Salut tout le monde (et en particulier angel, merci pour ta review!)
Bon, voilà, c'est le premier chapitre. J'espère qu'il va vous plaire.
Bonne lecture et si vous êtes bien gentils (plein de reviews) le chapitre 2 viendra très bientôt!
Chapitre 1: Un rêve étrange
Carole se réveilla en sursaut, tremblante de sueur. Elle s'essuya brièvement le front et ouvrit les yeux. Elle se rappela alors son étrange rêve. Elle était assise sur le bord de sa fenêtre et regardait les étoiles quand soudain une lumière blanche aveuglante s'était détachée du ciel sombre et avait foncé sur elle. Elle avait alors senti comme un coup de vent la submerger. La lumière blanche était toujours là mais elle émanait d'elle comme une aura. Et il y avait aussi quelque chose posé à côté d'elle, une sorte de balai. Elle l'avait pris, l'avait enfourché et s'était envolée. Quel rêve bizarre! Elle s'assit sur son lit et se leva pour aller prendre un verre d'eau dans la salle de bains. Pendant que le verre se remplissait, elle leva son visage vers le miroir et vit une adolescente de 16 ans 1/2 blonde aux yeux bleus pétillants d'intelligence. Quand elle revint dans sa chambre, elle remarqua une forme allongée sous sa couette. Intriguée, elle la souleva d'un coup et poussa un petit cri d'étonnement.
Là, sur son lit, s'étalait le balai de son rêve. Son manche d'un bois sombre et parfaitement verni étincelait et sur ce qu'on pourrait appeler de chaque côté de ses flancs étaient accrochés de longs voiles blancs soigneusement pliés qui scintillaient à la lumière de sa lampe de chevet comme s'ils étaient incrustés de diamant. Carole n'en crut pas ses yeux. La suite de son rêve lui revint tout à coup. Elle s'était envolée et avait rejoint ses trois cousines, Elisabeth, Claire et Flora à l'ancienne ferme de leurs grands-parents qui appartenait maintenant à un de leur fils resté célibataire. Elles étaient aussi sur un balai mais les voiles qui flottaient derrière Elisabeth étaient vert émeraude, ceux de Claire bleu saphir et ceux de Flora rouge rubis. Puis elles avaient tournoyé autour d'un vieil arbre situé dans un champ derrière la maison. Et c'est là qu'elle s'était réveillée.
Carole s'approcha prudemment du balai et l'effleura du doigt. Aussitôt il disparut. Mais Carole le sentait toujours dans sa main. Elle se releva en le tenant et essaya de l'imaginer tel qu'il était quelques secondes auparavant. En rouvrant les yeux elle s'aperçut que le manche qu'elle tenait fermement était réapparu. Parcourue de frissons d'excitation, elle ne savait que penser. Pourquoi avait-elle fait ce rêve et comment était apparu le balai? En le regardant de plus près, elle lut une inscription gravée dans le bois: "Corela Edelweiss" et en plus petit à côté "Derbrant Edelweiss & Hopesi Edelweiss". Qu'est-ce que cela pouvait bien vouloir dire? Elle regarda alors son réveil qui indiquait 4h15. Sans imaginer que ses trois cousines vivaient exactement la même expérience au même moment, elle prit son portable et écrivit un message à chacune, résumant le quart d'heure riche en émotion qu'elle venait de vivre. Quatre minutes plus tard, elle reçut trois réponses. Flora, Claire et Elisabeth avaient fait exactement le même rêve et se trouvaient elles aussi en possession d'un balai mais les leurs ne devenaient pas invisibles. Et elles parlaient aussi d'une bague de la même couleur que les voiles. Carole ne comprenait pas. Puis, lentement, elle souleva son oreiller et découvrit la bague en question. Elle était d'un blanc transparent pareil aux voiles du balai.
Un sentiment d'appréhension mêlé de joie l'étreignit lorsqu'elle la passa à son majeur gauche. Elle sut alors qu'elles devaient absolument se rendre à l'arbre de leur rêve toutes les quatre. Trop excitée pour attendre le lever du jour, elle demanda à ses cousines si elles avaient essayé le balai comme dans leur rêve commun. Elles répondirent "non" mais Carole savait que c'était possible. Elle leur donna rendez-vous à l'arbre de la ferme dans une demi-heure. Elle-même ne se trouvait qu'à 2 km du lieu de rendez-vous, elle avait donc tout le temps de se préparer à sortir. Elle s'habilla chaudement sans faire de bruit pour ne pas réveiller ses parents et son frère Rémi qui dormaient jute à côté. Au comble de l'excitation, elle ouvrit sa fenêtre et ses volets, monta sur le rebord et referma derrière elle. Levant les yeux vers les étoiles, elle sourit. Elle avait toujours cru à la magie, à la sorcellerie et autres croyances "bizarres" comme disaient les gens qui ne la comprenaient pas et dévorait livre sur livre à ce sujet. Mais aujourd'hui c'était elle qui était au centre de l'action, elle qui tenait entre ses mains un balai magique dont les voiles blancs ondulaient à la brise d'été. Totalement confiante en son jugement et comme si c'était la chose la plus naturelle du monde, elle enfourcha son balai. Son coeur battait à 100km/h. Elle caressa le manche lisse et brillant, voulant apprécier le moment présent à fond. Elle fixa une dernière fois la pleine lune qui semblait l'inviter à la rejoindre. Une intense sensation d'attraction s'empara d'elle. N'hésitant plus, elle plia légèrement ses genoux et donna une poussée avec ses pieds.
Dans les nombreux rêves où elle volait, jamais elle n'avait ressenti ce sentiment de liberté totale qu'elle éprouvait à présent. Le visage caressé par la brise, elle filait au-dessus des arbres tel un aigle, le balai obéissant au moindre de ses gestes. Elle pensa alors que c'était le plus beau moment de sa vie. Les humains ne volent pas, bien sûr, mais les sorcières, elles, le peuvent... La tête pleine de pensées toutes plus folles les unes que les autres, tellement curieuse et angoissée à la fois, elle se dirigea sans aucune peine vers Pilmil, la ferme des Juin. Arrivée au-dessus de la maison, elle se pencha en avant pour atterrir et attendit patiemment sur la grosse roche devant l'escalier qui menait au balcon. Environ 5 minutes plus tard, une légère teinte couleur de feu apparut dans le ciel. Carole se leva et regarda sa cousine Flora, plutôt mal à l'aise, essayer de se poser en douceur.
-Penche-toi un peu en avant! Tu verras...
Flora lui obéit et aussitôt elle se retrouva les deux pieds sur la terre ferme, l'air soulagé. Elle était petite, avec des cheveux châtains coupés en un carré court et des yeux bleu nuit.
