Auteur : Kazy
Disclaimer : Voir chapitres précédents
Protection parentale : G
Résumé Général : Les Maraudeurs ont seize ans, Voldemort monte en puissance, il faut faire un choix. Faudra-t-il renier son éducation ou l'accepter pour vivre en paix avec soi-même ? Sans se sentir manipulé ?
Résumé du chapitre précédent : Lily sait qui est l'oracle, et il faut décortiquer ses préventions pour bien connaître ce que réserve l'avenir. Si elle a des visions de James, c'est parce qu'elle pense à lui en même temps qu'il pense à elle. C'est parce que Lily se demande si elle peut envisager un avenir avec lui et que James se demande s'il peut continuer à envisager un avenir avec Lily que Lily a des visions. En bref.
Note de Wam : Merci à Ange pour les corrections, c'est très zentil !
Je vous ai bien eus avec mon explication à la con, hein ? Bon. Juste une petite chose. J'essaye d'innover pour la mise en page. Je ne promets rien, et j'essaye de faire en sorte que ce soit plus lisible. Désolée d'avance.
De plus, je pars en vacances, donc vous n'aurez le chapitre 19 que le 24 ou le 25 en fonction de mon humeur, des mes envies, de ma fatigue et de plein d'autres trucs indépendants ou non de ma volonté. Genre mon PC qui menace d'exploser à tout moment…
Merci à tous les reviewers. Je ferai une réponse aux reviews plus complète à mon retour, vu qu'il n'y avait pas de questions auxquelles je n'ai pas répondu.
Bisous et bonne lecture !
Entre Ombre et Lumière
Chapitre 18 : Gryffondor vs Serpentard
« Tu me promets que tu écrabouilleras les Serpentard la semaine prochaine ? » lui répéta Myrna pour la énième fois.
« Oui. Rassure-toi, Gryffondor est la meilleure équipe. »
« Ce n'est plus Poufsouffle ? A mon époque, c'était Poufsouffle. Ils mettaient une raclée à tout le monde. »
« Maman m'a dit le contraire, Myrna. »
« Ta mère ne m'a jamais beaucoup aimée. »
James leva les yeux au ciel. Une nouvelle crise de parano. Ça faisait exactement trois heures, et vingt-sept minutes que ça ne lui était pas arrivé. A côté de lui, Tom lui sourit les pouces en l'air. James répondit à son sourire gaiement. Son petit cousin semblait avoir bien vécu la mort de sa grande sœur Agathe. Heather beaucoup moins. Elle était toujours aussi belle, comme dans ses souvenirs, mais son regard semblait plus triste, plus vide. Son sourire n'était plus le rayon de soleil qu'il connaissait autrefois. Pourtant, il sentait qu'elle était la même. Son corps était le même : celui d'une jeune fille de vingt ans, toujours aussi brune, les cheveux assez en bataille (sinon elle ne serait plus en partie Potter) et des yeux bleus immenses (sinon elle ne serait plus en partie Porkins). Lorsqu'il s'approcha d'elle pour lui dire au revoir, elle l'embrassa et lui sourit avec cet air triste qui le peinait toujours.
« Tu prends soin de toi, hein ? » demanda-t-elle.
« Ne t'inquiète pas Heather, je suis un Potter. »
« Ouais. C'est bien ce qui m'inquiète. » répondit-elle en lançant un regard suspicieux à sa mère.
James sourit. Il retrouvait sa cousine telle qu'il la connaissait.
« J'ai passé d'excellentes vacances, ma fleur ! » la taquina-t-il.
« Fais gaffe marmot, je suis toujours plus haute et forte que toi. Ne joue pas avec le feu… »
« Il a toujours eu des faiblesses pour les fleurs de toute façon… » ajouta Tom avec un clin d'œil.
« Et toi pour les filles faciles. Pff, à quinze ans, déjà un goujat… » fit Heather en secouant la tête.
« Comment ça les filles faciles ? » hurla soudainement Myrna.
« Oups. » fit James. « Bon, allez, moi je dois y aller, sinon maman va hurler. Tu la connais, tante Myrna… »
Heather et Tom se retournèrent pour étouffer leurs rires. Myrna réagit au quart de tour, s'exclamant d'un 'tu as raison, ta mère est une sauvageonne… Sans vouloir te vexer mon chéri…' . James, absolument pas vexé, riait intérieurement. Il adorait voir sa tante et sa mère dire du mal l'une de l'autre. Bien que ne partageant aucun lien du sang, les deux jeunes femmes avaient le même air pincé et agacé dès qu'on abordait le sujet 'Myrna' ou 'Caitlin'. Elles ne s'étaient jamais appréciées, Myrna estimant Caitlin trop terre-à-terre, sauvage et Caitlin trouvant Myrna timbrée et hystérique. Myrna était à Poufsouffle, Caitlin à Gryffondor, Harry se contrefichant des deux filles, étant peu proche de sa sœur et ignorant de l'existence de Caitlin. Mais les deux 'ennemies' se battaient pour sa préférence, dans son indifférence totale. Myrna en petite sœur possessive et Caitlin en groupie. Heureusement que sa mère s'était calmée, pensait souvent James. Peut-être un peu trop à son goût d'ailleurs : elle était un peu trop sérieuse parfois. Pas assez le sens de l'humour.
Sa tante attrapa un livre sur le Quidditch et le tendit à son neveu 'préféré'. De toute façon, James était le seul neveu qu'elle avait. Son oncle, Henry, n'avait qu'une fille de neuf ans aussi brune que son père, avec un prénom de reine, comme celui de son père : Elisabeth. On pouvait dire qu'il était narcissique, mais au moins il était rassuré de savoir que c'était un drame héréditaire et définitivement héréditaire. Ce qu'il espérait était que jamais ses enfants n'auraient le même problème que lui. Peut-être que Lily arriverait à modifier ça ? Ouais. Il pouvait rêver. Déjà, pour avoir des enfants avec Lily, il fallait qu'il ait Lily. Ce qui était, en soit, une tâche déjà assez ardue. Une chose à la fois. Mais il y parviendrait.
Depuis son départ, il avait décidé qu'il séduirait Lily Evans. Et qu'elle cèderait à ses avances. Il savait que ce n'était pas le genre de décisions qui se prenaient seul, et qu'en général il fallait être deux à vouloir cela, mais puisque Lily ne semblait pas décidée, il fallait qu'il prenne les choses en main. Qu'il lui montre combien il gagnait à être connu, combien il fallait qu'elle cède. Il espérait que son petit cadeau lui ferait plaisir. Il lui avait envoyé la pierre de vérité d'abord parce qu'il la trouvait belle, mais également parce qu'en posant les questions qu'elle voulait sur lui, il aurait peut-être plus de chances. Ou moins. C'était passer ou casser. En y réfléchissant, James s'était dit qu'il avait peut-être fait une bêtise. L'idée qu'elle puisse poser des questions sur ses sentiments ne le dérangeait pas. Mais il avait des zones d'ombre auxquelles Lily pourrait s'intéresser. Les Maraudeurs aussi. En les fréquentant un peu plus, elle pouvait se poser des questions sur Peter (qui ne voulait pas qu'on sache pour ses parents), sur Sirius (qui ne parlait jamais de son enfance à Grimmauld Place) ou pire : sur Remus.
