Titre : Entre Ombre et Lumière
Auteur : Kazy
Adresse e-mail : marina.cool@wanadoo.fr
Disclaimer : Voir chapitres précédents.
Protection parentale : PG-13. Ça commence à changer.
Livres : Les 5 tomes.
Résumé Général : Les Maraudeurs ont seize ans, Voldemort monte en puissance, il faut faire un choix. Faudra-t-il renier son éducation ou l'accepter pour vivre en paix avec soi-même ? Sans se sentir manipulé ?
Résumé du chapitre précédent : Remus a perdu son père lors de l'attaque de Voldemort. Il va à l'enterrement de son père, et s'enguirlande avec sa mère.
Note de Wam : Merci à Camille et à Ange pour leurs tests et leurs réflexions très intéressantes et importantes ('ça se disait pas 'tu me prends la tête' dans les années 70 !'). suite à une question posée par Claire je rappelle que je poste environ toutes les semaines, sauf quand Camille n'a pas le temps de faire des corrections et à ce moment vous aurez une semaine – voire plus – à attendre. Je poste ou le vendredi ou le samedi. Rarement le dimanche. Si ce n'est pas posté le dimanche, sachez que vous aurez une semaine de plus à attendre…
Réponses au Reviews :
Tatiana Black : Effectivement, je prépare la trahison de Peter, les soupçons de Sirius pour Remus, et ceux de Remus pour Sirius plus tard quant au traître. Tu as bien deviné. Pour les aveux de Sirius… Non. Il n'avouera rien à Remus. Tu verras le chapitre 12 sera marrant là-dessus, et on a un début d'explication dans ce chapitre. Merci beaucoup pour ton analyse et ta review. J'aime bien qu'on analyse. Voir si ce que je veux faire passer passe, justement. Merci encore.
Darkenger : Tu ne t'ennuies pas trop à l'asile ? Moi je m'y ennuyais comme un rat mort. Toujours des gens qui crient… C'est assourdissant. Je préfère rester cloîtrée chez moi un samedi après-midi ensoleillé plutôt que d'aller à l'asile. Effectivement, j'écris assez vite – au plus grand dépourvu de ma bêta lectrice qui trouve que j'écris trop vite – donc je poste relativement rapidement. Tu as pleuré en lisant ce chapitre ? Mouais. Je sais pas, moi je ne le trouve pas spécialement triste. En même temps, je n'ai pas énormément de recul sur ma fic, donc forcément… Merci pour la review.
Nadia : Waw. Encore une madeleine ! Je pensais pas que ce chapitre était si bouleversant… Voilà le nouveau chapitre. Si tu veux en savoir un peu plus sur moi, va lire ma bio ! ^__^ Merci pour la review ! Bonne lecture !
Lisandra : Effectivement, je trouve qu'Electre n'est pas un personnage à détester. Elle est beaucoup trop marrante pour ça. Merci beaucoup pour ta review.
Tabasco : Ce n'est pas que le père de Remus ne l'aimait pas en fait, c'est qu'il ne savait plus vraiment comment l'aimer. C'était un Moldu, il n'avait jamais été réellement confronté à la magie… Alors être percuté d'un coup comme ça par la Magie, ça l'a retourné et il n'a pas réussi à encaisser. C'est plus ça en fait. Remarque, au fond ça revient au même : Mumus se sent seul. Je te le laisse Camille. Merci énormément pour ta review.
Kamala1 : Merci. Je n'écris pas mieux que toi, tu sais ! Bonne lecture !
Angelene Hysteria : Je ne sais pas quoi dire, là, tu vois. Moi qui parle constamment, qui ait un avis sur tout et n'importe quoi, je ne sais pas quoi te répondre. Merci ? Ca me paraît petit comme mot… M'enfin. Merci beaucoup. Tes fics sont super, alors lecteurs, s'il vous plaît, lisez-les ! Si je l'ai mise dans mes auteurs préférés, ce n'est pas pour rien croyez-moi !
Bisounourse : T'es né au Brésil ? T'es Brésilien alors ? Waw. La classe. Il n'y a pas que les filles qui lisent des fics, mais disons que la plupart des lecteurs sont surtout des lectrices… Enfin… Je crois. Je sais pas trop en fait. Mais ça fait plaisir d'avoir un avis masculin puisque, étant une fille, je ne fais que représenter la psychologie masculine telle que je la perçois. Pas fameux, mais bon. Effectivement, ses parents n'ont pas été très sympas avec lui. Sa mère avait cru bien faire. Rien n'est jamais très beau dans une vie. Des hauts, des bas… Un loup-garou vit toujours plus de bas que de hauts. Mdr pour Star Wars ! Ça m'a fait trop rire et le pire c'est que c'est exactement comme ça que je le voyais ! Merci beaucoup pour ta review ! Bisous !
Claire : mdr pour ton PC ! On dirait mon Gérard ! Il se coupe d'un coup puis se relance, puis d'un coup me lance une page web sans que je le lui ai demandé… Il est doté d'une âme visiblement, ce dont je me serais bien passé… En tout cas, si ma fic te plaît, c'est le principal ! Pour la relation JL, elle avancera un peu plus dans les chapitres 12-13. En bien ou en mal, je ne te dis rien. Merci pour tous tes compliments. La réaction d'Ambre est dans ce chapitre. Quant à ta critique, crois-bien que je n'en ai pas été vexée le moins du monde ! Je pense au contraire que les critiques font avancer, bonnes ou mauvaises, et surtout les mauvaises. Si je me vexais à chaque fois qu'on me critiquait, je crois que je n'avancerais jamais ma fic, car Ange et Camille ne se gênent pas. A mon plus grand énervement, mais à mon plus grand plaisir également. Effectivement, je réalise que je n'ai pas été très claire : le chapitre 7 est sur Electre, qui s'arrête le soir d'Halloween. Le chapitre 8 est la version d'une partie du chapitre 8 mais vue par Sirius et qui s'arrête également le soir d'Halloween. Le chapitre 9 est le soir d'Halloween. C'est plus clair l ? Désormais, je donnerai le prochain POV et le titre à la fin de chaque partie. Ce sera sûrement plus clair. Si jamais tu as d'autres questions, tu peux, n'hésites pas. Merci pour ta review !
Bonne lecture !
