Chère Alician's, voici la suite, spécialement pour toi... (Oui, n'ayant pas de review, j'ai plus posté, c'est bête, hein! )

J'avais fini cette fic depuis un ptit temps, déjà...

J'ai même écrit un épilogue. Mais il est pas bien, alors je le mettrais pas. (et ce n'est pas que l'avis de moi-même, pauvre auteure névrosée, c'est - presque - unanime.)

Merci pour ta review, qui m'a fait super plaisir! (si, si, je t'assure, j'étais tout sourire après l'avoir lue...)

Chapitre 5

Je ne peux pas rester dans cette chambre, enfermée comme dans ce manoir où Il me laissait seule, toute mes journées, sombres d'ennui, d'attente, l'attente de Son pas, de Sa voix. Mais maintenant même l'attendre m'est interdit. Et j'ai beau penser à Draco, à Severus, j'ai beau y penser de toute mes forces...

Je sors, dans les couloirs blancs. Je croise une médicomage, elle est tellement pressée qu'elle ne me voit même pas. Je me perd dans les couloirs, longtemps, avant de trouver une porte. Une grande porte vitrée donnant sur un grand jardin. Sans doute que c'est là qu'on va promener les blessés et les malades quand ils vont mieux. C'est un triste jardin, lui aussi respire la mort. Les rares fleurs poussant sont rachitiques, la lueur de la lune ne parvient pas à s'infiltrer à travers les sapins noirs. ça sent la terre mouillée, la pourriture. Je m'allonge sur un banc de pierre, le froid transperce le maigre tissus de ma chemise de nuit. Je tente d'appercevoir la lune... Le froid s'infiltre, toujours plus, dans chacun de mes os... Je n'ai jamais eu aussi froid... Pourtant, c'est l'été.

Je rêve, Il est là, j'ouvre les yeux, Il est là, mais ce n'est plus lui, c'est Severus... Severus... Pourquoi n'est-ce pas de lui que je suis tombée amoureuse? Pourquoi n'est pas avec lui que je me suis mariée? Il n'aurait pas pu m'aimer, lui non plus... Mais s'il l'avait pu... Si...

J'ai tellement froid... Mon cœur lui-même est glacé, et toute cette glace se distille dans mes veines. Elle m'engourdit, petit à petit, vide ma tête, vide mon cœur de toute sa tristesse... Mes larmes ne couleront plus. Elles sont glacées, elles aussi. Je couvre mon cœur de givre, il ne ressent plus rien, la souffrance s'envole, fais place à l'indifférence. Il ne les mérite pas, mes larmes. Il ne les mérite pas.

flash back

Draco a eu six ans la semaine dernière. Le temps passe si vite! Il me semble que c'est hier que je le tenais, tout petit, entres mes bras. Il m'échappe un peu. C'est triste, sans doute, mais le voir s'épanouir est pour moi le plus beau des cadeaux. Il sera un bel homme, comme son père... A la pensée de Lucius, mon cœur se serre. Cela fait deux semaines qu'il est parti en "voyage d'affaire". Je ne sais pas exactement ce que signifient ces termes, il ne prend jamais le temps de m'expliquer. Il n'était même pas là pour l'anniversaire de Draco!

Une main se pose sur mon épaule. Une longue et blanche main, racée, royale.

-Lucius!

Ce que j'aimerais pouvoir poser ma bouche sur la sienne, me blottir dans ses bras, caresser ses cheveux d'argent... Mais j'ai peur de ses réactions, ces dernier temps. Il prend la moindre marque de tendresse pour de l'insolence. Je le vois regarder Draco, avec une intensité qui me parait presque douloureuse.

-Draco a eu six ans.

-Oui.

Je pourrais lui reprocher son absence. A quoi bon? Il n'en fait qu'à sa tête... C'est ce que j'aime, chez lui.

-Il faudrait fêter cet événement dignement.

-Nous l'avons déjà fêté! J'ai invité Severus et...

J'ai faillis dire Andromeda. Je n'ose même pas imaginer sa réaction si j'avais prononcer le nom bannit. Il m'a fait clairement comprendre que si je revoyais ma sœur, il ne répondrait plus de ses actes. Tout ça parce qu'elle n'a pas rampé devant cet immonde... Cet immonde... Mais il est mort, maintenant. Bel et bien mort. En tout cas, j'ai fait en sorte que seule mon elfe de maison personnel (Winka) soit au courant de la visite d'Andromeda.