Si elle découvrait le secret de Remus et allait le répéter à ses amies, ç'en était fini de la scolarité de Remus. Et tous leurs efforts seraient anéantis à néant : la création de la carte, leurs transformations en animagus… Tout. Son amour pour Lily devait-il faire courir des risques pour Remus alors qu'il en prenait déjà beaucoup trop ? James préférait ne pas y penser. Egoïste. Deuxième gros défaut. Avec l'égocentrisme et la prétention. Pour avoir le quinté, il travaillait dur en vue de devenir asocial. Une idée de Sirius.
« Si ta mère t'embête, dis-le moi mon chéri. Je la maudirai pour quelques heures ! » fit sa tante avec un clin d'œil parfaitement sérieux.
« Promis Myrna. »
James serra son cousin dans ses bras et attrapa le livre de Quidditch en se disant que sa tante était définitivement tarée. Comme chaque fois qu'il utilisait un portoloin, James se sentit tiré par le nombril. Il vit sa tante écraser une larme en lui faisant un dernier 'au revoir' de la main, puis tout se brouilla, comme s'il tournait très vite, distinguant avec peine la différence entre le sol et le ciel.
Lorsque ses pieds rencontrèrent de nouveau le sol, sa tête tourna et il ne dut qu'au fauteuil de son père de rester debout. S'il n'avait pas été devant lui au moment où il rentrait chez lui, il serait tombé sur le parquet dur et froid du gigantesque salon. Au lieu de ça, il s'affala sur le fauteuil en velours rouge et or, couleurs dominantes partout chez lui. Famille où les Gryffondor régnaient en maître oblige. Lorsque son sens de l'équilibre devint normal, James s'avança vers le salon, laissant son sac par terre et jetant le livre de Quidditch sur le tapis. Mais lorsqu'il arriva près de la cuisine, il s'arrêta immédiatement. Ses parents parlaient de choses intéressantes.
« Dumbledore pense vraiment qu'il y a un traître ? » demandait sa mère.
« Oui. »
« Tu veux dire parmi les élèves ou les professeurs ? »
James se tendit. Super comme retour de vacances. Lui qui s'attendait presque à des banderoles 'Bon retour chez nous' ou 'Bienvenue'… Ou au moins à ce que ses parents arrivent et lui demandent comment s'était passé son Noël. Mais que la première chose qu'il entende à son retour était qu'il y avait un (ou plusieurs ?) traîtres à Poudlard ne lui plaisait pas du tout.
« Les deux. Bien qu'il pense que les élèves n'en savent pas assez. »
Encore mieux, pensa James.
« Cet Ignatus fait des ravages. D'après Dumbledore, une bonne partie des Serpentard de Sixième et Septième Année sont des Aspirants. Mais il y a également des Serdaigle, des Poufsouffle, et ne m'en déplaise des Gryffondor. »
Caitlin soupira.
« En parlant de Gryffondor, où est James ? Il n'est pas encore rentr ?! A tous les coups Myrna aura oublié la date, ou se sera trompée d'endroit en créant le portoloin. »
« Caitlin, ma sœur est certes euh… Etrange, mais pas inconsciente. »
La mère de James ricana.
« Non, pas inconsciente. Juste irresponsable, et totalement siphonnée. Pas pareil. »
James sourit et courut dans le salon. Mieux valait que ses parents ignorent ce qu'il avait entendu. Arrivé au niveau du fauteuil, il sauta à pieds joints sur le parquet qui grinça abominablement. Son sac dans une main, le portoloin dans l'autre, un sourire candide au visage, il se mit à hurler :
« PAAAAAAAAAAAPA !! MAAAAAAAAAAAMAN ! C'EEEEEST MOIIIIIIIIII !!! »
Ses deux parents accoururent en souriant. Les banderoles n'étaient pas là, et les embrassades étaient un peu tardives, mais James s'en moquait. Tant qu'il les avait…
Le retour à Poudlard s'était fait sans problème. Non seulement le voyage dans le Poudlard Express s'était bien passé, mais en plus ses amis avaient passé de bonnes vacances. Peter avait particulièrement apprécié le cadeau de Sirius, et Remus n'avait pas trop souffert de son premier Noël sans son père (« De toute façon, à part la tristesse de ma mère, ça ne m'a pas beaucoup changé. »). Seul Frank semblait partagé entre le bonheur d'avoir passé un Noël fantastique avec sa famille et sa petite amie, le contentement de rentrer à Poudlard, et l'inquiétude d'avoir abandonné sa petite sœur adorée à un chien fou pas très adulte.
Après une discussion avec sa sœur, Frank était revenu dans la salle commune, et avait offert deux vinyles des Village People à Sirius. Il les avait rachetés à Dave Goujon. Un Sirius gêné avait fini par les accepter au bout d'un quart d'heure de négociations, affirmant à Frank que cela n'avait rien d'un gage puisque sa sœur était un vrai cadeau et qu'il n'avait rien fait de particulier. Mais visiblement, Frank semblait plus borné que Sirius (chose très, très, très étonnante.)
« Qu'est-ce que c'est que cette horreur ? » hurla Lily.
« Aucune idée » confia Sirius. « On n'a pas rencontré ça James, si ? »
« Si. Mais dans le noir, on n'a pas du faire gaffe. C'était une des bestioles que le Grimalin avait endormie. »
« C'est quoi son p' tit nom ? » demanda Alice.
« Tu te lances dans la zoophilie ? » railla Sirius.
« Ce sont des Rpeiouf. A bec cornu, pour être précis. » récita Peter. « Ils sont relativement dangereux, mais par rapport aux Elfes Noirs, ça va. »
Le cours de Défense Contre les Forces du Mal venait de commencer. Mais comme d'habitude, ce n'était pas un cours 'normal'. C'était plutôt un cours dans le genre 'dangereux'. Même si James et Sirius avaient réussi à les endormir et à les ramener à Poudlard sans trop de casse, les deux adolescents ne savaient pas comment vaincre une créature pareille. Si James avait voulu les décrire, il aurait dit qu'ils étaient d'immenses corbeaux aux yeux verts et au corps en écailles qui leur permettait non seulement de voler mais également d'aller sous l'eau. Avec son bec pointu, il pouvait ainsi pêcher, mais aussi aller chercher sa nourriture si jamais elle lui glissait entre les pattes.
« Qu'est-ce que c'est leur truc ? » demanda Shen, les jointures blanches à force de serrer son bureau.
« Arracher les yeux de leurs proies en les figeant d'un regard. »
« Encore mieux… » répondit Shen.
Evidemment, comme il ne fallait pas regarder les créatures dans les yeux, tous les élèves le firent.
