Chapitre 8 : Sang maudit :
Au milieu des conversations, dans le vacarme continu de la Grande Salle, Remus se torturait l'esprit. Devait-il rapporter à Sirius, James et Peter le petit signe qu'il avait surpris entre Rogue et Livia peu avant la mystérieuse disparition de cette dernière ? Il ne l'avait jamais fait, pour une raison qu'il ne s'expliquait pas, comme s'il ne voulait pas trahir son amie en la compromettant avec ses suppositions.
L'absence de la belle jeune fille le
plongeait dans un complet désarrois et assaillait son esprit
las d'inquiétudes et d'un sentiment terrible
d'impuissance.
Les Maraudeurs s'étaient évertués
à monter des plans plus ou moins réalisables pour la
retrouver, refusant de croire que la forte, la courageuse Livia
aurait pu être terrassée par une maladie.
Il y avait
quelques années, le groupe avait créé une carte
de Poudlard très spéciale qui dévoilait entre
autres tous les passages secrets mais aussi l'emplacement exact
ainsi que le nom de chaque personne se trouvant dans le château.
Malheureusement, la précieuse carte leur avait été
confisquée lors de leur cinquième année par
Rusard lors d'une sortie nocturne où les quatre compères
s'étaient montrés plus imprudents qu'à
l'accoutumée.
Malgré cela, James avait toujours en
sa possession une cape d'invisibilité – héritée
de son oncle – mais chercher Livia à l'aveuglette n'aurait
servi à rien et tout le monde souffrait de la savoir perdue
depuis maintenant près de trois semaines.
Remus
n'écoutait même plus la conversation, tout à
ses considérations intérieures. Il n'entendit même
pas Peter interroger :
-Quel jour sommes-nous ?
-Voyons
Queudver, tu ne sais même pas la date d'aujourd'hui ?
gronda gentiment James, s'interrompant dans sa conversation avec
Lily Evans, nouvellement sa petite amie.
-Pourquoi ? s'affola le
rat, redoutant d'avoir oublié un devoir ou un quelconque
examen.
-Parce que ce soir c'est tu-sais-quoi !
-Je-sais-quoi
quoi ?
Sirius eut un soupir excédé et se pencha pour
lui glisser à l'oreille :
-La fête pour
l'anniversaire de Lunard…
-Oh ! Oui ! C'est vrai la f…
Mais
Sirius, dans un excellent réflexe lui plaqua la main sur la
bouche, l'empêchant d'attirer sur eux l'attention de
Remus.
-Ta gueule abruti ! Tu tiens vraiment à tout faire
rater ? s'énerva Sirius dans un murmure menaçant.
Peter
se fit tout petit sur sa chaise et son adversaire se leva d'un
geste un peu rageur.
-Ca me fout en rogne de ne pas savoir où
est Livia ! J'ai l'impression de devenir dingue. Je vais prendre
l'air !
Joignant le geste à la parole, il se rendit dans
le parc, sentant une irrépressible colère trop
longtemps contenue, bouillir en lui comme un fleuve tumultueux que
son corps n'était pas assez vaste pour contenir.
A cet instant, il en voulait à la terre entière ; à Célia qui se bornait à répéter que Livia était à l'hôpital, à Dumbledore qui la suivait dans cette information et par-dessus tout à lui-même qui restait là, sans rien faire, sans partir à la recherche de celle qu'il aimait comme une sœur qu'il n'avait jamais eut la chance d'avoir.
Ce sentiment
d'impuissance qu'il n'était pas le seul à
ressentir déchaînait sa rage destructrice,
habituellement camouflée sous une gaieté et une
apparente nonchalance, lui donnant envie, comme un serpent qui se
dresse pour mordre, d'attaquer tous ceux qui se dresseraient sur
son chemin.
Son amour fraternel envers Livia remontait depuis
leur première rencontre, alors que les Maraudeurs entraient en
deuxième année. Pour Sirius, beaucoup de choses étaient
différentes en ce temps là. Il vivait encore chez ses
parents, une lignée de Sang Pur développant toutes les
tares caractérielles de ces personnes. Son frère était
devenu Mangemort mais Sirius refusait cette voie et cela lui causait
beaucoup de difficultés pour s'entendre avec les autres
membres de sa famille.
