Disclaimer : Voir chapitres précédents...
Résumé général : Les Maraudeurs ont seize ans, Voldemort monte en puissance, il faut faire un choix. Faudra-t-il renier son éducation ou l'accepter pour vivre en paix avec soi-même ? Sans se sentir manipulé ?
Résumé du chapitre précédent : Sirius fait un pari avec Ambre et manque de pot à cause d'une Potion tente de se suicider. Quand il se réveille, il apprend qu'il y a eu une attaque et donc beaucoup de morts. Le père de Remus fait partie des victimes…
Note de Wam : Merci à Camille pour ses corrections et à Ange pour avoir encore une fois testé ce chapitre, avec ses remarques très importantes sur le vocabulaire des années 70. Qui a dit que the 70's show était une série qui ne servait à rien ?
Entre Ombre et Lumière
Chapitre 10 : Promenons-nous dans les bois…
« Promenons-nous, dans les bois… » chantonnait-il.
« Tant que le loup n'y est pas… » répondait l'autre en écho.
La Lune était ronde. Lui en était presque effrayé, l'autre adorait l'admirer. Ces histoires sur les loups-garous les terrifiaient. Et pourtant, et lui, et l'autre avaient eu envie ce soir là de prendre le risque. Ils étaient si impressionnés. On leur avait toujours dit de faire attention aux loups-garous, de ne jamais sortir les nuits de pleine Lune, à cause de la proximité de la forêt.
L'autre avait vu la baguette de leur mère posée sur la table. Lui allait s'endormir. L'autre l'avait entraîné. Lui avait accepté. Tous les deux chantonnaient gaiement sur le sentier près de la forêt, habitués à leur balade dans la journée. Ils étaient en vacances. Ils avaient huit ans. Ils étaient grands, mignons, et tout le monde leur promettait un avenir magnifique. Tout le monde les voyait ensembles si fusionnels, si heureux d'être tous les deux. Et eux étaient sûrs que, comme ils étaient nés ensemble, ils mourraient ensemble. Mais le destin en avait décidé autrement.
Ils avaient été sûrs que leur avenir serait le même, ou presque, jusqu'à ce jour. Jusqu'à cette nuit terrible où l'autre l'avait entraîné dans son exaltation, dans son emportement, dans sa curiosité, dans sa mort.
« Si le loup, y'était, il nous mangerait… »« Mais comme il n'est pas, il nous mangera p… »
Mais le loup y était. Et le loup avait attaqué. L'autre avait été renversé par le Loup. Lui avait hurlé, pétrifié d'effroi. L'autre s'égosillait de douleur. Lui tremblait de terreur. L'autre ne bougeait plus. Ses larmes lui brouillaient la vue. Il serrait la baguette avec frénésie, comme persuadé que la Magie le sauverait. Que faire ? se demandait-il, sans cesse. Mais il n'y avait rien à faire. Il avait huit ans. Il était jeune. Mais il n'était pas bête.
Dans les yeux jaunes du Loup, il comprit qu'il allait mourir.
Dans les yeux jaunes du Loup, il comprit qu'il allait périr.
Mais dans les yeux jaunes du Loup, il avait mal lu.
Car les yeux jaunes du Loup disaient qu'il serait mordu.
Son père était mort. Mort. Mort. Mort. Ce mot résonnait sans cesse dans sa tête, dans son cœur, dans son âme. Tout semblait se refermer devant lui. Pourtant, il n'avait pas si mal. Il avait entendu des camarades dire à d'autres combien ils souffraient. Ou alors ils avouaient qu'il n'y avait pas de mots pour exprimer ce qu'ils ressentaient.
Pour lui, il y avait un mot. Un mot qui décrivait entièrement l'état d'esprit dans lequel il était.
Vide.
Son esprit était vide. Son cœur était vide. Lui restait-il seulement un cœur ? Son âme était vide. Ou trop pleine pour accuser le coup. Il ne ressentait plus rien, comme anesthésié. Et pourtant, son père faisait partie des victimes. Victimes. Victimes. Victimes. Pourquoi les mots les plus durs résonnaient-ils sans arrêt dans sa tête ?
Cela faisait maintenant deux heures qu'il était assis là, sur le fauteuil de sa salle commune, tremblant. Plusieurs sanglots troublaient le silence de mort qui régnait depuis ce matin dans la salle des Gryffondor.
Sirius était à l'infirmerie. James était avec lui. Peut-être lui expliquait-il la situation ? Peut-être Sirius était-il encore dans le coma. Il avait eu la peur de sa vie lorsqu'il avait vu son meilleur ami faire une crise pareille. Et puis la nouvelle était tombée. Après l'arrivée de Pomfresh, et le départ de Sirius, Mc Gonagall était entrée dans la Grande Salle au milieu d'une foule encore hagarde à la suite de 'l'événement'.
Tout le monde avait tourné la tête vers elle. Tout le monde l'avait regardée dans les yeux. Tout le monde avait comprit qu'un drame s'était encore produit. Tout le monde s'était tu. Tout le monde avait attendu, angoissé, anxieux, la sentence terrible qu'allait prononcer Mc Gonagall. Et elle l'avait dit. Qu'il y avait eu deux attaques. Des blessés. Des morts. Elle les a tous cités, de tête, comme s'ils s'étaient gravés dans sa mémoire à l'encre indélébile. Tous les élèves étaient tendus, sachant qu'il y avait eu une attaque dans les 'deux' mondes.
Abott, Adams, Arbal, Benny, Covington, Craker, Efyr, Golth, Gringester, Harris, Iven, Jonhson, Jorkins, Lance, Lupin, Monstar, Oxford, Pers, Roger, Stifler, Weasley, et Wood.
Etrangement, ils les avaient tous retenus, comme Mc Gonagall. Ces vingt-trois adolescents, dont lui, venaient de perdre un membre de leur famille. Vingt-trois adolescents qui pleuraient ce membre, cette personne, ce père, cette mère, cette sœur, ce frère, cet ami qu'était la victime. Vingt-trois personne qui ne demandaient qu'une chose : Justice.
