Chapitre 14 : Un allié venu de l'ombre :

Première partie :

Lorsqu'il décacheta la lettre que lui adressait Voldemort, les mains de Severus ne tremblaient pas. Rien ne pourrait entacher sa volonté de se battre pour Dumbledore, bien sûr, mais aussi pour Livia. Ses yeux sautaient de lignes en lignes et au fur et à mesure qu'il déchiffrait le parchemin, son teint devenait de plus en plus blême. Une boule obstruait sa gorge. Lorsqu'il lut la dernière phrase, le papier s'embrasa entre ses doigts et se réduisit en cendres qui s'éparpillèrent autours de lui. Il entendit le bruit que faisaient les élèves qui sortaient de la Grande Salle et la panique acheva de l'aveugler. Il se mit à courir, fonçant tête baissée le plus loin possible du lieu de sa lecture. Son cœur tapait à grands coups dans ses tempes, la dernière phrase de la missive dansant devant ses yeux « Tue-la au plus tôt. »
Il courait sans but, trop désespéré pour raisonner. Tous les plans qu'il avait conçus s'écroulaient comme des châteaux de cartes. Il allait devoir la tuer lui-même.
Des larmes s'échappèrent de ses yeux, il dérapa sur le sol inégal des cachots et il s'engouffra dans les ténèbres silencieuses de l'un d'eux. Il avait trop mal pour penser à quoi que ce soit, il voulait juste laisser sa douleur éclater dans toute sa violence.
Il tomba lourdement à genoux et cribla le dallage de pierre de coups de poings, se meurtrissant les doigts mais il n'en avait que faire. Secoué par les sanglots, il cria son calvaire et sa voix raisonna sur les murs suintants. C'était un cri plein de souffrances et d'horreur, comme celui que pousse un animal mourant que l'on achève. Tout l'enfer du monde apparaissait dans ce son sauvage provenant du plus profond de son être. Lorsque l'écho de sa voix mourut, étouffé par les murs épais, Severus se recroquevilla sur lui-même, pleurant, pareil à un enfant.
-S'il vous plait… supplia t'il entre deux soubresauts, s'adressant à l'obscurité. Ange ou démon, qu'importe mais sauvez-nous, sauvez Livia… Faites que nous puissions être ensemble… S'il vous plait…
La porte claqua brusquement et Rogue sursauta. Se redressant précipitamment, il se saisit de sa baguette magique et dit d'une voix tremblante, passant sa manche devant ses yeux pour en chasser les larmes :
-Lumos !
Aussitôt le bout de la baguette irradia une vive lumière blanche. Dans le faisceau lumineux, un homme était accoudé au mur dans une posture nonchalante.
-Tu as demandé un démon ? susurra t'il avec un petit sourire qui dévoila deux canines pointues aux reflets éblouissants.
Severus eut un mouvement de recul et s'affola lorsque son dos heurta la paroi derrière lui. Ce cachot était plus étroit que celui où Livia avait séjourné et il sentit sa claustrophobie s'insinuer peu à peu dans son esprit. Il ferma les yeux et se força à respirer calmement malgré la situation.
Le Vampire n'avait pas bougé, le fixant avec un calme cruel.
-Qui… Qui êtes vous ? balbutia Rogue.
Il avait la tête qui tournait et une nausée persistante lui remuait l'estomac. Il devait se faire violence pour ne pas céder à la panique qu'engendrait en lui sa condition.
Tout à coup, le Vampire fut face à lui, tout près, bien qu'il eut semblé à Severus qu'il n'avait pas effectué un seul mouvement.
-Qui je suis ? souffla le Non-Mort. Tu ne devines pas ? Je croyais que ma Livia aurait choisit quelqu'un de plus vif…
-Vous êtes celui qui l'a mordue ! s'écria le jeune homme, pris de panique.
Le Vampire bailla.
-Il t'en aura fallu du temps…
-Que faites-vous là ? demanda Rogue d'une voix glacée.