« Le mâle est le noir, mais la blanche est une femelle, il faut s'en méfier d'avantage. C'est elle qui ramène la bouffe à papi. Elle est donc plus dangereuse. En plus, elle réfléchit la lumière. Faites gaffe à vos yeux, ils adorent ça… Beurk ! » ajouta Peter.
Shen l'accompagna dans sa grimace. Peter, toujours caché sous son bureau, tourna bruyamment une page et la parcourut rapidement du regard pendant que ses camarades observaient les créatures.
« Oh, oh ! »
« Quoi ? » demandèrent-ils tous d'une même voix.
« Il est dit qu'ils s'attaquent aux plus faibles. Et qu'ils sont d'autant plus dangereux que lorsqu'ils ont choisi leur proie il est difficile de leur faire lâcher prise. »
« Est-ce qu'ils parlent d'un sort qui pourrait les neutraliser ? » demanda Lily.
« Non. Ce bouquin est nul ! Il ne donne que des informations sur les créatures pas le moyen de les tuer ! »
« Drug est aussi nul que ce bouquin. » cracha Alice.
« Non, il est plutôt mignon. » corrigea Julia.
Toutes les têtes se tournèrent vers elle, et même Peter consentit à sortir de sous le bureau pour observer sa camarade. Elle ne s'en aperçut pas, et Alice finit par secouer la tête.
« C'est pas grave Julia. On t'aime quand même. »
« Ah fini la zoophilie, tu passes à l'homosexualit ? » l'embêta Sirius.
« Black, des fois on peut se demander si tu as une cervelle ou si le style crétin te plaît définitivement. »
« C'est le style qui lui plaît, il a vraiment un cerveau. Je l'ai demandé à la pierre de vérité. » répondit Lily. « Au fait Potter, merci pour le cadeau. Intéressant et plutôt instructif. »
Un gros silence suivit le remerciement. Sirius observait Lily en se demandant si elle avait vraiment osé demander ça à la pierre, Remus s'inquiétait de la signification du mot 'instructif', mais Shen, Peter, et Alice se demandaient si Lily n'avait pas attrapé quelque chose pour : non seulement remercier James en public, mais en plus pour se montrer GENTILLE avec lui.
James, lui, était aux anges. Oublié le Rpeiouf, oublié le lieu où il était, oublié ses camarades, oublié jusqu'à son prénom. Il n'y avait plus que le 'merci pour le cadeau' de Lily. Et Lily, évidemment. Elle l'avait remercié. Elle avait aimé son cadeau. Elle lui souriait, et elle était même gentille avec lui ! Ce jour, veille du match Gryffondor vs Serpentard, était l'un des plus beaux jours de sa très courte vie. Le jour de la rentrée avait aussi été un jour fabuleux. Bien que Frank, en Capitaine d'équipe taré, avait voulu faire un entraînement intensif qui avait duré plus de deux heures sous le froid, Lily était venue. James n'en revenait toujours pas, elle avait accepté de venir le voir, avec Alice, et de l'encourager (même si elles étaient venues pour l'équipe entière). Elle était venue, elle avait vu, et lui avait presque vaincu. Il avait rattrapé tous les Souaffles, et avait tiré tellement fort pour marquer un but que Melody Baker, le Gardien, avait failli tomber de son balai en se le recevant dans le ventre. Mais même les vociférations de Frank (« Au lieu de te la jouer paon en manque tu pourrais garder tes forces pour samedi ? Je te préviens, si Melody ne peut pas jouer au prochain match tu le regretteras amèrement ! ») n'avaient pu entamer sa félicit : Lily riait aux éclats.
En repensant à ce souvenir, James avait oublié la réalité. Les Rpeiouf par contre ne l'avaient pas oublié. Durant son absence passagère, ils avaient visiblement senti une faiblesse. D'un accord apparemment commun, les deux oiseaux fondirent sur James qui ne dut qu'au cri que Shen son réveil. Il réagit au quart de tour et plongea à sa droite, entraînant le puissant Remus dans sa chute. Mais Remus, dans un réflexe, attrapa la manche d'Alice qui tomba sur James, lui assurant une protection plus ou moins fragile.
James entendit le bruit d'un sort, une explosion, un juron, puis le poids d'Alice disparut. Lorsqu'il ouvrit les yeux, Shen était pétrifiée, Alice était dans les airs, les serres du mâle plantées dans ses épaules, et Remus ne bougeait plus. Inquiet, James regarda autour de lui : Lily vociférait bruyamment, Sirius avait une ride sur le front qui ne lui plaisait pas, et Julia touchait Shen du bout des doigts comme pour vérifier si elle pouvait toujours bouger. Ce qui n'était visiblement pas le cas.
Alice hurla, puis se tendit, les yeux grands ouverts mais le corps figé. Lily cracha une insulte mais n'eut pas le temps de faire autre chose. Julia, après s'être assurée de la pétrification de sa camarade, avait sauté sur la table la plus proche, et s'était lancée sur le mâle, qui en lâcha Alice. Celle-ci retomba sur l'estrade dans un bruit sourd. Le Rpeiouf se débattait du mieux qu'il pouvait, tandis que la femelle se jetait sur l'adolescente pour la faire lâcher prise. Mais c'était sans compter une Julia folle de rage (et folle tout court). Cependant Lily n'était pas partisane de ce genre de choses. Elle attrapa un bout de bois qui traînait (plusieurs bureaux avaient encore rendu l'âme) et le lança sur la femelle. Celle-ci alla se cogner contre le mur. Perdant ses esprits, Lily en profita pour lui en redonner une couche mais l'animal avait déjà esquivé le coup et fondait sur Lily. La jeune fille ferma immédiatement les yeux et sauta où elle put… Pour atterrir sur un James ravi.
A peine le toucha-t-elle que le jeune homme, dans un réflexe de joueur de Quidditch, retourna la situation : alors que Lily était sur James, James se retrouva sur Lily, la protégeant du bec acéré de la créature. Haletants, ils roulèrent jusqu'au bureau de Drug. Arrivés, James réagit au quart de tour en sortant sa baguette :
« MURO ! » cria-t-il.
Un mur transparent se créa, les protégeant des coups de bec pointus du Rpeiouf. James attendit quelques instants, anxieux, et reprit une respiration normale lorsqu'il s'aperçut que le mur arrêtait le pouvoir des yeux de la créature. Il lui sourit et lui tira la langue. A côté de lui, il entendit un rire. Lily le regardait. Elle était collée au bois, les jambes repliées, la lèvre en sang.
« Ca va ? » demanda-t-il.
« Je me suis fait mal à la tête quand on a roulé, mais sinon ça va. Et toi ? »
« Super ! Ca fait du bien de pouvoir bouger un peu ! »
« A te voir, on dirait pas… »
« Pourquoi ? »
« Tu pisses le sang. » fit-elle remarquer.
Elle s'approcha de lui et déchira un pan de sa robe. D'un sort, elle l'humidifia et l'approcha du nez de James.
