Titre : Entre Ombre et Lumière
Auteur : Kazy
Disclaimer : Voir chapitres précédents
Protection parentale : PG toujours.
Résumé Général : Les Maraudeurs ont seize ans, Voldemort monte en puissance, il faut faire un choix. Faudra-t-il renier son éducation ou l'accepter pour vivre en paix avec soi-même ? Sans se sentir manipulé ?
Résumé du chapitre précédent (et là y en a sûrement bien besoin) : Attaque de Mangemorts. Lily a subi un sort de Doloris. Jerry se fait tuer par un Professeur. Peter prévient qu'il y a du grabuge. Sirius et Ambre essayent de se détendre alors qu'ils se feront certainement tuer. Electre meurt sous les yeux de sa sœur.
Note de Wam : Merci toujours à Camille et à Ange pour leur boulot. Je sais, je sais, ce chapitre fut long à venir. J'en suis désolée, et je vous préviens c'est parti pour durer. Comme je ne poste mes chapitres que lorsque deux chapitres avant celui-ci sont terminé, il faudra que j'écrive le chapitre 23 avant que vous ne voyiez le bout du chapitre 21. C'est à dire dans un bon bout de temps pour la bonne et simple raison que je ne sais pas ce qui va s'y passer (dans le 23). Voilà. Donc encore désolée. Bonne lecture quand même !
Entre Ombre et Lumière
Chapitre 20 : Morts et Prophéties
Le corps de sa sœur était toujours serré contre le sien. Le froid lui glaçait les mains, et elle commençait à avoir du mal à bouger, mais c'était sans importance. L'important, c'était qu'il fallait garder le corps au chaud. Elle avait quelques notions de nécromancie et elle savait qu'il fallait que le corps reste chaud. Il fallait qu'Electre reste chaude. Mais sa peau était froide, et virait au bleu. Ambre entreprit de la frotter, mais elle ne pouvait pas bouger.
Il lui fallait de l'aide. Il fallait qu'on l'aide à la garder au chaud. Si elle avait sa baguette… Où était sa baguette ? Elle regarda autour d'elle et se figea. Dans les gradins recouverts de neige, des silhouettes se dessinaient. Des silhouettes à l'air inquiétant qui ne bougeaient pas. Des silhouettes comme celle que devait être Electre de loin. Mais s'il n'y en avait que dans les gradins… Une longue masse était allongée sur le ventre à quelques mètres devant elle. Une masse aux cheveux longs bouclés et roux. D'un roux orange éclatant, éblouissant. A sa droite, une élève de Quatrième Année de Poufsouffle. A sa gauche, un élève de Deuxième Année qui avait du tomber dès le début. Derrière elle, Dumbledore. Un Dumbledore à l'air inquiet, affolé, qui courait vers elle, vers tous les autres.
Elle le vit s'arrêter, et embrasser le terrain de Quidditch du regard. Elle vit la tristesse, la déception, la destruction, et même la peur dans son regard bleu. Ses lunettes pendaient à son cou, tombées pendant sa course. Sa robe était trempée en bas, sa cape volait, emportée par le vent. Ambre resserra son étreinte sur le corps de sa sœur. Son regard se perdit dans ses yeux azur vides mais étrangement victorieux. Au loin, une voix affolée, pleine de sanglots hurlait « JENNY ! ». Mais pourtant, elle ne voyait que les yeux de sa sœur. Que ses yeux. Et uniquement ses yeux. Ses yeux froids. Des yeux qui l'avaient effrayée dans son enfance. Des yeux qui l'avait glacée. Des yeux qui la suivaient partout. Des yeux qu'elle n'aimait pas, mais des yeux qu'elle admirait en secret. Des yeux qui la fascinaient. Des yeux qui étaient à l'image de la sœur qu'elle avait perdue. Froids, mais aimants. D'un amour qui n'était que pour elle.
Une main se posa sur son épaule. Ambre ne sursauta même pas. Elle ne regarda même pas à qui était la main. Ça n'avait aucune importance. Strictement aucune. La main lui pressa doucement l'épaule. Mais Ambre ne voulut pas la sentir. Elle ferma les yeux, et quelques larmes coulèrent le long de ses joues, laissant des marques noires inquiétantes. Elle referma ses bras sur les épaules d'Electre et la rapprocha d'avantage d'elle. Malgré le vent, elle perçut un soupir.
« Elle est morte. C'est fini. »
Ambre ne réagit pas à la voix douce et patiente d'Albus Dumbledore. Il ne comprenait pas. Il ne comprenait rien. On ne pouvait pas être aussi calme quand on voyait tout ça. Il mentait. Il ne pouvait pas être aussi calme.
« Il faut la lâcher, Miss Daray. »
Elle secoua doucement la tête, marmonnant un 'non' pratiquement inaudible. Elle le sentit s'agenouiller près d'elle. Elle sentait presque son souffle chaud contre elle. Sa main toucha la sienne.
« Il faut la laisser, maintenant. »
« Non. » répondit Ambre.
Il ne comprenait pas. Il ne pouvait pas comprendre. Elle n'était pas vraiment morte. Elle ne pouvait pas être partie parce qu'elle l'aimait. Et jamais sa sœur ne l'aurait laissée tomber. Alors Dumbledore se trompait. Il n'y avait que ça comme solution. Il ne pouvait que se tromper. Et puis il s'était déjà trompé en protégeant Poudlard. Alors il se trompait forcément pour Electre.
« Vous ne pouvez plus la retenir. C'est trop tard. »
« NON IL N'EST PAS TROP TARD ! » hurla-t-elle.
Le vent sembla lui obéir et repoussa violemment Dumbledore. Il recula de quelques mètres, et flancha un petit peu. Elle sentit le regard des autres, mais elle s'en moquait. Il fallait qu'Electre vive. Elle avait besoin d'elle. Ambre plongea son regard noir dans celui de sa sœur. L'étincelle n'était plus là. Il fallait la ramener. Elle avait trop besoin d'elle pour vivre.
Quelle ingrate ! jura-t-elle dans sa tête. Quelle ingrate ! Des semaines qu'elle la repoussait, qu'elle ne voulait plus la voir. Des mois qu'elle se plaignait d'elle. Des années qu'elle ne la supportait plus. Des jours qu'Electre lui promettait une revanche. Et quelle revanche !
