5. Dans lequel on rencontre Papy Lulu
Severus était heureux qu'aucun étudiant ne passe les vacances de Noël à Poudlard, parce qu'ainsi il n'y avait personne pour le voir attendre (comme un gland) Hermione devant l'entrée principale.
Bien sûr ce genre de problème aurait été réglé en moins de temps qu'il ne faut pour le dire avec un sort d'Oubliette, mais Albus avait tendance à être sourcilleux sur ce genre de situations, et de toute façon la paperasse était abominable.
Hermione était en retard. Severus savait que les femmes avaient tendance à être en retard, et il avait pris ce facteur en compte ( ainsi que le fait que de prévenir une femme qu'on prenait ce genre de précautions était un mauvais calcul) quand il avait suggéré qu'ils se retrouvent à dix heures, mais il était maintenant dix heures et quart et leur marge commençait à être un peu serrée.
Pas autant que son costume, cependant.
« Je suppose que vous trouvez ça drôle, » dit Hermione hargneusement en arrivant derrière lui.
Severus fit volte-face pour voir une Hermione révoltée et court vêtue qui le dévisageait. Le costume n'était rien de plus qu'une paire de collants et une longue chemise. Les collants… collaient, comme l'indique leur nom, et la chemise, plutôt une chemisette en fait, couvrait à peine son postérieur. Dans sa main, elle serrait un chapeau vert, avec un grelot sur la pointe, d'une poigne qui blanchissait les jointures de ses doigts.
Alors il choisit la seule voie sensée pour se sortir de ce guêpier : il se prépara à mentir éhontément. « Je n'ai rien à voir avec ça, » dit il. « Si vous devez vous en prendre à quelqu'un, blâmez Lucius. C'est lui qui a insisté sur le fait que le Père Noël devait être accompagné d'un de ses lutins, et c'est lui qui a décrit le costume. » C'tait un mensonge énorme, mais il doutait que Lucius et Hermione restent un jour suffisamment longtemps dans la même pièce pour comparer leurs versions.
Cela sembla fonctionner. Elle marmonnait quelque chose dans sa barbe sur les sorciers de sang pur snobs et maniérés, et sur la façon dont on devrait s'y prendre pour les étrangler avec leurs propres cheveux. Bien, sa colère était donc bien dirigée, quoiqu'à tort, sur la bonne personne. Pas que Lucius ne soit si innocent que ça de façon générale, et, en y réfléchissant, ce n'était que justice de le voir blâmer pour quelque chose qu'il n'avait pas fait. C'était la justice divine.
« Vous pensez avoir des problèmes ? » répliqua t'il, en indiquant son propre costume d'un geste de la main. Il allait utiliser le vote de compassion pour revenir dans ses petits papiers. « Au moins vous avez l'air, euh … au moins vous vous montrez à votre avantage. »
« Je me montre, je m'expose même. Regardez-moi ! J'ai l'air d'une pouffe ! »
Eh bien, ce serait malpoli de ne pas faire ce qu'elle avait demandé, et il ne trouvait pas qu'elle avait l'air d'une pouffe, juste d'une femme incroyablement sexy, et que ses jambes étaient bien mieux que celles de Trelawney. Il eut juste assez de bon sens pour ne pas dire tout ça, en particulier la partie concernant les jambes de Trelawney. « Vous êtes ravissante, » dit-il simplement.
