Chapitre 16 : Un beau cadeau :
Dès que la sonnerie
retentie, tous les élèves se ruèrent hors de la
salle de métamorphose. Enfin ! C'était les vacances
et tous les occupants de l'école des Sorciers accueillaient
cet événement avec un soulagement sans bornes.
Severus
Rogue ne se pressa pas pour rassembler ses affaires. Il n'éprouvait
qu'une vague indifférence vis à vis de l'arrivée
de Noël. Comme toujours, il resterait au château, peu
désireux de retrouver ses parents même pour une courte
période. Lorsqu'il sortit enfin de la salle, tout occupé
à ses pensées, il ne remarqua pas la jeune fille
adossée au mur. Celle ci s'éclaircit ostensiblement
la gorge ce qui eut pour effet de faire se retourner le Serpentard.
Aussitôt qu'il vit Livia, un large sourire illumina le visage
jusque là fermé de Severus.
Les deux amoureux
s'embrassèrent longuement avant que Livia attaque le sujet
qui lui tenait à cœur et qui l'avait conduite à la
sortie de la classe du jeune homme.
- Qu'est ce que tu fais
pendant les vacances ?
-Tu sais bien que je reste ici ; se
rembrunit-il.
-Et bien non ! C'est décidé, tu
viens chez moi !
Le garçon secoua la tête, ne
comprenant pas un traître mot de ce que lui racontait
l'adolescente.
- Qu'est ce que tu me chante là ?
s'enquit-il.
-Tu sais que ma mère n'a pas voulu que je
reste là pendant ces vacances pour être avec toi ?
commença t'elle.
-Comment oublier ça… marmonna
Severus, maussade.
Il avait passé plus de deux heures à
consoler sa petite amie lorsque le refus de sa famille lui était
parvenu.
-Et bien Ange m'a donné une super idée.
Si je ne pouvais pas rester, il faudrait te faire venir toi ;
continua t'elle de plus en plus exaltée.
-Ca te
dérangerait d'être plus explicite ? grogna le garçon
avec mauvaise humeur.
-Laisse moi finir ! J'ai donc écrit
à mes parents pour leur demander la permission que tu viennes
passer les vacances avec nous. Et ils ont dis OUI, Severus !
Livia
trépignait presque sur place. Le jeune homme crut que ces
jambes allaient l'abandonner tant il était surpris.
-Tu
veux que je… que nous… Mais je ne veux pas déranger ;
s'affola t'il. Jamais je ne suis allé chez quelqu'un
et…
-Il faut une première fois à tout !
-Mais…
Mais…
-Sev' ! Arrête de bêler s'il te plait et
cesse de t'en faire pour rien. Mes parents sont d'accord, c'est
tout ce qui compte, non ?
-Non… J'aimerais bien… j'aimerais
beaucoup répondre à ton invitation, seulement je me
suis déjà inscrit pour rester ici pendant les
vacances.
Livia le regarda d'un air espiègle.
-Tu n'es
pas inscrit sur les listes.
- Qu'est ce que tu raconte ? Bien
sûr que si !
- J'ai chargé Sirius et James d'une
petite mission hier soir…
-Tu n'as tout de même pas…
souffla Severus, ne sachant plus s'il devait fondre en larmes ou se
réjouir.
-Si ! triompha la belle Gryffondor. Je t'ai
effacé des listes. Maintenant tu n'as plus d'excuses.
Une
chape de plomb tomba sur les épaules du Serpentard.
Il
avait peur, terriblement peur. Encore plus peur que d'affronter
Voldemort.
-Je suppose que je n'ai pas le choix… J'accepte
alors.
-Bien ! approuva t'elle. Le train part demain matin. Je
dois aller préparer mes affaires. On se voit tout à
l'heure !
Après un rapide baiser, elle le laissa seul, en
proie à une véritable panique intérieure.
Severus
ne put fermer l'œil de la nuit. Tournant et se retournant dans son
lit, il ne cessait de penser au lendemain et à sa rencontre
avec la famille de sa dulcinée. Il ne savait pas du tout
comment allaient agir ces gens par rapport à lui. Il songea à
ses propres parents. Son père aurait regardé Livia de
haut en bas, ne lui accordant ni bonjour, ni sourire. Si la personne
avait l'air noble et possédait une certaine beauté,
il l'aurait laissé séjourner au manoir mais si le
visiteur lui déplaisait… Severus frissonna.
