Chapitre 13 : l'oiseau et le serpent :
Le Vampire
leva les yeux vers les étoiles. Un instant auparavant, il
avait eut la sensation que quelque chose au fond de lui se brisait
brusquement. Cela faisait mal jugea t'il, c'était comme si
de petites aiguilles de glace mordaient sa peau froide et insensible.
Il ferma ses yeux d'améthyste et songea à celle qu'il
avait créée, cette fille au tempérament de feu
qui avait fouillé trop profondément dans les racines
même du Mal et attiré à elle les enfants de la
nuit.
Il avait été suffisamment puni par les siens
pour l'avoir faite des leurs mais il n'avait pu résister à
sa pureté de Mortelle, à l'attrait de ce sang
écarlate qui coulaient dans le réseau bleu de ses
veines… Il la désirait et plus elle tentait de se rebeller
contre sa nature, plus il la voulait pour compagne.
Aujourd'hui
banni de son clan par Elros, le plus vieux Non-Mort, il l'attendait
patiemment, nuit après nuit et parcourait en rêve les
terrains où ils chasseraient un jour côte à côte
pour l'éternité.
La sensation était trop
étrange pour être ignorée alors, dans une légère
détonation, il se métamorphosa en une grande
chauve-souris et fila vers Poudlard où sa plus précieuse
création dormait d'un sommeil sans soucis.
Rogue
ouvrit un œil ensommeillé, engourdis par la chaleur de ses
couvertures. Quelque chose l'avait tiré du sommeil, un bruit
infime, trop faible pour que quiconque le décèle
l'avait arraché à un rêve tranquille. Vraiment
réveillé cette fois ci, il se mit sur son séant
et balaya du regard les rideaux qui entouraient son lit. Aucun bruit
ne se faisait entendre, la pièce était totalement
silencieuse. Ce fut ce calme presque inquiétant qui lui fit
réaliser que quelque chose n'était pas normal, même
la respiration de ses voisins de lit était inaudible. Il fixa
le rideau vert sombre en fronçant les sourcils. Il était
persuadé qu'il venait de bouger, comme agité par un
courant d'air. Rogue sentit la peur s'emparer de lui. Tendant la
main, il attrapa à tâtons sa baguette magique, passant
le bras par delà le rideau. Il se serait presque attendu à
ce que quelque chose l'attaque à cet instant mais il n'en
fut rien et ses doigts se refermèrent sur le bois de sa
baguette. Un peu rassuré, Rogue ouvrit en grand les pans
d'étoffe qui lui cachaient la vue.
Dans la chambre tout
était normal cependant un mauvais pressentiment ne le quittait
pas.
Tout à coup une lumière dorée illumina
un bref instant le noir du ciel au travers des vitres embuées
avant de disparaître. Sa baguette solidement ancrée dans
son poing serré, Rogue s'approcha avec précaution de
la fenêtre et l'ouvrit sans un bruit.
Tout en bas, sur la
pelouse trempée par la pluie qui tombait avec force, on
devinait deux silhouettes plus noires que la nuit elle-même
lancée dans un combat sanguinaire et sans merci que rythmait
de temps à autre une explosion lumineuse.
Le
Vampire roula à terre mais repris pied un instant plus tard,
prêt à fondre une nouvelle fois sur son adversaire. Ils
restèrent à quelques mètres l'un de l'autre
à s'observer, chacun évaluant l'état de
fatigue de son opposant.
La pluie trempait leurs deux crinières
d'or et d'argent et leurs prunelles étaient éclairées
de l'intérieur par un feu qui n'avait rien d'humain,
dévoilant leur sombre nature au monde noyé par les
ténèbres. Le disque plein de la lune apparut brièvement
entre deux nuages et l'une des créatures poussa son cri
emplis de défis et de haine.
La queue touffue du loup-garou
battit l'air, fouettant ses flancs, l'eau dégouttait de
son pelage aux reflets métalliques. Il fit quelques pas vers
son adversaire, son regard injecté de sang braqué sur
l'ennemi de sa race. A nouveau, il se redressa de toute sa hauteur
et hurla.
