Disclaimer : Voir chapitres précédents
Protection parentale : PG-13. C'est un petit peu gore à un moment, bien que je sois mauvais juge. M'enfin.
Résumé Général : Les Maraudeurs ont seize ans, Voldemort monte en puissance, il faut faire un choix. Faudra-t-il renier son éducation ou l'accepter pour vivre en paix avec soi-même ? Sans se sentir manipulé ?
Résumé du chapitre précédent : Se passe à peu près en même temps que le chapitre 7. Suite à l'agression de Lily, Sirius est en colère. Il comprend que c'est Electre qui a manigancé le coup, et tente d'en faire part à Ambre, qui manque de bol n'y croit pas et gueule. Je crois que c'est tout…
Note de Wam : Toujours merci aux mêmes : ma bêta-lectrice – à qui vous devez ce retard d'une semaine… Enfin… C'est surtout à ses profs les vilains. Moi je t'en veux pas de toute façon – et à Ange pour son soutien inconditionnel et ses crises de rire intempestives.
Entre Ombre et Lumière
Chapitre 9 : Halloween
Sirius était fin prêt. Ses cheveux étaient habilement coiffés, sa robe était bien droite, aucun pli ne venait gâcher cette perfection. Il se regarda dans le miroir qui prit diverses poses, un sourire charmeur aux lèvres. Il observa sa main droite. Jenny avait fait un travail formidable. Il n'avait pas parlé de ses craintes, ni de ses suspicions à ses trois autres amis. Il s'était simplement excusé auprès de Peter pour son oubli, avait demandé des nouvelles d'Evans et de Remus auprès de James, puis il avait passé la soirée à plaisanter avec son meilleur ami afin d'éviter de penser à Regulus. Celui-là le lui paierait. Wilkes aussi. Foi de Sirius Black, ils paieraient.
Mais ce soir, soir d'Halloween, ô soir de rencontres et d'ouvertures, Sirius était de bonne humeur. Il comptait bien draguer une ou deux jeunes filles, et embêter James sur le sujet ô combien vaste et amusant qu'était Lily Evans. Celle-ci était sortie de l'infirmerie le matin même, malgré Pomfresh. Elle semblait un peu comme Lance à ses jours les moins graves – les jours où elle semblait capable de tenir une conversation sans partir sauter à l'autre bout de la salle commune et revenir juste après – mais elle allait bien. Stafford et Lim-Y ne la quittaient pas d'une semelle, et Sirius devait bien avouer que James ne la quittait pratiquement jamais du regard. Il se retenait de la suivre, Sirius le savait. A l'amour… soupira-t-il intérieurement. Heureusement qu'il ne tombait jamais amoureux. Il y avait bien eu cette petite Suédoise… Ann, qui avait su le faire fondre lorsqu'il avait quatorze ans, mais ce n'était pas de l'amour. Il avait juste été séduit. Oh il se comportait comme un goujat avec certaines filles, il le savait. Mais c'était si facile. Si facile de se sentir aimé auprès de toutes ces jolies Sorcières. Si facile d'être adoré et adulé par des gamines tel un héros. Si facile, mais si mal. Pourquoi la facilité était-elle si souvent mal ?
Sirius grogna. Il s'énervait à philosopher ainsi. Ce soir, on était Halloween, il fallait donc ne penser qu'à trois choses : s'amuser, draguer, et boire. Les professeurs étaient, ce soir-là, dans une autre aile du château. Il avait entendu Mc Gonagall le dire au Professeur Drodle la veille en rentrant dans la salle commune avec Jenny. Ils avaient d'ailleurs échangé un sourire jubilatoire avant que la jeune fille ne rougisse une nouvelle fois. Tout cela pour dire qu'il pourrait consommer de l'alcool avec un peu moins de modération que l'année précédente.
« Bon, Dom Juan, tu te dépêches, oui ? » s'impatienta James dans son dos.
« Tu crois que je suis mieux avec le sourire charmeur ou le sourire dévastateur ? » demanda Sirius, rien que pour le plaisir de l'embêter.
« Tu auras le sourire édenté si tu ne te dépêches pas tout de suite ! »
« Goujat ! » minauda Sirius.
« Allez, grouille. Faut qu'on soit dans les premiers, ce sera plus drôle. »
« James, nous avons déjà un quart d'heure de retard, et il n'y a plus personne dans la salle commune à part nous. Je crois donc que nous serons les premiers l'année prochaine. »
James s'énerva. Il voulait toujours être le premier arrivé aux soirées. Stupide caprice d'enfant de riches qui assiste très souvent aux cocktails mondains auxquels ses parents sont obligés d'assister. James avait toujours aimé les cocktails. C'était rempli de charmantes Sorcières qu'il regardait avec de grands yeux quand il était petit, et nettement moins joliment maintenant qu'il avait seize ans. Les chiens ne font pas des chats. Harry Potter avait été un sacré coureur de jupons à Poudlard, il s'en vantait très régulièrement à table, agaçant Caitlin au plus haut point puisqu'elle rêvait de lui depuis la Deuxième Année. James Potter était donc le digne fils de son père, au plus grand dam de sa mère.
« Oh allez, c'est pas grave, Cornedrue… »
« Peter et Remus nous attendent depuis tout à l'heure ! Faudrait que tu apprennes à être à l'heure, Patmol. »
« Peter et Remus n'ont qu'à partir sans nous. Et toi aussi. Je ne vous ai rien demandé. »
« Très bien. »
« Attends, je suis prêt. »
Sirius vit James lever les yeux au ciel. Ce qu'il aimait embêter son meilleur ami ! C'était… Jouissif. Eclatant, amusant, hilarant, bref : merveilleux. Surtout que James tombait pratiquement toujours dans le panneau. Sirius attrapa sa baguette, la fourra dans sa poche et couru hors du dortoir à la rencontre de ses deux autres amis. Peter portait une jolie robe et avait coiffé ses cheveux avec une raie à droite. Ça lui allait plutôt bien. Jorkins allait lui coller aux basques toute la soirée. Sirius étouffa un rire : pauvre Peter. Bertha Jorkins était une Poufsouffle folle amoureuse du jeune Maraudeur. Elle adorait les potins, mais elle n'était pas très finaude, légèrement cinglée, et… Comment fallait-il dire sans vouloir être vexant ? Bertha avait un physique fort peu avantageux. On pouvait même dire qu'elle était moche. Mais Peter restait avec Jorkins. En effet, Déborah Freeman, la fille dont il était fou amoureux était la meilleure amie de Bertha. De l'avis de Sirius, cette situation n'allait lui apporter que des emmerdes, mais Peter avait déjà été prévenu. Sirius grimaça en se souvenant de ce qui lui était arrivé la dernière fois qu'il avait fait ce coup-là, en colonie… Sa mère avait reçu une beuglante de la part de la mère des deux jeunes filles – détruites par l'affront que Sirius leur avait fait – et sa mère l'avait immédiatement retiré de la colonie. Finalement, ça avait été à son avantage. Moins la gifle monumentale qu'il avait reçue pile à la descente du train, mais sinon, ça avait été pratique.
