4. Dans lequel Severus est arrogant

NdA : je dois avouer que j'ai tracé les grandes lignes de l'opération Santa sur les bases suivantes :

C'est écrit depuis le point de vue de Severus et ça ne l'intéresse pas plus que ça.

De toute façon ce n'est pas très intéressant.

C'est un secret, et le Père Noël se fâchera si je vous le dis.

Je n'en ai pas la moindre idée, Hermione n'a rien voulu me dire non plus.

Si c'est pour ça que vous continuiez à lire cette histoire, je suis désolée de vous décevoir.

Si par contre vous cherchez des sacarsmes à un niveau quasi-toxique, quelques étreintes, du vocabulaire choisi, et vous voulez apercevoir Papy Lulu en robe de chambre, vous serez servis.

Le Severus Rogue qui se réveilla le lendemain matin était un Severus Rogue heureux. Il avait repris le dessus, comme il se devait, et il avait la situation sous contrôle.

Il resta étendu sur son lit, bien au chaud et content, regardant le plafond. Il y avait un certain nombre de choses qu'il devait régler avant que Miss Granger n'arrive à l'heure du déjeuner pour prendre en charge l'Opération Santa. Un copieux petit-déjeuner et un long séjour dans un bain chaud étaient les premiers sur sa liste. Il prévoyait un récurage méticuleux de tous les endroits qui risqueraient d'être exposés à la vue ce soir, afin d'être sûr qu'ils seraient suffisamment propres pour passer l'inspection. L'attention aux détails de Miss Granger était bien connue, alors pas question de lésiner.

Pas qu'il soit présomptueux, mais il avait bon espoir, et il valait toujours mieux être préparé.

Il fallait aussi qu'il trouve un costume à lui faire porter dans leurs pérégrinations de la soirée. Elle serait un Petit Lutin du Père Noël, et il fallait qu'elle soit vêtue comme telle : des robes de sorcière ne pourraient pas faire l'affaire.

Le costume de Sybill lui avait en quelque sorte ouvert les yeux sur les possibilités et les artifices féminins au delà des robes qui tombaient jusqu'au sol. Il avait un vague souvenir d'avoir été forcé par Albus à faire des courses de Noël chez les moldus une année, et il se souvenait de quelque chose à propos de la grotte du Père Noël. Il se souvenait avoir gloussé aux idées que les moldus se faisaient sur les Elfes, et avoir pensé qu'aucun elfes doté d'un peu de bon sens ne s'habillerait comme ça.

Cependant, il ne pouvait nier que l'idée avait du mérite, et que dans un monde multiculturel, il était important que chacun respecte les traditions de ses voisins. Puisque la plupart des enfants à qui il allait distribuer des cadeaux ce soir étaient moldus, ce n'était que pure justice qu'Hermione doive se vêtir de façon étriquée, euh, convenable. Elle n'aimerait pas ça, pas du tout, ce qui ajoutait à l'affaire l'attrait de la convaincre de le porter.

On peut faire sortir un garçon de Serpentard, mais on ne peut pas faire sortir Serpentard de lui.

Pourquoi même essayer ?

Il s'extirpa de son lit, et se dirigea vers la salle de bains, pour s'en faire couler un. Il regarda dans le miroir et eut un mouvement de recul. Le stress des derniers jours avait prélevé son dû, et il avait des ombres noires sous les yeux. Il avait besoin de se raser, et ses cheveux avaient définitivement besoin d'être lavés.

Une bouteille d'huile de bain au bois de santal accrocha son regard. Minerva la lui avait offerte pour le Noël précédent, et il n'y avait jamais touché. D'après l'étiquette, ça lui garantirait une peau douce, souple et agréable à toucher, ce qui ne pouvait qu'être bon. Il retira le bouchon et sentit doucement – pas si mal – et en versa dans l'eau qui coulait.