Abbott s'était évanoui. Adams avait pâli soudainement. Iven était avec sa petite amie et avait fait une crise de nerfs, Pers s'était soudainement mise à pleurer. Le reste des élèves étaient ou trop choqués pour réagir, ou absents.
Mais Remus, lui, n'avait pas réagir. Il avait hésité. Hésité entre croire ou rejeter. Puis il avait vu les larmes couler sur les joues de Pers, le corps inanimé d'Abbott, et le visage décomposé d'Adams… Et il avait décidé qu'il fallait accepter. Une autre question s'était alors imposée : Qui ? Son père ou sa mère ? Le Moldu ou la Sorcière ? Lequel préférait-il 'garder' ? Lequel de ses parents lui ferait le moins de mal en mourrant ?
« Bonjour mon chéri. »
Sa mère le regardait de ses yeux doux. Avait-il rêvé ? Sa fuite, sa balade, son amusement avec l'autre, sa mort, et sa morsure ? Cela n'avait été qu'un rêve ? Pourtant, il avait si mal… Si mal. Il regarda son bras gauche.
Non.
La morsure était là. La trace des dents était imprimée dans sa peau. Le bandage entourait toujours son bras. Pourquoi avait-il douté ? Mais sa mère le regardait toujours tendrement. Presque trop. Où était l'autre ? Où était-il ? Il tourna la tête vers l'autre lit. Il était vide. Il regarda sa mère. Elle le regardait maintenant d'un air triste. Il le savait, elle ne lui en voulait pas. Ou peut-être lui en voulait-elle trop ? Il se mit à sangloter, tout doucement. Et se jeta dans les bras de sa mère.
Puis elle surgit. D'un coup, sans préavis. La Voix. Pourquoi se sentait-il étrange ? Pourquoi entendait-il une voix étrange dans sa tête ? Pourquoi lui disait-elle de faire de mauvaises choses ? De mordre, de frapper, de hurler, de… De tuer ? Que s'était-il passé ? Etait-il… Etait-il vraiment devenu un… Un loup-garou ?
Pendant des heures et des heures, ils restèrent tous les deux dans les bras l'un de l'autre. Puis sa mère se détacha de lui.
« Ton père ne va pas tarder à rentrer. » lui dit-elle en lui caressant les cheveux.
Il hocha la tête, ne prononçant aucun mot. Etait-il devenu muet ? Pourquoi ne parlait-il pas ? Pourquoi n'en avait-il pas vraiment envie ? Il ouvrit la bouche. Que dire ? Là était vraiment la question. Que pouvait-il dire ?
« Pardon. »
Sa mère se tourna d'un coup vers lui, alors que lui-même était étonné. Il n'était pas muet, c'était déjà une bonne chose. Mais la Voix restait présente. La Voix lui répétait sans s'arrêter de lui faire du mal. Sa mère s'approcha de lui, et le serra dans ses bras, sans prononcer un mot. Il savait que si elle avait dit quelque chose, elle aurait menti. Il sentait qu'elle ne voulait pas de ses excuses, qu'il était à moitié pardonné, qu'elle aurait voulu le détester, mais qu'elle ne pouvait que l'aimer, parce qu'il était son fils, et qu'il ne lui restait plus que lui. Il ne savait pas si c'était une bonne ou une mauvaise chose…
« Remus ? » demanda quelqu'un.
Peter. Il l'avait oublié. L'adolescent leva la tête vers son ami, et lui sourit.
« Oh, à d'autres Lunard ! Je ne viens pas te demander comment tu vas… Je sais comment tu vas. »
« Que veux-tu ? » questionna-t-il gentiment.
« Te changer les idées… Tu veux qu'on aille manger en attendant Sirius et James ? Et puis… Tu penseras peut-être à autre chose ? »
« C'est gentil, Queudver, mais je n'ai pas très faim. » sourit Remus.
« C'était presque crédible. Allez, viens. La pleine Lune était il y a à peine trois jours. Tu dois manger. Tu en as triplement besoin. Et puis… Je n'ai pas envie de manger seul. »
« Peter, je sais très bien que James t'a dit de veiller sur moi le temps qu'il aille voir Sirius. Si tu veux aller manger, vas-y. Moi je n'ai pas faim. »
« M'en fous. Tu vas venir avec moi. » décida Peter. « Et pas de 'mais' qui tienne ! Allez ! Debout. Maintenant. C'est un ordre, M. Lupin. »
Lupin. Lupin. Le nom de son père. Son père était mort. Pourquoi n'avait-il pas aussi mal que les autres ? Pourquoi ne pleurait-il pas ? Pourquoi ne faisait-il pas de crise de nerfs ? Pourquoi ne s'évanouissait-il pas, comme les autres ? Peut-être était-ce lié à son statut de loup-garou… ? Il avait perdu de son humanité en devenant loup-garou. Peut-être était-ce cela ?
« Bonsoir. Tu… Tu vas bien ? » demanda son père.
Il hocha la tête. Mais il sentait la distance entre son père et lui, malgré les trente centimètres qui les séparaient. Lorsque l'autre était encore là, ils étaient très proches. La Magie ne les avais pas encore séparés, ils s'amusaient beaucoup, s'aimaient énormément, et riaient tout un après-midi pour un rien. Mais depuis la mort de l'autre… Son père l'évitait.
Il le savait. Il avait tout compris. En un regard, il avait lu. En un moment, il avait tout entendu. En une seconde, il avait sentit son père trembler. En un baiser, il avait perçu le dégoût. En un reniflement, il avait discerné la peur.
Car son père avait peur. Terriblement peur de son propre fils. La Magie venait de le percuter de plein fouet. Lui-même s'était excusé, mais son père ne lui avait pas répondu, comme ça mère. Son père n'avait rien dit. Il s'était contenté de jeter sur lui un regard neutre, perdu, choqué.