-AH! Carole! Tu ne peux pas savoir à quel point j'ai peur! C'est quoi tous ces trucs bizarres qui nous arrivent?
-Je ne sais pas vraiment... Mais moi je trouve ça tellement excitant! Voler! Flora, on peut voler! Tu te rends compte?
-Oui... C'est vrai et puis regarde les voiles sur mon balai ils sont beaux, hein? dit-elle en le montrant fièrement.
-Oui, mais le tien il ne devient pas invisible!
-Vas-y, fais voir!
Carole effleura le manche et prononça théâtralement:
-Disparais!
A présent, la main de Carole semblait serrée sur du vide.
-Wouah!!! Trop bien! Pourquoi le mien il ne le fait pas? Disparais! Allez! Gentil balai! Ca marche pas...
-Attention Flo, je crois que Babeth arrive!
En effet, Elisabeth, une petite brune au regard vert pétillant était à quelques mètres au-dessus d'elles et avait apparemment quelques difficultés à descendre.
-Oh la la! Comment on fait? Carole aide-moi!
-Babeth, calme-toi. Il suffit de se pencher un peu en avant... Voilà...
-Mon dieu! Je croyais bien que j'allais jamais réussir à y arriver!
-Qui peut m'expliquer ce qui se passe? lança une voix venue du ciel.
Flora, Carole et Elisabeth levèrent la tête. Elle virent alors Claire, une grande blonde aux yeux marrons.
-Claire! s'écria Carole. Penche-toi doucement.
Après que Claire ait réussi à atteindre le sol, elles se retrouvèrent toutes les quatre les unes en face des autres.
-Bon, quelqu'un va-t-il finir par m'expliquer? D'où viennent ces balais? Oh la la, ils vont trop vite ces machins-là... Vous avez vu? Au moins à 200km/h! s'exclama Claire, les cheveux encore plus en bataille qu'à l'ordinaire.
-Claire, n'exagère pas quand même... murmura Flora, peu sûre d'elle.
-Comment j'aurais fait sinon? J'habite à plus de 60 km d'ici et je suis partie il y a à peine 15 minutes!
-A mon avis, personne ne sait ce qui se passe mais je pense qu'on devrait aller voir à l'arbre, il doit y avoir quelque chose là-bas, coupa Carole. Allez, venez!
Elle prit son balai et décolla instantanément.
-Oh non! soupira Flora, on peut pas y aller à pied?
-Comme tu veux, mais moi je ne me priverai pas du plaisir que j'ai attendu toute ma vie, dit Carole en faisant quelques cercles autour des trois autres.
-Moi je dis qu'elle a raison, s'écria Elisabeth, j'ai toujours rêvé de voler et même si je suis encore dans un rêve je préfère en profiter au maximum.
-Allez Flora, viens...
-Bon, d'accord.
Une fois qu'elles furent toutes les quatres dans les airs, Carole donna le signal et elles se dirigèrent vers le champ où l'arbre, solitaire baignait dans la pâle lueur de la lune. Elles se posèrent en même temps et inspectèrent le tronc dans ses moindres détails.
-Qu'est-ce qu'on cherche exactement? demanda Claire qui essayait vainement de décrocher la manche de son pull au fil de fer barbelé qui limitait le champ désert.
-Je ne sais pas, dit lentement Carole, en se tortillant les cheveux, signe d'intense réflexion.
Elisabeth poussa tout à coup un petit cri et s'agenouilla dans l'herbe mouillée. Carole se précipita vers elle et la retint par les épaules. Elle semblait être inconsciente mais souriait.
-Elisabeth, réponds-moi... Tu m'entends? cria Flora, terrifiée.
Quelques instants plus tard, elle rouvrit les yeux et Claire l'aida à se remettre debout.
-Qu'est-ce qui s'est passé? la questionna Flora, le visage pâle.
-J'ai vu... un coffre sous la terre, ici, répondit-elle en indiquant du doigt le pied de l'arbre. Et c'est ça que nous cherchons. Je... je vais le déterrer.
-Mais enfin, on n'a pas de pelle! remarqua Flora de plus en plus angoissée. Comment tu veux qu'on fasse?
Mais Elisabeth ne l'écoutait plus. Elle était déjà au pied du vieux chêne. Sous le regard ébahi de ses trois cousines, elle leva la main droite au-dessus du sol. Sa bague verte s'alluma soudain et la terre se souleva lentement suivant les mouvements de sa main d'où émanait une lumière émeraude. Elle continua ainsi jusqu'à ce qu'apparaisse au fond du trou profond de quelques mètres une grande malle. Bouche bée, elles se rapprochèrent du trou et regardèrent fixement le coffre aux mailles t'as fait ça? demanda Claire, la main sur l'épaule d'Elisabeth.
-Je sais pas... C'est venu tout seul. J'ai dit à la terre de s'enlever et elle m'a... obéit.
-C'est incroyable... Mais maintenant comment on fait pour le sortir de là?
-Tu n'as qu'à essayer de demander à la terre de te l'apporter... répondit Carole, encore sous le choc, ça a marché une fois, peut-être que ça marchera encore.
Elisabeth approuva de la tête, se concentra et pointa sa main vers le trou en prononçant distinctement:
-Que ce coffre soit déposé à mes pieds par la force de la Terre!
-Elle est pas obligée de faire comme si on était dans Star Wars! murmura Flora en réprimant un fou rire.
Mais elle cessa bientôt car le coffre venait d'apparaître, soutenu par des racines venues de nulle part et fut bientôt déposé aux pieds d'Elisabeth qui retira sa main et stoppa en même temps la lumière verte de la bague. Les racines noueuses se détachèrent aussitôt et retournèrent au fond du trou, suivi par les morceaux de terre qui se déplaçaient tous seuls. La dernière plaque d'herbe se remit à sa place. Personne n'aurait pu voir que quelqu'un ou quelque chose avait bougé quoi que ce soit sur ce terrain. Il était exactement comme avant. De plus en plus surprises, Flora, Claire et Carole n'avaient pas dit un seul mot et ouvraient de grands yeux impressionnés. Claire fut la première à briser le silence:
-Attendez, on est en train de rêver, là... hein? Babeth? C'est vrai! J'ai raison, non?
-Non, Claire, je crois que c'est bien la réalité...
-Mais c'est pas possible! D'abord on rêve toutes les quatre en même temps, après on retrouve un balai volant dans notre lit et maintenant on est à Pilmil et on a déterré un vieux coffre avec une bague! Vous trouvez pas ça un peu "bizarre"?