Il n'avait pas réalisé que ça produirait tant de bulles. Il avait toujours considéré que les bulles faisaient efféminé, et que ça faisait ressembler un type à un gland. Mais encore une fois, c'était avant d'avoir dû essayer le costume de Père Noël, et d'avoir réalisé ce que signifiant vraiment avoir l'air d'un gland. Rien ne pouvait se comparer à ça.

Il se glissa avec précaution dans l'eau, et fut surpris de constater que d'être assis dans un bain mousseux et parfumé était loin d'être désagréable. Son imagination lui suggéra rapidement que de partager ce bain avec quelqu'un serait encore mieux, et il visualisa le visage d'Hermione en face de lui, en train de lui lancer facétieusement un peu de mousse.

Oh, ouiiiiiiii, Miss Granger, pensa t'il, ajoutant le bain à sa liste déjà impressionnante de choses à faire.

Une fois ses ablutions terminées, il se sentit immensément mieux, et ça se voyait. Il était propre et rose et récuré et sa peau était en effet douce et agréable au toucher, ses cheveux étaient propres, ses dents étincelaient, et, même s'il avait toujours des ombres noires sous les yeux, il espérait qu'elles lui attireraient la compassion d'Hermione et que celle-ci l'autoriserait à reposer sa tête sur sa poitrine pour y trouver du réconfort.

Ca ne lui prit pas longtemps de décider ce qu'il allait se mettre, il avait le choix entre une robe noire, une robe noire et ohhhh, une robe noire. Et puis il y avait sa Meilleure Robe de Cérémonie pour les fois où il avait de la Compagnie, et son plus beau Pyjama, dont il espérait ne pas avoir besoin. Il avait demandé aux Elfes de changer ses draps, et de lui trouver un autre couvre-lit, et les lieux étaient prêts. Tout cela évoquait un homme du monde, sophistiqué, raffiné, et peut-être un peu décadent.

Impression qui serait détruite à l'instant même où elle le verrait dans Ce Costume.

Non, elle ne serait pas détruite, elle serait sublimée. Parce que, bien sûr, parce que la raison pour laquelle il avait l'air d'un gland dans ce costume était parce qu'il n'avait rien d'un Père Noël, trop joyeux, et que sa Roguité transparaissait malgré tout. Alors, en regardant la question sous le bon angle, c'était le costume qui avait l'air con, et pas lui, et le contraste le rendait encore plus Rogue.

Ce n'était pas très convainquant, mais il n'avait pas mieux pour le moment.

Maintenant, un bon petit déjeuner, et il irait s'occuper de la dernière épine qui lui restait dans le pied : Rudolf. Il n'allait pas risquer sa vie et grimper dans un traîneau tiré par un renne ivre. Pas quand il y avait une possibilité de Romance dans l'air.

Oh oh, encore une chose à ajouter à sa liste.

Rudolf n'était pas beau à voir. Manifestement il souffrait beaucoup et endurait l'agonie d'un damné. Il tremblait, ses yeux étaient injectés de sang, et il tenait à peine debout. De temps à autre, il laissait échapper une longue plainte, qu'après trois ou quatre reprises on pouvait reconnaître pour 'à boire'.

Une personne méfiante, ou, ce qui revenait au même, une personne qui connaissait Rogue depuis plus de dix minutes ne se serait pas fiée à l'expression de sollicitude qu'arborait Severus. Rudolf espérait qu'une expression compatissante mettrait un terme à ses souffrances.

Severus avait toute intention de mettre un terme à ses souffrances.

La seule chose qui empêcha Rudolf de subir un regrettable accident aux effets permanents fut la clause dans le contrat qui interdisait de faire le moindre mal aux rennes. Heureusement, le 'mal' ne prenait pas en compte le fait de saisir Rudolf par de nez et de lui verser dans la gorge une potion nauséabonde, qui ne lui laissait pas d'autre chois que de l'avaler ou de s'étouffer avec. Après tout, c'était pour son bien.