Remus, lui, était comme d'habitude. Sirius, Peter et James avaient usé de toute leur force de persuasion pour le décider à venir. Remus avait mis une heure à accepter, prétextant le lendemain de la pleine Lune, le manque d'envie, la fatigue… Bref, des excuses idiotes pour Sirius qui ne savait pas ce que c'était qu'une transformation en loup-garou. Surtout qu'il savait pourquoi Remus n'avait aucune envie de venir… Emma Matthews irait au bal avec Dean Summers, son petit ami, et il ne voulait pas voir cela. Ça, Sirius le comprenait. Mais il ne fallait pas qu'il s'arrête de vivre à cause d'une fille ! Alors finalement, Remus avait accepté à une condition : qu'ils lui foutent une paix royale pendant la soirée. Ce qu'ils s'étaient empressés de promettre en croisant les doigts dans leur dos.
« Allez, on y va ! Roulez jeunesse ! » tonitrua James en se passant la main dans les cheveux.
« Ton tic revient, James. » signala Remus.
« Et puis je te signale que nous sommes seuls, dans la salle commune. Il n'y a ni Lily, ni personne pour admirer ta frime ! » lança Peter en lui faisant un clin d'œil.
« Pff… » répondit James en levant la tête.
Ils se mirent en chemin en se racontant des bêtises – pour changer. Remus suivait l'échange silencieusement en souriant, tandis que Peter tentait une joute verbale avec Sirius. Joute dont il ne sortit bien évidemment pas vainqueur, et pas forcément parce qu'il n'avait aucune répartie. Il avait prouvé bien des fois qu'il était capable de blesser les gens de son plein gré – pas comme d'autres fois.
« Ecoute, Peter, faut que tu aies plus confiance en toi ! Arrête un peu ! N'aies pas peur de me vexer ! James le fait tout le temps, lui ! Est-ce que je lui ai jamais cassé la figure ? »
« Oui, en Quatrième Année. »
« Oui, mais là c'était pas pareil, il m'insultait en disant que j'étais comme ma famille. Chose à ne jamais faire. Mais l'ai-je jamais renié ? »
« Une fois en Troisième Année parce qu'il n'était pas venu avec toi faire une blague à Rogue. »
« Bon, Peter, arrête, ça suffit. Avec toi, on ne peut pas plaisanter. » grogna Sirius.
« Bien joué Peter ! » le félicita James.
« Pff ! » lâcha Sirius.
Peter ne comprenait pas ce qu'il avait fait pour vexer Sirius, mais il était content. Il n'avait fait que relater la réalité. Mais bon, pour lui, Sirius était une de ces créatures qui étaient insondables lorsque l'on n'était ni James Potter ni Remus Lupin. Bref : mieux valait laisser tomber et savourer sa victoire.
Très rapidement, les Maraudeurs arrivèrent devant la Grande Salle. Il entrait encore une dizaine de couples ou de groupes. Mais lorsqu'ils pénétrèrent dans le réfectoire, la foule se sépara en deux. James et Sirius étaient habitués à ce genre de traitements : les cocktails, les réunions… Leurs familles étaient toutes deux très respectées, bien que de manières totalement différentes. Mais Remus et Peter, eux, étaient toujours très gênés. Le père de Remus était banquier, et sa mère travaillait à Ste Mangouste en tant qu'infirmière. Gary Lupin était un moldu très réputé dans son monde, mais cachait son secret à tout son entourage. Ils étaient peu connus, mais tout de même très respectés par leurs collègues. Le père de Peter était plus mort que vivant depuis qu'il avait perdu son travail lorsque Peter avait sept ans, et était rapidement devenu alcoolique. Peter lui en avait toujours voulu, et méprisait totalement son père, qu'il trouvait nul et stupide. Son seul vœu était de ne jamais devenir comme son père. Jamais. La mère de Peter était une brave femme, grassouillette comme son fils, qui travaillait dans une boutique de coiffure Sorcière. Les Pettigrow étaient nettement moins connus que les Lupin, et encore moins que les Black ou les Potter. Ils étaient presque méprisés par la communauté magique à cause de la réputation d'Owen Pettigrow. Mais Peter tentait de ne pas trop montrer que c'était assez dur pour lui. Il était fils unique, et en souffrait assez. Sa mère était certes gentille, mais elle avait assez à faire avec son mari qui était souvent violent. Et au milieu des cris, des coups, des disputes et des insultes, Peter Pettigrow avait souvent du mal à s'amuser. Il y avait deux possibilités d'évolution pour un enfant qui grandissait dans ce cadre de vie : ou le fait de grandir trop vite – comme Remus notamment, bien que pour des raisons totalement différentes – ou le fait de, justement, ne pas avoir confiance en soi du tout, et d'être à la limite de la régression. Malheureusement pour lui, Peter avait 'opté' pour la deuxième solution.
Tout cela pour dire que Peter et Remus étaient rouges comme des tomates, et que Sirius et James ignoraient cet accueil, bien qu'une lueur étrange où se mêlaient fierté et orgueil dansait dans les yeux de James. On ne le changerait pas : il serait toujours fier d'être un Potter.
Mais très vite, il déchanta. Sa princesse n'était pas là. Sirius, lui, hésitait entre qui chercher. Ambre ? Electre ? Lily ? Ambre, pour lui faire des excuses. Oui, non. Pas d'excuse. Il n'avait rien fait ! Juste voulu aider. Pour une fois qu'il n'était pas fautif ! Peut-être qu'il pouvait aller lui parler pour voir à quel degré elle était en colère contre lui ? Lui-même n'était pas très rancunier. Enfin… Assez. Bon, d'accord, il n'oubliait jamais ce qu'on lui avait fait, mais là, Ambre avait des circonstances atténuantes. Au fait, pourquoi lui cherchait-il des excuses ?
Il voulait garder Electre à l'œil. Pas question qu'elle lui file entre les doigts et que quoique ce soit ne se produise. Quant à Lily… Oh, ce n'était sûrement pas le moment. Après son agression, elle avait sûrement autre chose à penser qu'à ça. Et puis c'était Halloween, soirée de fête. Pas le soir où il fallait annoncer " Au fait, je crois que c'est la sœur de ta meilleure amie qui a fait une crise de jalousie de tous les diables qui a voulu et manqué de te tuer… Bonne soirée ! ". Pas le soir du tout. Mieux valait la laisser profiter de sa soirée afin qu'elle se détende. Il irait lui parler le lendemain.