Heureusement, il n'a pas l'air de s'être rendu compte de ma gaffe. Étrange. D'ordinaire, il analyse chacun de mes faits et gestes, et en tire des conclusions si vite que je me demande parfois s'il ne pratique pas la légilimencie.

-Je parle d'inviter des gens importants, Narcissa! Importants et influents.

Je prend cela comme une gifle. Il n'a jamais considéré Severus avec respect. Il le tolère juste parce qu'il était dans les bonnes grâces de "celui-dont-on-de-doit-pas-prononcer-le-nom".

-Cela pourrait être l'occasion de renouer avec les Parkinson. Ils ont une fille de l'âge de Draco. Les familles Crabbe et Goyle, évidemment, ce serait dangereux de se les mettre à dos... Les Flint ont redoré quelque peu leur blason. Ils pourraient m'être utile, surtout depuis que Loïs travaille au ministère... Une jeune femme très douée, très...

Il me parle sans me parler, me regarde sans me voir. Je me fais l'effet d'être un fantôme de chair et de sang. Il ne réfléchit qu'en terme de position, d'influence... Calculs, toujours calculs. Parfois je me demande si même notre mariage...

Est-ce qu'il demande à Draco ce qu'il voudrait? Ce qu'il aimerait? Avec qui aimerait-il passer sa fête d'anniversaire? Jamais. Son fils n'est pour lui qu'un pion dans un jeu d'échec. Une pièce. Un atout en plus. Mais comment mon enfant pourrait-il comprendre? Cloîtré ici, comment pourrait-il se faire des amis? Il ne connait que moi et Winka. Et Basile, son chaton.

-Draco!

L'expression de mon fils auparavant si joyeuse change, brusquement, à l'entente de la voix de son père. Son père? Un étranger, un inconnu qu'il faut satisfaire. Cela me fait mal de voir la timidité et la crainte dans son regard. Un père, n'est-ce pas censé vous aimer?

-Bonjour... Papa...

Un sourire éclaire le visage de Lucius. Un sourire froid et inquiétant.

-Il est temps que tu apprennes à être un Malfoy. Tu es grand maintenant.

Il part, il l'entraîne, vers son bureau je crois. "Apprendre à être un Malfoy"? Parce que cela s'apprend? N'est-ce pas plutôt le sang qui coule dans ses veines qui le détermine?

Il est vrai que moi-même, étant enfant, j'ai toujours dû respecter certaines règles. Ne pas se lier avec des moldus, faire attention à ne rien dévoiler de l'exacte situation familiale, respecter les gens riches et faire ressentir aux autres leur position d'infériorité... J'ai toujours su que mon mariage devrait arranger la famille. J'ai toujours été consciente que ma simple présence dans un endroit où je n'aurais pas dû être pouvait avoir des conséquences sur la famille Black. Mais il me semble avoir été une petite fille heureuse. J'avais des amis, pas mal d'amis... Et mon père m'aimait. Ma mère aussi. On était une famille, une vraie famille... Avec plus de lois et de tradition que les autres, sans doute, mais on se soutenait. Du moins je le croyais... Andromeda a été plus ou moins bannie quand elle c'est déclarée contre la cause du seigneur noir et Bellatrix est à Azkaban. Mes deux soeurs... Je les aimais, chacune à ma manière. J'admirais le courage d'Andromeda et la ruse de Bellatrix. Moi, j'ai toujours été perdue, au milieu des deux... Je n'ai pas vraiment choisi ma vie. Peut-être finalement, que je n'étais qu'une pièce dans un jeu d'échec, comme Draco. Mais j'ai été heureuse. Je suis heureuse... Je crois.

Mon cœur a mal. Je n'ai jamais eu d'autres ambitions que de plaire à ma mère, puis de plaire à Lucius. Il n'y a qu'avec Severus que je peux être vraie.

Je me rend doucement à ma chambre... Notre chambre... Mais cela fait si longtemps que nous n'avons plus dormi côte à côte! Je me sens perdue au milieu de ce grand lit...