Mais Ambre n'était pas d'accord. C'était trop facile. Tout simplement trop facile. La Mort était une solution nulle, lâche et facile. Electre était une personne trop complexe et trop compliquée pour décider de mourir. Elle ne pouvait pas profiter de sa vengeance. Elle était comme ça. C'était idiot. Et Electre était tout sauf idiote.
Dumbledore se rapprocha d'elle, mais elle ne voulait pas. Qu'il reste loin. Il ne comprendrait pas. Personne ne comprendrait. Personne. Elle resserra encore une fois Electre contre elle, tellement fort qu'elle sentait son propre pouls battre, et qu'elle entendait son propre cœur battre. Mais était-ce vraiment son pouls ? Etait-ce vraiment son cœur ? Peut-être que c'était celui d'Electre…
« Miss Daray, je comprends votre peine… »
« NON VOUS NE COMPRENEZ RIEN ! Vous faites semblant de comprendre, mais vous vous en foutez ! »
« Non, c'est faux. »
« ALORS POURQUOI VENEZ-VOUS ME VOIR MOI ALORS QUE TANT D'AUTRES SONT DANS MON ETAT ? »
Effectivement, à côté, la plupart des élèves avaient décidé de ressortir, recherchant un frère, une sœur, un camarade, un ami… Une simple connaissance. Une catatonie générale. Alors pourquoi ce petit vieux barbu et incapable venait-il l'embêter ? Pourquoi n'allait-il pas aider les autres ?
« Parce que mes collègues ont pris la relève. »
« Pisces est morte. Allez vous occuper d'elle. Je n'ai besoin de personne. » cracha-t-elle. « Je vais très bien. Et Electre ira mieux. »
« Electre est partie quelque part dont on ne revient jamais. »
Ambre éclata d'un rire glacial. Il la prenait pour une gamine de quatre ans ou quoi ? Et puis de toute façon, il mentait. C'était faux. On pouvait revenir. Electre pouvait revenir, c'était parfaitement possible. La nécromancie servait à ça.
« Elle est en paix, Miss Daray. »
« Qu'en savez-vous ? »
« Elle sourit. Elle semble calme. Elle est en paix. »
« Et moi ? »
« Vous, vous apprendrez à vivre sans elle. »
« Je ne peux pas. »
« Oh, pour le moment vous ne pouvez pas. Mais un jour, vous pourrez. Je ne dis pas que ce sera tout de suite. Pour être sincère, ça prendra du temps. Ce sera long, mais vous irez mieux. Vos amis vous aideront. Ils seront là. »
« Je n'ai besoin de personne. Electre ne mourra pas. Je n'aurai pas besoin d'être seule. »
« La nécromancie est un art très difficile. Et bien que vos connaissances en la matière soient plus étendues que pour la plupart des autres élèves de cette Ecole, vous n'avez ni la puissance, ni le savoir pour faire revenir votre sœur à la vie sans y perdre votre âme. »
« Si mon âme est le prix de la vie d'Electre, alors je la vendrai au Diable immédiatement. »
« Avez-vous déjà vu quelqu'un qui n'a plus d'âme, miss Daray ? Quelqu'un qui a été embrassé par un Détraqueur ? »
Ambre fut prise au dépourvu. Non. Elle n'en avait jamais vu. Mais elle ne voulait pas entendre le plaidoyer de Dumbledore. Elle ne voulait pas qu'il la convainque qu'elle faisait quelque chose d'idiot, qu'une âme est à ce point nécessaire. Elle ne voulait pas l'entendre. Pourtant, elle ne put retenir le mouvement de sa tête.
« Une personne qui n'a plus d'âme ne vit plus. Ce n'est plus qu'un corps. Vous ne parlez plus. Vous ne réfléchissez plus. Vous ne connaissez plus personne. Vous n'avez qu'un semblant de vie. Vous êtes un zombie qui n'est jamais mort. Pensez-vous vraiment qu'Electre serait heureuse d'être en vie si elle ne peut pas la partager avec vous ? »
« Et moi, pensez-vous vraiment que serais heureuse d'être en vie si elle n'est plus là, même physiquement ? »
« Non. Vous ne le serez pas. Pas tout de suite. Mais vous le deviendrez à nouveau. Alors qu'Electre ne pourrait jamais être heureuse. Elle devrait s'occuper de vous car vous seriez impotente. Elle devrait régler sa vie en fonction de la vôtre. Elle ne vivrait plus. C'est idiot, vous ne trouvez pas ? »
« Elle réglait déjà sa vie en fonction de la mienne, Professeur. Ça m'horripilait, d'ailleurs. »
« Mais était-elle heureuse ? »
« Oui. Oui, je crois. » avoua-t-elle après un moment de réflexion.
« Elle ne le serait plus, alors, non ? »
Ambre ne répondit pas. Elle ne voulait pas répondre. Dumbledore avait raison. Electre était morte. Elle ne pouvait plus rien faire. A part la venger. C'était la dernière solution : la venger. Retrouver le Mangemort qui avait osé tuer sa sœur jumelle, la part d'elle-même. Ça ne comblerait pas le vide qu'elle ressentait, ça ne la guérirait pas. Mais ça la défoulerait. Et elle pourrait faire définitivement son deuil.
Pourtant, elle ne voulait pas accepter ça. Accepter que sa sœur n'était plus là, c'était dire définitivement non à elle. Accepter de parler d'elle au passé. Tenir Electre dans ses bras, c'était comme si sa sœur était pendue dans le vide, et qu'elle la retenait pour le moment.
« Lâchez-la, miss Daray. » répéta Dumbledore.
La pression de sa main lâchait. Elle ne voyait pas son corps, mais elle savait que c'était sa sœur qu'elle tenait, qui se balançait dans le vide. Pouvait-elle accepter de lâcher Electre ? De la laisser définitivement tomber dans le gouffre de la Mort ?
Elle leva les yeux vers Dumbledore, en quête d'une approbation. Mais son regard restait neutre. Il n'était qu'empli d'une tristesse infinie. Ça ne suffisait pas. Elle regarda à côté. Sirius la dévisageait, des larmes silencieuses coulant le long de ses joues rosies par le froid. Il ne bougeait pas. Il la regardait. Lily aussi la regardait. Elle aussi pleurait. Elle aussi partageait sa douleur, bien qu'elle n'aimât pas Electre. C'était étrange, mais elle le ressentait.
