Chapitre 7 : A cœur ouvert :

Trois jours après l'aveu de Livia à Dumbledore, tout le château ne parlait plus que de l'absence de la séduisante Gryffondor et les hypothèses – plus ou moins vraisemblables suivant les personnes – allaient bon train. Les Maraudeurs étaient les premiers à s'inquiéter de cette subite disparition. Ils avaient immédiatement demandé une explication à la petite sœur de leur amie mais Célia répétait sans faillir que Livia était tombée malade et qu'elle avait dû être hospitalisée d'urgence dans un hôpital Moldu, leurs parents refusant qu'elle se fasse soigner à l'aide de la Magie et cette réponse ne satisfaisait guère ses amis.

-Je suis certain que Livia n'a jamais quitté Poudlard ; déclara Sirius ce matin là. Je ne sais pas pourquoi mais c'est un peu comme si je ressentais sa présence.
- J'ai la même sensation moi aussi… C'est très bizarre tout ça si tu veux mon avis. Et Dumbledore qui refuse de nous dire quoi que ce soit… renchérit Remus avec son air calme habituel, bien que soucieux.
-Et toi Cornedrue, qu'en penses… Cornedrue ?
Mais le brun avait disparu.
-Décidément ça n'arrête pas, c'est pire qu'une épidémie toutes ses disparitions… grommela Sirius avec mauvaise humeur, se reportant sur ses tartines.
Remus sourit, il venait d'apercevoir leur compagnon, se dirigeant vers le parc en compagnie de Lily Evans…

James et Lily marchaient sans bruit sur l'herbe encore toute humide de rosée sous un ciel d'un bleu limpide, lavé par la pluie tombée la veille. Ce fut James qui rompit le silence en premier, son esprit évoluant quelque part sur un petit nuage :
-De quoi voulais-tu me parler ?
-Je me demandais où était passée Livia, les rumeurs les plus folles circulent…
L'adolescent se renfrogna, chutant brutalement de son état second. Qu'il était stupide de s'être fait des films quant elle lui avait demandé si elle pouvait lui parler…
- J'sais pas… dit-il un peu abruptement. Je n'en sais pas plus que toi !
-Mais… Elle ne vous à rien dit ? s'enquit Lily, visiblement déçue, imprimant à ses lèvres une moue adorable.
-Non, rien de rien, crois-moi !
-Bon tant pis… soupira t'elle en s'en retournant vers le château.

Elle avait à peine fait trois pas que James la rejoignit en courant et se plaça devant elle, lui barrant le chemin.
-Attends Evans… Moi, j'ai quelque chose à dire…
La belle rousse fronça les sourcils d'un air sévère.
-Quoi ?
Il se passa nerveusement la main dans les cheveux.
-Je… euh… Je voulais savoir… Tu te souviens ce que tu m'avais dit le jour des BUSEs ?
-Euh… Non… avoua t'elle, secouant la tête sans comprendre.
-Tu as dis… que.. que je te faisais vomir et que tu trouvais que j'avais la grosse tête… Tu… tu le pensais vraiment ?
-Oui ; acquiesça froidement Lily.
Cependant, voyant l'air profondément malheureux du jeune homme, elle ajouta, plus doucement :
-Mais… à ce moment là…
Il releva la tête, son cœur soudain gonflé d'espoir, ses yeux noisette brillaient maintenant sous l'effet du bonheur qui l'envahissait.
-Et aujourd'hui ? Es-ce toujours ainsi ?
Lily s'accorda un peu de temps pour réfléchir, ses sourcils s'incurvant vers le bas, assombrissant ses yeux d'un vert moussu qui contrastaient si admirablement avec le feu de sa brillante chevelure. Son compagnon se rongeait les ongles, redoutant sa réponse.
-Je crois que non… souffla t'elle, levant son regard sur lui.
Un petit sourire en coin jouait sur ses lèvres vermeilles.
-Et… Et si je te demandais de nouveau si tu veux sortir avec moi ? hésita James.
-Mm… réfléchit-elle, le fixant comme pour le juger. Je ne sais pas…
Au moins ce n'était pas un non clair et définitif. Il s'avança jusqu'à ce que l'espace qui les séparait ai presque disparu.
-Peux-tu y penser s'il te plait… Parce que moi je t'aime Evans…
Un vrai sourire esquissa une courbe magnifique dans son visage fin et elle déclara tendrement, glissant sa main sur la joue du jeune homme qui n'osait croire en sa chance :
-Je crois que je sais déjà ma réponse James Potter…
Ce qui se passa ensuite chassa totalement Livia de leurs pensées.

