Chapitre 10 : Pour le meilleur et pour le pire :

Le regard acéré de Sirius passa plusieurs fois de suite de Livia, étendue sans connaissance, à Rogue, le barrage contenant sa colère se fissurant un peu plus à chaque instant, l'aveuglant progressivement d'une haine implacable.
Le Serpentard le fixait aussi, froid et immobile, pareil à une statue de marbre. Il sentait que ses véritables ennuis ne faisaient que commencer, cependant ce n'était pas la peur qui transparaissait dans ses yeux mais une volonté farouche de défendre son amour pour Livia contre vents et marées.
Achevant de s'occuper de la jeune fille, Mrs Pomfresh se tourna vers le nouvel arrivant, annonçant d'une voix un peu sèche :
-Mr Black, cette demoiselle à besoin de repos, vous ne pouvez rester.
Sans sortir Rogue de son champ de vision, le jeune homme répondit entre ses dents :
-Je n'en ai pas pour longtemps, je voudrais juste dire deux ou trois petites choses à Rogue.
Il avait prononcé ce nom avec la plus extrême répulsion, comme si son rival avait été une sorte d'insecte particulièrement répugnant. L'infirmière le dévisagea un instant avec scepticisme mais elle s'éloigna en maugréant contre les élèves têtus qui n'en faisaient qu'à leur tête et empêchaient le repos de leurs camarades.

Dès que Pomfresh eut le dos tourné, Sirius, s'approcha de Rogue qui s'était levé. Dans un éclair, il l'attrapa par le col et le plaqua contre le mur, le soulevant de terre.
-Tu as de la chance d'être ici… souffla t'il avec une haine non dissimulée. Met un seul pied dehors et je te démolis ta sale tronche de Serpentard… Tu vas regretter de t'être approché de Livia…
Après un bref coup d'œil à son amie, paisiblement endormie, il lâcha Rogue qui n'avait toujours pas dit un mot, se contentant de gratifier Sirius de son regard le plus méprisant.
Son opposant était presque sortit quand Rogue lança cruellement :
-Ce n'est pas de ma faute si j'ai sût l'écouter contrairement à certains…

Sirius claqua fortement la porte derrière lui mais il s'adossa au panneau de bois, la respiration saccadée. Il ferma douloureusement les yeux, se mordant la lèvre, les paroles de son ennemi pénétrant son cœur comme une lame acérée.
Livia et Rogue… Ensembles ? … Cela ne pouvait être réel. Il se sentait terriblement coupable, terriblement mal, les évènements le dépassant et s'enchaînant sans qu'il ne puisse intervenir.
Marchant en aveugle dans tout le château, il ne pouvait que ressasser encore et encore dans sa tête les derniers faits que lui avait apportés le lever du jour. Il se sentait perdu, trahis par sa meilleure amie. Des larmes coulaient au rythme de ses pas, creusant sur son visage hagard deux fleuves tumultueux. Rogue avait raison – bien que l'admettre lui coûta beaucoup – il n'avait pas vraiment cherché à retrouver Livia lorsqu'elle avait disparue et celle ci ne lui confiait plus rien depuis la rentrée.
Perdu dans sa douleur, il n'entendit pas le pas léger d'Ange, frôlant le sol dallé.
La jeune fille de l'âge de Livia aimait tendrement Sirius sans jamais avoir osé lui parler et elle espérait toujours attirer un jour son attention. Inquiétée par l'absence de Livia lorsqu'elle s'était éveillée, mue par un mauvais pressentiment, elle s'était lancée à sa recherche. Dès qu'elle vit Sirius, elle comprit que quelque chose d'immuable se préparait.
-Euh… Black… Sirius ? appela t'elle timidement, ne sachant comment réagir.
Le jeune homme se retourna vivement.
-Quoi ? lâcha t'il un peu plus brutalement qu'il ne l'aurait voulu. Euh… Oui ? Qu'y a t'il ?
-Ce serait plutôt à moi de te demander cela.
Ange se tenait maintenant face à lui, le troublée par les larmes qu'elle lui voyait verser pour la première fois.
-Laisse tomber, c'est rien… répliqua Sirius en s'essuyant les yeux du plat de la main.
-Cela concerne Livia, pas vrai ?
-Non, non… mentit-il baissant la tête, la lame qui entaillait son cœur le tourmentant de plus en plus.
-Où est-elle alors ? Que ce passe t'il ? insista Ange.
Elle releva son visage d'une main pour le forcer à la regarder
-A l'infirmerie… Elle… Je… balbutia Sirius avant d'abandonner tout à coup la lutte, n'en pouvant plus, brisé par la puissance de son chagrin.
Il attira Ange contre lui dans une sorte de mouvement involontaire et se remit à pleurer. Celle-ci ne sut que faire pendant quelques secondes avant de l'entourer de ses bras, le consolant par de douces caresses, son cœur battant la chamade.
Le temps parut se suspendre un instant puis soudain, le Gryffondor se recula.
-Hum… Excuse moi… Je ne sais pas ce qui m'a prit…
-Ce n'est rien… Veux-tu parler ? demanda t'elle doucement.
-Non… Non… Merci… excuse-moi de t'avoir embêté.
Sans ajouter un mot de plus, il s'éloigna, pudique dans sa douleur.
Ange le regarda s'exiler, un voile de chagrin couvrant son regard.
-Tu ne peux pas savoir combien j'aimerais pouvoir t'aider à apaiser ta peine… souffla t'elle avant de rejoindre Livia à l'infirmerie.