L'enfant avait compris que son père ne l'aimait plus. Ou qu'il ne savait plus comment l'aimer. Il était perdu. Il était parti se réfugier dans son bureau, laissant son fils, son dernier fils, seul, peut-être plus perdu que toute sa famille réunie, qui ne comprenait pas tout. Qui se retrouvait avec des sens sur-développés, avec une solitude à tout casser, avec une Voix qui lui soufflait des abominations. Parce que son père n'avait jamais vraiment cru à la Magie. Parce que maintenant, il y était totalement confronté.
Alors sa mère l'avait couvé, toujours protégé de tout. Des autres, mais surtout de lui-même. Pas une semaine ne se passait sans qu'elle ne lui offrît un cadeau. Pas un jour ne passait sans qu'elle ne lui eut dit qu'elle l'aimait. Pas une heure ne s'écoulait sans que sa mère ne vint lui parler, s'assurer qu'il allait bien. Et pourtant, il se sentait si seul. Pas forcément parce qu'il n'y avait plus l'autre. Pas forcément parce que son père était dégoûté par lui. Pas forcément parce que sa mère était présente sans vraiment être là. Tout simplement parce qu'il sentait que son nouveau statut faisait de lui un hybride. Une créature. Un solitaire.
Alors il avait dû se résoudre à lire. Sa mère, malgré tous ses cadeaux, pâlissait à chaque colère, chaque protestation, chaque cri. Il apprit à connaître les mots, à connaître la vie, à savoir qui il était. Il apprit à cacher qui il était, à subir en silence la souffrance que les pré-pleines Lune et pleines Lune lui procuraient, à toujours utiliser le mot juste, à ne se prononcer que quand on le lui demandait. A rester calme surtout. Le Loup qui était en lui depuis cette nuit n'attendait qu'une colère qu'un moment de faiblesse pour se réveiller.
Et il savait qu'il ne fallait pas qu'Il se réveille.
Voilà pourquoi il n'avait pas aussi mal que ce à quoi il s'attendait. Il n'aimait pas son père. Ou plutôt son père ne l'aimait pas. Plus. Plus trop… Plus beaucoup… ? L'aimait-il vraiment ? Peut-être à sa façon… Oui. Il avait toujours vécu dans le 'culte' de l'autre. De celui qui n'avait pas été mordu, qui avait su rester digne, malgré la mort. De celui qui n'était pas devenu un monstre. Car son père utilisait bien ce mot, en son absence, Remus le savait. Son père avait peur de lui. Pouvait-on avoir peur de son fils ? De son propre fils ? Etait-ce réellement possible ?
Remus vit deux ombres devant lui. Il leva les yeux, et reconnut Sirius et James, tirant tous deux une tête de six pieds de long, une mine si épouvantable qu'il en eut presque peur. Sirius s'assit en face de lui, à côté de James. Ils le regardèrent tous les deux, et lui sourirent gauchement.
« Je suis désolé, Remus. » dit Sirius.
Il hocha la tête. Que pouvait-il répondre ? Merci ? Il trouvait cela déplacer de remercier quelqu'un d'être désolé. Que ce n'était pas grave ? Il aurait menti. Même si ce n'était pas la folle ambiance entre son père et lui, il était tout de même secoué. Alors le mieux, c'était de se taire, et de hocher la tête.
« Tu vas bien, toi ? » demanda-t-il.
Sirius haussa les épaules, signe que ce n'était pas grave. Remus eut un sourire amusé. Sirius Black n'avait pas sa dignité pour rien. Il était, malgré tout ce qu'il disait, un Black. Remus leva un sourcil, pas dupe.
« Bon, ok. Version soft ou hard ? »
« Soft, s'il te plaît. »
« J'ai le ventre en lambeaux, la tête qui bourdonne, tout résonne dedans, le poignet droit en sang, qui me brûle comme s'il était en feu, les ongles qui me brûlent autant que mon poignet, la poitrine qui me fait mal dès que je respire, et les jambes tellement engourdies que je me demande comment je fais pour marcher, en bref : j'ai l'impression d'être passé sous un troupeau de dragons. »
Il y eut un petit silence.
« Et puis j'ai faim aussi. » ajouta-t-il.
« Heureusement que c'était la version soft. » remarqua Peter, qui reposait délicatement sa tranche de cake, légèrement dégoûté.
« Tu veux entendre la hard ? » demanda Sirius, tentant de détendre l'atmosphère, Remus le savait.
« Non, non. Merci Sirius, c'est très attentionné de ta part, mais… Non. »
« Tu ne sais pas ce que tu rates. »
« Oh si justement ! Et c'est mieux comme ça. »
« Tu sais qui a fait ça ? » demanda Remus.
Il voulait se changer les idées. Les occuper sur autre chose. Mais Sirius ne semblait pas ravi d'en parler. Il n'en avait aucune envie, Remus le sentit. Une odeur étrange émanait de lui, cette odeur qui le caractérisait lorsqu'il était préoccupé, ou qu'il cachait quelque chose. Mais Remus savait que Sirius ne cacherait rien qui pourrait lui nuire. Quoique… Mais en même temps, Remus ne voulait pas forcer son ami à parler. Lui-même n'en avait aucune envie.
« Aucune idée. Mais ça m'a servi de leçon, je ne toucherai plus jamais à l'alcool… »
Remus sentit le mensonge. Sirius savait. Il savait qui lui avait fait ça. Mais pour une raison obscure, il ne dénonçait pas. Qui, il n'en avait lui-même aucune idée. Mais c'était étrange que Sirius soit aussi secret. Cela n'annonçait rien de bon. Mais mieux valait laisser tout cela tel quel. Si Sirius avait eu envie d'en parler, d'avouer, il l'aurait fait immédiatement.
« Bien. Tant que ça t'a servi. » conclut Remus.
Il y eut un silence lourd. La plupart des élèves étaient seuls, perdus dans leurs pensées, assis, grignotant distraitement les mets délicieux que les Cuisines de Poudlard proposaient. Remus ne savait plus sur quoi cibler ses pensées. Enfin, il avait une idée, mais il savait qu'elle était mauvaise.