Entre Ombre et Lumière
Chapitre 11 : Souvenirs, souvenirs…
" Maman, tu me racontes une histoire, s'il te plaît ? "
La jeune femme regarda tendrement sa fille et lui sourit avec amour. Elle se dirigea vers la bibliothèque, pendant que la petite fille courrait se coucher dans son grand lit en baldaquin vert. La mère parcourut les étagères du regard, cherchant sans aucun doute l'histoire qui plairait le plus à sa fille. Mais au bout de quelques minutes, elle finit par se détourner, n'ayant visiblement pas trouvé l'ouvrage qui s'adaptait à ses envies.
Elle alla s'asseoir sur le lit de la fillette, qui la regardait de ses grands yeux noirs, un sourire heureux et innocent éclairant son visage enfantin. Etant sûre d'avoir intégralement capté l'attention de la fillette, la jeune mère la regarda avec sérieux, et prit une grande inspiration.
" L'histoire que je vais te raconter, jeune enfant, c'est l'histoire d'un Ogre terrible. D'ailleurs, il s'appelait Terrible pour ça. Non seulement parce qu'il était d'une laideur terrible, mais en plus parce que sa force l'était également. "
Tout en parlant, la jeune femme faisait de grands gestes de la main, faisant virevolter autour d'elle ses cheveux châtains, presque blonds, légèrement ondulés. Ses beaux yeux bleus brillaient comme des saphirs, et finissaient de captiver totalement la fillette.
" Terrible avait une femme, Bonté. Bonté n'aimait pas du tout Terrible, parce qu'il lui faisait du mal. Malgré cela, ils avaient eu ensemble deux magnifiques enfants. L'une s'appelait, Idéale et l'autre Perfection. Mais aucune des petites filles ne savait ce que Terrible faisait à sa femme. Et Bonté n'osait rien dire, de peur de s'attirer les foudres de Terrible, qui voulait faire de ses filles des êtres qui soutiendraient le terrible méchant appelé Méchant. Mais un jour, Idéale finit par découvrir la triste vérité. Elle se battit contre son père, batailla terriblement contre lui, et finit par vaincre… "
La mère se tut. La petite fille, intriguée, attendait la fin. Mais le silence régnait toujours. Lasse d'attendre, la fillette demanda :
" Et ? "
" Et c'est tout. "
" Mais elle est nulle ton histoire ! Y'a même pas de fin ! "
" Si justement. Idéale a sauvé sa maman. "
" Mais et la maman, elle devient quoi ? "
" Ah ça ! Aucune idée. L'histoire ne le dit pas. Mais c'est à toi de faire ce que tu veux. Tu veux quoi comme fin ? "
" Terrible est tu ! Idéale et Perfection sont heureuses avec Bonté qui prend soin d'elles. Et ils vivent tous heureux. "
" Alors ça se finira comme ça. "
Et le sourire réapparut. Les yeux brillèrent de nouveau. Les boucles volèrent une nouvelle fois. Et l'histoire se répéta.
Mais, cachée derrière la porte, dissimulée de sa mère et de sa sœur, ombre invisible parmi les ombres, l'autre enfant était là, entendait tout, et était déjà animée du feu de la jalousie.
*
Ambre se réveilla en sursaut. Son rêve reprenait. Ces rêves, qu'elle s'était efforcée d'enfouir au plus profond d'elle ressurgissaient d'un coup. Elle n'osait plus s'endormir, elle n'osait plus fermer les yeux, elle avait même peur de les cligner simplement.
Son enfance, sa toute petite enfance revenait à la surface depuis trois jours. Trois longs jours que l'attaque s'était produite. Pourtant, elle n'osait déjà plus dormir. Pourquoi l'attaque avait-elle eu cet élément déclencheur ? Cela avait-il simplement un rapport quelconque avec l'attaque, ou était-ce son subconscient qui prenait le dessus… ?
Quelle heure était-il ? Quatre heures du matin. Tôt. Très tôt. Pourtant, Ambre savait qu'elle serait incapable de se rendormir. Elle sortit de ses couvertures, attrapa sa robe de chambre, et l'enfila. Elle partit ensuite à la recherche de ses chaussettes puis de ses chaussures qu'elle mit avec bonheur. Le temps était déjà glacial. Elle préféra sortir se détendre. Elle regarda par la fenêtre. La Lune était presque ronde.
Cette observation finit de la décider. Elle saisit sa baguette, et traversa silencieusement le dortoir. Katy dormait profondément. Sa robe de chambre était repliée au niveau des bras, et Ambre reconnut avec stupéfaction des traces rouge vif sur ses poignets. La jeune fille aux cheveux rouges sortit sa jambe de ses draps dans un ronflement, laissant Ambre découvrir d'autres marques, beaucoup plus encrées dans la peau de son amie. Comment cela se faisait-il qu'elle n'avait jamais vu ça ? Des coups. Des cris. Des supplications. Ambre secoua la tête. Un nouveau mystère à élucider.
Pour se calmer, elle se mit à chantonner le premier air qui lui passa par la tête, et s'agaça en se rendant compte que c'était le même qui la hantait depuis ces trois jours. Elle ne se souvenait plus des paroles, mais cet air lui disait bien quelque chose. Où l'avait-elle entendu ? Qui le lui avait chanté ? En quelle occasion ? Elle ne s'en souvenait plus…
Elle se remit en marche, et dépassa les lits de June et d'April. La première avait un sourire radieux, la deuxième semblait soucieuse, mais satisfaite. April se retourna de l'autre côté en marmonnant un " Adaaam… " de désir. Ambre faillit éclater de rire. Elle rêvait encore de Wilkes Junior. Pauvre fille… De l'autre côté, June ne perdait pas son sourire. Ambre se remplit de dégoût. Comment pouvait-elle dormir dans le même dortoir que cette… Aspirante ?! Elle avait été presque heureuse d'apprendre la double attaque. Elle s'était retenue de sourire avec difficultés, Ambre l'avait vu immédiatement. April, elle, avait été un peu choquée, mais n'avait rien montré. Encore des victimes de leur éducation, songea Ambre avec amertume.
Elle sortit rapidement du dortoir, et rencontra une salle commune intégralement déserte, chose très étonnante. La plupart des Première Année étaient choqués et allaient rapidement se coucher. D'autres étaient tués par le premier trimestre d'adaptation un peu difficile. Enfin, le reste n'avait visiblement rien d'autre à faire. Ce qui ne fut pas pour déplaire à Ambre, qui la traversa rapidement et en sortit avec bonheur. Dès qu'elle fut hors de la salle commune, elle se sentit comme libérée. La nuit était son monde. Les ténèbres. Elle s'y sentait bien. Personne pour savoir qui elle était, pourquoi elle l'était, pourquoi elle faisait ceci, pourquoi elle pensait cela… C'était bon.
