Chapitre 4

-Mère?
Je dors depuis combien de temps?
-Mère!
Mon fils est au dessus de moi, une mèche de cheveux blond rebelle s'échappant de sa coiffure si stricte, ses yeux gris-ciel d'orage remplis d'inquiétude. Un ange taillé dans de la glace.
-Draco...
Je me suis retenue de justesse de dire Lucius. Mais il y a ce petit quelque chose... Cette lueur d'inquiétude dans les yeux de mon fils... Lucius, lui, m'aurait regardé du haut de son mépris et de sa splendeur, sans même prononcer un mot.
-Mère...
Mon bébé, mon tout petit garçon vient se blottir dans mes bras, des larmes coulant sur son visage trop vite façonner, trop vite grandi.
-Draco... Chut, mon petit d'homme, chut...
Petit d'homme... C'est le surnom que j'avais le droit de lui octroyer avant ses six ans, l'âge où son père a décidé de "reprendre son éducation en main".
-J'ai cru que t'étais morte.
-Oh mon chéri...!
Ses paroles m'enfoncent un couteau dans mon coeur. Dire que j'ai pu pensé l'abandonner... Mais je n'ai pas le droit, n'est-ce pas?

Draco essuye ses larmes, se relève et regarde par la fenêtre, se réapropriant son masque de dégout pour tous ce qui ne possède pas plus de 1 000 000 de gallions dans son coffre à Gringott. C'est alors que j'apperçois Severus, un peu en retrait, comme s'excusant d'avoir eu l'audace de venir me voir.
-Tu vas bien?
-Hé! Ce serait plutôt à moi de te poser la question, non?
-Non.
Tes yeux qui sont un puit de haine pour certain, sont pour moi la plus douce des lumière. Dieu que tu m'as manqué! Mais ça je ne le dit pas. Qu'importe, puisqu'il le sait? Et il sourit, Severus, du plus beau sourire qu'il existe.
-Allez, raconte moi!
-Que veux-tu savoir?
-Tout!
-Je vais me promener dans les couloirs, dit mon fils, et avant que j'ai pu faire un geste il quitte déjà la pièce.
-Ne t'inquiète pas. Il fait ça pour je puisse te dire toute les horreurs que je veux sur les élèves, y comprit ceux de sa maison, sans qu'il soit tenté de les répèter.
Je suis moyennement convaincue, mais je me tais.
-Alors? Quelle sont ces horreurs sur les élèves?
-Je vis un enfer, tu ne peux pas savoir! Entre Longdubat avec qui on risque à chaque instant de se faire exploser un chaudron à la figure, et Miss Granger à qui sait tellement tout qu'on se sent parfaitement inutile...
Il pousse un soupir exagérer, faux martyr, et cela me fait rire.

Rire... Cela faisait combien de temps que je n'avais pas ri?

-Et a la maison?
-Oh, tu sais, Lucas est toujours impossible, et rien ne le changera je crois!
-Moui... De vous deux, le plus à plaindre, c'est quand même lui!
-Comment ça?
Lucas, c'est le petit ami de Severus. Il travaille pour le magasin "fleury et botts". C'est comme ça qu'il se sont rencontré, il y a vingt ans.

flash back

-Oh, regarde, Sev', "comment le séduire en dix potions", ça pourrait être utile...
-Arrête de dire n'importe quoi! Et puis, arrête de m'appeller Sev', c'est affreux!
-Moi je trouve que ça te va divinement bien...
Je me ramasse un regard plus noir que du charbon. Il fait peur, parfois!
-Pourrais-je vous aider?
L'employé qui a demandé ça doit être à peine plus âgé que nous et est, ma foi, assez mignon. Des cheveux brun en bataille, des yeux noisette malicieux et une petite fossette absolument adorable. Et il regarde Severus comme si celui-ci était un gâteau à la crème qu'il allait dévorer. Je glousse toute seule. Rien que le fait d'imaginer Severus en gâteau...
-Ne faites pas attention à elle, elle a l'air idiote, comme ça, mais quand on la connaît c'est une très gentille fille.
-Hé!
Mon meilleur ami se prend un coup de coude et grimace. Le vendeur, lui, à l'air de le trouver de plus en plus à son goût.
-Je cherche "l'Histoire des potions de l'Antiquité jusqu'à aujourd'hui."
-Oh, je vois... C'est pour Poudlard?
-Non! Nous sommes sortis l'année passé!
Le pauvre est vexé comme un poux. Lui qui s'est toujours vanté de sa maturité exceptionnelle! Il ne remarque même pas que c'était un piège pour deviner son âge... Ce type a beau être l'élève le plus brillant que Poudlard n'ai jamais eu doublé d'un dieu pour la danse, on ne peut pas dire qu'en amour il soit très perspicace. D'ailleurs, je ne l'ai jamais vu avec quelqu'un... Je sais juste qu'il préfère les garçons... Mais en milieu sorcier, cela ne pose pas de problème. Je soupçonne même mon père d'avoir des relations très peu orthodoxe avec son meilleur ami, le Sir Lockhom.

