deux bras secs et gris le soulever vigoureusement.
Elle lève encore les yeux.
De leur excursion chez les koorimes, Sakura a conservé quelques souvenirs indésirables, dont celui d'une femme araignées de la taille d'un cheval de trait.
Elle espérait qu'elle ait été la seule représentante de son espèce.
Elles sont cinq ou six, pendues au plafond par leur toile. C'est difficile à dire, elles sont peut être grandes, mais la pièce est petite et semble soudain grouiller d'araignée de toutes tailles. Chacune a attaqué un garçon, et Naruto a beau se débattre dans le filet, la femme araignée le tourne et le ligote, l'enveloppant dans un cocon soyeux. Sasuke essaye de l'aider, mais le fil doit absorber le chakra ou l'énergie vitale, et il ne peut se défendre quand une autre commence à le momifier à son tour. Sakura se relève, horrifiée, et cherche leurs compagnons du regard. Kiba lutte contre son agresseur, déjà à moitié emberlificoté, mais, grâce à ses griffes, il arrive à dégager un bras, celui qui porte le chapelet, et à assener une gifle vigoureuse à la créature. Le collier s'enroule autour du cou de l'araignée et une fumée âcre s'élève aussitôt, ainsi que des sifflements de douleurs. Sakura détourne le regard quand Kiba se dégage du cocon et serre le collier, étranglant ou brûlant le monstre avec un plaisir sauvage. Neji s'est fait attraper, trop faible pour se défendre contre le danger qu'il n'a pas vu venir et Shikamaru essaye d'arrêter l'araignée qui s'éloigne avec la momie du Hyûga. Il lance la manipulation de l'ombre et ferre aussitôt sa proie et Sakura croit un moment que c'est bon.
Et puis l'araignée avance d'un pas et la jambe de Shikamaru, tordue dans un mauvais angle par sa technique, se brise dans un grand bruit. Le brun la voit lâcher sous lui, trop surpris pour sentir la douleur, et s'effondre au sol, où une autre araignée vient le ramasser. Ca va si vite, les monstres désarmant et assommant ses camarades à un tel rythme que Sakura met un moment à s'apercevoir que les araignées ne l'attaquent pas.
En fait, l'une d'elle l'évite même soigneusement, traînant Sasuke derrière elle sans accorder un regard à la jeune fille. Le premier moment de surprise passé, Sakura dégaine un kunai et tranche le fil qui relie le cocon à l'araignée. La créature se retourne, stupéfaite de ne plus sentir le poids de sa proie et Sakura se dépêche de trancher le plus de fils possible avant qu'elle ne décide de l'attaquer. Curieusement, l'araignée hésite à approcher, se balançant d'avant en arrière sur ses énormes pattes, comme si Sakura était un danger mortel. Rapidement, la jeune fille parvient à libérer la tête et le torse de son camarade qui reprend peu à peu ses esprits.
-Sasuke ! Ca va ? S'exclame -t-elle, l'aidant à s'asseoir, sans quitter le monstre du coin de l'œil.
Le brun grogne une réponse inarticulée, secouant ses bras des fils qui l'entravent encore, et lève les yeux à son tour.
Sakura peut presque voir l'adrénaline courir dans les veines de Sasuke quand il aperçoit l'araignée à deux mètres d'eux. Ses mains semblent disparaître quand il forme à nouveau les sceaux du goukyakku et avant que Sakura ait pu l'empêcher d'utiliser la technique avec le peu de chakra qu'il a, l'araignée a disparut dans une énorme boule de feu. Elle s'effondre avec des cris stridents et ses camarades reculent vivement à leur tour, se terrant dans les coins sombres de la pièce. Sakura profite du répit pour achever de libérer Sasuke, mais le jeune homme la repousse d'un geste, se concentrant vers l'araignée la plus proche.
-Libère Naruto, vite !
-Mais…
-VITE !
Cette fois, Sakura obéit, et cherche du regard l'araignée qui a emmenée Naruto. Mais contrairement à l'autre monstre, celle-ci se montre plus belliqueuse et essaye d'attaquer Sakura dès que celle-ci fait mine d'approcher. Le monstre n'a pas de pouvoir ninja quelconque, mais elle crache- ou plutôt vomit- ses fils, tissant une protection autour de sa proie et elle. Sakura ne peut pas les toucher, elle a déjà moins de chakra que ses camarades, elle serait mise hors jeu beaucoup plus rapidement qu'eux… Peut être qu'une note explosive…
Derrière elle, Sasuke lance un second katon, mais, faute de chakra en quantité suffisante, ne parvient même pas à toucher son adversaire. Une araignée approche à nouveau quand il met un genou à terre, trop borné pour s'évanouir d'épuisement.
Paniquer est toujours une mauvaise idée, Sakura le sait, mais elle ne peux pas s'en empêcher et ne s'aperçoit qu'elle s'est trompé de papier que quand elle a fini d'appliquer un des talismans de Naruto sur la toile.
A son grand étonnement, c'est cent fois plus efficace qu'une note explosive.
La toile s'enflamme si vite qu'elle tombe en cendre en une fraction de seconde, laissant la feuille tomber gracieusement vers le sol, intouchée par les flammes.