Rudolf finit par se libérer, et par cracher les restes de la potion par terre. « Qu'est-ce que c'était ? » cria t'il. « C'était horrible. »

Severus eut un sourire qui aurait même rendu Lucius nerveux. « Une Potion de Sobriété. Je viens de te guérir de ton petit problème de boisson. Définitivement. Tu n'auras plus jamais envie de boire. Si jamais tu essaye, ça te rendra malade, très malade. Pire que ce que tu ressens en ce moment. »

Rudolf le dévisageait avec une horreur muette.

« Pas la peine de me remercier, » lui dit Severus, continuant à sourire.

« Bâtard. Bâtard. Putain de Bâtard. La boisson était ma seule amie, ma béquille, mon support dans les heures sombres, et maintenant tu m'en prives. Bâtard. »

« Je peux t'assurer que mes parents étaient mariés quand ils m'ont conçu. » Severus fit un pas vers Rudolf, pour mieux le menacer. « Maintenant, mettons les choses au clair. Tu vas tirer ce traîneau ce soir, et tu sera sobre, et tu feras les choses bien, parce que sinon tu auras plus de problèmes que tu ne peux l'imaginer. »

Severus s'était rendu compte que les menaces vagues étaient souvent plus efficaces que les menaces précises. La personne menacée était toujours tellement mieux placée pour imaginer toutes les choses horribles qui pouvaient lui arriver que celle qui proférait les menaces, et ça gagnait du temps et de l'énergie. Quoi que Rudolf ait eu en tête, son visage trahissait que c'était absolument horrible.

« Tu es un bâtard, » répéta Rudolf. « Tu sais pas ce que c'est d'être célèbre. Pense au stress que c'est de savoir qu'il faut faire le spectacle, et que le vieux barbu compte sur toi et sur toi seul pour que les cadeaux soient livrés. »

« Je sais exactement ce que c'est, » siffla Severus. « Sauf que je n'ai pas droit au bonus de la célébrité. Tout ce que j'ai eu, c'est le travail harassant et la responsabilité de m'assurer que Potter finisse se septième année entier, malgré ses tendances suicidaires. Regarde toi, tu es la honte des rennes. Arrête de pleurnicher sur le prix de la célébrité et commence à profiter de ses avantages. »

« Quels avantages ? » le rembarra Rudolf. « Coincé au Pole Nord 364 jours par an, ce n'est pas l'idée que je me fais d'un avantage. »

« Tu ne travailles qu'un seul jour par an. Il y a des gens qui tueraient pour ce genre d'emploi du temps. Ca te laisse tout le temps pour faire ce que tu veux et non pas ce que les autres veulent.»

« Par exemple ? » demanda pensivement Rudolf.

« Tu as sept femelles bloquées avec toi, pour commencer. Tu dois te souvenir de ce que tu es supposé faire avec elles. Tu pourrais écrire tes mémoires ? Tu les appellerais 'Nez-Rouge : mon enfer de la boisson', ce genre de chose se vend toujours bien. Et puis il y a les attributions de toute célébrité. Quel vernis tu utilises pour tes bois, quelle brosse pour ton poil, qu'est-ce que tu manges, qu'est-ce que tu lis… L'horizon est ta seule limite. »

« Ce n'est pas une mauvaise idée, » dit Rudolf. « Il y a définitivement des possibilités. »

Severus laissa le renne en profonde réflexion quant à son futur, et se mit en quête d'une tasse de thé bien chaud. Il faisait un froid de canard ici, des charmes de réchauffement s'imposeraient s'il voulait récupérer l'usage de certaines extrémités.

Miss Granger paraissait en avoir fini avec les récriminations quand elle fit son apparition à Poudlard, même si en aucun cas elle n'était satisfaite. Severus était allé l'attendre au point d'Apparition, par simple politesse, et avait offert de léviter ses bagages jusqu'au château pour elle, comme tout sorcier bien élevé l'aurait fait.