« C'est bizarre, j'ai pas mal, pourtant. »
« C'est normal. C'est l'adrénaline. »
« La quoi ? »
« L'adrénaline. Une substance que tu as dans ton corps. Quand tu stresses, ou que tu bouges beaucoup, ou bien les deux, tu as ce qu'on appelle une décharge d'adrénaline. C'est comme de la morphine, mais c'est naturel. Donc tu ne ressens pas la douleur. Mais dès que ça se calmera, tu auras mal. Faudrait que tu mettes du froid sur ton front, et garde ce truc sur ton nez la tête en avant. »
James ne répondit rien, trop occupé à admirer sa camarade. Elle savait tellement de choses… Elle en savait beaucoup plus que les Sorciers. Une double culture était très intéressante. Elle avait beaucoup de chance d'avoir des parents Moldus et d'être une Sorcière. La jeune fille se pencha un peu pour observer l'extérieur, mais une attaque du Rpeiouf femelle l'arrêta dans son élan.
« On dirait un champ de bataille. »
« J'ai l'air d'un soldat ? » demanda-t-il.
« Assez, oui. »
« T'as passé un bon Noël ? » tenta James, décidé à faire passer le temps.
Un cri se fit entendre. C'était un couinement de Peter.
« Sirius ! James ! Aidez-moi… Ai… Aidez-moi… NOOOON !! »
James réagit immédiatement. Peut-être était-ce idiot, mais il traversa le mur de protection et courut vers Peter. Mais c'était trop tard. Il était déjà pétrifié, les mains devant son visage dans une vaine tentative de se protéger. James cracha un juron tellement mal poli que Sirius tourna un regard étonné vers son meilleur ami.
« Plus que trois. » fit James. « Lily, tu restes où tu es, la femelle n'attend qu'une chose, c'est que tu sortes. Sirius et moi allons tenter de nous occuper des horreurs. Où est Julia ? »
« Là-haut. » répondit Sirius.
Julia se battait toujours contre l'oiseau. Elle n'avait incroyablement pas lâché prise malgré les coups de bec de la créature. Soudain, elle donna un gros coup de tête sur le crâne de la créature, et planta ses dents dans son cou. Sirius et James écarquillèrent les yeux et grimacèrent lorsqu'elle recracha un bout de la peau. Le Rpeiouf poussa un cri alors que du sang noir commençait à couler. Julia lâcha la créature et se laissa tomber par terre. Essoufflée, trempée de sueur, sanglante, elle se retrouva près d'Alice.
« Alice… » supplia-t-elle. « Alice, tu restes avec moi, hein ? »
James et Sirius ne bougèrent plus. Etait-ce vraiment Julia qu'ils avaient devant elle ? Cette fille folle, irresponsable et inconsciente ? Etait-ce elle qui était si attachée à sa camarade et qui la suppliait de rester en vie ? Ce fut le cri perçant du Rpeiouf qui les fit sursauter. Ils se regardèrent, puis d'un accord tacite, coururent vers le Rpeiouf mâle. La femelle tournait autour du bureau sous lequel Lily se cachait.
La baguette en avant, Sirius sauta sur la créature. Penchée sur Julia, elle ne vit pas arriver le jeune homme qui l'écrabouilla contre le parquet dans un bruit désagréable. James attrapa Julia et la tira vers le bureau où Lily se cachait. Mieux valait qu'elle soit en sécurité.
« Bon, maintenant on fait quoi ? » demanda James à un Sirius amusé.
Il sautillait sur le Rpeiouf presque mort comme sur un mini-trampoline.
« Tu t'occupes de la femelle ? » proposa-t-il en délaissant presque à contre-cœur la créature.
« Laquelle ? » demanda James avec un clin d'œil.
« La Rpeiouf. Après tu pourras t'occuper de Lily… »
« … Si elle me laisse faire ! »
« C'est bien parti pour ! »
James sourit et descendit lentement de l'estrade. Les Rpeiouf étaient des créatures des Ténèbres, elles n'aimaient donc pas la Nature… Peut-être l'eau ? Les oiseaux n'aiment pas particulièrement se baigner, si ? Le mieux était d'essayer. Non, le mieux aurait été d'avoir un Grimalin. Mais malheureusement pour James, il n'avait pas de Grimalin. Il ne connaissait pas non plus le sort qui permettait de détruire un Rpeiouf, et il n'aimait pas ça.
« James ! » hurla Lily.
Paniqué, il dévala les escaliers, s'imaginant déjà voir Lily sans yeux, chauve ou pire : morte. Il n'avait même pas réalisé que sa dulcinée l'avait appelé par son prénom pour la première fois de sa vie. Il n'avait même pas réalisé que Lily ne craignait rien puisqu'il avait utilisé un enchantement assez difficile mais vu ses capacités… Ses capacités ? La métamorphose ! Il était doué en métamorphose. Il pourrait toujours transformer la Rpeiouf en quelque chose ! Mais en quoi ?
« Qu'est-ce qu'il y a ? » demanda-t-il.
« C'est Julia, son poignet est cassé et elle a perdu connaissance ! »
« Crasse. »
Il leva un regard ennuyé vers son meilleur ami. Ils n'étaient plus que trois, dont une qui ne pouvait pas bouger sous peine de se faire arracher quelque chose. En gros, ils n'étaient plus que deux. Sirius était particulièrement doué en Enchantements, comme Lily. Il pouvait lui demander d'immobiliser l'oiseau pendant qu'il lui sautait dessus ? Ou le transformer en quelque chose d'inoffensif… Sirius le regarda et eut un grand sourire. Prenant son élan, il se hissa sur la balustrade, sauta vers le bureau de Drug et atterrit sur le dos du Rpeiouf femelle qui s'écrasa sur le sol dans un bruit de succion à dresser les cheveux sur la tête. Sauf que la femelle, comme l'avait dit Peter, était beaucoup plus puissante que le mâle. Elle réussit à repousser Sirius en le faisant glisser. Mais alors que l'adolescent revenait à la charge, James lança un sort :
« METAMORPHOSIS ! »
L'oiseau grandit soudainement. Ses ailes disparurent et devinrent des bras. Ses yeux s'amoindrirent mais restèrent d'un vert éclatant, son bec rétrécit pour devenir une bouche et un nez. Ses pattes poussèrent, ses serres s'allongèrent, ses écailles disparurent. Les petits poils noirs affreux qui se battaient sur sa tête poussèrent et roussirent. Ses cheveux bouclèrent. Son corps s'allongea. Une robe verte très légère, mais presque transparente apparut. Sirius réussit à s'arrêter de justesse, se retenant au bureau pour ne pas tomber sur le Rpeiouf transformé.
Lorsque Lily et Sirius virent ce qu'était devenue la créature, ils poussèrent un cri. Celui de Lily était d'effroi, celui de Sirius était d'étonnement.
« Waw ! » ne put que dire Sirius.
James rougit. Il ne s'attendait absolument pas à ça. Mais vraiment pas. Il savait que cette formule faisait prendre la forme de ce à quoi on pensait mais à ce point…
« Potter, est-ce que tu peux m'expliquer… ? »
James avala sa salive avec difficultés. Tant que le… la… Rpeiouf – car c'en était toujours un – ne bougeait pas, il pouvait parler. Il fallait qu'il parle.