Sa baguette toujours en main, elle finit par avancer un peu plus rapidement mais toujours silencieusement vers la sortie. Une fois dehors, elle frissonna de froid. Marmonnant en tremblant le sort de réchauffement, la jeune fille alla se balader dans le parc en chantonnant.
" L'enfant sauta, l'Ogre l'attrapa, et la petite fille le tua… Comme quoi, ce ne sont pas toujoooours les plus faiiibleuuuuh qui perdent face à plus grand qu'euuuuux. "
Elle ne chantait pas faux. Loin de là. Mais cette chanson l'amusait beaucoup, et lui rappelait de bons souvenirs. Des souvenirs si rares. L'autre chansonnette s'imposa à sa mémoire. Elle n'en trouvait pas les paroles, mais la mélodie lui revenait. Elle la chantonna distraitement, comme d'habitude depuis trois jours. Mais elle s'arrêta soudainement. Une ombre était sur le banc vers lequel elle se dirigeait. Vers son banc ! Qui était l'odieux personnage qui osait s'asseoir sur son banc réservé à elle seule lors de ses insomnies et qui offrait une vue imprenable sur le lever du soleil ?
Elle s'approcha, énervée, vers l'ombre assise, et s'arrêta soudainement de stupeur. Elle soupira finalement, et alla s'asseoir à côté de la personne.
" J'aurais dû m'en douter. " dit-elle, faisant sursauter l'autre.
" Daray ? Qu'est-ce que tu fous là ? "
" Je te retourne la question, Black. "
" J'ai des insomnies. Et toi ? "
" Pareil. "
Il y eut un silence. Ils levèrent la tête et observèrent les étoiles. Ambre remarqua immédiatement la Grande Ourse, suivie de la Petite Ours, et s'amusa à reconnaître les autres constellations.
" C'est bizarre que tu viennes là. Je vais vraiment finir par croire que tu me suis ! " dit-il après quelques minutes.
" Non, ce n'est pas bizarre ! Je viens ici à chaque fois que j'ai une insomnie. C'est toi qui m'a piqué mon banc. "
" C'est écrit Daray dessus ? " demanda l'autre, narquois.
" Exactement. "
" Tu me montreras où alors. "
" Quand tu seras grand. "
Ils se sourirent, et reprirent leur observations. Sans s'en rendre compte, Ambre se mit à chantonner cette mélodie obsédante. Depuis trois jours, elle se réveillait et l'avait en tête, sans pouvoir s'expliquer pourquoi. Mais là, c'était inconscient. Elle ne savait même pas qu'elle chantait.
" Et je t'aime – et je t'aime – et tu m'aimes – et tu m'aimes – et nous vivrons tous les deux… Sur la Terre ou dans les Cieux, car nous serons toujours deux… " fit Black sur l'air qu'elle marmonnait depuis quelques minutes.
Ambre se tourna d'un coup vers lui. C'était ça ! Les paroles ! C'était bien ça ! Comment les connaissait-il ?
" Ma mère me la chantait quand j'étais petit, et que je n'étais pas un 'traître de sang de Gryffondor'. C'est loin, mais je m'en souviens encore. Pourquoi tu chantes ça ? "
*
" Et j'ai le droit à une chanson avant de m'endormir ? "
" Oh, chérie, je dois aller voir ta sœur également. Tu n'est pas toute seule. "
" Oh alleeeeez ! S'il te plaît ! "
" Bon, d'accord. "
La mère posa le livre, et alla s'asseoir sur le lit. Elle se racla la gorge, et regarda tendrement sa fille. Elle prit une grande inspiration, et commença à chanter la berceuse.
" Et je t'aime… "
" Et je t'aime… " répéta la petite fille.
" Et tu m'aimes… "
" Et tu m'aimes… "
" Et nous vivrons toutes les deux… Sur la Terre ou dans les Cieux, car nous serons toujours deux… Et je t'aime… "
" Et je t'aime… "
" Et tu m'aimes… "
" Et tu m'aimes… "
" Et nous vivrons toutes les deux… Sur la Terre ou dans les Cieux, car nous serons toujours deux… "
La mère et l'enfant répétèrent plusieurs fois le refrain doux, jusqu'à ce que la fillette s'endorme, marmonnant les paroles d'une voix éteinte, ses paupières se refermant doucement, bercées par la voix sucrée et aimante de la mère. Une fois l'enfant totalement endormie, la jeune femme embrassa sa fille sur le front en finissant le refrain.
" Et nous vivrons toutes les deux… Toi sur Terre moi dans les Cieux, car nous serons toujours… Deux. "
*
" Daray ? "
" Hein ? " demanda-t-elle, tirée de sa rêverie.
" Pourquoi tu chantais ça ? Tu deviens nostalgique ? "
" Sûrement. "
Il y eut un nouveau silence qu'aucun d'eux n'osa troubler. Ils ne pensaient à rien, le regard perdu dans l'immensité du ciel parsemé d'étoiles plus ou moins grosses, plus ou moins brillantes. Prise d'une envie soudaine, Ambre se mit à chercher la constellation du Chien. Une fois qu'elle la trouva, elle regarda l'étoile qui représentait l'œil de l'animal. Sirius. Etrange de donner un nom d'étoile à son enfant. Surtout quand on le détestait. Peut-être que Lucrecia Black pensait aimer son fils aîné au-delà de tout. Les aînés mâles étaient souvent très couvés, très éduqués dans le culte de la supériorité dans les familles à sang pur. Pourtant, Black avait su se défaire de ça. Le mépriser. Même s'il restait malgré tout un Black.
" Une raison spéciale à tes insomnies ? " demanda Black, soudainement inspiré.
" Cauchemars et toi ? "
" Tourments. Ça se vaut je pense. "
" Sûrement. "
Ils se turent. Décidément, ils n'étaient pas d'humeur à se lancer des piques et à jouter verbalement. Peut-être que l'heure n'aidait pas non plus. Ni le froid. Ils semblaient se complaire à être là, assis l'un à côté de l'autre, tous les deux, face aux étoiles et à la paix, si rare à cette époque.
" Le père de Remus est mort. " finit-il par dire.