Pour le moment, il y avait deux options qui s'offraient à lui : draguer, ou manger. Sirius vit Remus lorgner sur Matthews. Elle était très en beauté, ce soir-là. Si elle n'avait pas été maquée et si Remus ne craquait pas sur elle, il aurait sûrement profité de la soirée. Mais il y avait ces deux conditions. Deux conditions, deux maximes, deux obligations. Deux lois : ne jamais sortir avec une fille déjà maquée, sauf si on déteste le petit copain et que ladite fille n'est pas contre ; ne jamais sortir avec une fille sur qui un ami (et surtout un Maraudeur) a des vues. Quiconque enfreignait ces lois était… Euh… En fait, ce n'était jamais arrivé. Mais ça devait promettre une sentence grave. Et puis même, c'était dans la morale des Sorciers. Obligation.
Sirius sourit, et tourna la tête de l'autre côté. Peter était déjà parti danser avec Bertha. Le pauvre. Elle dansait mal… Mais mal ! Décidément, elle n'avait rien pour elle, cette pauvre Bertha. Elle arrivait encore à se perdre dans Poudlard au bout de sa Sixième Année. Quelle crétine ! Incapable d'aller du cours de Métamorphose à celui de Potions… La honte, tout de même ! Au bout de trois mois, les Première Année s'en sortaient à merveille, et elle on la voyait errer dans les couloirs à n'importe quelle heure parce qu'elle était perdue. Son deuxième prénom était sûrement Boulet. Un nom qui lui allait comme un gant.
Et elle entra. Discrètement, certes, mais elle entra quand même. Simple. Ses cheveux relâchés dans une sorte de vague d'ondulations noires, elle pénétra dans la Grande Salle. Sa tenue était la même que d'habitude. Elle croisa son regard une fraction de seconde. Un regard neutre. Pas un sourire, pas un regard noir, pas une grimace. La neutralité même. Elle regarda quelques secondes autour d'elle, puis sembla avoir trouvé un coin qui lui plairait. Sirius la suivit du regard : elle allait rejoindre son ex-future femme. Elle se chamaillait avec sa sœur. April avait les cheveux roux, naturellement. Sa sœur, rousse également à l'origine s'était teint les cheveux en brun afin de se différencier d'avantage d'April.
Il fallait parler à Ambre en premier, garder un œil sur Electre en second et oublier de parler à Evans en troisième. La troisième chose était très simple, la deuxième nettement plus dure, quant à la première, c'était à la limite du perdu d'avance.
La soirée avança rapidement. Les couples dansaient tous, Mc Gonagall était partie rejoindre les autres professeurs, et tout le monde était occupé. Seul Sirius était seul, assis sur le banc des Gryffondor, s'amusant à envoyer des petits pois dans son verre en appuyant sur les fourches de sa fourchette. Puéril, vous allez dire, mais il s'ennuyait comme un rat mort. James était en transe parce qu'Evans s'était excusée et l'avait – encore une fois – remercié pour son aide. Remus dansait avec Blanche Wood, une jolie Serdaigle de sa classe, et Peter parlait avec Déborah Freeman, rouge comme une pivoine, et bafouillant, comme toutes les fois où il était stressé. Bref : pas la folle ambiance pour lui. Il sentit deux bras entourer sa taille. Arrêtant son jeu stupide, et fronçant les sourcils, il se retourna.
« Salut Black. » lui dit une voix suave.
Oh non… soupira Sirius intérieurement. Pas lui…
« John-Stanislas Harris. » fit Sirius, ennuyé.
John-Stanislas Harris était un jeune garçon d'origine moldue de Poufsouffle totalement amoureux de Sirius. Il avait des cheveux d'un blond doré magnifiques, et des yeux bleus clair superbes. Depuis le début de leur Deuxième Année, il l'avait séduit. Sirius devait avouer que John n'était pas mal, mais Sirius n'était pas porté sur les gars… Et même si ça l'avait amusé au début – bien que son premier sentiment eut été la panique – il s'était rendu compte que le jeune garçon était très, très, très, très, très collant. Trop. Ç'en était insupportable. Il avait donc dû, dès le début de l'année, se résoudre à utiliser les grands moyens pour être tranquille.
« Je te cherche partout dans Poudlard depuis la rentrée ! Je ne t'ai même pas trouvé quand nous étions dans le Poudlard Express ! Alors que tout le monde vous avait vus… Je ne comprends pas. Tu m'évites ? »
« Si seulement je pouvais. »
« Tu me vexerais presque. Toujours aussi blagueur ! »
« Dis-moi, tu ne devrais pas être avec tes copines dindes en train de glousser en prenant une partie de la Grande Salle pour une basse-cour ? Parce que je ne suis pas d'humeur, là. »
« Tu deviens grossier. Tu sais très bien que je n'aime pas cet humour. »
« Bon, alors John-Stanislas, je vais être très clair avec toi : je m'ennuie. Royalement. Mais je préfère encore passer pour un décérébré en jouant avec mes petits pois que de passer la soirée avec toi. TU-ME-SAOULES ! Tu me colles depuis la Deuxième Année, je ne peux pas passer une seule journée sans t'apercevoir, pas vivre un seul interclasse sans que tu ne viennes me taper la discute, j'en ai marre ! Alors je vais te dire la stricte vérité : je t'ai lancé un sort. Le sort de non-voyance, tu vois ? Eh ben je l'ai légèrement modifié pour que tu ne puisses plus me voir. Comme ça, tu ne venais pas me parler, j'allais en cours tranquillement, et surtout… O joie extrême, tu me foutais la paix. »
« Tu plaisantes, hein ? » demanda-t-il, hésitant.
« J'aimerais ! Mais tu ne comprends pas John ! Tu es très gentil, je te promets que tu es très gentil. Un bon ami, très présente pour ceux que tu aimes… Peut-être même un peu trop présent, d'ailleurs… Mais je ne suis pas amoureux de toi. Je ne t'aime pas. »
« Mais Sirius, moi non plus ! »
« Quoi ? »
« Je ne suis pas amoureux de toi ! Je suis dingue, de toi ! »
Sirius se retint de manger sa robe. Qu'avait-il fait au bon Dieu pour que ce mec le colle autant ? Qu'avait-il fait à Merlin pour que cette gourde ne comprenne jamais rien ? Qu'avait-il fait à Morgane pour que cet idiot ne veuille pas lui foutre une paix royale ?
« Bon. Bien. » inspira-t-il. « John-Stanislas, je vais essayer d'être plus clair, en évitant d'être trop méchant. Tu… Euh… Es très collant. Trop collant. Je ne suis pas amoureux de toi, encore moins dingue de toi, et je suis désolé de te le dire comme ça au bout de quatre ans. J'aurais dû te le dire plus tôt. Mais là, ça devient insupportable. Il y a plein de filles – et sûrement de garçons – à qui tu plais à Poudlard… Pourquoi ne vas-tu pas avec eux ? Tu te fais du mal en te raccrochant à moi. Parce que, pour tout te dire, j'aime quelqu'un d'autre. »
Oh la… C'était quoi ce mensonge ? Oh non… Il aurait mieux fait de se taire là. John-Stanislas allait répéter tout ça à tout le monde, et répandre une fausse rumeur ! Ah non… Sirius eut envie de pleurer d'énervement. Il ferait mieux de lui coller une baffe, de lui dire ses quatre vérités et de partir.