Le temps se suspend.
L'araignée fixe Sakura comme si c'était elle le monstre.
Sakura fixe le talisman comme une arme bactériologique.
Et puis, en même temps, elles s'élancent l'une vers l'autre, Sakura saisissant le papier au vol, et elles se percutent violemment.
Un grésillement de graisse carbonisée se fait entendre quand Sakura plaque la feuille sur le ventre de l'araignée. Le talisman fume comme un feu de bois vert et l'araignée siffle violemment, tout ses membres convulsés, ruant pour se débarrasser de la douleur contre son ventre, mais Sakura tient bon, et même si elle le voulait, elle sait qu'elle ne pourrait pas décoller le papier de riz de la peau de la créature.
Alors elle appuie dessus, essayant de ne pas penser à la raison pour laquelle elle le sent peu à peu s'enfoncer dans la chair sèche. Les organes de la créature se liquéfient sous ses doigts et elle sent des liquides dégouliner le long de ses bras, mais elle ferme les yeux et continue d'appuyer, encore et encore et enfin, elle entend un drôle de pop, comme un ballon empli d'eau qui exploserait, et son adversaire s'effondre soudain sur elle.
Sakura s'autorise deux ou trois secondes de panique écoeurée, puis surmonte son envie de vomir et repousse la carcasse, étonnamment légère maintenant qu'elle est morte. Elle se précipite vers le cocon de Naruto et tranche dedans le plus délicatement qu'elle peut avec des mains tremblantes. Malgré les fils absorbeur de chakra, Naruto continue de gigoter, essayant de se libérer du cocon, sans grand succès toutefois. Les autres araignées sont maintenant frénétiques, affolées par la mort de leurs compagnes, et Kiba en profite pour donner le coup fatal à son adversaire, avant de se ruer vers une autre, Akamaru sur les talons et un cri de guerre aux lèvres. Sakura a envie de le traiter d'imbécile et de le remercier pour la diversion en même temps.
Et puis, elle tranche un des fils qui tenait le cocon lié.
Et le chakra illimité de Naruto empli la pièce, presque brûlant à aussi courte distance. Sakura recule instinctivement, protégeant son visage, mais se retrouve les quatre fers en l'air quand, d'une seconde poussée de chakra, Naruto se débarrasse de ses entraves. Elle n'a pas le temps de se relever qu'il est à quatre pattes au dessus d'elle, grondant sur les araignées, ses yeux écarlates et fendus comme ceux d'un chat, avec des griffes et des crocs qui ne dépareraient pas chez un Inuzuka.
-Na… Naruto ?
Une araignée siffle d'un ton menaçant dans leur direction. Naruto fait à peine un geste comme s'il voulait la lacérer alors qu'elle est bien à dix mètres.
L'araignée, ainsi que le mur derrière elle et un pilier de soutien explosent dans une gerbe de sang et d'esquilles de bois. Inner Sakura ne peut s'empêcher de qualifier l'attaque de 'cooooool'.
Outer Sakura en reste bouchée bée, même si elle note que Kiba a laissé son adversaire pour ramasser la proie abandonnée, apparemment Shikamaru vu la taille et la constitution. Elle jette un autre regard par-dessus son épaule, et voit que Naruto n'a plus les yeux aussi rouges, ni fendus, mais gémit de douleur, une main crispée sur son crâne.
-Naruto !
-Ca va.. .ça passe, marmonne le blond, je maîtrise, je maîtrise... Ta gueule, bon sang…
Kiba et Akamaru hurlent à pleins poumons, et elle s'assure d'un bref regard qu'ils ne sont pas en train de se faire éventrer. Apparemment, ils sont mutuellement en train de s'accuser d'être dans les pattes de l'autre.
-ECARTE TOI!
-NON! DERRIERE!
-Ta gueule boule de poil, c'est MOI qui ai le contrôle!
Qui dit quoi, ça devient dur à comprendre, mais Naruto est toujours en train de gémir derrière elle et s'il a une crise, l'éventration d'Inuzuka viendra après.
-Naruto, attend j'ai un talisman pour toi, reste calme,
Un cri d'alarme de Kiba les fait sursauter et un bruit de pattes leur fait lever les yeux.
D'autres araignées descendent du plafond. Beaucoup plus, beaucoup trop, et l'une d'elle arrive directement sur Naruto et Sakura et le blond resserre ses bras sur sa camarade pour la protéger, au lieu de se disperser comme le veut la tactique habituelle. Ils ne pourront jamais s'enfuir à temps.
C'est presque inconsciemment que Sakura serre Naruto contre elle, une main sur son crâne comme pour le protéger elle aussi.
-Hey ! Les huit-pattes !
L'araignée sursaute à la voix et se tourne vers l'entrée.
Sakura aussi.
Une troupe entière de renardes sont plantées là, grandes comme des chiens de chasses, les queues ondoyantes, les crocs au clair, le poil hérissé, prêtes à se battre. Au milieu, il y en a une, sous forme humaine, portant un kimono chiffonné comme elle le ferait d'une robe de noble, qui les apostrophes d'une voix forte.
-Les renardes sont venues vous défier, les vieilles !
C'est la Rousse.