Le Vampire demeura immobile, se contentant de retrousser
lèvre supérieure, dévoilant deux crocs acérés
à l'éblouissante blancheur.
Ils tournaient
maintenant sans se quitter du regard. Livia le savait, au moindre
mouvement en avant de sa part ou de celle de Remus, le combat
reprendrais, mortel et sans pitié.
Plus que jamais ses sens
de vampire étaient exacerbés, elle sentait le moindre
brin d'herbe sous ces pieds, la moindre goutte d'eau qui courait
le long de son corps dont la nudité était protégée
par une simple nuisette de soie écarlate. Les millions de
gouttes de cristal qui dévalaient des cieux avaient pour elle
des sonorités de cataractes.
Le cœur de Rogue
effectua un saut périlleux lorsqu'une éclaircie lui
dévoila la scène en contrebas. La tête lui
tournait et il se sentait mal. Cela ne pouvait être réel,
il fallait qu'il se réveille mais ce souhait ne lui fut pas
accordé et il demeura devant sa fenêtre incapable de
détacher ses yeux du combat titanesque qui opposait celle
qu'il aimait à l'une des créatures les plus féroce
des environs.
L'horrible réalité s'achemina
lentement dans son esprit : Livia était confrontée à
un loup-garou !
Un instant plus tard, Severus Rogue filait à
travers le château, courant plus vite qu'il n'avait jamais
couru. Il était dans le hall d'entrée quand soudain
une grande silhouette lui barra le chemin. Le Serpentard se figea
net. La voix de Sirius retentit dans le silence.
- N'y vas pas
!
-Laisse moi passer Black ! Livia…
-Retournes d'où
tu viens ! Patmol ! L'aube arrive…
C'était James qui
avait parlé, se postant aux côtés de son meilleur
ami.
Le regard soupçonneux de Rogue alla de l'un à
l'autre.
-Que faites-vous là ?
- C'est nos affaires
! Dégage ! répliqua Sirius avec brusquerie.
Le cri
du loup-garou les fit sursauter et Rogue le vit avec effrois bondir
sur sa petite amie, projetant ses cent kilos de muscles sur son
opposante. Livia esquiva le coup mais la vue du visage de Rogue, fou
de terreur, retenus par Sirius et James la distrait une seconde
fatale que mis à profit le monstre pour creuser dans la chair
de son épaule trois sillons sanglants. Le vampire eut une
exclamation de douleur qui fit trembler toute créature vivante
aux environs.
-LIVIA ! s'époumona Rogue.
Il
s'élança mais Sirius le retint de justesse.
- N'y
vas pas ; répéta t'il entre deux halètements,
luttant pour retenir le garçon qui se débattait.
-Laisse-la
! ordonna James. Ne fourre pas ton nez dans cette affaire.
-ALORS
VOUS ALLEZ LA REGARDER SE FAIRE TUER SANS LEVER LE PETIT DOIGT !
VOUS ALLEZ L'ABANDONNER ?
Sirius eut un sourire cruel devant
l'expression d'horreur et de souffrance de Rogue.
-Très
bien, vas la sauver… Elle te récompensera sûrement
pour ce geste…
Severus n'attendit pas que les doigts du garçon
relâchent prise. Il se libéra d'un geste violent et
couru droit vers le lieu de la bataille qui opposaient deux démons
aussi vieux que le monde.
James vint se placer à côté
de son ami.
-Pourquoi l'as-tu laissé y aller ? Tu sais
très bien que Livia n'est pas elle-même…
-Oui, je
sais… On va rigoler je crois…
-Et s'il se faisait tuer ? Il
y a un loup-garou et un Vampire là bas…
-Justement !
Voyons comment il se débrouille… Quant à ce qu'il
se fasse tuer, je ne pleurerais pas cet abrutis aux cheveux gras.
