Nouveau petit chapitre transitif, je n'ai pas eu cours de la matinée alors voilà Pour vous !
Chapitre Onze :
"Et tu veux me faire croire que vous allez réussir à rallier tous les vampires et lycans errants ?"
"Exactement !"
"Mais c'est tout à fait impossible ! Je n'arrive pas à croire que tu t'entêtes à croire en quelque chose d'aussi stupide !"
"Tu n'es absolument pas obligé de rester avec nous et de nous suivre ! Si tu préfères continuer à jouer les lâches et fuir du côté de Markus fais-le !"
Kraven donna une claque magistrale à Betty et sortit en fureur de l'arrière-salle où ils se trouvaient. Betty resta un instant à fixer la porte par où il était sorti d'un air mauvais et sortit à son tour en furie de la salle, la marque de la main de Kraven se dessinant peu à peu sur son visage.
Dans la grande salle de l'entrepôt, tous les vampires et lycans étaient assis ou allongés en train de dormir ou de discuter paisiblement en paressant. Len devait être en train de parler avec Helena, la vampire qui dirigeait ce clan, et Thibaut se trouvait dans un coin de la salle, fixant le plafond d'un air pensif et rêveur. Une ambiance paisible et sereine flottait dans l'air pendant que dehors, le soleil approchait de son zénith. L'entrepôt n'avait pas de fenêtre, et donc la lumière de l'astre ne pénétrait pas dedans, ainsi les vampires étaient à l'abri de la lumière. Betty traversa comme une tornade la salle en se dirigeant vers la sortie. Elle n'avait qu'une seule envie, s'éloigner pour un temps de cet endroit et réfléchir, et pour cela elle avait besoin des doux rayons du soleil, qui n'avaient pas caressé sa peau depuis de trop nombreux jours. Alors qu'elle venait tout juste de franchir le pas de la porte, elle fut rejointe par Thibaut qui présenta son bras en souriant. Elle referma la porte et le prit par le bras et ils s'éloignèrent en marchant tranquillement au hasard des rues.
"Il a un sacré mauvais caractère ton Kraven."
"Il veut que tout se fasse selon ses désirs… Toujours… C'est énervant. Et c'est un lâche."
"Pourtant je pense qu'il serait capable d'accomplir de grandes choses… S'il avait quelque chose ou quelqu'un en qui croire."
"Il ne croit qu'en lui et le pouvoir. Et il en sera toujours ainsi… J'ai envie d'une glace, ça te dit ?"
"J'ai passé l'âge de manger des glaces sur une envie ma chère…"
"Oh pardon, j'avais oublié, il est vrai qu'à presque sept cent ans, on ne se laisse plus aller à ce genre de chose", répondit Betty d'une voix faussement aristocratique.
E"n réalité, c'est surtout que je préfère la chaire humaine et que…"
Betty lui envoya un coup de coude dans les côtes et sourit maladroitement aux passants qui les dévisageaient étrangement.
"Mais une glace ça m'ira très bien", répondit finalement Thibaut en souriant de toutes ses dents.
Betty sourit gaiement et ils se mirent à la recherche d'un marchand de glace. L'hiver était déjà loin derrière, et le printemps était bien installé. Et après avoir passé tant de temps dans la fraîcheur glaciale de la nuit, le moindre rayon de soleil semblait chaud. Souvent, peu de temps après leur rencontre, Betty et Thibaut sortait le jour, juste tous les deux, quand Len et ses compagnons dormaient ou se cachaient du soleil. Ils avaient développé une grande complicité, malgré les siècles qui les séparaient. Mais en réalité, Betty avait développé une grande complicité avec Len aussi, qui la considérait plutôt comme une sœur… Même si parfois elle le surprenait à la regarder fixement, l'air rêveur, le regard empli de mélancolie, comme si la vue de la jeune fille lui rappelait quelque douloureux souvenir.
"Tu crois qu'il nous trahirait ?"
Ils étaient assis sur un banc public, au milieu d'un grand parc au milieu duquel se trouvait une magnifique église. Betty avait les yeux fixés sur les sculptures de l'architecture, détaillant chacune des gargouilles et des motifs qui recouvraient les murs. Elle soupira doucement en entendant la question de Thibaut. Il avait soulevé un point sensible.
"Je ne sais pas", dit-elle lentement. "Pour tout t'avouer, je ne le connais pas plus que ça… C'est comme si je le connaissais par cœur, mais je suis parfaitement consciente que ce n'est pas le cas… Si j'osais je croirais qu'il tient trop à moi pour nous trahir… Si j'osais, je croirais qu'il peut se battre pour une juste cause… Si j'osais…" répéta-t-elle en soupirant.
"Laissons faire le temps alors…"
"Nous n'avons pas le temps… Et le fait est que s'il veut nous trahir, il peut le faire à n'importe quel moment. On ne peut pas le faire surveiller, il s'en apercevrait tout de suite… Tout ce qu'on peut faire c'est ne lui montrer que la partie visible de l'iceberg… Le laisser croire que tout ce que nous faisons pour le moment, ce n'est que rassembler des clans sans avoir aucune idée de la façon dont nous allons procéder. Et lui cacher tout le reste."
"Il ne s'apercevra de rien ?"
"Il faudra qu'on soit prudent… On agira en plein jour", dit-elle gaiement avec un clin d'œil.
"Ca ne plaira pas à Len", répondit Thibaut en riant. "Il adore nos petites excursions à trois !"