« Potter, pourrais-tu m'expliquer pourquoi est-ce que je suis en face de moi ? »
Que pouvait-il répondre ?
« Potter, pourquoi est-ce que ce Rpeiouf s'est-il transformé en moi quand tu as prononcé cette satanée formule ? »
« En fait, cette formule transforme un objet ou une personne en ce à quoi tu penses le plus fort… Et là… Euh… Ben la première chose à laquelle j'ai pensée, c'est… Euh… C'est toi… »
« Tu penses à moi dans des tenues aussi légères ? » s'exclama-t-elle.
« Cornedrue, t'es un sacré cachottier… » s'immisça Sirius.
« La ferme Sirius ! » tonna Lily en lançant des Avada Kedavra aux deux garçons. « Potter, pourrais-tu répondre à ma question ? »
« Euh… Je… Non, disons que sur le coup je me suis dit qu'une robe comme celle-ci t'irait bien, et euh… Enfin… »
« C'est vrai qu'elle me va bien… » avoua-t-elle. « Elle dissimule mais laisse deviner. T'as du goût pour un crétin prétentieux, Potter. Métamorphosis le sort ? Mais… Mc Gonagall avait dit que c'était un sort que certains Aurors avaient du mal à manipuler ! Comment as-tu fait ? »
Pour le coup, James et Sirius restèrent bouche bée. Lily était vraiment bizarre. Encore plus que la plupart des filles – Julia hors course, évidemment. Un instant elle semblait hors d'elle parce que James l'avait habillée d'une robe verte légère mais très jolie, l'instant suivant elle était ravie et le félicitait presque d'avoir réussi à faire un sort aussi difficile.
« Bravo ! T'es super fort ! Tu m'apprendras ? » demanda-t-elle en sortant de sous le bureau.
Rectification : elle le félicitait définitivement. Et elle acceptait de prendre des cours avec lui ! C'était définitivement le plus beau jour de sa vie. Mais c'était ce sans compter sur un Rpeiouf peu ravi d'avoir été transformé en humain et qui tombait à la renverse n'ayant pas le sens de l'équilibre humain.
« Stupéfix ! » fit Sirius.
« Qu'est-ce qu'on fait maintenant ? » demanda Lily tout en observant le Rpeiouf (donc elle-même) de plus près.
« On les emmène à l'infirmerie. Pomfresh pourra s'en occuper. Quant aux Rpeiouf, tu n'as qu'à les mettre en bouteille, Sirius. Pomfresh pourra nous dire comment les détruire. »
James éclata de rire en repensant à la dispute monumentale qui avait attendue Drug lorsque Pomfresh avait vu apparaître ses élèves dans un état plus pitoyable que jamais. Il était arrivé en titubant à moitié et avait baissé la tête comme un enfant pris en faute. Mais quand Lily avait montré à Pomfresh la métamorphose que James avait réussie, il avait soudainement dessaoulé et avait longuement félicité James avec une lueur étrange dans son regard. La même lueur qu'il avait vue le jour où il avait puni James dans le couloir lorsqu'il s'était battu contre Sirius. Une lueur qu'il trouvait étonnante. Rassurante, mais effrayante en même temps. Parce qu'il rappelait à James que Gonzague Drug, aussi saoul et bizarre fut-il, était malgré tout un Professeur qui savait se faire respecter en dépit de ses airs étranges.
Sa journée avait été fabuleuse. Lily l'avait appelé par son prénom, l'avait félicité, et l'avait remercié. Si son cœur n'était pas aussi bien attaché dans sa poitrine, il aurait fait une crise cardiaque ou serait mort de bonheur. Il avait envie de hurler au monde entier combien il était heureux. En fait, il avait envie de hurler : 'JE SUIS HEUREUX !!!' maintenant, mais la dernière fois qu'il l'avait fait Remus lui avait sauté dessus et avait failli l'étrangler, Peter avait frôlé la crise cardiaque et Sirius s'était foulé le poignet en tombant de son lit. Alors maintenant, il évitait. Le pire avait été que Sirius ne maîtrisait pas encore très bien sa transformation en animagus et avait depuis quelques jours sa queue de chien qui ne voulait pas disparaître. Il avait angoissé à l'idée que Pomfresh – ou pire : Mc Gonagall – découvre la bosse au niveau de son derrière qu'il tentait maladroitement de la dissimuler. Alors James était décidé à taire son bonheur. Mais il était sûr qu'il ne pourrait pas s'endormir. D'abord parce qu'il était trop excité pour ça, ensuite parce qu'il était trop nerveux : le match Gryffondor vs Serpentard avait lieu le lendemain. Il décida de se lever et après avoir attrapé ses chaussettes et ses chaussons il descendit dans la salle commune.
Mais il s'arrêta à la moitié du chemin lorsqu'il vit qui était devant la cheminée. Lily. En temps normal, il aurait été très heureux de la voir et encore plus ce soir-là (enfin, plutôt ce matin-là) mais lorsqu'il entendit le sanglot que Lily laissa échapper, il ne put plus bouger. Il ne se décida qu'au bout de quelques minutes qui lui semblèrent interminables. Lentement, il s'approcha du canapé où s'était tassée Lily et s'y assit doucement. Il n'était pas habitué à voir des gens pleurer. Fils unique, il n'avait personne dont il devait prendre soin. Ses parents étaient souvent absents, et il les pensait sans faille. Quant à ses amis, à part Peter, il n'avait personne à spécialement surveiller. Mais Peter avait sa fierté et n'avait jamais vraiment pleuré devant lui. Surtout qu'il l'admirait trop pour ça. Avec le recul et peut-être la maturité, James commençait à être gêné de le voir à chaque entraînement de Quidditch, à chaque sortie de cours… Mais il n'osait rien dire de peur de blesser Peter. Revenant à Lily lorsqu'un sanglot plus gros se fit entendre, il se décida à poser sa main sur son épaule. Sirius avait souvent fait ça. En fait, tout le monde faisait ça. Alors il posa simplement sa main sur son épaule.
Lily sursauta. Elle ne l'avait visiblement pas entendu. Ses yeux embués de larmes se levèrent vers James qui se sentit soudainement triste, comme lorsque Heather le regardait. La réaction de Lily le prit totalement au dépourvu : elle se jeta dans ses bras. James écarquilla les yeux, désarçonné par la réaction de sa camarade qui pas une semaine auparavant le détestait plus que tout au monde. Mais James réagit malgré tout immédiatement. Alors qu'elle appuyait ses mains sur son torse, il entourait son dos et sa taille de ses bras. Aucun mot ne fut prononcé. Seuls les reniflements de Lily perturbaient le silence de la salle commune. James attendait patiemment – plus patiemment que jamais en fait – que la jeune fille se calme. Ce ne fut qu'au bout d'un quart d'heure que ses sanglots s'arrêtèrent. Elle se releva doucement en s'essuyant les yeux et le nez avec sa manche dans un dernier reniflement. James lui sourit.
« Ca va mieux ? » demanda-t-il.