Dans ses pensées, Ambre jeta un dernier regard à sa sœur, puis lâcha sa main. Etrangement, elle ne ressentit aucune résistance. Aucun dernier appel. Peut-être que Dumbledore avait raison ? Peut-être qu'elle était en paix…
Difficilement, la main engourdie par le froid, Ambre desserra son étreinte et enleva un de ses bras. Elle approcha ses doigts presque givrés vers les yeux ouverts d'Electre. Ils se posèrent légèrement sur ses paupières froides et d'un geste doux et délicat les clos. Un flocon tomba comme un voile sur le coin d'un œil d'Electre, et fondit presque instantanément, coulant sur sa tempe, comme une dernière larme.
Et Ambre éclata en sanglots.
Elle serra le corps de sa sœur contre elle, mais plus dans l'espoir de la retenir, de ne pas la laisser partir. Elle ne la serrait contre elle que parce qu'elle en avait besoin. Cette étreinte, c'était comme un dernier au revoir dit à une personne détestée, mais aimée au-delà de la raison. Puis doucement, elle reposa Electre sur la neige et se releva. Sa baguette pendait à sa main, mais Ambre était debout. Elle se mit à avancer lentement dans la neige, cherchant à partir de ce lieu si morbide. Le lieu où était morte sa sœur. Elle passa devant Sirius qui la dévisageait, choqué, son regard fixant Electre. Ce fut quand elle fut en face de lui qu'il la regarda, comme s'il la voyait pour la première fois. Lily s'approcha doucement. Elle prit la main de Ambre et s'approcha d'elle. Mais Ambre se défit de son étreinte et s'éloigna. Elle voulait être seule. Seule avec elle-même, avec ses pensées. Elle avait besoin de réfléchir.
La neige ne tombait plus, mais le vent était toujours aussi fort. Ses cheveux mouillés par la neige volaient derrière elle dans une cascade d'ondulations. Ses créoles pendaient piteusement à ses oreilles glacées, et sur ses joues traînaient des sillons noirs à cause des larmes. Sa robe était déchirée par endroits, et humide de sueur et de neige fondue. Ses mains avaient pris une teinte bleuâtre inquiétante, et elle savait que ses lèvres devaient être dans le même état. Des gerçures lui faisaient mal, et elle sentait le goût métallique du sang sur sa langue.
Elle tremblait, mais elle ne savait pas si c'était ses sanglots, sa colère ou le froid qui la mettait dans cet état. Peut-être les trois. Elle aurait pu marmonner un sort pour se réchauffer mais elle ne voulait pas. Se réchauffer, c'était comme quand Electre était là. Elle voulait imprimer dans sa tête la mort de sa sœur. Résister à l'envie de la ramener à la vie.
Pas une seule fois elle ne se retourna. Pourtant, elle en avait envie. Voir Electre, s'assurer pour la dernière fois qu'elle n'était pas encore en vie, qu'on ne pouvait pas vraiment la sauver. Les cris de ses camarades n'attisaient pas sa curiosité. Les pleurs, les lamentations, les cris de désespoirs, les prénoms hurlés dans un anéantissement indescriptible n'atteignait pas Ambre. Elle marchait. Elle s'approchait de Poudlard, sans vraiment savoir ce qu'elle ferait lorsqu'elle serait à l'intérieur. Que pouvait-elle faire ? Rien. Il n'y avait plus rien à faire.
Lorsqu'elle entra dans le hall, Wilkes l'attrapa par les épaules.
« Ca va Daray ? »
Wilkes avait une attitude paternaliste qui déstabilisa quelque peu Ambre. Elle se ressaisit cependant rapidement et hocha la tête.
« Allez à l'infirmerie, Daray. Pomfresh a déménagé dans la Grande Salle. »
« Je ne suis pas blessée. »
« On ne sait jamais. »
« Je vous ai dit que j'allais bien. »
Elle se défit de son étreinte et se dirigea vers l'escalier, sous le regard étonné de Wilkes. Lorsqu'elle passa devant la Grande Salle, elle remarqua qu'il n'y avait que trois ou quatre Médicomages. Où étaient les autres ? Et les Aurors ? Où étaient-ils ? Que s'était-il pass ?
« Au fait, Daray ! » appela Wilkes.
Ambre se retourna lentement, lassée.
« Joli Avada Kedavra. »
Ambre l'observa d'un regard impénétrable qui le mettait au défi, malgré sa lassitude, d'aller le répéter à Dumbledore. Il ne dirait rien. Il était Mangemort, il ne pouvait rien dire. Les Wilkes aimaient bien trop le pouvoir pour ça. Elle ne répondit pas et reprit son ascension.
Elle marcha dans les couloirs sans but. Elle ne voulait pas rentrer dans la salle commune pour voir des larmes dans les yeux des plus jeunes, et de la fierté dans ceux des plus vils. Elle ne voulait pas être sûre que la plupart de ses camarades savaient pour l'attaque.
Une attaque de Mangemorts. Ambre serra sa baguette si fort qu'elle se fit mal. Lily avait raison. Entièrement raison. Poudlard n'était pas une protection indestructible. Il aurait fallu qu'ils fassent quelque chose. Qu'ils s'entraînent d'avantage, qu'ils se battent, qu'ils… Mais pas qu'ils restent à ne rien faire, pas qu'ils laissent leur vie reposer sur les épaule d'un vieillard proche de la sénilité. Dumbledore venait de perdre sa crédibilité auprès de la population magique. Une attaque de Mangemorts. Voldemort défiait Dumbledore.
« Ambre ! » appela-t-on encore.
La jeune fille s'arrêta en reconnaissant la voix de son amie. Lily la rejoignit rapidement. Elles étaient à quelques centimètres l'une de l'autre, mais Ambre sentait un gouffre interminable entre elles. Elle entendit Lily déglutir. Elle devait le sentir aussi, ce gouffre.
« Est-ce que… Enfin… Euh, non. Je sais que… Je ne sais pas quoi dire. » avoua-t-elle finalement.