J'ouvre la porte de la salle de bain. Une grande et belle salle de bain, d'un blanc éclatant. Les robinet en or blanc, une baignoire de la taille d'un piscine. Je fais couler l'eau brûlante et m'immerge dans un bain de bulle multicolore... Tant de luxe... Pour le partager avec qui? Je doute, de plus en plus. De son amour. Et pourtant, il avait l'air si sincère! Je me souviens de la maxime de la famille Black: "plus quelqu'un aura l'air sincère, plus il aura de chose à dissimuler". Je n'y ai jamais cru vraiment... "Narcissa la naïve", disait Bellatrix. "Narcissa la douce", disait Andromeda. "Narcissa la poufsouffle", disait mon cousin Sirius... Lui aussi est à Azkaban. Qui l'aurait cru? Le grand, le beau, le noble gryffondor...

"Plus quelqu'un aura l'air sincère, plus il aura de choses à dissimuler".

Je sors de mon bain, péniblement, me sèche, enfile une belle robe de bal, celle-là même que j'ai porté à ma première soirée en tête à tête avec Lucius. Une robe bleu nuit, légèrement décolleté, brodée de mille étoile scintillantes... Peut-être que Lucius me fera un compliment? Qu'il me trouvera belle?

Winka torsade mes cheveux, en faisant une tresse complexe. Un fin diadème de diamant sur mon front, les boucles d'oreille que Lucius m'a offertes il y a longtemps. Je me regarde, je me trouve belle. Lâche, mais belle. J'aurais au moins eu ça pour moi.

Je descend, royale, ordonne à Dobby de servir le repas plus tôt à Draco et de préparer un dîner au chandelle pour Lucius et moi. J'ai toute la soirée pour le reconquérir, le rendre fou de désir. Il faudra me montrer rusée, belle, discrète... Il faudra que je sois un trophée, qu'il oublie qu'il me possède déjà. Que j'excite ses instincts de prédateur.

C'est peut-être ça, le problème. Je ne l'intrigue plus.

Je m'assied dans le salon, impatiente et inquiète. Je le sens, cette soirée sera décisive. Il est 19 heure, Draco devrait souper...

Je monte le grand escalier de marbre noir, silencieuse, je frappe à la porte du bureau de Lucius.

-Entrez.

-Lucius?

Je le trouve assis derrière son bureau, Draco tout petit devant l'écoutant bouche bée.

-Maman! Ce que tu es belle!

-Merci, mon chéri...

Je guette un regard d'appréciation de la part de Lucius. Rien, pas une réaction. Mais c'est peut-être parce que... Parce qu'il ne veut pas me faire de compliment devant son fils, de peur que cela ne conteste son autorité! Je me raccroche à cette idée de toute mes forces.

-Je venais juste vous prévenir que le dîner de Draco est prêt.

-Parfait, nous avions justement fini.

Il se lève, fait sortir Draco.

-Ah oui, Narcissa, demain, le précepteur de Draco viendra vers 16 heure.

-Le précepteur?

-Oui, le précepteur. Édouard Karkarof.

-Karkarof? Ce ne serais pas...

-Le plus jeune frère de Igor Karkarof, en effet. Je tenais à te prévenir pour ne pas que tu t'étonnes. Je repars demain matin.

-Demain matin? Mais...

Il est déjà parti.

Je sens la dépression d'insinuer en moi. Je me sens si seule, si impuissante! Il m'échappe, je le sens, il ne m'a jamais appartenu, en fait. Il faut se battre. C'est toujours ce que disait ma mère... Paix à son âme.

J'inspire un grand coup. ça va aller, Narcissa. Tu es belle, encore jeune, et Lucius t'aime. Cela ne peut-être autrement, n'est-ce pas?

Je vais dire bonne nuit à Draco, qui a finit de manger, puis rejoins Lucius en bas. Je le trouve en train de contempler la table de la grande salle à manger, que Winka et Dobby ont dressée. Chandelle, mets exquis... Il ne manque rien.

-Qu'est-ce?

-Et bien... J'ai pensé... Comme tu es parti longtemps, et que tu repars demain... On pourrait avoir une petite soirée, rien qu'à nous?

-Narcissa! Tu aurais pu attendre mon consentement!

Sa voix est basse, sourde, vibrante de colère. Il ne me regarde pas, les yeux fixés sur le portrait d'Héloïse Malfoy, accroché au mur en face.