« QUOI ? » manqua de crier John.
« Non, ce n'est pas vrai, je plaisantais. Hé hé hé ! T'y as cru, hein ? J'avoue, je suis un super acteur. »
« Sirius ! »
« Bon, tout ça pour te dire que tu ferais mieux d'aller rejoindre tes Poufsouffle. Waw. Attends, je remarque qu'il n'y a que des Poufsouffle ce soir… Déborah, Bertha, toi… Où est Kendra ? »
« Avec Diggory. »
« Ils sortent ensemble ? »
« Depuis tout à l'heure. »
« Waw. Il ne perd pas de temps, le Amos. »
Il y eut un silence gêné. Sirius ne savait plus quoi dire. En fait, il n'y avait rien à dire. Il lut dans les yeux de John qu'il avait compris. Peut-être qu'il avait compris depuis le début, en fait. Mais qu'il se retenait à tout ce qu'il avait pour ne pas y croire… Il était si désespéré que ça ? Sirius baissa les yeux.
« Je suis désolé John. »
« Pas autant que moi. »
Le jeune garçon se leva, et se dirigea vers sa bande de potiche, la tête haute. Sirius soupira. Il s'y était pris comme un manche. Habituellement, il savait très bien parler aux filles. Mais là… C'était un garçon, et il ne savait pas comment s'y prendre. Mais là, il ne savait plus quoi faire pour qu'il le lâche. Il finit par se lever : il avait besoin d'un petit remontant. Il se dirigea vers le buffet, et se servit un verre de punch. A côté de lui, une jeune fille le regardait. Sirius leva la tête, et sourit en reconnaissant la jeune fille.
« Tu n'es plus en colère ? » demanda-t-il.
« Si. »
« Je vais finir par croire que tu me suis vraiment, tu sais. »
« Crois ce que tu veux je m'en tape. »
« Toujours aussi aimable. »
Il prit un deuxième verre qu'il remplit, et le tendit Daray. Après un regard étonné, elle l'accepta. Ils s'adossèrent tous les deux au buffet, observant déjà leurs camarades en train de danser. Sirius écarquilla les yeux : Lily avait finalement accepté de danser avec James. Qu'est-ce qui lui prenait ? Les livres l'avaient frappée trop fort ou quoi ? Il les regarda danser, les yeux dans les yeux. Il manqua de s'étouffer de rire : c'était assez ridicule. James planait totalement, et Lily semblait tendue comme un arc. Ils formaient un couple pour le moins étonnant. Cependant, regarder son meilleur ami et sa Harpie danser n'était pas quelque chose de très passionnant. Au bout d'une minute, il se lassa et soupira.
« Pfiou, qu'est-ce qu'on s'emmerde… »
« Laisse-moi m'emmerder en paix, s'il te plaît… »
« Un Gallion qu'il l'embrasse avant la fin du bal. » paria-t-il en montrant James danser avec Lily.
« Un Gallion qu'il se prend une baffe avant la fin du bal. »
« Je tiens pas le pari, je sais que tu vas gagner. »
Il soupira, et regarda autour de lui. Puis, pris d'une soudaine inspiration, Sirius se tourna vers la Serpentard :
« A ton avis, c'est quoi le couple le plus original de Poudlard ? »
Daray le dévisagea sérieusement.
« C'est quoi cette question existentielle ? »
« Je sais pas. C'est pour faire la conversation. »
Il se servi un verre de punch, et lui demanda de répondre.
« Rusard/Hagrid. » répondit-elle sans l'once d'une hésitation.
Sirius s'étouffa dans son verre, et recracha tout ce qu'il avait dans la bouche en éclatant de rire.
« Tu te fous de moi, j'espère ? »
« Ben tu me poses une question, j'y réponds. »
« Non, tu veux dire que… Rusard et… Hagrid ? » demanda-t-il, grimaçant.
« Aucune idée. » répondit Daray en haussant les épaules. « Mais ça, c'est du couple original. »
« Tu m'étonnes. »
Ils vidèrent chacun leur verre, échangèrent un regard, puis finalement explosèrent de rire.
« Tu les imagines, toi ? Beuuuurk… »
« J'imagine tout très, très vite, Black. Alors pitié, arrête. »
« C'est ta faute ! Tu n'avais qu'à pas me répondre un truc aussi… Beurk ! »
« C'est ta faute ! Tu n'avais qu'à pas me poser une question aussi nulle ! »
« Ok, c'est notre faute à tous les deux. »
Il se resservit un verre. Daray le regarda bizarrement. Elle haussa les sourcils, regardant la coupe avec un sourire affligé et à la fois curieux. Sirius l'aperçut et lui demanda pourquoi elle le regardait comme ça.
« Je suis curieuse de savoir combien de verres tu réussiras à boire avant de tomber dans un coma éthylique. »
« Je suis un trou, ma chère. Je tiens à l'alcool aussi bien qu'un hippogriffe sait voler et qu'une licorne a une corne. »
« Tes comparaisons métaphoriques sont sublimes, Black. On ne t'a jamais dit que tu avais une âme de poète ? Mais je te sens plus comme un hippogriffe sans ailes, et une licorne estropiée sur ce coup-là. »
« Tu peux parler, mademoiselle je-ne-touche-à-rien-c'est-mauvais-pour-la-santé ! »
« Comment ça ?! » protesta Daray.
« Quoi comment ça ? Tu ne bois rien ! Juste de l'eau ! »
« Je n'ai pas besoin d'alcool pour m'amuser, moi. »
« Ben forcément, tu ne t'amuses pas. »
« Bien sûr que si je m'amuse. Comme une folle. »
« Oh oui, ça se voit. » ironisa Sirius. « De toute façon, c'était évident. »
« Qu'est-ce qui était évident ? »
« Tu es trop… Pure, pour accepter de boire. »
« Je fais quoi là ? Du tricot ? »
« Pff… Un pauvre verre ! Je te signale que j'en suis à cinq moi ! Tu en as bu à peine deux ! Et t'as déjà l'air beurrée. »
« Je ne suis pas beurrée ! » assura Daray.
« Pff ! Au prochain verre, tu te traîneras par terre tellement tu seras ivre ! »
« Tu veux parier ? »
« Le premier qui tombe par terre d'ivresse a perdu. »
« Je tiens le pari ! »
« Très bien ! »
« Très bien ! »
Ils appelèrent les elfes de maison, préparèrent une table dans un coin, posèrent les trois saladiers remplis d'un punch bien fort – comme l'avait demandé Sirius – et s'installèrent. D'un regard de défi, Daray but trois verres à la suite, afin d'être au même " niveau " que Sirius. Il savait que c'était puéril, débile et sans aucun intérêt, mais au moins, le temps passerait plus vite et il s'amuserait.