-Tu as appelé un démon, n'est-ce pas ? – il prit une voix haut perchée – S'il vous plait… Ange ou démon, qu'importe mais sauvez-nous, sauvez Livia… Faites que…
-Assez ! rugit Rogue, mis hors de lui par le ton de son opposant. Allez vous en sinon…
Ils n'étaient plus séparés que par la baguette du Serpentard. Celui ci était agité de frisons nerveux dus à la colère et à la peur conjuguée. Le Vampire eut un rire bref, sans joie.
-Sinon quoi ? Tu comptes me faire quelque chose avec ton bout de bois ?
-Je… Je connais des formules ! tenta Severus.
-Pauvre petit Mortel effarouché ; riposta son adversaire. Pour cela il faudrait te mouvoir à mon allure… Ce n'est pas parce que Livia se plait à adopter votre vitesse d'escargot que nous agissons de même mon petit.
-Ne m'appelez pas ainsi… grinça Rogue. Vous êtes à peine plus âgé que moi !
De nouveau le Vampire éclata de rire.
-Ah oui ? Tu approches de mes deux cent quarante-trois ans ?
Severus demeura interdit mais se reprit rapidement.
-Que faites-vous ici ?
-Tu as déjà posé la question.
-Et vous n'avez pas répondu !
-Pourquoi te le dirais-je ?
-Sinon je vous fais sortir d'ici… Il fait plutôt beau malgré le vent froid…
-Je te l'ai dit, tu ne peux rien contre moi !
-On parie ? provoqua Rogue avec un rictus sadique.
-Tu ferais un Vampire acceptable ; s'amusa son adversaire.
-Non, merci.
Le Vampire le dévisagea et son regard acéré se posa sur la gorge du garçon, s'attardant sur deux minuscules marques violacées à peine perceptibles.
-Je vois que tu as déjà été goûté…
-Et alors ? se défendit Rogue. Elle avait faim !
-Evidemment ! Un Vampire n'est pas fait pour se nourrir de rats, d'oiseaux et de chiens ! Ah, celle là ! Elle me rendra fou avant la fin ! marmonna t'il comme pour lui-même.
-Des rats, des oiseaux et des chiens ? répéta Rogue sans comprendre.
-Je vais finir par croire qu'elle a choisit l'idiot de ce château… Saches qu'un Vampire peut survivre en se nourrissant d'animaux mais, bien sûr, cela ne satisfait que sa faim primaire, pas notre amour du meurtre et de votre sang si savoureux.
Il avait prononcé ces derniers mots avec une sensualité incroyable, passant sa langue sur ses lèvres et attardant son regard sur la jugulaire palpitante de vie du jeune homme. Rogue fit la moue et resserra instinctivement son col montant.
-Ca ne me dit toujours pas ce que vous faites ici…
-J'ai eut une impression étrange. Comme si quelque chose m'avait coupé de Livia, quelque chose de plus puissant que le lien qui nous unis… plus puissant que le lien qui unit deux Vampires.
-Qu'est ce que c'est ? demanda Severus d'un air de franche curiosité.
-Je l'ignore encore ; avoua t'il. Mais je suis sûr que tu n'es pas étranger à ce phénomène.
-Au fait ; interrogea Rogue, prit d'un doute. Comment savez vous que je suis son petit ami ?
Le Vampire sembla s'assombrir.
-Parce qu'elle est présente partout sur et en toi. Elle ne te quitte pas un instant. Son parfum parcourt ta peau, son image se superpose à la tienne…
Rogue haussa les sourcils, il ne comprenait pas vraiment. Le Vampire c'était tut, plongé dans ses pensées d'Immortel, oubliant le jeune homme. Celui-ci aurait put s'éclipser mais, étrangement, il n'en ressentait pas l'envie. Il était même curieux de mieux connaître celui qui aurait dû être son ennemi. Il se sentait fasciné par le savoir que devait avoir accumulé cet être si puissant. C'était une sensation très troublante. Plus il le détaillait, plus il l'admirait avec sa peau laiteuse et veloutée, sans âge, ses yeux améthyste qui brillaient comme des joyaux et ses longs cheveux acajou qui couvraient son dos. Il était d'une beauté divine ou plutôt… diabolique. Bien qu'ils fassent à peu près la même taille, Severus se sentait ridiculement petit comparé à cet immortel fabuleux. Il avait abaissé sa baguette qui éclairait toujours la scène, comme si, peu à peu, il lui accordait sa confiance. La voix du Vampire le fit sursauter.
