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Chapitre 3

Un chat traversa rapidement la rue faiblement éclairée, bordée de petits pavillons.

Pendant quelques instants, aucun mouvement ne fut visible. Puis, lentement, une silhouette se détacha de l'ombre d'une haie, suivie d'une autre un peu plus loin et enfin d'une troisième. Elles se rapprochèrent, semblant se concerter brièvement, la buée de leurs respirations s'attardant autour d'eux comme de vaporeuses écharpes de brume dans l'air glacial de cette nuit d'hiver.

Les trois ombres se séparèrent rapidement. L'une alla se poster à l'entrée d'une des propriétés tandis que les deux autres, passant par le jardin, la contournaient et s'arrêtaient chacune devant une porte-fenêtre. D'un même geste, les trois silhouettes sortirent leur baguette de leur cape et, prononçant de concert: « Alohomora!», s'engouffrèrent dans la maison. Quelques instants plus tard, des cris s'élevèrent de la demeure.

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Harry attendait dans le couloir, devant la chambre de Ginny. Hermione avait rejoint Ron à l'intérieur mais il hésitait à l'imiter, partagé entre le désir d'être au chevet de la jeune fille quand elle s'éveillerait et la crainte de devoir affronter la colère de son meilleur ami.

Après un long moment d'hésitation, il finit par se lever et se dirigea vers la porte de la chambre d'un pas décidé. Alors qu'il posait sa main sur la poignée, une voix derrière lui l'interpella.

«Harry! Harry!»

Se retournant, il découvrit Derek McDermott, un des membres de sa brigade d'Aurors, arrivant au pas de course. Harry ne répondit rien mais interrogea le jeune homme du regard. Celui-ci, assez grand, les cheveux blonds très pâles, les yeux gris, présentait une ressemblance assez troublante avec Drago Malefoy.

«Je te cherche depuis un quart d'heure…l'informa-t-il. Connolly veut te voir le plus vite possible dans son bureau. Il ne m'a pas dit grand-chose mais il s'agit vraisemblablement d'une attaque de Mangemorts.»

Harry se sentit pâlir. Etait-ce les représailles de Voldemort? Déjà? Sans un mot, il fit signe à Derek de le suivre et il se dirigea vers l'aire de Transplanage.

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Une fois parvenu à destination, il remarqua instantanément la Marque des Ténèbres qui flottait encore au-dessus des lieux. Il ordonna aussitôt aux Oubliators de prendre en charge les curieux qui s'étaient rassemblés devant la maison et de faire disparaître toute trace de l'agression. Puis son escouade se déploya sur le terrain à la recherche d'indices éventuels. Ils pénétrèrent dans le bâtiment et Harry sentit son cœur se serrer, sachant pertinemment ce qu'ils allaient y trouver: meubles cassés, vitres brisées, tableaux et photographies détruites… et probablement les corps des victimes, qu'il faudrait faire identifier…

Ils progressaient lentement, pièce par pièce, pas à pas, minutieusement, car les Mangemorts prenaient parfois un malin plaisir à piéger les maisons qu'ils attaquaient, dans l'espoir de faire une ou deux victimes supplémentaires parmi les secours. Tout était plongé dans l'ombre et seule la faible lueur de la lune filtrait à l'intérieur mais le saccage réalisé par les partisans de Voldemort était visible partout.

Harry était au pied de l'escalier et s'apprêtait à monter quand il perçut un son provenant de l'étage. Instantanément, il se rejeta dans l'ombre, tous ses sens en éveil et il prêta l'oreille. Le bruit se reproduisit, plus faible, une sorte de raclement sourd. Il fit signe à McDermott de le suivre et, l'un après l'autre, ils rejoignirent le premier étage, lui aussi noyé dans l'obscurité. Parvenus sur le palier, ils s'immobilisèrent. Le son se reproduisit, provenant d'une pièce sur leur droite. Progressant avec une infinie précaution, ils se postèrent de chaque côté de l'embrasure avant de jaillir dans la pièce, baguettes levées et prêts à se défendre.

La pièce était dévastée au-delà de toute mesure: le lit avait été démantibulé, les matelas lacérés, les murs étaient maculés de sang… Au centre de la pièce se trouvait un corps, probablement celui d'un homme mais Harry n'aurait pu l'affirmer avec certitude tant celui-ci avait été mutilé et il eut un haut-le-cœur; près de lui, il entendit Derek étouffer un hoquet.

Les membres du malheureux étaient tordus, brisés et son visage n'était plus qu'un amas de chairs informes. Soudain, le bruit se reproduisit, venant d'un angle de la pièce, les faisant sursauter. Ils aperçurent alors, à demi tassé dans un coin, le corps d'une femme, probablement l'épouse de l'homme martyrisé. Ils se précipitèrent auprès d'elle; bien qu'elle ait été torturée de manière analogue, elle respirait encore faiblement et ils se hâtèrent de faire venir les secours, donnant des instructions pour qu'elle soit immédiatement transférée à Sainte-Mangouste. Elle pouvait encore être sauvée et serait peut-être capable de leur donner de plus amples informations…

Quand ils eurent fini d'inspecter les lieux et d'effacer toute trace, Harry donna le signal de repli à ses hommes, tandis qu'il restait en arrière avec le responsable du groupe d'Oubliators pour régler les derniers détails. Celui-ci se chargerait de faire enlever le véhicule du couple et de le transformer en épave; il contacterait ensuite les Moldus et ferait croire à un accident, chargeant leur police de prévenir la famille. Harry le salua et, s'apprêtant à transplaner, jeta un dernier regard à la demeure. Une plaque de cuivre boulonnée au poteau retint son regard et il fut soudain glacé d'horreur.

Sur le métal, gravés en élégantes lettres noires se détachaient les mots suivants: Cabinet dentaire – Orthodontie – Dr P. et M. Granger