Rogue, toujours au chevet de Livia, méditait sur les paroles de Sirius. Les menaces qu'il avait proférées ne l'effrayaient pas, il était habitué à en recevoir cent par jour et puis, si les Maraudeurs lui tombaient dessus, il l'aurait bien cherché, après tout, c'était à cause de lui que Livia était à l'infirmerie.
Ce qui lui faisait peur n'était pas là. Comment réagirait Livia à son réveil ? Accepterait-elle de l'écouter ou bien le fuirait-elle ?
Il hésitait entre la laisser seule, aller en cours puis lui donner rendez-vous quelque part pour lui parler et attendre ici qu'elle revienne à elle.
La première solution lui apparaissait comme la meilleure à cause de sa culpabilité, ne voulant pas se tenir à son chevet comme si de rien n'était. Il devait d'abord racheter sa faute en souffrant comme il l'avait fait souffrir.

Rogue s'assit sur le bord du lit, contemplant tristement le visage de sa petite amie. D'une main tendre, il poussa une mèche d'or qui barrait son front, caressant sa joue et ses lèvres d'un mouvement délicat et amoureux. Son cœur se serra à la pensée de cette joue pâle qu'il avait frappée. Les larmes aux yeux, il se pencha sur elle et embrassa doucement le bouton de rose de ses lèvres.
- J'espère que tu accepteras de m'écouter lorsque je parviendrais à te dire les sentiments que j'éprouve pour toi… glissa t'il à son oreille.
Il la regarda encore quelques éphémères minutes avant de se lever et de sortir de la pièce le cœur lourd.

Une semaine était passée, le mois d'octobre apportant un temps froid et nuageux, la grisaille extérieure paraissant se répercuter sur le moral des élèves.
Il semblait à Livia que ses tourments ne connaîtraient jamais de fin. Depuis sa dispute avec Remus et Severus, elle passait ses journées murée dans le silence. Elle avait abandonné la bande des Maraudeurs et restait maintenant avec sa camarade de chambre, Ange Barton, et sa sœur Célia, se rapprochant de cette dernière dans son malheur. Ange, jolie brune aux yeux verts, avait accueilli avec plaisir son amie avec elle, bien qu'elle ne comprenne pas toujours ce qui se passait pour qu'elle soit ainsi plongée dans une telle détresse morale mais respectant son silence malgré ses interrogations. Les Maraudeurs semblaient avoir abandonné la jeune fille. Lily était bien venu lui demander ce qui se passait mais Livia avait refusé de la mêler à ses histoires en lui confiant ses problèmes.
Elle ne comprenait pas pourquoi même Sirius et James l'abandonnaient, eux qui avaient toujours été là pour elle. Elle se demandait jour et nuit si ce qu'elle avait fait était vraiment aussi grave que cela. Au fond de son cœur, elle leur en voulait, ainsi qu'à Rogue.
Livia songeait sans cesse à cette nuit où tout avait basculé, malade rien qu'en repensant aux yeux fous de chagrin de Severus lorsqu'elle avait fuie et à l'expression du visage de Remus lorsqu'il lui avait intimé l'ordre de ne plus jamais lui adresser la parole.
Elle avait obéis à cette dernière injonction malgré son désir de se justifier et elle se tenait à distance raisonnable du loup-garou. En elle, cette tragédie avait changé beaucoup de choses. Son cœur ne balançait plus entre deux. Elle avait enfin fait son choix.
Il y avait trois jours de cela, elle s'était ouverte à sa sœur, incapable de garder plus longtemps un tel poids en elle. La fillette avait longuement écouté, comprenant parfaitement la détresse où était plongée Livia, puis elle l'avait consolée et apaisé, aidant cette dernière à mieux comprendre la déchirure qui striait son âme.