-Dis moi… Je viens de penser à quelque chose… Est-ce que toi et Livia avez couché ensemble ?
Les joues du Serpentard prirent une teinte écarlate et il trouva soudain que le plafond avait un intérêt fascinant. Il ne pouvait tout de même pas lui avouer cela ! Mais son interlocuteur avait compris.
-Vous l'avez fait… souffla t'il.
Il avait l'air effaré, presque incrédule.
-Et alors ? aboya Rogue, sur la défensive. Qu'est ce que ça peut faire ?
-Jamais au grand jamais un Vampire n'a fait cela avec aucun être, Humain ou non…
-Pourquoi ?
-Parce que, pour nous, un rayon de lune sur notre peau est comme une caresse délicieuse alors imagine l'intensité qu'aurait pour nos sens une union de ce type.
-Je vois ; fit rogue, pensif.
-De plus, par ce geste, elle a presque brisé notre lien du sang. Cela parce qu'elle s'est offerte à toi et juste à toi. Boire le sang d'un être Humain est une expérience formidable, lui donner du notre est, en matière des sensations, comparable à ce que vous appelez « faire l'amour. » C'est une véritable fusion. En agissant de la sorte, Livia est devenue encore plus semblable à n'importe lequel d'entre vous. Elle n'est plus ni Mortelle, ni Immortelle.
-Savait-elle que cela aurait de si grandes conséquences ?
-La connaissant, je suppose qu'oui…
-Elle peut mourir maintenant ?
-Non, cela elle le garde du Vampire mais elle peut donner la vie. Elle est la seule à posséder ce pouvoir incroyable. Elle peut mettre au monde un enfant qui, à sa mort, deviendra un Vampire. Elle est à la fois la Mort et la Vie, elle a désormais la puissance d'un Dieu.

Le Vampire et le Mortel se regardèrent. Ils savaient tous les deux ce que cela signifiait. Livia avait choisit sa vie et c'était auprès de Severus qu'elle la passerait.
-Vous m'en voulez ? s'enquit brusquement ce dernier.
-Pas vraiment… Toi, tu n'es pas éternel. Je n'ai qu'à attendre un peu. Et puis… moi aussi je l'aime et rien ne me contente plus que de la savoir heureuse. Pourquoi pleurais-tu tout à l'heure ?
-Parce que je vais devoir la détruire…

Severus expliqua alors à son rival son double jeu vis à vis de Voldemort.
-En résumé, je dois la tuer par moi-même, contrariant toutes les habitudes de Vous-Savez-Qui.
-Non je ne sais pas qui.
-Le nom du Seigneur des Ténèbres ne doit pas être prononcé…
-Quel est son nom ? Pourquoi est-ce qu'on ne peut pas le prononcer ?
-Parce que… Severus hésita. Parce que c'est interdit.
-Pourquoi ?
Le visage curieux du Vampire lui donnait un air enfantin, plus doux, moins terrible. Il était plus beau que jamais. Le Serpentard déglutit, troublé.
-Il est si terrible… finit il par avouer. Il est affreusement puissant et cruel…
-Depuis tout le temps que je foule cette terre, j'ai croisé par hasard ou à dessein la route de nombreux Seigneurs ténébreux et partout des hommes m'ont tenu un discours identique au tient.
Severus ne répondit rien, il savait que son compagnon disait vrai mais il avait peur, peur de transgresser les interdits en disant ce nom synonyme de mort. Il eut un silence d'une longueur atroce pendant lequel le Mortel et l'Immortel s'entre regardaient et la créature meurtrière semblait tenter de l'encourager sans un mot. Puis, après une longue inspiration, il dit dans un souffle à peine audible mais sa voix était nette dans le silence pesant du cachot :
-Ne m'obligez pas à le répéter. Lord Voldemort
-Quoi ?
-Lord Voldemort ; répéta t'il plus intelligiblement avec un long frisson.
Le Vampire sourit pour la première fois depuis leur rencontre puis retrouva son visage grave et impassible comme un masque blanc.
