Tic-tac, tic-tac, tic-tac. Cordelia cru qu'elle allait devenir folle. Elle regarda l'horloge de sa cuisine. Les secondes défilaient, lentement… Trop lentement. Elle était rentrée chez elle quelques heures plus tôt, et déjà, elle s'ennuyait.

"Dennis j'en ai marre, je m'ennuie trop. T'as pas une idée de ce que je pourrai faire, toi qui passe tes journées ici."

A peine avait-elle fini sa phrase que la télévision s'alluma, laissant apparaître le célèbre feuilleton "Alerte à Malibu".

"Ah, petit coquin. Au moins maintenant je sais ce que tu fais de tes journées… Non, mais sérieusement, tu n'as pas une idée ?"

Le son de la télé augmenta.

"Une autre idée…" insista-t-elle.

Un magasine de mode vola jusqu'à elle.

"D'accord, je rate trois jours de travail, et la seule chose que tu me conseille de faire c'est d'aller dépenser le salaire que je ne vais pas recevoir. C'est ça?"

Pas de réponse…

"OK, je te laisse tranquille. Mais sache que je pense de plus en plus à résilier mon abonnement au câble…"

Elle alla chercher son sac dans sa chambre et se prépara à aller faire une bonne séance de shopping.

Une belle matinée égayait les rues de L.A. Les passants affluaient sur l'esplanade, se ruant sur les vitrines, dégustants des plats caloriques à souhait ou simplement discutant. La vue de tous ces couples heureux et souriants était une véritable torture pour Cordy. Elle savait qu'elle ne vivrait jamais une relation normale. Un membre de secte, un observateur, un vampire, Alex… Le pire de tous. Celui qui lui avait fait croire en l'amour, puis qui l'avait abandonné. Mon dieu, qu'est ce qu'elle pouvait haïr les hommes… Le soleil lui chauffait agréablement la peau alors qu'elle avançait parmi les étalages. Cette vie était trop éphémère. Un simple rayon de soleil pouvait rendre les gens heureux. Mais pour Cordelia, c'était plus compliqué. A l'instar d'un grand nombre de personnes, elle connaissait la vérité sur le monde et sur les créatures qui l'habitaient. Adieu l'innocence. Parfois, elle regrettait de s'être investit dans ce combat.

"Et ça y est, ça recommence… Tu es sensée te reposer, pas retourner dans ta tête tous les maux du monde."

Décidant de se reprendre en main, elle s'élança vers une petite boutique et entra. A peine avait-elle passé le pas de la porte qu'elle vit une robe splendide qui ne demandait qu'à être achetée.

"Voilà le remède à tous mes problèmes."

Sans prendre la peine de l'essayer, ni de regarder le prix (ce qui l'aurait sûrement dissuadé), elle la tendit à la caissière qui la gratifia d'un grand sourire.

"Excellent choix Madame."

Cette phrase, pourtant anodine, lui rappela l'époque où elle avait travaillé chez April Fools. Même gestes, même banalités. Elle ne put s'empêcher de plaindre cette pauvre employée.

"Merci beaucoup. J'ai repéré d'autres très bon choix dans la pièce, mais je crains que mon compte en banque ne soit pas du même avis."

Le rire, la meilleur des armes contre la tristesse. Ce crétin d'Alex Harris avait raison, enfin quelquefois. Prenant son paquet, elle s'éloigna, se demandant quand elle aurait l'occasion de porter cette robe. Le reste de la journée se passa sans problèmes. Cordelia continua à flâner dans les rues commerçantes, s'autorisant même à agrandir le déficit de son compte en banque en achetant du linge de maison.

"Je vais devoir faire des heures supp pour pouvoir payer tout ça. Finalement, le shopping n'était peut-être pas une si bonne idée."

Décidant qu'elle devait arrêter les frais, elle reprit le chemin de son appartement. Avec peine elle gravit les dernières marches de la résidence, ouvrit la porte, jeta ses achats sur le canapé, et s'écroula sur son lit.

"Qu'est ce que c'est fatiguant de ne rien faire… Alors Dennis, tu as passé une bonne journée?"

Avant même de recevoir une improbable réponse, elle ferma les yeux et sombra dans un profond sommeil.

Dring-dring. Dring-dring. Maudite sonnette. Pour une fois qu'elle dormait, il fallait que quelque chose vienne la réveiller.

"De toute façon, ils se lasseront bien avant moi" marmonna-t-elle dans son oreiller.

Dring-dring. Exaspéré, elle se leva.

"J'arrive, j'arrive." hurla-t-elle, visiblement de mauvaise humeur.

Elle traversa le salon et ouvrit la porte. Un livreur. Elle s'était levée pour un livreur! Oui mais un livreur avec un bouquet à la main.

"Bonsoir madame. Un bouquet pour vous."

Prenant les magnifiques roses jaunes, elle sourit.

"Un admirateur secret?" pensa-t-elle.

Donnant rapidement un pourboire au jeune garçon, elle referma la porte.

"En espérant que tu te reposes bien. Angel."

"Oh, c'est trop gentil. Qu'est ce qu'il peut être chou!"

Elle se dirigea vers la cuisine et disposa les fleurs dans un vase.

"Bon maintenant au dodo."

Se recouchant, elle commença à réfléchir. Qui avait-elle espéré que ce soit? C'était mal d'avoir de fausses espérances, et elle le savait bien. Ces désillusions la hantaient jours et nuits depuis deux mois. Depuis le Caritas. Elle ferma les yeux et essaya de se replonger dans le monde des rêves. Mais son cerveau fonctionnait à plein régime, et dans ce cas, trouver le repos était une chose impossible. Elle s'assit donc sur son lit et repensa à sa robe.

"Et bien voilà une occasion de la mettre."

Motivée et pleine d'entrain, elle s'élança vers la salle de bain et commença à se préparer pour sortir. Elle coiffa ses courts cheveux châtains, faisant ressortir l'éclat des quelques mèches blondes. Puis elle enfila sa dernière acquisition.

"Splendide" dit-elle, s'admirant dans un miroir.

Elle prit son sac et sortit, un sourire aux lèvres, et bien décidée à ne pas s'ennuyer le reste de la soirée.