« Parce qu'il n'y a rien à dire, Lily. Ah ! Si ! Tu peux dire quelque chose ! »
« Quoi ? »
« Tu as le droit de dire que tu avais raison. »
« Oh, Ambre, je t'en prie, je n'avais pas spécialement raison, je… »
« Si. Tu avais tout prédit ! L'attaque du Seigneur des Té… De Voldemort, Poudlard, les morts, les… Tu avais tout vu. »
« Comme quoi Martinez ne m'aurait rien appris… » tenta de plaisanter Lily. « Non, mais Ambre, n'importe qui aurait pu le dire, et aurait pu se tromper… »
« Mais tu ne t'es pas trompée. Je ne t'ai pas prise au sérieux ! Si… Si on avait fait ça, si on t'avait écoutée, si on avait prévenu les autres, si on les avait entraînés… »
« Ca n'aurait rien changé du tout. Tu as vu combien ils étaient, Ambre ? Plus d'une centaine ! Même des Aurors auraient perdu la vie ! Même des Magiciens, même des Enchanteurs ! N'importe qui ! Moi je trouve qu'on s'en est bien sortis et que… Que ça aurait pu être pire. Nous, seuls, nous étions forcément vulnérables. Même si ça avait été une dizaine de Vampires, il y aurait eu des morts. Nous n'avions aucune chance contre une attaque de Mangemorts. »
Une attaque de Mangemorts. Une attaque dont son père avait pris part. Son père avait tué Electre. Indirectement ou directement. Ambre se raidit. Etait-ce possible qu'Oreste ait tué Electre ? Sa propre fille ? Non. Il n'aurait pas tué sa fille préféré. Mais Electre était invisible. Comment aurait-il pu savoir ?
Ambre essaya de se remémorer la carrure du Mangemort. Et puis ce n'était pas logique… Pourquoi ne l'avait-il pas tué elle ? Pourquoi avait-il tué Electre, et pourquoi lui avait-il laissé la vie sauve ? Pourquoi avait-il été étonné quand il l'avait vue arriver près de lui ? Non. Ce n'était pas l'avoir vue arriver qui l'avait étonné. C'était tuer Electre…
« Qu'est-ce qu'il y a Ambre ? »
« Mon père est un Mangemort. »
C'était la première fois depuis des années qu'elle parlait d'Oreste en tant que son père. Qu'elle utilisait le mot 'père' pour parler de lui. Lily en sembla étonnée.
« Je sais. » fit-elle tristement.
« Il a tué certains de mes camarades. »
« Je sais. » répéta-t-elle après un lourd silence.
« Et il a très certainement tué ma sœur. »
« Pardon ? »
Ambre expliqua sa théorie à une Lily horrifiée.
« Mais… Non, Ambre, il n'aurait pas pu tuer sa propre fille ! C'est impossible ! Personne… Enfin… »
« Le seul truc qui cloche, c'est que le Mangemort semblait plutôt… Je ne sais pas. Elastique, jeune… Oreste n'est plus assez jeune pour ça. Il est puissant, mais pas assez fou pour aller se battre contre des adolescents. Je ne le vois pas en première ligne. Il est courageux, mais pas téméraire, et il n'admire pas assez Voldemort pour risquer de se faire tuer ou de se faire prendre par Dumbledore ou un professeur. »
« Ce n'est peut-être pas lui… »
« Je le trouverai. »
« Tu ne peux pas le faire. Même la magie ne peut le retrouver. Il a dû utiliser un sort qui permet de ne pas le retrouver ! »
« La Magie Noire peut m'aider à le trouver. »
« Quand je te cherchais, je suis passée devant Dumbledore qui parlait à Flitwick d'un sort pour empêcher toute utilisation de la Magie Noire dans Poudlard, comme pour le sort d'anti-transplanage. Il a dit que la plupart des élèves morts n'étaient pas décédés à cause d'un sort de mort, mais suite à une malédiction lancée. La… La plupart des élèves est morte avec un trou au niveau du ventre, et… Et ce n'est pas l'œuvre d'une lame ou d'un sort de magie blanche. »
Ambre lança un regard froid à Lily.
« Alors j'attendrai juillet. Mais je te jure, Lily, je te jure devant tout ce qui me reste que ce rat paiera pour le meurtre de ma sœur. »
« Je n'en doute pas une seule seconde. » répondit Lily d'une voix étranglée.
Un frisson la parcourut, et s'empara soudainement de Ambre. Elles se regardèrent droits dans les yeux pendant plusieurs secondes. Mais elles étaient toutes les deux décidées : Lily ne laisserait pas sa meilleure amie couler, et Ambre vengerait sa sœur. Quitte à en mourir.
Les lamentations de ses camarades lui emplissaient les oreilles. Les yeux plongés dans le vide, reposant son cerveau saturé par l'arrivée et l'accumulation de trop d'informations à la fois. Il avait besoin de dormir. De se reposer. D'attendre, de prendre du recul sur tout ce qui s'était passé en moins d'une heure. Car la 'bataille' n'avait duré qu'une heure. Une toute petite heure. Comme une heure de cours. Comme l'éternité que ça lui avait paru. Comme si ça avait duré des journées entières. Il se sentait totalement vidé de toute énergie, et à dire vrai il n'avait même pas la force de penser à se lever. Il restait là, assis sur sa chaise en plein milieu de la Grande salle, à côté d'une table en bois massif, et ne bougeait pas. Il ne pensait pas. En fait, il se sentait totalement vide. Oui. C'était le mot qui le caractérisait le plus : vide. Plus d'énergie, plus de vie, plus d'envie, plus de plaisir, plus de tristesse non plus. Vide.
« Sirius ! » appela une voix. « Sirius ! »
Frank apparut devant lui, et si Sirius n'avait pas été aussi fatigué et si peu réactif, il aurait sursauté et été étonné de l'apparition subite du jeune Londubat. Il avait le visage fatigué, mais son regard trahissait une angoisse profonde et indescriptible. Sirius trouva il ne sut où la force de froncer les sourcils devant le comportement de son ami. Puis il songea à Dave. Dave, l'un des meilleurs amis de Frank. Il était mort.
« Est-ce que tu as vu… ? »
« Oui. » répondit Sirius tristement.
Frank se tut un instant, un quart de seconde il eut un air presque heureux, puis voyant le regard de Sirius, il écarquilla les yeux et se laissa tomber sur une chaise.
« Non. » dit-il simplement.
« Je suis désolé, Frank, je… Je suis arrivé trop tard, c'était… Je crois que ça n'a pas été trop dur, et que sa mort a été rapide, si ça peut te rassurer… »
« Oh mon Dieu, non. Je… Mon Dieu… » bégaya-t-il.
« Je te passe les détails, mais je suis sûr qu'il n'a pas souffert. »
Frank leva immédiatement les yeux.