« J'ai amené de quoi passer la nuit ici, » dit-elle. « Je ne crois pas que j'aurai la force de voyager ce soir. Ca ne pose pas de problème, n'est-ce pas ? Je trouverai bien un endroit où me reposer un peu ? »

« Je suis sûr que nous pourrons vous trouver un endroit approprié, » répondit-il. Mon lit, par exemple. Et le canapé, le tapis, le bureau… « J'avais pensé que vous resteriez pour le repas de Noël. C'est le moins que je puisse faire pour votre aide, à moins que vous n'ayez d'autres engagements ? »

« Pas vraiment. Mes parents sont en croisière autour du monde pour leur seconde lune de miel, alors c'est Poudlard ou le Terrier. J'aime beaucoup les Weasley, mais ils sont tellement nombreux que ça devient un peu étouffant après un moment. Je peux toujours passer leur dire bonjour plus tard dans la journée. »

« C'es arrangé, alors. Mais il faut que je vous prévienne que les fêtes du personnel de Poudlard peuvent être assez échevelées. Il arrive qu'on joue aux charades. »

Hermione sourit. « Je crois que je suis de taille. »

« C'est parce que vous n'avez jamais joué aux charades de sorcier contre Minerva. Elle est vicieuse. »

« J'ai entendu, » dit Minerva qui les attendait à la porte. « Et même s'il dit vrai, c'est un peu l'Hôpital qui se moque de la Charité. Mais je ne m'en ferais pas trop, ma chère, je suis sûre qu'il se comportera en gentleman avec vous, n'est-ce pas Severus ? »

La Legilimancie n'était rien comparé à la capacité de toute sorcière à lire les hommes à livre ouvert. Severus n'aima pas l'impression qu'on lisait dans son esprit, et pria ardemment que l'Occlumancie fonctionne contre les yeux pénétrants de Minerva.

Et qu'elle se taise avant de ruiner toutes ses chances.

« J'espère que non, » répondit Hermione. « Je ne reconnaîtrais pas le Professeur Rogue s'il se conduisait bien. J'aurais peur qu'il soit un imposteur, ou qu'il nous couve quelque chose. »

« Severus, soyez un ange, et occupez vous des bagages d'Hermione, qu'on ait l'occasion de bavarder un peu dans votre dos, » demanda Minerva, prenant le bras d'Hermione pour l'emmener déjeuner. « Nous ne mangeons pas dans le grand hall en dehors des périodes de cours. Il n'y aurait aucune raison de le faire, et il y fait bien trop froid. Alors aujourd'hui nous mangerons dans la salle des Professeurs. Les Elfes y ont installé des tables, et ils ont même fait une tentative de décoration. Albus serait très déçu : c'est du meilleur goût. »

L'un des points positifs dans le fait d'essayer de séduire une de vos anciennes élèves c'est qu'elle sait déjà à quoi vous ressemblez, et rien de ce que racontait Minerva ne risquait de faire le moindre mal. Ca ne servait à rien de révéler qu'il était quelque peu irritable, mais qu'il avait un bon fond, à quelqu'un qui l'avait vu écumer de rage.

Le pire qu'elle pouvait lui faire était de ressortie ses photos d'étudiant. Elles donnaient une impression générale de robe noire, d'une masse de cheveux noirs, et d'un long nez qui en dépassait. Elles n'étaient pas flatteuses, mais elles n'étaient pas non plus si éloignées de son apparence actuelle. Ce n'était pas comme s'il y portait un robe rose. (Ces photos-là avaient été détruites, il y avait personnellement veillé, et depuis il avait pris l'habitude de vérifier qu'on n'avait rien ajouté dans son verre avant de boire.)