Soudain, un oiseau entra dans la Grande Salle, peu remplie pourtant. Une tempête de hiboux le suivit, allant vers la plupart des élèves présents. Quelques animaux se posèrent délicatement sur la table et attendirent patiemment que leurs maîtres apparaissent. Quelques uns cependant ressortirent par la fenêtre.
Un magnifique hiboux au plumage gris-noir effleura la table, et se posa sur l'épaule de Remus : c'était Angel, la chouette de la famille Lupin. A sa patte, une lettre était attachée. Doucement, Remus l'attrapa, et la posa sur la table, libérant ses mains. Il attrapa quelques bouts de pain et remplit un petit bol d'eau qu'il tendit à l'oiseau. Celui-ci se jeta presque sur la nourriture.
Lentement, Remus reprit la lettre, et en décacheta l'enveloppe. Il reconnut immédiatement l'écriture vive, ronde et claire de sa mère. Ci et là, l'encre était un peu floue, noyée par les larmes que Melody Lupin avait dû verser lorsqu'elle avait écrit.
« Mon très cher Remus,
Peut-être en as-tu déjà été informé, peut-être as-tu lu la Gazette ce matin, peut-être as-tu entendu des rumeurs, ou peut-être ignores-tu tout. Quoiqu'il en soit, je suis désolée de devoir t'écrire cette lettre.
Il y a eu une attaque, cette nuit. Londres était la cible. Les deux mondes ont été visés. Le ministère, et le côté de Londres où est la banque de ton père. Il n'y a eu aucun survivant. Pas un seul. Ton père est mort, Remus. Je suis sincèrement désolée de devoir te l'annoncer. Je t'aime très fort, et tu sais aussi bien que moi que, malgré la situation, il t'adorait également.
La situation. Il était une 'situation' pour sa mère ! Presque dix ans après, sa mère n'acceptait toujours pas son statut de loup-garou. Et avec son métier… C'était ridicule ! Son écriture était tremblante, difficile à lire. Comme écrite en vitesse, bien que l'auteur en eut cherché les mots.
« Les funérailles auront lieu dans deux jours, dans les coutumes moldues. Après tout, il en était un, et en était fier. Je ne t'oblige pas à venir, je comprends que tu veuilles rester à Poudlard. C'est beaucoup moins risqué, plus sûr. Mais si tu en as envie, ta chambre est prête et je t'attends.
Quoiqu'il arrive, Remus, je serais toujours là. Ne l'oublie jamais.
Je t'aime,
Maman. »
« C'est absurde ! » grommela Remus.
« Quoi ? » demanda James, étonné que son ami réagisse comme ça.
« Ma mère ! Elle pense que je ne veux pas aller aux funérailles de mon père. Comme si j'allais la laisser seule dans un moment pareil. »
Remus sentit James réfléchir. Il réalisa qu'il n'avait parlé que de sa mère. Peut-être savaient-ils que son père et lui ne s'entendaient pas très bien et que sa mort ne l'affectait pas beaucoup, pas autant que sa mère ? Il aurait mieux fait de se taire…
« Tu vas donc y aller ? » demanda Peter.
« Tu n'irais pas, toi ? »
« Je ne sais pas. S'il n'y avait pas ma mère, je n'irais pas. Mais dans l'autre cas… »
« T'as ta réponse. »
« Tu n'aimes pas ton père ? »
« Lui ne m'aimait pas beaucoup. »
« Pourquoi ? »
« Peter la ferme ! » gronda Sirius.
« Parce que c'est toujours dur pour un Moldu de voir que la Magie existe vraiment. Parce que c'est toujours dur pour un père de voir son propre fils avili par une créature magique. Parce que c'est toujours dur pour un homme de savoir que son fils est devenu un monstre. Voilà pourquoi avec mon père nous n'étions pas proche. »
Remus vit James baisser les yeux, Sirius foudroyer Peter du regard, et Peter se ratatiner sur place, soudainement absorbé par son assiette de porridge. Le jeune lycanthrope soupira.
« Ce n'est pas grave, les gars. Je m'y suis fait depuis longtemps. Je m'y étais fait depuis longtemps. De toute façon, qu'il soit mort ou non, ça revient presque au même : depuis ma morsure, mon père restait enfermé dans son bureau ou dans sa banque. Et quand je suis entré à Poudlard, je ne le voyais pas plus. C'est plus pour ma mère que c'est dur. »
Ils hochèrent tous la tête.
« Tu pars quand ? » demanda Sirius.
« Demain, je pense. Il faut que j'en parle à Mc Gonagall, voir si elle est d'accord. Vous prendrez des notes pour moi, hein ? »
« J'le crois pas… » lâcha James. « Tu nous parles de cours dans un moment pareil toi… Evidemment qu'on prendra des notes ! Quant à Mc Gonagall, je pense qu'il n'y aura aucun problème. Trois élèves sont déjà partis ce matin. »
Remus hocha la tête. Il y eut un silence pesant, pendant lequel chacun prit soin de rester plongé dans ses pensées – plus ou moins noires – et de manger tranquillement. Remus eut un sourire. James pensait à Evans. Il dégageait cette odeur propre à l'amour qu'il ressentait envers cette fille. Evans était une fille sympa. Si elle n'avait pas eu une aversion totale envers les Maraudeurs dès leur Première Année, ils auraient pu être amis. Il s'en était fallu d'une pauvre petite blague de James pour qu'elle le déteste. Après tout, il était d'accord avec James pour une fois : ce n'était pas sa faute. Pas réellement, du moins. Il avait voulu faire une farce à Rogue. Manque de chance, ce fut Evans qui passa juste avant Rogue, et qui fut ensorcelée. Elle n'avait absolument pas apprécié – ce qui était tout à fait compréhensible – et avait promis que Potter le lui paierait. Choses promises, choses dues : elle l'avait ensorcelé pendant une journée. Il ne pouvait dire que la vérité, ce qui lui avait attribué deux retenues – une avec Wilkes et une avec Lopez, leur jolie Professeur de Défense Contre les Forces du Mal qui n'avait pas apprécié que James lui dise qu'elle était 'plutôt jolie, super sympa, mais pas très fute-fute.'.