Sa mère,
elle, aurait assommé de questions le visiteur. Qui était-il
? D'où venait-il ? Etait-il d'une grande famille de Sang
Pur ? A cette dernière question, si la personne démentait
cela, elle aurait eut un reniflement méprisant et l'aurait
traité comme un insecte.
Comment se comporteraient les
parents de Livia ? Allaient-il le jauger eux aussi ? Ils étaient
des Moldus mais quel sorte de jugement portaient-ils sur les
sorciers. Livia ne lui avait jamais parlé de cela.
Severus
remonta frileusement ses couvertures sous son menton. Il se sentait
glacé jusqu'à l'âme par l'inquiétude.
Il finit par se réfugier dans le sommeil, au cœur d'une
tourmente de questions.
Au beau milieu du
vacarme du quai, Severus Rogue attendait, debout, gardant sa raideur
originelle malgré la fatigue et l'appréhension. Livia
apparue bientôt, légèrement essoufflée,
encadrée par la bande des Maraudeurs au grand complet ainsi
qu'Ange, Lily et Célia. Un courant d'hostilité
réciproque crépita entre les Maraudeurs et le jeune
Rogue. Ce dernier n'avait pas oublié la tentative de Sirius
de se débarrasser de lui et la haine qu'il existait entre
eux depuis toujours atteignait son paroxysme. Sentant cela, Livia se
dépêchas de monter dans le train, suivie de près
par son amant ainsi que Célia.
La petite fille rejoignit
sa sœur et Severus dans un compartiment libre. Un silence pesant
s'était établi entre eux. Ce fut Célia qui le
rompit lorsque Livia s'excusa et sortit pour trouver le
compartiment de ses amis.
- C'est chouette que tu ais bien voulu
venir.
-Mm…
-Tu n'es définitivement pas causant ;
nota Célia.
-Tu t'attendais à quoi ? Que je te
déballe toute ma vie ? répliqua son aîné.
-Non,
mais je pensais que tu aurais peut-être un peu d'inquiétude
à soulager ; dit calmement Célia en plongeant ses yeux
verts dans le noir des prunelles de Severus.
-Pourquoi t'en
parlerais-je ?
-Parce que tu ne peux le dire à personne
d'autre.
Severus se cala contre la banquette et un petit sourire
joua sur son visage.
-Décidément tu es loin de faire
ton âge.
-Venant de toi, je prends ça comme un
compliment.
-Comment ont réagis vos parents en apprenant
que vous étiez des Sorcières ? attaqua Severus, un peu
de peur demeurant encore ancrée en lui.
-Parfaitement bien,
ils ont trouvé ça super. Je crois qu'ils sont plutôt
fier.
-Crois-tu que… que je ferais bonne impression ? s'inquiéta
le jeune homme.
Célia eut un léger rire.
-Tu es
vraiment quelqu'un de délicat. A mon avis, sachant que tu es
le petit ami de Livia et mon futur beau-frère, il n'y aura
aucun problème…
Rogue crut qu'il allait s'étouffer.
Il refoula une quinte de toux et balbutia, rougissant :
-Ton…
ton… Quoi ?
-Oh arrête ! Si tu crois que je ne m'en
doute pas ! Je suis sûre que tu va finir par l'épouser.
-Hein
? Mais… Non !
-Tu dis cela maintenant… Enfin tant pis…
souffla la petite fille, un air faussement déçu sur le
visage.
-Tant pis quoi ?
-Livia me disait hier que si un jour
tu la demandais en mariage, elle dirait oui sans hésiter. Elle
t'aime vraiment de tout son cœur, tu sais ?
Severus ne répondit
pas. Livia avait dit cela ? Il ne pouvait nier avoir déjà
penser à l'épouser. Elle était tout pour lui.
Mais jusque là, il n'y avait jamais vraiment songé
sérieusement. Après tout, il avait dix-huit ans et
terminerait sa scolarité dans quelques mois… Et s'il
demandait à Dumbledore un poste au sein de l'école
pour pouvoir continuer à voir sa chère Livia ? Et s'ils
se mariaient lorsqu'elle aurait fini ses études ? Il
entendit Célia lui chuchoter :
-Ca c'est la meilleure
idée que tu as eut depuis longtemps.
Rogue la regarda avec
sévérité.
-Tu as lu dans mes pensées
?