-De toute façon, c'est impossible. Avery et Flint arrive d'un instant à l'autre.

-Mais... Je ne te vois jamais et...

Je sens avec horreur des larmes mouillés mes joues. Il tourne la tête vers moi, lentement, me toise avec dégoût.

-Est-ce comme cela que tu as appris à respecter ton mari?

-Non, non... Excuse moi... Je suis désolée... Je voulais bien faire.

-Je ne veux pas que Flint et Avery te vois dans cet état! N'as-tu donc aucun amour propre?

-Je...

-Je ne veux plus te voir. Monte te coucher.

Je m'enfuis, loin de lui, loin de tout ça...

Humiliée. Rejetée comme un petit enfant désobéissant. Je serre de toute mes forces un oreiller contre moi, je sanglote tellement fort que tout le manoir doit m'entendre... Je me sens si bête! Si bête...

Jamais encore il ne m'avait traité comme cela.

fin du flash back

Chapitre 6

Murs blancs. Drap frais. Même chambre, même silence pesant. Une présence floue à côté de moi... Un homme, une femme...?

Une toux sèche m'étrangle.

-Narcissa!

Cette voix... Si douce, si calme, si sensée.

-Remus...

-Chut...

Il pose une main apaisante sur mon front, je retombe sur mon oreiller. Et replonge dans un monde peuplé d'ombres et de fantômes...

Des voix autour de moi. Je garde les paupières closes. Je ne les ouvrirais plus. Je tente de toute mes forces de rappeller le sommeil à moi, mais je ne peux m'empêcher d'entendre ce qui se dit.

-Elle n'a toujours pas bougé?

-Pas depuis tout à l'heure.

Il y a là un homme et une femme. Mireille et Remus, je crois. Remus... Qu'est-ce qu'il fiche ici?

-Mais pourquoi est-elle sortie?

-Je n'en sais rien...

-Je dois aller voir les autres patients. Tu devrais te reposer, toi. Voilà plus de 12 heures que tu la veilles!

-Il faut que je lui parle...

-Comme tu veux.

Claquement de talons sur le sol. Elle est partie.

Je n'arrive pas à retenir le sommeil... Je sens mes paupières s'ouvrir, malgré moi... Les yeux bruns de Remus me fixe, ses yeux constamment inquiets.

Il ne devrait pas être là.

Je l'observe, en silence. Les rides ont creusés de profonds sillons sur son visage. Il semble si fatigué... Il a le regard d'un homme qui a trop vite vieilli, et trop souffert, surtout.

-Je suis content que tu sois réveillée.

Je ne peux que le fixer. Que dire? Il ne devrait pas être là.

-Je... Enfin, j'ai appris que tu n'allais pas très bien, et je suis venu. Je voulais te voir.

Silence embarrassé. Je me tais toujours.

-Je... Enfin, je te dérange peut-être?

Muette. Je suis devenue muette. Il soupire, semble se lever, se ravise.

-Je suis désolé pour Lucius. J'aurais voulu... J'aurais pu... Mais... Tu sais, Sirius est mort.

Pourquoi me dit-il ça? Je n'ai jamais aimé Sirius. Et Sirius ne m'aimait pas. Qu'est-ce que sa mort devrait susciter en moi?

Un rire guttural s'échappe de ma gorge... Ce n'est pas mon rire, mais je ne peux m'empêcher de trouver cela drôle. Je l'avais prédit! Sirius est mort, et je m'en fous! Je pourrais danser sur son corps! C'est la glace... Le givre...

-Narcissa?

Remus recule, apeuré.

-Je... Je devrais appeller Mireille.

-Non!

Mon rire s'est tu aussi soudainement qu'il est venu.

-Non. Tu devrais partir. Je ne sais pas pourquoi tu es venu, d'ailleurs.

-Je m'inquiétais pour toi!

-Menteur! Tu voulais me voler! Me voler à Lucius! Mais je lui appartiens! Je suis sa femme, tu n'y peux rien! Je suis sa femme, et mon nom est Malfoy!

-Je ne crois pas que tu vas bien...