Sirius ruminait. Remus le sentait également. A propos de quoi, ça, il l'ignorait. Il avait des pouvoirs ultra-sensoriels, certes, mais il n'était pas non plus devin, et ne pouvait pas lire dans les pensées des gens. Qui pouvait l'avoir mené au désir de se suicider ? Car c'était bien cela. Ce n'était qu'une illusion propre à la vision de Sirius, mais ce n'était pas le fruit du hasard. Qu'avait-il vu ? Qu'avait-il entendu ? Qu'avait-il senti ? Pourquoi une réaction pareille ? Qui lui avait fait ça ? Sirius le savait, Remus en était persuadé. Mais il ne pouvait forcer son ami à lui dire la vérité. Et c'était ça qui l'embêtait. Parce qu'un silence de Sirius Black n'augurait jamais rien de bon.
Il vit Daray passer la porte, une mine épouvantable au visage. Cette fille était étrange. Il ne la connaissait qu'à travers les descriptions de Sirius, ce qui n'en donnait pas toujours un beau tableau. Mais derrière les mots méchants, cyniques et accablants de Sirius, Remus avait trouvé qu'il y avait quelque chose de bizarre. Il connaissait plutôt bien la famille Daray, de réputation. Elle pratiquait la Magie Noire autant que lui se répétait qu'il était un loup-garou – environ trente fois par jour – et Esther Daray était morte subitement, officiellement renversée par un moldu ivre, officieusement… On ne savait pas. Remus fronça les sourcils. Elle chantonnait un air qui lui était familier. Il la vit aller s'asseoir à sa table, et se servir un petit déjeuner. Il finit par détourner les yeux, et se re-concentrer sur ses amis.
Il regarda Peter. Il en eut un sursaut. Peter était haineux. Une espèce d'aura grise émanait de lui. C'était bien son aura, bien sa magie. Mais elle était largement teintée de haine. A l'état pur. Contre qui était-il aussi en colère ? C'était mauvais. Très mauvais, ça. Peter était habituellement naïf, gentil, et très peureux. Mais il se mettait très rarement en colère. Peut-être même jamais. Remus posa sa main sur son épaule.
« Qu'est-ce qu'il y a, Peter ? » murmura-t-il pour ne pas que Sirius et James l'entendent.
« Rien. » mentit-il.
« Pas à moi, Peter. »
« Tu sais très bien que je n'aime pas que tu me fouilles ! »
« Je n'y peux rien ! » protesta Remus. « Allez… Dis-moi ce que tu as… »
« Mon père n'est qu'un nul, voilà ce que j'ai. J'aurais préféré que ce soit lui qui meure à la place du tien. Je suis désolé Remus. »
« Tu le détestes tant que ça ? »
Peter regarda son ami comme jamais auparavant il ne l'avait fait. Remus y lut la détermination, la persuasion, l'assurance. Tous ces sentiments qui étaient si rarement présents dans le regard de Peter Pettigrow.
« Oui. »
« Mais Peter… On ne peut pas désirer la mort de son propre père ! C'est… »
« Tout est relatif, Remus, tu le sais très bien. Toi qui ne t'entendais pas si bien avec le tien, et Sirius qui l'abhorrait pratiquement devriez comprendre ça. Evidemment, le plus dur c'est avec James. Il vit dans un cocon, ses parents l'adorent, il admire totalement son père et sa mère. C'est vrai quoi ! Ses parents sont de vrais héros ! Qui n'en feraient pas autant ? Sauf que moi, mon père, c'est une loque. Un nul, un lâche. Tu sais quoi Remus ? Je te promets que je ne serai jamais comme ça. Moi, je ferai partie des vainqueurs. Des grands. Je ne veux pas être mon père. »
Où était passé le Peter au manque de personnalité flagrant ? Où était passé le Peter timide, naïf, presque idiot ? Où était-il passé ? Pendant un instant, Remus en eut presque peur. Mais en même temps, il le comprenait. Sirius le comprenait également. Il lui répétait sans cesse qu'il haïssait son père, et que c'était un loser. Quant à sa mère… Mieux valait être loin lorsque Sirius Black parlait de sa famille : ses propos pouvaient choquer n'importe quelle personne normale. Quant à James… Peter avait entièrement raison. Il vivait cloîtré dans son cocon, ignorant ce que c'était de ne pas se sentir aimé. Quoique, avec Evans, il en goûtait une partie. Mais ses parents étaient de grands Aurors, qui l'aimaient du fond du cœur. Et il était pourri gâté. Il avait certes changé depuis – enfin pas tant que ça – mais ça ne changeait pas grand chose. Au fond, James Potter resterait James Potter.
Mais Peter pouvait-il vraiment honnir son père à ce point pour en désirer la mort ?
« Ah ! Tu es venu ! » s'écria Melody Lupin.
Elle le prit doucement dans ses bras, et l'étreignit longuement. Remus lui rendit son étreinte, bien que de façon plus distante.
« Comment vas-tu ? » demanda-t-elle.
« Je vais bien. Et toi ? »
« Oh, je me remets lentement. Ça me fait bizarre de voir le lit vide le matin. » sourit-elle maladroitement. « Mais toi, les cours ? Ce n'est pas trop dur ? Ton nouveau Professeur de Défense Contre les Forces du Mal est sympa ? Tu ne m'en as pas encore parlé cette année… »
Remus était mal à l'aise. C'était étrange de voir sa mère tenter de rester normale, de garder les habitudes. Il lui répondit gentiment, accompagnant son explication de petites anecdotes qui firent rire sa mère.