-Pourquoi ce serait pas possible? T'es si matérialiste! T'as aucune imagination ou quoi! Pourquoi les choses inexplicables ne seraient pas réelles? lança Carole avec colère. Ecoute, ce matin je vis les plus beaux moments de ma vie et je sais très bien qu'ils sont réels. Pince-toi et tu verras bien que j'ai raison. De toute façon on ne peut pas reculer maintenant, le destin nous a désignées, nous, et on doit regarder ce qu'il y a dans ce coffre. Peut-être de l'or ou des pierres précieuses? Ou des objets qui appartenaient à nos ancêtres? Qui sait? Et ce qu'elle vient de faire Babeth! Tu crois que c'est invraisemblable? Je suis sûre qu'elle peut nous le refaire! Et nous aussi on a une bague, on a sûrement aussi un don pour quelque chose. Je t'en prie Claire, ne gâche pas ce moment et crois en la magie, ces instants que tu viens de vivre, cette magie que tu viens de voir de tes propres yeux... On est une famille, fais-moi confiance...
Carole s'arrêta, le regard embué de larmes. Claire renifla et releva la tête, les yeux rouges.
-Excuse-moi Caro, je suis désolée. T'as raison, c'est merveilleux ce que l'on est en train de vivre et je ne voudrais pas que ce soit avec quelqu'un d'autre. Allez, on l'ouvre cette malle ou pas?
Après s'être embrassées toutes les quatre, touchées et remontées par ce petit discours d'encouragement, elles s'agenouillèrent devant le coffre. Les boucles de cuir étaient intactes. Flora en prit une et commença à la défaire pendant qu'Elisabeth prenait l'autre. Puis, dans un mouvement coordonné, elles tirèrent vers le haut et le contenu du coffre se dévoila. Une forme argentée presque transparente s'éleva de l'intérieur et leur fit face. Flora poussa un cri de terreur et tomba en arrière. Claire et Elisabeth se tenaient la main devant la bouche en écarquillant les yeux. Carole, elle, souriait, ébahie devant le fantôme de femme qui venait d'apparaître et de prendre la parole avec un accent anglais légèrement prononcé.
-Oh mon dieu! Mon dieu! Mes enfants! Quel bonheur de vous voir! Oh mais enfin, il ne faut pas avoir peur ma chérie, indiqua-t-il à l'intention de Flora, je ne suis pas méchante. Bien au contraire. Je m'appelle Soria Edelweiss et je suis une de vos ancêtres. Oh, vous ne pouvez pas savoir le plaisir que j'ai de vous rencontrer enfin...
-Euh... oui, pour nous aussi c'est un plaisir... madame... dit Elisabeth d'une voix enrouée.
-Ah, toi ma chérie, aucun doute tu es Teebalish!
Elisabeth se tourna vers les autres et haussa les épaules en signe d'incompréhension.
-Non, madame, moi je m'appelle Elisabeth Juin.
-Ah oui, tu crois ça? Et bien laisse-moi te convaincre. Si tu prends le prénom "Elisabeth" et que tu mélanges un peu les lettres, tu obtiens sans peine "Teebalish", non?
-Oui, on peut le faire, c'est vrai mais...
-Quant à notre nom de famille... Edelweiss... Si nous étions restées dans notre monde, vous auriez été élevées comme des pincesses dans le manoir familial. Je sais bien que c'est nous qui avons tenu à ce que notre cher nom soit changé afin d'oublier toute cette histoire mais je savais que vous arriveriez un jour ou l'autre! C'est pourquoi je suis restée dans cette malle depuis ma mort il y a maintenant une bonne centaine d'années.
-Qu...Quoi? demanda Flora d'une petite voix. Vous êtes restée là-dedans pendant 100 ans? Quelle horreur! Et puis c'est quoi cette histoire? Pourquoi vous avez... ou nous avons changé de nom?
-Ah... En vérité, la famille Edelweiss fut une grande famille autrefois, à vrai dire, une des plus prestigieuses familles de sorciers qui...
-Une famille de sorciers? s'écria Carole toute excitée par ce qu'elle venait d'entendre. Vous voulez dire que...
-Oui, Corela, vous êtes des sorcières, et pas des moindres... Vous êtes nées avec un don unique. Celui de maîtriser un des 4 Eléments chacune. Teebalish, maîtresse de la Terre. Toi Flora, dit-elle, tu contrôles le Feu, Cerali, oui toi Claire, c'est l'Eau et enfin toi Corela, la meneuse, l'Air et le Vent sont tes serviteurs. Ne prenez pas cet air ahuri mes enfants, c'est la vérité. Et oui, notre famille a été choisie pour aider le Survivant à triompher du Mal. Oh bien sûr, ce ne sera pas facile. Ce sera dangereux et très éprouvant. Mais vous seules détenez le Pouvoir de la Vie. Evidemment, cela paraît assez fantastique et invraisemblable mais c'est la pure réalité. Votre mission est d'aller retrouver le Survivant, celui qui a réussi à échapper à Vous-Savez-Qui. Ah oui c'est vrai, vous ne devez pas savoir qui c'est. Je me suis tenue au courant des affaires du Monde des Sorciers pendant mon séjour ici et celui que vous devrez combattre s'appelle Voldemort. Il est le Mal et ne recherche que le Pouvoir. Tuer est un jeu pour lui et il a atteint le sommet de sa puissance depuis peu. Son objectif est presque rempli. Il ne lui reste cependant qu'une seule chose à faire, tuer celui qui l'a déjà vaincu une fois alors qu'il n'était qu'un bébé. La vie de ce jeune garçon est en danger, et il va mourir. C'est pourquoi vous êtes là, car le pouvoir de redonner la Vie est entre vos mains. Et si jamais vous échouez, Voldemort aura réussi et la Décadence infernale s'abattra alors sur tous les êtres vivants pour toujours.
Claire, Flora, Elisabeth et Carole n'en croyaient par leur oreilles. Le discours de cette femme fantôme inconnue venait à jamais de bouleverser leurs vies paisibles. Elles venaient d'apprendre que le sort du Monde dépendait d'elles. Elles, quatre cousines parfaitement ordinaires. Au début, la nouvelle fut dure à avaler mais Soria paraissait tellement sérieuse et des faits troublants tendaient à vérifier son discours.
Un silence lourd s'installa. Tout le monde réfléchissait. Mais Carole le rompit bientôt:
-Excusez-moi Soria, mais savez-vous au moins comment s'appelle celui que nous devons protéger? Où habite-t-il? C'est un sorcier?
-Ah, voilà bien ma petite Corela qui parle, déjà prête pour l'action, n'est-ce pas? Retiens bien le nom que je vais te donner. Ce garçon s'appelle Harry Potter, il est élève au collège Poudlard qui est de loin la meilleure école de sorcellerie au monde! Dirigée par un de mes anciens camarades de classe, Albus Dumbledore, elle est cachée quelque part en Grande-Bretagne.