Severus convoqua un Elfe de Maison. « Miss Granger va passer la nuit ici. Elle va avoir besoin d'une chambre aussi proche que possible de mes quartiers. »

« Oui, votre Professorité. Sprotty se demande ce que fait Miss Granger ici. »

« Sprotty se demande ? » demanda mielleusement Severus.

« Sprotty se demande, monsieur, et Spigott se demande. On se demande tous les deux ce qu'elle fait ici. »

« Eh bien, ce ne sont pas vos oignons, » dit-il sèchement.

« Spigott dit que ça le concerne. Spigott rappelle au professeur qu'il a promis. »

« Tout ce que Spigott a besoin de savoir, c'est que Miss Granger quitte le Département des Affaires Elfiques à la nouvelle année, et qu'elle ne causera plus de problèmes aux Elfes. Alors il ferait mieux de tenir sa part du marché. »

Sprotty fronça le nez, et, apparemment apaisé, disparut avec les bagages.

Il ne savait pas de quoi Hermione et Minerva discutaient avant qu'il n'entre dans la salle des Professeurs, et il ne se risqua pas à demander. Quoi que ça ait été, elles avaient dû trouver le sujet amusant, parce que Minerva donna un coup de coude dans les côtes d'Hermione en lui disant 'chut !' ; avant de l'accueillir d'une voix trop forte.

« Tout est réglé, alors, » dit-elle d'un ton délibérément joyeux. « Bien. »

Severus s'assit et se servit une assiette de soupe. « Sprotty prépare quelque chose pour vous, même si je doute qu'on ne dorme beaucoup ce soir. Il y a bien trop à faire. »

Hermine fit un son irrité. « Je pense en fait qu'à minuit on aura fini le plus gros. Si on envoie les Elfes aux points-clé du pays par des portoloins, et qu'on utilise une combinaison de sorts de translocation en temps différé, couplé avec des sorts d'invisibilité, les cadeaux pourront être distribués tôt. Autrement, il faudra qu'on arrête le temps pendant quelques heures, et les charmes pour ça sont un peu alambiqués, et je n'ai pas pu vérifier qu'ils fonctionnaient. C'est vraiment dommage, ça fait longtemps que je voulais les essayer. »

« Alors vous n'aurez pas besoin d'utiliser le traîneau du tout ? » demanda Minerva. « C'est le plus sage, si vous voulez mon avis. Le leader des rennes ne me semble pas très fiable. »

« Non, en fait, en associant les sorts de translocation avec … » commença Hermione.

« Euh, en fait, nous allons devoir utiliser le traîneau, » interrompit Severus. « Parce que j'ai en quelque sorte promis que le Père Noël viendrait personnellement rendre visite à une petite fille. En fait, ce n'est pas tellement une promesse que j'ai faite, mais plutôt une qui m'a été extorquée à coups de baguette. »

« Lucius ? » demanda Hermione, fidèle à sa réputation d'intelligence. Elle haussa les épaules. « Vous pourrez vous occuper de ça pendant que je m'occupe du reste. Si on se répartit les tâches comme ça, ce sera plus efficace. »

Dans tes rêves, pensa Severus. Il n'allait pas voir tous ses efforts pour attirer une innocente jeune fille dans ses filets diaboliques sacrifiés sur l'autel de l'efficacité. « Je vois ce que vous voulez dire, » dit-il, « mais Lucius a été très clair dans ses instructions. Il veut à la fois le Père Noël et l'un de ses petits Lutins dans la chambre de Chloé à minuit. Et je ne peux pas emmener un Elfe de Maison. Elle en a déjà vu auparavant. Non, ce qu'il me faut, c'est un humain déguisé en Elfe. »

Hermione soupira. « Et je suppose que vous voulez que je me porte volontaire pour ça aussi ? »

Severus acquiesça. Il décida de ne pas soulever le sujet du costume tout de suite. Il en parlerait plus tard, quand Hermione serait plus gouvernable à cause de la fatigue. Le timing était la clé en la matière.