Betty se mit à rire elle aussi. Elle comprenait parfaitement Len, elle aussi adorait quand ils s'éclipsaient tous les trois pour mettre à exécution leur plan et effectuer les petites missions qui nécessitaient une grande complicité et une parfaite coordination. Les actions que tous ignoraient sauf eux et les chefs de clan.
"Bah maintenant il restera avec Helena… Elle a l'air de le fasciner", dit-elle songeuse.
"Ils se connaissent depuis longtemps… Un petit jeu de séduction a toujours existé entre eux… Mais ils se détestent… Tu sais", ajouta-t-il en voyant le regard perplexe de Betty, "je ne connais pas bien Len… Enfin mieux depuis quelques temps, mais en tous les cas, je sais qu'il a une histoire difficile… Je ne peux pas t'en dire plus, il n'aimerait pas ça… A vrai dire je dois être le seul à m'en souvenir mais… C'est pour ça que je sais que lui en tout cas ne nous trahira jamais. Il hait bien trop Markus."
Betty ne répondit pas et retourna à sa contemplation de l'église. Elle savait bien que de toute façon elle n'aurait jamais fini d'en apprendre sur ses deux amours de centenaires…
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Betty… Sélène… Aussi têtue l'une que l'autre ! Finalement elle était pareil toute les deux… Le même caractère… Sauf que Betty avait conservé quelque chose d'innocent et de chaleureux que Sélène avait perdu au fil des ans. Cette même chose qui le rendait fou. Cette même chose qui faisait qu'il avait constamment besoin d'elle. De la voir, de l'entendre, de la sentir, d'avoir la chaleur de son corps près du sien, de sentir son odeur… L'envie de savoir qu'elle n'appartiendrait qu'à lui et à lui seul. Qu'elle serait sienne pour toujours. Un désir irréalisable puisqu'elle n'était qu'une humaine. Un désir insensé pour exactement la même raison. Une humaine… Quand les pensées de la nuit dernière lui revinrent en tête, il se leva d'un bond de sa chaise et se dirigea vers les lycans musiciens. Il se planta devant eux avec un air plus ou moins méprisant et les dévisagea.
"Est-elle devenue immortelle ?" demanda-t-il d'une voix glaciale. "Est-elle devenue immortelle ?" répéta-t-il en haussant la voix devant le silence des lycans. "Je vous ai posé une question !"
Malgré tout, les lycans restèrent obstinément silencieux, lui jetant des regards amusés et méprisants.
"Elle n'est pas devenue immortelle", lui répondit une voix.
Il se retourna et aperçut Betty qui se tenait à quelques pas de lui, les bras croisés sur la poitrine. Thibaut se tenait à ses côtés, un sourire en coin.
"Et évite de crier sur les gens comme ça. Tu n'es plus dans le manoir de Viktor, personne n'a à t'obéir ici. Et ce n'est pas en hurlant et en menaçant que tu obtiendras ce que tu désires."
"Retiens bien ça", dit Thibaut avant d'entraîner Betty à sa suite.
Kraven les regarda s'éloigner en sentant la fureur monter en lui. Non seulement il n'était plus rien et n'avait plus rien depuis des mois de fuite. Mais en plus la seule chose qu'il désirait le plus au monde à ce moment-là était en train de lui filer entre les doigts. Il jeta un regard mauvais et s'éloigna vers l'extérieur, la nuit étant maintenant tombée, pestant et maudissant Betty de l'avoir couvert de ridicule. Il fut arrêté au dernier moment par Len qui se planta en travers de son chemin.
"Ce n'est pas le moment d'aller faire un tour. Nous partons ce soir pour aller dans une autre… « Assemblée »."
"Et ?" demanda-t-il d'une voix méprisante.
"Et tu viens. A moins que tu ne préfères rester ici à te tourner les pouces avec le clan d'Helena… Selon ton choix !"
Len s'éloigna en sifflotant et rejoignit Betty et Thibaut qui se dirigeaient maintenant vers la sortie. Betty avait revêtu une tenue plus passe-partout que la tenue de Tueur qu'elle avait enfilée le jour de son départ, mais elle était toujours vêtue de noir. Elle leva la tête vers lui et le rejoignit pendant que Thibaut et Len discutaient à toute allure.
"Tu aurais dit quoi, si j'étais en effet devenue immortelle ?" demanda-t-elle en plantant son regard dans le sien.
"Qu'est-ce que ça peut te faire ?"
"Ca pourrait peut-être m'aider à comprendre pourquoi tu es aussi agressif et méprisant. Bien que je le comprenne déjà en partie, je trouve que là, tu atteins vraiment des sommets."
"Comprend bien une chose. Si tu avais été immortelle, je n'aurais plus eu l'occasion de te vider de ton sang un jour. Parce que sache que c'est ce que je compte bien faire. Alors méfie-toi bien."
"Me voilà rassurer, pendant un instant j'ai cru que tu avais attachée une quelconque importance à ma personne", répondit-elle simplement en souriant.
"Bien."
"Parfait."
Elle s'éloigna rapidement et rejoignit ses deux compagnons, se blottissant dans les bras de Thibaut qui l'accueillit d'un geste protecteur. Kraven se sentait cruellement trahi par les paroles qu'elle venait de prononcer, comprenant qu'elle se fichait éperdument de lui en fin de compte, mais ce qu'il ne put voir car Len et Thibaut emmenèrent rapidement leur jeune protégée vers la sortie, c'est que ses paroles à lui avaient fait couler quelques larmes le long des joues de Betty.