Très vite, quelques élèves les rejoignirent, les encourageant ou riant. Evans arriva en souriant, déjà plus détendue, suivie de près par un James qui planait toujours, un sourire rêveur et heureux aux lèvres. Mais lorsqu'ils virent leurs meilleurs amis respectifs se défier du regard, et la situation, ils éclatèrent.
« Non mais tu vas pas bien ? » s'énerva Evans.
« Laisse-moi, Lily. Je veux fermer le bec à Arrogant. » répondit Daray.
« Mais c'est débile ! Où est Mc Gonagall ?! »
« Désolé, Lily jolie, mais elle est occupée avec Dumbledore. »
Le sous-entendu en fit rire plus d'un, mais Evans n'était visiblement pas d'humeur à plaisanter. Sirius aperçut Electre qui le fixait avec colère. Il lui fit un sourire narquois, signe qu'elle ne lui faisait pas peur. Mais alors qu'il allait porter un nouveau verre à sa bouche, une main l'en empêcha.
« Sirius, c'est débile, ce que tu fais là. » lui fit James.
« Non, non, non, non, non. Daray et moi avons une bataille à mener. Une revanche à prendre. C'est une histoire entre elle et moi. »
« Et sûrement la seule ! » gloussa Daray, déjà très paf.
« Ouais ! » rit Sirius, au moins aussi rond qu'elle.
« Remus, fait quelque chose… » supplia James.
« Tu veux que je fasse quoi ? Il a seize ans, James. C'est un grand garçon. »
« Tu ne nous servais pas ça les autres fois. »
Puis James le regarda, et secoua la tête lentement, dépité, lorsqu'il se rendit compte de la situation.
« Oh non… Remus, pas toi ! » manqua-t-il de s'énerver. « Bon sang, mais vous êtes tous dingues ou quoi ? Pourquoi il n'y a pas d'adulte ? Et puis vous pensez qu'il y a des Premières Années là ? Bonjour l'exemple ! »
« 'Sont tous partis, Rusard les a ramenés tout à l'heure. Il n'y a plus que les Sixième et les Septième Année. » lui dit Peter.
« Bon sang, ils sont tous timbrés… J'hallucine. » soupira James.
« T'inquiète, James. Je suis lucide, moi. » lui dit Peter.
« Nouveau, ça ! Ça me fait une belle jambe ! Remus, tu ferais mieux d'aller dormir. Sirius, lève-toi. »
« Non ! Sinon, Daray aura gagné. »
Et malgré les vociférations d'Evans et de James, les deux autres adolescents continuèrent leur pari. Finalement, James et Lily laissèrent tomber. Quelques autres élèves partirent, lassés. Sirius et Ambre étaient totalement saouls. Et le mot était faible. Pourtant, un seul saladier était vide.
Sirius se sentit vaciller. Il ne voulait pas perdre. Il vit Ambre en face de lui faire de même.
« On en est à combien ? » demanda Sirius d'une voix vaseuse.
« Treize. »
« Toujours sobre ? »
« Toujours ! Et toi ? »
« Toujours. »
Mais Sirius voyait tout trouble. Tout tournait autour de lui, il sentait ses organes internes se retourner dans son corps, comme s'ils dansaient un rock endiablé. Il porta un quatorzième verre à sa bouche tandis qu'Ambre fermait les yeux.
Mais il ne vit pas la main qui s'approchait de son verre. Il ne vit pas la potion se renverser dans son punch. Il ne vit rien de tout cela.
Il ne vit plus rien du tout.
La douleur. Seule la douleur existait, latente, languissante. Sa mère était là, en face de lui. Elle l'enguirlandait encore, lui disait qu'il n'était qu'un raté, qu'un lâche, un nul. Toujours, sans relâche. Sirius ne comprenait pas. Que se passait-il ? Soudainement, sa mère se transforma en Regulus, qui lui rit au nez, de plus en plus fort. Sirius dut porter les mains à ses oreilles pour avoir moins mal. Mais le rire ne faisait que raisonner encore plus fort.
« Tu n'es qu'un raté… Qu'un suiveur, qu'un moins que rien… Et tu n'es pas une lumière ! Tu ne mérites même pas ton prénom. »
Sirius voulait répliquer, rabattre son caquet à son frère, hurler que c'était faux, mais il ne pouvait pas bouger les lèvres. Il restait pétrifié. De nouveau, Regulus se métamorphosa. Rogue apparut :
« Tiens, Black ! Tu vois à quoi tu en es réduit ? A te saouler… Tu es donc tombé bas à ce point ? Remarque, cela ne m'étonne pas le moins du monde. Tu n'es qu'un raté, qu'un nul. Je me demande comment tu as fait pour être venu au monde. Ce que tes parents ont fait pour subir l'affront de devoir t'avoir comme fils. Comme descendant. Heureusement qu'il reste Regulus. »
Sirius voulut hurler. Mais c'était trop tard. Peter apparut, remplaçant Rogue.
« Tu ne vaux rien, Sirius. Toujours dans l'ombre de James. Pourquoi crois-tu que ce soit lui que j'admire et pas toi ? Je sais que tu voudrais que ce soit le cas… Oh oui, je le sais. Mais t'abhorre… Je te méprise… »
De nouveau, il voulut hurler. Mais il ne pouvait pas bouger. Sirius tomba à genoux. Où était-il ? Il ne savait pas. Tout était noir. Seul Peter irradiait de lumière, tel un ange. Mais une nouvelle fois, tout devint flou, et Remus apparut.
« Je ne te fais pas confiance. Tu n'aurais jamais dû être au courant de ma condition de loup-garou. Jamais, tu entends ? Mais James t'a tout dit… Il m'avait juré qu'il se tairait. Je te vomis, Sirius. Tu n'es qu'un pauvre gosse de riche qui fuit ses responsabilités… Qu'un pauvre gamin immature ! J'ai honte d'être considéré comme un de tes amis… »
Pourquoi ne pouvait-il pas protester ? Pourquoi ? Et pourquoi Remus lui disait-il tout cela alors qu'un mois à peine auparavant il lui disait qu'il l'adorait ?! Qu'il était un de ses meilleurs amis ? Il ne comprenait pas… Il ne comprenait vraiment pas… Il ne comprenait plus, il ne voulait plus comprendre. Une fois encore, les contours de Remus se fondirent dans le décor, et tout devint noir. Seul dans les ténèbres, Sirius se mis à trembler de peur. Que se passait-il ? Le silence se fit pesant. Il était seul, tout seul.