-Excusez-moi, je ne voulais pas vous froisser.
Toujours ce sourire. Mais qu'attend Severus?! Moi, j'ai un type comme ça devant moi, je n'en fais qu'une bouchée!
-Vous avez fait un accio?
-Bien sûr! Nous ne sommes pas idiots!
Mais quel crétin! ça le tuerait d'être aimable, une fois dans sa vie?
-Dans ce cas, il doit être en réserve. Attendez moi un instant.

-Severus!
-Narcissa?
-Comment tu le trouves?
-Qui?
-Le vendeur!
-Oh, je t'en prie, Cissa, je n'en sais rien! Si tu crois que je dévisage chaque garçon que je croise...
-Non, mais lui! Tu as vu comment il te regarde?
-Tu dois te faire des idées.
-Je ne crois pas, non.
-Regarde moi! Qui pourrait s'interesser à moi?
Il a dit ça d'un ton qui se voulait dur et qui n'est que triste.
-Severus... Moi, je te trouve très beau.
-C'est ça, oui. Tout le monde sait que je suis un canon.
Il attrappe le premier livre qui lui passe sous la main pour se donner contenance. Pourtant, c'est vrai. A mes yeux il est très beau. Et aux yeux du vendeur aussi, j'en suis persuadé.

-Voilà!
Le vendeur revient, brandissant tel un trophée "L'histoire des potions de l'antiquités jusqu'à aujourd'hui." En le donnant à Severus il lui frôle la main, comme par hasard. Mon meilleur ami rougit légèrement,remet une mèche de ses cheveux noir derrière son oreille, semblant extremement mal à l'aise. Dire que si je ne lui avais rien dit...
-Je vais aller payer...
-Mais c'est moi qui tient la caisse!
Le vendeur à l'air fier comme un coq. ça y est, je me remets à pouffer, me récoltant un énième regard noir de la part de Severus.

-un galion et cinq noise, s'il vous plait.
-Tenez.
-Merci!
Severus s'apprête à s'en aller quand il est rattrappé pas le vendeur.
-Vous vous appellez comment?
-Je... Mais... Heu...
Visiblement, il ne trouve aucun moyen de tenir son identité secrète.
-Snape. Severus Snape.
-Oh, c'est chouette comme nom! ça vous va bien. Moi c'est Lucas. Mon adresse de cheminette, au cas ou...
Et il lui glisse un papier dans la paume.

Je dois guider Severus jusqu'à la sortie, tellement il semble abasourdis.
-Je...Lui...Il a dit...Et moi...
-Oui, Severus, tu viens de te faire draguer.
-Mais...
-Il n'y a pas de mais! Appelle le demain soir... Invite le au restau, ou je sais pas moi!
-ça doit être un canular.
-N'importe quoi! Tu n'as pas remarqué comment il te regardait?
-Non.
-Severus...
-N'insiste pas, je n'ai aucunement l'intention de revoir ce type.
Ce qu'il peut-être borné!
-Comme tu veux.
Le reste du trajet se fait dans un silence religieux.

-Narcissa?
Je lève les yeux de mon bouquin. Je suis chez Severus, qui prépare je ne sais quel potion bizarre dans sa chambre. Enfin qui préparait. Présentement, il se trouve devant moi, embarassé.
-Oui?
-Eh bien... Tu sais, j'ai revu Lucas... Le type de chez Fleury et Botts...
-Oui oui, je vois qui c'est.
Je dois avoir les joues rouge d'excitation.
-Il se pourrait que... Je dois le revoir tout à l'heure et...
-Vous vous êtes embrassé?
-ça ne te regarde pas!
Sous mon regard inquisiteur, le pauvre chéri est complétement perdu et ne peux s'empêcher de quand même ajouter:
-Non... Mais... Il est...
-Il est...?
-Je crois que je suis amoureux.
Les yeux noirs de Severus sont plongés dans les miens.

fin du flash-back

Lucas et Severus ne se sont plus jamais quittés. Malgré le procès de Severus, malgré son obligation de rester enseigner à Poudlard... Je les envie. Je les envie tellement! Pour leur amour banal, au fond. Un amour tranquille, qui coule comme un fleuve régulier. Ni grande scène mélodramatique, ni passion enflammée. Mais ils peuvent compter l'un sur l'autre.