-Pas du tout. Tu as dit ta dernière phrase à voix
haute ; rétorqua t'elle avec un air malicieux.
Le jeune
homme soupira.
-Crois-tu vraiment que ce sera possible.
-Mon
petit doigt me dit qu'oui…
A ce moment là, Livia revint
dans le compartiment.
Le reste du voyage se passa sans encombre,
Severus écouta d'une oreille distraite Célia discuter
avec sa sœur, ne cessant de repenser aux paroles de cette enfant
décidément un peu trop mature.
« Livia me disait hier que si un jour tu la demandais en mariage, elle dirait oui sans hésiter. »
Avec un soupir, il entoura de ses bras la femme de ses pensées tandis que Célia lui coulait un regard complice.
Severus traîna
péniblement sa lourde malle et la calla sur un chariot,
toujours suivit de près par les deux sœurs. Tout à
coup Célia s'écria :
-MAMAN !
Aussitôt,
elle courut vers une femme qui lui ouvrit ses bras en riant.
Severus
avança lentement, un reste d'anxiété
subsistant encore au fond de lui. Livia lui murmura en glissant sa
main dans la sienne.
-Ca ira tu verras…
Le jeune homme
déglutit, le cœur battant et se laissa entraîner par la
jolie Gryffondor. Lorsqu'il ne furent plus qu'à quelques
pas de la mère de Livia, celle ci vint la serrer contre elle,
visiblement ravie de retrouver sa progéniture. Severus demeura
un peu à l'écart, observant discrètement la
mère de sa petite amie. Celle ci était une grande
femme, aux cheveux châtains qui lui couvraient le dos et aux
yeux sombres. Elle était emmitouflée dans un long
manteau gris qui accentuait encore sa grande taille. Tout de suite,
Severus sût de qui les deux sœurs tenaient leur beauté.
Le garçon la jugeait impressionnante malgré son visage
aimable qui respirait la tendresse et la joie de vivre.
Lorsqu'elle
finit par lâcher ses filles, elle se tourna vers le garçon
et lui sourit gentiment.
-Tu dois être Severus.
Livia
eut un regard chargé d'encouragements à l'adresse
de son compagnon.
Celui-ci dit timidement :
-Oui. Bonjour.
La
femme lui serra la main et dit joyeusement.
-Moi, c'est
Léna.
-Enchanté.
- C'est moi ! Enfin, ne
restons pas là à échanger des banalités
et dépêchons nous de rentrer ! Il y a un peu de route à
faire et j'aimerais éviter d'être coincée
dans des bouchons.
Severus fronça les sourcils, étonné
de ce mot. Célia le remarqua et elle rit de son
ignorance.
-Les embouteillages ; expliqua t'elle. Ma mère
est venue en voiture.
Severus lui fit signe qu'il comprenait
même s'il n'avait pas plus idée de ce que pouvait
être une voiture ou des embouteillages.
Pendant que Célia
entreprenait de raconter à sa mère tout ce qu'elle
avait pu faire depuis la rentrée, Livia marchait près
de Severus.
-Es-tu déjà monté en voiture ?
demanda t'elle.
-Euh… Non ; avoua le garçon.
-Dans
ce cas tu vas découvrir cela. Ne t'inquiète pas,
c'est très agréable comme moyen de transport.
Severus hocha la tête pas très convaincu. Il n'avait
pas franchement confiance en les inventions des Moldus.
Le passage
de l'état de piéton à celui de passager de la
voiture familiale n'enchanta guère le jeune sorcier. Seul
son amour pour Livia réussit à le faire entrer dans
cette « caisse de fer » mais il s'aperçut bien
vite que ce n'était pas si désagréable qu'il
l'imaginait.
Tout en conduisant, Léna engagea la
conversation.
-Es-tu à Gryffondor toi aussi ?
-Non, à
Serpentard ; répondit le jeune homme, craignant une question
piège.
-Tu es en septième année, c'est cela
?
-Oui.
Le jeune homme commençait peu à peu à
se détendre, voyant que la femme ne le jugeait ni lui disait
quoi que ce soit. Il finit par discuter un peu avec elle, parlant
d'un peu tout et rien. Livia dormait sur son épaule,
paisible et Severus sentit son cœur se gonfler d'un bonheur depuis
longtemps oublié.