Ils passèrent à table. Melody se dirigea vers un meuble en chêne, et attrapa trois assiettes, ordonnant à son fils de la laisser faire. Il la regarda tristement tirer le tiroir du meuble pour en sortir trois fourchettes, trois couteaux et trois cuillères. Il s'avança lentement vers sa mère et lui prit les mains. Il retira délicatement les couverts ainsi que l'assiette en trop, et alla les ranger. La femme le regarda d'un œil un peu absent, comprenant ce qu'elle venait de faire. Elle posa les couverts restants sur la table, et se mit à pleurer. Remus alla prendre sa mère dans ses bras.
« C'est pas grave, maman. C'est pas grave… »
Mais elle ne s'arrêtait pas. Ses larmes coulaient de plus en plus librement, de plus en plus bruyamment, de plus en plus fortes. Devant toute cette douleur, Remus se sentit à la fois désarçonné et coupable. Que faire devant sa mère ? Cette mère qui pleurait librement devant lui. Il se sentait coupable de ne pas partager entièrement sa douleur. De ne pas la partager du tout, même. Et c'était peut-être ça qui lui faisait le plus de mal.
« Attrape le ballon ! »
Il sauta et poussa son frère pour l'attraper. L'autre tomba au sol, l'entraînant dans sa chute, et rit, malgré sa défaite. Leur père se moquait d'eux ouvertement, hilare. Les deux enfants se regardèrent, et hochèrent la tête simultanément, comme cela leur arrivait très souvent. Sans préavis, ils se jetèrent sur le père.
Dans une tempête de rires, les trois garçons se battirent gentiment, ignorants du destin tragique qui allait les séparer.
Il se réveilla en sursaut. Sa blessure lui faisait mal. Et les questions, toujours plus présentes, commençaient déjà à tourner dans sa tête : pourquoi son père ne jouait-il plus avec lui ? Pourquoi son frère n'était-il plus là pour rire avec lui ? Pourquoi avait-il été simplement mordu ? Plusieurs fois, il aurait préféré être tué, comme son frère. Mais c'était impossible. La voix lui disait de faire des horreurs. De mordre. De griffer.
De tuer.
Mais il ne voulait pas, lui. Il voulait redevenir le petit garçon qui avait son frère, et qui était aimé de son père. Il voulait redevenir le petit garçon qui n'était pas 'le monstre'. Il voulait tout simplement redevenir un petit garçon.
« Seigneur, accueille Gary Lupin dans les cieux, et garde-le dans la paix. »
Tout le monde pleurait. La famille de son père. Sa mère. Ses collègues survivants, car n'étant pas à la banque lors de l'attaque. Le peu d'amis qu'il avait. Pourtant, au milieu de ces larmes, de cette souffrance, lui ne ressentait rien. De la tristesse. Remus avait une main sur l'épaule de sa mère, et attendait patiemment que ça se passe. Il n'aimait pas être là où il était. Il n'aimait pas cette situation. Il n'aimait pas se sentir aussi différent des autres.
Ils passèrent tous devant eux, lui serrant la main, lui présentant leurs condoléances. Il acceptait, sans vraiment les voir. Alors il se contentait de les remercier, de hocher la tête, et de garder sa main dans celle de sa mère, dont les larmes ne pouvaient s'arrêter de couler. Que faire ? Que dire ? Rien ne semblait pouvoir la guérir de cette maladie qu'était la perte de l'homme qu'on aime.
Lorsque tout le monde fut parti, Melody leva des yeux perdus, embués de larmes, vers son fils. A travers sa souffrance, elle lui sourit. Remus la regarda dans les yeux. Il sut immédiatement qu'il n'aurait pas dû.
L'alcool lui brûlait le bras. Il s'était mordu toute la nuit. Il avait eu faim. Pourtant, tout était flou dans sa tête. Il ne se souvenait plus de ce qu'il avait fait. Juste qu'il s'était senti seul. Qu'il s'était senti prisonnier, qu'il avait hurlé à la mort, qu'il avait voulu partir, s'enfuir. Il s'était laissé commander par la Voix. Il avait eu envie de tuer, de mordre, de sentir le sang. Mais il n'avait pu que tenter de se tuer, que se mordre, n'avoir pu que goûter son propre sang.
Le bandage plein de crème adoucit la douleur. Il cherchait son regard, elle l'évitait, prenant bien soin de ne regarder que les blessures. Lui savait que sa mère était impressionnée. Pourtant, elle était infirmière à Sainte Mangouste. Ces blessures, ce sang, cette détresse, c'était son lot quotidien. Peut-être n'avait-elle jamais vu un garçon de huit ans loup-garou. Peut-être n'avait-elle jamais vu un petit garçon de huit ans loup-garou qui était son fils. Peut-être réalisait-elle seulement maintenant que son fils était ce que son mari disait : un monstre.
Et lui ne comprenait définitivement pas. Il était devenu si horrible que ça ? Il serait maintenant obligé de vivre solitaire, sans l'amour de son frère, de son père et de sa mère ? Serait-il désormais orphelin ?
Il grimaça et poussa un 'aïe' à peine retenu. Sa mère appuyait très fort sur les blessures, pas comme elle le faisait avant. Avant… Ils avaient toujours voulu grandir, avec l'autre. Mais maintenant qu'il était devenu ce qu'il était, cet hybride, ce loup-garou, ce monstre, il ne voulait plus grandir. Il voulait encore être regardé avec tendresse. Il voulait encore être embrassé avec amour. Il voulait encore être grondé avec un manque de colère flagrant. Il voulait toujours rester ce petit garçon. Il ne voulait plus être ce qu'il était.
Enfin, il accrocha le regard de sa mère. Et dans ses yeux, il lut la réponse à sa question : rien ne serait plus jamais comme avant, il faudrait désormais grandir plus vite. Il faudrait rester seul.
Ce fut la première fois qu'il eut vraiment envie de pleurer. Mais la première fois que sa détermination à être respecté l'empêcha de le faire.