Même après une année à
Poudlard où il avait fait la connaissance de James, Remus et
Peter qu'il considérait comme ses meilleurs amis, son
caractère était toujours instable et explosif. Toujours
prompt à jeter des maléfices à quiconque le
taquinait, il avait une nette tendance à s'attirer des
ennuis et les professeurs le considéraient comme un élève
violent.
Cependant, cette part de lui-même si sombre, qu'il
haïssait totalement s'était peu à peu estompée
grâce à la douceur et à la gentillesse de la
jeune Livia.
Dans le Poudlard Express, les Maraudeurs s'étaient
retrouvés dans le même compartiment que Livia et, très
vite, la fillette s'était prise d'amitié pour eux,
entrant dans leurs quatre vies sans qu'ils ne s'en rendent
compte.
Au début, Sirius avait regardé d'un
mauvais œil cette intruse dans sa nouvelle existence mais rapidement
Livia et lui étaient devenus inséparables. Petit à
petit, avec patience et gentillesse, elle était parvenue à
adoucir le cœur de son nouvel ami, apaisant ses tortures mentales et
refoulant les ténèbres qui menaçaient de
l'envahir et il s'était juré de se battre pour
pouvoir être toujours aux côtés de cette petite
fille dont les grands yeux verts chassaient tous les démons.
D'un coup de pied, Sirius envoya valser une pierre qui se dressait sous ses pieds. Il avait envie de hurler sa colère, de casser quelque chose mais continuait de marcher de long en large sur la rive du lac, tentant de se calmer. Soudain, une larme s'écrasa à ses pieds et il se laissa tomber à genoux pour pleurer de tout son soûl de grosses larmes d'inquiétudes et de frustration.
-Sirius… l'appela une voix douce qui lui
était très familière.
Lentement, très
lentement, il releva son visage élégant sur la personne
agenouillée face à lui dont les contours lui
paraissaient flous à cause de ses pleurs qui l'aveuglaient
et ses entrailles se nouèrent sous l'émotion.
-L…
Livia ? C'est bien toi ? balbutia t'il
Livia hocha doucement
la tête.
-Oui, c'est moi. Je suis là…
Ses
prunelles lumineuses trahissaient la joie qu'elle éprouvait
à le revoir et son inquiétude à son égard.
Un sourire calme donnait à son visage un air tendre.
Sirius
sentit les larmes qui continuaient de couler sur ses joues mais il
s'en moquait. Incapable de prononcer un mot, il la serra très
fort contre lui, retrouvant avec un bonheur indescriptible celle qui
lui manquait tant. En l'observant, marchant près de lui dans
le matin lors de leur retour au château, il se jura
intérieurement que jamais plus personne ne toucherait à
Livia.
Les retrouvailles entre Livia et les Maraudeurs
furent placées sous le signe de la bonne humeur et de
l'émotion. La jeune Gryffondor découvrit avec plaisir
le couple formé par James et Lily et son moral remonta devant
cette bonne nouvelle. En revoyant ses compagnons de toujours, jamais
Livia n'avait ressentit de sentiment aussi confus, à la fois
heureux et triste.
Une joie sans égale la saisissait toute
entière en les voyant se précipiter vers elle mais une
part de son cœur restait paralysée par une affliction sans
bornes.
Sa sortie du cachot froid où ne filtrait jamais les
rayons du soleil sous-entendait aussi ne plus être aux côtés
de Rogue.
Chaque soir depuis qu'ils s'étaient
fait leurs confidences, le Serpentard était revenu la voir,
passant ses nuits auprès d'elle, la calmant de sa présence
seule.
En connaissant ses souffrances, elle avait fini par aimer
son caractère peu expansif mais très doux. Le sentiment
qu'elle éprouvait à son égard était un
amour tendre et serein, bien loin de la passion brûlante et
torturante qu'elle vouait à Remus.