« Vraiment ? » Hermione regarda par dessus son épaule, essayant d'évaluer à quoi elle ressemblait vue de dos. « Vous ne pensez pas que ça en montre trop ? »
« Je pense que ça en montre juste assez, » dit-il. « Suggestif, sans franchir la ligne du mauvais goût. Et, par dessus tout, il n'y a pas d'ornements en fourrure blanche. C'est très difficile de conserver un air digne avec de la fourrure blanche. »
Elle eut un petit sourire. « Au moins la fourrure vous tient chaud. »
« Il y a une épaisse couverture de voyage à l'arrière du traîneau. » Juste trop petite pour deux personnes à moins qu'elles ne se serrent l'un contre l'autre, du moins il l'espérait. « Ca devrait tenir à l'écart le plus gros du froid. »
« Très bien, je vais le faire, » concéda t'elle. « Mais je tiens à vous dire que ça ne me plaît pas du tout. Et il est hors de question que je porte cet horrible bonnet. Il sonne quand je marche. » »
« Je suis sûr que ça ira très bien si vous le glissez dans votre ceinture, » admit-il, sachant quand il convenait de faire des concessions. « Après vous. »
Hagrid les attendait près du traîneau, tenant les rênes et prodiguant des conseils de dernière minute. « Si j'étais vous, je commencerais tranquille. Vous voulez pas partir à bloc, pas avec vos muscles froids. Et y'a une colonie d'hippogriffes au dessus du Northumberland, alors faites attention si vous voulez pas qu'y vous croquent. »
Les rennes commençaient à s'agiter, piétinant comme pour dire 'on y va ?'
« Ah, vous voilà, Professeur. Et Hermione. Vous êtes prêts ? »
« Je crois. » Il aida Hermione à prendre place sur le siège du passager, et fit le tour pour aller s'asseoir à la place du conducteur. « Je compte jusqu'à trois. Un. Deux. Troiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiis. »
L'accélération fut phénoménale. Les rennes étaient passés de l'immobilité à la vitesse de croisière en six secondes, et le traîneau filait à travers les airs comme une flèche. Severus, ayant vu ce qui était arrivé à Trelawney, était préparé. Il s'était tenu au cadre, mais très vite il avait été emporté en arrière.
Il jeta un coup d'œil à Hermione pour voir si elle allait bien. Elle avait les joues rouges et elle riait, les yeux pleins d'excitation. Elle se pencha par dessus bord, pour regarder le sol. « Wouiiiiiiiiiii-iiiiiiii, » s'écria t'elle, sa voix emportée par le vent. « C'est tellement chouette ! A quelle vitesse pensez-vous qu'on aille ?»
« Approximativement cent à l'heure. »
« Génial. »
Conduire le traîneau était plus facile qu'il ne s'y attendait, une fois en vol. Rudolf semblait savoir où il allait, et n'avait besoin que de la plus légère impulsion sur les rênes pour le guider. Il faisait froid, cependant, très froid, le vent leur sifflait aux oreilles. Il s'attendait à ce que d'ici la fin de la nuit, son nez aussi soit rouge.
Hermione avait les bras croisés, dans une tentative de se tenir chaud. « Il y a une couverture à l'arrière. Juste devant les cadeaux, » précisa t'il.
Hermione lui fit un signe de tête pour lui faire savoir qu'elle l'avait entendu, et se pencha par dessus son siège pour commencer à fouiller à l'arrière. Elle trouva ce qu'elle cherchait en quelques secondes, et commença à déplier la couverture. « Elle est un peu petite, » dit-elle, en la regardant d'un air songeur. « Je ne suis pas sûre qu'on tienne dessous tous les deux. »
« Oh non… » dit-il. Il était sûr qu'elle ne le laisserait pas se conduire en gentleman et lui céder la couverture, et elle avait trop froid pour la lui laisser, ce qui ne laissait qu'une option.
« Je pourrais la transfigurer en quelque chose de plus grand, » suggéra t'elle.
« C'est vrai. » Zut. Zut. Zut.
Mais elle ne le fit pas, elle se contenta de se glisser plus près de lui sur le siège, et d'envelopper leurs jambes dans la couverture. Il osa passer un bras autour de ses épaules. Elle s'approcha encore, et posa la tête sur son épaule, avec un petit grognement de satisfaction.
Quand le Manoir des Malefoy apparut, pâle lueur à l'horizon, son bras lui faisait mal à en mourir. La position qu'il avait adoptée était carrément intenable sur la durée, et il y avait un insupportable courant d'air sur sa nuque, mais à chaque fois qu'il avait fait mine de changer de position, elle s'était accrochée à lui de telle façon qu'il n'en avait pas eu le cœur.