Il semblait soulagé de le dire, comme si ça l'avait détruit depuis tout ce temps. Pourtant, tout le monde, ou presque, le savait. Tout le monde, ou presque, avait retenu les noms des victimes par cœur.
" Je sais. Il est à l'enterrement je présume. "
Black hocha la tête. Ils se turent une nouvelle fois. Il suffisait qu'il fasse nuit pour que l'armistice soit signée ? Il suffisait de ça pour qu'ils se comportent presque comme des adultes en la présence de l'autre ?
" J'ai réussi à métamorphoser ma chaise, l'autre fois en cours. Mc Go' a été soufflée. Et je n'ai pas tordu mon poignet. "
" C'est bien. T'es une bonne fifille. " sourit Black.
Il y eut un nouveau blanc, qui ne cachait pas la tension qui régnait. Ambre n'avait parlé de Mc Gonagall que pour penser à autre chose. Mais Black avait ouvert une brèche dans son esprit : elle n'arrivait pas à penser à autre chose. Et dire que des camarades à elle étaient heureux que des gens soient morts. Et dire que son propre père faisait partie de ces tueurs. Peut-être était-ce lui qui avait tué le père de Lupin ?
" C'est ignoble hein ? " finit-elle par dire avec affect dans la voix, plus pour elle que pour Black.
" Ouais. Je pensais pas que ce serait aussi… Puissant. Deux cent quatre-vingt-quatre morts. C'est énorme, quand t'y penses. "
" C'est pour ça que j'évite d'y penser. "
" Je savais que ça arriverait. Je m'y étais préparé, tu sais. Je me disais qu'il y aurait encore plus de morts cette année que l'an dernier. Pour être sincère, je m'attendais même à ce qu'il y ait une attaque plus tôt que ça ! Mais là… "
" Je sais, Black. Tous ceux qui ne sont pas d'accord avec les idées de Voldemort sont dans le même état que toi. "
" Et toi ? "
Ambre en fut choquée. Outrée, même. Il la pensait du côté de Voldemort ? Vraiment ? Après tout ce qu'elle lui avait dit sur ses convictions ? Sur ce qu'elle en pensait ? Ce fut seulement lorsqu'elle vit le sourire de son camarade qu'elle comprit. Vexée d'avoir ainsi été prise au piège, elle finit par sortir sa baguette, un sourire espiègle accroché au visage.
" Il est cinq heures du mat', Daray ! Tu crois vraiment que c'est l'heure de faire un duel ? Oh et puis de toute façon, je vais te battre, je m'en fous ! En garde ! "
Je vais te battre… Te battre… Battre…
*
" Arrête ! Arrête ! Oreste je t'en supplie, arrête ! "
Mais les coup pleuvaient, toujours plus forts, toujours plus douloureux, arrachant des cris inhumains à la jeune femme.
" A leur raconter tes sornettes, elles vont finir par devenir de pauvres Pouffsoufle ! Des ratées ! Je t'ai déjà dit d'arrêter, Esther ! Tu ne veux pas, je ne veux pas non plus. "
" Je t'en prie… " supplia la jeune femme.
" Non. Ton père m'avait pourtant assuré que tu serais facile à vivre. Que tu étais docile. "
" Mon père n'était qu'un crevard. "
Une gifle retentit. Mais aucun gémissement ne se fit entendre.
" Tu manques de respect à ton père je te signale ! "
" Tu n'es pas mon père que je sache ! Simplement mon mari ! "
" Tu veux de nouveaux coups ? "
" Non. "
" Alors cesse tes bêtises. "
" Je ne veux pas que mes filles deviennent des monstres. "
Le coup partit tout seul.
Cachée derrière la porte, observant tout dans l'embrasure, résistant à l'envie de fermer les yeux la petite fille voyait tout de ses grands yeux noirs. Effrayée par son père, pleurant pour sa mère, perdue dans la querelle qu'opposait ses parents, elle ne savait pas quoi faire.
Les coups reprirent, les hurlements se firent entendre de nouveaux, et les larmes de l'enfant coulèrent plus douloureusement que jamais.
" Tant que tu ne voudras pas comprendre, Esther, je ne comprendrai pas. "
Il la frappa une nouvelle fois, projetant la femme qui s'était relevée au sol. Luttant contre les larmes, la jeune femme lui lança un regard noir. Terrifiant.
" Et tais-toi ! Tu vas réveiller les enfants ! Même les charmes de Silence que je lance ne sont plus assez forts ! Mais comme tu ne comprends pas… Je vais être plus clair. Les femmes sont si longues à la détente… "
Il saisit sa baguette, menaçant déjà son épouse avec.
" Doloris ! " lança-t-il.
Les cris reprirent. La mère se roula par terre de souffrance, les pleurs de la fillette s'intensifièrent, bien que silencieux. Qui était l'homme qui faisait tant de mal à sa mère adorée ? Etait-ce ce père si aimant qui cédait à tous ses caprices ? Qui était cet homme terrible aux regards durs, méchants, sadiques qui frappait sa mère qui n'était que bonté ? Terrible. Bonté. Idéal et Perfection. Le vieux conte que ça mère lui récitait presque tous les soirs… C'était cela ? Pourquoi n'avait-elle pas compris ? Pourquoi depuis deux ans que sa mère lui racontait cette histoire, depuis deux ans qu'elle entendait les hurlements, depuis deux ans qu'elle assistait, spectateur invisible, aux violences de son père envers sa mère n'avait-elle pas comprit plus tôt ?
Parce qu'elle était trop jeune. Tout simplement trop jeune pour avoir fait le rapprochement.
*
" Expelliarmus ! "
Elle fut violemment propulsée en arrière, laissant échapper sa baguette. Le tronc qui la reçut laissa son écorce s'enfoncer dans sa peau. Sa tête se cogna au bois dur, et sa cheville lui fit mal. Elle retint de justesse un cri, mais ne put s'empêcher de grogner un 'aïe' douloureux.
A quelques mètres d'elle, Black la regarda, étonné d'avoir eu la victoire si facile. Elle ne comprenait pas ce qui s'était passé. Elle avait revécu une scène de son enfance. Quel âge avait-elle déj ? Neuf ans. Cela semblait si loin… Comme si ça s'était passé des siècles auparavant.
" Qu'est-ce qu'il y a ? " demanda-t-il, étonné.
