SakuRing
Sakura fixa la cassette, haussant un sourcil.
Tout se passait par un après-midi d'été plutôt ennuyeux : Sakura n'avait rien de spécial à faire, Kélo s'étant enfuit par une fenêtre dans la matinée.
La cassette était recouverte d'une fine couche de poussière que la fillette balaya d'un revers de la main. Elle venait de la trouver au fond d'un placard, enfouie sous une tonne d'objets jetés là parce que devenus inutiles, semblant dormir depuis des temps immémoriaux dans l'attente d'être redécouverte par une âme pure dont la joie et la bonté sauraient lui redonner vie.
...C'était certainement la cassette de La Petite Sirène qu'elle n'arrêtait pas de chercher partout depuis un bon moment.
N'ayant rien d'autre à faire, elle inséra l'objet dans le magnétoscope.
...Bizarre. Elle ne se rappelait pas qu'il y ait une scène avec un puit, dans La Petite Sirène...
...Mouais. Rarement vu un film aussi ennuyant. Elle se dirigea vers la cuisine et se prépara un bon petit diabolo grenadine tandis que l'écran, imperturbable, affichait la phrase fatidique : Ceux qui auront regardé cette cassette mourront dans exactement une semaine à la même heure. (ou quelque chose comme ça)
Une semaine plus tard...
Sakura était prostrée dans un coin de sa chambre, des larmes glissant lentement sur ses joues roses, laissant sur sa peau de douloureuses traînées mouillées.
...Kélo n'était toujours pas reparu, et la fillette avait déjà réduit en miette toutes ses poupées, figurines, tout les petits animaux qu'elle avait pu trouver dans la maison et dans le jardin (rats, souris, oiseaux, vers de terre, mouches, poissons rouges, le chien des voisins...), un ou deux petits écoliers qui s'étaient aventurés un peu trop près de ce qu'ils appelaient la « maison de la méchante sorcière », un représentant de commerce, etc, etc...
Bref, elle s'ennuyait. Et quant elle s'ennuyait, elle souffrait. Pourquoi Kélo l'avait-il laissé tomber ainsi ? Il le savait, pourtant, qu'elle en souffrirait ! Ça ne se faisait pas, de faire souffrir les gens ! A croire qu'il aimait ça ! C'était incroyable, ce qu'il pouvait être méchant, par moment, quant même...
Elle en était là de ses réflexions personnelles lorsque la télé s'alluma.
Elle posa un regard placide encore gonflé de larmes de solitude sur l'écran.
...Tiens, le puit de la dernière fois...
Une silhouette blanche aux longs cheveux d'un noir luisant et mouillé qui lui voilaient totalement le visage s'en extirpa avec lenteur. Avec lenteur, d'une cadence effroyablement spectrale, elle se rapprochait de l'écran, un balancement spasmodique faisant ondoyer sa chevelure de jais de façon hypnotisante. Elle se rapprochait de plus en plus, le voile sombre et abyssal qui masquait son visage occupant à présent presque la totalité de la télévision.
Sakura haussa un sourcil.
Toujours aussi lentement, l'être fantomatique finit par s'extraire de l'écran, rampant à présent sur la moquette ornée de petits B « Barbie » de Sakura, ses doigts blanchâtres et à demi décomposés, dépourvus d'ongles, s'agrippant comme ils le pouvaient sur la rose surface. Elle se releva, macabre dans toute sa glorieuse terreur, et, faiblement visible entre deux mèches d'ébène, son œil exorbité se posa sur une Sakura qui affichait un gigantesque sourire de joie pure et simple.
Sadako se pétrifia. Elle n'aimait pas, mais alors pas du tout la façon qu'avait cette petite gamine de la regarder en lui souriant.
Le sourire de Sakura s'agrandit un peu plus, si c'était possible.
Enfin ! On venait lui rendre visite ! Elle allait pouvoir faire joujou avec sa nouvelle invitée !
Lentement, elle aussi, elle se leva, se frottant à l'avance les mains de satisfaction, un rire hystérique s'échappant doucement de ses lèvres entrouvertes.
Sadako se retourna, hésitante, fixant l'écran qu'elle regrettait sacrément d'avoir quitté, se retourna une nouvelle fois vers l'effrayante gamine, ce qui suffit pour la persuader de plonger sur la télévision sans perdre un instant de plus.
Hélas pour la pauvre morte-vivante, Sakura fut la plus rapide : elle se jeta sur elle et la plaqua au sol, l'empêchant de se relever.
Puis, dans les heures qui suivirent, la morbide jeune (?) femme dû subir les pires tortures qu'elle ait pu imaginer, et à côté desquelles les années qu'elle avait passé coincée dans son puit pouvaient vraiment apparaître comme de douces et reposantes vacances.
...De l'autre côté de la fenêtre, Kélo, frissonnant de frayeur à la vue de ce à quoi il avait échappé, observa les restes plus très vivants de la regrettée (?) Sadako, à laquelle il manquait déjà un bras ainsi que le pied gauche (Ben quoi ? Sakura faim.) et dont, horreur ! Sakura avait tressé les cheveux et les avaient attachés à l'aide d'une multitude de petits nœuds roses et pailletés.
Soupirant de soulagement, Kélo s'envola dans l'air frais de cette chaude journée d'été.
Mwéhéhé... Hem... Je me demande s'il ne faudrait pas que j'arrête de mettre cette drôle de substance dans mon café le matin, moi...
Merchiiiiii pour vos reviews ! Continuez, s'il-vû-plaît ! (Non, pas s'il-vû-plaît. Continuez tout court. C'est un ordre. Si vous voulez bien.)