Elle se sentait bien à
ses côtés, la présence de Rogue la rendait plus
lucide, plus calme aussi. Son attachement pour lui était venu
sans qu'elle s'en rende compte, naturellement, enveloppant
délicatement son cœur déjà malmené,
passant un baume sur ses plaies.
Elle aimait le contact des mains
du jeune homme, ses mouvements infiniment doux qu'il utilisait avec
elle, sa voix apaisante, sa chaleur et son parfum alors, dans le
secret des murs sombres qui étaient devenus leur havre de
paix, elle avait réalisé le vœu le plus cher de
Rogue.
Une fois que les Maraudeurs, agrandis par Lily, lui eurent témoigné leur plaisir et leur soulagement à la savoir de retour, vint le moment que Livia redoutait le plus.
-Où
étais-tu ?
C'était Sirius qui avait exprimé
le premier la question qui brûlait toutes les lèvres.
-Euh…
J'ai attrapé une pneumonie et j'ai dû aller à
l'hôpital ; mentit Livia, se souvenant des consignes de
Dumbledore.
-Pourtant, quant tu es partie chercher ton sac, tu
étais en pleine forme ; insista James, la suspicion se sentant
derrière ces mots.
-Je me suis évanouie en chemin,
c'est Pomfresh qui m'a trouvée et a prévenu mes
parents. Je me suis réveillée à l'hôpital.
Livia
tenta de prendre un air convainquant mais à cet instant, elle
croisa le regard perçant de Remus. Aussitôt, elle baissa
la tête en se mordant la lèvre, sentant la culpabilité
rougir ses joues.
Une sorte d'instinct la prévenait qu'il
n'était pas dupe et elle eut soudain peur qu'il sache pour
Rogue et elle. Revoir son ami la troublait énormément
et elle ressentit un douloureux pincement au creux de l'estomac.
-Remus appartient au passé. Je sors avec Severus
maintenant. Je ne peux pas l'aimer ; se répéta t'elle
pour l'énième fois depuis la rentrée, comme
pour s'en convaincre.
Pourtant, au fond de son cœur, elle
savait déjà qu'elle ne pourrait jamais vraiment
oublier son premier amour.
-BON ANNIVERSAIRE !
hurla en cœur la totalité de la salle commune.
Le jeune
homme vacilla légèrement, ne s'attendant pas à
cela. La salle était décorée de ballons
multicolores, de guirlandes magiques qui changeaient de couleur et
une grande banderole traversait la pièce sur toute sa largeur
portant comme inscription :
« Joyeux anniversaire Remus ! »
suivit du dessin d'un gâteau sur lequel s'alignaient dix
huit bougies.
On avait amené des cuisines des gâteaux,
des bonbons et de quoi boire.
Pas encore remis de sa surprise,
Remus se retrouva à serrer la main à une foule de
personnes, réunies pour l'occasion et on lui colla une
bouteille de Bierraubeurre dans la main.
-La fête est une
réussite… constata Sirius, installé avec Livia près
du buffet.
-Oui, c'était une très bonne idée,
Remus s'amuse comme un fou on dirait.
Le loup-garou dansait en
ce moment même sur l'une des musiques rock que diffusait
James. Tout le monde riait et papotait en tout sens.
-Nous
attendrons de n'être plus qu'entre nous pour lui offrir nos
cadeaux.
- D'accord. Heureusement que j'avais prévu
cela à l'avance.
-Vient, allons lui souhaiter son
anniversaire.
Sirius pris la main de Livia et l'entraîna
vers la piste de danse improvisée, se frayant un chemin dans
l'amas d'élèves qui l'encombrait.
Lorsque
Remus les vit avancer, il abandonna sa danse et donna à son
camarade une franche accolade, riant de bonheur. Livia s'avança
à son tour et ils hésitèrent un court instant
avant de s'étreindre tendrement. Lorsqu'il la lâcha,
la jeune fille lui donna un baiser fugace à la commissure des
lèvres avant de disparaître dans la foule, le laissant
bouche bée.