« Tu sais Remus, tu peux pleurer. Ça te fera du bien. »
Il était minuit, la veillée funèbre était terminée. Il finissait de ranger, en silence. Remus sourit.
« Je n'ai pas envie de pleurer maman. Pas pour le moment, du moins. »
« Tu es si fort… » soupira-t-elle.
Elle ne savait pas. Il n'était pas fort. Il était faible. Il était lâche. Il était ingrat. Il était inhumain. Il était un hybride. Il était un monstre. Mais sa mère ne voulait pas le voir, ne voulait pas le croire. Un silence pesant s'installa.
« Il t'aimait. »
« Je sais. »
« Tu mens très bien, mais je ne suis pas dupe, Remus. »
Il ne répondit pas. Que pouvait-il répondre ? Elle avait entièrement raison.
« Il t'aimait vraiment. » répéta-t-elle.
« Ecoute maman, c'est bon. Aucun problème. Je m'y suis fait depuis longtemps. Je me suis fait à l'idée que mon propre père ne m'aimait plus, qu'il préférait se plonger dans le travail plutôt que de profiter de son fils. De son dernier fils. Et je me suis fait à l'idée que tu avais peur de moi. Crois-moi, j'ai accepté ma 'situation' comme tu dis, beaucoup plus vite et facilement que vous. »
« Je n'ai pas peur de toi ! » protesta sa mère. « Il ne manquerait plus que ça ! »
Mais le cœur n'y était pas. Et Remus le savait, le sentait. Sa mère était si facile à lire…
« Arrête, maman. Quand j'étais en colère, tu palissais en une seconde, tu m'enfermais avec vingt cadenas dans la cabane de métal pour être sûre que je ne puisse pas vous faire de mal. Tu ignorais mes cris. Je sais parfaitement que tu ne m'aimes plus comme tu m'aimais avant. Quand il y avait celui que papa et toi appelez 'l'autre'. »
« Remus… » souffla-t-elle. « Ton père t'aimait. Je t'aime aussi. Tu es notre fils. »
« NON ! » hurla Remus. « Non ! Arrête de dire ça ! Arrête ! Je sais parfaitement que papa m'appelait 'le monstre' ! Je sais qu'il répétait sans cesse 'il aurait dû mourir comme l'autre' ! Je sais que tu ne disais rien, que tu ne faisais rien pour l'en empêcher ! Je sais que tu le laissais s'éloigner de moi ! Et oui maman ! Tu as sûrement oublié qu'un loup-garou a des sens sur-développés ! D'ailleurs, cela m'étonne de toi ! Vu ton boulot, j'aurais au moins pensé que tu aurais eu la décence de m'empêcher d'entendre. »
Sa mère, blanche comme la neige, les yeux flous, retenant à peine ses larmes, restait pétrifiée de terreur. Mais Remus n'en avait cure. Il en avait marre qu'on se moque de lui. Marre qu'on le prenne en pitié, marre qu'on le couve trop, ou pas assez. Tout simplement marre d'être lui-même.
« Et tu sais ce qu'est le pire ? » reprit-il. « C'est que ça ne me fait plus rien. Au début, je ne comprenais pas. L''autre' me manquait atrocement. Mon père s'éloignait de moi à une vitesse phénoménale, et toi tu me couvrais de cadeaux pour que je me sente aimé. Mais ce que la plupart des parents ne comprennent pas, c'est qu'un enfant n'a pas forcément besoin de cadeaux ! Un enfant a plus besoin de ses parents présents pour lui, qui l'aident. Combien de fois es-tu venue me voir pour me demander comment s'était passé ma transformation ? Combien de fois es-tu venue me demander si je voulais plus de renseignement sur ma 'situation' ? Jamais ! Pas une seule fois ! »
Sa mère se mit cette fois à pleurer librement, et Remus comprit. Il était allé trop loin. Il pensait réellement ce qu'il venait de dire, mais ce n'était pas le moment d'avouer à sa mère qu'elle avait totalement loupé son rôle, ni de le lui dire sur ce ton. Elle avait voulu le rassurer, se rassurer. Et lui n'avait pas compris. Il s'était simplement énervé. Ce dont il avait eu le plus peur depuis qu'il était devenu un loup-garou venait de se produire. Avait menacé de se produire.
Il regarda sa mère, et tenta de l'approcher. Mais elle eut un mouvement de recul. Etrangement, il sentit comme un poignard qui s'enfonçait dans son cœur, aussi profondément que possible. Cette mère venait de le repousser. Il avait été trop loin. Retenant ses larmes, il sortit.
« Quand on sera grands, on fera quoi ? » demanda l'autre.
« On sera… Professeurs. Les plus grands Professeurs du monde ! » répondit-il avec un grand geste théâtral, assis sur sa balançoire.
« Chez les Moldus ou chez les Sorciers ? » questionna l'autre, le regard perdu dans le coucher de soleil.
« Tu préfères quoi toi ? La magie ou l'électricité ? »
« Les deux ! Comme on est pareils, on pourrait échanger une année sur l'autre ! Personne ne s'apercevrait qu'on n'est pas nous ! »
Ils rirent. Ils rirent de ce rire enfantin qui caractérise l'innocence entièrement présente dans ces cœurs si purs, pas encore avilis par le Mal de l'Homme. Ils étaient encore, et peut-être pour la dernière fois, ces enfants qui vivent dans leur bulle paisible, qui croient que la vie est belle, qui ne savent pas qu'un jour, tout peut basculer.
Et le rire se répercutait dans l'immensité du ciel aux couleurs chaudes, comme interminable.
Depuis le jardin, il regarda par la fenêtre et vit sa mère s'affaisser doucement contre le pied de la table, ramenant ses jambes à elle, comme si elle voulait disparaître. Il entendit ses pleurs, qui résonnaient en lui comme des hurlements. Il sentait sa peine, sa détresse, son désarroi. Il entendait ses cris, ses appels, ses signaux de détresse. Il touchait sa haine, son dégoût, sa peur. Il goûtait son chagrin, ses larmes, son malheur. Il voyait sa répugnance, sa colère, ce désastre. Et il savait que ce n'était pas à lui que s'adressaient tous ces sentiments, tous ces actes. Il n'avait été qu'un élément déclencheur, comme sa mère l'avait été pour lui.