Ce matin là, elle déjeunait en compagnie d'Ange quant un hibou d'un noir de geais fendit l'air au milieu des rapaces postiers qui apportaient comme tous les matins d'innombrables lettres et colis à tous les élèves de l'école, pour venir se poser sur l'épaule de Livia.
Celle-ci, étonnée, ne reconnaissant pas l'animal, détacha d'une main tremblante l'enveloppe parcheminée attachée à sa patte. Le hibou poussa un léger hululement et s'envola, frôlant le visage de la jeune fille du bout de son aile.
Livia tourna l'enveloppe entre ses doigts, lisant son nom, écrit à l'encre noire sur l'ivoire du parchemin. Aucun nom d'expéditeur ne figurait au verso. Intriguée, elle ouvrit la missive d'une main anxieuse.
« Livia,
Pardonne-moi de ne pas venir te demander cela en face mais voudrais-tu venir ce soir, vers minuit, dans la salle d'enchantements ? Le moment est venu de te dire ce que j'ai sur le cœur.
Je comprendrais que tu refuses mais je voudrais pouvoir effacer ma faute.
Envois moi ta réponse s'il te plait.
Severus »
Le cœur battant, la jeune fille tourna la tête vers la table des Serpentards, cherchant Rogue des yeux mais celui ci était déjà partit.

- Qu'est ce que c'est ? demanda Ange avec curiosité, avisant la lettre.
-Euh… rien du tout ! s'exclama Livia, cachant la missive dans l'une de ses poches d'un geste nerveux.
Son amie prit un air peiné.
-Tu sais, je ne te trahirais pas. Pourquoi as-tu si peu confiance en moi ?
Livia baissa la tête et se mordit la lèvre
-Je… En fait c'est une très longue histoire… et aussi je ne veux pas qu'en sachant ce qui se passe, tu me tournes le dos…
-Ne dit pas de bêtises. Allez, viens, allons en cours, tu me la raconteras en route.
La jeune fille lui raconta alors tout de l'histoire, depuis sa morsure par le vampire jusqu'à la courte invitation de Severus.
-Je comprends mieux ton problème… dit posément Ange quant elle eut finit. Mais tu sais, je crois que tu devrais répondre présente au rendez-vous de Rogue. Après tout, tu n'as rien à perdre et je suis sûre que toi et lui, ça pourrait marcher.
Livia scruta sa camarade de chambre, un profond sentiment de gratitude l'envahissant, lui faisant comprendre qu'elle n'était pas vraiment seule.

Rogue se laissa glisser dos au mur, attendant pour entrer en cours de métamorphose. Son ventre lui faisait mal, il souhaitait de tout son cœur recevoir une réponse de la part de Livia. Quelque chose lui souffla au creux de l'oreille :
-Officiellement, elle est toujours ta petite amie…
Cette constatation le réchauffa un peu, lui redonnant espoir.
La décision de parler à la jeune fille ne lui était pas venue par hasard.

Severus marchait tristement jusqu'à sa salle commune, absorbé par ses pensées, quant soudain, quelqu'un l'avait fait tomber à l'aide d'un sort. Se redressant tant bien que mal, il sentit son estomac se contracter.
Dans l'ombre se tenaient, terribles et menaçantes, les silhouettes de Sirius, James et Remus ; Peter se trouvait derrière eux, un air avide se peignant sur son visage rond.
Sirius avança d'un pas, se découvrant dans la lumière incertaine du couloir.
-Alors Servilus… Tu croyais pouvoir échapper à ta punition ?
-Cassez-vous ! avait sifflé Rogue.
-Bien sûr… Mais seulement quant tu auras payé… avait répliqué James.
Les trois Gryffondors entouraient maintenant le Serpentard aussi droits et inflexibles qu'un mur infranchissable. Rogue s'empara de sa baguette magique, bien décidé à vendre chèrement sa peau mais Remus pointa sa propre baguette sur lui, des cordes s'enroulèrent autours de ses chevilles et il tomba à genoux.
Les trois compères éclatèrent de rire, imités par Peter, un peu en retrait, profitant du spectacle.
-Vous rendez vous compte, mes chers amis, que ce minable a osé poser ses lèvres infectes sur celles de notre douce Livia… annonça Sirius d'un ton de juge.
James et Remus hochèrent la tête d'un air d'approbation.
-Et que celle ci n'a rien fait pour l'en empêcher…poursuivit Sirius.
Nouveaux hochements de tête.
-Ceci étant dit, je vous invite à apprécier ma sentence : Severus Rogue, pour ton crime tu subiras le juste châtiment de ta témérité. Etes-vous d'accord mes amis ?
-Oui ; répondirent en cœur Remus et James, la lumière vacillante des torches pendues aux murs leur conférant des allures de statues de bronze sorties d'un autre âge.