" Rien. Je n'étais pas prête. "
" J'avais pas vu. Tu t'es fait mal ? "
" Bof, j'ai vu pire. "
Il arracha un bout de sa robe et le tendit à Ambre, qui fronça les sourcils, ne voyant pas trop où il voulait en venir. Il dut le comprendre, puis qu'il ajouta.
" Pour essuyer tes larmes. "
Ses larmes ? Elle pleurait ? Mais pourquoi ? De douleur ? A cause du souvenir ? Elle s'était revue petite, elle avait reconnu sa mère, vu son père. Cette scène lui disait quelque chose. Son rêve. Une partie du rêve qu'elle faisait depuis deux jours.
" Je ne pleure pas. C'est la sueur. "
Black hocha la tête et recolla le bout de tissu à sa robe d'un sort. Ambre fut étonnée qu'il n'ait fait aucun commentaire. C'était étrange. Trop étrange pour que ce soit une bonne chose. Elle fronça une nouvelle fois les sourcils, et interrogea Black du regard. Celui-ci ne comprit visiblement pas, cette fois.
" Quoi, pas un commentaire ? "
" Ben… Non. "
" Waw. Ça cache quoi ? "
" Rien. "
" Black, on ne se connaît pas vraiment, mais crois-moi, je sais quand on me ment. Et là, tu me mens. "
" Tu ne dois pas être si forte alors. "
" Pourquoi ? "
" Ma… Tentative de suicide n'est pas un hasard. "
" C'est vrai que tu n'as pas la tête d'un dépressif. "
" Peut-être parce que je n'en suis pas un. Quelqu'un a versé de la potion de Frayeur dans mon verre. "
Ambre se crispa et déglutit bruyamment. La potion de Frayeur. Une potion de Magie Noire. N'importe qui n'était pas capable d'en créer une. Et Electre n'était pas n'importe qui. Il se pouvait que Rogue, ou Wilkes, ou même Avery l'ait faite, mais Ambre en doutait fortement. Rogue était un pro en Potions. Il n'aurait pas pris le risque de faire son coup au nez et à la barbe de tous les élèves du bal. En plus, il était absent ce soir-là, Ambre l'avait vu travailler sur un devoir de Sortilèges. Wilkes était trop nul en Potions pour savoir la faire. Il n'arrivait déjà pas à faire une simple potion de Traverse – qui permettait de traverser n'importe quelle matière – alors que même Ambre – qui était pourtant une élève très, très moyenne en cette matière – arrivait à la faire. Quant à Avery… Non pas qu'il fut idiot, mais il n'aurait jamais pensé à faire un truc pareil pour se venger de Black. C'était trop réfléchi, trop sûr, trop… Electre.
Alors sa sœur lui avait menti ? Délibérément ? Elle savait faire ça ? Enfin, elle savait lui mentir à elle ? Pourtant… Jamais cela n'était arrivé. Elle avait juré sur la Magie Ancestrale tout de même ! Même le Seigneur des Ténèbres aurait tenu une promesse s'il avait juré sur la Magie Ancestrale ! Il y avait quelque chose de pas clair.
Une chose était sûre : Black avait un sacré paquet de chance. Parce qu'Electre était plutôt bonne en Potion, et détestait cordialement le jeune homme, Ambre le sentait. Elle avait dû y aller de bon cœur en la faisant. Il devait aussi avoir un moral du tonnerre pour tenir le choc. Surtout lorsque l'un de ses meilleurs amis venait de perdre son père…
" C'est une chance que tu aies survécu. Pettigrow aura au moins servi à quelque chose pour une fois. "
" Ey ! Peter est quelqu'un de très bien ! "
" C'est un poltron. "
" Et alors ? "
" Ben j'avoue que ça m'étonne qu'il ne soit pas tombé dans les pommes de peur. Déjà qu'il était pâle comme un linge. J'ai vraiment cru à un moment qu'il allait te vomir dessus. Quant à Lupin, il a une force hors du commun. Presque inhumaine. "
Black tiqua. C'était un test. Elle retint un sourire. Vive la discrétion ! S'il tiquait chaque fois qu'on faisait un 'lapsus', tout Poudlard découvrirait rapidement le secret de Lupin.
" Et James ? " demanda Black.
" Potter a été la pire flipette que j'aie jamais vue. "
Black éclata de rire. Il était vrai que Potter n'avait pas été d'un courage hors du commun. Entre le blanc et le verdâtre, le jeune homme avait observé la scène, une main protectrice devant une Lily choquée. Il faudrait d'ailleurs qu'elle aille lui parler.
" Bon. Allez Black, c'est pas que tu m'ennuies, mais faut pas que quelqu'un nous voie ensemble à une heure pareille. Même si c'est une vulgaire coïncidence, je tiens à ma réputation. "
" C'est réciproque. "
" Bye ! "
" A tout à l'heure en Potions ! "
Elle fit une partie du chemin, et se rendit finalement compte d'une chose. Elle courut jusqu'au banc, où il n'y avait plus personne. Inquiète, elle se retourna plusieurs fois, mais elle dût se rendre à la triste évidence : Black n'était plus là. Sa baguette non plus, par là même. Grognant contre elle-même, elle s'insulta plusieurs fois de jurons que peu de gens auraient appréciés.
De rage, elle s'assit sur le banc. Un rire goguenard se fit entendre, et elle releva immédiatement la tête. Devant elle, un Sirius Black à la limite de l'hilarité jouait avec sa baguette magique en la faisant passer entre ses doigts.
" Je savais que tu reviendrais. "
" Tu l'as fait exprès ! "
" Evidemment. "
Elle se dirigea vers lui, planta un regard noir dans le sien qui restait rieur, et lui arracha sa baguette des mains.
" Sale Gryffondor ! "
" Merci. Bonne fin de nuit à toi aussi. "
Sans répondre, elle partit. Mais une fois qu'elle sut qu'elle était hors de la vue de Black, elle sourit. Qui avait dit que les nuits blanches en compagnie d'un 'traître de sang de Gryffondor' était une mauvaise nuit blanche ?
*
" Maman… Pourquoi tu pleures ? "
" Oh ! Ambre ! Que fais-tu l ? "
" Pourquoi tu pleures ? "
" Pour rien. Maman est triste. "
" Pourquoi ? "
" Tu es trop jeune pour comprendre. Mais un jour tu comprendras. "
Esther regarda tout autour d'elle, comme pour s'assurer qu'il n'y avait qu'elle et sa fille dans la pièce où elles étaient. Une fois certaine, elle regarda l'enfant droit dans les yeux.