« On est arrivés, » dit-il.
Elle se redressa et bailla, la main devant la bouche. « Quelle heure est il ? »
« Minuit moins le quart. On a fait un bon temps. »
« Bien. Je détesterais penser que nous décevons Lucius, » dit-elle avec ironie. « Vous savez où vous poser ? »
« Il dix mille mètres carrés de pelouse devant sa porte. Je pense réussir à m'y poser sans percuter ses rosiers. »
« Je pense qu'on devrait arracher quelques rosiers, » dit-elle avec malice. « Ce serait beaucoup plus convainquant. Il pourrait sortir demain avec les gamins et leur montrer où s'est posé le Père Noël, peut-être même trouver quelques crottes de renne. »
« Faites-moi penser d'en glisser un mot à Rudolf quand nous serons posés, » répondit-il, en tirant sur les rênes. Rudolf regarda par dessus son épaule pour confirmer que c'était le signal d'atterrissage, et fonça vers le sol sans ralentir.
« Ooooooooooooooooooohhhhhhhhhhhh mmeeeeeeeeeeerrrrrddddddddddddeeeeeeeeeeeeeeeee, » s'écria Severus. Le sol s'approchait à toute vitesse, et il n'y avait pas l'air d'y avoir de freins. Alors comme ça Rudolf lui en voulait toujours pour la Potion de Sobriété. A la dernière minute, ils se redressèrent et ralentirent un peu, mais leur vitesse était toujours considérable quand les patins touchèrent le sol. Ils arrachèrent de l'herbe, rebondirent une paire de fois, puis s'immobilisèrent brutalement.
Severus resta assis un moment, pendant que le bourdonnement de ses oreilles se calmait, et que son rythme cardiaque revenait à la normale. Il se faisait vraiment trop vieux pour ce genre d'amusement.
Hermione elle-même resta silencieuse un instant, mais cela ne dura pas.
« Alors, quel est le plan ? » demanda t'elle, en tirant sur la couverture pour l'écarter.
« Lucius devrait sortir pour accueillir le Père Noël et son petit Lutin, puis nous inviter à venir boire un verre dans le Manoir. Ensuite, on distribue les cadeaux, et c'est fini. Pendant ce temps la petite Chloé devrait regarder à la fenêtre ou derrière la rampe d'escalier, pour essayer de nous voir. »
« J'espère que la bouilloire est sur le feu. J'aimerais vraiment une tasse de thé. »
« Traditionnellement, on prévoit plutôt des pâtés en croûte et de la bière, » précisa Severus. « Et Lucius est très à cheval sur les traditions. Il y aura une carotte pou Rudolf, mais je ne sais pas si l'usage prévoit quelque chose pour le petit Lutin. »
« Si je n'ai pas une tasse de thé, j'envisagerai la mutinerie. »
Une lumière éclaira la porte d'entrée, ce qui illuminerait commodément la scène pour quiconque voudrait la regarder, et une haute silhouette traversa le perron et descendit les escaliers pour venir à leur rencontre. Lucius était de toute évidence prêt à aller se coucher, et il portait une robe de chambre raffinée, bleu foncée, rebrodée de plumes de paon. « Père Noël, mon vieil ami, c'est gentil à toi de passer nous voir, » ronronna Lucius. « Et tu as amené une amie, c'est charmant. Vous devez tous les deux venir prendre un rafraîchissement à l'intérieur. J'insiste. »
« C'est trop aimable, » répondit Severus.
Il souleva la hotte de l'arrière du traîneau et l'accrocha sur son dos, vacillant à l'élancement de son bras. Il aurait besoin d'y appliquer de la pommade contre les rhumatismes rapidement. Peut-être qu'Hermione pourrait l'aider à atteindre les endroits difficiles, même s'il ne pensait pas que demander à quelqu'un de lui masser un onguent sur le dos soit particulièrement romantique, même si ledit onguent était délicatement parfumé. Remarque, vu la façon dont elle frottait son propre dos, peut-être qu'un échange de bons procédés serait envisageable.