-Tu
ne trouves pas que ça va un peu loin ? s'inquiéta
James en risquant un coup d'œil vers l'extérieur.
-Mais
non ! Et puis… Tu l'as dis toi-même, l'aube est
proche.
Les dents du Vampire claquèrent, agrippant le
loup par la peau du coup, le faisant se cambrer avec un rugissement
quand soudain quelque chose lui fit desserrer son étreinte.
Une odeur. Une odeur de sang humain. Son rival aussi l'avait
sentit. Quelque chose approchait, quelque chose dont l'odeur chaude
l'affolait. Ce cœur qui battait puissamment résonnait comme
un obsédant tambour dans sa tête.
Livia avait beau se
débattre, le Vampire en elle n'écoutait plus, il
avait si faim de sang humain…
Une lueur rouge orangée
passa dans les yeux du loup-garou lorsqu'il vit la créature
à deux patte qui couraient vers eux.
-Tue ! Tue-le ! lui
ordonnait son instinct malgré les supplications de Remus
emprisonné sous l'apparence d'un meurtrier.
Le Vampire
lâcha son rival, braquant son regard sur Severus et Livia avait
beau supplier rien n'y faisait.
-LIVIA ! appela de nouveau Rogue
mais ce cri fut recouvert par le hurlement de Remus.
Pivotant en
face de cet humain téméraire, le loup entrouvrit sa
gueule baveuse, hérissée de dents tranchantes comme des
couteaux, un grognement sourd montant de sa gorge.
Le Vampire
avança également, lentement, en gestes presque
hypnotiques.
-Sauve-toi ! l'enjoignit Rogue qui malgré
son épouvante demeurait la tête haute, sa baguette
solidement maintenue, prêt à affronter le
loup-garou.
Celui ci commença à avancer vers lui, se
mettant sur ces quatre pattes.
Livia jeta un œil vers le ciel qui
commençait à s'éclaircir à l'est
malgré les nuages opaques.
-Severus… héla t'elle
d'une voix douce, tendant les bras vers lui.
La deuxième
créature avait stoppé ses mouvements, laissant sa
rivale prendre de l'avance, sachant que, quoi qu'il arrive, il
aurait sa part de chair et Remus avait beau se débattre dans
ce corps qu'il haïssait, il ne pourrait rien changer.
La
jeune fille n'était plus qu'à un pas de son
amant.
-Severus… répéta t'elle. J'ai eut peur
de ne plus jamais te revoir… Viens… Viens près de
moi.
Comme s'il était un éphémère
attiré irrésistiblement vers la flamme d'une
chandelle, Rogue vint se loger dans ses bras, il ne voyait plus
qu'elle, ignorant le loup-garou dont les yeux luisaient d'envie
impatiente.
Elle était plus belle et ardente que jamais,
tout son corps semblait exprimer la même idée : «
reste dans mes bras, transmet moi ta chaleur »
Par-dessus
l'épaule de Rogue, le Vampire dévoila lentement ses
crocs mortels, surveillant le ciel du coin de l'œil. Il faisait de
plus en plus clair, un peu de pourpre éclairait l'est à
un endroit que n'occupait aucun nuage. La pluie était
toujours aussi pénétrante et l'humain fut bientôt
trempé jusqu'aux os.
Severus était comme
hypnotisé, incapable de réfléchir, incapable de
fuir le plus loin possible du piège où il était
tombé.
Soudain, quelque chose en lui sembla se réveiller
et il compris le danger en voyant le loup couché sur l'herbe,
attendant tranquillement que le Vampire lui laisse la voie libre pour
profiter à son tour du festin.
Paniqué, il se
débattit mais l'étau des bras de Livia ne se desserra
pas.
-Allons… mon amour, pourquoi veux-tu fuir ? souffla t'elle,
du miel coulant de sa voix.