Devant ce simulacre de procès, Rogue sentit une haine meurtrière s'insinuer dans ses veines comme un venin.
-Vos histoires n'ont pas de prise sur moi… murmura t'il, très bas, avec derrières ses mots, une envie de tuer de plus en plus violente. Vous êtes jaloux parce que Livia s'est tourné vers moi. Mais si elle l'a fait, c'est pour une raison bien précise. Laissez-moi ; elle n'est pas un objet dont vous avez l'exclusivité.

Rogue s'était levé, défaisant les cordes qui liaient ses chevilles et les bravaient tour à tour, dardant sur chacun d'eux un regard accusateur, sa voix n'était plus la même, enflammée par le désir de se battre, de mériter cette fille qui peuplait ses rêves. Aucun de ses bourreaux ne bougeait, pris de cours par ces mots qui les blessaient plus encore qu'un sortilège de douleur. Se tournant vers Remus, Rogue poursuivit avec plus de force dans la voix :
-Toi, Lupin, tu me condamne mais as-tu seulement bien agit avec elle ? Quant tu as sus ce qu'elle était, tu l'as repoussée ! Lorsque j'ai deviné son secret, j'ai essuyé les larmes qui coulaient de ses yeux, j'ai apaisé son cœur du mieux que j'ai put. Comment veux-tu qu'elle veuille te faire confiance après cela ? Comment veux-tu avoir son amour ?
Remus poussa une sorte de grognement, provenant des tréfonds de son âme, roulant comme un puissant tambour et, en un bond formidable, il fut sur Rogue, le renversant sous son poids, frappant le Serpentard sans retenue. Du sang gicla de la bouche de Rogue, rendant fou le loup-garou, que cette odeur humaine excitait. Il aurait tué si James et Sirius ne l'avaient retenu.

Sirius toisa son ennemi, roulé en boule sur le sol pour se protéger des coups, et, tout à coup, un sentiment de pitié empli son cœur. Il avait raison, de quel droit le punissait-il ? Livia avait beau être comme sa petite sœur, cela ne lui donnait en aucun cas le droit de se mêler de ses affaires de cœur. Libre à elle de choisir celui qu'elle aimerait, même si cet amour n'était autre que Rogue.
Le Serpentard releva prudemment la tête, n'entendant plus que le bruit de la respiration irrégulière de Remus. Il sursauta quant Sirius tendit le bras vers lui mais ce dernier se contenta de le relever d'une main ferme et autoritaire. Sirius toussota légèrement.
-Je te prit de m'excuser, j'ai mal agit – nous avons tous mal agit – envers toi. Tu as raison, Livia n'est pas notre propriété et il n'y a aucune raison pour qu'elle ne puisse pas sortir avec toi.
Rogue ne souffla mot, totalement éberlué par la tournure que prenaient les évènements, ne sachant comment se comporter face à ce revirement soudain.
-Tu m'as prouvé que tu comprenais assez bien Livia ; poursuivit le bel adolescent. Ainsi, je ne m'opposerait plus à votre relation. Je te la confie.
-Ah ? euh… Ben… Cool alors… balbutia Rogue, hallucinant de plus en plus.
James lui jeta un regard neutre et s'éloigna en maintenant toujours fermement Remus par un bras pour l'empêcher de se ruer de nouveau vers leur ennemi commun. Sirius commença à s'en retourner mais il fit brusquement volte face et pointa sur Rogue un index agressif.
-Mais ne t'imagine pas que ce que je viens de dire fait de nous de grands amis. Si tu fait le moindre mal à Livia, je te tue, c'est clair ?
Severus hocha sèchement la tête et répliqua froidement :
-Ne t'inquiète pas Black, je n'ai pas l'intention de me lier à toi et tes potes…Je ne suis pas suicidaire !