Pour toute réponse, Lily hocha la tête. James choisit de ne pas poser de questions. Alors que sa camarade se rasseyait en reniflant encore un peu, James se pencha par terre pour ramasser une photo. Il la trouva très belle. C'était une photo familiale comme jamais il n'en avait vue. Deux personnes âgées – dont un homme dans un fauteuil roulant – se tenaient à gauche, à côté d'un homme grand et souriant, les cheveux châtain-blonds, et des yeux bleus superbes. Un de ses bras enlaçait une femme plus petite rousse aux yeux verts. S'il n'avait pas vu deux petites filles en bas, il l'aurait prise pour Lily. Car en bas, il y avait bien deux petites filles qui se tenaient par la main. Une blonde aux yeux bleus à l'air un peu peste mais jolie malgré tout et une petite rousse en robe verte qui faisait ressortir ses yeux. James la reconnut immédiatement et ne fit plus attention aux autres personnes qui pourtant souriaient. Lily souriait de toutes ses belles dents de lait. C'était encore une petite fille. Elle avait de longs cheveux ondulés qui lui tombaient dans le dos. James eut un rire tendre puis il sentit le regard de Lily. Elle s'approcha de lui.
« J'avais cinq ans. » avoua-t-elle. « A côté de moi, c'est Pétunia, ma sœur. Elle a deux ans de plus que moi. Là, ce sont mes cousines, Rose et Daisy. »
« Vous portez toutes des noms de fleurs dans la famille ? »
« Ma mère s'appelle Violette. Et sa sœur c'est Lavande. »
« Tu comptes aussi appeler tes enfants par un prénom de fleur ? »
« Non. T'es pas bien non ? De toute façon, tous les prénoms de fleurs sont déjà pris. Je me vois mal appeler mon fils 'Laurier' ou ma fille 'Tulipe'… »
James éclata de rire en acquiesçant.
« Vous avez l'air proches ta sœur et toi… »
« Nous l'étions. Nous ne le sommes plus. »
« Qu'est-ce qui s'est pass ? »
« J'ai appris que j'étais une Sorcière. Mes parents ont été fiers de moi pour une fois, mais Pétunia n'a pas vraiment digéré. Mon départ pour Poudlard n'a pas vraiment beaucoup arrangé les choses. Elle me déteste. C'est pour ça que je ne suis pas rentrée chez moi pour Noël. Elle s'est trouvé un petit ami parfait pour elle et mes parents m'ont sommée de rester ici plutôt que de rentrer chez moi pour envenimer les choses. »
« C'est injuste ! »
« Ma sœur fait sa loi à la maison. On s'y fait, va. Quand je rentre, généralement je suis la reine. Elle ne l'aurait pas digéré. Elle a dû leur faire un cinéma pas possible pour que mes parents me demandent de rester à Poudlard. »
« Tu aurais pu en parler ! Tu serais venue chez moi ! »
Lily leva un regard étonné vers lui en haussant un sourcil. James comprit soudainement.
« Ahem. Désolé. Mais tu n'aurais pas dû rester toute seule à Poudlard ! »
« Je n'étais pas seule ! Il y avait Ambre, Jenny et Sirius. On s'est bien amusés. Et puis j'ai passé un bon Noël. Ça m'a juste fait de la peine de ne pas le passer en famille, tu comprends ? Chez moi c'est tout un rituel. » commença-t-elle, un sourire triste éclairant faiblement son visage, le regard perdu dans le feu qui brûlait dans l'âtre. « D'abord, on mange. Chacun se raconte ses anecdotes, je leur raconte parfois des choses qui se passent à Poudlard. A part ma sœur, ils sont tous ravis. Après le dessert, mon grand père qui est assis en bout de table tente de se lever, mais comme à chaque fois il retombe dans son siège… »
Elle eut un petit rire qui peina James. Des larmes coulaient à nouveau sur ses joues.
« Et puis il crie 'JOYEUX NOËL TOUT LE MONDE' de sa voix rocailleuse qui écorche les oreilles à tout le monde. Mes cousines hurlent et se jettent sur le sapin. Maman se met au piano avec sa sœur et elles nous jouent des chants de Noël. Tout le monde chante. Même Pétunia. Noël, c'est une sorte de trêve entre nous. Apparemment, 'Vernon' (elle avait levé les yeux au ciel en minaudant) est plus important pour elle qu'un bon moment avec une sœur qu'elle aimait jusqu'à ce qu'elle suive son propre chemin. »
James enlaça Lily une nouvelle fois. Il comprenait ce qu'elle ressentait. Pour elle, Noël représentait sa famille. Pour lui aussi. Le passer chez Myrna n'avait pas été si mal, au contraire, il s'était bien amusé, il avait ri et chanté, mais ça ne valait pas un Noël avec ses parents et le reste de sa famille. C'était comme si on l'avait amputé d'un membre. Fêter Noël avec une jambe ou juste un bras. C'était un peu pareil. Pour Lily, sa famille comptait plus qu'une engueulade entre elle et sa sœur. Pétunia Evans ne semblait pas avoir les mêmes valeurs que sa sœur.
« Oh et puis flûte ! J'en ai marre de pleurer. La pierre m'a dit qu'ils avaient passé un excellent Noël et que toute la famille avait bien pensé à moi. Même Pétunia avait culpabilisé, tu te rends compte ? Bien fait pour elle ! » s'exclama Lily en essuyant ses larmes. « Ca lui apprendra à évincer sa sœur ! Tu sais quoi James ? »
James frissonna. Il adorait qu'elle prononce son prénom. C'était si rare habituellement…
« Au prochain Noël je lui jetterai un sort qui l'obligera à chanter toute la soirée ou qui fera en sorte qu'elle colle son petit ami toute la soirée – si elle est toujours avec lui ce dont je doute. Comme nous serons des Sorciers de second cycle j'en profiterai ! Elle le paiera ! »
Une lueur amusée brillait dans son regard. James préférait cela. C'était plus rassurant.
« Et toi qui prône contre la vengeance et pour la maturit ! » fit-il remarquer.
« Tant pis. J'ai décidé que je serai gamine le Noël de mes dix-sept ans. Non mais ! »
James éclata de rire.
« T'es marrante quand t'es décidée comme ça. T'es mignonne. »
« Merci. » dit-elle après un silence un peu étonné. « Au fait, pas trop déçu que Mc Gonagall soit malade pile le jour où tu arrives à faire un sort d'aussi haut niveau ? »
« Non. Si j'y suis arrivé une fois, j'y arriverai les prochaines fois. Enfin… J'espère. On verra bien. Mais ce qui m'embête le plus c'est qu'on n'ait pas pu avoir Métamorphoses du coup. »
« Pas moi. Je suis trop nulle pour ça. »
« Je t'aiderai si tu veux. Le truc, c'est qu'il faut avoir confiance en soi. »
« Ah effectivement, tu t'en sors bien à ce niveau-là. »
James sourit. Mieux valait en rire. C'était une plaisanterie déguisée en reproche. Il avançait. Lentement, mais il avançait. S'il pouvait commencer à plaisanter avec Lily Evans, c'était que la 'conclusion' n'était pas loin. Il fallait simplement qu'il arrête de faire des blagues puériles, qu'il se montre un peu plus responsable, qu'il fasse moins l'idiot et qu'il soit plus attentionné… Ouais. Impossible.