Arrivé en la maison des
Wild, le Sorcier passa de surprises en surprises, découvrant
avec un étonnement sans cesse renouvelé toutes les
inventions des Moldus, des lampes à la télévision.
Lorsqu'il
s'endormit ce soir là dans la chambre de Livia, étroitement
blottit contre son corps tiède, il eut soudain la sensation
d'avoir trouvé sa place, d'exister enfin.
La
grande pendule de la salle à manger égrena douze coups.
Ce fut le signal. Toutes les personnes réunies autours de la
table se levèrent d'un même mouvement, s'embrassant,
se serrant la main, riant au milieu des « Joyeux Noël »
fusant de toutes parts. Severus ne savait plus où donner de la
tête, emporté dans l'allégresse générale
au milieu de la famille de son hôtesse au grand complet. Il
finit par se retrouver dans les bras de Livia, des papillons dansant
une farandole dans son estomac. Il se perdit dans son regard moussu,
un même sourire étirant leurs lèvres avant de
fusionner en un tendre baiser. Autours d'eux Célia applaudit
à tout rompre en riant.
Puis les parents des deux filles
revinrent de la cuisine, les bras chargés de paquets. Severus
regarda doucement sa petite amie et lui tendit un paquet recouvert de
papier pourpre.
-Joyeux Noël, mon amour ; chuchota
t'il.
Livia ouvrit le papier cadeau d'une main fébrile,
ayant elle-même remis son présent à son amant.
La jeune fille eut une exclamation joyeuse lorsqu'elle
découvrit un bracelet en argent représentant un serpent
taillé dans ses moindres détails dont les yeux
s'ornaient d'une petite pierre rouge.
Severus découvrit
avec plaisir une ravissante cape noire aux reflets argent et vert,
s'agrafant par une sorte d'écusson gravé à
ses initiales.
Le couple s'embrassa une seconde fois, plus
heureux que jamais.
Livia observa le jeune homme
qui dormait paisiblement contre elle. Il semblait tellement
vulnérable ainsi, tellement innocent que la jeune fille
esquissa un sourire attendrit. Il était si beau avec ses
cheveux qui encadraient son visage comme deux fleuves d'ébène.
La
lumière de la lune filtrant par la fenêtre éclairait
doucement son visage calme.
-Je t'aime Severus Rogue ; murmura
t'elle en l'embrassant légèrement sur les
lèvres.
Prenant bien garde à ne pas le réveiller,
Livia se coula sans un son hors du lit et ouvrit la fenêtre, la
repoussant derrière elle et s'installant sur le rebord de
brique.
Elle frissonna, resserrant sa robe de chambre autours
de ses épaules. Le froid était vif malgré la
clarté et la beauté de cette nuit de décembre.
Elle
ressentait la rigueur hivernale de manière intense mais elle
ne faisait rien pour s'y soustraire. Elle ressentait avec une sorte
de fascination la morsure du vent sur sa peau nue.
-Si tu
acceptais de t'abreuver, le froid ne t'atteindrait plus ; souffla
une voix dans sa tête.
-Non ; chuchota Livia. Je ne veux pas
avoir recours à ce moyen.
- C'est pourtant la seule chose
qui te contentera, la seule qui pourra t'apaiser.
-Severus
m'apaise.
-Il t'apaise mais te livre à Voldemort.
-Il
n'avait pas le choix, répliqua posément
Livia.
-Peut-être mais pense à ce Vampire qui croupi
dans cet horrible lieu. Je te mets en garde, cet homme te
détruira.
-Tant pis. Toi tu vivras, moi non. Tu es ma
partie Immortelle, je suis Mortelle. Mais pour échapper à
Tu-Sais-Qui, il faudrait que je m'éloigne de Severus et cela
je ne le veux pour rien au monde. Je n'ai pas peur de mourir.
-Je
le sais.
-Si je mourais, le protégerais-tu ?
-Si tu le
souhaites. Je pense qu'oui.
-Est-ce que tu l'aimes toi aussi
?
-Bien sûr ! Tu es moi et je suis toi, ne l'oublie pas.
Nous ne sommes qu'une et seul la mort peut nous dissocier. Je ne
suis que ta part de ténèbres, le Vampire.
Livia leva les yeux vers le ciel, arrimant son regard à la lune en son dernier quartier, faisant sourire le ciel nocturne à la plus chère de ses enfants.
-Oui ; dit-elle, pensive. Un peu comme la face cachée de la lune.