-En Grande-Bretagne?
-C'est là où nous habitions avant ma chérie, s'exclama Soria d'un ton nostalgique. Mais passons. Vous devez vous rendre à Londres. Dans le centre-ville, vous trouverez "Le Chaudron Baveur". C'est une sorte d'hôtel-bar-restaurant pour sorciers. Prenez le Chemin de Traverse, allez à la banque Gringotts et retirez de l'argent. Puis le 1er septembre, vers 10h30, rendez-vous à King's Cross où vous prendrez le train par la voie 9 3/4 et hop! vous voilà rendues à Poudlard. Vous y retrouverez Albus et Harry. Après, à vous de vous débrouiller!
-Mais... Soria, on doit aller au lycée nous! On ne peut pas laisser tomber les études comme ça! Et nos parents? s'inquiéta Flora qui s'imaginait déjà sa mère hurlant quand elle verrait un mot posé sur son lit qui disait qu'elles seraient parties toutes les quatres à Londres sauver le monde.
-Ne vous inquiétez pas les filles, les rassura Soria, vous allez être dédoublées, c'est tout.
Devant leur attitude perplexe, Soria leur expliqua en quoi consistait un dédoublement.
-C'est très simple. Dès que vous vous envolerez pour Londres, une doublure de chacune d'entre vous vous remplacera et fera votre année au lycée à votre place. Votre personnalité est gardée bien entendu, s'empressa de rajouter le fantôme.
-Wouah, trop cool! crièrent-elles en choeur.
-Eh oui, il y a des avantages à être sorcière...
-Soria, il y a une autre petite chose que j'aimerais vous demander.
-Mais vas-y, Corela chérie.
-Eh bien, sur mon balai, mon nom est gravé, Corela Edelweiss, mais qui sont les autres petits noms à côté et pourquoi y a-t-il mon vrai nom marqué dessus alors que je ne le connaissais même pas?
-Les deux autres petits noms sont ceux de tes parents. Ces trois noms et tous ceux qui sont inscrits sur ces balais sont connus depuis bien avant ma naissance. C'est la légende qui le dit.
-Qui a raconté cette légende? demanda Elisabeth, un peu inquiète de savoir que quelqu'un la connaissait déjà il y a 200 ans.
-Ah, je ne le sais pas moi-même, je suis désolée. Et pourtant j'ai cherché durant toutes ces longues années à attendre votre visite. Ah, j'oubliais presque... Venez voir les belles robes et les beaux chapeaux que je vous ai confectionné pendant mon séjour!
Les quatres cousines, ou plutôt les quatres sorcières plongèrent les mains dans la malle et en sortirent des sacs en tissu chacun d'une couleur différente. Bleu, vert, rouge et blanc. Claire s'empara du bleu et les trois autres suivirent son exemple. Soria les regardait, fière de ses arrières-arrières petites filles, et une petite goutte blanchâtre coula le long de sa joue presque transparente. Les sacs contenaient un chapeau pointu noir à larges bords orné d'une lanière de la couleur correspondante à chacune d'entre elles et une longue robe de sorcier en velours noir aux manches évasées ainsi qu'une cape assortie d'une capuche, toujours noire mais avec des liserés de la même couleur que la lanière du chapeau.
-Oh, Soria, vous n'auriez pas dû, dit Claire en repliant sa cape liserée de bleu.
-Mais si, mais si, insista Soria, et puis de toute façon, vous n'alliez pas vous promener à Poudlard avec des vêtements de Moldus.
-Moldus?
-Les humains qui n'ont pas de pouvoirs magiques. Notre famille vit depuis un certain temps maintenant dans le monde des Moldus mais n'oubliez jamais vos racines. Elles sont en Irlande, même si à leurs orgines premières, les Edelweiss habitaient bien plus au nord, en Scandinavie.
L'aube pointait déjà à l'horizon quand elles avaient commencé à discuter mais soudain le premier rayon de soleil illumina le champ resté sombre.
-Allez, Allez, les filles, il est temps que vous retourniez vous coucher, le jour se lève. Cachez bien vos balais, il n'est pas question que vos parents tombent dessus, ils ne comprendraient pas, même si au moins l'un d'entre eux est un sorcier ou une sorcière. Vous n'avez qu'à remettre vos vêtements dans la malle et allez la cacher quelque part de sûr. Moi, je reste dedans juqu'à ce que vous reveniez chercher vos affaires pour "le grand voyage"! Et un conseil, pendant l'été, entraînez-vous à exercer votre pouvoir. Il vous faut bien le maîtriser, comme ça vous ferez forte impression à Poudlard! Et Albus reconnaîtra ma descendance. Et...euh, surtout ça vous aidera pour le Grand Jour, se rattrapa le fantôme bienveillant. Allez, mes chéries, je ne vous dis pas au revoir, j'espère que vous viendrez me rendre visite cet été.
Claire, Flora, Elisabeth et Carole approuvèrent de la tête et Soria disparut au fond de la malle après un signe de la main. Le jour s'était levé à présent et le soleil commençait à monter dans le ciel sans nuage. Les filles déposèrent leurs sacs et refermèrent le coffre.
-Bon, qu'est-ce qu'on en fait, maintenant? demanda Flora, une main en visière pour se cacher du soleil qui lui faisait face.
-Je pense que je peux m'en occuper, répondit Elisabeth en montrant sa bague.
Elle se retourna vers l'arbre et demanda à voix haute à la Terre de reprendre ce coffre juqu'à leur retour. Et la Terre docile forma un trou et des racines semblables aux premières vinrent chercher la malle, la posèrent au fond et les mottes se remirent en place l'instant d'après.
-Ni vu ni connu, constata Elisabeth quand sa bague se fut éteinte.
-Je me demande si je peux faire naître un feu, là maintenant, murmura Flora, songeuse.
-Sûrement, répondit précipitamment Carole mais on n'a pas le temps, il faut retourner chez nous avant que tous les gens se lèvent et nous voient voler sur des balais. Bon, je vais réecrire tout ce que nous a dit Soria ce matin et je vous appelle pour qu'on organise un camp ici, comme ça on pourra tester nos pouvoirs hors de la vue de tout le monde. On ira aux Petits Feux, loin de la civilisation, ironisa-t-elle, provoquant l'hilarité de ses cousines. Elles savaient toutes que le petit village perdu auquel appartenait la ferme et où habitait elle-même Carole était déjà considéré comme loin de la civilisation.
Puis, tournant le dos à la lumière, elles prirent leur envol d'un même élan et disparurent dans l'aurore dorée.