-Bien, pour résumer, Livia est en grand danger parce que ton Lord Truc veut la tuer mais que TU la détruise…
-Oui ; lâcha piteusement Severus. Mais je ne veux pas le faire, j'ai si peur… Je l'aime tellement…
Une larme s'échappa des yeux du garçon, larme qu'il essuya en toute hâte. Son interlocuteur le fixa avec compassion.
-Je crois que je vais devoir m'en mêler ; trancha t'il en soupirant.
-Mais comment ? s'exclama Rogue, l'espoir gonflant peu à peu son cœur.
-Ca c'est mon affaire, petit Mortel. Va maintenant et ne commet aucune folie avant de recevoir de mes nouvelles. Je sortirais d'ici lorsque le soleil aura disparut derrière les collines. Mais tu dois me promettre une chose…
-Laquelle ?
-Ne souffle mot de cette histoire à personne, pas même à Livia.
Severus hocha la tête et commença à sortir du cachot mais soudain, il revint sur ces pas et murmura :
-Je ne connaît même pas votre nom mais merci, du fond du cœur.
Le Vampire sourit encore une fois et glissa d'une voix mélodieuse au moment où Rogue se faufilait hors du cachot :
-On me nomme Ivan.

La nuit était calme. Les étoiles scintillantes annonçaient l'arrivée de la froideur hivernale. L'air piquait agréablement, l'atmosphère craquait de gelée.
La chauve-souris se laissa porter avec délice le long des courants ascendants, planant sans effort, s'amusant de la brise qui la portait.
Elle adorait cela. Voler. Avoir la sensation de n'avoir aucune limite et le ciel entier comme terrain de jeu. Mouvant lentement ses ailes membraneuses, elle attaqua sa descente vers les fenêtres brillamment illuminées d'un manoir perdu en pleine campagne, comme vomi des entrailles même de la Terre. Elle fit plusieurs fois le tour de l'imposant, en imprimant la conformation dans sa mémoire. Il semblait n'avoir été taillé que dans un seul block, formant un ensemble à la fois primitif et sublimement ouvragé. Des gargouilles inquiétantes hérissaient les crocs de leurs gueules de pierre le long des gouttières. Le toit pentu était recouvert d'ardoises dont le bleu miroitait sous la lune.
La chauve-souris repéra une fenêtre, ouverte malgré le froid mordant et s'y engouffra de son vol feutré, aussi silencieuse qu'une ombre. La salle était immense. Des colonnes corinthiennes se dressaient de part et d'autre d'un passage, presque aussi large qu'une route menant jusqu'à un trône de pierre brute d'une taille imposante. Les yeux de l'homme assit là suivirent la forme ailée avec une pointe d'étonnement, indiscernable cependant dans la froideur implacable de ce regard aux teintes sanglantes. Sa longe cape s'étalait autours de lui comme une nappe d'encre. La peau de l'homme avait la blancheur et la rigidité du marbre, le rendant plus inquiétant encore. Une crinière mouvante de cheveux de geais se hérissait en mèches désordonnées autours de son visage étroit. Ivan attendit d'être près du sol pour reprendre sa forme originelle, retombant souplement sur ses jambes dans un mouvement gracieux de félin. Il avança lentement vers le trône, observant le Seigneur des Ténèbres. Celui-ci ne broncha pas, jouant négligemment avec sa baguette.
Le Vampire s'agenouilla, offrant sa nuque au mage noir dans un geste de soumission.
-Qui es-tu ? Parles ! ordonna ce dernier.
-Ivan Vladinostov, septième du nom, Duc de Saint Peters bourg ; déclina le Vampire, se relevant sans effort et fixant sur son interlocuteur ses deux sublimes améthystes aux profondeurs irréelles.
-Que veux tu ?
-J'ai des révélations à vous faire.
-Tu n'est pas Sorcier, je le vois en toi. Pas plus que tu n'es Humain.
La voix de Lord Voldemort était douce mais glaciale et coupante comme du verre, presque hypnotique cependant.
-Je suis un Vampire depuis plus de deux siècles ; attesta Ivan, son regard se durcissant lorsqu'il ajouta ; mais vous êtes étonnamment proche de moi… Votre peau blanche, votre regard…
Le Mage sombre eut un, rictus empli de mépris.