« Il ? »
« Oui, il… »
« Mais… Tu ne me parles pas de Jenny ? »
« Non, je… Attends, tu ne sais pas où est Jenny ? »
« Non. Non, je… Je l'ignore, elle était derrière moi, je la ramenais vers le château, et… Et puis il y a eu un sort et une explosion qui nous a séparés… Je la cherche partout, et je ne la trouve pas… Elle n'est pas parmi les corps j'ai fouillé partout, je suis sûr d'avoir vérifié tous les corps et… Et elle n'est pas là, alors elle est forcément quelque part, non ? Tu ne penses pas ? Oui, moi je pense qu'elle est quelque part en train de me chercher… »
Même lui n'était pas convaincu.
« Peut-être est-elle dans son dortoir en train d'angoisser à mort pour son frère ador ? » proposa Sirius avec un enjouement mal feint.
« Sûrement. Je vais aller voir… Merci vieux. Et James, comment va-t-il ? »
Sirius jeta un regard fatigué vers son meilleur ami, mollement étendu sur la table juste à côté de lui. Il avait l'air épuisé et sérieusement amoché. Son nez saignait abondamment, ses cheveux étaient trempés, ses mains étaient écorchées un peu partout, et sa robe de Sorcier n'en portait que le nom. Ses lunettes avaient été cassées dans la bataille. Cela faisait une demi-heure qu'il était évanoui.
« Pomfresh a dit que ça irait et qu'il s'en remettrait. Il lui faudra de la patience parce qu'apparemment il a reçu un gros coup à la tête et donc peut-être qu'il aura oublié certains trucs. Moi je pense que de toute façon ça risque rien. Au pire, James oubliera le pire jour de toute sa vie, au mieux il sera plus frappadingue qu'avant. » expliqua Sirius pince-sans-rire.
« Je ne m'en fais pas pour lui. C'est un battant. »
Il salua Sirius, tourna les talons et se faufila entre les lits. Puis soudain, il se retourna.
« Au fait, de qui me parlais-tu tout à l'heure ? » demanda-t-il.
Sirius ne réagit pas tout de suite. Il fixa un instant Frank sans comprendre, puis une illumination se fit. Frank ne savait pas pour Dave. Sirius eut envie de préserver son ami, mais il ne se sentait pas la force d'inventer un mensonge. Et il n'avait pas envie de mentir à un de ses amis. Il regarda simplement Frank et donna sa réponse sans détour. Il le devait à Frank.
« Je… Je parlais de Dave. »
Frank accusa le coup. Il écarquilla encore les yeux et les ferma au bout de quelques instants.
« Tu… Tu es certain, n'est-ce pas ? »
« Persuadé. Mais comme je te l'ai dit, » commença Sirius. Les mots commençaient à être durs à prononcer, et des larmes l'empêchait de s'exprimer aussi clairement qu'il l'aurait voulu. « il est mort sans avoir trop souffert. »
La vision de Dave Goujon étendu sur la neige rougie par le sang de son ami s'imposa à Sirius qui fit tout ce qu'il put pour la repousser. Pourtant, les yeux verts écarquillés de Dave, sa bouche entrouverte, et ce gros trou profond comme creusé dans son ventre poursuivirent Sirius. Il dut secouer la tête pour chasser cette vision macabre de sa tête. Frank avait perdu son regard dans le blason de Gryffondor qui ornait un mur de la Grande Salle. Sirius ne se leva pas, mais regarda Frank avec toute la compassion qu'il put mettre dans son regard.
« Je suis désolé. »
Frank ne sembla pas l'entendre. Plongé dans sa catatonie, il ne bougea pas pendant plusieurs minutes, laissant des larmes silencieuses couler le long de ses joues encore rougies par le froid et l'effort. Puis il sembla revenir sur terre et tourna immédiatement les talons pour s'enfuir à la recherche de l'une des dernières personnes qu'il aimait à Poudlard : sa sœur.
Mais Sirius restait assis. Un cri hystérique fut poussé, suivit d'un 'non' qui lui donna des sueurs froides. Il sentait les gouttes couler le long de sa colonne vertébrale, et même en fermant les yeux il percevait, sentait, voyait la souffrance de ses camarades. Il releva le regard, et ses yeux tombèrent sur ceux de son meilleur ami.
Malgré ses blessures, Sirius le trouvait plutôt en bon état. C'était étonnant. Lui était dans un état physique lamentable, et la couverture magique qui le réchauffait n'arrivait pas à arrêter ses tremblements de peur et de froid. Un très jeune Médicomage, qui devait à peine sortir de l'école de Médicomagie l'avait hâtivement ausculté et guéri. Mais il avait été beaucoup plus rapide avec James. La fatigue physique l'avait emportée sur les blessures. Le match de Quidditch et le stress qui l'avait précédé avaient déjà dû l'épuiser énormément.
Et puis malgré les combats, Sirius avait gardé un œil protecteur sur James – en sachant pertinemment que son meilleur ami faisait de-même avec lui. Il avait par ailleurs remarqué que si les Mangemorts n'avaient aucun scrupule à lancer sur lui-même des sorts mortels, ils hésitaient à envoyer un simple 'Pétrificus Totalus' à James. Pourquoi ? Ce n'était pas clair. Et vexant. Mais Sirius n'avait pas le temps ni l'envie de se vexer. Il fallait d'abord comprendre pourquoi la vie de James était plus importante que celle des autres élèves. Ce n'était certainement pas parce qu'une carrière de Poursuiveur de Quidditch professionnel s'offrait à lui que les Mangemort rechignaient à assassiner un adolescent.
James commença à remuer, signe qu'il se réveillait. A ce moment-là, une frimousse rousse s'approcha d'eux, l'air dévasté et totalement perdu. Lorsqu'elle fut devant lui, Sirius vit les larmes dans les yeux de Lily, son visage pâle à cause des chocs et les sillons noirs qui lui creusaient les joues finissaient de lui donner un air fantomatique. Elle avait dû craquer. Peut-être que lui aussi craquerait… Mais pour le moment il n'avait pas le temps. Il devait être là pour aider James, Frank et les autres. Il ne fallait pas qu'il se laisse abattre. A voir le regard de Lily, il ne devait pas être dans un meilleur état qu'elle. Mais ce n'était pas grave.
James cligna un moment des yeux, puis les ouvrit soudainement, remarquant le ciel magique de Poudlard, et les chandeliers qui volaient autour de lui. Il avait reconnu l'endroit, malgré la brume qui devait entourer son cerveau. Sirius admira son meilleur ami intérieurement. Il se redressa immédiatement et manqua de tomber de la table. Lily et Sirius se jetèrent sur lui pour l'empêcher de choir sur le carrelage dur et froid de la Grande Salle.