Bon, voilà, c'est le premier chapitre. J'espère qu'il va vous plaire.
Bonne lecture et si vous êtes bien gentils (plein de reviews) le chapitre 2 viendra très bientôt!
Chapitre 1: Un rêve étrange
Carole se réveilla en sursaut, tremblante de sueur. Elle s'essuya brièvement le front et ouvrit les yeux. Elle se rappela alors son étrange rêve. Elle était assise sur le bord de sa fenêtre et regardait les étoiles quand soudain une lumière blanche aveuglante s'était détachée du ciel sombre et avait foncé sur elle. Elle avait alors senti comme un coup de vent la submerger. La lumière blanche était toujours là mais elle émanait d'elle comme une aura. Et il y avait aussi quelque chose posé à côté d'elle, une sorte de balai. Elle l'avait pris, l'avait enfourché et s'était envolée. Quel rêve bizarre! Elle s'assit sur son lit et se leva pour aller prendre un verre d'eau dans la salle de bains. Pendant que le verre se remplissait, elle leva son visage vers le miroir et vit une adolescente de 16 ans 1/2 blonde aux yeux bleus pétillants d'intelligence. Quand elle revint dans sa chambre, elle remarqua une forme allongée sous sa couette. Intriguée, elle la souleva d'un coup et poussa un petit cri d'étonnement.
Là, sur son lit, s'étalait le balai de son rêve. Son manche d'un bois sombre et parfaitement verni étincelait et sur ce qu'on pourrait appeler de chaque côté de ses flancs étaient accrochés de longs voiles blancs soigneusement pliés qui scintillaient à la lumière de sa lampe de chevet comme s'ils étaient incrustés de diamant. Carole n'en crut pas ses yeux. La suite de son rêve lui revint tout à coup. Elle s'était envolée et avait rejoint ses trois cousines, Elisabeth, Claire et Flora à l'ancienne ferme de leurs grands-parents qui appartenait maintenant à un de leur fils resté célibataire. Elles étaient aussi sur un balai mais les voiles qui flottaient derrière Elisabeth étaient vert émeraude, ceux de Claire bleu saphir et ceux de Flora rouge rubis. Puis elles avaient tournoyé autour d'un vieil arbre situé dans un champ derrière la maison. Et c'est là qu'elle s'était réveillée.
Carole s'approcha prudemment du balai et l'effleura du doigt. Aussitôt il disparut. Mais Carole le sentait toujours dans sa main. Elle se releva en le tenant et essaya de l'imaginer tel qu'il était quelques secondes auparavant. En rouvrant les yeux elle s'aperçut que le manche qu'elle tenait fermement était réapparu. Parcourue de frissons d'excitation, elle ne savait que penser. Pourquoi avait-elle fait ce rêve et comment était apparu le balai? En le regardant de plus près, elle lut une inscription gravée dans le bois: "Corela Edelweiss" et en plus petit à côté "Derbrant Edelweiss & Hopesi Edelweiss". Qu'est-ce que cela pouvait bien vouloir dire? Elle regarda alors son réveil qui indiquait 4h15. Sans imaginer que ses trois cousines vivaient exactement la même expérience au même moment, elle prit son portable et écrivit un message à chacune, résumant le quart d'heure riche en émotion qu'elle venait de vivre. Quatre minutes plus tard, elle reçut trois réponses. Flora, Claire et Elisabeth avaient fait exactement le même rêve et se trouvaient elles aussi en possession d'un balai mais les leurs ne devenaient pas invisibles. Et elles parlaient aussi d'une bague de la même couleur que les voiles. Carole ne comprenait pas. Puis, lentement, elle souleva son oreiller et découvrit la bague en question. Elle était d'un blanc transparent pareil aux voiles du balai.
Un sentiment d'appréhension mêlé de joie l'étreignit lorsqu'elle la passa à son majeur gauche. Elle sut alors qu'elles devaient absolument se rendre à l'arbre de leur rêve toutes les quatre. Trop excitée pour attendre le lever du jour, elle demanda à ses cousines si elles avaient essayé le balai comme dans leur rêve commun. Elles répondirent "non" mais Carole savait que c'était possible. Elle leur donna rendez-vous à l'arbre de la ferme dans une demi-heure. Elle-même ne se trouvait qu'à 2 km du lieu de rendez-vous, elle avait donc tout le temps de se préparer à sortir. Elle s'habilla chaudement sans faire de bruit pour ne pas réveiller ses parents et son frère Rémi qui dormaient jute à côté. Au comble de l'excitation, elle ouvrit sa fenêtre et ses volets, monta sur le rebord et referma derrière elle. Levant les yeux vers les étoiles, elle sourit. Elle avait toujours cru à la magie, à la sorcellerie et autres croyances "bizarres" comme disaient les gens qui ne la comprenaient pas et dévorait livre sur livre à ce sujet. Mais aujourd'hui c'était elle qui était au centre de l'action, elle qui tenait entre ses mains un balai magique dont les voiles blancs ondulaient à la brise d'été. Totalement confiante en son jugement et comme si c'était la chose la plus naturelle du monde, elle enfourcha son balai. Son coeur battait à 100km/h. Elle caressa le manche lisse et brillant, voulant apprécier le moment présent à fond. Elle fixa une dernière fois la pleine lune qui semblait l'inviter à la rejoindre. Une intense sensation d'attraction s'empara d'elle. N'hésitant plus, elle plia légèrement ses genoux et donna une poussée avec ses pieds.
Dans les nombreux rêves où elle volait, jamais elle n'avait ressenti ce sentiment de liberté totale qu'elle éprouvait à présent. Le visage caressé par la brise, elle filait au-dessus des arbres tel un aigle, le balai obéissant au moindre de ses gestes. Elle pensa alors que c'était le plus beau moment de sa vie. Les humains ne volent pas, bien sûr, mais les sorcières, elles, le peuvent... La tête pleine de pensées toutes plus folles les unes que les autres, tellement curieuse et angoissée à la fois, elle se dirigea sans aucune peine vers Pilmil, la ferme des Juin. Arrivée au-dessus de la maison, elle se pencha en avant pour atterrir et attendit patiemment sur la grosse roche devant l'escalier qui menait au balcon. Environ 5 minutes plus tard, une légère teinte couleur de feu apparut dans le ciel. Carole se leva et regarda sa cousine Flora, plutôt mal à l'aise, essayer de se poser en douceur.
-Penche-toi un peu en avant! Tu verras...
Flora lui obéit et aussitôt elle se retrouva les deux pieds sur la terre ferme, l'air soulagé. Elle était petite, avec des cheveux châtains coupés en un carré court et des yeux bleu nuit.