-Lâche-moi ; supplia t'il. Tu
n'es pas toi-même… Ne le laisse pas prendre possession de
toi, je t'en prie…
-Pas de chance mon cœur, vois-tu, c'est
le risque que tu prenais en m'aimant…
Un oiseau chanta quelque
part dans la forêt interdite, toute la scène
apparaissait presque nettement maintenant dans le demi-jour qui se
levait peu à peu.
-Livia… gémit t'il au moment
où la créature lui renversa la tête en
arrière.
Une larme coula sur sa joue mais il attendit,
résigné, prêt à mourir de la main même
de celle qu'il chérissait par-dessus tout. Il avait fermé
les yeux et sentit les crocs acérés se planter dans sa
jugulaire, aspirant goulûment sa vie.
Tout à coup, un
choc violent arracha le Vampire à sa proie et Rogue se sentit
tomber sur le sol mou, gorgé de pluie. Il y eut un hurlement
de la part du loup-garou et il sentit son souffle brûlant sur
son visage. Entrouvrant les yeux, il vit la gueule béante du
monstre plonger vers la chair tendre et vulnérable de son cou,
sa patte pesait lourdement sur sa poitrine. Mais une nouvelle fois le
poids le quitta et il entendit le jappement de douleur de son
ennemi.
Le soleil se levait, créant dans l'air un millier
d'étincelles flamboyantes en se reflétant sur les
gouttes d'eau qui continuaient d'inonder la terre. La lumière
jaune et crue entourait tout dans un tableau apocalyptique. Severus
se sentit soulevé dans des bras fermes et il eut juste le
temps d'apercevoir le corps inerte de Remus sur lequel Sirius était
penché avant de se perdre quelque part dans le
néant.
Quelque chose de sucré coula dans
sa gorge. Il entendit parler autours de lui mais les sons semblaient
lointains, comme étouffés par le brouillard qui
l'enveloppait. Pourquoi était-il là ? Il pouvait
sentir le moelleux des oreillers sous sa nuque. Il ne comprenait pas…
Livia ? Où était elle ? Il avait fait un rêve à
son sujet, un rêve horrible d'ailleurs…
Il porta
faiblement la main à son cou mais la retira aussitôt
avec un hoquet paniqué. La zone était douloureuse. En
un éclair tout lui revint. Il vit le loup-garou, Livia
affrontant le monstre, Sirius… A ce souvenir, la haine l'inonda
comme une rivière en crue, il l'avait mis face à face
avec la mort sans sourciller, manquant de peu qu'il se fasse tuer…
Il se souvint de la morsure de Livia et enfin, de Lupin qui avait
succédé au loup-garou lorsque l'aube s'était
levée.
De nouveau quelqu'un parla. Il se sentait un peu
mieux, peut-être étais-ce la potion qu'on lui avait
administré. Il tenta d'ouvrir les yeux et y parvint après
quelques tentatives. Il dut attendre un peu pour que son regard
trouve un point de repère. Livia était allongée
dans le lit voisin, endormie d'un sommeil artificiel. Il ressentit
un pincement au cœur en se souvenant de ses paroles en temps que
Vampire.
Tournant la tête, il se retrouva nez à nez
avec Dumbledore. Celui-ci lui sourit, visiblement soulagé.
Rogue se sentit soudain fébrile ; il devait lui raconter ce
qu'il avait vu. Se redressant péniblement, il commença
précipitamment :
-Professeur… Remus Lupin… c'est un
loup-garou et…
Cependant Dumbledore posa sa main sur son épaule
pour le forcer à se rallonger.
-Je sais Severus…
-Vous
allez le renvoyer ?
-Non.
-Mais pourquoi ? s'offusqua le
jeune homme. Il a faillit me tuer ! Et Black aussi !
-Calmez vous
Severus. Je sais ce qui c'est passé. Vous réagissez
sous le coup de l'émotion mais je puis vous assurer que
Sirius Black n'avait aucunement le désir de vous tuer…
-Mais
il…
-Il suffit. Ce débat est clos Severus. Soyez déjà
heureux d'être en vie, un Vampire peut tuer en un dixième
de seconde s'il le désire mais James est heureusement arrivé
juste à temps.