" Ecoute-moi bien Ambre. Maman va partir. Elle aimerait bien t'emmener avec elle, mais… Ce n'est pas possible. "
" Pourquoi ? "
" Parce que je vais aller dans un endroit d'où on ne revient jamais. "
" Où ça ? "
" Oh c'est trop compliqué à expliquer. Mais je ne peux pas t'emmener avec moi. Non seulement parce que ce serait mal, mais en plus parce qu'Electre a besoin de toi. "
" Et papa ? "
" Oh… Papa et maman ne… Ne sont plus très amis. Papa sera content que je parte. Mais… Tu sais Ambre, je ne t'abandonne pas. Je serai toujours là, dans ton cœur. "
" Alors pourquoi tu pars ? "
" Parce que je ne supporte plus de vivre ici. Le seul endroit où je peux partir est un endroit où tu ne peux aller. Tu as encore trop de chemin à parcourir. "
Ambre se mit à pleurer. Sa mère la prit dans ses bras, et la serra le plus fort qu'elle put. Elle embrassa ses cheveux noirs, enroula ses doigts dans les fines boucles qu'ils faisaient et sourit à travers les larmes qui commençaient à couler. Elle renifla bruyamment.
" Tu pars quand ? " demanda la fillette.
" Je… Je ne sais pas. Bientôt. Mais Ambre… Ambre, ce que je vais faire est très mal. Très, très mal. Partir, fuir, dans notre famille, est un crime. Je veux que tu te souviennes de moi comme tu m'as toujours connue. "
" Comme quand tu me racontais des histoires ? Qu'on jouait à se chatouiller, quand tu me lançais des sorts de Princesse ? "
" Oui. Je veux que tu te souviennes de ça. Et… Ambre. Quoi que te dise ton père, ne le crois pas. Quoiqu'il te dise sur moi, ne le crois jamais. Ne crois que tes souvenirs, ne crois que ton instinct. N'oublie jamais, Ambre, que tu es un être humain, qui peut, qui sait prendre des décisions. N'écoute que toi-même. Tu es maître de toi, et tu es seul maître. Ne laisse personne prendre des décisions à ta place, prends-les toi-même, même si c'est le plus dur choix que tu auras à faire. Promets-le moi. "
" Je te le promets. "
De petites lumières dorées, rouges, vertes et argentées émanèrent de la fillette. La mère sut immédiatement que sa promesse serait tenue. Le sort avait fonctionné. Sa fille prendrait ses décisions seules, ne souffrirait jamais comme elle, elle avait souffert. C'était un peu la manipuler, mais c'était la meilleure chose à faire. Sa fille aurait un meilleur avenir que le sien, et ça lui suffisait.
*
" Miss Daray, vous sentez-vous bien ? " demanda la voix aimable du professeur Flitwick.
Ambre leva la tête violemment. Où était-elle ? En cours. Sortilèges. Que diable faisait-elle là ? Quelle heure était-il ? Dix heures quarante ? Elle se souvenait être allée en Potions, puis elle était entrée dans la salle de Sortilèges. Comme elle savait déjà tout ce qu'avait dit le professeur Flitwick, elle avait décidé de se reposer un peu, sans pour autant s'endormir. En vain.
De quoi avait-elle rêvé ? Sa mère… Ses adieux… Le sort… Elle était sûre que son rêve n'en était qu'un. Pourtant, cela semblait si réel… Etait-ce possible que ce soit un souvenir ? Ou était-ce simplement un rêve, purement issu de son subconscient ? Sa mère était morte renversée par un moldu… Comment était-ce possible qu'elle ait prévu de partir ? Ou alors…
Ou alors… Sa mère n'était pas vraiment morte… Ou alors sa décision était de partir loin, très loin, et qu'elle avait fait croire à sa mort. Peut-être qu'à travers les rêves, elle la rappelait à elle ! Peut-être était-ce ça ?!
" Miss Daray ? " répéta Flitwick. " Vous vous sentez bien ? "
" Oui ! Non ! Je… Est-ce que je peux sortir s'il vous plaît ? "
Son cœur battait à toute vitesse. Elle ne pouvait pas attendre ! Elle ne pouvait pas, c'était impossible. Il fallait qu'elle vérifie tout cela le plus vite possible. Il devait y avoir quelques livres là-dessus à la bibliothèque. Il fallait qu'elle sorte au plus vite du cours.
Heureusement pour elle, Flitwick lui permit de partir, non sans lui avoir demandé si elle voulait être accompagnée. Mais devant son refus, il l'avait laissée sortir, devant les regards intrigués de ses camarades.
Dès qu'elle fut dehors, elle se mit à courir. De nervosité, d'impatience, elle ne pouvait plus attendre. En moins de deux minutes, elle fut dans la bibliothèque à chercher des ouvrages sur l'Ancienne Magie. Car Ambre était certaine que c'était de l'Ancienne Magie. Il n'y avait que ça pour que ce soit possible. Ce n'était pas un hasard.
" Ambre ? " demanda une voix.
Elle se retourna violemment, de peur et d'étonnement. C'était Lily. A quelques mètres d'elle, l'adolescente était attablée et travaillait sur un quelconque devoir. Elle sourit gauchement et la salua. Puis elle retourna à ses étagères, peu encline à attendre plus longtemps. Peut-être que sa mère n'était pas morte. Peut-être que celle qu'elle défendait auprès d'Electre depuis six ans était toujours en vie. Mais si ça avait été le cas, Ambre lui en voudrait. Si sa mère était toujours en vie, Ambre lui promettait une engueulade magistrale dès leur rencontre. Mais visiblement, Lily n'avait pas compris – ou pas voulu comprendre – que son amie voulait être seule. Il était tellement rare que la jeune fille soit aussi… Excitée, si nerveuse, que Lily devait se poser de sacrées questions.
" Tiens ! Tes chiens de garde t'ont lâchée ? " s'étonna Ambre.
" Ce ne sont pas mes chiens de garde ! Et elles ont cours de Divination. "
" Les pauvres. "
" Qu'est-ce que tu cherches ? "
" Un bouquin qui pourrait me dire des trucs sur comment on peut forcer quelqu'un à se souvenirs de choses. "
" Tiens, prends celui-là. Il est pas mal, y'a des illustrations bien faites, et il est plutôt complet. Tu verras, il est bien expliqué. "
" T'as déjà eu ce problème ? " demanda Ambre, intriguée.