Il ne croit pas que je vais bien? Pourtant, je ne me suis jamais sentie aussi... Grande. Puissante. Je vois clair dans son jeu. Il vient ici pour me prendre! Mais je suis un trésor gardé. Depuis que j'ai dit "oui". Enchaînée à Lucius, à la vie, à la mort. Je sais ce qu'il va me dire: "oublie-le.". Ils disent tous ça. Mais je sais, maintenant. J'ai laissé le froid venir. Et je suis dans un pays de glace, de neige. Un pays d'exil, personne ne viendra me sauver. Jamais.

-Narcissa... Je t'en prie, recouche toi. Tu as de la fièvre, mais tu verras, demain, ça ira mieux...

Je ne veux pas l'entendre. Je ne suis pas guérissable. Rendez-moi Lucius, ou laissez-moi mourir!

Remus sort de la pièce, précipitamment. Remus le doux, Remus le gentil. Remus qui allait si bien avec Narcissa.

Sur ce banc, dans le froid, j'ai juré que je ne souffrirais plus. Parce que je suis une Malfoy, et une Black. Parce que je lui appartiens, à jamais. Que je l'aime, autant que je le hais.

Qu'ils me laissent à ma solitude, tous ces bien-pensants. Qu'ils me laissent.

flash back

-Tout va bien, Remus? Tu sembles préoccupé...

Voilà 4 mois que je sors avec Remus Lupin. Un des meilleurs amis de mon "cher" cousin. Quel ironie! Qui eu put croire que Sirius avait pour ami une si adorable personne? Car adorable est le mot qui définit le mieux Remus. Doux, tendre, attentionné... Il n'est pas comme les autres. Il a cette souffrance, dans ses yeux... A ses yeux, je parais enfin importante. Il est tout ce dont j'ai besoin.

-J'ai réfléchis, Cissa...

-A quoi?

-Je t'aime beaucoup, mais...

-Mais?

Une horrible peur étreint ma poitrine, tout d'un coup. Il ne peut pas... Il ne peut pas...

-Ce n'est pas ça. Quand je vois James, quand je vois la manière dont il parle de Lily, je me dis que je ne t'aime pas comme ça. Tu n'es pas la bonne personne.

Il regarde au loin, les sourcils froncés, comme chaque fois qu'il est préoccupé. Et moi, j'ai mal.

-Tu n'as pas le droit.

Petite phrase murmurée, ridicule et dérisoire. Bien sur qu'il a le droit. S'il ne m'aime pas... S'il ne m'aime plus...

Je m'éloigne, à reculons, de celui qui, je le croyais, aurait pu m'aimer toute la vie...

Mon premier vrai amour. Un sentiment de colère, d'injustice m'envahit. Pourquoi? C'était bien, entres nous! Tout le monde s'accordait à dire que nous allions bien ensemble! Alors? ça ne compte pas, ces six semaines de bonheur? Et les fous rires partagés? Les discussions? ça ne compte pas?

Les larmes picotent mes paupières... Je cherche Severus, sans succès. Je finis par m'asseoir au bord du lac, et me laisse aller à sangloter...

Je croyais que c'était lui, moi. Je croyais que c'était lui. Il n'avait pas le droit... Pas le droit...

Je me répète ses mots, en boucle, mâchoires serrées, jusqu'à ce que mes sanglots se calment, puis se tarissent. Je tombe sur le dos, et allongé sur l'herbe froide, je regarde le soleil décliner, peu à peu, laissant dans le ciel de grande traînées roses et oranges...

Nous sommes fin mai. Le beau mois. Nous sommes fin mai et Remus m'a quittée. Ma mère m'avait dit de ne pas trop rêver. Que les hommes, ça ne servait qu'à apporter argent et luxe. Je refuse de le croire.

ça n'était pas le bon, voilà tout. Je me suis trompée. J'attendrais encore un peu mon amour... Il viendra, je le sais...

fin du flash back

J'entend encore tous ceux qui m'ont traité d'idiote."Narcissa, tu rêves trop, un jour, tu tomberas de haut...". Hé bien... Je suis là, non? Allongé sur un lit d'hôpital, alitée, folle. Folle.

Mais j'ai trouvé. Celui que j'aimerais jusqu'à mon dernier souffle. Celui qui ne m'aimera jamais. J'ai trouvé.

Je suis un héroïne. Je porte le masque blanc des martyrs, je porte le collier des éternelles malades... La douleur m'a rendue vivante. La douleur me grandit. L'indifférence, aussi. De la guerre, de ce qu'en penseront les gens... Tuez-moi, ou pas, mourrez, ou pas. Moi, je suis ailleurs...