« Je ne savais pas que vous vous étiez portée volontaire pour aider Severus, » questionna Minerva.

« Je ne l'ai pas fait, » dit Hermione amèrement. « J'ai été attirée dans un piège. J'espère seulement que c'était la dernière de ses petites surprises. »

Severus se contenta de sourire, et de continuer à manger sa soupe.

Une fois le déjeuner fini, Hermione demanda à voir la Liste des Cadeaux. « A partir de maintenant, il n'y a plus de marge d'erreur, si je dois être au Manoir des Malefoy à minuit, alors je ferai mieux de m'y mettre. »

« Tout est rassemblé dans l'un des donjons vacants. Il y fait un peu froid, j'en ai peur, mais il fait froid dans tout le château, alors… »

Ca ne leur prit pas longtemps d'arriver au donjon, et il y faisait aussi froid que Severus l'avait prédit. Ses charmes de réchauffement, rapidement jetés, semblaient ne faire que peu de différence contre le froid mordant.

Hermione fut impressionnée par la hotte du Père Noël. « Ca, c'est un tour de magie impressionnant, réussir à rassembler tous ces cadeaux dans un si petit volume. Une variante du charme de Schrödinger, je suppose. Tous les cadeaux de la hotte son conservé dans un état d'incertitude quant à leur existence, et ils ne deviennent réels que quand on les cherche. Très malin. »

« Voici la Liste des Enfants Sages. Elle ne me semble pas très fiable, mais je n'ai pas le droit de rayer des noms même si je sais que l'enfant en question se conduit mal avec ses professeurs. » Severus était déterminé à toucher deux mots aux représentants du Père Noël à ce sujet, afin de suggérer que les professeurs prennent une part plus active à la rédaction de cette liste dans l'avenir. Cela pourrait révolutionner l'éducation des enfants, une fois que cette information se répandrait, la menace de ne pas recevoir de cadeaux s'ils se conduisaient mal pourrait faire des merveilles auprès des plus jeunes élèves.

« Oh, bien, c'est un simple charme de référencement, » dit-elle, une fois qu'elle eut pris connaissance de la liste. « Ca va nous faciliter la tâche. Tout ce dont j'ai besoin, c'est de quelques heures de paix et de tranquillité pour mettre de l'ordre dans tout ça. Quelques unes des références croisées risquent de me donner du mal, mais je crois que c'est jouable. Et j'aurai besoin des Elfes de Maison vers cinq heures. Si je les envoie en relais, on devrait avoir fini vers dix heures. »

« Ce qui nous donnerait le temps d'avaler un morceau avant de décoller. J'ai pensé qu'en partant vers onze heures, on devrait arriver parfaitement dans les temps. »

Hermione se contenta de hocher la tête, son esprit concentré sur la tâche qui l'attendait, et Severus se glissa hors de la pièce pour la laisser se concentrer.

Quand il revint, juste avant dix heures, il y avait une file ordonnée d'Elfes de Maison qui s'étendait hors de la pièce. Ils avaient l'air épuisés, pour des Elfes. Hermione n'avait pas l'air en meilleure forme : sa voix était rauque à force de donner des ordres, et ses mains tremblaient d'avoir jeté tant de sorts en si peu de temps.

Severus ressentit un élan de culpabilité concernant la quantité de travail qu'il lui avait déléguée, et un soulagement incroyable à l'idée de ne pas avoir eu à le faire lui même.

« Presque fini, » croassa t'elle. « Plus que dix rotations, et je pourrais m'accorder une bonne tasse de thé. »

« Si je peux donner mon opinion, il vous faudrait plutôt un bon cognac relevé de schnaps et de potion au poivre, » lui fit-il remarquer.