-James ? Vous voulez dire Potter ? Mais…
Il était de mèche avec Black !
-James vous a sauvé
la vie.
Rogue se renfrogna et ses yeux se posèrent sur
Livia. Le directeur suivit son regard et devina la question qui
hantait le Serpentard.
-Elle va bien. Elle a juste été
très secouée par son geste lorsqu'elle a pu reprendre
ses esprits. Nous lui avons donné une potion de sommeil.
Rogue
se sentait terriblement malheureux. Pourquoi tout devait toujours
tourner si mal ? D'abord Lucius et sa mise en garde et puis
maintenant ça… Il ne se rendit pas compte qu'il venait
d'exprimer ces pensées à voix haute aussi sursauta
t'il lorsqu'il entendit le vieux sorcier lui demander
précipitamment :
-Que vous à dit Monsieur Malefoy
?
Rogue le regarda dans les yeux, le cœur plein de regrets et
d'inquiétudes, cherchant à voir s'il pouvait faire
confiance à cet homme. Dans le bleu clair de ces yeux qui se
soumettaient à son examen, il ne rencontra que douceur et
compréhension alors il dit sombrement :
-Il veut prévenir
le Seigneur des Ténèbres pour ma liaison avec une Sang
de Bourbe… Je serais sûrement chargé soit de la tuer
moi-même pour lui prouver ma fidélité soit de lui
amener… Je penche plus pour cette seconde solution, il voudra
s'amuser…
-Et vous Severus ? Que voulez vous vraiment
?
Dumbledore avait parlé à voix basse, plein de
compassion mais aussi de détermination à aider ce jeune
homme si inquiétant par cette capacité à sonder
les cœurs et à fermer le sien.
-Je veux… - il tourna la
tête pour admirer encore une fois Livia – Je veux vivre ma
vie auprès d'elle ou au moins qu'elle puisse être
heureuse même avec quelqu'un d'autre…
-Croyez vous
que Voldemort vous laissera réaliser ce souhait ?
Bien que
Rogue grimaça à l'entente de ce nom, il répondit
néanmoins :
-Non, il ne partage pas et surtout pas avec une
Sang de Bourbe. Elle est en danger par le simple fait d'être
avec moi.
-Que décidez vous ?
Le Serpentard retroussa sa
manche, dévoilant la Marque des Ténèbres et la
contempla quelques instants.
-Je décide… de me révolter
contre ceci… parce que j'aime Livia… bien qu'elle soit un
Vampire.
Dumbledore sourit.
-Je vous aiderais. Quant à
l'état de Livia… vous devriez en parler tous les
deux.
Severus lui rendit timidement son sourire et Dumbledore
sortit de la poche de sa robe de sorcier un petite plume écarlate
et la tendit à l'adolescent qui la fixa une seconde avant de
s'en saisir d'une main un peu tremblante. Par ce geste, il
défiait tous ceux qui se mettraient en travers de son chemin
et liait son destin à la lumière.
Dumbledore se
leva.
-Bien, je vous laisse vous reposer pour le moment, nous
parlerons plus tard sinon Madame Pomfresh va me chasser d'ici à
coup de balais.
Il eut un clin d'œil pétillant de malice
accompagné d'un sourire. Il allait passer la porte lorsque
Rogue lança :
-Croyez vous que je doive la mettre au
courant pour ce que m'a dit Lucius ?
Dumbledore se retourna et
le fixa gravement.
-Faites ce que vous dicte votre cœur.
La
porte se referma derrière lui, laissant un Rogue songeur mais
plus déterminé que jamais.
-Livia…
Réveille toi…
La jeune fille gémit dans son
sommeil et Severus lui caressa la joue, débordant de
tendresse.