« Oui, tu es seul Sirius. Seul avec ta rancœur, ta haine contre ta famille. Tu n'es qu'un pauvre type, Sirius. J'ai honte de toi. Honte de devoir traîner avec toi. Tu n'es qu'un boulet pour moi. Si tu n'étais pas là, Lily serait déjà ma petite amie, Remus ne souffrirait pas autant, et Peter aurait d'avantage confiance en lui. Pourquoi crois-tu que tu aies eu un conseil de discipline l'an dernier ? Mais comme si ça ne suffisait pas, il a aussi fallut que tu t'enfuies de chez toi pour venir chez moi. Incapable de s'assumer seul, en plus ! Tu ne devrais même plus oser lever les yeux sur qui que ce soit. Qui es-tu pour renier ta famille ? Ton nom ? Ta classe ? Tu devrais avoir honte. Honte d'être ce que tu es en réalité. Si j'étais toi, Sirius… Je me tuerais. J'en finirais avec tout cela. »
« Non James… Tu… Tu ne peux pas me dire ça… »
Sirius se mit à sangloter. Des ombres l'attaquèrent soudainement. Il se débattit du mieux qu'il put, griffant, mordant, frappant. Et finalement, les ombres disparurent. Et il se remit à pleurer. On ne pouvait pas lui dire ça. On ne pouvait pas le penser. On ne pouvait pas. C'était impossible. Il était si mal-aimé que ça ? Etait-il autant un boulet pour ses amis qu'ils le lui avouaient ? Mais pourtant, Jenny lui avait dit de ne pas s'en faire, que ses amis ne l'avaient pas trahi. Mais était-ce trahir si on n'aimait pas une personne ? Sa plus grande peur était que ses amis ne l'aiment pas, au fond. Qu'il était juste quelqu'un d'amusant, pas un vrai ami… James avait su avant Sirius que Remus était un loup-garou, Peter admirait James, pas Sirius… Peut-être que ceux qu'il appelait ses amis n'en étaient pas vraiment et qu'ils le détestaient ? James… Il s'était tellement lié à lui. C'était son meilleur ami, son frère. A la vie à la mort. Pourquoi lui disait-il qu'il ne l'aimait pas ?
« James… »
Il n'arriva pas à prononcer autre chose. Que sa mère, Regulus et Rogue l'insultent, le maltraitent, le blessent, à la limite, il s'en moquait. C'était dur à entendre, mais c'était une réalité qui ne l'atteignait pas. Qui ne l'atteignait plus. Mais que James… Ce frère, lui qui finissait ses phrases lorsqu'il les commençait, lui qui l'avait accueilli chez lui lorsqu'il en avait eu besoin. James. Pourquoi ? Il n'eut pas le temps de se poser d'avantage de questions. Une main douce et froide se posa sur sa joue. Il leva la tête.
« James a raison, Sirius. Entièrement raison. Tu dois mourir. Tu es quelqu'un de mauvais. Tu sèmes le mal et le chaos partout où tu vas. Tu troubles la paix de tout le monde. Tu es un traître de sang. Crois-tu que quiconque puisse t'aimer ? Tu renies ton pouvoir, ton nom, ton sang, ta famille… Pour le néant. Tu renies tous ceux qui sont morts pour que ton nom soit respecté. Moi, à ta place, je me tuerais. J'en finirais avec tout cela. Tu devrais le faire, Sirius. Ce serait mieux pour toute la communauté magique. Tu ne manqueras à personne. Pas même à James. Alors il vaut mieux débarrasser le monde d'un poids, non ? Tu ne crois pas ? »
« Je… je ne veux pas… » murmura Sirius.
Il ne comprenait pas : jamais il n'avait pleuré. Jamais devant quelqu'un. Et il ne voulait pas mourir. Que se passait-il ? Pourquoi lui disait-on tout cela maintenant ?
« Il le faut Sirius. Il faut que tu meures. »
« Tu… Tu es sûre ? » demanda-t-il.
« Certaine. »
Sirius se tut. Il pouvait débarrasser le monde d'un poids comme lui en un moment. Un instant et il mourrait, et le monde serait heureux, en paix. Plus de douleur, plus de pleurs, plus de honte, plus de problème. La Paix. Le Bonheur. Sirius hocha la tête : c'était la solution. La seule. Comme cela, il aurait au moins récupéré sa dignité.
Sirius approcha ses mains des ses poignets, et commença à gratter. A gratter, toujours plus vite, toujours plus fort, toujours plus profondément. Il avait mal, mais c'était pour le bien du monde. Il fallait qu'il meure. C'était une nécessité. Le monde avait besoin de sa mort pour aller mieux.
Ses ongles s'enfoncèrent d'avantage dans sa peau. Le liquide chaud perça sa peau, coulant lentement contre son bras, dans sa main. Il ne fallait pas s'arrêter. Il fallait continuer, c'était une nécessité.
Le sang coula.
La nuit fut noire.
La Lune fut rouge.
Le sang avait coulé.
Et pas que sur Sirius.
Toujours cette douleur. Son poignet lui faisait mal. Sa tête bourdonnait. Quelqu'un semblait frapper dedans à tire-larigot. Toujours cette souffrance. Toujours ce mal. Toujours cette peine. Toujours cet étau qui lui enserrait le cœur. Toujours cette douleur. Toujours ces ténèbres. Sans lumière. Sans espoir. Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ? Ce mot tournait sans cesse dans sa tête. Pourquoi lui ? Pourquoi lui avait-on dit tout cela ? Pourquoi maintenant ? Il bougea. Il entendit des draps se froisser. Le petit bruit résonna à l'infini dans sa tête. Sirius grimaça. Que s'était-il passé ?
Il entendit un chuchotement à côté de lui. Puis un autre. Des bruits de métal. Tout résonnait en lui. Il avait mal au crâne. De quoi se souvenait-il ? Halloween… Daray… Le pari… James, Peter, Remus, Daray, Rogue, Regulus et sa mère qui lui disait qu'il fallait mourir. Mourir. Mourir.
Mourir.
« Il revient à lui. » dit une voix à côté de lui.
James.
Sirius bougea un peu. Où était-il ? L'odeur, la douceur des draps, la chaleur de la couverture… Il était à l'infirmerie. Que s'était-il passé ? Il tenta d'ouvrir les yeux avec difficulté.
La lumière. Enfin. Après les ténèbres, les lumières étaient là, en face de lui. Il en avait mal aux yeux. Ce que c'était douloureux ! Il tourna les yeux vers la droite. James. Il était là. Que faisait-il ici après ce qu'il lui avait fait ? Ce qu'il lui avait dit ? Son visage était flou. Petit à petit, il distingua les contours de James parfaitement.
Celui-ci lui sourit, rassuré. Pourtant, il avait une mine lamentable.
« Ey ! » salua-t-il. « Tu vas bien ? »
Sirius déglutit, grimaça de douleur, et hocha la tête, le foudroyant du regard.
« Que s'est-il passé ? » demanda Sirius avec agressivité.
