Auteur : Yami Flo

Genre : One Shot, Réflexions sur le personnage d'Alphonse, Légers spoilers (je dirais, aux alentours de l'épisode 34, ceux avec Greed ; ce doit être mon Homonculus préféré…), Spiritual.

Disclaimer : Fullmetal Alchemist et ses personnages ne sont pas à moi, mais à leur créateur d'origine. Je ne fais qu'emprunter ces derniers pour mon histoire, sans plus.

Immortel

Tous les hommes rêveraient d'être immortel. De ne pas mourir. De vivre pour toujours. C'est un rêve humain, c'est même le plus profond désir de l'humanité toute entière. Mais, il est un homme, non, un enfant, qui ne le désire pas. Alphonse Elric ne veut pas de l'immortalité. Pour lui, être éternel serait plutôt une malédiction.

Pourtant, en y réfléchissant, il est bel et bien immortel.

Alphonse Elric n'a plus de corps. Ce garçon d'à peine quatorze ans l'a perdu il y a bien longtemps, dans une tentative désespérée pour ramener, avec l'aide de son frère aîné, leur mère à la vie. Ils ont brisé l'interdit. Le châtimenta étéà la mesure du crime. Son frère, lui, a perdu un bras et une jambe. Lui, il a perdu ce qui faisait de lui un être humain, sauf une chose, la plus précieuse : son âme.

Et tant que l'âme existe, vous ne pouvez pas mourir. Il n'est rattaché au monde des vivants que par une armure et une marque de sang, le sang que son frère a versé pour le sauver.

Mais ce corps est une malédiction, car il abrite l'immortalité.

Une armure n'a pas besoin de dormir. Elle ne ressent pas du tout la fatigue. Alphonse n'a pas connu l'étreinte du sommeil depuis qu'il a perdu son véritable corps. Il en est triste, parfois. Pour un enfant, les nuits peuvent paraître bien longue lorsque vous êtes seul pour les vivre. Et personne ne le sait. Même pas son frère. Ce dernier a suffisamment de soucis, et Alphonse préfère ne pas en ajouter d'autres.

Une armure ne peut ressentir la faim, la soif ; il ne mourra jamais de malnutrition. Une armure ne peut pas ressentir non plus la douleur ; les balles d'une arme à feu ricochent sur elle, les lames d'épées peuvent l'entamer, la transpercer, mais si elles ne touchent pas la marque, elles sont inutiles. Alphonse Elric a peu de chances de mourir de mort violente.

Une armure n'a pas le sens du toucher. L'acide, le feu, il ne peut pas les ressentir. Il ne souffrira jamais physiquement. Mais il ne peut pas sentir le vent souffler sur son visage, et il ne peut pas non plus goûter aux joies de l'eau sur son corps. Et l'eau est son ennemi mortel ; l'eau peut le détruire en détruisant la marque. Il ne peut plus nager, maintenant.

Il peut toucher des choses, bien sur ; il peut soulever de lourdes charges, il peut caresser le dos d'un chat, il peut ébouriffer les cheveux de son frère, certes. Mais une coquille de métal ne peut pas rendre les sensations d'une main humaine.

L'immortalité dont il bénéficie a un prix terrible. Il n'est plus vraiment humain.

Et Alphonse ne comprend pas quand les gens veulent connaître de lui le secret derrière l'armure vivante qu'il est devenu, le secret de la vie éternelle. Cette vie qui est devenue la sienne, cette demie vie, il ne la souhaiterait à personne, même pas à son pire ennemi, pas même au pire des monstres.

Son seul désir serait de redevenir normal, de retrouver son corps d'enfant. Il le veut plus que tout, comme il souhaite que son frère récupère ses propres membres. Il fera tout pour cela. Il ira jusqu'au bout, quelque en soit le prix. Même si cela pourrait signifier sa mort.

Alphonse Elric est l'accomplissement d'un rêve. Il est immortel.

Immortel ? Peut-être. Mais, dans le fond, il a déjà un pied dans la tombe.