Parfois, la romance devait attendre son tour. C'était difficile de penser à elle quand on avait mal partout.
Ils suivirent Lucius à l'intérieur du Manoir des Malefoy. Hermione tirait sur le bas de sa chemise pour essayer de couvrir ses jambes autant que possible, et elle n'y parvenait pas très bien.
Un énorme sapin de Noël, élégamment décoré de rouge et d'or, trônait dans l'entrée, ce qui fit sourire Hermione : les couleurs de Gryffondor ! Une inspection plus minutieuse montra qu'il y avait aussi quelques décorations faites maison, qui ne suivaient pas ces couleurs, de toute évidence les œuvres des enfants. Lucius et Narcissa étaient clairement des grand-parents gâteaux.
Un Elfe de Maison se tenait bien en vue avec un plateau d'argent, sur lequel se trouvait une carotte, deux mugs fumants semblant contenir du lait chaud corsé d'épices et d'alcool, et un petit pâté chacun.
« Je te proposerais bien de rester plus longtemps, » dit Lucius, sur le ton de l'hôte parfait, « mais je sais que vous êtes très occupés ce soir. »
« C'est vrai, » répondit Severus, qui ne voulait pas en dire trop de peur que sa voix soit reconnue.
« Comment vont les affaires pour le Père Noël ? » continua Lucius, savourant clairement chaque minute d'humiliation de Severus.
Severus prit un pâté et mordit avidement dedans. Maintenant, on ne pouvait plus lui demander de répondre, la bouche pleine. Le Père Noël ne pouvait pas être malpoli.
Lucius accepta sa défaite temporaire avec un petit sourire, et consacra son attention à une autre proie. « Quel costume intéressant, » dit-il, laissant errer son regard sur chaque partie du corps d'Hermione d'une façon qui lui donna envie, tout comme Severus, de lui donner des claques.
« Je suppose que vous n'avez jamais été un enfant sage, » remarqua Hermione avec irritation.
Lucius les prit tous les deux par surprise en éclatant de rire. « Le moins possible. Jamais si je pouvais faire autrement, » admit-il. « Mais je finissais toujours mes légumes, et j'allais me coucher à l'heure. »
Hermione jeta un regard vers le haut de l'escalier et y vit un petit visage glissé entre les barreaux. « Je suis contente d'entendre ça. Les gens qui mangent leurs légumes et vont se coucher à l'heure sont toujours sur la Liste. Il y a beaucoup d'enfants qui n'ont pas eu de cadeaux ce soir simplement parce qu'ils n'ont pas voulu manger leurs brocolis. Leur papa et leur maman les avaient prévenus, mais ils n'ont pas voulu écouter. »
« Il n'y a que des Enfants Sages ici, » dit Lucius avec gravité.
Hermione savait qui était Lucius Malefoy, mais il était de toute évidence gaga de ses petits-enfants. Ca le rendait presque humain.
Presque. Elle n'avait pas perdu l'esprit, quand même.
Parce que c'était Noël, ou parce qu'elle avait en tête ses futures perspectives de promotion, elle décida que Chloé devrait avoir droit à une expérience plus intéressante avec la Père Noël. « C'est très fatigant de distribuer tous ces cadeaux. Est-ce que vous croyez que quelqu'un pourrait nous aider à apporter sa carotte à Rudolf ? »
On entendit quelqu'un qui retenait son souffle, puis une petite fille dévala les escaliers et vint s'agripper aux jambes de Lucius. « Ze peux y aller Papy Lulu ? Ze peux ? »
Severus n'osa pas regarder Hermione, parce que s'il le faisait, il se rendrait ridicule. Papy Lulu ? Non, il ne rirait pas, il ne pouvait pas rire, et il ne rit pas, mais il n'en fut pas loin.
« Il faut demander au père Noël, » dit Lucius en regardant la petite fille. « Qu'en pensez-vous, Père Noël ? Est-ce qu'elle peut venir donner à manger aux rennes ? »
Severus acquiesça, et la petite fille lâcha la jambe de Lucius pour s'agripper à celle du Père Noël. « Oh, me'ci, me'ci, ze t'aime fort, Pernouel, » dit-elle avec ardeur.