-Un Non Mort à, un jour, commis la folie de vouloir faire de moi sa proie – Il eut un ricanement cruel – J'ai distillé son sang et l'ai modifié jusqu'à atteindre la perfection absolue. Encore quelques années et je serait totalement Immortel.
Le cœur d'Ivan se serra et il sentit la haine l'embraser. L'endroit empestait la mort, il savait que l'un de ses frères avait trouvé ici une fin atroce. L'odeur diffuse lui donnait la nausée, la colère et le dégoût coulait dans le réseau bleuté de ses veines.
-Vous l'avez détruit, n'est-ce pas ? siffla t'il, serrant les poings.
-Cela pose un problème ? demanda innocemment Voldemort.
Ivan dut se faire violence pour ne pas se jeter sur lui. Il se força à fermer son esprit et se rappela la raison qui l'avait poussé jusqu'en cet endroit. Le destin de Livia ne tenait qu'à un fil et c'était lui qui le détenait dans ces instants cruciaux où tout pouvait basculer. La vie de sa protégée était en équilibre plus que précaire. Alors, il se lança :
-Je ne suis pas venu pour cela. Je vient vous empêcher de commettre un erreur. Une erreur qui vous coûterai bien plus cher que vous n'avez jamais osé l'imaginé.
-Quoi donc ? s'enquit Voldemort, une pointe de curiosité dans la voix.
-Ne chargez pas Severus Rogue de tuer sa petite amie.
Le Seigneur des Ténèbres éclata d'un rire lugubre.
-Et pourquoi pas ?
Ivan soutint son regard sans ciller, sentant le Lord Noir fouiller son esprit. Il s'efforça de ne laisser transparaître que quelques bribes de vérités, envoyant le souvenir de la nuit où il avait fait de Livia un Vampire dans l'esprit du Mage mais dissimulant le reste grâce à ses pouvoirs. Il répliqua d'une voix posée :
-Parce que cette fille pourra vous être utile.
-Pourquoi serais-je intéressé par une Sang de Bourbe, une Gryffondor ?
-Ne vous fiez pas à l'apparence. Elle est plongée dans le monde des Ténèbres. Elle est de ma race. Rogue ne l'a pas choisie au hasard.
-Qui me prouve que tu dis vrai ? répartit son adversaire d'un air sévère.
-Menez la à vous et vous verrez. Qu'avez vous à perdre ?
-Du temps précieux.
-Elle est pourtant toute disposée à servir votre cause. Imaginez qu'un Vampire allie ses forces aux vôtres, espionnant pour vous et tuant au moindres de vos gestes.
Ivan se sentait à nouveau dans son élément, la duperie et la séduction par la parole. C'était un art dans lequel il était passé maître. Il prenait plaisir à voir l'intérêt se marquer peu à peu dans les yeux de son interlocuteur.
-De plus ; poursuivit-il ; elle possède des atouts irrésistibles… sa beauté Immortelle.
-Je vois… Au lieu de la tuer, j'en fait l'une de mes serviteurs ?
Le Vampire sourit, son adversaire était sous son emprise, conquis.
-Non, mieux que cela. Ne la marquez pas pour ne pas attirer les soupçons. Votre ennemi la surveille discrètement bien qu'il ignore sa nature. Utilisez Rogue et elle de concert. Laissez les vivre leur vie comme n'importe quels citoyens respectables, cela dissimulera leurs agissements réels.
-C'est tentant…
Voldemort posa son menton dans sa main, regardant Ivan avec intensité, cherchant à déceler le piège mais il ne rencontra rien de tel dans son esprit.
-C'est tentant ; répéta t'il. Mais pourquoi l'utiliser elle alors que je pourrais t'avoir toi ?
-Parce qu'elle, elle est encore à Poudlard pour une année et qu'elle risque de faire grossir sensiblement vos rangs de fidèles.
Le Sorcier s'accorda un moment de réflexion, l'idée le séduisait, le séduisait même beaucoup en ses temps où chaque camps tentait de prendre le dessus sur l'autre.
-D'accord. J'enverrais de nouvelles instructions à mes Mangemorts mais gare à toi si tu me trahis…
Ivan sourit une nouvelle fois et dit, juste avant de se métamorphoser :
-Soyez sans craintes.