-AH! Carole! Tu ne peux pas savoir à quel point j'ai peur! C'est quoi tous ces trucs bizarres qui nous arrivent?
-Je ne sais pas vraiment... Mais moi je trouve ça tellement excitant! Voler! Flora, on peut voler! Tu te rends compte?
-Oui... C'est vrai et puis regarde les voiles sur mon balai ils sont beaux, hein? dit-elle en le montrant fièrement.
-Oui, mais le tien il ne devient pas invisible!
-Vas-y, fais voir!
Carole effleura le manche et prononça théâtralement:
-Disparais!
A présent, la main de Carole semblait serrée sur du vide.
-Wouah!!! Trop bien! Pourquoi le mien il ne le fait pas? Disparais! Allez! Gentil balai! Ca marche pas...
-Attention Flo, je crois que Babeth arrive!
En effet, Elisabeth, une petite brune au regard vert pétillant était à quelques mètres au-dessus d'elles et avait apparemment quelques difficultés à descendre.
-Oh la la! Comment on fait? Carole aide-moi!
-Babeth, calme-toi. Il suffit de se pencher un peu en avant... Voilà...
-Mon dieu! Je croyais bien que j'allais jamais réussir à y arriver!
-Qui peut m'expliquer ce qui se passe? lança une voix venue du ciel.
Flora, Carole et Elisabeth levèrent la tête. Elle virent alors Claire, une grande blonde aux yeux marrons.
-Claire! s'écria Carole. Penche-toi doucement.
Après que Claire ait réussi à atteindre le sol, elles se retrouvèrent toutes les quatre les unes en face des autres.
-Bon, quelqu'un va-t-il finir par m'expliquer? D'où viennent ces balais? Oh la la, ils vont trop vite ces machins-là... Vous avez vu? Au moins à 200km/h! s'exclama Claire, les cheveux encore plus en bataille qu'à l'ordinaire.
-Claire, n'exagère pas quand même... murmura Flora, peu sûre d'elle.
-Comment j'aurais fait sinon? J'habite à plus de 60 km d'ici et je suis partie il y a à peine 15 minutes!
-A mon avis, personne ne sait ce qui se passe mais je pense qu'on devrait aller voir à l'arbre, il doit y avoir quelque chose là-bas, coupa Carole. Allez, venez!
Elle prit son balai et décolla instantanément.
-Oh non! soupira Flora, on peut pas y aller à pied?
-Comme tu veux, mais moi je ne me priverai pas du plaisir que j'ai attendu toute ma vie, dit Carole en faisant quelques cercles autour des trois autres.
-Moi je dis qu'elle a raison, s'écria Elisabeth, j'ai toujours rêvé de voler et même si je suis encore dans un rêve je préfère en profiter au maximum.
-Allez Flora, viens...
-Bon, d'accord.
Une fois qu'elles furent toutes les quatres dans les airs, Carole donna le signal et elles se dirigèrent vers le champ où l'arbre, solitaire baignait dans la pâle lueur de la lune. Elles se posèrent en même temps et inspectèrent le tronc dans ses moindres détails.
-Qu'est-ce qu'on cherche exactement? demanda Claire qui essayait vainement de décrocher la manche de son pull au fil de fer barbelé qui limitait le champ désert.
-Je ne sais pas, dit lentement Carole, en se tortillant les cheveux, signe d'intense réflexion.
Elisabeth poussa tout à coup un petit cri et s'agenouilla dans l'herbe mouillée. Carole se précipita vers elle et la retint par les épaules. Elle semblait être inconsciente mais souriait.
-Elisabeth, réponds-moi... Tu m'entends? cria Flora, terrifiée.
Quelques instants plus tard, elle rouvrit les yeux et Claire l'aida à se remettre debout.
-Qu'est-ce qui s'est passé? la questionna Flora, le visage pâle.
-J'ai vu... un coffre sous la terre, ici, répondit-elle en indiquant du doigt le pied de l'arbre. Et c'est ça que nous cherchons. Je... je vais le déterrer.
-Mais enfin, on n'a pas de pelle! remarqua Flora de plus en plus angoissée. Comment tu veux qu'on fasse?
Mais Elisabeth ne l'écoutait plus. Elle était déjà au pied du vieux chêne. Sous le regard ébahi de ses trois cousines, elle leva la main droite au-dessus du sol. Sa bague verte s'alluma soudain et la terre se souleva lentement suivant les mouvements de sa main d'où émanait une lumière émeraude. Elle continua ainsi jusqu'à ce qu'apparaisse au fond du trou profond de quelques mètres une grande malle. Bouche bée, elles se rapprochèrent du trou et regardèrent fixement le coffre aux mailles t'as fait ça? demanda Claire, la main sur l'épaule d'Elisabeth.
-Je sais pas... C'est venu tout seul. J'ai dit à la terre de s'enlever et elle m'a... obéit.
-C'est incroyable... Mais maintenant comment on fait pour le sortir de là?
-Tu n'as qu'à essayer de demander à la terre de te l'apporter... répondit Carole, encore sous le choc, ça a marché une fois, peut-être que ça marchera encore.
Elisabeth approuva de la tête, se concentra et pointa sa main vers le trou en prononçant distinctement:
-Que ce coffre soit déposé à mes pieds par la force de la Terre!
-Elle est pas obligée de faire comme si on était dans Star Wars! murmura Flora en réprimant un fou rire.
Mais elle cessa bientôt car le coffre venait d'apparaître, soutenu par des racines venues de nulle part et fut bientôt déposé aux pieds d'Elisabeth qui retira sa main et stoppa en même temps la lumière verte de la bague. Les racines noueuses se détachèrent aussitôt et retournèrent au fond du trou, suivi par les morceaux de terre qui se déplaçaient tous seuls. La dernière plaque d'herbe se remit à sa place. Personne n'aurait pu voir que quelqu'un ou quelque chose avait bougé quoi que ce soit sur ce terrain. Il était exactement comme avant. De plus en plus surprises, Flora, Claire et Carole n'avaient pas dit un seul mot et ouvraient de grands yeux impressionnés. Claire fut la première à briser le silence:
-Attendez, on est en train de rêver, là... hein? Babeth? C'est vrai! J'ai raison, non?
-Non, Claire, je crois que c'est bien la réalité...
-Mais c'est pas possible! D'abord on rêve toutes les quatre en même temps, après on retrouve un balai volant dans notre lit et maintenant on est à Pilmil et on a déterré un vieux coffre avec une bague! Vous trouvez pas ça un peu "bizarre"?