« Oh, mon dieu oui, c'est plutôt ça. » Un Elfe de Maison entra dans la pièce à contrecœur, et attendit les ordres. « Bien, Freemy. Tu va à Manchester. Tu connais le topo maintenant. Tu te rends à ta destination par un portoloin, tu ouvres le sac, tu récites l'incantation, puis tu reviens confirmer que tout s'est bien passé. C'est ton dernier tour de la soirée, alors merci pour ce bon travail. »

Severus choisit un Elfe au hasard et l'envoya chercher le thé, le cognac et la potion au poivre. Il lui fut pathétiquement reconnaissant de se voir épargner un autre voyage, et revint en deux temps trois mouvements avec les objets requis, puis il disparut encore plus vite.

Il n'aurait pas dû s'inquiéter, le tout dernier Elfe venait de partir, l'Opération Santa était terminée.

Tout ce qui restait était l'Opération Lucius, puis, après un repos bien mérité, l'Opération Hermione et Severus qui, il l'espérait, les occuperait extrêmement longtemps.

Le thé requinqua notablement Hermione, et le brandy assaisonné de potion au poivre, qu'elle avala en trois gorgées, acheva de la remettre sur pied. « Beurk, » dit-elle, de la fumée lui sortant des oreilles. « C'est dégoûtant. Pourquoi est-ce que les potions ont toujours si mauvais goût ? »

« La réponse simple est que le sucre réagit mal avec la plupart des ingrédients, » répondit-il. « Mais la vérité, c'est que j'aime les grimaces de souffrance que font les gens en les avalant. »

« Je peux croire ça. »

« Je vous ai aussi fait apporter une assiette de ragoût et des tartines. J'ai pensé que vous apprécieriez un peu de lest avant le vol. »

« Vous me sauvez la vie. Je retire tout le mal que j'ai pu dire de vous cet après-midi. C'est exactement ce dont j'ai besoin. » Hermione libéra un espace sur le coin du bureau, et commença à manger avec l'appétit de quelqu'un qui n'a rien avalé depuis deux jours. En moins de cinq minutes, elle avait fini son assiette et il ne lui fallut que deux minutes pour la nettoyer avec son pain frais. Elle eut un rôt discret et bredouilla 'pardon'.

Severus aimait voir une femme apprécier la nourriture. C'était un signe de sa détermination à profiter des bonnes choses de la vie, qui était de bon augure concernant d'autres plaisirs. Aucune de ces femmes qui chipotaient dans leur assiette ne ferait l'amour le matin au réveil parce qu'elle serait trop occupée à se maquiller, ou à se demander s'il elle n'allait pas être vue sous un angle peu flatteur, pour se laisser aller. Quelqu'un qui attaquait ses repas de bon appétit aurait tout autant d'appétit pour sauter sur son petit ami au débotté.

L'opportunité de tester cette théorie devrait attendre un moment plus propice, cependant. Il regarda sa montre à gousset. « Je suis désolé d'avoir à vous presser, mais il est bientôt dix heures et demie, et je pense qu'il est temps d'aller enfiler nos costumes. Le votre est sur votre lit, et Sprotty va vous montrer le chemin. On se retrouve devant l'entrée principale dans disons, vingt minutes ? Ca devrait être assez. »

« D'accord, très bien, » approuva Hermione en se levant. Elle chancela légèrement. Severus tendit la main pour l'aider à se stabiliser, et elle rougit un peu. « Merci. »

Hermione suivit Sprotty, et Severus aurait aimé être une petite souris pour pouvoir voir sa tête à la vue de son costume. Il pourrait probablement entendre ses hurlements outragés d'ici. Mais toute tendance à sourire à l'idée du costume d'Hermione était battue en brèche à l'idée du costume qu'il porterait, lui.

Enfin, à la guerre comme à la guerre.


Ndt : j'ai librement traduit « pepper-up potion » par « potion au poivre ». Je ne crois pas qu'il existe de traduction officielle pour cette potion. (c'est celle qui est distribuée après la deuxième tâche dans Harry Potter et la Coupe de Feu, et qui fait sortir de la vapeur par les oreilles.)