Quant James rejoignit ses amis devant leur salle de cours, un sourire béat fendait son visage d'une oreille jusqu'à l'autre.
-Où étais-tu, Cornedrue ? l'interrogea Sirius, maussade Je ne vois pas comment tu peux sourire maintenant que Livia est on ne sait où…
Comme l'intéressé ne répondait pas, perdu dans son rêve éveillé, Remus, analysant la situation, déclara, amusé :
-Oh je pense que notre cher ami a tout simplement goûté à une certaine paire de lèvres qu'il convoitait depuis longtemps…
Peter, dressa l'oreille, alléché soudain par la tournure que prenait la conversation tandis que Sirius avait l'air de tomber des nues.
-Oui… Oui… acquiesça bêtement James, un peu hagard. Oui… C'est cela…
-Quoi ! Toi et Evans ? Ensembles ?… Ben ça… pince-moi, je rêve… hallucina Sirius
Sirius se passa la main sur le visage, chassant momentanément les mèches brun sombre désordonnées qui lui tombaient avec désinvolture devant le visage.
- D'accord.
Il eut un léger cri quand Peter le pinça conformément à sa demande.
-Abruti ! C'était une expression ! s'écria t'il, le menaçant de la main ce qui eut pour effet de faire se tasser sur lui-même le garçon rondouillard.
Le professeur MacGonagall ouvrit la porte à cet instant.
-Monsieur Black, pouvez vous m'expliquer ce que vous êtes en train de faire ? demanda t'elle avec sévérité.
-Euhhh… dit Sirius, incapable de trouver une réponse plus pertinente, cachant sa main derrière son dos comme un enfant pris en faute.
-Entrez en cours je vous prie et sans brutaliser votre camarade.
Le jeune homme obtempéra en traînant les pieds et se laissa choir lourdement sur une chaise, songeant que, décidément, ce n'était pas son jour.

La nuit était tombée sur le château, tout était paisible et silencieux. Seul être vivant encore à s'activer à cette heure tardive : Argus Rusard, le concierge, toujours accompagné de sa chatte, MissTeigne qui se faisait toujours une joie de débusquer les élèves coupables d'errances hors de leur Salle Commune. Pourtant, une grande silhouette encapuchonnée ne prenait pas part au sommeil commun. Evoluant lentement, cherchant les points où l'ombre était la plus opaque, elle progressait petit à petit vers les profondeurs de Poudlard, vers les cachots qui était la partie la plus froide et la plus déserte du château. Rares étaient ceux qui y descendaient sans nécessité.
La ténébreuse et inquiétante silhouette poursuivit sa descente sans se soucier du long couloir lugubre où s'alignaient de nombreuses portes en fer rouillées. Elle en passa une dizaine avant de s'arrêter devant la plus imposante. Regardant autours d'elle, elle sortit sa baguette et murmura :
-Alohomora !
Le jet de lumière toucha le métal au niveau de la serrure, celle ci émis un cliquetis et la porte s'entrebâilla dans un grincement à faire froid dans le dos. La mince forme noire se glissa à l'intérieur, vérifiant une ultime fois que personne ne l'avait suivie et re verrouilla la porte derrière elle.
-Lumos ! ordonna la voix.
-Je t'avais dis de ne pas venir… fit une voix féminine un peu tremblante.
Dans la faible lumière que diffusait la baguette, on pouvait apercevoir une jeune fille d'une grande beauté, prostrée dans un coin, assise sur une sorte de paillasse, seul mobilier de la grande pièce nue, clignant des yeux comme un hibou dans la lumière du jour.