« Où sommes-nous ? » demanda-t-il lorsqu'il fut bien assis.
« Dans la Grande Salle. L'infirmerie était trop petite. » avoua Lily.
« Que s'est-il pass ? »
Lily et Sirius échangèrent un regard embarrassé qui suffit à James. Il se laissa retomber sur la table et sa tête s'affala contre l'oreiller. Puis il regarda Lily et se releva immédiatement.
« Tu vas bien Lily ? »
Sirius se sentit vexé. Si Lily commençait à passer avant lui…
« Je… Tu ne t'es pas trop fait mal en tombant du balai ? Et le Doloris ? Merlin, si je retrouve ces ordures… Et toi Sirius ?! Par Morgane Sirius ! Tu verrais ta tête ! »
« Le Doloris ? » demanda Sirius, bien que content que son meilleur ami l'ait remarqué.
James lui raconta brièvement l'incident, et Sirius se prit à admirer également Lily pour le self-contrôle dont elle arrivait à faire preuve malgré ce qui venait de lui arriver. C'était au moins autant que ce qu'il avait subi lui-même, mais c'était pas mal non plus. Peut-être que plus tard, quand ça aura commencé à cicatriser ils compareraient cette expérience, expliquant avec cynisme comment ils avaient souffert de tel ou tel sort… Mais ils n'en étaient pas encore là.
« Je suis évanoui depuis combien de temps ? »
« Tu étais déjà dans les pommes quand on t'a trouvé. Ça fait donc minimum un quart d'heure. Peut-être plus. » avoua Sirius.
« Je t'ai vu tomber. Et puis après… J'ai… J'ai vu… » commença Lily.
« Que s'est-il pass ? »
Lily se laissa tomber sur une chaise et un silence pesant entoura les trois adolescents. Les cris, les pleurs et les soupirs bourdonnaient aux oreilles de Sirius. Puis Lily craqua totalement. Les premières larmes qu'elle n'arriva pas à retenir finirent de la casser. Elle posa ses coudes sur ses genoux et plaqua ses mains contre ses yeux. James, qui ne voyait pas très clair sans ses lunettes sembla malgré tout pris au dépourvu. Sirius eut envie d'expliquer à sa place tout ce qui s'était passé, mais il sentait que Lily avait besoin de le dire elle-même.
« Je ne sais pas trop comment ça se fait mais… Je, je… Je t'ai vu tomber de ton balai, tu as reçu un sort effrayant, effroyable même. Une lumière pourpre qui m'a tétanisée et qui t'a percuté de plein fouet. Tu as commencé à t'approcher du Mangemort dans les airs pourtant il était loin de nous, et ma première réaction a été de lancer un Accio. Parce que je savais qu'il ne voulait pas te tuer… Ça a eu l'air de l'étonner, alors son sort est tombé à l'eau et toi dans la neige, c'était… C'était… Abominable. Il s'est avancé vers moi, j'ai… J'ai eu la peur de ma vie… Je voyais ses yeux bleus froids, qui me tétanisaient de peur ! J'avais envie de bouger, mais je n'y arrivais pas et puis j'ai entendu un cri. Le Mangemort aussi parce qu'il m'a lâchée du regard un instant et j'en ai profité pour lui lancer un sort qui l'a pétrifié. Et quand… Quand… Quand je me suis retournée, je voyais Ambre qui ne bougeait plus et Electre à quelques mètres à peine. Electre était allongée sur l'herbe enneigée et elle avait les yeux grands ouverts. C'est seulement quand j'ai vu Ambre se jeter sur Electre que j'ai compris. Il l'a tuée, tu comprends ? Electre est… Elle est… Morte. »
Ce n'était pas comme si c'était une grosse perte, pensait Sirius, mais c'était tout de même choquant de voir la sœur d'une personne que vous appréciez se faire tuer sous vos yeux. Il l'avait vécu en même temps que Lily. C'était vraiment horrible. Lily eut un sanglot plus gros que les autres. Elle n'arrivait plus du tout à retenir ses larmes, et Sirius était encore trop choqué pour penser à pleurer.
« Ambre semblait comme folle, ça se voyait dans ses yeux. Et puis Dumbledore est arrivé, et… Mon Dieu, j'ai… J'ai tout entendu, Ambre voulait ressusciter Electre, elle voulait en faire un zombie, elle… Elle… Elle était prête à donner son âme pour que sa sœur se remette à vivre. Et moi… moi je voulais venir l'aider mais je n'arrivais pas à bouger parce que… Je ne sais pas pourquoi mais… Les voir toutes les deux c'était… Je ne sais pas… Je ne sais plus… »
Lily s'affala sur la table sur laquelle James était assis, et pleura tout son soûl. James s'approcha timidement d'elle et la prit doucement dans ses bras dans des mouvements gauches qui auraient fait rire Sirius en temps normal. C'était décidément la pire journée de sa vie. Il n'arrivait pas à accepter que ce qu'il vivait n'était pas un cauchemar à l'air particulièrement réel et qu'il se réveillerait d'un moment à l'autre dans son lit, en sueur.
« James ! Sirius ! » appela une voix.
Les deux adolescents se tournèrent et virent Peter et Remus approcher. Peter avait l'air choqué de voir autant de monde blessé, d'entendre autant de cris et de pleurs. Remus tirait une tête de six pieds de long, avait des cernes plus profonds que le grand canyon et Sirius remarqua avec le plus grand étonnement que quelques rides commençaient à apparaître au coin de ses yeux marrons. Ils échangèrent un regard lourd de sens et Sirius fut persuadé qu'il venait d'essuyer une dispute monumentale de la part de Pomfresh : la pleine lune avait été quelques jours auparavant ; Remus ne devait pas forcer les choses car le Loup pouvait prendre le dessus plus facilement et ces conditions avaient été très propices à ce genre de 'problèmes'. Peter intercepta leur regard, leur sourit et s'approcha de James.
« Tu vas bien ? » demanda-t-il. « Je n'avais pas vu que tu étais ici, avec Remus nous vous cherchions au dortoir. »
« Non, j'ai été relativement blessé alors on m'a emmené ici. Je viens de me réveiller. »
« Il a l'air au courant pour Daray. » chuchota Peter à Sirius en désignant d'un coup de tête Lily et James enlacés.