" Non. Seulement tu me connais : je suis super curieuse. L'Ancienne Magie me plaît énormément. C'est dommage qu'il n'y ait pas de cours là-dessus avant la Septième Année à Poudlard. Vivement l'an prochain. Enfin, j'ai pris de l'avance quoi. "
Ambre hocha la tête, convaincue. Si Lily avait menti, elle l'aurait su. Quoique, avec Electre, elle ne l'avait pas senti non plus. La garce ! Comment avait-elle pu lui faire ça ?! Attaquer sa meilleure amie ! Et Black ! Même si elle trouvait que c'était moins grave pour Black, c'était tout de même méchant ! Et ingrat !
" Tu veux de l'aide ? " proposa Lily. " J'en ai marre d'être seule. "
" Si tu te trouvais un mec, tu le serais peut-être moins. " fit remarquer Ambre.
" Oh tu vas arrêter avec ça ! Tu m'agaces à la fin ! "
" Tiens, ça me rappelle le bal, ça ! Tu as dansé avec Potter, non ? Il t'a embrassée ? "
" Non. Et il a bien fait d'ailleurs. Ce n'est pas parce que j'ai dansé avec lui que je devais l'embrasser ! "
" Avoue que ça t'a étonnée ! "
" Je n'ai pas vraiment eu le temps de m'en étonner ! " s'énerva Lily.
Ambre en fut refroidie. Lily se calma instantanément, remarquant sa gaffe.
" Ecoute, Lily. Crois-moi, ce pari stupide, je l'ai bien regretté. Non seulement je me suis tapée une gueule de bois du tonnerre le lendemain, mais en plus Black a failli mourir ! Alors crois-moi, le sermon, je me le suis fait bien avant que tu en parles. "
" Je ne parlais pas que de ça, Ambre. Ce que tu es égocentrique, parfois ! Tu te souviens qu'il y a eu une attaque, ou tu n'as pensé qu'à ta petite personne, en te disant que tu étais bien malheureuse ?! "
" Je ne te permets pas ! "
" Et bien moi je me le permets ! Il n'y a pas que toi qui a souffert de cette soirée Ambre ! Il y a eu tous les autres ! "
" Je sais ! "
" Alors pourquoi tu… ? Oh et puis j'ai pas envie de m'enguirlander avec toi. C'est pas la peine. " dit-elle en prenant une grande inspiration. " Bien. Maintenant, je me propose de nouveau pour t'aider. "
Ambre ne répondit pas. Comment ça elle était égocentrique ? Elle savait bien que d'autres gens avaient souffert ! Mais elle n'avait pas vraiment été très explicite, non plus ! Argfh. Foutu ego ! En même temps, elle n'avait pas le temps de se faire des ennemis. Si Lily était calée en Ancienne Magie et qu'elle pouvait l'aider, alors tant mieux. Il fallait qu'elle sache. Elle hocha finalement la tête.
" D'accord. Alors, que veux-tu savoir ? " demanda Lily.
" Tu te souviens que je t'avais dit que ma mère était morte tuée par un moldu ? "
" Oui. "
" Je crois que c'est faux. "
" Comment ça ? Pourquoi ? "
" Eh bien… Depuis l'attaque, quand je m'endors, je fais des rêves étranges. J'ai l'impression que je les ai déjà vécus. Je crois que ce sont des souvenirs. "
" Et alors ? Ça n'explique rien ! Ta mère a très bien pu être renversée par un moldu, désolée de te le dire… "
" Non, justement ! "
Ambre lui raconta son rêve, se souvenant de chaque parole, de chaque odeur, de chaque sensation. Ce fut comme si elle revivait son rêve. Comme si sa mère était toujours là. Comme si le temps n'avait pas passé.
Lily l'écouta consciencieusement, sans la couper une seule fois. Elle ne posa aucune question, laissant son amie le regard dans le vague, redevenir l'enfant qui avait vécu cette scène. Une fois qu'elle eut fini, Ambre la regarda d'un regard cette fois plein de vivacité et de hâte. Mais Lily restait silencieuse, plongée dans ses pensées.
" C'est sur cette seule scène que se base ton affirmation ? " demanda-t-elle finalement.
" Entre autres. J'ai rêvé de ma mère ! Dans chaque rêve elle était là. Je ne sais pas comment te l'expliquer Lily mais je le ressens. Je ressens que ma mère est toujours en vie. "
" Bien. Tu veux retrouver une personne perdue c'est ça ? "
" Je veux des réponses à mes questions. "
" Très bien. "
Lily prit le gros livre, l'ouvrit et tourna les pages pendant plusieurs minutes. Plusieurs fois, Ambre voulut parler, mais le 't-t-t' accompagné d'un regard noir de la part de Lily l'en empêchait. Au bout de dix minutes, Lily sourit de toutes ses dents, disant un 'Ayé !' jubilatoire. Lily lui expliqua alors la marche à suivre : elles devaient être main dans la main. Lily réciterait une formule qui lui ferait voir la vérité. Le problème, d'après Lily, était qu'il n'était expliqué nulle part où et comment cette vérité se présenterait. Après avoir demandé une nouvelle fois à son amie si elle était sûre d'elle, Lily attrapa ses mains.
" Tu sais Ambre, toutes les vérités ne sont pas bonnes à savoir. Et c'est irréversible. "
" Je le sais. Je veux savoir. Je ne veux avoir aucun regret. "
Lily acquiesça. Elle serra les mains de son amie si fort qu'Ambre en grimaça. L'adolescente prit une grande inspiration. Au fin fond de la bibliothèque, elles ne craignaient pas d'être découvertes. Mme Pince était au fin fond de sa réserve, et les autres élèves étaient ou en cours ou ailleurs que dans la bibliothèque.
Pour la première fois depuis qu'elle était convaincue que sa mère était toujours en vie, Ambre eut peur. L'excitation était toujours là, mais la nervosité et la peur se faisaient un étau qui enserrait son cœur, le compressait, et lui faisait mal. Peut-être qu'elle-même faisait mal… ? Mais pouvait-on blâmer quelqu'un qui voulait connaître ses origines ?
" J'en appelle à l'Ancienne Magie, douloureuse à une de ses filles. Que soit défait ce que l'on fit, et que la vérité brille. " récita Lily.