-Pourquoi ce serait pas possible? T'es si matérialiste! T'as aucune imagination ou quoi! Pourquoi les choses inexplicables ne seraient pas réelles? lança Carole avec colère. Ecoute, ce matin je vis les plus beaux moments de ma vie et je sais très bien qu'ils sont réels. Pince-toi et tu verras bien que j'ai raison. De toute façon on ne peut pas reculer maintenant, le destin nous a désignées, nous, et on doit regarder ce qu'il y a dans ce coffre. Peut-être de l'or ou des pierres précieuses? Ou des objets qui appartenaient à nos ancêtres? Qui sait? Et ce qu'elle vient de faire Babeth! Tu crois que c'est invraisemblable? Je suis sûre qu'elle peut nous le refaire! Et nous aussi on a une bague, on a sûrement aussi un don pour quelque chose. Je t'en prie Claire, ne gâche pas ce moment et crois en la magie, ces instants que tu viens de vivre, cette magie que tu viens de voir de tes propres yeux... On est une famille, fais-moi confiance...
Carole s'arrêta, le regard embué de larmes. Claire renifla et releva la tête, les yeux rouges.
-Excuse-moi Caro, je suis désolée. T'as raison, c'est merveilleux ce que l'on est en train de vivre et je ne voudrais pas que ce soit avec quelqu'un d'autre. Allez, on l'ouvre cette malle ou pas?
Après s'être embrassées toutes les quatre, touchées et remontées par ce petit discours d'encouragement, elles s'agenouillèrent devant le coffre. Les boucles de cuir étaient intactes. Flora en prit une et commença à la défaire pendant qu'Elisabeth prenait l'autre. Puis, dans un mouvement coordonné, elles tirèrent vers le haut et le contenu du coffre se dévoila. Une forme argentée presque transparente s'éleva de l'intérieur et leur fit face. Flora poussa un cri de terreur et tomba en arrière. Claire et Elisabeth se tenaient la main devant la bouche en écarquillant les yeux. Carole, elle, souriait, ébahie devant le fantôme de femme qui venait d'apparaître et de prendre la parole avec un accent anglais légèrement prononcé.
-Oh mon dieu! Mon dieu! Mes enfants! Quel bonheur de vous voir! Oh mais enfin, il ne faut pas avoir peur ma chérie, indiqua-t-il à l'intention de Flora, je ne suis pas méchante. Bien au contraire. Je m'appelle Soria Edelweiss et je suis une de vos ancêtres. Oh, vous ne pouvez pas savoir le plaisir que j'ai de vous rencontrer enfin...
-Euh... oui, pour nous aussi c'est un plaisir... madame... dit Elisabeth d'une voix enrouée.
-Ah, toi ma chérie, aucun doute tu es Teebalish!
Elisabeth se tourna vers les autres et haussa les épaules en signe d'incompréhension.
-Non, madame, moi je m'appelle Elisabeth Juin.
-Ah oui, tu crois ça? Et bien laisse-moi te convaincre. Si tu prends le prénom "Elisabeth" et que tu mélanges un peu les lettres, tu obtiens sans peine "Teebalish", non?
-Oui, on peut le faire, c'est vrai mais...
-Quant à notre nom de famille... Edelweiss... Si nous étions restées dans notre monde, vous auriez été élevées comme des pincesses dans le manoir familial. Je sais bien que c'est nous qui avons tenu à ce que notre cher nom soit changé afin d'oublier toute cette histoire mais je savais que vous arriveriez un jour ou l'autre! C'est pourquoi je suis restée dans cette malle depuis ma mort il y a maintenant une bonne centaine d'années.
-Qu...Quoi? demanda Flora d'une petite voix. Vous êtes restée là-dedans pendant 100 ans? Quelle horreur! Et puis c'est quoi cette histoire? Pourquoi vous avez... ou nous avons changé de nom?
-Ah... En vérité, la famille Edelweiss fut une grande famille autrefois, à vrai dire, une des plus prestigieuses familles de sorciers qui...
-Une famille de sorciers? s'écria Carole toute excitée par ce qu'elle venait d'entendre. Vous voulez dire que...
-Oui, Corela, vous êtes des sorcières, et pas des moindres... Vous êtes nées avec un don unique. Celui de maîtriser un des 4 Eléments chacune. Teebalish, maîtresse de la Terre. Toi Flora, dit-elle, tu contrôles le Feu, Cerali, oui toi Claire, c'est l'Eau et enfin toi Corela, la meneuse, l'Air et le Vent sont tes serviteurs. Ne prenez pas cet air ahuri mes enfants, c'est la vérité. Et oui, notre famille a été choisie pour aider le Survivant à triompher du Mal. Oh bien sûr, ce ne sera pas facile. Ce sera dangereux et très éprouvant. Mais vous seules détenez le Pouvoir de la Vie. Evidemment, cela paraît assez fantastique et invraisemblable mais c'est la pure réalité. Votre mission est d'aller retrouver le Survivant, celui qui a réussi à échapper à Vous-Savez-Qui. Ah oui c'est vrai, vous ne devez pas savoir qui c'est. Je me suis tenue au courant des affaires du Monde des Sorciers pendant mon séjour ici et celui que vous devrez combattre s'appelle Voldemort. Il est le Mal et ne recherche que le Pouvoir. Tuer est un jeu pour lui et il a atteint le sommet de sa puissance depuis peu. Son objectif est presque rempli. Il ne lui reste cependant qu'une seule chose à faire, tuer celui qui l'a déjà vaincu une fois alors qu'il n'était qu'un bébé. La vie de ce jeune garçon est en danger, et il va mourir. C'est pourquoi vous êtes là, car le pouvoir de redonner la Vie est entre vos mains. Et si jamais vous échouez, Voldemort aura réussi et la Décadence infernale s'abattra alors sur tous les êtres vivants pour toujours.
Claire, Flora, Elisabeth et Carole n'en croyaient par leur oreilles. Le discours de cette femme fantôme inconnue venait à jamais de bouleverser leurs vies paisibles. Elles venaient d'apprendre que le sort du Monde dépendait d'elles. Elles, quatre cousines parfaitement ordinaires. Au début, la nouvelle fut dure à avaler mais Soria paraissait tellement sérieuse et des faits troublants tendaient à vérifier son discours.
Un silence lourd s'installa. Tout le monde réfléchissait. Mais Carole le rompit bientôt:
-Excusez-moi Soria, mais savez-vous au moins comment s'appelle celui que nous devons protéger? Où habite-t-il? C'est un sorcier?
-Ah, voilà bien ma petite Corela qui parle, déjà prête pour l'action, n'est-ce pas? Retiens bien le nom que je vais te donner. Ce garçon s'appelle Harry Potter, il est élève au collège Poudlard qui est de loin la meilleure école de sorcellerie au monde! Dirigée par un de mes anciens camarades de classe, Albus Dumbledore, elle est cachée quelque part en Grande-Bretagne.