Vers deux heures du matin, la plupart
des personnes montèrent se coucher pour ne laisser finalement
plus que James, Lily, Sirius, Peter et Livia. Remus se laissa tomber
dans un fauteuil avec un soupire soulagé et heureux.
-Merci…
dit-il simplement, incapable de trouver les mots pour exprimer sa
gratitude.
-Ce n'est pas encore fini Lunard, nous ne t'avons
pas offert nos cadeaux ! s'exclama James, dont l'enthousiasme
n'était en rien entamé par l'heure
tardive.
Bientôt, le loup-garou fut enseveli sous les
paquets.
Lorsqu'il eut tout ouvert et remercié chacun, il
s'aperçut que Livia ne lui avait encore rien donné.
Celle ci se tenait un peu à l'écart, un paquet dans
les bras mais quant il voulu lui demander pourquoi elle ne venait
pas, elle lui fit signe de se taire.
Près d'une heure
plus tard, il ne restait plus que la jeune fille et Remus dans la
salle commune.
Livia s'approcha de lui et lui tendit son
cadeau, un peu gênée.
-Merci ; dit Remus, les
entrailles contractées de la savoir seule avec lui.
Défaisant
lentement l'emballage bariolé, il découvrit une
petite boite de satin noir. A l'intérieur, un pendentif
d'argent en forme de dragon s'enroulait autour d'une pierre
noire ovale. L'attrapant par sa chaîne, Remus l'éleva
à hauteur de son visage, émerveillé par la
beauté du bijou. On aurait dit qu'il allait bouger.
-Livia…
Je… Il est magnifique… bégaya t'il, passant
immédiatement son cadeau autour de son cou.
-Je suis
heureuse que ça te plaise ; souffla t'elle avec un petit
sourire. Au fait… Voudrais-tu venir marcher un peu avec moi dans le
parc ? Il fait trop chaud ici…
N'osant croire que c'était
bien Livia qui lui proposait cela, il acquiesça et tous deux
sortirent sans un bruit respirer l'air nocturne.
Ils
marchaient côte à côte, sans un mot, savourant la
fraîcheur de l'air sur leurs visages. Livia se sentait en
paix même si une voix en elle lui criait de rentrer avant qu'il
ne soit trop tard.
-Regarde Livia… On vois la lune… susurra
Remus, pointant son doigt vers une trouée dans les
nuages.
Levant les yeux, elle admira le spectacle fabuleux de la
lumière argentée jouant sur les nuages. Elle
tressaillit lorsque son compagnon glissa doucement sa main dans la
sienne mais ne fit rien pour la retirer. Tournant la tête vers
lui, elle eut le souffle coupé par la proximité de ses
yeux d'un bleu limpide où se reflétait l'astre de
nuit. Sa respiration s'accéléra au même rythme
que les battements de son cœur quant les lèvres fines de
Remus se déposèrent sur les siennes.
Livia
ne savait comment réagir face à ce soudain baiser mais
elle recouvra brusquement ses esprits quant elle sentit le Vampire se
dresser en elle, près à attaquer et elle repoussa
violemment l'ennemi de sa race. Remus, surpris, fit quelques pas en
arrière et soudain son regard se durcit, le loup en lui
menaçait de fondre sur la jeune fille à tout moment
avec une haine qu'il n'y avait pas pour les autres personnes.
-
J'en était sûr… chuchota t'il, comme pour
lui-même, son regard était toujours aussi froid. Il y a
quelque chose en toi de pas humain…
-Quoi ? s'affola Livia,
sentant la panique l'envahir. Qu'est ce que tu racontes ?
-Je
raconte que je sais ce que tu es ! Tu es un Vampire, j'en suis
certain !
-… Non… non… Tu te trompes…
-Ne me ment pas
Livia ! Je le sens ! Ta peau est froide comme la glace, ton parfum
est celui de la mort… Pourquoi ne l'as tu pas dit ?
Remus
criait presque maintenant sous l'effet de la colère et de la
déception qu'il ressentait. Il se sentait trahis, blessé
dans sa chair en pensant que Livia ai pût lui cacher
cela.