Elle ouvrit les yeux, ses paupières papillonnant
quelques instants. Elle sentit son estomac se nouer lorsqu'elle vit
le visage de son amant penché vers elle. Elle avait envie de
pleurer, le souvenir de son attaque présent dans chaque atome
de son cerveau, il lui semblait encore sentir le goût de son
sang dans sa bouche comme une voix cruelle qui lui murmurerait «
Tu es un démon, tu ne peux y échapper… »
-Severus… commença t'elle.
Mais il plaça un
doigt sur ses lèvres et susurra :
-Chut… Nous avons, je
crois, beaucoup de choses à nous dire.
Livia se tut, ses
yeux lui piquaient, rougis par les larmes qu'elle retenait tant
bien que mal. Elle acquiesça d'un mouvement de tête et
soutint le regard profond du garçon.
-Bien… apprécia
t'il. Je commence alors.
Prenant une longue inspiration, il lui
conta tout de sa confrontation avec Lucius Malefoy et de sa
discussion avec le directeur. Quand il eut fini, il attendit, un peu
anxieux, qu'elle rende son jugement et accepte ou non de rester
avec lui.
Livia, un peu sonnée par toutes ses révélations,
ne savais plus vraiment quoi dire.
La perspective d'être
confrontée à Voldemort l'effrayait au plus haut point
mais elle ne pouvait tout de même pas abandonner Severus, plus
maintenant… Elle l'aimait trop pour cela. Les ténèbres
douces de son regard encre de chine braquées sur elle étaient
habitées par tout l'amour qu'il lui portait et elle
n'avait pas besoin d'être Vampire pour le deviner. Elle se
savait désormais menacée, en danger dans ce petit coin
de paradis qu'elle avait découvert en demeurant près
de lui. Ces sensations, ces sentiments qu'il lui avait appris et
dont elle ne soupçonnait pas l'existence méritaient-elles
d'être ignorées tout ça à cause d'un
mage noir ? Lorsqu'ils avaient fait l'amour cette nuit même
– cela lui paraissait remonter à beaucoup plus longtemps –
dans cette salle de classe, elle s'était sentit en parfait
accord avec lui, comme s'ils ne faisaient plus qu'un, comme si
rien ne pouvait plus les dissocier. Est-ce qu'elle avait le droit
de tout gâcher à cause d'un homme qu'elle n'avait
jamais vu et qui, pour elle, n'était qu'une peur
inconsidéré faisant trembler le monde des sorciers sans
parvenir à lui donner une existence concrète ? Et si
elle le quittait, que deviendrait-il ? Et elle ? Avait-elle le droit
de le trahir dans la confiance qu'il lui accordait depuis le début
? Il lui semblait qu'elle se souviendrait toujours du jours où
il lui avait pris la main pour la première fois, cette main
qui lui avait redonné un peu de courage et d'espoir
lorsqu'elle s'était crut perdu. Si elle n'avait pas tout
de suite compris pourquoi son cœur avait battu si fort, elle savait
maintenant que c'était là les prémices d'un
amour puissant qui se jouait des interdits. En l'aimant, elle avait
défié sa propre nature, pour lui, elle avait repoussé
l'offre d'un Vampire… Tout cela juste parce qu'elle l'aimait
et elle avait beau se transformer en démon à la nuit
tombée, si lui l'acceptait, elle ferait de même.
C'est
à cet instant elle comprit qu'elle ne pourrait plus être
séparée de lui, il était plus important à
ses yeux que sa propre existence et rien ne pouvais plus entacher sa
décision..
Alors elle dit doucement, souriant faiblement
:
-Si tu crois que je vais te laisser tout seul face à
Tu-Sais-Qui, tu te trompes. Il faut bien que je sois là pour
t'éviter de faire des bêtises… Et puis… Je dois me
faire pardonner de t'avoir mordu !
Rogue sentit les larmes ruisseler sur ses joues. D'un geste passionné, il la serra contre son cœur et l'embrassa éperdument, plus amoureux à chaque seconde.
C'est d'une main sereine que Rogue décacheta l'enveloppe envoyée par Voldemort lui ordonnant de lui livrer Livia.
Bientôt l'oiseau serait confronté au serpent.