-En Grande-Bretagne?
-C'est là où nous habitions avant ma chérie, s'exclama Soria d'un ton nostalgique. Mais passons. Vous devez vous rendre à Londres. Dans le centre-ville, vous trouverez "Le Chaudron Baveur". C'est une sorte d'hôtel-bar-restaurant pour sorciers. Prenez le Chemin de Traverse, allez à la banque Gringotts et retirez de l'argent. Puis le 1er septembre, vers 10h30, rendez-vous à King's Cross où vous prendrez le train par la voie 9 3/4 et hop! vous voilà rendues à Poudlard. Vous y retrouverez Albus et Harry. Après, à vous de vous débrouiller!
-Mais... Soria, on doit aller au lycée nous! On ne peut pas laisser tomber les études comme ça! Et nos parents? s'inquiéta Flora qui s'imaginait déjà sa mère hurlant quand elle verrait un mot posé sur son lit qui disait qu'elles seraient parties toutes les quatres à Londres sauver le monde.
-Ne vous inquiétez pas les filles, les rassura Soria, vous allez être dédoublées, c'est tout.
Devant leur attitude perplexe, Soria leur expliqua en quoi consistait un dédoublement.
-C'est très simple. Dès que vous vous envolerez pour Londres, une doublure de chacune d'entre vous vous remplacera et fera votre année au lycée à votre place. Votre personnalité est gardée bien entendu, s'empressa de rajouter le fantôme.
-Wouah, trop cool! crièrent-elles en choeur.
-Eh oui, il y a des avantages à être sorcière...
-Soria, il y a une autre petite chose que j'aimerais vous demander.
-Mais vas-y, Corela chérie.
-Eh bien, sur mon balai, mon nom est gravé, Corela Edelweiss, mais qui sont les autres petits noms à côté et pourquoi y a-t-il mon vrai nom marqué dessus alors que je ne le connaissais même pas?
-Les deux autres petits noms sont ceux de tes parents. Ces trois noms et tous ceux qui sont inscrits sur ces balais sont connus depuis bien avant ma naissance. C'est la légende qui le dit.
-Qui a raconté cette légende? demanda Elisabeth, un peu inquiète de savoir que quelqu'un la connaissait déjà il y a 200 ans.
-Ah, je ne le sais pas moi-même, je suis désolée. Et pourtant j'ai cherché durant toutes ces longues années à attendre votre visite. Ah, j'oubliais presque... Venez voir les belles robes et les beaux chapeaux que je vous ai confectionné pendant mon séjour!
Les quatres cousines, ou plutôt les quatres sorcières plongèrent les mains dans la malle et en sortirent des sacs en tissu chacun d'une couleur différente. Bleu, vert, rouge et blanc. Claire s'empara du bleu et les trois autres suivirent son exemple. Soria les regardait, fière de ses arrières-arrières petites filles, et une petite goutte blanchâtre coula le long de sa joue presque transparente. Les sacs contenaient un chapeau pointu noir à larges bords orné d'une lanière de la couleur correspondante à chacune d'entre elles et une longue robe de sorcier en velours noir aux manches évasées ainsi qu'une cape assortie d'une capuche, toujours noire mais avec des liserés de la même couleur que la lanière du chapeau.
-Oh, Soria, vous n'auriez pas dû, dit Claire en repliant sa cape liserée de bleu.
-Mais si, mais si, insista Soria, et puis de toute façon, vous n'alliez pas vous promener à Poudlard avec des vêtements de Moldus.
-Moldus?
-Les humains qui n'ont pas de pouvoirs magiques. Notre famille vit depuis un certain temps maintenant dans le monde des Moldus mais n'oubliez jamais vos racines. Elles sont en Irlande, même si à leurs orgines premières, les Edelweiss habitaient bien plus au nord, en Scandinavie.
L'aube pointait déjà à l'horizon quand elles avaient commencé à discuter mais soudain le premier rayon de soleil illumina le champ resté sombre.
-Allez, Allez, les filles, il est temps que vous retourniez vous coucher, le jour se lève. Cachez bien vos balais, il n'est pas question que vos parents tombent dessus, ils ne comprendraient pas, même si au moins l'un d'entre eux est un sorcier ou une sorcière. Vous n'avez qu'à remettre vos vêtements dans la malle et allez la cacher quelque part de sûr. Moi, je reste dedans juqu'à ce que vous reveniez chercher vos affaires pour "le grand voyage"! Et un conseil, pendant l'été, entraînez-vous à exercer votre pouvoir. Il vous faut bien le maîtriser, comme ça vous ferez forte impression à Poudlard! Et Albus reconnaîtra ma descendance. Et...euh, surtout ça vous aidera pour le Grand Jour, se rattrapa le fantôme bienveillant. Allez, mes chéries, je ne vous dis pas au revoir, j'espère que vous viendrez me rendre visite cet été.
Claire, Flora, Elisabeth et Carole approuvèrent de la tête et Soria disparut au fond de la malle après un signe de la main. Le jour s'était levé à présent et le soleil commençait à monter dans le ciel sans nuage. Les filles déposèrent leurs sacs et refermèrent le coffre.
-Bon, qu'est-ce qu'on en fait, maintenant? demanda Flora, une main en visière pour se cacher du soleil qui lui faisait face.
-Je pense que je peux m'en occuper, répondit Elisabeth en montrant sa bague.
Elle se retourna vers l'arbre et demanda à voix haute à la Terre de reprendre ce coffre juqu'à leur retour. Et la Terre docile forma un trou et des racines semblables aux premières vinrent chercher la malle, la posèrent au fond et les mottes se remirent en place l'instant d'après.
-Ni vu ni connu, constata Elisabeth quand sa bague se fut éteinte.
-Je me demande si je peux faire naître un feu, là maintenant, murmura Flora, songeuse.
-Sûrement, répondit précipitamment Carole mais on n'a pas le temps, il faut retourner chez nous avant que tous les gens se lèvent et nous voient voler sur des balais. Bon, je vais réecrire tout ce que nous a dit Soria ce matin et je vous appelle pour qu'on organise un camp ici, comme ça on pourra tester nos pouvoirs hors de la vue de tout le monde. On ira aux Petits Feux, loin de la civilisation, ironisa-t-elle, provoquant l'hilarité de ses cousines. Elles savaient toutes que le petit village perdu auquel appartenait la ferme et où habitait elle-même Carole était déjà considéré comme loin de la civilisation.
Puis, tournant le dos à la lumière, elles prirent leur envol d'un même élan et disparurent dans l'aurore dorée.