-Remus… Je… commença t'elle, approchant sa main
de l'épaule de son ami, les larmes aux yeux.
-LAISSE MOI
! la repoussa t'il, envoya promener sa main d'une tape. Je
croyais que j'étais ton ami, je croyais que nous nous
disions tout et toi… toi tu joues avec moi. Je t'ai vu sourire à
Rogue quand tu l'as croisé ce matin et il t'as répondu…
Je ne veux plus jamais te voir… LAISSE MOI !
Livia recula vers
le château, les pupilles dilatées par la peur et partit
soudain en courant.
En passant devant la porte d'une
salle, elle sentit quelqu'un l'attraper par le col et stoppa net
sa course. Ses yeux reflétèrent un instant de la
crainte mais elle reconnu tout à coup le visage de
Rogue.
-Severus, je suis…
Il la coupa d'un geste impatient
et lui fit signe d'entrer dans la salle.
Livia s'exécuta,
un mauvais pressentiment lançant un avertissement dans son
esprit.
-Je suis contente de te voir ! s'exclama t'elle,
soulagée de ne plus avoir à penser à Remus.
-Ah
oui ?… murmura Severus d'une voix sinistre.
Le sourire de
Livia disparu aussitôt. Rogue lui tourna le dos, bras croisé
sur sa poitrine, tentant de refreiner sa fureur qui croissait de
minutes en minutes.
-Que faisais-tu dans le parc ? chuchota t'il
avec un calme effrayant.
L'adolescente sentit une sueur froide
couler le long de son épine dorsale et son cœur remonta dans
sa gorge.
-Je… Je me promenais…
-La vérité…
souffla le Serpentard d'une voix menaçante.
-… C'est…
C'est vrai… affirma Livia, déglutissant péniblement.
Rogue
pivota sur lui-même très lentement, jamais ses yeux
noirs n'avaient été aussi glacés que lorsqu'il
les posa sur sa petite amie. Un tic faisait palpiter une veine à
sa tempe et ses lèvres étaient pincées.
-Alors
pourquoi étais-tu en train d'embrasser Lupin ? demanda t'il
d'un ton doucereux.
-Je ne…
Soudain, le bras de Rogue se
dressa avec une rapidité incroyable et le bruit sec d'une
gifle claqua fortement dans le silence. Livia, pas préparée
à cette brusque attaque, fut envoyée à terre par
la violence du choc. La respiration tumultueuse, son adversaire la
dominait de toute sa taille, tremblant de rage contenue.
-Je
répète ma question : pourquoi embrassais-tu Lupin ?
poursuivit-il froidement.
-…
-REPONDS ! s'écria
t'il, rendu fou de colère.
Livia eut un spasme nauséeux
et essaya de ramper hors de portée, refusant de se servir de
ses pouvoirs de vampire contre lui. Soudain toute la haine de Severus
creva comme un abcès et il l'agrippa par le bras, la
frappant de sa main libre en tous les endroits où il pouvait
l'atteindre.
-SALOPE ! SALE GARCE ! vociféra t'il
Il
continua à l'insulter et à la frapper, son visage
déformé par la fureur, perdant la raison dans la
souffrance qui tourmentait son esprit déchiqueté par
les lames cruelles de la jalousie.
Il ne s'arrêta de
frapper que pour reprendre son souffle mais à cet instant,
toute l'horreur de la situation tomba sur lui. Livia était
recroquevillée sur le sol, un bras passé au-dessus de
sa tête en une protection dérisoire contre les coups qui
venaient de pleuvoir sur elle, des sanglots silencieux agitant sa
poitrine.
Rogue recula soudain, l'estomac révulsé.
-Sors…
SORS D'ICI ! hurla t'il, pointant vers la porte un index
autoritaire.
La jeune fille se leva précipitamment et s'en
fut à toute allure, pleurant toutes les larmes de son corps.
En une nuit, elle venait de tout perdre.
Rogue regarda ses mains qui tremblaient avec une violente répulsion. Ses yeux suivirent la trace bleutée de ses veines, ses veines où coulaient le sang maudit de son père.