Rogue rejeta son capuchon en arrière, un pli soucieux barrant son front, avant de hausser les épaules devant la remarque de Livia.
-Comment vas-tu ? demanda t'il, s'agenouillant en face d'elle.
Ce fut à son tour d'hausser les épaules.
-Aucune importance. Tu ne dois pas venir ici, je ne sait pas encore me contrôler… Je ne veux pas prendre le risque de mordre quelqu'un.
-Tu ne me mordras pas. Le vampire sait que je lui suis utile alors il ne me supprimera pas tout de suite ; argumenta t'il avec un petit sourire en coin.
Livia ne prit pas la peine d'admettre qu'elle n'y avait pas pensé.
-Peux-tu éteindre ta baguette ? Cela me fait mal… Je suis en permanence le Vampire maintenant, même si j'arrive à rester un peu plus lucide qu'au début…
Rogue s'assit à ses côtés, si près qu'il la frôlait et prononça la formule de l'antisort. Aussitôt, les ténèbres opaques se resserrèrent autours de leurs deux corps comme pour les engloutir.

-La potion avance bien pour le moment. Je n'ai jamais préparé une potion aussi compliquée mais j'ai bon espoir d'y parvenir ; l'informa le garçon.
Livia resta un moment silencieuse.
-Merci Rogue ; dit-elle finalement.
-Attends, on ne peut continuer comme cela ! s'exclama t'il soudain. Lorsque nous nous sommes rencontré pour la première fois, je crois que je n'ai pas fait ce qu'il aurait fallu… Bien, réparons cela. Lumos !
De nouveau le jet de lumière dissipa l'obscurité et Rogue se leva pour venir face à une Livia interloquée. Lui tendant la main il annonça solennellement :
-Salut, moi c'est Severus.
Livia resta bouche bée quelques instants puis, tout doucement, ses lèvres s'étirèrent, un sourire se dessina sur son visage et le rire jaillit du plus profond d'elle-même, trouant d'un son clair et pur le silence oppressant de la pièce. Rogue ne bougeait pas, la main toujours tendue obstinément, espérant. Livia se calma, retrouvant son sérieux aussi soudainement qu'elle l'avait perdu et se saisit de la main de Rogue.
-Livia.
-Enchanté.
-Moi de même.
Il la lâcha sur ses mots et se rassit près d'elle avant d'éteindre de nouveau. La noire obscurité abattait leur pudeur et facilitait les confidences.
-Dés fois je me demande si tu n'es pas malade en ce moment R… euh… Severus…
-Question intéressante Livia ; dit-il le plus sérieusement du monde. En fait, je crois que je guéris seulement maintenant.
-Je vais peut-être me répéter mais pourquoi fais-tu cela pour moi ?
-Je paye ma dette.
-… ?
-Te souviens-tu de ma cinquième année, au mois de juin ?
-Je vois…
-Ce jour là, c'est toi qui m'as sauvé la vie…
-Tu sais, je ne pensais pas tellement te « sauver » mais je trouvais que James allait trop loin cette fois. Je n'aurais souhaité un pareil sort à personne, pas même toi qui était mon pire ennemi.
-Ton pire ennemi ? répéta Rogue, soudain au bord des larmes.
- J'ai dit « était ». Je ne connais pas beaucoup de « pire ennemi » qui ferait tout pour me sauver…