Severus la regarda avec horreur. C'était une enfant. Beurk. Accrochée à sa jambe. Re-beurk. Et ne voulant plus le lâcher. Beurk ! Et elle l'aimait. Au secours !
Les regards de Lucius et d'Hermione se croisèrent, et ils partagèrent un improbable moment d'amusement. On ne pouvait pas clairement voir l'expression de Severus, son visage était caché par la barbe, mais ils l'imaginaient.
Hermione eut pitié de lui et le libéra de Chloé. « Je suis sûre que le Père Noël t'aime beaucoup lui aussi, » dit-elle. « Maintenant, si tu prenais la carotte pour qu'on aille voir Rudolf. »
Chloé semblait avoir du mal à se tenir debout sans avoir d'appui, et s'accrocha de nouveau à Papy Lulu. « Tu viens avec moi ? » demanda t'elle. « On peut leur donner à manger à deux. »
Lucius lui tapota affectueusement la tête, et répondit « Bien sûr que je viens. »
Hermione regarda, extrêmement amusée, la procession solennelle qui traversait la pelouse : Papy Lulu, Chloé, et l'Elfe de Maison tenant lieu de maître d'hôtel.
« Bien, finis ta tasse, Severus, et on sort de là. » Severus ne fit pas le moindre mouvement. « Severus ? Severus ? L'horrible gamine est partie, tout va bien, » dit-elle, agitant une main devant ses yeux. « Papy Lulu t'a sauvé. »
Il grimaça. « Rappelle-moi de remercier Papy Lulu pour ça. » Il finit sa tasse, croqua le dernier pâté, et marmonna « Allons-y. »
Rudolf se tenait convenablement pour une fois. Il racontait à la petite Chloé sa vie au Pôle Nord, et combien le père Noël était gentil, même s'il le faisait sans aucun scrupule à parler la bouche pleine. Chloé semblait penser que d'être arrosée avec des morceaux de carottes faisait partie de l'amusement, et elle gloussait d'excitation.
Severus vacilla. « Rappelle-moi de ne jamais avoir d'enfants, » dit-il, en aidant galamment Hermione à prendre place sur son siège. « Je ne suis pas sûr que ce ne devrait pas être classé parmi les sorts Impardonnables. »
« Allons. Allons. Ne laisse pas Papy Lulu t'entendre dire ça, où il te priverait de ton nez d'un coup e baguette magique. »
Lucius les dévisagea. Il ne pouvait pas entendre ce qu'ils se disaient, mais il état persuadé qu'on parlait de lui. Il était la personne la plus intéressante d'entre eux, après tout. « Allons, viens, Chloé. Il faut laisser le gentil Père Noël s'en aller. Il a d'autres cadeaux à distribuer, et il faut qu'il y aille. »
Chloé acquiesça, ses boucles suivant le mouvement.
« Et maintenant qu'est-ce qu'on dit ? » demanda Lucius.
« Me'ci Rudolf et me'ci Pernouel, » chantonna t'elle. « Et Zoyeux Noël. »
Hermione donna à Severus un coup de coude dans les côtes. « Allez. Dis-le. Tu sais qu'elle veut l'entendre. »
« Je ne vais pas le dire. »
« Allez… » le pressa t'elle.
« Et mer… Euh. Oh. Oh. Oh. »
Ce n'était pas le Oh Oh Oh le plus convainquant qu'elle ait jamais entendu. Il n'était même pas vaguement joyeux. Mais c'était le mieux qu'ils obtiendraient de lui. Chloé ne sembla pas s'en soucier.
Lucius se pencha pour passer un bras autour de la taille de la petite fille, afin qu'ils puissent faire signe au revoir. Ses genoux craquèrent nettement, ce qui fit sourire Severus. Au moins il n'était pas le seul à vieillir.