Lorsque la sonnerie retentie, Rogue se leva, entrant dans la salle de cours, priant pour recevoir la réponse de Livia.
Ce ne fut qu'à midi qu'un hibou apporta la réponse qu'il espérait tant, les deux simples mots élégamment inscrits traçant dans son cœur un arc-en-ciel de joie brute.
« Je viendrais »…

Il était minuit moins dix quant Livia se faufila hors de sa salle commune en direction de la salle d'enchantements. Un frisson la parcourut au moment d'entrer dans la pièce.
Rogue était déjà là, lui tournant le dos, accoudé à la fenêtre, incapable d'affronter le regard de la jeune fille malgré le bonheur qu'il éprouvait à la revoir.
Celle ci demeurait à quelques pas de lui, ne sachant comment réagir, son pouls s'accélérant sous l'effet de l'émotion teinté de crainte qu'elle éprouvait en le revoyant.
-S… Severus ? appela t'elle doucement, tremblant légèrement malgré elle.
Le jeune homme inspira profondément, sentant que venait le moment où son destin allait se jouer arrivait.
-E… excuse-moi…
Sa voix s'était étranglée dans sa gorge et ce fut une sorte de plainte très basse qui sortit de ses lèvres. Livia n'avait pas bougé, ne sachant que faire, ses sens de Vampire captant l'odeur salée des larmes.
-Excuse moi… parvint à articuler péniblement Rogue. Je… Je sais que rien ne sera plus comme avant après ce que je t'ai fait mais… je voulais te… dire certaines choses… qui me tiennent à cœur… M'écouteras-tu ?

Livia ne répondit pas immédiatement, réfléchissant intensément. Une part d'elle-même désirant lui donner une chance et une autre combattant cela. Il lui avait fait plus mal encore par ses coups que par ses paroles mais elle avait mérité cela en embrassant Remus. Elle l'avait trahit et blessé bien plus qu'il ne l'avait fait. Malgré cela, elle n'arrivait pas vraiment à lui en vouloir – ne l'avait-il pas aidé quant elle en avait eut le plus besoin ? – alors elle répondit dans un souffle aussi léger qu'un zéphire :
-Oui…

Avalant péniblement sa salive, il commença d'une voix un peu moins mal assurée malgré les pleurs qui coulaient le long de ses joues blêmes :
-Quant je t'ai vu embrasser Lupin, j'ai perdu la tête… Je… je ne voulais pas que ça aille si loin… Je ne savais même pas tout ce qui s'était en réalité passé entre vous deux… Mais j'ai eut tellement mal… c'était si douloureux de te voir dans les bras d'un autre… J'ai eu l'impression qu'on m'arrachait le cœur… Je ne supporte pas de savoir que tu aimes quelqu'un d'autre que moi… Je… Je sais que je suis impardonnable mais… mais je ne veux pas te perdre, cette simple idée me rends malade… Parce que… tu m'es plus chère que tout au monde… J'aurais voulu te dire ces mots dans un contexte différent… J'aurais tellement voulu être capable de veiller sur toi, de te protéger mais… j'en suis incapable même si… même si, moi je t'aime Livia…
Un sanglot plus brutal que les précédents l'empêcha de continuer.
Livia resta pétrifiée quelques secondes devant cet aveu, tout son être irradiant de bonheur. Ces mots qu'elle avait toujours rêvés entendre, quelqu'un les lui offrait enfin. Sa voix ne lui obéissait plus. Elle aurait voulu lui crier dessus, se venger des coups qu'elle avait reçu mais le voir si misérable, si profondément sincère, endormais sa colère, la lui faisait oublier. Elle l'aimait mais, quant elle s'en était rendue compte, il avait été trop tard. Elle marqua une ultime hésitation avant de s'approcher de Rogue, toujours accoudé sur le rebord de la fenêtre, et de l'envelopper amoureusement par derrière, déposant sa tête contre son dos. Elle pleurait maintenant en accord avec lui, sentant combien il avait pu lui manquer.

Rogue fit immédiatement volte face dès qu'il sentit son corps contre le sien et la serra dans ses bras, pleurant sur son épaule, enfouissant son visage dans la soie de ses cheveux, voulant ne plus jamais la lâcher et Livia, mi-pleurant, mi-riant de bonheur, se laissa envahir par la force de son amour. Elle glissa sa main dans les cheveux corbeau. Il lui semblait que son cœur explosait tant sa joie était intense.
-Je ne veux plus jamais être séparée de toi ; avoua t'elle en un faible bruissement de sa voix aux variations infinies.

Elle l'avait fait, elle avait laissé son cœur s'exprimer et tout ce qu'elle avait vécu avant ces retrouvailles s'évanouis quand le Léthé qui coulait sur les lèvres de son amant entra en contact avec les siennes.

« Je ne veux plus jamais être séparée de toi. »

Elle ignorait que ce vœu se réaliserait au-delà de toutes ses espérances, pour le meilleur… et pour le pire…