Sirius ne put empêcher un sourire, puis le visage de Peter se rembrunît.
« Pisces est morte. » déclara-t-il. « Drug est gravement blessé, et Mc Gonagall a été transférée à Ste Mangouste de toute urgence. Se battre dans son état était… De la folie. »
« Tu as pu obtenir quelques informations ? » demanda Sirius.
« Pas mal, oui. J'ai entendu Dumbledore parler avec un homme étrange que je n'avais jamais vu. Les Aurors ont subi une attaque dans leur propre QG, hallucinant, non ? »
James réagit immédiatement, mais Remus le calma d'un regard.
« Tes parents vont bien, James. Très bien, même. »
« Et les Médicomages ? Et les profs ? C'est quand même effarant que les profs n'aient pas été là au match ? » insista Lily qui semblait avoir reprit ses esprits en entendant leur conversation.
« Les Médicomages ont été immédiatement informés de l'attaque au QG des Aurors. Vous allez me dire : pourquoi les Aurors n'ont-ils pas transplan ? » expliqua Peter. « Ces enfoirés avaient placés un puissant sort d'anti-transplanage et avaient bloqué le circuit de cheminette. Il était impossible de sortir du QG, mais par contre on y rentrait comme dans un moulin. »
« Mais comment les Mangemorts ont-ils pu s'enfuir ? » demanda James.
« L'homme bizarre a dit qu'il n'avait jamais vu autant de portoloins de sa vie et que le Seigneur des Ténèbres était sacrément balèze pour en avoir créé autant sans que personne ne s'en aperçoive. »
« Attends, c'est impossible ! Combien sont-ils ? » s'emporta Sirius. « Ils étaient indénombrables ici, et ils devaient être une bonne quarantaine, voire une centaine à être envoyés chez les Aurors ! C'est… C'est énorme… »
« Effectivement, » avoua Remus. « Je ne pensais pas non plus que Voldemort avait réussi à rallier autant de monde à sa cause… Si idiote soit-elle… »
« Mais les professeurs ? » insista Lily après un silence. « Comment ça se fait que Dumbledore ait été aussi loin de nous et qu'il n'y ait eu aucun professeur – pas même Vuia – pour nous surveiller ! Surtout que généralement, le match opposant Gryffondor à Serpentard n'est pas raté non seulement parce que ce sont les deux Maisons 'ennemies' et que certains sont prêts à tout pour gagner ! Ca fait du grand spectacle. »
« J'étais caché dans l'infirmerie quand ils parlaient, et il y avait pas mal de mouvement, je n'ai donc pas tout entendu. Mais ils parlaient d'un traître, et d'un assoupissement anormal, d'un sort de Magie Noire… »
« Oui, j'ai aussi entendu un truc du genre ! » confirma Lily. « D'ailleurs, Dumbledore compte installer une barrière de prévention en prévenance de ce genre de trucs. Ça ne l'a pas rassuré, et il a décidé de jeter un sort anti-Magie Noire. Comme le sort anti-transplanage mais pour la Magie Noire quoi. »
« Attends, ils parlaient d'un traître ? » demanda James.
Peter acquiesça et James murmura un 'ça explique tout' qui horripila particulièrement Sirius. James sembla plongé dans ses pensées et Sirius s'exprima pour tous lorsqu'il se racla allègrement la gorge, réclamant l'attention de James.
« Tu pourrais t'expliquer, s'il te plaît ? »
« Expliquer quoi ? »
« Le 'Ca explique tooouuuuut' que tu as lâché il y a deux minutes. »
James sembla chercher ses mots un instant puis il se lança.
« Je crois que je viens de comprendre deux choses. »
Il y eut un silence pesant qui commença à agacer Remus.
« Bon, t'accouches, oui ? »
« Ah oui, pardon. Excusez-moi. D'abord, il y a un bien un traître, Dumbledore s'en doutait, il en a parlé à mes parents. »
« Tes parents te parlent de ça ? » demanda Remus.
« Non, je l'ai juste entendu sans le vouloir – et vraiment sans le vouloir. »
« Pourquoi tu ne nous l'as pas dit ? » se vexa Sirius.
« Parce que j'ai oublié avec tout ce qui s'est passé depuis la rentrée : les cours de Drug, les interrogations surprises de Mc Gonagall et de Flitwick ainsi que les cours avec… Yeurk ! Rogue, je n'y ai plus pens »
« Mouais. »
« Bon, c'était la première chose. » accéléra Remus. « C'est quoi la deuxième chose que tu as comprise ? »
« L'Oracle. »
« Oui, eh ben ? »
« Tu ne te souviens pas Sirius, de ce qu'elle a dit ? Elle a dit qu'il y aurait des morts, que la guerre frapperait notre monde et que nous ne mourrions pas. Et si tu te souviens bien, elle nous a sorti quelque chose du genre : 'Le traître n'en est pas encore un mais il ne va pas tarder à l'être'. »
« D'accord, ça nous fait donc une prophétie de réalisée : quelqu'un dans l'école est devenu un traître. Mais pour le reste ? » demanda Sirius.
« La veille de Noël, j'ai trouvé ce que c'était. » intervint Lily. « Elle s'appelle la Voix de la Liberté. Je n'ai pas appris grand chose, sauf qu'elle allait voir les esprits purs et qu'elle leur annonçait leur avenir. Et il y avait une espèce de note : les prédictions de la VV (Viviane, supputaient-ils) semblaient simples à comprendre, mais il fallait aller chercher plus loin. »
« Pourquoi tu ne nous l'as pas dit plus… »
« Mais oui ! » coupa Remus. « Qu'il y aurait des morts, ça, je crois qu'il n'y a pas besoin de sort d'Explication. La guerre qui frappe à notre monde pourrait être expliquée par le fait que notre monde ne soit pas le monde magique comme nous le pensions, mais Poudlard. Poudlard est notre monde ! Le terrain de Quidditch se trouve à ses portes. L'attaque s'est passée aux portes de Poudlard. »
« Pourquoi n'y ai-je pas pensé plus tôt ? » demanda Lily. « C'était pourtant presque évident ! »
« James, tu te souviens, l'Oracle – ou la VV comme tu dis, Lily – s'était adressée à nous deux en nous tutoyant, en nous expliquant que Voldemort voulait l'un d'entre nous… Celui qu'il veut c'est toi. Tu es puissant, et tu n'es pas n'importe qui parce que tu fais partie des Quatorze Familles, mais parce que tes parents sont importants dans la société magique. Ils n'ont pas tenté de te tuer parce que mort tu ne leur sers plus à rien. Vivant, tu peux servir de monnaie d'échange. »
« Du chantage ? » demanda Peter. « Mais… C'est… »
« Voldemoresque. » ricana James.