« Sinon, ça va toi pour le match ? Pas trop stress ? »
« Non. Les Serpentard pourraient être très dangereux s'ils se faisaient confiance. Ils sont doués mais s'ils étaient groupés et s'ils s'entendaient bien ce serait plus difficile. Ils se détestent tous. »
« C'est vrai. Mais je pensais que malgré tout l'angoisse était l »
« Je peux te confier un secret ? »
Lily se pencha vers lui, à la fois surprise et intriguée.
« Pourquoi crois-tu que je sois réveillé à une heure pareille ? Je suis mort de trouille ! »
Il y avait tellement de vent que James n'arrivait pas à entendre les commentaires de Sirius. En plus il ne voyait rien. La neige était très épaisse, et le vent glacial les poussait en avant vers le stade. Le match serait difficile. A côté de lui, il vit Evan Rosier, un Septième Année qu'il n'appréciait pas du tout. Il était le Capitaine de l'équipe de Serpentard. C'était un Poursuiveur qui aurait pu être doué s'il n'avait pas été fou à lier. Ses deux confrères étaient Wilkes et Avery. Zack Crabbe et Emilio Goyle, deux armoires à glace à l'allure inquiétante étaient morts de rire en observant Julia et Colleen. Pat Conway, l'Attrapeur était un gamin de Troisième Année au regard vicieux et au corps plutôt chétif. Frank n'aurait pas à être trop effrayé par ce petit gabarit. La seule chose qu'il pouvait craindre était son comportement : s'il était comme ses compatriotes, Frank devrait faire attention. Enfin, seule fille au milieu de cette troupe de gamins qui se détestaient tous plus les uns que les autres, la grande potiche qu'était Ruth Bulstrode écrasait son balai tant elle en serrait le manche. Elle lançait un regard froid et désagréable vers Rosier qui l'avait plaquée deux semaines auparavant pour June O'Brien. Elle avait très mal digéré l'affaire.
Frank et Rosier se toisèrent du regard et semblèrent vouloir écraser la main de l'autre en la serrant le plus fort possible. Aucun des deux ne grimaça. James regarda vers Sirius. Il était seul dans la tribune des professeurs. C'était étrange que, alors que le match Gryffondor/Serpentard était attendu par tous, les professeurs le ratent pour une réunion. Peut-être était-ce pour être certains que les Maraudeurs n'assisteraient pas à la réunion ? Non. Le père de James s'en moquait et au pire, ils auraient installé des sorts anti-écoute pour les en empêcher. Mais les autres professeurs ? Drug devait cuver dans sa salle avec Drodle (qui était un joyeux luron quand on parlait alcool). Mc Gonagall était malade… Quelque chose clochait. James n'aimait pas ça. Pas cela du tout, même. Mais lorsqu'il entendit le coup de sifflet de Sirius (qui devait jouer les arbitres en même temps) il n'eut pas le temps de réfléchir d'avantage. Mais cette absence de professeur ne lui plaisait pas du tout. Il vola rapidement vers Frank qui était déjà à la recherche du vif d'or. Frank lui lança un regard noir, mais avant qu'il ne put prononcer un mot, James le devança :
« Il y a quelque chose qui ne me plaît pas. Ouvre l'œil et fais gaffe. Je n'aime pas ça. »
« Tu deviens parano ou quoi ? On n'a pas le temps de penser à ça Potter ! Va aider les Weasley ! »
« Il n'y a aucun professeur ! Même Vuia est n'est pas l ! Ca sent pas bon. »
Comme Frank ne semblait pas persuadé James joua sa dernière carte.
« Jenny est dans les gradins Frank. Elle te regarde. »
Frank finit par hocher la tête. S'il avait bien une faiblesse, c'était sa sœur. James en abusait un peu trop souvent, mais ce n'était pas à de mauvaises fins. Et certainement pas pour lui faire du mal.
« Maintenant Potter va aider les Weasley, tu connais Rosier aussi bien que moi ! Et ce petit crétin de Conway ne me plaît absolument pas. »
James hocha la tête et fonça vers Ruadan.
« Qu'est-ce que tu foutais bordel ? Wilkes a déjà failli me faire tomber de mon balai ! »
« Faites gaffe les gars, l'absence des professeurs ne me plaît pas, et les Serpentard pourraient bien abuser de ça… » répondit-il en attrapant le Souaffle.
Les jumeaux Weasley froncèrent les sourcils mais acquiescèrent en silence. Il fallait pour le moment se concentrer sur le match. Il ne voyait presque rien, et malgré ses gants en peau de dragon, le froid parvenait à le réfrigérer. Il ne devait qu'à son désir d'impressionner Lily de rester sur son Comète. Alors que Ruadan se faisait dégager par un coup d'épaule vicieux de Wilkes, James attrapa le Souaffle et le lança à Rowan dans une savante passe parfaitement étudiée. A peine le Souaffle fut-il attrapé que Avery fonça sur Rowan et le dégagea d'un coup. Alors que le Souaffle tombait, James fondit en piqué et attrapa la balle rouge au moment où il allait s'écraser. Il remonta difficilement, ses oreilles rouges sifflant, et son corps tremblant de froid. Heureusement qu'il avait pris sa baguette. Frank demanda un temps mort. Il en profita pour faire un rapide briefing aux six autres joueurs :
« Bon. Potter ici présent a un mauvais pressentiment. Je ne savais pas que les profs seraient absents, sinon je vous aurais fait vous entraîner d'avantage. Ne rentrons pas dans leur jeu et évitons les fautes, ok ? J'essaye d'attraper le vif le plus vite possible, mais avec toute cette neige, je ne vois rien… Pas trop froid ? Vous avez vos baguettes ? »
Ils hochèrent tous la tête et se réchauffèrent d'un sort.
« Allez, on y retourne. Arbal, bouge-toi un peu plus et mets toute ta force quand tu balances le Cognard. Quant à toi Melody bouge un peu plus tu vas mourir réfrigérée à ce train-là. J'aimerais éviter de te voir faire une crise d'hypothermie. Mc Go' me tuerait autrement. »
« Alice serait inconsolable ! » railla Ruadan.
« Je t'emmerde Weasley, c'est pas le moment ! On y va. »
Ils repartirent dans les airs. Grâce à leurs sorts, ils n'avaient plus froid, mais la neige qui tombait n'aidait pas. Le vent avait déjà déraciné quelques arbres de la Forêt Interdite. Le ciel était gris foncé. C'était étrange qu'il neigeât plutôt qu'il ne plût. Mais James n'avait pas le temps de faire de la météorologie. Il fonça vers les buts, visa du mieux qu'il put avec ses lunettes mouillées et lança la balle de toutes ses forces. Il entendit à peine les cris dans les gradins. Apparemment, il avait marqué. Bon à savoir.