« On… on… Tu… Il… » bafouilla James. « Tu… Tu te souviens de quoi précisément ? »
« Tout. »
« Ah. C'est vaste, ça. Euh… Donc… En fait, ce qui s'est passé, c'est que tu as bu quelque chose de très mauvais. »
« Je sais que l'alcool est mauvais, Potter. »
James tiqua. C'était la première fois depuis la Première Année que Sirius appelait James par son patronyme.
« Je ne parlais pas de ça. Tu as bu une potion. Elle devait être mélangée au punch que tu as bu hier soir. »
« Une potion ? »
« De Frayeur. »
« De quoi ? C'est quoi ce truc ? Qu'est-ce que ça fait ? »
« Ce truc te fait voir ta plus grande peur. »
« Ma plus grande peur ? Ah non ! Je te promets, James, je n'ai jamais eu peur de ma mère, de Regulus, de Rogue, de Remus, de Peter, de toi et de Daray ! Crois-moi ! »
« Waw. Ça en fait, du monde. »
« En fait, M. Black, ce que vous avez vu n'était qu'une illusion. Votre peur est sans doute liée à ces personnes. Que vous ont-elles dit ? » demanda Pomfresh.
Sirius baissa les yeux, fort intéressé par les plis que faisaient les draps. Il sembla les compter pendant un petit moment, puis il murmura, d'une voix quasi-inaudible.
« Ils me disaient que j'étais un raté… Un nul… Que je ne les méritais pas. Que je n'aurais jamais dû partir. Que j'étais un poids pour tout le monde… Qu'il fallait que… Que… Que je meure. »
James le regarda, outré, choqué, énervé, effrayé… Tout ça à la fois. Une palette d'expression animait le visage de l'adolescent. Pomfresh hocha la tête, désolée.
« C'est bien ce que je craignais. Cette potion a été plutôt bien préparée. Mais la personne qui l'a conçue n'est pas très douée. C'était une potion purement scolaire. Les personnes que vous avez vues, M. Black, n'étaient pas réelles. Juste des représentations de votre imagination, de votre plus grande peur. Vous ne craignez rien. »
Alors… Il avait juste rêvé ? Juste rêvé ? C'était tout ? Jamais ses amis ne l'avaient insulté, trahi, mal-traité, abhorré ? Un poids immense tomba d'un coup, libérant son cœur. Il se sentait si bien, d'un coup.
« Mais quel était le but réel de cette potion ? » demanda malgré tout Sirius.
« Regardez vos poignets. » dit-elle finalement. « Vous y avez été de bon cœur. Si M. Pettigrow n'était pas arrivé à temps pour me prévenir, vous seriez mort à l'heure qu'il est. D'un suicide. »
Sirius déglutit bruyamment. Il avait faillit mourir. Faillit se suicider. Faillit se donner la mort. Lui qui aimait tant la vie, malgré tout son lot de mauvaises choses.
« Vous devez vous reposer, M. Black. Vous venez de vivre un traumatisme, vous êtes en état de choc. M. Potter, appelez-moi s'il y a quoique ce soit d'étrange. »
« Même… ? »
« Même. Chacun de mes patients est important. Et ce qu'a vécu M. Black est très grave. J'espère que cet incident n'était pas intentionnel. »
Puis elle se retourna et partit. Sirius ne réalisa pas ce que disait James. Il entendait juste les paroles que le faux James lui avaient répétées.
« Pas intentionnel, mon œil ouais ! Je trouve ça étrange que Lily et toi ayez été agressés à une journée d'intervalle… »
Sirius écarquilla les yeux, réalisant. Electre. C'était elle. Elle s'était vengée. James n'était pas au courant. Pour le moment, il ne fallait rien lui dire. Surtout, ne rien lui dire. Il haussa les épaules, et chercha un sujet de conversation.
« Daray a eu la même chose que moi ? »
« Non. Je trouve ça suspect, d'ailleurs. Lily est avec elle. Dis-moi, t'as une touche ou quoi avec Daray ? Elle semblait super inquiète hier. Remarque, tu me diras, c'était super impressionnant. Tu t'es mis à hurler, à crier que tu ne voulais pas, tu es tombé à genoux, tu as mis tes mains sur tes oreilles… Et puis tu… Tu as pleuré… C'était… Flippant. Remus a essayé de te calmer, mais tu t'es débattu si violemment qu'il n'a pas pu te retenir. Et puis… D'un coup, tu as commencé à te gratter le poignet. Violemment…. Peter est parti chercher Pomfresh. Et puis après… »
« C'est bon James. Arrête. Je ne veux pas savoir. »
« Non, mais, ce n'est pas ça que je veux te dire, enfin… »
« Au fait, je t'ai vu danser avec Lily hier soir ! Bien joué ! »
James rougit.
« Je ne sais pas ce qui lui a prit, mais j'aime bien. Nous avons un peu discuté. »
« Et ? »
« Et elle s'est détendue. »
« Tu l'as embrassée ? »
« Je n'en ai pas eu l'occasion… » avoua James.
« Désolé de t'avoir gâché la soirée, James… Vraiment… »
« Non, non, rassure-toi, ce n'est pas ta faute. Enfin… Pas entièrement. Et puis je ne l'aurais pas embrassée de toute façon. Je ne veux pas qu'elle me prenne pour un débile qui ne pense qu'à ça. Je veux qu'elle m'aime, avant qu'on sorte ensemble. Pas lui faire peur, ni la forcer… Tu comprends ? »
Sirius sourit, et hocha la tête.
« Mais que s'est-il passé alors pour que tu n'aies même pas pensé à l'embrasser ? » demanda-t-il, en souriant avec espièglerie.
Un cri déchirant perça le silence qui s'était installé. Sirius se redressa en sursautant. Des pleurs se firent entendre, ponctués de 'Noooooon… C'est pas possible…'. Sirius vit Pomfresh courir auprès du jeune garçon qui avait hurlé. Sirius tourna un regard inquiet, signe qu'il ne comprenait pas ce qui se passait.
James déglutit difficilement.
« James, qu'est-ce qui se passe ? » demanda-t-il.
Sirius se rendit soudain compte de quelque chose.
« Pourquoi tu es seul ? Pourquoi Peter et Remus sont-ils absents, James ? »
Un silence lui répondit. Que se passait-il ? D'autres pleurs se firent entendre. D'autres cris furent poussés. D'autres questions s'imposèrent à l'esprit de Sirius.
Et James sembla se décider. Il prit une grande inspiration.
« C'est justement de ça dont je voulais te parler, Sirius… »
Il planta son regard dans celui de son meilleur ami. Si Sirius s'était mis à parler, sa voix aurait tremblé. Mais il ne dit rien. Il se tut, attendant avec angoisse ce que James allait lui apprendre. Il savait que c'était mauvais. Il sentait que c'était très mauvais.
« Il… Il y a eu une attaque, Sirius. Dans le Londres moldu, et au Ministère… »
Sirius ferma les yeux. Ce n'était pas fini. Il le savait. La phrase de James était en suspend. Malgré tout, il trouva la force de demander :
« Et ? »
« Quarante-deux blessés, dont trente-sept graves. » énonça James, d'une voix lente, le regard absent. « Deux cent vingt-quatre morts. »
Il prit une grande inspiration, qui fit trembler Sirius.