Et il partit à tire d'elle, loin de ses lieux de mort.

Son visiteur disparu, Voldemort jeta un œil sur l'échiquier qui trônait sur une table de marbre blanc. Une reine était apparue, l'ébène de la pièce luisant dans la pénombre. Un sourire étira les lèvres du Lord et il murmura en fixant le roi d'ivoire de l'autre côté du jeu.
-Et maintenant, que feras-tu ?

-Remus… appela la voix douce de Livia.
Le garçon ne répondit rien, accélérant même le pas, serrant contre lui son sac de cours comme si sa vie en dépendait. La jeune fille était presque obligée de courir pour se maintenir à son niveau.
-Remus… S'il te plait…
Remus céda. Il s'arrêta, fuyant toujours le regard émeraude de son amie. Amie qu'il avait attaqué sous sa forme de loup-garou, amie qu'il avait manqué de tuer… Comme il pouvait se haïr, comme il s'en voulait…
Livia posa sa main sur son bras mais il ne la retira pas cette fois ci. Il avait la gorge nouée et un voile de larmes embuait ses yeux.
-Arrête de me fuir… supplia t'elle. Je t'en prie… Même si je n'ai pas été capable de contenir ce… cette chose en moi…
-Ce n'est pas de ta faute. Jamais je n'aurais dû sortir de la Cabane Hurlante… Tout est de ma faute.
Livia s'approcha de l'adolescent et lui leva la tête pour le forcer à la regarder. Elle souffrait tellement de son silence, de sa manie de toujours rejeter la faute sur lui-même sans raison. Tout n'était que le hasard.
-Ne dis pas cela. Ce n'est pas de ta faute.
-J'ai failli te tuer…
-Nous avons failli nous tuer tous les deux ! s'exclama t'elle, plus fort.
-Oui, mais…commença Remus.
-Tout est arrivé par hasard ! le coupa t'elle. Si j'était partit chasser quelques minutes plus tôt, ou toi tu n'était sortit que plus tard, jamais nous ne nous serions affrontés. Ne me fuis pas, même Severus m'a pardonné de l'avoir mordu…
En entendant le nom du Serpentard honnis, les yeux du Gryffondor reflétèrent une haine implacable mais il demeura coi.
-Pourquoi ne pourrions nous pas oublier cet incident ?
-…
-Remus ?
Le jeune homme lui prit soudain les mains et approcha son visage tout contre le sien.
Sa voix était rauque, presque fanatique.
-Parce que je t'aime ! Parce que je ne peux pas me pardonner d'avoir essayé de te faire du mal sous quelque forme que ce soit. Je t'aime, tu entends ?
Livia retira ses mains des siennes avec un petit air triste.
-Je suis avec Severus, tu le sais. Tu es un ami, un être irremplaçable mais je ne peux pas répondre à tes sentiments.
-QU'A T'IL DE PLUS QUE MOI ? DIS MOI ! DIS MOI POURQUOI ? POURQUOI PAS MOI ? s'emporta soudain Remus, la prenant par les épaules.
-Je ne sais pas pourquoi… Je l'ignore…
-MENTEUSE ! C'EST PARCE QU'IL N'EST PAS UN LOUP-GAROU, PAS VRAI ? JE TE DEGOUTE, C'EST CELA ?
Elle se dégagea de l'étau de ses bras, laissant échapper un gémissement, suivit d'un sanglot.
-Ce n'est pas vrai ! Tu ne me dégoutte pas… Mais… mais je l'aime, lui… Je ne sais pas pourquoi, je ne sais pas ! Tout ce que je sais c'est que je veux le rendre heureux et être toujours à ses côtés…
Elle pleurait maintenant franchement, sans retenue et elle repensait à Voldemort qui voudrait la tuer, à Severus lui déclarant son amour avec toute sa maladresse si touchante, à ses heures qu'il avait passé avec elle dans ce cachot glacé quant elle n'avait plus sa potion et elle savait ses sentiments, elle refusait de le quitter malgré Remus.
Le loup-garou la contempla encore un instant avant de tourner les talons et de disparaître en courant dans le couloir.