« Merlin ! » s'écria soudainement Sirius. « Jenny ! Frank la cherche partout depuis tout à l'heure ! »
« Et alors ? » demanda Lily. « Elle doit être chez les Poufsouffle, dans son dortoir… Quel rapport ? »
« Les Londubat sont une puissante famille dont le père est un Auror réputé. Un ami de mes parents. » avoua James.
« Oh mon Dieu ! Ils n'oseraient tout de même pas… »
« On parle de Voldemort, Lily. »
« Mais c'est une enfant, elle a douze ans… »
« Et elle est spéciale. Doublement intéressante. Monnaie d'échange et magique. »
Sirius cracha un juron d'une impolitesse choquante qui ne fit pourtant pas réagir ses camarades. Ils étaient entièrement d'accord avec Sirius : Voldemort était une ordure de la pire espèce. Il ne semblait reculer devant rien pour obtenir le pouvoir. Il y eut un silence pensif et triste que personne n'osa rompre pendant un moment. Seuls les bruits de talons martelant le carrelage de la Grande Salle cassaient la paix qui regagnait peu à peu la Grande Salle. Des hurlements hystériques et des sanglots résonnaient encore de temps à autres, mais ils étaient beaucoup plus espacés, portant malgré tout une empreinte imprégnée d'une douleur beaucoup plus lourde qu'auparavant. Sirius se demanda s'il ne préférait pas le bruit persistant des pleurs et des cris qui perturbait la Grande Salle depuis une heure au silence mortel et lugubre qui planait tel un brouillard épais dans la vaste pièce bien éclairée et magnifiquement décorée.
« Il reste un point qui n'est pas clair. » reprit soudainement Remus.
Tout le monde leva les yeux vers lui.
« Lequel ? » demanda Peter.
« La prédiction de Lily. Elle ne s'est pas réalisée, si ? Elle a prédit tout ce qui se passait dans la même journée : la tentative d'enlèvement de James, l'attaque, les morts… Pourquoi Ambre n'est-elle donc pas morte ? »
Lily en sembla choquée.
« Non pas que je désire la mort d'Ambre, Lily, hein ! »
« Je sais. »
« Peut-être que comme la prédiction a été faite à une autre personne, ça passera à un autre jour, non ? Peut-être que Ambre mourra prochainement ? » proposa Peter.
La possibilité qu'Ambre se suicide s'imposa immédiatement à Sirius, et le jeune homme s'aperçut qu'il n'était visiblement pas le seul à imaginer de telles choses. Lily avait le regard vide et choqué, mais elle prit sur elle et réfléchit un moment. Au bout de quelques secondes seulement, Sirius vit qu'elle avait trouvé. Elle fixa un point invisible pendant un instant qui dura une éternité pour Sirius, et déglutit péniblement.
« Non Peter. » finit-elle par dire en osant enfin lever des yeux tristes vers lui. « Ambre est morte. »
Un nouveau silence accueillit sa déclaration. Puis Lily conclut, regardant Peter droit dans les yeux.
« Electre l'a emportée avec elle. »
Fin du chapitre 20.
Réponses aux Reviews :
Lisandra : Bah non ! Faut pas pleurer !
Kamala1 : Ouais, Electre est morte. Moi j'ai pas mal du tout. Mais t'es pas cruelle ma poule t'inquiète pas. T'es normale. T'es même super douce. Vive la SPM (Société Protectrice des Moustiques)
Titite : Merci pour tes compliments. Je suis très touchée. C'est mon chapitre préféré, personnellement. Par contre, si les suites tombaient du ciel, ça se saurait. Et j'adorerais…
Broack Dincht : Et vi, me voilà de retour ! C'est mouaaaah ! lol Effectivement, Ambre va sacrément devenir chiante. Pour la relation Ambre/Sirius, tu auras ta réponse au chapitre suivant. Franchement, tu crois vraiment que Voldemort se déplacerait pour tuer des élèves ? Il n'y avait que ses Mangemorts. Au niveau des significations de prénoms, y a des super sites sur Internet qui te donnent des prénoms et leurs significations. Je n'ai strictement aucun mérite, à part celui de savoir taper 'signification des prénoms' dans le moteur de recherche. Reviens vite sur MSN. Nos mattages de films pourris via Internet me manquent. Reviiieeenssss !
Line Black : Hey ! Remets-toi ! T'inquiète pas, y a pire dans la vie que lire un chapitre où y a plein de morts ! Je suis désolée que la suite ait été longue à venir.
Solly : Merci pour tes compliments. Maieuuuh pourquoi tout le monde veut savoir pour Sirius et Ambreuuuh ? J'en ai marre…
Ambre15 : Quand j'ai écris le chapitre 19, je n'étais pas du tout déprimée, au contraire. J'ai adoré l'écrire ce chapitre. Désolée pour ton moral mais on ne peut pas dire que ce chapitre soit très gai. Autant te le dire maintenant : la suite ne sera pas plus joyeuse. Chuis obligée de passer par un moment très chiant qui s'appelle la blague de Sirius et qui fout la merde et chez les Maraudeurs et dans ma fic. Donc pas love pendant un sacré bon bout de temps.
Tatiana Black : Oué j'avoue je suis sadique. Mais c'est pour ça qu'on m'aime, non ?
Eiream : Camille galère vachement avec les correcs en ce moment vu que vous êtes saturés de devoirs dans votre bahut (remarque, dans le mien aussi). Donc oué peut-être que je te filerai des chapitres si tu es toujours dispo. Merci.
Cornelune : Désolée pour Electre. Mais c'est pas parce qu'elle est morte qu'on n'en entendra plus parler. Gniark gniark gniark.
Dreyd : Quels sont les mystères que tu voudrais voir éclaircis ? Ca m'intéresse. La lumière n'est pas prête de revenir tu sais, alors heureusement que tu aimes bien le noir.
Hedwige93 : Merci pour tes compliments.
Merci à tous mes reviewers. Encore désolée pour la lenteur. Bisous à tous !
Preview chapitre 21 :
De la détresse, un baiser, une nuit, une saturation… Une explosion.
Chapitre 21 : Au clair de Lune. POV Sirius