Ambre ressentit une violente secousse. Les images affluèrent d'un coup. En noir, en blanc, en couleurs… Une déferlante d'images violentes, douces, étranges, heureuses. Sa mémoire se rembobinait. Elle revécu la nuit avec Black dehors, le bal, la rentrée, sa Troisième Année. Tout allait de plus en plus vite. La Deuxième… La Première… Son père qui lui annonçait la mort de sa mère… Et tout s'arrêta. Tout devint noir.
Et tout réapparu.
*
" Maman… ? " demanda la petite voix. " Tu es là ? "
Elle pénétra dans la chambre, poussant la porte dans un grincement effrayant. Tremblant de tous ses membres dans la peur de trouver les armoires vides, les placards dans le désordre et l'absence terrifiante de sa mère, la fillette avança prudemment, silencieusement, se persuadant que sa mère lui aurait dit au revoir avant de partir.
Mais personne n'était là. La chambre était vide, mais les placards et les armoires étaient remplies. Rassurée, l'enfant s'apprêta à partir en sautillant.
Mais elle ne put que hurler.
Devant elle, sa mère gisait, les yeux grands ouverts, allongée sur le carrelage de la salle de bain dont la porte était entrouverte. Pétrifiée, l'enfant n'osa pas bouger. Elle n'osa plus bouger. Rêvait-elle ? Les larmes se mirent à couler. Elle voulut reculer, courir, partir… Fuir. Mais au lieu de s'exécuter, ses jambes firent l'inverse : elles s'avancèrent tout doucement vers la porte. Ses larmes lui brouillaient la vue, tout était flou. Sauf le corps de sa mère. Toujours plus détaillé, plus clair, plus mort.
" Maman ? " renifla l'enfant.
Mais la mère ne répondait pas. Elle restait là, allongée. La petite fille se mit à sourire, étant soudainement sûre d'avoir compris.
" Oh c'est pas drôle maman comme jeu ! J'aime pas quand tu fais la morte. Imagine un jour c'est vrai. Ah tu ne veux pas te lever ? Attention ! "
Elle s'approcha plus sûrement vers sa mère, et commença à la chatouiller. Mais le corps ne tremblait pas. Sa mère ne riait pas. Sa mère ne disait pas qu'elle avait gagné. Sa mère ne disait plus rien, et gardait ses yeux grands ouverts.
" Allez maman ! Ris ! " supplia Ambre.
Mais elle avait déjà compris. Ce n'était pas un jeu. C'était trop tard. Sa mère était vraiment morte. Alors l'enfant la prit dans ses bras, et la serra très fort. La chanson lui revenait toute seule. La chanson de sa mère, de sa maman.
" Et je t'aime – et je t'aime – et tu m'aimes – et tu m'aimes – et nous serons toutes les deux, sur la Terre ou dans les Cieux, car nous serons toujours deux… " renifla la petite fille.
Probablement attirés par les cris précédemment poussés par Ambre, deux hommes apparurent dans l'embrasure de la porte. Ne les remarquant pas, l'enfant continua de chanter. Des bras l'entourèrent, lui attrapèrent les mains et la détachèrent du corps sans vie de la mère. On la sortit de la salle de bain.
Oreste Daray regarda le corps de sa femme sans aucun dégoût, sans aucune tristesse, sans aucun sentiment. Il observa la baguette encore collée à la main de son épouse et la lui arracha.
" Priori Incantatem. "
La baguette frémit et cracha un venin noir aux reflets vert foncé qui gicla sur la baignoire. Oreste secoua la tête, et regarda sa femme, méprisant.
" Suicide. La chienne ! Elle a perdu une partie pour en gagner une autre. "
" Qu'y a-t-il ? " demanda l'autre homme.
" Tu sais très bien comment c'est dans les familles de sang pur Macnair ! On ne se suicide pas. Elle a gagné sur ce tableau. Et elle ne souffre plus. Bien pensé, mais idiot. Elle m'abandonne ses filles chéries qu'elle ne voulait pas voir devenir des 'monstres' d'après elle. Dommage Esther… Tu as perdu. "
" Oreste, ta fille est derrière, elle entend tout je te signale. "
" Il va falloir que je modifie sa mémoire… Elle pourrait se souvenir de trop de choses compromettantes. Si elle allait raconter qu'Esther Evil, fille d'un des plus grands des Quatorze Familles s'était suicidée, la honte s'abattrait sur les Daray et nous ne serions plus crains ni respectés. Surtout que cette gamine passait son temps avec sa mère. Qui sait ce que cette garce a pu lui mettre dans la tête. "
" Je m'occupe de sa mémoire ? "
L'enfant recula en voyant son père hocher la tête. Pourquoi son père insultait-il sa mère ? Pourquoi voulait-il lui faire du mal ? Pourquoi lui faisait-il peur ? Mais pourquoi le détestait-elle soudainement ?
Ambre comprit. Du haut de ses dix ans, la petite fille comprit que c'était son père qui, indirectement, avait tué sa mère. Que l'utopie dans laquelle elle avait vécu avait totalement disparue. Et que rien ne serait plus jamais comme avant.
" Oubliettes ! "
*
Ambre ouvrit les yeux. Tout était flou, ses larmes lui brouillaient la vue. Elle déglutit difficilement et étouffa des hoquets. Elle n'arrivait plus à prendre sa respiration. Devant elle, Lily la regardait douloureusement, triste pour elle, compatissante.
Ses espoirs s'effondraient. Sa mère était bien morte. Certes pas renversée par un moldu comme son père le lui avait fait croire, mais d'un suicide. Elle connaissait désormais la vérité. Les mots de Lily résonnèrent 'Toutes les vérités ne sont pas bonnes à savoir…'. Elle avait parfaitement raison. Sa mère était morte. Elle l'avait vue. Son corps gisait. Elle haïssait son père. Il lui faisait du mal. Tout tournait dans sa tête, elle savait maintenant la vérité. Sa mère l'avait protégée. De son père, de son éducation, du mal. Sans la promesse qu'elle avait faite, elle serait une Electre. Sa mère l'avait sauvée, mais pas préservée.
Lily se leva, s'assit à côté de son amie, et la prit dans ses bras en lui murmurant des paroles rassurantes.
" C'est fini… Ne t'inquiète pas Ambre, c'est fini. "
Mais Ambre savait que Lily avait tort. Ce n'était pas fini. Tout venait seulement de commencer…
Fin du 11ème chapitre
On retrouvera Lily Evans dans le 12ème chapitre : « Réalité et Rapprochements »
A bientôt,
Kazy.