Le cœur blessé et sanglant du Serpentard sembla doubler de volume et battre comme il n'avait jamais battu.
- J'ai si froid Severus… poursuivit-elle. Pas physiquement – je ne ressent ni chaleur, ni froideur – mais dans mon cœur. Je me sens terriblement seule, terriblement perdue. Au moment où j'aurais eut besoin de mes amis, ce ne sont pas eux qui sont venus, ce ne sont pas eux qui m'ont aidés, mais toi. Lorsque j'étais à la bibliothèque, j'allais mal bien que je ne voulais pas le montrer, j'avais besoin que quelqu'un soit là et tu es venu, tu m'as tiré de mes sombres pensées. Grâce à toi, j'allais mieux. Et c'est encore toi qui m'a fait me sentir une femme pour la première fois de ma vie. De plus, lorsque tu as su ce que j'étais, tu n'as pas fui, au contraire , tu m'as pris dans tes bras et réconfortée alors que tu connaissais maintenant mes crimes. Ce sang qui entache mes mains, tu le voyais aussi, et pourtant, tu m'as tenu contre toi, tout simplement, tu as séché mes pleurs avec des paroles douces et sages. Au moment où se jouait mon destin, quant nous sommes allés voir Dumbledore, tu as pris ma main dans la tienne pour me donner du courage.
« Tout cela, tous tes actes ont ouvert en moi quelque chose que je ne soupçonnais pas et j'ai tout à coup aperçut ta vraie valeur, cette valeur que j'avais toujours niée… Tu n'as aucune dette envers moi car tu as déjà fait beaucoup et tu continues chaque jour à me sauver un peu, la preuve, tu es encore là cette nuit. Le Vampire qui est en moi cesse de me torturer quant tu te tiens comme maintenant à mes côtés et je voudrais rester ainsi pour mon éternité. Mais je dois te demander encore une faveur…
-Quoi ? chuchota Rogue que ce discours transportait de joie, réalisant ses rêves les plus fous.
-Je voudrais que tu me parles un peu de toi, j'aimerais te connaître…
Le jeune homme sentit les larmes poindrent sous ses paupière puis couler lentement sur ses joues comme des perles argentées, plus pures que toutes les larmes de la terre. Livia, percevant ces pleurs grâce à ses sens vampiriques, s'affola :
-Que t'arrives t'il ? J'ai dit quelque chose de mal ?
-Non, non – il secoua la tête – mais ces mots que tu prononces, si tu savais combien j'ai pu désirer qu'un jour quelqu'un me les disent. Toute ma vie, les gens m'ont toujours mis en retrait, chassé comme un paria et toi tu me dis « reste ». Depuis toujours j'ai prié pour que mes parents me disent : « Nous voulons te connaître, parle nous de toi. » au lieu de toujours m'imposer leur volonté. Et cette phrase d'apparence anodine, c'est toi qui me l'offre comme le plus précieux des cadeaux.
« Cette main que m'a un jour tendue une petite quatrième année, j'en ai gravé le souvenir dans ma mémoire et c'est ce geste qui m'a maintenu debout face à l'adversité en ayant l'impression de ne plus être un moins que rien, d'avoir assez de valeur pour qu'une fille se penche sur moi pour me relever de la détresse où j'avais chût. J'ai eu si peur et si honte ce jour là que j'aurais préféré mourir plutôt que d'affronter le regard des autres après un tel affront. Cependant, la mort n'était pas pour moi et cela c'est toi qui m'a permis de le comprendre. Je ne compte plus les fois où j'ai désiré en finir, me coucher dans un coin et abandonner. Ma dette envers toi était plus grande que tu ne te l'imagine car ce jour là, tu n'as pas fait qu'éviter un déshonneur mais tu m'as donné cette force dont j'avais besoin pour avancer. Et j'ai juré que je ne faiblirai jamais plus quelles que soit les épreuves que je traverseraient pour pouvoir veiller sur toi toute ma vie s'il le fallait…

Il avait parlé comme jamais encore il n'avait osé le faire avec quiconque, se dévoilant, ouvrant toutes grandes les portes de son cœur pour que le soleil y entre à flots. Livia posa doucement sa tête sur son épaule dans un geste de tendresse et d'abandon et il passa son bras autours de sa taille, l'attirant à lui et l'embrassa, chastement mais avec plus d'amour que jamais, sur le front. Désormais aucun des deux ne seraient plus jamais seuls.