On a parlé longuement, Severus et moi. Surtout de lui. Il m'a raconté Poudlard, les élèves, les autres professeurs,... Ça m'a changer les idées. Il m'a aussi parlé de la situation de guerre du pays. Voldemort est revenu, c'est officiel. Fudge est renvoyé, un nommé Alcatraz Fingers le remplace. Et partout ce n'est que sang et désespoir. Azkaban est presque à l'abandon, tous les détenus se sont échappés... Il n'a pas mentionné Lucius, mais je suppose que celui-ci se promène à travers la campagne, semant chaos et désolation. Mon coeur a mal, si mal! Je rêve qu'il arrive à Ste Mangouste pour me délivrer des médicomage... Il pousserait la porte, il me dirais qu'il regrette, qu'il a comprit que sa conduite ne menait à rien, qu'il a laissé tomber Voldemort. Il m'embrasserait fougueusement, il m'emmenerait loin, avec Draco...

A quoi bon? Je ne le reverrais sans doute jamais plus qu'à travers les gros titres de journeaux, sous une cagoule noire. A quoi bon... J'ai répéter cette phrase tant et tant de fois. A croire que maintenant, même l'espoir ne m'est plus permis.

-Bonjour Mme Malfoy!
Toujours cette infirmière horripilante. Je ne daigne même pas lui accorder un regard.
-Si tout se passe bien, vous pourrez sortir demain.
Demain?! Je pourrais retourner chez moi?! Je ne sais ce que je dois penser. L'idée de revoir ce manoir, ou j'ai tant de souvenir m'est insupportable autant que de rester ici.

-La médicomage Mireille Charmier viendra vous voir tout à l'heure...
J'acquiese vaguement. Envie de vomir. Vomir mon amour pour Lucius, mes souvenirs. C'est possible?

Les heures passent, monotones. J'ai relu "chronique d'un vampire". Une sorte de biographie d'un type qui était apparement vampire et tentait de combattre sa nature. C'est assez ennuyeux. Mais à par manger et dormir, que faire d'autre? De toute façon, la nourriture me révulse. Je veux pouvoir garder le goût de Lucius, et chaque bouché que j'avale me le fait oublier un peu plus. Lucius... Chaque parcelle de lui me manque.

-Coucou!
-Mireille!
-ça va? Plus de maux de tête?
-Non... Preque plus.
-Bien... Alors tu pourras sans doute rentrer chez toi demain.
-Oui, je sais.
-Je n'ai pas vraiment le temps de m'attarder. Par ces temps sombres, les blessés affluent en masse...
Elle remet en place mon oreiller, vérifie ma tension et s'en va.

La nuit arrive doucement. Il fait si sombre... La lune se reflète sur le mur blanc, et je fixe ce carré de lumière jusqu'à m'en faire mal aux yeux. Demain, je reverrais ma chambre. Notre chambre. Celle où il m'a fait l'amour, tant et tant de fois. Oh, pouvoir perdre la mémoire! Pouvoir perdre la raison! Suis-je condamnée à ne plus vivre que de souvenir?

Le sommeil ne vient pas. Et les pensée tourne et tourne à l'infini... Son sourire, son sourire de prédateur est là, dans ma tête, il ne me lâche pas... Et puis les voix de Severus et de Mireille "oublie il n'en vaut pas la peine... Oublie, oublie, oublie...". Les pleurs de Draco... Et la lune, sur le mur, qui sourit. Tu te moques, la lune? Je te comprends. Je suis ridicule hein? Aimer un homme qui ne vous aimera jamais. Aimer un homme que vous ne pourrez plus jamais embrasser... Je m'étais pourtant promis... Et la fameuse dignité des Black? Ma mère qui disait: "Ne te laisse jamais mener par un homme, ma fille. Mène les hommes." Regarde moi maman! Regarde comme j'ai mené mon homme! Ah, oui, tu peux être fière de ta fille!

Ma chambre résonne de rire et de pleurs... Taisez-vous! TAISEZ-VOUS! Allez vous en, fantôme, allez vous en... Partez... Je vous hais... Je Te hais... Je Te hais tellement... Pourquoi ne peux-tu pas me laissez en paix? Il est là, Il est devant moi. Il sourit... Je ne sais ce qu'Il pense... Je veux le repousser... C'est fini... Je ne l'aime plus... Non, je ne l'aime plus... Mais pourquoi alors je m'approche de Lui? Pourquoi mes lèvres veulent-elles se poser sur les siennes? Mais l'image s'estompe et je me retrouve seule. Lucius...

J'ai parfois l'impression que plus rien ne pourra me faire sourire.