« Le père de Remus en fait partie. »
Fin du chapitre 9Réponses au Reviews :
Darkenger : Tout d'abord, pour ton frère… Euh… Je peux être insultante ? Il est très con, ton frère. Il n'a rien d'autre à faire ? Ne le prend pas pour toi, m'enfin… Sinon, merci pour ta review, en effet, la vengeance d'Electre sera dans ce chapitre. Mais qui a dit que c'était Electre au fait ? C'est pas parce qu'elle a juré sur la tête de ses ancêtres qu'elle lui ferait du mal qu'elle lui en fera tu sais ! Euh… Ahem… Comment ça je suis pas crédible ? Merci beaucoup encore…
Gaffiote : Waw, ta meilleure amie est une poule ? Ca doit pas être facile à vivre… Toujours entendre des caquètements, devoir lui donner des graines… C'est chiant une poule, tu le sais ça ? Moi à cinq ans, mon jeu favori c'était d'ouvrir la porte du poulailler de ma mamie. C'était mignon. Euh… Bref. Vous m'aimez ? Oh ! C'est mignon ! Vous êtes québécoises ? Parce que moi je n'utilises que des expressions françaises. Parfois modifiées à la sauce Sorcières, certes, mais bon… En tout cas, tant que ça vous plaît… J Merci pour ta review !
Lou4 : Ambre se rendra compte qu'Electre est fautive dans le 11ème chapitre. Comment… Ah ça ! Merlin est venu la visiter pour lui raconter son avenir, son passé… C'est marrant, tu verras. Moi je dis qu'on doit laisser à tout le monde une deuxième chance. Maintenant, c'est pas moi qui ait dit que personne ne méritait ça, c'est Sirius. Et moi ça fait bien longtemps que j'ai renoncé à les contrôler… manque d'éclater en sanglots J'en ai marre moi… M'écoutent jamais… Merci pour ta review.
Bisounourse : Tu m'as trop tentée. Bénie soit la personne maudite qui t'as surnommée comme ça. Alors, niveau perfection, je n'aurais jamais la prétention de dire que c'est vrai. Même si ça fait plaisir, ma fic est bourrée de défaut, et je dirais heureusement, car sinon ce ne serait plus une fic. Pour l'histoire d'amour, tu risques d'être déçue. Pour qu'une histoire d'amour soit contrariée, il faut qu'il y ait une histoire d'amour. Et ça, ce n'est pas dit. Merci pour tous tes commentaires, ça me fait très plaisir. Gros bisous.
Nadia : Tu m'as bien envoyée une review… Sur le chapitre 1 ! ;-) Tu commences à être en manque ? Oh ! C'est mignon ! Ben… Voilà. Mais… Moi je suis la Mort, pas la Drogue… M'enfin… Merci pour ta review.
Serpent-dormeur : Et oui, comme tu dis, ça va saigner !!! Gniark gniark gniark ! T'as de la chance de publier " tard " car voilà la suite aujourd'hui. N'oublie pas, je serai toujours plus folle que toi. Les messieurs en blanc me connaissent super bien.
Valà ! Choses promises, choses dues : la suite des explications. On va commencer par les animaux, ce sera plus rapide, y'en a que quelques uns.
Crash (le hibou de la famille Daray) : Ben je crois que j'ai été assez explicite… Crash est incapable de voler sans se prendre un truc dans la figure. D'où le nom : Crash. Ça fait stylé je trouve.
Patapouf (la grosse chouette de Lily) : Là encore, je crois que le nom dit tout : cette chouette une boule de plumes dans le sens littéral du terme. On se demande presque comment elle arrive à voler. Mais ce sont des détails peu importants. Je doute même que vous aillez retenu les noms de ces deux animaux ! Remarquez, pour être franche, moi aussi.
Oreur (l'elfe de maison des Daray) : Je sais que ce n'est pas un animal, mais c'est une créature de mon invention. Bref, j'ai remarqué que les elfes de maisons portaient des prénoms bizarres. Dobby en anglais a une signification spéciale dont je ne me souviens plus, mais qui, en gros, veut dire faible, ou un truc du genre et Winky est une alcoolo (je l'adore elle !). Bref, il fallait un nom à la hauteur du personnage : Oreur. Evidemment, c'est une modification du mot horreur. Je trouve que c'est un nom parfait pour un elfe de maison. Dans mon délire sur Mc Go' l'elfe s'appelle Piket, comme l'alcool " piquette ", un clin d'œil à Winky.
Et les autres élèves et les prénoms de parents que vous avez rencontrés depuis :
Jenny Longdubat : Je voulais placer Jenny comme prénom. Je trouve ça mignon, et ça collait au personnage que j'envisageais pour la sœur de Franck. Quant à son nom de famille, ça n'a pas été comme si j'avais réellement eu le choix.
Caitlin Potter : Je crois, si je me souviens bien, que ça veut dire protection en je ne sais plus quelle langue. Quant à Potter, JKR a choisi pour moi.
Harry Potter : L'admiration de James pour son père. Tout cela sera expliqué dans un chapitre ultérieur (avec un début d'explication au chapitre 10). Je pense que c'est possible que James ait appelé son fils par le prénom de son père… Enfin, je suis pas très beaucoup normale, moi, aussi.
Alan Longdubat : Alan en grec je crois, veut dire force, courage. Et quand on apprend dans le quatre, que Franck (et sa femme) ont été très courageux, j'ai pensé que le père de Franck devait être un excellent exemple également. M'enfin, vous en apprendrez d'avantage sur les désirs de Franck quant à son avenir dans un chapitre prochain.
Adrian Avery : Lui j'ai mis du temps à le trouver. Un sacré paquet pour tout dire. J'hésitais avec d'autres prénoms, mais Camille aimait bien Adrian. Moi aussi. Donc hop ! Voilà. Je crois que ça veut dire " qui n'a pas de prix " ou quelque chose comme ça. Et visiblement son père l'aime beaucoup. Vaseux comme explication, je sais. Mais bon… Personne n'est parfait ! Et certainement pas moi !
Myrna Potter : La sœur de Harry, qui racontait des horreurs à James sur les Harpies. Myrna est un personnage taré de " La Conjuration des Imbéciles " de John Kennedy Toole, un type génial. Comme Myrna Potter n'est pas quelqu'un de très équilibré non plus… Le prénom s'est imposé de lui-même. Même si c'est une idée de Ange. Merci Ange !
Voilà ! Si vous avez d'autres questions, si vous voulez en savoir plus sur d'autres choses, n'hésitez pas, j'y répondrais dans la mesure du possible. Gros bisous à tous,
Kazy.
Prochain chapitre : POV Remus.
Promenons-nous dans les bois…