Dans la lumière de la lune, à peine ronde, il se fit cette promesse. Ce n'était pas pour se venger. Ce n'était pas pour venger son père. C'était pour venger sa mère. Il se promit qu'un jour, un beau jour, Voldemort paierait. Il paierait pour tous les morts tombés devant lui, pour tous les blessés devenus fous de terreur, pour toutes les larmes versées à cause de lui, pour toutes les malédictions prononcées qui n'ont jamais atteint leur but. Pour tout ça, Remus se promit qu'un jour, Voldemort paierait.
Car il paierait, c'était sûr.
Le Loup en lui se réveillait.
Fin du chapitre 10Réponses au reviews :
Nadia : Merci beaucoup pour ta review. Si ce chapitre te plaît, je pense que celui-ci te plaira également. Bonne lecture.
LOU4 : Tu sais, Electre n'est pas vraiment victime de son éducation. Je la connais très bien, elle est réellement folle. Son éducation n'a fait qu'empirer les choses. Tu en sauras plus sur leur passé dans le 11ème chapitre. Mais moi je l'adore Electre, si ça peut te rassurer ! Merci d'avoir reviewé.
Kamala1 : Cliffhanger ? Qu'est-ce que c'est ? T'inquiète, celui ou celle qui a fait du mal à Sirius paiera dans le 20ème chapitre. J'ai hâte d'y être à ce chapitre. Pour que je poste un chapitre, il faut que deux chapitres après celui-ci soient terminés, afin que je puisse modifier certaines choses au cas où. Par exemple le 10. J'ai rajouté une donnée en prévision du chapitre 11. Merci pour la review.
Angelene Hystéria : Ta voix mélodieuse me détend énormément… Tais-toi ! Merci de nous plonger dans les souvenirs de ton adolescence paisible et heureuse, ça nous va droit au cœur. J'espère que je suis très sadique. Parce que comme ça fait un peu deux semaines que je ne me suis pas défoulée, je crois que je reporte toute ma frustration sur les persos. Ça se voit, non ? Tu as le regard d'un gnou qui aurait loupé sa période de migration Ange. Je suis en train de formater Gérard, il m'a fait un gros gros bug. Heureusement que j'avais sauvegardé ma fic… Sinon, j'aurais tout perdu… Bouncy bouncy.
Camille : Pas question que je change la fin. La mort du père de Remus est assez importante. Je l'expliquerai sûrement dans le making-of. Ou pas. Aucune idée. Quéo apparaîtra dans longtemps : la Septième Année. D'ailleurs, je crois que ma fic sera très longue, une soixantaine de chapitre à peu près, je crois. Z'êtes pas arrivés. Bisous ma Poulpynette.
Darkenger : Tu t'en es sortie ? Tu sais, les messieurs en blanc viennent trop souvent me voir à mon goût. Ça m'ennuie. M'énervent à me filer des petites pilules débiles. Bande de cons. En fait, moi j'aurais pas laissé Sirius dans le bureau de Drug. Parce que ce que tu ne sais pas, c'est qu'il a mis des Amazones dans son bureau ce soir-là. Et Sirius adore les Amazones, il l'a dit lui-même. Donc si tu veux… Même s'il se fait bouffer après ce serait moins drôle que le voir à la limite du suicide. Gniark gniark gniark. Ahem. NOOOOOON ! PAS LES PILULES !
Eiram : Superbe, ton pseudo. Je ne savais pas que Camille t'avais dit que j'écrivais… Ca me flatte… Du talent, du talent… Euh… C'est vite dit quand même ! J'avais compris que tu étais la Padawan, figure-toi. Et tu as pas mal de reviews, tu sais. Persévère, ta fic est très bonne. Faire de Peter le cousin de James, ça explique pas mal de choses. J'aime. Continue.
Bisounourse : Mais non, ta fic n'est pas une rédaction de 6ème j'en suis sûre. Et puis je trouve que je n'écris pas si bien, moi… Quand je me relis je me demande où je trouve le courage de poster un truc aussi con. Tu es un gars ? rougi énormément Excuse-moi, jusqu'à présent je te prenais pour une fille… Habituellement, il y a peu de garçons qui lisent les fics… Tu devrais faire une bio, pour qu'il y ait pas de malentendu ! Ca se finira plus ou moins mal… En fait, ça dépend de quel point de vue on se place. Il y aura des hauts et des bas, et connaissant la fin… Euh… Je me tais ! Pour Bertha, je casse peut-être le mythe, mais c'était juste l'insulte… Je ne me rappelais plus qu'il y avait une chanson pareille – mais maintenant que tu le dis. Tu auras plus d'amitié sur James et Sirius dans le chapitre 13 et plus de Ambre-Sirius dans le 11. Je veux bien que JKR lise mon histoire, mais je pense qu'elle irait se suicider immédiatement vu que mon histoire est un peu… euh… Pas très comme elle quoi. Merci pour tout, et bisous.
Tatiana Black : Alors, pour le Quidditch, je l'ai dit à Darkenger je crois, James n'est pas Attrapeur. C'est JKR elle-même qui l'a dit, il était Poursuiveur. Et il n'a jamais été dit dans le tome 5 que Sirius et Remus faisaient partie de l'équipe. Ou du moins je ne l'ai pas vu. Tu pourras me donner les pages où c'est dit s'il te plaît ? Après tout, c'est plausible… La relation entre Ambre et Sirius sera assez compliquée. Je ne spoile pas, vous verrez bien. Vous aurez un rapprochement entre Lily et les Maraudeurs dans le chapitre 12. Je te remercie pour tous tes compliments, ils me touchent beaucoup. Merci d'avoir reviewé.
MAJ faite le 31/12/2004