C'est ça, le secret? La glace? Le froid? J'aurais pu le trouver avant. Peut-être qu'alors, il m'aurait aimé. Si j'avais réussit à être aussi cruelle, aussi froide, aussi hypocrite que lui, peut-être il m'aurait aimé.

Ou peut-être pas. Quelle importance?

J'aimerais bien qu'il neige. Les flocons blancs et froids qui tourbillonnent, encore et encore, complices... J'ai toujours aimé la neige. Du plus loin que je me souvienne. Je l'appellais "la dame blanche". La dame blanche... Comme la mort?

Mais c'est l'été, encore... L'été...

"Je me perds dans les méandres de mes pensées absurdes...Et ce poison lentement se distille en mon âme, tel un serpent sournois et aveuglé d'amour..." D'où viennent ces vers? Je viens de les inventer, je crois. De les cueillit, comme on attrape les flocons de neige avec sa langue... C'est bon. Et doux.

Cela fait longtemps que je n'ai plus eu de visite. Draco, Severus... Non. Je ne dois pas les revoir. ça ferait fondre la glace, n'est-ce pas? Et elle ne doit, ne peut pas fondre. Parce qu'alors, je serais seule, encore et toujours plus seule.

J'aimerais avoir des ailes. Ouvrir la fenêtre, et m'envoler. Loin. Haut. Près du soleil... Qu'il me brûle... Et quand viendrait la nuit, je me poserais sur la lune, et là, je verrais la terre. La jolie planète bleue... Je serais là, sur la lune, et les centaures, qui observent les étoiles, me verront... Je leur ferais signe, et ils répandront le bruit que Narcissa Malfoy s'est enfin envolée. Je leur demanderais de dire à Draco que je l'aime... Et ils le feront, car les centaures sont de braves gens. De temps en temps, je redescendrais sur terre, la nuit, et je viendrais visiter Severus dans son sommeil. Mes lèvres effleureront son front, il ne se réveillerait pas. Je serais une ombre bienveillante...

Oui. ça parait bien. Mais il faudrait que j'ai des ailes... Les anges ont des ailes. Mais cela fait longtemps que les anges sont maudits... Depuis que l'archange Gabriel a posé ses lèvres sur celles de Gwenardëlle, vampire sanguinaire de l'île de Manth... J'aime beaucoup cette histoire. Une légende célèbre, d'ailleurs! C'est Andromeda, je crois, qui la première me l'a contée... Je devais avoir cinq ans, et je buvais ses paroles.

C'est une belle histoire, certes, mais triste. A cause de Gabriel, qui osa aimer un vampire, les anges ont maintenant les ailes noires. Et Gwenardëlle vit seule dans son château, recluse, sur l'île de Manth... La muse des poètes se meurt d'amour.

Comme moi.

Sauf que je n'ai ni pouvoir, ni grandeur. Sauf que je ne suis rien, rien que deux nom: Black et Malfoy. Ces titres donnent importance à quiconque les portent. A condition d'être fiers et cruels.

J'aurais du l'être? J'aurais du être comme Bellatrix? J'aurais du mépriser sang-de-bourbes et moldus? Tuer sous l'ordre d'un seigneur sombre des inconnus, hommes, femmes, enfants, fait de chairs et de sang, comme moi?

Non. Je ne suis pas comme ça. Je suis Narcissa la rêveuse. Pas Narcissa la cruelle. Je ne possède ni pouvoir, ni grandeur, mais j'ai aimé, de tout mon cœur, de toute mon âme. J'ai aimé. Et j'aimerais.

Tiens... Je sens la glace fondre... Elle se répand dans mes veines, doucement, elle coule de mes yeux... Je pourrais la retenir. Au nom de Lucius. Je n'en ferais rien.

Et dans une chambre d'hôpital blanche, froide et nue je tue mon amour. Je l'étouffe, à jamais. J'oublie son sourire cruel, j'oublie ses yeux gris, j'oublie sa voix de velours, j'oublie ses mains si douces...

C'est comme revenir à la vie. Se réveiller d'une trop longue hibernation. Sentiment étrange... Tout ce que je sais, c'est qu'il faut que j'avance, maintenant.

Fin.