Très vite, les Serpentard furent distancés. Bien qu'ils firent des fautes, aucun bruit de sifflet ne se fit entendre. James comprit que Sirius ne pouvait rien voir. Un brouillard épais était tombé. Un étau enserra son estomac. Il n'aimait pas ça du tout. D'autres buts furent marqués, mais aucune des deux équipes ne réussit à compter les points. En fait, cela ressemblait plus à une guerre. A un moment, même, Rosier sortit sa baguette et visa Julia qui lui balança un Cognard en pleine figure. James éclata de rire et marqua de nouveau. Mais l'étau s'était transformé en un nœud qui lui donnait des nausées. Ce n'était plus le stress. Son instinct lui disait qu'il allait se passer quelque chose. Et son instinct ne se trompait jamais.
Alors qu'il avait le Souaffle en main, Rosier apparut et se jeta presque sur lui. James bascula dans le vide et rattrapa le manche de son balai de justesse. Il avait toujours la balle dans la main, et son balai avançait à une vitesse affolante vers les trois cercles que protégeait Ruth avec férocité. Rosier, qui pensait avoir fait tomber son homologue Gryffondor était parti à la recherche du Souaffle.
« IL EST TOUJOURS ACCROCHE A SON BALAI SINISTRE CRETIN ! » hurla Bulstrode.
« JE T'EMMERDE ROYALEMENT BULSTRODE ! T'AS QU'A LE FAIRE A MA PLACE ! »
« PAUVRE NASE ! »
James se retint d'éclater de rire. Ne jamais mélanger professionnel et personnel. Ces deux imbéciles allaient faire perdre le match à leur équipe. Heureusement qu'il y avait une bonne harmonie entre les Gryffondor. Pendant leur dispute, James avait continué à avancer. Et Bulstrode avait perdu sa concentration. Elle ne vit pas James arriver et lancer le Souaffle qui passa dans le cercle le plus haut. Plus énervé que jamais, Rosier fonça sur James au moment où il se remettait en place sur son balai. Les Gryffondor, qui étaient de ce côté, le virent et l'acclamèrent. Il chercha rapidement Lily du regard, mais Rosier se jeta sur lui. Le Poursuiveur tomba sur un gradin.
« James, ça va ? » entendit-il.
Lily. Il ne prit même pas le temps de répondre. Cette petite ordure allait le lui payer. Il attrapa sa baguette.
« Accio balai ! »
L'objet arriva vers lui. En un saut il se retrouva dessus et se pencha en avant. Jamais son balai n'était allé aussi vite. Peut-être sentait-il l'excitation et l'énervement de son propriétaire. Quoiqu'il en soit il rattrapa Rosier qui allait marquer. Alors que Melody était effrayée par la colère visible sur le regard du Poursuiveur Serpentard, James arriva et intercepta le Souaffle. Au passage, il poussa Rosier qui manqua de tomber. Ça devenait violent, mais James appréciait le dicton 'œil pour œil' dans ce cas-là. Contre ce genre de Serpentard là, il ne fallait pas avoir peur de se jeter dans la mêlée. Il eut juste le temps d'entendre Rosier jurer quelque chose de très mal poli.
Au moment où il lançait la balle, il entendit un sifflement plus bruyant que le vent. Le match était terminé. Qui avait attrapé le vif d'or ? Il descendit en piqué vers le sol pour voir une masse de Gryffondor sur le pauvre Frank Londubat qui tentait de respirer, sa main plus haute que la foule, emprisonnant la petite balle ailée. James eut un sourire heureux : ils avaient gagné. Il s'approcha de la tribune des professeurs pour regarder le score : 310 à 100. Il poussa un cri de joie qui ne fut entendu que par les quelques élèves présents : Remus, Peter, Sirius, Lily et Shen. Alice avait du rejoindre son petit ami depuis longtemps.
« ON A GAGNE !! » hurla James. « On est les meilleurs ! »
Les autres élèves hurlèrent et se jetèrent sur James. Il commençait à avoir un peu plus froid. L'effet du sort disparaissait. Au milieu des rires, le brouillard diminuait et s'amenuisait. On pouvait presque voir le sol, et quelques mètres plus loin que le bout de son nez.
« T'es le meilleur, Cornedrue ! » hurla Sirius en lui ébouriffant d'avantage les cheveux.
« Tu joues super bien ! » ajouta Shen. « Rosier est fou ! Comment as-tu fait pour tenir aussi longtemps accroché à ton balai ? »
James haussa les épaules. Lily s'approcha de lui et lui colla un baiser sur la joue.
« Félicitations James, tu es un excellent joueur, même si je m'y connais autant en Quidditch que Avery en Moldus ! »
Mais James ne répondit pas. S'il n'y avait pas eu le froid et le vent qui lui avait rougi le visage, tout le monde aurait pu voir le trouble du Poursuiveur. James perçut le regard qu'avaient échangé Remus et Sirius qui pouffaient de rire.
« Merci. » dit simplement (pour une fois) James.
« Allez, on va boire à notre victoire ! » fit Remus en lui tapant dans le dos.
Mais James ne bougea pas. Son estomac se retourna. Son cœur se compressa. Sa respiration devint haletée. Son mauvais pressentiment revenait à la charge. C'était mauvais. Quelque chose ne lui plaisait pas. C'était étrange, rien ne s'était pourtant passé… Son instinct l'avait-il trahi ? Non. C'était impossible… Et pourtant… Non. Il fallait qu'il en ait le cœur net.
« Attendez-moi là je reviens. » ordonna-t-il.
Ses amis s'immobilisèrent immédiatement. James attrapa son balai, l'enfourcha et fonça vers le ciel. Lorsqu'il fut assez haut pour apercevoir presque tout le parc, son cœur s'arrêta. Le brouillard avait définitivement disparu, mais la neige continuait de tomber. Pourtant, il voyait parfaitement.
Les élèves continuaient de parler en bas, les Poufsouffle et les Serdaigle (qui n'appréciaient pas particulièrement les élèves de l'équipe de Serpentard) félicitaient les joueurs en bas, ignorant ce qui se passait à quelques mètres d'eux. Et les mètres disparaissaient au fur et à mesure.
Sa respiration se coupa.
Droits, en ligne, parfaitement ordonnés, ceux qui étaient de plus en plus redoutés par le monde magique avançaient vers le stade de Quidditch.
Ce ne fut que lorsque son cœur repartit que l'affolement gagna James Potter. Il se tourna violemment vers ses amis qui l'observaient, intrigués et un peu effrayés par sa réaction, et se mit à hurler, cédant définitivement à la panique :
« PREVENEZ DUMBLEDORE ! LES MANGEMORTS ATTAQUENT ! »
Fin du chapitre 18.
Preview du chapitre 19 :
Un mort. Des morts. Une morte. Des vies gâchées, des découvertes, une victoire au mauvais goût de défaite.
Chapitre 19 : POV mixte : Victoire Mortelle.
Bonnes vacances à tous !