Il fit un dernier signe de la main à la petite fille, et monta lui même sur le traîneau. « Je me reculerais un peu à ta place, » dit-il à Lucius. « Ils sont un peu sauvages, si tu vois ce que je veux dire. Oh. Oh. Oh. »
« Celui-ci était presque joyeux, » dit Hermione, en se penchant vers lui pour faire signe à Chloé.
« C'est parce qu'on se tire d'ici. Dans une demi-heure, j'ai bien l'intention d'être au fond de mon lit, et de ne pas en sortir avant demain midi au plus tôt. »
« Ca semble être la meilleure idée du siècle. Je crois que je vais me joindre à vous. »
Encouragé par ses paroles, il glissa un bras autour des épaules d'Hermione, pour le voir repousser. « Pas devant Chloé, » souffla t'elle avant qu'il n'ait une chance de pouvoir commencer à se plaindre. « Elle ne tient pas à voir le Père Noël peloter son petit Lutin. »
Il était quelque peu déçu que ce 'pelotage' doive être remis à un moment où la petite ne pourrait plus les voir, mais assez content que son bras-innocemment-passé-autour-de-ses-épaules soit interprété comme tel et ne soit pas rejeté. La seule conclusion qu'il en tirait, c'est que plus de pelotage, d'une nature plus avancée, serait également tout aussi acceptable.
Il claqua sa langue, il agita les rênes, et ils décollèrent. Pas aussi vite qu'à l'aller, les rennes étaient bien sûr fatigués, mais la vision restait tout de même impressionnante.
Hermione regardait en arrière, guettant les silhouettes qui diminuaient jusqu'à ce qu'elle ne soient plus que des points, puis se retourna vers l'avant. « On ne les voit plus maintenant, » annonça t'elle avec satisfaction, et elle fut récompensée par un bras qui se glissa autour de sa taille pour l'attirer plus près de lui.
« Tu sais, » dit-elle sur le ton de la confidence, en calant sa tête contre l'épaule de Severus. « Ce serait presque romantique, si l'on oublie le fait que tout ce qu'on voit d'ici ce sont les culs des rennes. »
« Tu es une femme abominable, » dit-il en lui pinçant la hanche. « L'an prochain, je te laisse à la maison. »
« C'est une menace ou une promesse ? »
« Comme tu veux. Les deux. Maintenant arrête et laisse moi me concentrer sur l'idée de nous amener à bon port en un seul morceau. »
« J'adore quand tu prends les choses en main. »
Le retour sembla prendre deux fois plus de temps que l'aller. Peut-être que les rennes allaient moins vite à cause de la fatigue, ou peut-être qu'il pensait à autre chose maintenant que l'Opération Santa avait été menée à bien.
Tout s'était plutôt bien passé, finalement, grâce à ses talents supérieurs dans le domaine de l'organisation. De toute évidence, ce n'était pas quelque chose à laisser venir aux oreilles d'Albus, où il lui trouverait encore autre chose à faire.
Enfin les tours de Poudlard apparurent. Il vira pour éviter le Saule Cogneur, qui agita ses branches avec irritation et il posa le traîneau avec un style impeccable sur le terrain de Quidditch. Une large silhouette surgit du noir, et Hagrid échappa de peu à un mauvais sort.
« C'est fini, alors, » commenta t'il gaiement. « Je m'occupe des animaux, et vous allez vous coucher. »
C'était un couple fatigué qui tituba jusqu'à l'entrée principale. Hermione baillait, et Severus frottait discrètement son épaule endolorie.
« Bien, » dit-il malaisément.
« Bien, » répondit-elle.
« Euh, bien, euh… » continua t'il.
« Severus, » dit-elle, en posant une main sur son épaule. « Lève les yeux. »
Et là, accroché à la porte, il y avait une grosse boule de gui. Il était capable de saisir l'allusion, et il en profita. Plusieurs fois.
Oh oh oh.
merci à Corail et Drago Malefoy, premiers à m'avoir laissé des reviews (il y a un terme pour ça en français?)
benebu
